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et de commerce ; deux justices de paix. Lydie national ; école normale d’instituteurs ; école professionnelle. Bibliothèque publique ; musées de peinture, d’histoire naturelle. Société des sciences, Agriculture et belles-lettres. Filature de soie ; fabrication de toiles en soie pour bluter les farines ; minoterie, chaudronnerie ; fabriques de porcelaine, amidon, bougies, produits |iharmaceutiques, couleurs ; teintureries, brasseries, poteries ; fabrication de plumes à écrire- Commerce important de grains, farine, cuirs, draps, laines, huiles, fruits, épiceries, drogueries ; exportation de chiffons pour papeteries. Entrepôt de commerce de plusieurs villes du Midi, notamment pour les grains.

La ville est située sur un plateau de 20 à 30 mètres de hauteur, entre la rive droite du Tarn, à l’O., et le ruisseau de Tescou au S., et traversée en outre par le profond ravin du Griffon. La ville proprement dite est reliée à son faubourg par un beau pont de pierre et de brique, construit au xie siècle et formé de sept grandes arches ogivales et de six petites arches comprises entre les grandes. La cathédrale, achevée en 1739, a 87 mètres de longueur sur 38 de largeur. La voûte de la nef, de 25 mètres d’élévation, est supportée par vingt piliers en pierre de taille, ornés de pilastres doriques. Seize grandes arcades, surmontées de vitraux, séparent la nef principale des bas côtés. La sacristie renferme un bon tableau d’Ingres, le Vœu de Louis XI'II. L’église Saint-Jacques est dominée par une curieuse tour en brique, qui date du xue ou du xme siècle. La chapelle du faubourg de Sapiac renferme aussi un tableau d’Ingres, né dans une des maisons de ce faubourg ; ce tableuu représente la Bienheureuse Germaine Cousin. L’hôtel de ville, récemment restauré, contient un musée, fondé en 1843 au moyen des dons du gouvernement et surtout des libéralités d’Ingres, qui a légué sa collection entière d objets d’art k sa ville natale, et dont la statue a été érigée par souscription sur une des principales places de Montauban.

Nous signalerons aussi : la préfecture ; l’évèché ; le beffroi ou tour de Lautié ; la Bourse ; le tribunal de commerce ; le lycée ; la halle ; le musée d’histoire naturelle ; la bibliothèque de la ville, qui compte 15,000 volumes • la place Royale, bordée de portiques et ornée de portes à chacun de ses’anglos ; les allées dos Carmes, délicieuse promenade qui offre de magnifiques points de vue sur la vallée du Tescon ; le jatdin d’horticulture et d’acclimatation ; le quai ; le Cours et le pont de sept arches qui relie les deux gâtes du chemin de fer de Montauban à Rodez et de Montaubau à Toulome et à Bordeaux.

La fondation de Montauban en 1U4, par Alphonse, comte de Toulouse, eut pour cause un de ces abus odieux et indécents de l’ancien régime, le droit decuissage, qu’exerçaient non-seulement les seigneurs laïques, mais encore les moines, les évoques et les abbés. Les abbés du monastère de Montauriol exerçaient ce droit dans toute sa plénitude sur leurs jeunes vassales. Les habitants, indignés de ce honteux assujettissement, réclamèrent la protection de leur seigneur suzerain qui, ne pouvant priver l’abbé de Montauriol de ses droits seigneuriaux, leur offrit aide et

Erotection s’ils voulaient venir s’établir au as d’un château, situé près de l’abbaye, et qui lui appartenait. La nouvelle cité prit le nom de Mans Albauus, qui donna naissance à celui de Montauban. Plus tard, cette ville se signala par son patriotisme dans les guerres contre les Anglais ; cédée au roi d’Angleterre par le traité de Brétigny, elle ne voulut pas cesser d’appartenir au roi de France, et les Anglais, qui connaissaient l’importance de Montauban, construisirent inutilement dans le voisinage quatorze forts pour la bloquer et l’affamer. (Je fut une des premières villes qui embrassèrent la religion réformée ; en 15G0, l’évêque Jean de Lettes et son ofrieial embrassèrent le calvinisme. Ses habitants ta fortifièrent et en firent une place de guerre formidable, lo boulevard du parti protestant. Après la mort de Henri IV, Montauban, qui était une des places de sûreté des protestants, affecta souvent une entière indépendance. En 162 !, elle entra dans la révolte générale des calvinistes ; l’unnée suivante, Louis XIII vint en faire le siège à la tète de son année ; on montre encore le château de PiqueeoS, ou ce roi avait établi son quartier général. Après trois mois de tranchée ouverte, l’armée royale fut forcée de lever le siège. Ce ne fut qu’en 1629 que cette ville fit sa soumission au roi, et bientôt après Richelieu lit détruire toutes ses défenses. Les dernières années du xvno siècle y furent signalées par d’horribles persécutions contre les réformés, que l’on résolut de convertir de force au christianisme, (v. dragonnades.) Patrie de Lefranc de Pompignan et du peintre Ingres. |] Petite ville de France (llle-et-Vilaine), ch.-l. de cant., arrond. et à 13 kiloin, de Montfort ; pop. aggl., 733 hab.pop. tôt., 3,065 hab. A 1 kiïom. au N. de la ville s’élève le château fort, qui fut pris et pillé par les Français en 1487 et dont l’enceinte forme un carré long d’environ 200 niè. très. Deux tours d’angle sont encore debout. L’entrée principale, très-bien conservée et encore habitée, s’ouvre entre deux énormes tours en pierre de taille et parait- remonter au commencement du xve siècle,

