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dirait un verminate d’infamie ou un crapulate de despotisme.

Dans ces conditions, je me suis demandé s’il était bien patriotique de remettre sous les yeux de la nation la marche quotidienne de la maladie inavouable qui nous a rongés pendant si longtemps. Ce qui me décide à le faire, c’est qu’il est intolérable de laisser penser au monde que 38 millions d’êtres humains ont pu vivre vingt ans avec une taie sur les yeux.

Quand on lira plus tard cette aventure de grande route qui s’est appelée jusqu’à présent l’Empire, et que les moins nerveux s’écrieront :

« Comment ! les Français ont supporté cette arlequinade plus de vingt-quatre heures ? Comment ! des hommes réputés sérieux ont laissé ce marchand de crayons leur attacher des croix, d’honneur sur la poitrine ? Quoi ! il est arrivé un jour que, ce Lagingeole ayant fait semblant d’aller se mettre à la tête d’une armée qu’il faisait semblant de conduire à la délivrance de l’Italie, le peuple de Paris a dételé les chevaux de sa voiture ? »

Lorsque, après bien des neiges tombées sur les collines, l’aïeul pourra dire à ses petits-enfants, pâles de surprise :

« Regardez bien ce vieillard qui se traîne aujourd’hui sur ses tiges ; eh bien, il fut autrefois parmi ceux qui ont été assez jocrisses pour souscrire à un emprunt décrété par Bonaparte. »

Lorsqu’enfin la génération prochaine refusera d’en croire ses oreilles, il me semble consolant que l’historiographe puisse répondre :

« C’est vrai ! Mais lisez les Châtiments, lisez Napoléon le Petit, lisez l’Histoire du 2 décembre, lisez-même la Lanterne, et vous reconnaîtrez qu’à travers les pattes sales des Pietri et les geôles des Pinard l’indignation publique s’échappait et allait recruter au loin des soldats pour la vraie France. Il y avait les morts, les désespérés, les aplatis ; mais il y avait aussi les vigilants, qui guettaient l’heure et dont chaque coup de pioche, de plume et de revolver élargissait le trou d’où allait sortir la république.

Personne, j’aime à le croire, ne s’imaginera que je cherche une occasion facile de prouver que j’avais raison contre les années de prison et les milliers de francs d’amende qui m’ont si souvent prouvé que j’avais tort. En parcourant de nouveau ce panorama, vous y reconnaîtrez quelques prédictions réalisées, hélas ! peu de temps après. Permettez-moi de ne me faire de cette seconde vue aucun mérite. Il n’y a guère pour les bas-empires que trois façons de s’effondrer :

Une révolution militaire ;

Une insurrection du peuple ;

Une invasion de l’étranger.

Il suffirait de les prophétiser toutes les trois pour ne pas se tromper de beaucoup.

Toujours prévoyant, Napoléon a choisi la troisième. C’est la plus cruelle pour nous, mais c’est incontestablement la meilleure pour lui. Il sera le seul, en effet, à ne pas souffrir du siège.

Car ce cabotin de banlieue n’a pas même eu le courage de jouer jusqu’au bout son personnage d’empereur. Il écrivait l’autre jour à un officier anglais une lettre dans laquelle lui, qui a livré notre patrie au viol, à l’incendie, au chapardage et aux canons Krupp, la plaignait bêtement d’être tombée dans l’anarchie.

Son oncle, le Napoléon Ier, qui n’était certes pas de beaucoup moins bandit que lui, avait au moins su empanacher son effronterie avec des phrases dans ce genre :

« Je désire que mes cendres reposent au bord de la Seine, au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé. »

Le neveu en est réduit à calomnier la nation qu’il avait essayé d’abrutir, comme ces escarpes qui, sur les bancs des assises, montrent le poing à la victime qu’ils n’ont pas réussi à étrangler, en s’écriant :

« La coquine ! au moment où j’allais lui faire son affaire, n’a-t-elle pas eu la méchanceté de crier au secours ! »

Ainsi, ce ruminant que des Morny, des Persigny, des Troplong menaient brouter aux Tuileries ne possédait même pas les qualités nécessaires à son métier. Quand les pandours qui le tenaient en laisse eurent peu à peu lâché sa corde et qu’il se vit obligé de marcher seul, il se montra immédiatement ce qu’il n’avait jamais cessé d’être : une brute. (Henri Rochefort , préface de la Lanterne, 16 décembre 1870.)

