Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 2, Molk-Napo.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée

490

MONT

que Molière l’avait peint dans Alceste ; il alla voir la comédie, quoiqu’il goûtât peu la jeune génération, les Molière, les Racine, et fut enchanté ; il s’écria : « Plût à Dieu que je fusse Aleeste ! » Boileau, fort mal dans ses papiers à cause du ridicule qu’il déversait Sur Chapelain, lui fit une flatterie pour le ramener ; il écrivit dans son Épître à Racine : Et qu’importe à. mes vers que Perrin les admire, Pourvu qu’ils puissent plaire au i>lus puissant des rois, Qu’ù Chantilly Condi ! les souffre quelquefois, Et plût au ciel encor, pour couronner l’ouvrage, Que Montausier voulût leur donner son suffrage ! Le vieux, bourru lui pardonna. Il mourut à l’âge de quatre-vingts ans et Massillon fit son oraison funèbre : « Homme d’une vertu haute et austère, dit le prédicateur, d’une probité au-dessus de nos mœurs, d’une vérité a l’épreuve de la cour, philosophe sans, ostentation, chrétien sans faiblesse, courtisan sans passion, l’arbitre du bon goût et de la rigidité des bienséances, l’ennemi du faux, l’ami et le protecteur du mérite, le zélateur dé la gloire de la nation, le censeur de la licence publique ; enfin, un de ces hommes qui semblent être comme le reste des anciennes moaurs et qui seuls ne sont pas de notre siècle. »

On a de Garât un Éloge de Montausier, couronné par l’Académie française (1781) ; Puget de Saint-Pierre a écrit sa Vie (1784, in-4o).

MONTAUSIER (Julie-Lucine d’Angennes, marquise, puis duchesse de)* femme du précédent, née à Paris en 1607, morte en 1671. Elle éiait l’aînée des sept enfants de la célèbre marquise de Rambouillet et, comme lo remarque Tallemant, il n’y a qu’Hélène au inonde qui ait été autant qu’elle chantée par les poètes. Dans la première partie de sa vie, celle qui précéda son mariage, elle aida sa mère à faire les honneurs de ce salon bleu ciel, qui est resté légendaire dans l’histoire des lettres au xvn« siècle. Elle était digne de sa mère, par les charmes du visage, pur les dons de 1 intelligence et les qualités du cteur ; elle eut même quelque chose de plus séduisant, de plus sympathique. La marquise de Rambouillet avait su créer, réunir autour d’eKo une société comme jamais depuis il ne s’en est rencontré et elle a mérité que son nom y restât attaché ; mais la figure la plus parfaite- et la plus complète personnification de cette société fut sa fille Julie.

Les beaux esprits s’empressèrent autour de la jeune tille ; Fléchier l’admirait, les portes la célébraient sous le nom de princesse Julie, comme ils chantaient sa mère sous celui d’Arléuice. M’i" de Scudéri en fit un portrait précieux dans le Cijrus ; tla l’appelle Philonide ; Mademoiselle, dans la Princesse de Paphlagonie, la désigne sous le nom do princesse Aminto. D’après ces deux portraits, Julie d’Angennes aurait réuni toutes les perfections. Tallemant est d’un autre avis, Ça n’a jamais été une beauté, dit-il. À la vérité, elle a toujours eu la taille fort avantageuse. On dit qu’en sa jeunesse elle n’était point trop maigre et qu’elle avait le teint beau. Je veux croire, cela étant ainsi, que dansant admirablement comme elle faisait, avec l’esprit et la grâce qu’elle a toujours oas, c’était une fort aimable personne. Ses portraits feront foi de ce que je viens de dire.» Malheureusement, aucun des portraits dont il parle n’est parvenu jusqu’à nous. Victor Cousin, qui a étudié avec amour la socié :6 féminine du xviio siècle, n’a pu, malgré ses patientes recherches, en retrouver un seul.

Ses prétentions au bel esprit n’empêchaient pas Julie d’Angennes de montrer un excellent cœur et même du courage. Son plus jeune frère, né en 1824, le vidame du Mans, ayant été atteint de la peste à l’âge de sept ans, tandis que tout le inonde fuyait le petit malheureux, Julie s’enferma dans sa chambre, le soigna nuit et jour et ne le quitta qu’après lui avoir rendu les derniers devoirs. En 1642, quand Mme de Longueville eut la petite vérole, toutes les amies de l’illustre malade, la belle et bonne M» de Sablé elle-même, s’éloignèrent prises d’une belle peur ; Julie d’Angennes brava la contagion et resta au chevet de son amie jusqu’à sa convalescence.

