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massacrés et des Français tués dans la dernière lutte souille ses mains. Peu d’hommes se sont présentés devant le Créateur chargés d’autant de crimes et d’infamies...

Il aspirait à être un grand général, et ses bévues à Solférino, son imbécillité flagrante à Sedan l’ont montré incapable de commander une patrouille. Il avait des prétentions à la littérature, et sa Vie de César a fait éclater de rire tous ceux qui ont quelques connaissances de littérature biographique. Il se croyait un homme d’État consommé et, dans les mains de Cavour et de Bismark, il a été le plus faible des fous, la plus facile des dupes. Et voilà l’idole contrefaite que la bassesse (flank-gism) anglaise a encensée pendant des années !

Le passé le maudit, le présent l’exècre, l’avenir l’anathématisera comme le fléau de la France. (Reynold’s Newspaper.)

ce qu’a coûté l’empire.

Au mot liste civile, nous avons donné un état récapitulatif de ce que Napoléon III a coûté à la France de 1852 à 1870, et montré que les dépenses dont il fut l’unique raison d’être s’élèvent à l’extrême minimum de 450 millions. Mais s’il se fit la part du lion, il n’oublia, dans la curée, ni ses parents, ni ses amis.

« Il est facile d’évaluer en bloc l’argent touché depuis 1852 par la famille Bonaparte, dit M, André Lefévre, un des membres de la commission des papiers des Tuileries. Il suffit d’ajouter à la dotation fixe attribuée à quelques-uns de ses membres les allocations régulières dont la commission a déjà publié le tableau, et dont le total annuel varie de 1,200,000 francs à 1,400,000 francs. Cette subvention a commencé de courir le 25 décembre 1852, et n’a cessé qu’avec l’Empire. Il faut tenir compte aussi d’un capital de 5,200,000 francs, distribué par décret du 1er avril 1852 à un certain nombre de parents favorisés. Sans parler des gratifications, dettes payées et autres libéralités, le compte général de la famille impériale s’établit comme suit, d’après les tableaux officiels de la liste civile :

Dotation (1860-1870)..... 16,849,999 fr.
Dotation du Palais-Royal
et de Meudon (1857-1870) ..4,953,639
Allocations (1853-1870).. 30,033,531
Dépenses diverses......... 1,758,116

Total général..... 53,595,285 fr.

« Si nous ajoutons à ce chiffre le capital donné, 5,200,000 francs, c’est une somme de plus de 58 millions absorbée, sans aucune espèce d’utilité pour le pays, par la famille de ceux qui nous ont conduits à Leipzig, à Waterloo et à Sedan. Encore cette évaluation, fondée sur des chiffres avoués, est-elle loin d’être complète, comme on en jugera par les calculs ci-joints, dont tous les éléments nous ont été fournis par des documents irrécusables, reçus sign2s, pièces de la main de l’empereur ou de ses trésoriers, Bure, Conneau, Thélin, Mocquard, Béville, etc. On peut supposer, sans crainte d’erreur, que, parmi les libéralités de Napoléon III à sa famille, beaucoup ont été dissimulées et passent inaperçues sous le couvert de la cassette privée.

RÉCAPITULATION

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Ainsi, sans tenir compte de quelques centaines de mille francs annuellement touchés durant un nombre inconnu d’années, le bilan de la famille Bonaparte s’établit comme suit :

Famille Jérôme Bonaparte 37,078,364 fr.
Famille Lucien Bonaparte 12,762,500
Famille Murat ...........13,577,933
Princesse Bacciocchi..... 6,244,624
Mmes B. Centamori et Bartholini
524,375

Total général... 70,187,796 fr.

« C’est donc, d’après les chiffres officiels, 58 millions et, d’après des calculs plus complets, 70 millions que la famille Bonaparte a, sans autre titre que sa parenté avec le chef de l’État, sans utilité appréciable pour la France, prélevés sur la fortune publique. »

« Après la famille, les amis, dit M. Élie Sorin. Il faut payer grassement toute la haute domesticité ; c’est le règne du cumul : heureux temps, où les petits services engendrent les gros traitements ! On ressuscite des distinctions féodales pour avoir-prétexte de renter le clan des serviteurs intimes ; on imagine la charge de grand écuyer du palais, 100,000 fr. ; de préfet du palais, 60,000 fr. ; de premier aumônier, 100,000 fr. ; de premier écuyer et de premier chambellan, 95,000 fr, chacun, etc. Il est entendu que, les hauts fonctionnaires de l’Empire devant avoir la conscience souple, on saura reconnaître d’avance les bons offices qu’on attend d’eux.

