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la révision du ministre d’État ; l’autre consacrée aux sciences, aux arts, a la littérature, aux. bulletins de guerre, etc. Le silence de la tribune, sous ce régïme de servitude et d’étoutTement, lui enlevait un de ses éléments

de succès ; mais les nouvelles de la guerre et sa situation d’organe du gouvernement, qui lui donnait en quelque sorte l’importance d’une institution d’État, compensaient largement ce désavantage et lui avaient créé une clientèle plus considérable. Il est aussi bien connu que l’empereur y publiait parfois des articles écrits ou inspirés par lui.

Le Moniteur cessa d’être officiel pendant les premiers mois de la Restauration el fut remplacé dans cetintervalle par la Gazette officielle. Mais le gouvernement nouveau abandonna bientôt cette petite feuille (i« février 1816), pour revenir à l’imposant papier dont ia notoriété étaitdès lors universelle, et qui avait une dose plus que suffisante de scepticisme politique pour servir imperturbablement tous les régimes et tous les partis.

A cette ép.oque, le rétablissement do la, tribune, l’importance croissante des débats législatifs lui redonnèrent l’animation et la, vie qui avaient fait son succès pendant la période révolutionnaire. Un service de sténographie fut institué, les dépenses en furent inscrites au budget et désormais on eut le compte rendu textuel des séances.

Après la révolution de 1830, le Moniteur resta l’organe officiel du gouvernement nouveau et tut laissé h, la disposition de chaque ministère pour les communications, notes et documents qui concernaient les attributions de chacun d’eux. Sous la Restauration, il était devenu la propriété de Mm< ! Agasse, ûlle de Panekoucke. Depuis son origine, ses bureaux et son imprimerieétaientétablisdans l’étroite et triste rue des Poitevins, quartier Saint-André-des-Arts, dans l’ancien hôtel de Thou.

En 1840, la mort deSauvo fit appeler à la rédaction Alph. Grùn, jurisconsulte distingué, collaborateur de Dalloz pour ses grands travaux, auteur lui-même de nombreux traités de jurisprudence, de législation, d’économie polibique et d’histoire. Il enrichit le journal de nombreux et savants articles, principalement sur les matières de jurisprudence, d’administration, d’économie politique, etc. Aux

rédacteurs primitifs avaient succède, à différentes époques : Tissot, Laya, P, David, Ainart, Tourlet, Aubert de Vitry, Delécluze, La Chapelle, Un. Durozoir, de Senac, Emeric David, Fr. Ûhéron, Champollion, Kératry, Petit-Radel, puis René Perrin, Corby, Delsart, Lagacbe, Grosselin, Prévost, Chasscriau, Vieillard, Fab. Pillet, Flandin, Laiseau, Vergé ; Beaussine, Bignan, Cicconi, Geru-2ez, de Golbéry, Jamet, Leroux de Lincy, X. Marinier, Matter, G. de. Montigny, Pitre-Chevalier, H. Prévost, Réveille-Purise,

Sauvage, ïhéry, etc. On sait que, dès son origine, le Moniteur avait paru en in-folio, à l’imitation des journaux anglais, déformât, qui paraissait gigantesque alors, fut cependant doublé en 185t. À la suite du coup d’Etat, le gouvernement upporta quelques modifications dans l’organisation du journal, qui, bien que soumis de plus en plus à la tutelle officielle, n’en restait pas moins une propriété privée. M. Julien Turgan fut nommé directeur, conjointement avec M. Paul Dalloz, membre d’une des branches de la famille Panekoucke. Toutes les communications des divers ministères durent être centralisées au ministère d’État, pour y être contrôlées avant leur publication. Le prix de l’abonnement annuel fut abaissé de 12a francs à 40 francs, ce qui augmenta le tirage dans une proportion considérable.

La partie non officielle, articles politiques, sciences, littérature, théâtre, variétés, etc., était desservie tour il tour par un personnel d’écrivains qui comptent parmi les plus capables ou les plus brillants de la pléiade moderne. Il suffira de citer : Ampère, Théophile Gautier, Sainte-Betive, Pierre Clément, Emile Caro, Léouzon-Leduc, Cucheval-Clurigny, Beulé, (Jhampfleury, Alex. Dumas, Feuillet de Conches, Ed. Dalloz, Octave Feuillet, Vioilet-Ledue, Vallet de Viriville, Wolowski, de Saulcy, Rathery, Arsène Houssaye, Mérimée, D, Nisard, le général Daumas, Méry, Oscar de Vallée, Ed Fournier, Edin. About, Henry Miirger, etc.

Au commencement du règne de Napoléon III, le Moniteur abandonna le vieux logis de la rue des Poitevins, qu’il occupait depuis 1789, et vint s’installer en pleine lumière, dans un somptueux hôtel du quui Voltaire.

Un grand industriel en journaux, M. Emile de Girardin, avait à. plusieurs reprises proposé à l’administration de fonder un journal a 18 francs par an, transporté gratuitement, et qui devait, dans son plan, écraser tous les autres journaux et servir de puissant instrument d’iniluencs. Le gouvernement repoussa l’offre, craignant sans doute l’esprit aventureux, de M. de Girardin, mais il garda l’idée et l’exploita exclusivement à son profit. Le 2 mai 1364, il fit paraître le Moniteur du soir, journal à un sou. Il va sans dire que cette deuxième feuille gouvernementale fut exemptée de payer le timbre et favorisée de tous les privilèges qui pouvaient lui livrer le marché. Non-seulement le ministre de l’intérieur la fit vendre sur la voie publique, mais encore le maréchal Vaillant, ministre de la maison de l’empereur, lui ouvrit

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les portes des théâtres, même de ceux qui avaient cédé par contrat le monopole de la vente des journaux dans leur salle.