Ce furent ces beaux traits de dévouement qui, plus que toute autre chose, lui gagnèrent l’estime et l’amour du duc de Montausier. Julie se fit longtemps prier et ne se décida au mariage que parvenue à l’âge des vieilles filles, trente-huit ans ; encore son mari avait-il trois ans de moins qu’elle. Les noces se tirent à. Ruel, chez Mme d’Aiguil- : Ion. La période que l’on peut appeler son règne, comme lettrée et comme femme du, monde, et qui s’étend de 1625 a peu près jusqu’en 1650, fut l’époque la plus brillante de [ 1 hôtel de Rambouillet ; ainsi que le dit Tallemant, le petit Louvre de la rue Saint-Thomas fut durant ce temps « le théâtre de tous les divertissements, le rendez-vous de tout ce qu’il y avait de plus galant à la cour et de plus poli parmi les beaux esprits. •

Cette belle vie, donnée d’abord tout eutière aux nobles choses de l’intelligence, fut malheureusement gâtée par les trop grandes

complaisances qui en marquèrent la fin. Nnuunée d’abord gouvernante du grand Dauphin avant qu’il passât aux mains de son mari (IG01-1664), la duchesse de Montausier tut ensuite appelée en qualité de dama d’honneur près de la reine, et il faut dire qu’elle

MONT

apporta dans ces fonctions, vis-à-vis du roi, une tolérance que l’on serait tenté de qualifier par un terme malsonnant. Occupée surtout à capter et à garder la faveur du prince, elle facilitait les rendez-vous du roi avec M11» de I à Vallière, puis avec Mme do Jlontespan. Elle remplaçait dans cette charge délicate Mme de Navailles, cette rigide gardienne du sérail, qui mettait des verrous aux portes des filles d honneur, faisait griller les fenêtres trop faciles à, l’escalade et même boucher des cheminées par lesquelles les galants ne se gênaient pas de descendre comme don César chez don Salluste, dans liuy-Blas. Mmc de Montausier montra plus de condescendance et rit beaucoup de à la vieille

folle >, qui ne savait pas se rendre agréable. Elle savait se retirer à point quand Louis XIV voulait entretenir en particulier Mlle de La Vallière, et, quanta Mme do Montespan, elle lui prêtait sa propre chambre. En dehors du témoignage de Mme de Motteville, qui peut être suspect, Saint-Simon est là-dessus fort explicite ; il raconte même une scène curieuse : M. de Montespan cherchant partout sa femme et accablant d’injures ignobles et trop méritées cette belle Julie d’Angennes chez qui elle avait trouvé un refuge impénétrable. Il est vrai qu’elle en tomba malade et ne fit plus que languir depuis l’époque de cette horrible scène (1668) jusqu’à sa mort, arrivée trois ans après. Elle s’était retirée de la cour dès 1689.

Mme de Montausier eut de son mari deux filles, qui épousèrent, l’une le marquis de Grignau et l’autre le duc d’Uzès ; deux fils qu’elle avait eus moururent en bas âge.

MONTAUT (Louis de Mahibon de), homme politique français, né au château de Montaut (Gers) on 1754, mort au même -lieu en 1842. Mousquetaire de Louis XVI. il donna sa démission au commencement de la Révolution, dont il adopta les idées, devint en 1790 administrateur du district de Coudoiu, lieutenant-colonel de la garde nationale du Gers,

et fut élu député à l’Assemblée législative. De Montant s y fit remarquer comme un des membres les plus hostiles à la royauté, présida pendant quelque temps le club des lacobins, défendit dans l’Assemblée les auteurs dus massacres de Septembre et dénonça à la fureur populaire les royalistes désignes sous le nom de Chevaliers du poignard. Réélu à la Convention, il vota pour la mort de Louis XVI sans appel ni sursis, contribua à la chute des girondins, fit décréter l’apothéose de Marat, prit part aux insurrections de germinal et de prairial (1795), se vit décrété alors d’accusation, mais fut amnistié en 1796 et rentra, à partir de ce moment, dans la vie privée. La loi de 1816 contre les régicides força de Montant à se réfugier en Suisse, où il resta jusqu’à la révolution de juillet 1830. Il revint alors en France, où il a terminé obscurément sa vie.

MONTAZALITE s. in. (mon-ta-za-li-te). Hist. relig. Nom donné à des sectaires 1118hométans qui nient la prédestination et la vision de Dieu par les yeux du corps.

