Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 2, Molk-Napo.djvu/79

Cette page n’a pas encore été corrigée

484

MONT

vins muscats estimés. Château fort sur une montagne voisine.

MONTALDI (le Père Joseph), philologue et dominicain italien, né vers 1730, mort à Sienne en LS16. Il professa la théologie à Rome, puis à Sienne, et composa plusieurs ouvrages pour la plupart restes manuscrits. Son ouvrage capital est un Lexicon hebraicum et chaldeobiblicum (Rome, 1789, 4 vol, in-4»), qui est fort estimé.

MONTALDO DI MONDOVI, bourg et commune du royaume d’Italie, province de Cuneo, district de Mondovi, mandement de Pumparuto ; 2,056 hab.

MONTALDO (Léonard), doge de Gênes, né vers 1325, mort en 1384. C’était un riche plébéien, un jurisconsulte habile qui était devenu un des chefs du parti populaire et gibelin, lorsqu’en 1383 le peuple renversa le doge Guarco qui venait d’établir un impôt yexatoii-e sur la boucherie. À la suite de cette insurrection, Montaldo devint membre du nouveau gouvernement composé de huit membres et appelé office de la provision, parvint à rallier a lui la noblesse et se fit proclamer doge. Montaldo accorda une amnistie générale, dégreva les impôts, gouverna avec sagesse, conserva le pouvoir après l’expiration ou temps pour lequel il lui avait été confié, fournit à Jacques de Lusignan, en échange de la cession de Fama^ouste, une flotte de dix galères pour qu’il pût se mettre en possession du royaume de Chypre, et mourut pendant une épidémie..

MONTALDO (Antoine), doge de Gênes, fils du précédent, né en 1369, mort en 1398. Il avait vingt-deux ans lorsqu’il renversa, en 1391, le doge Antoniotto Adorno, qui avait succédé à son père et à la place duquel il se fit élire ; mais, complètement dégoûté d’un pouvoir qu’il était obligé de défendre les armes à la inain, il abdiquaau bout d’une année. Peu de temps après, Adorno étant revenu avec des bandes mercenaires pour s’emparer du dogat, Montaldo quitta sa retraite, se mit à la tête de ses partisans, battit complètement Adorno et l’ut de nouveau proclamé doge par le peuple (1394). Encore une fois, il conserva fort peu de temps le pouvoir, qu’il abdiqua volontairement. Malgré son amour du repos, il crut néanmoins devoir en sortir lorsqu’il apprit qu’Adorno faisait une nouvelle tentative pour reprendre le pouvoir. Au moment où le sang allait couler, il déclara qu’il était résolu pour son compte a rester à 1 écart des affaires, mais qu’il ne voulait point qu’Adorno y entrât. Ce dernier promit alors de faire le sacrifice de son ambition ; mais, dès le lendemain, s’étant rendu dans l’assemblée populaire, il parvint, par un habile discours, a se faire nommer doge. Indigné de ce manque de foi, Montaldo se retira à Gavi, d’où il fit des courses répétées jusqu’aux portes de Gênes, se vit attaqué dans cette ville forte par les Français appelés par Adorno, dut capituler (1396) et mourut deux ans plus tard, emporté par une maladie épidémique.

MONTALE, ville du royaume d’Italie, province de Florence, district et mandement de Pistoia ; 7,461 hab.

MONTALEMBERT, ancienne famille française qui a pris son nom d’un château situé en Angoumois, sur les confins du Poitou, dans le ressort de la baronniede Ruffec. Elle est connue par titres depuis le milieu du xie siècle. Sa filiation a été établie depuis Jean, seigneur de Montalembert, qui épousa, vers 1250, Sibylle de Gourville. Cette famille, dont les armes sont : D’argent à une croix ancrée de sable, a produit plusieurs branches : les seigneurs d’Essé, de Panvilliers, de Vaux, de Cers, de Monbeau et des Essarts. Les membres les plus remarquables de cette maison sont les suivants :