XI.

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Mantaabnn (SYNODE DE). V. SYNODES.

MONTAUBAN (Jean, sire de), amiral de France, né en Bretagne vers 1112, mort à Tours en M66. Fils d’un chancelier de la reine Isabelle de Bavière, il dut à sa naissance d’être nommé chambellan et conseiller du roi Charles VII, maréchal de Bretagne. C’est à ce dernier titre qu’il fut chargé, lors du procès intenté par le duc Pierre II à son frère Gilles, de la garde de ce dernier qu’il traita avec les plus grands ménagements. Par la suite, Jean de Montauban contribua k enlever aux Anglais Caen, Cherbourg, la Normandie, reçut de Charles VII, en récompense de ses services, en 1450, le titre de b ; iilli du Cotentin, fut chargé trois ans plus tard de passer en Guyenne, se signala particulièrement par sa valeur au combat de Castillon, où Talbot trouva la mort, et réduisit toute la province. En arrivant au trône, Louis XI nomma Montauban grand maître des eaux et forêts (1461) et l’investit peu après de la dignité de maréchal de France. — Son frère, Arthur de Montauban, bailli, du Cotentin, fut un des assassins du prince Gilles de Bretagne. Lorsqu’on poursuivit les auteurs de cet attentat, il chercha un refuge chez les célestins de Marcassis où il embrassa la vie religieuse (1450,1, devint par la suite archevêque de Bordeaux et mourut en 146S.

MONTAUBAN (Philippe de), chancelier de Bretagne, de la même famille que les précédents, mort en 1518. D’abord capitaine de Rennes, puis chancelier de Bretagne (1485), il devint, après la mort de François II (1483), membre du conseil de régence qui devait gouverner pendant la minorité de la duchesse Anne et exerça sur l’esprit de cette jeune princesse une grande influence. Il empêcha la réalisation du projet formé par le maréchal de Rieux, de faire marier Anne avec d’Aïbret, dissuada la jeune duchesse de se placer sous la protection du roi d’Angleterre et contribua puissamment à amener son mariage avec Charles VIII (1491). Ce prince lui avait promis, en récompense de ce qu’il venait de faire pour l’union de la Bretagne avec le royaume, la dignité de chancelier de France ; non-seulement Montauban n’obtint pas cette charge, mais encore il perdit la chancellerie de Bretagne, qui fut abolie en 1494. Toutefois, pour ne pas trop le mécontenter, Charles VIII lui laissa les titres de gouverneur et garde-scel de la chancellerie et le nomma chef d’une chambre de justice.

MONTAUBAN (Jacques Roussetde), jurisconsulte et poBte dramatique -français, né vers 1620, mort à Paris en. 1685. Ce fut un avocat distingué du parlement de Paris, où il fut élu échevin en 1678. Homme d’esprit et de plaisir, d’un commerce agréable, il vivait dans lasseiété des hommes de lettres les plus distingués de son temps, Racine, Boileau, Chapelle, etc., eut part, dit-on, à la conception de la comédie des Plaideurs et se mit lui-même en tête de composer des tragédies et des comédies ; mais il ne produisit que des œuvres au-dessous du médiocre, dont les plans sont manques et dont la versification, assez correcte, est vide et redondante. C’est à peine si on connaît aujourd’hui les titres de ses tragédies, Séleucus, Zénobie, Indegonde, le Comte d’Hollande, jouées de 1650 U lG53, et de sescoinédies, intitulées : les Charmes de Félicie. et Panurge. Plusieurs plaidoyers de lui ont été insérés dans le Cabinet des curieux ; on y remarque du mouvement, de la chaleur, mats une trop grande profusion de traits historiques.et l’abus des figures.