« Chaque fauteuil de sénateur représente au budget une allocation de 30,000 francs ; la pairie de Louis-Philippe n’était peut-être guère plus utile a la nation, mais elle avait du moins, sur la haute Chambre napoléonienne, le grand mérite de ne rien coûter. Le traitement des conseillers d’État est élevé de 12,000 francs à 25,000 francs ; il est vrai que ces magistrats rendront des services, et non des arrêts.

« Le budget de la police monte de 1,900,000 fr. à près de 9 millions.

« Pour l’état-major, le budget s’élève à 50 millions, un lieu de 17 ; il est vrai que cet état-major sera celui qui dirigera, comme chacun sait, la campagne de 1870.

« Le budget proprement dit de la guerre, en quinze ans seulement, de 1852 à 1866, année de Sadowa, ne dépasse que de 117 millions le budget moyen de 1847 à 1851 ; nous savons, en effet, que la France était prête, désormais, à toutes les éventualités militaires...

« Le budget de la marine, dans le même temps, dépasse de 192 millions la moyenne précédente. C’est pour cela, sans doute, qu’en juillet 1870 la flotte de l’amiral Bouët-Willaumez n’avait pas même de cartes marines pour opérer dans la Baltique.

« Le budget de l’intérieur va crescendo de 800,000 francs à 1,900,000 francs.

« Il y a cependant une compensation : le budget de l’agriculture et du commerce descend de 149 millions à 128.

« Ce n’est pas non plus sur le budget de l’instruction publique que l’on fait des folies : 1,352,000 francs, c’est le chiffre de 1867..... Trois ou quatre mille institutrices, dans les campagnes de France, touchent un traitement qui varie de 60 à 75 centimes par jour. Il est vrai que le premier Empire se contentait d’inscrire 4,500 francs (quatre mille cinq cents) à son budget pour les besoins de l’instruction primaire. Donc, il y a progrès !

« Quant à la situation générale faite à la société française, elle peut se résumer d’un mot, mais il a son éloquence. Sous ce règne florissant, qui voit la gloire et les bienfaits du Mexique, qui fait surgir de terre les merveilles de M. Haussmann, y compris les splendeurs du nouvel Opéra ; sous ce règne, qui couvre de sa paternelle protection les danseuses et les chevaux de course, des chiffres authentiques établissent que l’on compte, en France, 1 indigent sur 5 habitants ; que, sur 5,516,994 enfants qui devraient fréquenter les écoles, elles n’en reçoivent que 4,826,461 !

« Enfin, après dix-sept ans, le second Empire a accru la dette publique française de 8,750,000,000, et il lui lègue une indemnité de guerre de 5 milliards !

« Et, tandis que l’Empire fait si bon marché de la fortune nationale tombée entre ses mains, il pousse l’esprit public dans la voie des spéculations aventureuses ; chacun de ses emprunts éhontés est une provocation qu’il fait au travailleur, au petit capitaliste, pour l’engager à risquer ses modestes économies contre l’appât des gros lots et des primes.

« Coupable, il ferme les yeux devant toutes les entreprises coupables ; il a des complaisances secrètes et souvent avouées pour l’agiotage, qui voile sous des opulences de hasard la détresse des malheureux dont le pécule s’effondre dans les coulisses de la Bourse. Pendant toute la durée de l’Empire, nous voyons devant les tribunaux un interminable défilé, où figurent la plupart des hauts et puissants seigneurs de la finance.

« Les choses en viennent à ce point, que M. Dupin aîné, un singulier apôtre de la morale et de la dignité publiques ! mais homme de prévoyance, ne peut s’empêcher de montrer en plein Sénat l’abîme vers lequel on se précipite (23 mai 1865).