MONTAZET (Antoine du Malvin Dii), archevêque de Lyon, membre de l’Académie

française, né près d’Agen.en 1712, mort en 1788. Il embrassa le parti des jansénistes, devint successivement abbé de Saint-Victor à Paris, aumônier du roi (1742), évêque d’Autun (1748) et archevêque de Lyon (1759). De Montazet réforma la liturgie de son diocèse et fit composer par le Père Valla, de l’Oratoire, un traité de théologie intitulé Jnstitutiones théologien (Lyon, 1782, 6 vol. in-12) qui fut condamné à Rome. Ce prélat était ami des lettres. Il recueillit chez lui l’académicien Thomas, qui rendit le dernier soupir dans ses bras et auquel il éleva un tombeau à Dullins, près de Lyon. À une mémoire heureuse il joignait une imagination brillante, une éloquence élevée et énergique, et il avait été appelé, en 1757, à faire partie de l’Académie française. Bien qu’il ne se fût pas rangé parmi les appelants contre la bulle Unigenitus, il ne se déclara pas moins, chaque fois que l’occasion s’en présenta, en faveur des jansénistes et eut, dans les querelles religieuses du temps, de nombreux démêlés avec de Beaumont, archevêque de Paris. Nous citerons, parmi ses écrits : Lettre à l’archevêque de Paris (Lyon, 1760, in-4o) ; Mandement contre /’Histoire du peuple de Dieu de Beiruyer (1762) ; Instruction pastorale sur les sources de l’incrédulité et les fondements de la religion (1776, in-4o) ; Catéchisme (1768) ; Rituel du diocèse de Lyon (1788, 3 vol. in-12), etc.

MONTBARD, en latin Mons Rarrus, ville de France (Côte-d’Or), chef-lieu de canton, arrond. et à 18 kilom. N. de Semur, sur la Brenne et le canal de Bourgogne ; pop. aggl., 3,446 hab. — pop. tôt., 2,628 hab. Fabrication de draps, droguets, lacets, tresses ; tanneries ; fonderie de fer, papeterie. Entrepôt de diverses marchandises qui s’expédient par le canal de Bourgogne. Moutbard est située d’une manière très-pittoresque au pied et sur le penchant d’une colline ; les rues en sont escarpées et irrégulières, mais bordées de belles constructions. Celte vi.le est la patrie de Buffon et de Daubenton. Sou origine parait très-ancienne ; au moyen âge, les uucs de Bourgogne y tinrent souvent leur cour. Le château des ducs, situé sur la hauteur qui

MONT

domine la ville, était autrefois un des plus vastes et des plus forts de la province. Ce château, dont l’histoire se lie intimement à celle de la petite cité de Montbard, fut le théâtre de nombreux événements historiques et reçut dans ses murs plus d’un hôte illustre. Jean sans Peur y fut élevé et y re.iint prisonniers, en 1412. les trois fils de Jean Ier, duc de Bourbon. En 1423 eut lieu dans la chapelle du château de Montbard lo mariage d’Anne, sœur du duc Philippe le Bon, père de Charles le Téméraire, avec le fameux duc de Bedford, régent de France. Les ducs de Bourgogne y réunirent à diverses reprises les états de la province. Pendant la Ligue, les habitants de Montbard embrassèrent avec chaleur le parti du duc de Mayenne, furent attaqués par les troupes royales et repoussèrent un assaut (1590) ; toutefois, ils se soumirent à Henri IV après son abjuration. Le château tombait en ruine lorsque Buffon s’en rendit acquéreur en 1742. Il le fit démolir en grande partie, ne conservant de la demeure ducale que le mur d’enceinte et deux tours datant du xme siècle. Le château reconstruit prit un aspect bourgeois. ButTon, qui l’habita longtemps, l’embellit de magnifiques jardins. , L’intérieur est resté tel qu’il était du temps de Buffon, et on voit encore dans la tour voisine du donjon un cabinet où il écrivit une grande partie de ses ouvrages.

Le seul débris important de l’ancien château est le donjon, grosse tour carrée, terminée par une plate-forme, munie de créneaux, de meurtrières et de mâchicoulis. Sa hauteur est de 40 mètres. Il a quatre étages contenant chacun une grande s : ille voûtée où les habitants de Montbard et des villages voisins’pouvaient, en temps de guerre, déposer leurs effets afin de les soustraire au pillage. Ce curieux reste de l’ancienne forteresse a été classé parmi les monuments historiques.

Depuis 1847, la ville do Montbard est ornée d’une statue de Buffon, sculptée par M. Dumont. L’illustre naturaliste est représenté debout, la tète nue, en habit brodé ; sa main droite tient un crayon, la main gaucho un rouleau sur lequel on lit ces mots : Histoire naturelle. C’est à Montbard que sont nés Buffon et Daubenton.