MONTALEMBERT (André de), seigneur d’EssÈut de Panvilliers, capitaine français, né en Poitou en L483, mort à Thérouanne en 1553. Attaché d’abord comme page au sénéchal de Poitou, il fit avec lui ^expédition de Naples (1195), prit part à la bataille de Fornoue, puis entra dans la maison du duc d’Angoulême (depuis François Ier)(dont il se concilia les bonnes grâces, ne se signala pas moins "Jw son adresse dans !es fêtes militaires de

a cour que par sa valeur sur les champs de bataille et fui choisi, eu 1520, par François Ier, lors du tournoi du camp du Drap d’or, pour lutter avec lui et deux autres gentilshommes contre les quatre plus fortes lances qui se

résenteruieni..Chargé par le roi, en 1535, envahir le Piémont avec l’amiral Chabot, il prit Turin et emporta par escalade le château ae Ciria. En 1543, il mettait Laudrecies en état de défense, lorsqu’il se vit assiégé par cinquante mille Espagnols sous les ordres de Charlos-Quint. Bien que la place fût dans le plus mauvais état, qu’il eût peu de troupes et peu de vivres, Montalembert résista aux assiégeants de la façon la plus énergique uendmt trois mois et demi et tint bon jusqu’à ce que François Ier, informé de sa position, vînt à son secours. Cet intrépide militaire défendit ensuite contre les Anglais, pendant plus de deux ans, le fort d’Outreau, près de Boulogne-sur-Mer, reçut en 1546 le titre de lieutenant général, fut chargé cette même annéa, par Henri II, de conduire en Écosse un corps de troupes pour aider a défendre co

Fa

S-

MONT

pays contre les Anglais, tailla en pièces ces derniers sous les murs de Haddington et leur enleva, en moins d’une année, toutes les positions dont ils s’étaient emparés dans le midi de l’Écosse. De retour en France, où il avait envoyé la jeune reine Marie Stuart, pour y épouser le dauphin, Montalembert reçut le gouvernement d’Ambleteuse (1549). Quatre ans plus tard, il fut appelé à défendre Thérouanne contre l’armée impériale, soutint trois assauts et fut mortellement frappé d’un coup d’arquebuse en combattant sur la brèche.

MONTALEMBERT DE CERS (Jean-Charles de), agronome français, né dans l’Angoumois vers 1712, mort à une époque inconnue. Après avoir été capitaine au régiment de Puyguyon, il obtint en 1743 le commandement du château d’Angoulême. En 1761, il fut nommé, en outre, directeur du bureau d’agriculture qui venait d’être créé dans cette ville et se rallia aux idées de Turgot. Pendant ses loisirs, il s’occupa d’agriculture et étudia les questions d’économie politique et sociale, alors toutes nouvelles. En 1764, il devint un des rédacteurs les plus actifs de la Gazette du commerce, créée à Paris, et y publia, en faveur de la liberté du commerce, de l’abaissement des tarifs et contre les entraves qui gênaient le développement de l’agriculture, des lettres pleines d’observations judicieuses ; mais si, sur certaines questions, Montalembert avait des idées très-libérales, dès qu’il s’agissait des privilèges de la noblesse et des droits seigneuriaux, il redevenait le champion de la féodalité. Il s’occupa de trouver le moyen de détruire le papillon qui est si nuisible au blé, rit un rapport sur ce sujet et essaya d’introduire l’éducation des vers à soie dans l’Angoumois,