MONTAUBAN ou MONTAUBAND, célèbre chef de flibustiers, mort à Bordeaux en 1700. On ignore la date et le lieu de sa naissance et les causes qui l’amenèrent à embrasser le genre de vie des fameux écumeurs de mer des Antilles. Joignant l’habileté d’un marin consommé à une bravoure à toute épreuve, il acquit un rapide ascendant sur ses compagnons et, à la tête d’équipages exclusivement composés de Français, il fit une guerre acharnée pendant vingt ans aux Espagnols et aux Anglais en prenant pour principal théâtre de ses exploits les côtes de la Nouvelle-Espagne, de Carthagène, du Mexique, de la Floride, de la Nouvelle-York, de lu Guinée, des Canaries et du Cap Vert. En 1691, il alla ravager lu côte de Guinée et détruisit le fort de Sierra-Leone. Trois ans plus tard, Montauban amena en France et vendit plusieurs prises faites sur les Anglais dans les mers d’Amérique. En 1695, il quitta Bordeaux sur une corvette de 34 canons, retourna sur les côtes de Guinée où il captura ou rançonna un grand nombre da navires hollandais et anglais, croisa ensuite sur les côtes d’Angola, aborda un bâtiment anglais de 52 canons, et il venait de s’en emparer lorsque le feu, qui prit aux poudres, fit sauter les deux vaisseaux. Échappé comme par miracle à cette terrible explosion, Montauban parvint avec quelques-uns de ses compagnons à gagner le cap Corse, où il fut accueilli par des nègres à qui il avait rendu la liberté. Au bout de quelque temps, il put s’embarquer sur un navire portugais, gagna les Antilles et de là revint en France. Il passe pour l’auteur d’une Relation du voyage du sieur de Montauband, capitaine de flibustiers, en Guinée, en l’année 1695, laquelle a été publiée à la suite de la traduction de Las Casas, Tyrannies et cruautés des Espagnols (Amsterdam, 1698, in-12).

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MONTAUBAN (Charles-Guillaume-Antoïna Coosis-), général français, comte de Palikao,

V. COUSIN-MOXTÀOBAN.

MONTAUBRY { Achille-Félix), chanteur français, né à Niort (Deux-Sèvres) le 13 novembre 1828, d’une famille de musiciens. Il se livra d’abord a l’étude de divers instruments ; notamment du violon et du violoncelle. Entré au Conservatoire dans la classe de violoncelle, il en sortit peu après et essaya de se créer des ressources en jouant du violon ou du violoncelle, ad libitum, au Vaudeville, a la Porte-Saint-Martin et à la Gaîté. Puis l’idée lui vint de monter de l’orchestre sur la scène, et comme il avait de la voix, de la méthode, une entente parfaite de la musique, la chose lui piârût facile. Il rentra donc au Conservatoire, où il prit les leçons de Panseron, obtint un prix en 1846 et débuta la même année à l’Opérk-Comique. Mais Roger régnait alors à la salle Feydèau, dans tout l’éclat de ses premiers succès. Le. débutant passa inaperçu, résilia son engagement et partit pour la Nouvelle-Orléans. L année suivante (1848) il revint en France et se Ht entendre successivement au théâtre de Lille, au théâtre de la Monnaie de Bruxelles, au théâtre royal de La Haye, k Strasbourg, à Bordeaux, k Marseille. Engagé pour la seconde fois k Bruxelles aux appointements de 40,000 fr. pour huit mois, il reçut les propositions du directeur de l’Opéra-Comique, M. Roqueplan, et se lia pour cinq années à ce dernier théâtre, à des conditions analogues. Les débuts de M. Môntaubry devant le public parisien eurent lieu le 16 décembre 1858, dans les Trois Nicolas dé Clapisson, avec un succès éclatant dont toute la presse, sympathique au jeune ténor, se lit l’écho empressé. Accueilli dès la première soirée commo l’héritier de Roger, de Ponchard et d’Elléviou, il a repris depuis lors avec un égal bonheur l’ancien répertoire : Fra Diavolo, le Postillon de Longjumeau, le Songe d’une nuit d’été, le Chaperon Rouge, Rose et Colas, les Mousquetaires de la Reine, les Diamants de la couronne, le Pré aux Clercs, Zampa, etc. Depuis il a créé, entre autres rôles : le Roman d Elvire (1800) ; la Circassienne (1861) où il avait un rôle travesti de femme ; Lallallouck, de M. Félicien David, le plus grand succès du compositeur et de son interprète (1862) ; le 7’résor de Pierrot ; Lara, de M. Maillart (1864), etc. En 18S8, M. Môntaubry quitta 10péra-Comique, fonda une école 3a chant et,

peu après, devint propriétaire et directeur du théâtre des Folies-Marigny. Vers 1870, il se démit de sa direction et, depuis lors, il s’est fait entendre comme chanteur sur divers théâtres, notamment à Bruxelles. À la fin de 1873, il a été engagé au théâtre de la Gaîté, à Paris.