« Les plaintes des porteurs de titres, dit-il, sont universelles. Leur capital se déprécie de jour en jour. La fortune de chacun a perdu ce qu’a gagné la fortune de quelques-uns ; à tort ou a raison, les administrés s’en prennent à leurs administrateurs, en demandant, par une réaction naturelle, la restitution des capitaux à leurs vrais et légitimes propriétaires...

« Les pères de famille s’inquiètent. L’exagération factice de la fortune mobilière a entraîné le renchérissement de toutes choses, et l’équilibre du budget domestique devient de plus en plus difficile. D’un autre côté, au fur et à mesure que les dépenses s’accroissent, les gros revenus, tant promis pour certaines entreprises, s’évanouissent, et le capital même, le patrimoine des familles, s’évanouit avec les dividendes faussement annoncés.

« Le monde moral lui-même est atteint.

« Le vertige des millions que procure un agiotage effronté, l’ingratitude du travail qui refuse le luxe et mené lentement à l’aisance pervertissent les idées du juste et de l’honnête. Vainement un magistrat éminent flagelle les manieurs d’argent, et un poète illustre veut moraliser la Bourse. Vainement le souverain lui-même applaudit à leurs efforts et donne à la nation un grand enseignement. L’humble actionnaire reste condamné à l’exploitation et au silence.

« Le puissant financier fait taire ou parler la presse, suivant les secrets de ses spéculations. Grâce à de grands mots invoqués en d’autre temps, tels que la raison d’État, le crédit public, le développement du travail, les traitants d’aujourd’hui, funestes imitateurs du financier Law, troublent les consciences, faussent l’esprit public, surprennent la religion des âmes honnêtes et obtiennent que la théorie du fait accompli serve d’excuse à la fraude...

« Les pratiques habituelles des fondateurs, gérants ou administrateurs des sociétés industrielles et de certaines institutions de de spéculation, sont devenues un danger public. » (A. Lefèvre, les Finances particulières de Napoléon III.)

Le budget des recettes de la France se trouve diminué de plus de 83 millions et demi, par suite de la guerre de 1870. C’est donc le revenu d’un capital de 1,500,000,000 que l’Empire a enlevé à la France et a donné a la Prusse. (Opinion nationale, 1er octobre 1872.)

La Tribune de Bordeaux donne l’extrait d’une lettre de la duchesse d’Abrantès qui prouve que cette dame avait une dose de perspicacité des plus remarquables.

« Ma chère amie, écrivait en 1836, à la duchesse d’Abrantès, la reine Hortense, si Louis devient jamais empereur, il mangera la France. »

Voilà une mère qui connaissait son fils.

Le règne de ce fils nous a coûté 10 milliards et 3 départements ; sommes-nous assez riches pour le reprendre au même prix ? (Journaux, 1873.)

On nous dit que le régime fondé après décembre nous a valu dix-huit années de calme et de prospérité.

Le calme ! que veut-on dire par là ? Le calme, c’était le silence dans la servitude. Tout le monde était chassé de la vie publique ; c’est toujours la vieille maxime du césarisme romain : là où ils ont fait régner le silence du désert, ils disent qu’ils ont apporté la paix.

La prospérité ! ah ! pour le coup, c’est trop fort. La république avait un budget de 1,500 millions en 1850 ; les budgets de l’Empire atteignirent 2,300 millions et se soldaient en déficit. Sous la république, en 1850, le chapitre des dotations s’élevait à 10 millions ; ce chapitre s’éleva, sous l’Empire, à 48 millions.

Les gros budgets, comme les emprunts périodiques, furent une des bases du système impérial ; toute la politique financière de l’Empire consistait à escompter l’avenir au profit du présent.

En quatorze ans, l’Empire dépensa 3 milliards 1/2 en sus de ses recettes ordinaires.

Encore, si l’État seul avait eu des dettes ! Mais tout passait dans cet engrenage : Paris, les départements, les communes, les grandes compagnies. Les emprunts de Paris s’élevèrent à plus de 2 milliards ; ceux des villes au-dessus de cent mille habitants, à plus de 500 millions ; ceux des départements, à plus de 250 millions, sans parler des obligations des diverses compagnies, qui montèrent à plus de 9 milliards.

