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tériaux le transport vertical de ces derniers. L’étude des divers procédés de montage peut être divisée en deux catégories : le3 procédés employés par les anciens, et les procédés employés par les modernes. Du reste, on remarque peu de progrès dans la forme et l’installation des appareils de montage jusqu’à ces derniers temps, où des modifications profondes ont été apportées aux procédés de bardage. On est à peu près certain que les égyptiens ont élevé leurs gigantesques monumen ts par des moyens très-simples et à l’aide de trois enginsmécaniques élémentaires : le plan incliné, le treuil et la poulie. Les renseignements que l’on a sur cette époque sont rares et vagues. Ainsi Hérodote, qui a parlé, de l’érection de certains monuments égyptiens, n’entre pas dans le détail mécanique des moyens employés.

Les appareils dont se servaient les anciens ont plus ou moins d’analogie avec celui qui est connu de nos jours sous le nom de chèvre. "Vitruve donne le détail de plusieurs machines de ce genre, qu’il désigne sous le nom générique de polyspaslos, à cause du nombre des moufles qui étaient appliquées à ces appareils.

H décrit aussi un procédé dans lequel on se sert uniquement d’un mât dont un des bouts repose à terre pendant que l’autre, maintenu par des haubans, porte une poulie qui soutieut —fes moufles et les palans, t II faut, dit Vitruve, avoir une certaine adresse pour se servir de cette machine, afin de faire pencher le mât à propos du côté où doit être posé le fardeau. > On fait encore usage de ce procédé enItalie et en France, pour les ouvrages maritimes. Depuis quelque temps, des charpentiers, qui ont travaillé sur les ports, en ont introduit l’usage à Paris, pour élever les bâtis en charpente faite à loccasioa des fêtes publiques.

Bien que les appareils dont se servaient les anciens fussent peu compliqués, ils ne leur ont pas moins permis d’élever des monuments gigantesques, tels que les pyramides, et des temples justement admirés, tels que ceux de la Grèce et de Rome. Mais ces constructions ne s’élevaient qu’avec une extrême lenteur, et il en fut de même au moyen âge. Les splertdides cathédrales qui datent de cette époque sont dues aux efforts persistants de plusieurs générations d’artistes et de travailleurs. Les principaux appareils de montage employés par les modernes sont la chèvre et le singe (appelés aussi potence et sapine). Cet engin se compose d’un montant vertical fiché en terre et muni à son extrémité supérieure d’une poulie. À la partie supérieure de ce montant est fixée une pièce horizontale portant une poulie à Chaque extrémité. Sur ces trois poulies passe une corde attachée d’un côté à un treuil, placé à la partie inférieure du montant, et de l’autre a la pierre qu’on veut élever. ..Mais depuis que les constructions ont prisplus d’importance, on s’est servi d’un engin plus puissant connu sous le nom de grue, et dont nous avons donné ailleurs la description. V. GRUS.

Depuis une vingtaine d’années, l’activité excessive que l’on a déployée dans la construction des édifices publics et des maisons privées, dans les principales villes de France, a nécessité l’emploi de moyens plus expéditifs que la chèvre et les différentes espèces de treuils employés jusque-là pour l’élévation verticale des matériaux, et l’on a inventé des appareils de montage, aussi intéressants par leur nouVea’uté que par leur rapidité d’action, qui ont fait une sorte de révolution et créé une ère nouvelle dans l’art du bardagô des matériaux.

Trois procédés principaux ont été récemment mis à l’état d’application. Tous trois ont donné des résultats satisfaisants, et leur emploi dépend des circonstances spéciales dans lesquelles se trouvent la construction et l’entrepreneur.

En première ligne, il y a lieu de mentionner l’appareil Kuoux, puis le moteur a gaz de Lenoir, enfin les différents systèmes û’appareils mus par la vapeur.