Nous croyons qu’il n’est pas sans intérêt, au point de vue de l’histoire, de réunir ici ce qui a été dit au moment de la mort de Napoléon par les organes les plus autorisés de la presse française et étrangère.

Celui qui vient de mourir, Louis-Napoléon Bonaparte, en était arrivé à n’avoir plus en Europe un allié, un appui, un ami. Tous ceux qu’il avait trompés étaient prêts à le tromper à leur tour ; ils en goûtaient à l’avance la savoureuse joie. Ses ruses étaient éventées ; ses roueries étaient percées à jour ; ses trahisons étaient escomptées à l’avance. Habile homme qui, après avoir de sa main mené l’archiduc Maximilien devant le peloton d’exécution, comptait sur le concours de l’Autriche !

Y croyait-il vraiment ? Ce n’est pas bien sûr. Nous accorderons volontiers qu’il n’est pas le principal, en tout cas qu’il n’est pas le seul coupable de la déclaration de guerre. Peut-être ne demandait-il qu’à jouir en paix jusqu’à sa mort. Il se sentait atteint et il lui déplaisait de risquer les aventures comme au temps de sa jeunesse. Mais cela ne faisait pas le compte de l’impératrice, cela ne faisait pas les affaires de la camarilla qui s’organisait autour de la future régence. Il fallait rendre possible la transmission du trône ; il fallait présenter l’héritier aux troupes ; il fallait ébaucher la légende héroïque du quatrième Bonaparte, de cet enfant malingre à qui on donna des balles à ramasser sur le faux champ de bataille de Sarrebrück. Quelques jours avant Reichshoffen, Mme  Eugénie de Montijo disait : « C’est ma guerre, à moi. » La France n’oubliera pas ce mot. (République française.)

Cet homme, qui a traversé les champs de bataille de l’Italie, de la France, de Paris, n’a pas même eu la consolation d’une fin tragique. Il s’en est allé dans l’autre monde comme un bourgeois du Marais. On s’étonne, après une fin si agitée, d’une conclusion si paisible.

Des morts terribles ou glorieuses se sont souvent offertes à lui : il les a toujours refusées. Il pouvait mourir à Strasbourg et il laissait le souvenir d’un audacieux conspirateur. Il faisait le pendant de Catilina.

Il pouvait mourir le jour du coup d’État, tué par une balle sur les boulevards. Il restait comme un grand criminel. Le 2 décembre le haussait au niveau du 18 brumaire. Le neveu coudoyait l’oncle.

Il pouvait mourir à Solférino, victorieux, ayant asservi la France, mais ayant délivré l’Italie ; ayant conservé quelque chose d’un criminel, mais ayant acquis quelque chose d’un héros.

Il pouvait mourir à Sedan ; mourir avec son Empire, au milieu des derniers soldats de la dernière armée française. Les boulets prussiens lui offraient encore de la gloire. Il s’est rendu.

L’empereur est allé tranquillement finir ses jours dans sa petite maison de Chiselhurst, entre son enfant et sa femme. Et il a ainsi achevé de ruiner la vieille légende napoléonienne. L’histoire aurait peut-être hésité à le juger après une mort héroïque. Elle ne s’attendrira pas sur sa vessie, (Édouard Lockroy, Rappel, 12 janvier 1873.)

Une chose perce à travers la curiosité causée par la mort de Napoléon III, à travers les appréciations des journaux et les compliments officiels des souverains : c’est un soupir universel de soulagement. Napoléon III est enfin condamné au repos éternel ; il n’essayera plus de troubler ni la France, ni l’Europe.