Un établissement de crédit, le Crédit mobilier, créé sous les auspices du gouvernement, a fini par entrer en liquidation, après avoir englouti une partie de l’épargne de la France, plus de 1 milliard, dans des spéculations aventureuses et exagérées. Le goût de la spéculation transforme tous les capitaux en valeurs mobilières et les détourne des biens fonciers et de l’agriculture. Les travaux excessifs des villes renchérissent la main-d’œuvre dans les campagnes. Le nombre des faillites va suivant une progression effrayante. De 1863 à 1864, les faillites s’élevaient à 1,418 ; de 1868 à 1869, elles se sont élevées à 2,131. Les contribuables étant surchargés, les revenus privés diminuent. Enfin, pendant que l’empereur touchait par an une liste civile de plus de 25 millions, le Corps législatif refusait un crédit de 250,000 fr. pour porter à 500 fr. le chiffre de la pension de retraite des instituteurs.

Voila la prospérité de l’Empire. (Histoire de Napoléon III, anonyme, 1872.)

Ce règne de vingt uns, c’est parce que nous l’avons subi que nous avons dû subir l’invasion étrangère jusque sous les murs de notre glorieuse capitale. Et c’est parce qu’on avait altéré systématiquement, dans ce pays, toutes les sources de la force et de la grandeur ; c’est parce que nous avons perdu le ressort sans lequel rien ne peut durer ni triompher dans ce monde, l’idée du devoir et de la vertu, qu’on a pu croire un moment que la France allait disparaître.

C’est à ce moment que la république, apparaissant pour la troisième fois dans notre histoire, a assumé le devoir, l’honneur et le péril de sauver la France. (Gambetta, Discours de Bordeaux, 1er janvier 1871.)

DÉCRET DE DÉCHÉANCE.

M. Target. L’Assemblée doit être impatiente de reprendre la discussion du douloureux traité ; mais, avant de donner suite à l’incident qui vient de se produire, je propose la motion suivante :

« L’Assemblée nationale clôt l’incident, et, dans les circonstances douloureuses que traverse la patrie et en face de protestations et de réserves inattendues, confirme la déchéance de Napoléon III et de sa dynastie, déjà prononcée par le suffrage universel, et le déclare responsable de la ruine, de l’invasion et du démembrement de la France. » (Acclamations prolongées.)

Ont signé : MM. Target, Bethmont, Jules Buisson, René Brice, Ch ; Rolland, Talion, le duc de Marmier, Pradié, Ricard, Girard, Lambert de Sainte-Croix, Wilson, Cli. Alexandre, Baragnon, Léon Say, Victor de Laprade, Louis Viennet, Farcy, F. Dupin, Marcel-Barthe, comte d’Osmoy, Wallon, Ch. Rives, comte de Brettes-Thurin, Villain,

(Les membres des diverses parties de l’Assemblée se lèvent en applaudissant et en criant : Très-bien ! Bravo ! bravo !)

M. Conti. Je demande la parole.

M. Gavini. Messieurs, .. (Non ! non ! c’est, voté !)

Ayez au moins le respect des minorités ! (Interruptions diverses.)

Je dois protester de toutes les forces de mon âme... (Nouvelles et plus bruyantes interruptions)... contre la proposition (Assez ! assez !). Cette Assemblée n’a pas le droit de prononcer sur la question qui lui a été présentée ; élue pour une mission spéciale, elle n’est pas constituante... (Réclamations.)

Nouveaux cris. Aux voix ! aux voix !

M. Gavini. Le suffrage universel seul peut détruire l’œuvre qu’il a édifiée par quatre plébiscites solennels ; faites appel au suffrage universel, si vous l’osez (Aux voix ! aux voix !), et alors, lorsque le peuple aura prononcé, bien criminel sera celui qui ne se soumettra pas à sa volonté, seule souveraine. (Aux voix ! aux voix ! — Le bruit couvre la voix de l’orateur.)

Je proteste contre la proposition.

M. de Tillancourt. Aux voix et à l’ordre !

M. le marquis de Larochejaquelein. Le peuple a prononcé en nous envoyant ici.

(M. Gavini descend de la tribune au milieu des cris : Aux voix ! — À l’ordre ! — Une vive agitation règne dans l’Assemblée.)