Il n’est pas indifférent d’utiliser l’un ou l’autre de ces engins, car chacun d’eux jouit d’avantages spéciaux, qui le feront préférer ou écarter suivant les cas. t

L’appareil Edoux et le moteur Lenoir utilisent, l’un l’eau, et l’autre le gaz dont les grandes villes sont abondamment poarvues. Bien que ces deux engins aient plusieurs avantuges communs, le plus simple, tout à la fois d’installation et de fonctionnement, est sans contredit celui de M. Edoux. De plus, il est plus véritablement original que celui de Lenoir —, il constitue à lui seul un monte-charge complet, sans transmission ni intermédiaires d’aucune sorte, tandis que ie moteur Lanoir n’est qu’une machine matrice plus commode peut-être que les machines à vapeur, mais qui nécessite, comme ces dernières, l’emploi d’un treuil et d’un système de transmission qui absorbe plus ou moins de force motrice.

L’appareil Edoux consiste en deux tours jumelles en charpente, qui remplacent les anciennes sapines ; elles s’élèvent à quelques mètres au-dessus delà hauteur définitive que devra avuir le bâtiment en construction. Dans chacune de ces tours carrées est guidé un caisson parallélipipédique du tôle ; ces caissons sont attachés aux extrémités d’une même chaîne qui s’enroule à la partie supérieure des deux tours sur un treuil à coquille. La face

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supérieure de ces caissons porte un plancher qui reçoit les charges à élever. Soit par exemple l’un des caissons sur le sol et l’autre au niveau du deuxième étage, niveau auquel on veut élever les matériaux: on charge ceux-ci sur le premier caisson, puis, au moyen d’une^conduite qui élève les eaux de la ville, on emplit le caisson supérieur • aussitôt que l’excès de poids de l’eau introduite est suffisant, le mouvement se produit, la balance hydraulique fonctionne, et la pierre monte d’un côté avec le plâtre et autres matériaux, tandis que la cuve pleine descend de l’autre côté. Cette opération se répète autant de fois qu’il est nécessaire. Une soupape à tige, d’une manœuvre facile et rapide, permet de vider les bâches lorsqu’elles sont sur le sol.

Comme appareil acecessoire, on n’emploie qu’un frein destiné à modérer la vitesse, de façon que les arrivées se fassent sans choc.

Pour manœuvrer tout le système, un seul homme suffit. II est chargé de manier fe robinet de la colonne d’eau, le frein et les soupapes des caissons. Ces manœuvres peuvent du reste s’exécuter automatiquement; néanmoins, comme l’ouvrier s’halntue avec une très-grande facilité aux différents mouvements de l’appareil et que l’on ne demande aucun effort considérable à son intelligence, on peut éviter les appareils automatiques, susceptibles de se déranger, et. auxquels le conducteur se fie d’une manière absolue, au bout d’un temps très-court.

Pour l’installation d’un semblable engin, il faut de quatre à cinq jours.

Les avantages particuliers à ce système sont nombreux:l<> l’accès de la plate-forme pour le chargement ou le déchargement est toujours facile ; les pertes de temps d’embrayage et de débrayage sont supprimées ; 20 la vitesse d’ascension est de I et 2 mètres par seconde au lieu de Om, 04, et elle peut être réglée à volonté avec la plus grande facilité; 30 la capacité des appareils permet d’élever d’un seul coup de 1, 000 à 4, 000 kilogrammes composés d’un nombre quelconque de matériaux différents.

Après l’appareil Edoux, qui est tout à fait Spécial et dont l’idée est née au milieu des constructions parisiennes, il reste les appareils généraux actionnés à bras d’homme ou par diverses machines motrices, à vupeur ou autres. Le moteur Lenoir, que nous décrivons ailleurs, est bien approprié pour actionner des appareils de montage dans une grande ville comme Paris, où des conduites très-ramihées

fiortent à tous les points le gaz nécessaire à aconsommâtion delamachine. L’agencement le plus simple consiste en une seule tour en charpente dans le bas de laquelle un treuil, généralement actionné à bras d’homme, enroule la corde qui passe en haut de la tour sur la gorge d’une poulie et redescend ensuite pour tenir le fardeau.

Le perfectionnement possible de l’appareil, son plus ou moins de valeur dépendent du treuil, dont il existe plusieurs systèmes (v. trkuil). Les treuils mus à bras d’homme ou par de petites machines sont employés pour les constructions ordinaires. Lorsqu’il s’agit d’éiiilices plus importants, on arrive naturellement à l’emploi de machines plus compliquées, actionnées par des moteurs à vapeur puissants.