M. Môntaubry, qui réalise sous beaucoup de rapports l’idéal des héros de l’Opéra-Comique, fait un grand et très-habile usage de la voix mixte et de la voix de tète. Il y trouve, selon l’expression de M. Auber, «des nuances dans les nuances, p Talent un peu grêle pour les personnages qui, comme Zampa, exigeai da mâles accents, il excelle dans ceux qui tirent leur principal charme des notes douces et imilancoliques. Toutefois, il ne manque pas au

pétulance et son jeu, pour être gracieux et parfois efféminé, a souvent du feu et dé la vé■ rïtable émotion. On a dit avec raison qu’il rappelle les Ponchard, les Chollet et les ténors les plus populaires de l’école française. Une de ses camarades a caractérisé sa manière par un mot qui s’est répété dans les coulisses : elle a baptisé cet artiste ’ le ténor Colibri. « En 1850, étant à La Haye, M. Môntaubry a épousé Mlle Caroline Prévost, fille de la cantatrice Zoé Prévost, cantatrice elle-même et qui a eu divers engagements sur les mêmes scènes que son mari. M. Môntaubry, qui est aussi un excellent musicien, a composé la musique *et les paroles de plusieurs romances, quelquefois attribuées par erreur à son.frère.

MONTAUBRY (Édouard), compositeur français et chef d’orchestre du théâtre du Vaudeville, est frère du précédent, qui, lors Ue son engagement à l’Opera-Comique, a stipulé qu’il créerait un rôle dans un ouvrage spécialement écrit à son intention par M. Édouard Môntaubry. Ce dernier a fait la musique d’un grand nombre de rondes, mélodies et romances, dont la plupart intercalées dans des pièces de théâtre ont joui d’une certaine popularité ; tels sont les morceaux de la Dame aux Camellius, des 'Filles de marbre (là chanson de Marco), de la Vie en rose ; ceux de Freluchetle, du Nid d’amour, du Rat de ville et du Rat des champs, etc.

MONTAUD, nom d’un faubourg de Saint-Étienne, k 2 kilorn. N. de la ville, renfermant d’importantes forges pour la conversion de la fonte en fer eti des mines de houille ; 5,726 hab. V. Étienne (Saint-).

MONTACLT (Philippe db).V. Navailles. MONTAUROUX, en latin Mons Orosus, bourg et comm. de France (Var), cant. de Fayence, arrond. et a 30 kilom. N.-E. de Draguignan ; 1,779 hab. Moulins à huile ; mine de houille dans la forêt voisine. Ruines du fort Saint-Barthélémy. Aux environs, sur un rocher,

tour crénelée fort ancienne.

MONTAUSIER. LaterredeMontauSier, dans l’Angoumois, avec litre de baronnie, avait ses seigneurs particuliers dès le xu° siècles’ Vers

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1325, elle passa dans la maison de Sainte-Maure, par le mariage de Marguerite, fille unique et héritière de Foucaud, seigneur de Montausier, et de Pétronille de Mosnac, dame de Jonzac. Elle fut érigée en marquisat en 1644, puis en duché-pairie en 16G4, en faveur de Charles de Sainte-Maure, gouverneur de Louis, dauphin de France, fils unique de Louis XIV. Le duc du Montausier n’ayant laissé de son mariage avec Julie-Lucine d’Angennes, marquise de Rambouillet, qu’une fille, la pairie se trouva éteinte.

MONTAUSIER (Charles de Sainte-Maure, marquis, puis duc de), gouverneur du grand Dauphin et pair de France, né en 1610, mort a Paris en 1690. Il était fils de Léon de Sainte-Maure, baronde Montausier, et de Marguerite de Chateaubriant. Simple cadet, il entra au service sous le nom de marquis de Salles, se distingua en Italie, surtout a la prise de Casai ; en Lorraine, où il obtint le grade de maréchal de camp, au siège de Brisach (1636). Son frère aîné, Hector de Montausier, ayant été tué en 1635 à Burmio, le cadet hérita de son nom, de sa fortune et, qui plus est, épousa la femme qui lui était destinée, la belle Julie d’Angennes. Les deux jeunes gens avaient été