M. le président. La proposition est la clôture de l’incident.

On a demandé le scrutin public sur cette proposition.

De toutes parts. Non ! non ! C’est inutile !

M. Conti. Vous ne permettez pas de la discuter.

M. Cochery, s’adressant à MM. Conti et Gavini. Vous froissez tous les sentiments de l’Assemblée, et à quel moment ! (Bruit général.)

M, Thiers, chef du pouvoir exécutif. Donnez la parole à M. Conti ! (Non ! non ! — Oui !)

Monsieur le président, donnez-leur la parole pour qu’ils justifient les fautes de l’Empire.

Plusieurs membres. Oui ! oui ! Qu’ils le fassent s’ils l’osent !

M. Thiers monte à la tribune au milieu des applaudissements de l’Assemblée.

M. le président. La parole est à M. Thiers, chef du pouvoir exécutif.

M. Thiers, chef du pouvoir exécutif. Messieurs, je vous ai proposé une politique de conciliation et de paix, et j’espérais que tout le monde comprendrait la réserve et le silence dans lesquels nous nous renfermons à l’égard du passé. Mais lorsque ce passé se dresse devant le pays... (Vive adhésion. — Bravos et applaudissements.)

M. Conti. Je demande la parole.

M. LE CHEF DU POUVOIR EXÉCUTIF... Lorsque ce passé semble se jouer de nos malheurs dont il est l’auteur... (Oui ! oui ! — Nouveaux bravos.)... Le jour où le passé se dresse devant nous, quand nous voudrions l’oublier, lorsque nous courbons la tête sous ses fautes, permettez-moi de le dire, sous ses crimes (Oui ! oui ! C’est vrai !), savez-vous ce que disent en Europe les princes que vous représentez ? — Je l’ai entendu de la bouche des souverains.— Ils disent que ce n’est pas eux qui sont coupables de la guerre, que c’est la France ; ils disent que c’est nous. Eh bien, je leur donne un démenti à la face de l’Europe. (Applaudissements.) Non, la France n’a pas voulu la guerre (Non ! non !) ; c’est vous, vous qui protestez ; c’est vous qui l’avez voulue. (Oui ! oui !)

(M. Conti, au pied de la tribune, adresse à l’orateur des paroles qui sont étouffées par les cris : N’interrompez pas ! — À l’ordre ! à l’ordre ! — Plusieurs représentants, au pied de la tribune, interpellent vivement M. Conti.)

M. le président. J’engage MM. les représentants à s’éloigner du pied de la tribune et à prendre leurs places ; c’est une condition du silence et de l’ordre dans la discussion. (C’est vrai ! — Très-bien !)

M. Thiers, chef du pouvoir exécutif. Vous avez méconnu la vérité ; elle se dresse aujourd’hui devant vous, et c’est une punition du ciel de vous voir ici, obligés de subir le jugement de la nation, qui sera le jugement de la postérité. (Oui ! oui ! — Vifs applaudissements.)

Eh bien ! vous venez soutenir ici l’innocence du maître que vous serviez. Je respecte toujours toutes les douleurs : ce n’est pas l’individu que j’attaque.

M. Conti. Il n’y paraît guère !

M. LE CHEF DU POUVOIR EXÉCUTIF. Mais vous voulez soutenir ici l’innocence du maître que vous avez servi. Si l’Assemblée écoute mon conseil, elle vous laissera la parole.

Eh bien ! venez parler des services rendus à la France par l’Empire ; il en est beaucoup de nous ici qui vous répondront à l’instant même. (C’est vrai ! Très-bien !)

Si l’Assemblée veut clore l’incident (Oui ! oui !) ce sera plus sage et plus digne (Assentiment) ; mais si elle ne veut pas clore l’incident, je la supplie de laisser parler à cette tribune les représentants de l’Empire.

Je n’ajoute plus qu’un mot : Quant au droit national, vous dites que nous ne sommes pas une constituante. Mais il y a une chose qui ne fait pas question, c’est que nous sommes souverains. (Oui ! oui ! souverains !)

Savez-vous pourquoi ? C’est que, depuis