Ces appareils portent le nom de treuils roulants ou de grues. Les appareils les plus recommundubles parmi les plus récents sont:

la grue Arnoux, employée pour la construction de la nouvelle église Saint-Ambroise; la grue Comté, employée à la construction de la gare d’Orléans, etc., et enfin les machines de Bordes, employées à la construction des maisons du quai de la Juliette, à Marseille.

Pour terminer cet article, il n’est pas inutile de dire comment on attache les matériaux aux chaînes d’élevage. Le moyen le plus simple et le plus commode consiste dans l’emploi d’un plateau accroché à poste fixe. C’est d’ailleurs obligatoire pour les matériaux do petites dimensions, tels que briques, moellons, sacs de plâtre, etc.

Lorsqu’il s’agit de monter des pierres de taille de fort échantillon, on a recours à deux systèmes : l’un, appelé la louve, consiste en un outil en fer dont les deux branches introduites en une cavité pratiquée dans la pierre s’écartent par suite de la pression d’un coin ; lorsque la chaîne d’élevage soulève l’anneau de la louve, la pierre, saisie intérieurement, obéit alors au mouvement d’ascension ; mais ce moyen n’est praticable sans danger qu’avec des pierres dures.

Le second système de suspension, qui est bien préférable, consiste simplement en une corde sans fin composée d’un grand nombre de brins distincts que l’on plie en quatre, de façon à y introduire la pierre, qui se trouve ainsi supportée également sur ses quatre faces ; on soulève la pierre en saisissant la corde avec un crochet fixé au bout de la chaîne d’élevage.

Montage du cuivre. Ce phénomène se manifeste après la coulée du cuivre lorsqu’il vient d être raftine. Le lingot, refroidi dans ses parties extérieures, commence à se solidifier alors que sa partie centrale est encore liquide. Si le métal n’est pas tout à fait pur, ce qui est un cas fréquent, et si l’opération du raffinage n’a pas été poussée au delà des

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limites convenables, il se produit une fissure, et souvent il sort par cette fissure du cuivre venant de l’intérieur du lingot. Si on examine à la loupe les champignons formés par ce cuivre le long de la fissure, on reconnaît des petits canaux qui convergent vers l’intérieur du lingot, ce qui prouve que c’est aune éruption de gaz qu’il faut attribuer la sortie de ce cuivre et la fissure. Ce montage, qu’il est très-difficile d’éviter, tient au soufre que le cuivre renferme. Le raffinage poussé plus loin le ferait partir avec les autres matières étrangères, avant la coulée ; mais le remède serait pire que le mal. La même considération empêche d’employer le plomb, qui, jeté à petite dose dans le métal avant la coulée, empêcherait le montage, car le plomb ainsi ajouté diminuerait beaucoup la qualité du cuivre. Le meilleur moyen pour éviter le mal est de ne couler le cuivre qu’au moment où il va se solidifier. La solidification étant ainsi plus rapide, le montage n’a pas toujours le temps de se produire. En France et en Russie, où les minerais sont purs, il se produit rarement ; mais en Angleterre il est très-fréquent.

MONTAGIOLI (Cassiodore), bénédictin et érudit italien, né à Modène en 1698, mort dans la même ville en 1783. Il se livra à l’enseignement delà philosophie et remplit diverses fonctions duns son ordre. Nous citerons, parmi ses ouvrages : Trattato practico delta carita cristiana (Bologne, 1751) ; Enchiridio evangelico (Modène, 1755) ; Maniera facile di méditare con frutto le massime cristiane (Bologne, 1759, 2 vol. in-12) ; Parabole del figliuol di JJio (Plaisance, 1772), etc.

MONTAGNA (Benedetto), peintre italien, né à Viceuee, mort vers 1435. André Mantogna lui donna, croit-on, des leçons de peinture ; mais il s’attacha à imiter la manière des frères Belîini et exécuta avec un égal talent des tableaux d’histoire et des portraits. On cite, parmi ses meilleures œuvres, une Madone avec plusieurs saints, qu’on voit au musée de Brera, à Milan, et une Adoration des mages, son chef-d’œuvre, qui fut mis en pièces par des soldats autrichiens en 1348.