MONTALEMBEBT (Marc-René, marquis de), célèbre ingénieur et général français, membre de l’Académie des sciences, né à Angoulême en 1714, mort en 1800. Après avoir reçu une excellente éducation, il entra au service comme enseigne à l’âge de dix-huit ans, prit part aux sièges de K’hl et de Philippsbourg (1734)^ se signala par sa valeur pendant la guerre de la succession d’Autriche, fut nommé en 1742 capitaine des gardes du prince de Conti, employa tout ses loisirs à l’étude des sciences, surtout des sciences militaires, de l’art des fortifications, et, bien qu’il n’eût encore publié que quelques mémoires, il fut admis, comme membre associé, à l’Académie des sciences en 1747. Trois ans plus tard, le . marquis de Montalembert fit construire à Ruelle, près d’Angoulême, des forges importantes qui furent bientôt en état de fournir à la marine les canons et les projectiles dont elle n’était pas suffisamment pourvue. Pen 7 dant la guerre de Sept ans (1756-1763), il fut attaché comme brigadier à l’état-major des armées de Suède et de Russie, dirigea les opérations des troupes suédoises en Poméranie, décida en 1760 le général russe Tottleben à s’emparer de Berlin et fut nommé, en 1761, maréchal de camp. Cette même année, il fit paraître le prospectus d’un ouvrage sur les fortifications ; qu’il préparait depuis longtemps ; mais le ministre Choiseul, craignant que les ennemis ne profitassent de ses idées, lui demanda son manuscrit et en retarda la publication. Il se survit de son système, dit perpendiculaire, pour fortifier l’île d’ûleron et 1 employa avec succès aux sièges de Hanovre et de Brunswick. Chargé, en 1779, de fortifier l’Ile d’Aix contre les attaques des Anglais, il fit élever un fort en bois, qui ne coûta que 800,000 francs, chiffre de beaucoup inférieur à celui donné par tous les ingénieurs et qui, contrairement à l’avis de tou» les officiers, fut d’une solidité à toute épreuve. Gustave III, étant venu en France, proposa au marquis de Montalembert de l’emmener en Suède avec le grade de général en chef du génie militaire, ce qu’il refusa. À l’époque de la Révolution, dont il avait adopté les idées, mais avec modération, il abandonna une pension qui lui avait été accordée, bien que les dépenses faites pour la publication de ses ouvrages et pour des expériences eussent dévoré une partie de sa fortune. Vers la fin de 1789, Mirabeau songea à proposer à la Constituante de nommer Montalembert inspecteur générales fortifications ; mais ce projet n eut pas de suite. L’année suivante, ce dernier demanda à l’Assemblée le payement de 6 millions qui lui étaient dus pour avoir cédé à la marine les forges de Ruelle. N’ayant rien obtenu, il passa eu Angleterre avec sa femme ; toutefois il revint peu après en France, continua malgré son état de gène d’entretenir à ses frais un dessinateur et un mécanicien pour exécuter en relief ses modèles de fortification, offrit cette collection précieuse au comité de Salut public, reçut en 1792 le grade de général de division et fut très-souvent appelé par Carnot, qui avait une très-haute idée de sa valeur, à venir au comité des opérations militaires pour l’aider de ses conseils. Le maryuis de Montalembert perfectionna le système de Vauban pour la fortification des places, inventa des affûts plus parfaits peur l’artillerie de terre et de mer, et vit ses théories adoptées dans toute l’Europe, après avoir été repoussées avec acharnement par les ingénieurs français. Proposé à l’Institut comme concurrent de Bonaparte, il renonça à la candidature. Son ouvrage capital est lu Fortification perpendiculaire (1776 MONT

1798, 11 vol. in-4 », avec 164 planches), réédité en 1793, sous le titre de l’Art défensif supérieur à l’offensif. Dans cet important travail, dont le mérite fut méconnu lors de son apparition, Montalembert s’est attaché à montrer le défaut du système des forts bastionnés, et il y substitue celui des forteresses angulaires avec des casemates, ayant pour principe que les casemates sont le seul moyen de mettre un petit nombre d’hommes en état de soutenir longtemps les attaques d’un grand nombre. Outre cet énorme et intéressant traité, dont l’impression luxueuse coûta à son auteur une partie de sa fortune, il a publié : Essai sur l’intérêt des nations en général (Paris, 1748, in-8°) ; Mémoires historiques sur la fonte de canons de fer (1758, in-go) ; Correspondance pendant la guerre de 1757-1760 pour servir à l histoire de la dernière guerre (Londres, 1777, 3 vol. in-8°) ;Béponse au mémoire par plusieurs officiers du génie (Paris, 1787) ; l’Ami de l’art défensif{P&ri&, 1796-1798) ; plusieurs mémoires dans le recueil de l’Académie des sciences, etc. Enfin il a laissé inédits des contes en vers, des chansons où l’on trouve de la grâce et de l’élégance, et a fait imprimer en 1786, à un très-petit nombre d’exemplaires, trois comédies : la Bergère de qualité, la Bohémienne supposée et la Statue.

— Le marquis de Montalembert avait épousé, en 1770, Marie-Joséphine de Coi^arieu, née à Bordeaux en 1750 et dont l’esprit, la beauté, les talents variés rendirent sa maison une des plus agréables et des plus fréquentées de Paris. Il la conduisit à Londres en 1792, l’y laissa lorsqu’il revint à Paris peu après, et obtint de divorcer avec elle pour épouser, dans un âge déjà avancé, la sœur de Cadet de Vaux, 1b célèbre chimiste. Joséphine de Comarieu rentra en France après la mort de son mûri. Elle fit paraître deux romans bien écrits et renfermant des situations touchantes : Elise Duménil (Londres, 1798, 6 vol. in-12) ; Horace ou le Château des ombres (Paris, 1822, 4 vol.), et mourut en 1832.