L’homme était mesuré depuis longtemps. On savait, par son exemple, à quelles incapacités la fortune peut livrer les destinées du monde. Mais il restait en Europe une fiction de respect dont l’illusion se dissipe aujourd’hui. Si quelque excuse pouvait justifier la France d’avoir subi l’humiliation d’un despotisme aussi stupide, ce serait l’admiration des peuples les plus fiers pour celui qui l’exerçait et la longue complaisance avec laquelle l’Europe a toléré son ascendant. Le deuil que vont prendre les souverains n’est qu’un moyen de dissimuler à quel point le souvenir des hommages rendus par eux à Napoléon vivant les importune et combien il leur en coûte de reconnaître la vérité sur l’homme dont ils ont applaudi l’usurpation et admiré les succès. La journée de Sedan a déchiré le voile transparent qui couvrait ce prodige de sentiments bas et d’ineptie. Elle a mis à nu cette majesté de parade. Quand Napoléon III, indiffèrent sous les malédictions de ses régiments captifs et décimés, s’est rendu au Quartier général de Guillaume de Prusse, le drapeau des capitulations à la main, on a pu sonder la profondeur de son néant, plus grande encore que celle de sa chute. Il est rentré à ce moment, pour n’en plus sortir jamais, dans son rôle d’aventurier ; sa dynastie a été frappée d’une déchéance sans appel ; le nom de Napoléon a été enveloppé dans un nuage d’infamie qui a mis fin pour toujours à l’éblouissement laissé par le premier Empire.

La France était affranchie. Mais une vague inquiétude subsistait dans beaucoup d’esprits. On ne craignait pas son retour, mais on craignait ses tentatives. On savait le rêveur de Chiselhurst fermé par orgueil aux leçons de la défaite, incapable de se rendre compte de l’abjection où il était plongé, assez aveuglé pour tout se promettre, assez fou pour encourager toutes les folies. L’inquiétude même a maintenant disparu. (République française, )

Ce n’est pas un malheur pour la France ; voilà ce qu’on se dira en apprenant en France la mort de Napoléon III. Quelle surprise et quel châtiment !

Il a été, cet homme, la grande illusion de notre pays, que les illusions ont perdu. Combien ont cru à son génie et à son étoile, tant qu’il fut heureux ! La masse du pays a rêvé avec lui : le réveil a été terrible.

Et quelle tragédie que ce rêve ! Oui, quelle tragédie, depuis les tentatives à main armée de Strasbourg et de Boulogne contre un gouvernement établi et tranquille, depuis la prison de Ham et l’exil jusqu’à la parjuration et au coup nocturne de Décembre, depuis le plébiscite qui put absoudre le coupable sans réussir à effacer le crime, depuis le succès qui le suivit et qui abaissa le sens moral du pays jusqu’au terme de ces prospérités passagères, de ces années brillantes qui ont vu le retour de Crimée, la guerre d’Italie et le traité de commerce avec l’Angleterre ! Alors le Mexique, « guerre d’Espagne » du second Empire, qui finit misérablement et laissa la France désarmée devant la Prusse rompant l’équilibre de l’Europe. C’est la première apparition des Érinnyes. Il cherche à leur échapper par un retour à un gouvernement plus libéral, tentative honorable, aussitôt avortée que conçue, et il va s’enferrer sur l’épée tendue de l’Allemagne. Enfin Sedan et des désastres militaires que l’histoire n’avait pas connus, deux provinces, les clefs de la France et ses milliards livrés à l’ennemi, la moitié de la patrie envahie pour la troisième fois. Il s’est réveillé et il est mort devant cette épouvantable réalité.

Jamais homme n’eut une destinée si étrange, des vicissitudes plus extraordinaires. Le dénoûment de cette existence est si sombre et si misérable qu’on serait volontiers pris de compassion. Mais la France a, pendant deux ans, versé avec son sang tant de larmes, qu’il ne lui en reste plus pour celui qui en fut le principal auteur. (Les Débats.)

Pour nous, l’Empire est bien mort avec Louis-Napoléon.

On ne trouve, fort heureusement, pas souvent des hommes faits pour jouer tous les rôles pour lesquels le dernier empereur n’a pas craint de passer.