MONTAGNA (Bartolommeo), peintre italien, fils du précédent, né à Vicence. Il vivait dans la seconde moitié du xve siècle, eut le même maître que son père et devint un très-habile artiste. Dessinateur correct, coloriste agréable, il savait rendre les nus avec une grande vérité, donnait à ses figures d’anges une grâce extrême et entendait fort bien la cerspective et l’architecture. Parmi ses nombreux tableaux, on cite : a "Vicence, la Présentation de Jësus-Christ au temple, Saint Joseph adorant Jésus, la Vierge avec sainte Monique et la Madeleine devant l’Enfant Jésus, Madeleine avec saint Jérôme, sainte Monique et saint Martin ; à Venise, la Madone et deux saints ; à’Milan, la Madone sur un trône avec divers saints ; à Padoue, la Vierge sur un trône, entourée de saint Pierre, saint Paul, etc. ; à Pavie, la Vierge et deux saints ; à Berlin, une Madone, etc.

MONTAGNA (Benedetto), peintre et graveur italien, parent des précédents, né à Vicence vers 145S, mort à Vérone en 1530. Depuis de longues années il s’adonnait à la peinture, lorsqu’il se mit à graver ses principales compositions. Parmi ses gravures, plus estimées que ses tableaux, bien qu’elles , soient exécutées d’un burin un peu sec et dans le style gothique, on cite:le Sacrifice d’Abraham ; la Sainte famille ; Y Enlèvement d’Europe ; les Deux musiciens ; Apollon et Midas ; VHomme assis près d’un palmier, etc., qui sont recherchées des amateurs.

MONTAGNAC s. m. (mon-ta-gnak; gn mil.

— nom d’homme). Ccimn. Drap pour vêtements d’hiver, qui est ainsi appelé du nom d’un fabricant de Sedan, qui l’a introduit dans le commerce.

— Adjectiv.:Paletot en drap montàgnac.

MONTAGNAC, ville de France (Hérault), ch.-l. de canton, arrond. et à 2S kilom. N.-Kde Béziers, sur la rive gauche de l’Hérault; pop. yggl-, 3, 704 hab. — pop. tôt., 3, 945 hab. Fabrication d’eaux-de-vie. Commerce de grains, farines, huiles, gaudes, amandes, vins, laines et serges.

MONTAGNAC (André-Joseph-Elisée de), homme politique français, né à Pouru-aux-Bois, près de Sedan, en 1SOS. Il était fabricant de draps à Sedan et membre du conseil général des Ardentes lorsqu’il fut nommé, en 1860, avec l’appui de l’administration, député au Corps législatif dans la 1""C circonscription de ce département, qui ie réélut en 1863 et 1869. M. de Montàgnac prit rarement lu parole à la Chambre et, sur toutes les questions politiques, il vota selon le désir des ministres ; toutefois, lors des discussions relatives au libre échange, il se sépara du ministère et se rangea du côté des protectionnistes Brame et Pouyer-Quertier. Si, comme homme politique, M. de Montàgnac a joué un rôle très-effacé, il a du moins rendu quelques services a l’industrie qu’il exerce ; il est inventeur d’un velours de laine qui porte son nom et il a obtenu à diverses expositions des récompenses pour ses produits. Depuis le 4 septembre, M. de Montàgnac est rentré dans la vie privée. — Son fils, M, Élysée-Louis de Montàgnac, né à Sedan en 1835, s’est fait recevoir licencié en droit et a publié quelques récits de voyage, tels que:Hou-

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venirs d’un voyage à Home (Bruxelles, 1861, in-18), et les Ardennes illustrées (1868-1869, 4 vol. in-fol.). Il a continué l’.ffts(otre de l’ordre de Malte, de l’abbé Vertot, sous le titre à’Bistoire des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (1863, in-lSet in-4<>), et une Histoire des chevaliers templiers et de leurs prétendus successeurs (1864, in-S et in-4o, avec grav.). M. de Montàgnac fils est décoré de divers ordres catholiques.

MONTAGNANA, ville du royaume d’Italie, province et à 35 kilom. S.-O. de Padoue, ch.-l. de district et de mandement ; 7.G67 hab. Récoite de chanvre, réputé le meilleur du royaume. Fabrication de toiles et lainages.