MONTALEMBERT (Jean-Charles, baron de), général fiançais, né en 1757, mort dans l’Ile de la Trinité en 1810. Élève de l’école militaire, il servit d’abord dans les chevau-légers de la garde du roi, devint ensuite colonel du régiment de Berry-Cavalerie, émigra en 1792, fut charge par le comte de Provence, qui le nomma maréchal de camp (1793), d’une mission auprès du roi d’Espagne et passa ensuite au service de l’Angleterre, où il forma un corps d’émigrés qui prit le nom de légion Montalembert. À la tête de cette légion, il se rendit en 1794 à Saint-Domingue, fit la guerre aux nègres insurgés, reçut le grade de brigadier général (1799), se retira, après le licenciement de son corps de troupes, dans

l’île de la Trinité (Petites Antilles), où il termina sa vie.

MONTALEMBERT (Marc-René-Anne-Marie, comte de), diplomate français, fils du précédent, né à Paris en 1777, mort dans la même ville en 1831. Il suivit son père en Angleterre et à Saint-Domingue, où il combattit sous ses ordres, puis entra en 1799, avec le grade de cornette, dans l’armée anglaise. Attaché à l’état-major des troupes britanniques, il servit successivement en Égypte, dans les Indes orientales (1804-1808), eu Portugal et en Espagne sous les ordres de Wellington, prit parc à l’expédition de Walcheren en 1809 et fut, deux ans plus tard, nommé lieutenantcolonel. Lorsqu’en 181* les alliés eurent renversé Napoléon, ce fut le comte de Montalembert que le régent envoya à Louis XVIII pour lui annoncer son avènement au trône. Il revint alors en France avec ce souverain, qui le nomma colonel, chevalier de Saint-Louis et peu après secrétaire d’ambassade à Londres. En 1816 il passa, en qualité de ministre plénipotentiaire, à Stuttgard, d’où, trois ans plus tard, il alla occuper le même poste à Copenhague et reçut alors un siège à la Chambre des pairs (1S19). Dans le premier discours qu’il prononça peu après à la Chambre, il émit le vœu que « la France, délivrée des lois d’exception, pût jouir enfin de la plénitude de ses libertés constitutionnelles. • Ce langage déplut au ministère, qui le révoqua de ses fonctions diplomatiques. Le comte de Montalembert se consacra alors entièrement à ses devoirs législatifs, prit part aux discussions importantes et, tout en votant les mesures proposées par le gouvernement, il ne cessa point de s’exprimer avec une indépendance et une liberté de langage peu ordinaires aux amis dévoués du pouvoir. En 1826, il fut nommé ambassadeur à Stockholm et conserva ce poste jusqu’en 1830. Bien qu’il eût été destitué par le gouvernement issu de la révolution de Juillet, il n’en prêta pas moins serinent de fidélité à Louis-Philippe et continua à prendre une part active aux débats de la Chambre des pairs. Le comte de Montalembert était un orateur excentrique, très-indépendant, et dont le tour d’esprit avait de grands rapports avec celui du fameux marquis de Boissy.

MONTALEMBERT (Charles B’OkbeS, comte de), publiciste et homme politique fiançais, né à Londres en 1810, mort à Paris le 12 mars 1870. Il était fils du précédent et d’Elise Forbes, qui appartenait ù une famille d’Écosse. Avec plus de puissance et de sérieux, avec des talents supérieurs, M. le comte de Montalembert a gardé quelques* traits de la physionomie paternelle, le génie de tentatives

MONT

bruyantes, des alliances d’idées contradictoires, comme la liberté, l’aristocratie et l’ul tramontanisme. Sous ce rapport, on peut dire, sans trop d’exagération, qu’il fut, lui aussi, un excentrique, mais un excentrique sérieux et de haute école.

À dix-neuf ans, il apparaissait déjà comme un esprit distingué, donnant les plus grandes espérances d’avenir. Au collège Henri IV, il avait connu l’aumônier Lacordaire, avec lequel il se lia d’une étroite amitié et qui lui imposa la séduction de sou christianisme un peu romanesque. Tous deux se groupèrent bientôt, avec quelques autres jeunes gens d’élite, autour de 1 abbé de Lamennais, qui commençait à développer sa conception de théocratie démocratique, d’alliance du catholicisme et de la liberté. Esprit passionné, belliqueux et actif, Montalembert apporta à la nouvelle école toute la ferveur de sa jeunesse. Le 17 octobre 1830 parut Y Avenir, organe périodique du groupe, et qui avait.pns pour épigraphe : Dieu et liberté. On sait quel retentissement eut ce journal, qui entama avec vigueur la lutte contre les théories gallicanes et l’Université, en réclamant la liberté de l’enseignement et d’association. À l’article avenir, nous avons donné sur cette feuille des renseignements suffisants, que nous n’avons pas à répéter ici.