Ce que nous voulons démontrer aujourd’hui c’est, par l’exemple de ce qui se passe et du calme dans lequel cette mort impériale laisse des populations dont elle aurait pu si profondément troubler les intérêts, comment le système républicain est appelé à faire disparaître ces bouleversements qui étaient la conséquence forcée de la mort des rois et qui, prévus d’avance comme ils pouvaient l’être, soumettaient une partie de leur règne à un régime d’inquiétude et de restriction qui défaisait tout le bien et tous les progrès dans la richesse générale obtenus — quand il y avait eu bien et progrès — pendant la première période de ces règnes. (National.)

L’homme qui avait dit à la France qu’elle ne périrait pas dans ses mains, qui l’avait violée en la terrifiant à la fois et en la fascinant, qui s’était chargé de ses destinées, et qui un moment avait imposé à l’Europe entière l’illusion de son génie et de sa fortune, — cet homme est mort après avoir conduit à l’abîme le pays qui s’était donné à lui, et avoir éprouvé de nouveau, et confirmé par le plus tragique exemple, pour sa confusion et pour notre malheur, la vraie signification de la fatalité attachée au nom et à la dynastie des Bonaparte, qui est la fatalité des catastrophes, de l’invasion et du démembrement. A-t-il réfléchi avant de mourir ? S’est-il éclairé ? A-t-il compris où finalement menait son étoile ? Il est permis d’en douter. De telles natures, enfermées dans leur rêve, dominées par leur idée fixe, ne s’affranchissent pas facilement, ne renoncent pas volontiers à la fascination qu’elles subissent avant de l’imposer. Insensible à sa chute et aux malheurs de la France, affligé peut-être de la voir se relever sans lui, Napoléon III est mort sans doute plein de chimères et d’espérances. Il ne faut pas douter que ces chimères ne tâchent de lui survivre. Mais cela n’importe pas. Ce qui importe, c’est que la France soit à jamais guérie de la folie bonapartiste, et elle a, certes, payé sa guérison assez cher pour se garder de toute rechute. (Le Temps.)

L’ex-empereur Napoléon III est mort hier à Chiselhurst, à dix heures et demie du matin.

Cet incident est regrettable en ce qu’il soustrait pour toujours à l’action de la justice l’auteur du crime de Décembre 1851. La procédure commencée au 2 Décembre par les juges de la cour de cassation et interrompue par le triomphe de la force sur le droit ne sera pas reprise. Louis-Napoléon Bonaparte ne relève désormais que de la justice de l’histoire.

La mort de cet homme n’a, d’ailleurs, aucune importance politique. Depuis Sedan, nous n’avons jamais fait à notre pays cette injure de penser qu’il pût se jeter de nouveau dans une aventure bonapartiste. Malgré les rodomontades de quelques hommes qui reprenaient en 1872 l’œuvre et les traditions de la société du Dix-Décembre, le parti bonapartiste ne nous semblait plus un parti politique, et nous ne le considérions plus comme tel. (L’Avenir national.)

L’Angleterre, qui, après Waterloo, avait cru nécessaire d’aller enchaîner Napoléon Ier à Sainte-Hélène, n’a pas eu peur, après Sedan, de laisser Napoléon III finir à Chiselhurst.

Il est douteux que l’histoire conserve à l’oncle le nom de Napoléon le Grand, mais il est certain qu’elle serait indulgente en n’appelant le neveu que Napoléon le Petit. (Le Rappel.)

Il n’y a plus en France, il ne peut plus y avoir de parti bonapartiste.

Ce n’est pas nous qui parlons ainsi, c’est le principe même d’où est sorti l’Empire, et sur lequel s’appuient encore ses partisans pour proclamer illégitime le scrutin du 8 février 1871, qui avait annulé les différents plébiscites de l’ère impériale. Que nous ont-ils toujours dit ? Que Napoléon III avait été mis légalement en possession du pouvoir par des millions de suffrages, et qu’il n’en pouvait être dépossédé que par le même moyen ; que l’empereur était l’élu du peuple, et que le peuple seul avait le droit de voter sa déchéance.