MONTAGNANA (Barthélemi), célèbre médecin italien, né à Montagnana en 1395, mort en 1460. Il fut professeur de médecine à l’université de Padoue et publia des ouvrages remarquables. Son recueil de consultations fut très-longtemps en’grande estime. Il y règne, à la vérité, une grande prolixité, et les subtilités des doctrines scolasliques en rendent la lecture désagréable ; mais il y a là cependant des faits curieux et quelques résultats intéressants d’une expérience longue et judicieuse. Ce médecin fut un homme fort instruit pour son époque, et un homme qui assure avoir fait dans le cours de sa carrière médicale quatorze autopsies cadavériques doit assurément être rangé parmi les phénomènes extraordinaires de son siècle. Plusieurs de ses descendants exercèrent comme lui la profession médicale.


MONTAGNARD, ARDE adj. (mon-ta-gnar, ar-de; gn mll. — rad. montagne). Qui est de la montagne, qui habite les montagnes : Peuple montagnard. L’ours est une bête grave, toute montagnarde, curieuse à voir dans sa houppelande grisâtre ou jaunâtre de poils feutrés. (H. Taine.)

… Les fils du Tyrol, peuple héroïque et fier,
Montagnard comme l’aigle et libre comme l’air.
                 A. de Musset.

|| Qui aime les montagnes : J’ai eu de la boue et de la neige, mais vous savez que je suis un peu montagnard. (V. Hugo.)

— Qui est propre aux habitants des montagnes : Mœurs montagnardes. Chant montagnard. Costume montagnard.

J’errais parmi les clans sous le plaid montagnard.
                             C. Delavigne.

|| Qui a rapport aux montagnes : Les vives senteurs de ces arbustes se mêlaient aux sauvages parfums de la nature montagnarde. (Balz.)

— Hist. Qui appartenait au parti de la Montagne : Depuis la chute des girondins, le parti montagnard, resté seul, avait commencé à se fractionner. (Thiers.)

— Substantiv. Personne qui est née dans les montagnes ou qui y habite : Les montagnards d’Écosse. L’hospitalité des montagnards bretons est renommée. (E. Souvestre.) Les montagnards sont, en général, hardis, entreprenants, rudes. (L’abbé Bautain.) La marmotte est l’emblème du pauvre montagnard, qui s’engourdit dans sa misère. (Toussenel.)

— s. m. Hist. Membre du parti de la Montagne : Les montagnards et les girondins. || Nom donné, en 1848, aux membres du parti démocratique social. || Nom donné à tous ceux qui ont des idées démocratiques avancées.

— Techn. Cheval que les omnibus prennent au bas des montées, pour les aider à les franchir. || Conducteur de ce cheval.

— Superstit. Nom donné à des diables qui, dit-on, séjournent dans les mines, sous les montagnes, et se plaisent à tourmenter les mineurs.

— Ornith. Espèce de faucon d’Afrique.

Montagnards (HISTOIRE DES), par Alphonse Esquiros (1847, 2 vol. in-8°). Lamartine venait de publier les Girondins ; il fallait un pendant à ce livre mémorable. Les girondins n’étaient, en effet, qu’une des deux grandes forces auxquelles la Révolution est due, et la moins énergique. L’Histoire des montagnards venait à propos, quoique signée d’un nom moins célèbre que celui de Lamartine, mais déjà connu honorablement dans le camp de l’opposition extrême, car M. Esquiros était alors à l’extrémité la plus avancée du parti radical. Il y est resté politiquement ; mais l’âge et l’expérience de la vie lui ont appris à mettre dans ses écrits et sa conduite beaucoup plus de modération, ainsi qu’il convient à un collaborateur de la Revue des Deux-Mondes.

« Les girondins, dit-il avec raison, n’ont joué dans le grand drame révolutionnaire qu’un rôle rapide et subordonné. Non-seulement la Montagne leur a survécu, mais encore c’est dans son sein, au milieu des éclairs et du tonnerre, que se sont révélés les oracles de l’esprit humain transfiguré. De là sont parties la force et la lumière. À peine si les girondins ont résisté ; ils ont pâli devant les événements ; ils se sont effacés dans un torrent d’éloquence. Les montagnards ont, au contraire, renouvelé entre eux, avec le pays et avec le monde entier, la lutte des géants. Foudroyés, ils ont enseveli la Révolution dans leur désastre immense, et, après eux, la République n’a plus été qu’un fantôme. »

Ce sont là des vues étroites : la chute de la Montagne n’a pas compromis la Révolu-