firéseutés l’un k l’autreà l’hôtel de Rumbouiletj et Hector de Montausier, presque agréé par la précieuse, dut pourtant se rendre a l’armée. Tallermmt des Réaux raconte qu’au départ il dit k M’l° de Rambouillet qu’il serait tué dans cette campagne et que son frère, plus heureux, l’épouserait : ce qui en effet se vérifia ; mais Julie d’Angennes lit attendre longtemps son consentement. Le marquis de Montausier retourna k l’armée, servit sous le maréchal de Guébriant, fut fait prisonnier à la déroute de Dillingen (1643) et, dt ; uxans plus tard, épousa enfin l’héroïne de la chambre bleue. Il y avait neuf ans qu’il soupirait. Une de ses galanteries les plus célèbres est la confection du recueil poétique, la Guirlande de ■ Julie, auquel collaborèrent tous les beaux esprits du temps et dont le manuscrit, richement relié, fut offert à M’ie Julie d’Angennes le l« janvier 1641 (v. guirlande). Seize madrigaux sont dus k Montausier lui-même ; ce sont les plus détestables. Afin de pouvoir se marier, il abjura le protestantisme.

Il venait d’être nommé gouverneur de la Saintonge et de l’Angoumois lorsque survint la Fronde. Il suivit le parti de la courj quoique tous ses amis fussent des frondeurs et qu’il eût lui-même k se plaindre do Mazurin, paralysa la sédition dans son gouvernement et, ayant rejoint le comte d’Harcourt, coopéra avec lui à la pacification du Midi. U reprit Saintes, délogea les Espagnols de Talmont, fut blessé grièvement au combat do Montançais (1652) et, revenu à Paris k la fin de la guerre ciTile, se dédommagea des fatigues et des périls de la lutte par le commerce des beaux esprits. Les plus pédants surtout lui plaisaient ; il aimait fort et protégeait de son pouvoir Balzac.’Ménage, admirait Chapelain, et même il futd avis qu’il fallait faire bàtoimar La Mcsnardière, détracteur d’un si grand poète. La Pucelle était sa lecture de prédilection. Fort assidu à la cour, il fut nommé chevalier des ordres du roi (1662), gouverneur de la Normandie après la mon du duc de Longueville (1663), lit aux côtés de Louis XIV, qui le créa duc et pair, la campagne de Franche-Comté (1664), et eut le courage de rentrer dans son gouvernement quoique la peste y fît de cruels ravages. Le roi résolut de confier l’éducation du grand Dauphin, alors âgé de sept ans (1663), à un homme d’un caractère si honorable, et, de fait, il ne pouvait guère mieux choisir. Le rude et honnête duc de Montausier était un phénomène dans l’entourage vicié du grand roi. Il s’acquitta de ses fonctions avec la stricte exactitude qu’il apportait k toute chose, assujettit son élève à la discipline la plus sévère, ne lui donna pas un moment de relâche, comme s’il se fût agi de dompter une bête féroce, et, avec la meilleure voicmté du monde, ne réussit qu’à faire un dévot de l’intelligence la plus épaisse ; par le choix des livres qu’il lui imposait, M. de Montausier provoqua Chez lui une si vive horreur des lettres, que le Dauphin ne se résigna jamais à ouvrir un livre dès qu’il fut librede ne plus le faire. Bossuet ni l’évêque d’Avrânches, Hu’et, ne parvinrent a lui faire surmonter ce dégoût ; il est vrai qu’ils n’osaient employer le grand moyen du duc de Montausier : le fouet. Ce fut pour le grand Dauphin que M. de Montausier entreprit ces belles éditions des classiques Ad usum Delphini, qu’il surveilla lui-même page par page ; il rédigea aussi un Recueil de maximes morales et pohii gues, pour le même usage, et se montra durant toute cette période extrêmement laborieux, en pure perte. Il était ainsi fuit, que ses meilleures qualités se tournaient en défauts par leur exagération. Cette éducation princière, qui devait être la grande œuvre de sa vie, fut tout k fait manquée. Elle prit fin en 1679, par le mariage du Dauphin ; mais M. de Montausier ne cessa de surveiller son ancien élève, lui composa sa maison et lui écrivitsouvent, pour lui rappeler ses devoirs de prince.

Montausier passa ses dernières années k’ia cour, chargé d’honneurs et toujours entouré delà plus grande considération, malgré ses allures de misanthrope et d’homme bourru. La mort de sa femme et celle de ses meilleurs amis, Chapelain et Conrart, l’enfonça davantage encore dans cette humeur morose qui fut le trait distinctif de sou caractère. On lui dit

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