Napoléon ne s’était, il est vrai, jamais réclamé de sa naissance, il n’avait jamais invoqué de prétendus droits à la succession de son oncle ; il ne s’était pas dit non plus l’envoyé de Dieu ; il s’était simplement adjugé le pouvoir suprême, et le suffrage universel, interrogé sur la question de savoir si, en agissant de la sorte, le prince qui avait juré de rester fidèle à la République n’avait point oublié son serment, fit une réponse équivalant à une absolution.

Telle est la thèse qu’a toujours soutenue le parti bonapartiste. Il n’est plus temps de la combattre ; admettons-la donc. Admettons aussi qu’on refuse de reconnaître que la révolution du 4 septembre et, plus tard, l’Assemblée nationale, ont été les interprètes fidèles de la nation en mettant un terme à l’indulgence funeste dont Napoléon avait joui pendant vingt ans, grâce à la précaution qu’il avait eue de s’en faire habilement renouveler l’assurance de temps à autre.

Il est au moins un fait indéniable, c’est que la mort a rompu le contrat qu’on prétendait exister entre le peuple français et Louis Bonaparte ; c’est que l’Empire était un homme et que l’homme n’existe plus. (XIXe siècle.)

Le bonapartisme est décapité par cette mort si étrangement lugubre.

Ce n’est ni l’enfant que laisse derrière lui l’ex-empereur, ni la femme, Espagnole de naissance, qu’il avait associée à son aventureux destin, ni le prince fantasque, infortuné et justement impopulaire, auquel la malignité ennemie a prêté de sourdes convoitises, qui peuvent reprendre la direction tombée de ces mains aujourd’hui glacées, ni ranimer le spectre gisant à terre. (Événement.)

Nous nous bornerons à constater ici qu’avec la mort du chef du second empire un des partis qui nous divisent vient d’être mis hors de cause. (Opinion nationale.)

Napoléon III est mort et son fils n’est encore qu’un enfant. Le parti n’a plus de chef, plus d’homme qui puisse faire un coup de force et dans la force duquel on puisse croire. Par conséquent il n’y a plus d’Empire. Dans huit ou dix ans, l’orphelin de Chiselhurst sera un embarras, peut-être un péril, pour le gouvernement établi ; aujourd’hui il ne compte point. (Univers.)

Les bonapartistes semblent ne pas comprendre l’accord de respect et de silence que tous les honnêtes gens, à quelque parti qu’ils appartiennent, étaient disposés à conclure pour suspendre pendant quelques jours le jugement que l’opinion publique doit nécessairement prononcer sur Napoléon III. Il y avait là comme un ajournement momentané consenti devant la mort. Troublant cette trêve, MM. Dugué de La Fauconnerie et Granier de Cassagnac font répandre sur les boulevards une feuille du journal l’Ordre, tirée en forme de placard, et où, à côté de leurs regrets, les bonapartistes expriment et affichent une espérance hardie dans le rétablissement de l’Empire. L’éclat de cette démonstration ne trompera personne ; elle ne pourra rien restituer à une cause irrévocablement perdue. (Le Français.)

Le seul châtiment de l’auteur du Deux décembre a été de finir sa vie sur son fumier de Sedan. Nous ne voulons pas remuer cette pourriture, qui cependant n’a même pas le droit à la réserve que commande ordinairement la mort, car il est impossible d’oublier les milliers de Français, nos concitoyens, nos frères, tombés victimes de l’Empire, et le cadavre de Chiselhurst nous fait songer à ceux de 1851, du Mexique, de la guerre contre la Prusse. (Progrès de Lyon.)

La mort de Napoléon III ne causera pas en Europe une émotion bien grande. Outre qu’elle était prévue, on savait le règne de la dynastie impériale fini, et bien fini. Napoléon III fut moins une personnalité qu’un système, et son système était mort avant lui. Morny, Billault, Persigny, autant de pierres qui se détachèrent successivement de l’édifice impérial et qui faisaient présager sa ruine. Morts les collaborateurs, morte l’œuvre. On