MONTBARREY, bourg de France (Jura), chef-lieu de canton, arrond. et à 17 kilom. S.-E. de Dole, sur la rive droite de la Loue, dans le val d’Amour ; pop. aggl., 415 hab.pop. tôt., 461 hab. Fromageries, vanneries. Restes d’un ancien château.

MONTBARREY (Alexandre - Marie - Léonor de Saint-Mauris, comte, puis prince de), homme d’Etut français, né à Besançon en 1732, mort à Constance en 1796. Son père, lieutenant général, lui fit embrasse» de bonne heure la profession des armes et le laissa h dix-sept ans orphelin et maître d’une fortune ciuiiidérable. Le jeune de Montbarrey avait fait à cette époque, avec distinction, les campagnes d’Allemagne et de Flandre et avait reçu le brevet de capitaine. Il continua à rester au service, tout en se livrant sans mosure à son goût pour les plaisirs, prit, en 1758, le commandement du régiment de la Couronne et se conduisit si brillamment à la bataille de Crefeld que, malgré sa jeunesse, il fut promu maréchal de camp en 1761. De Montbarrey se distingua ensuite à Lufzelbei’g, à Corbach, enleva, en 1762, au prince île Brunswick six bouches à feu, dont Louis XVI lui fit présent, et reçut à la cour, lors de son retour en France, l’accueil le plus flatteur. Grâce à son habileté, à ses brillantes qualités comme homme du monde, il se fit des protecteurs du duc d’Orléans, du duc de Choiseul, de Maurepas, devint inspecteur d’infanterie, capitaine-colonel des Suisses du comte de Provence (1771), obtint le titre de prince du saint-empire (1774), fut nommé deux ans plus tard directeur de la guerre, puis secrétaire d’État adjoint (1777), et prit cette même année le portefeuille de la guerre que Saint-Germain venait de déposer. Dans ce nouveau poste, il reprit, en les modifiant, les projets de réformes et d’innovations de son prédécesseur ; mais la lenteur avec laquelle il tes opéra le fit taxer d’irrésolution, et sa douceur passa pour de la faiblesse. Pendant l’insurrection des colonies d’Amérique, il se prononça pour qu’on restât en paix avec l’Angleterre. Vers la même époque, à proposa au roi, dans un mémoire, de combler le déficit des finances en supprimant peu à peu beaucoup d’emplois inutiles ; mais ce projet fut écarté. Se voyant en butte aux attaques de Necker, de Vergennes, de de Broglie et surtout de l’entourage de la reine, il se décida à donner sa démission en 1780. Le roi, qui appréciait à la fois son caractère et ses intentions, le nomma lieutenantgénéral et lui donna, outre un logement à l’Arsenal, 200,000 francs pour doter sa fille, puis l’appela à la grande préfecture de Hagueuau en 1788. Lors de la prise de la Bastille l’année suivante, dç Montbarrey, qui venait de quitter l’Arsenal, fut pris pour le gouverneur de la Bastille et faillit être massacré. Sauvé par l’intervention du commandant de La Sall«, il se retira en Franche-Comté, dans le château de Ruffey, puis à Besançon, quitta cette ville en 1791, passa en Suisse et mourut à Constance dans un état voisin de la gène. De Montbarrey était instruit et joignait à une mémoire prodigieuse une extrême facilité de travail. II a

MONT

laissé des Mémoires, qui ont été publiés à Paris (1826-1827,3 vo !.in-s°) et qui contiennent d’intéressants détails sur la cour de Louis XV et sur celle de Louis XVI. — Son fils, le prince Louis-Marie-François db SaintMaurIS, né en 1756, mort à Paris en 1794, lui succéda comme capitaine des Suisses de Monsieur, en 1777, se prononça, lors des états de Franche-Comté, en 17SS. pour la suppression des privilèges de la noblesse, rejoignit, au commencement de la Révolution, les frères du roi à Coblentz, et en fut si mal accueilli qu’il revint à Paris, où il se cacha pendant la l’erreur. Arrêté, en 1794, comme complice d’une conspiration royaliste, à fut condamné à la peine capitale et monta sur l’échafaud en même temps que la famille Sainte-Amaranthe.