Voulant mettre leurs idées en pratique, Lacordaire et Montalembert ouvrirent, en avril 1831, une école publique sans demander aucune autorisation. Cette manifestation, qui fit beaucoup de bruit, leur attira, comme ils s’y attendaient, des poursuites judiciaires. Sur ces entrefaites, M. de Montalembert perdit son père et entra ainsi, par droit d’hérédité, a la Chambre des pairs, dont il réclama la haute juridiction pour le délit dont il était accusé. Le débat ne manqua pas de solennité. La personne du jeune et courageux accusé était intéressante et la cause préoccupait le pays entier. Le noble maître d’école, comme il se qualifiait, put défendre dans un long discours l’enseignement libre, tel que le comprenait l’école néo-catholique. ■ La Chambre entière écoutait, dit Sainte-Beuve, avec une surprise qui n’était pas sans agrément, les audaces du jeune homme et, ne regardant qu’au talent et à la façon, elle y trouvait avant tout des gages et de futures promesses pour elle-même. Elle accueillait ce dernier - né de l’hérédité avec la faveur et presque la tendresse qu’une mère a pour le dernier de ses enfants. Depuis ce jour, M. de Montalembert, condamne pour la forma à une légère amende, fut véritablement porté dans les entrailles de la pairie ; il en fut le Benjamin. »

M. de Montalembert et ses amis furent, en effet, condamnés simplement à 100 francs d’amende. Le pape Grégoire XVI fut plus sévère pour les doctrines de 'Avenir, qu’il condamna par son Encyclique du 15 août 1832. L’Église romaine repoussait définitivement cette alliance du catholicisme et de la liberté, rêvée par de nobles et chimériques esprits. M. de Mentalembert se soumit, comme Lucordaire, et se renferma dès 1ers dans l’ultramontanisme pur, remontant même de plus

en plus jusqu’à la foi mystique du moyen âge, sans cesser toutefois de prononcer sans relâche ce mot de liberté, qui sonne si étrangement dans la bouche des hommes de ce parti. Précédemment, il avait traduit les Pèlerins polonais de Mickiewicz ; mais ce livre ayant été mis à l’index, il racheta presque toute son édition.

En 1836, il publia sa vie de Sainte Elisabeth de Hongrie, qu’il avait conçue dans des voyages en Allemagne et qui n’est à proprement parler qu’une légende- L’année précédente, il avait atteint l’âge légal qui lui permettait de siéger à la Chambre des pairs avec voix délibérative. Dès lors, mêlé à la vie publique et sur un théâtre éclatant, il ne cessa de combattre pour la défense de ses idées. L’Université fut surtout le point de mire de ses attaques. •< Tout enfunt, dit Sainte-Beuve, il avait fait contre l’Université le serment d’Annibal, et il lui avait juré haine et guerre éternelle. Ce fut là, durant dix-huit ans, sa conclusion réitérée et acharnée, sou delenda Carthago, comme pour Caton. Il avait retourné le mot de Voltaire et il s’écriait, lui aussi : Ecrasons l’infâme. Eu écrasant l’Université, c’était, en effet, l’ennemie mortelle du christianisme, c’était le séminaire de l’incrédulité qu’il prétendait exterminer. Très-frappé des pertes graduelles, croissantes, que faisait la foi catholique au sein des jeunes générations, et qui proviennent de tant de causes combinées, M. de Montalembert crut que, pour couper court au mal, il fallait en dénoncer toute l’étendue et marquer au juste la séparation entre la partie saine et celle qui, selon lui, ne l’était pas.»

Dans la discussion des lois de septembre, il combattit le projet ministériel et se montra favorable à la liberté de la presse. Ses grands succès oratoires datent de 1844. L’année précédente, dans un Manifeste catholique, publié à l’occasion de la lutte qui avait eu lieu au sein de ta Chambre des pairs sur les rapports de l’Église et de l’État, il avait émis déjà les idées qu’il développa dans trois discours célèbres, prononcés en 1844 contra le projet de loi Villemnin : Sur la liberté de l’Église ; Sur la liberté d’enseignement, Sur la liberté des ordres monastiques, dans lequel il prenait la défense de la société de