MONTBÀRS ou MONBARS, surnommé l’Extoi’iniunicnr, célèbre chef de flibustiers, né

dans le Languedoc vers 1645. En lisant le récit des cruautés commises par les Espagnols dans le nouveau monde, il conçut contre eux une haine implacable. Dès que la guerre fut déclarée (1067), il alla s’embarquer au Havre sur un navire commandé par un de ses oncles. Arrivé aux Antilles, il se signala par des faits d’armes extraordinaires et combattit les Espagnols avec un acharnement qui lui valut son surnom. Sétant mis avec quelques matelots déterminés à la tète d’une troupe de boucaniers, contre lesquels les Espagnols avaient organisé de véritables chasbes à l’homme, il fondit sur un corps da 2.000 Espagnols ou Indiens et fit preuve d’un tel courage, que 500 ennemis, y compris leur général Van Delmof, trouvèrent la mort en cette rencontre. D’une voix unanime, les boucaniers le proclamèrent leur chef. La mort de son oncle, dont le navire venait d’être englouti dans un combat contre deux vaisseaux ennemis, ne fit qu’accroître sa haine contre les Espagnols, qu’il combattit tantôt sur terre avec les boucaniers, tastôt sur mer avec les flibustiers. À la tête de deux excellents navires, montés par des hommes d’un courage à toute épreuve, il terrifia tellement ses ennemis, par des traits d’une bravoure incroyable, que bientôtaucun bàtimentespagnol n’osa se montrer dans la baie de Honduras et sur les côtes du Yucatan. Montbars se mit alors à ravager les côtes, à incendier ou à rançonner les plus importantes colonies des Espagnols, Sun-Pedro, Puerto-Cabeilo, Macaruïbo, et on le vit mettre en déroute des corps d’armée. ■ Il était vif, alerte et plein de feu, comme sont tous les Gascons, dit Œmelin ; il avait la taille haute, droite et ferme, 1 air grand, noble et martial, le teint basané. Pour ses yeux-1, on n’en saurait dire la forme ni la couleur. Ses sourcils noirs et épais se joignaient en arcade au-dessus et les couvraient presque entièrement, en sorte qu’ils paraissaient cachés comme sous une voûte obscure. On voit bien qu’un homme fait de cette sorte ne peut être que terrible. Aussi dit-on que dans le combat il commençait à vaincre par la terreur de ses regards et qu’il achevait par la force da son bras. Pendant que les autres considéraient avec plaisir les richesses qui leur tombaient entre les mains, Montbars se réjouissait à la vue du grand nombre d’Espagnols qu’il voyait sans vie ; car il ne ressemblait pas à ceux qui ne combat taient que pour le butin ; il ne hasardait sa vie que pour la gloire et punir les Espagnols de leur cruauté. » Charlevoix ajoute que Montbars n’a jamais tué un homme désarmé. L’obscurité la plus profonde règne sur la fin de la vie du célèbre flibustier, qui est devenu le héros de plusieurs draines et romans. Nous citerons, entre autres : Monbars l’Exterminateur ou le Dernier des flibustiers, anecdotes du nouveau monde (Paris, 1807, 2 vol. in- !2, avec fig.), par J.-B. Picquenard.

MONTBAZENS, bourg de France (Aveyron), ch.-l. de cant., arrond. et à 26 kilom. N.-E. de Villefrunche, près d’un petit affluent du Lot ; pop. aggl., 860 hab. — pop. tôt., 1,579 hab. Mine de fer.

MONTBAZON, en latin Mons Bazonis, bourg de France (Indre-et-Loire), ch.-l. de cant., arrond. et à 13 kilom. S. de Tours, sur l’Indre ; pop. aggl., 762 hab. — pop. tôt., 1,032 hab. Fabrique et épuration d’huile de graines, filature de laine, tanuerie, fabrication de tapis de pied et couvertures de chevaux. Rustes importants d’un château du xio siècle.

MONTBAZON. Cette seigneurie, avec le titre debaronnie, entra dans 1» maison de Rohnn au xve siècle. Henri II, par des lettres de février 1547, érigea cette baronnie en cumté en faveur de Louis de Rohan, seigneur de Guéméné. Ce Louis de Rohan, qui fut, en outre, créé prince de Guéméné en 1549, n, vuit eu d’Êléonore de Rohan, sa parente, Louis de Rohan, en faveur de qui le comté de Montbazon fut érigé en duché-pairie, par lettres du roi Henri III.de l’an 1588. Louis de Rohan. duc dis Montbazon, étant mort sans postérité en 1589, la pairie fut transférée à son frère Hercuie de Rohan, par lettres du roi Henri IV. de mars 1594. Hercule de Rohan, duo de Montbazon, grand veneur de France, lieutenant général de la ville de Paris, mourut en 1654 ; il avait épouse en premières noces Madeleine de Lenoncourt, et eu secondes noces Marie d’Avaugour. Il laissa, entre autres enfants : Louis, dont on va parler ; François de liob.au, auteur de la Branche des