Tant de passe-droits suscitèrent de nombreuses réclamations de la part des autres journaux, et l’on vit avec raison dans cette création d’un second journal officiel une concurrence abusive. La question fut même portée à la tribune ; mais tout fut inutile ; le petit Moniteur subsista, comme auxiliaire du grand, avec une partie officielle et farci de toutes les sottises gouvernementales que les maîtres du jour jugeaient profitable de répandre parmi les populations. On ne rougit même pas de pousser, de forcer la vente par la publication de ces ineptes romans dans le goût de la basse et grossière littérature qui s’est tant développée sous l’Empire.

Nous voici loin du grave et sérieux Moniteur du grand formai, qui, à défaut d’indépendance, avait au moins conservé une tenue sévère et une rédaction du premier ordre.

Après un si long règne, après avoir été dix ans officieux, soixante-huit ans officiel, après avoir vu s’écrouler autour de lui les royautés, les républiques et les empires, dont il avait été le porte-voix, il s’éteignit à son tour, il retomba dans le néant, c’est-à-dire qu’il cessa d’être l’organe du gouvernement et perdit l’investiture officielle. Ce mémorable événement arriva à la fin do 1868 et par l’initiative de M. Rouher, ministre d’État. C’est alors que fut créé le Journal officiel, qui parut le Kr janvier 1869.

Le Moniteur avait un moyen de survivre et de se perpétuer, c’était d’être enfin lui-même et indépendant, la seule chose qu’il n’eût jamais été dans la longue série de ses transformations. Il passa avec armes et bagages, dès le lendemain de sa dépossession, dans les rangs du « tiers parti » qui poursuivait la chimère de « l’Empire libéral. •

Il conserva d’ailleurs, avec des regrets non dissimulés et une aigreur bien naturelle contre son héritier, l’espoir de reconquérir sa haute situation. C’est pourquoi il maintint son organisation, le compte rendu in extenso des débats législatifs, etc., enfin tout l’outillage nécessaire pour rentrer en ligne dans le cas où son jeune rival échouerait et où lui-même serait réintégré. Mais cette heure si ardemment attendue ne sonna jamais. Seulement, pendant la guerre, comme Paris était investi, la délégation du gouvernement de la Défense se servit, pour la publication de ses actes officiels, du Moniteur, dont une édition se publiait à Tours, puis à Bordeaux. Lors de la réunion de l’Assemblée dans cette dernière ville, il fut également chargé du compte rendu des séances ; mais cette reprise de possession n’était qu’un intérim. Après la translation de l’Assemblée à Versailles, le Journal officiel, d’ailleurs en vertu de ses traités, resta seul l’organe du gouvernement.

Mais l’administration du 'Moniteur n’avait pas encore perdu tout espoir. Sous le ministère de M. Casimir Perier, en décembre 1871, il fut déposé une proposition pour résilier !e traité Rouher et pour charger de la publication du Journal officiel une autre compagnie représentée par M. Paul Dalloz, et qui n’était autre que la Société du Moniteur ; mais cette proposition ne fut pas même prise en considération, et le patriarche de la presse politique dut se résigner à voler de ses propres ailes, sans patronage et sans appui. Il a toujours continué à paraître en double ; il est même probable que c’est le Petit Moniteur, par son débit considérable, qui soutient le grand, lequel est en décadence manifeste depuisqu’il a perdu l’attache gouvernementale.

Cette préoccupation de redevenir un jour ou l’autre organe officiel fait du Moniteur Un journal sans indépendance et sans originalité. Il est resté entaché du vice originel, malgré le talent de ses rédacteurs et la solidité de son organisation. À l’heure où nous écrivons (1873), jugeant sans doute le rétablissement de la monarchie probable, il affecte une hostilité prononcée contre la république, mais sans parvenir à faire prendre sa politique banale au sérieux. On sait trop bien qu’il n’a jamais été et que vraisemblablement il no sera jamaisqu’un instrument docile aux mains de tous les partis triomphants. Ce qui a fait son succès, sa puissance et sa fortune est précisément ce qui l’a empêché d’obtenir la considération que mérite l’organe d’une opinion sincère et qu’on ne saurait refuser à des adversaires convaincus.

On consultera utilement, pour la bibliographie de ce grand recueil : Notice historique et bibliographique sur la collection et le$ tables du Moniteur, par Bidault (1838).

Les tables sont un complément nécessaire. Girot, Miger et autres ont publié les tables analytiques de toute la période révolutionnaire (1789-an VII, 6 vol. in-4o). Mme Agasse a publié, pour faire suite, les tables du Consulat et de l’Empire (1 vol. in-fol.). Enfin, depuis cette époque, on dresse une table particulière pour chaque année.

En 1840, Léonard Gallois commença la publication d’une Réimpression de l’ancien Moniteur, depuis 1789 jusqu’au Consulat, avec des notes. Cette collection, quoique abrégée en certaines parties, eut un grand succès. Elle supplée d une manière suffisante au volumineux original, dont les collections complètes sont assez rares, et elle rend d’inappréciables services. On n’a pas cessé de la réimprimer. Elle se compose de 32 vol. grand

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in-8<>, plus 8 vol. de tables, et elle est ornée de gravures et de portraits d’après des dessins du temps.

Un nombre considérable de journaux ont pris comme titre principal ce nom de Moniteur, qui avait acquis une si éclatante notoriété. La plupart ne méritent aucune notice, pas même une simple mention. Beaucoup n’étaient d’ailleurs que des feuilles spéciales, comme : le Moniteur de la finance, ou des architectes, ou de la pharmacie, du ciergé, des inventions, de la cordonnerie, des eaux et forêts, de la boucherie, agricole, des connaissances utiles, etc.

Nous citerons cependant :

Le Moniteur de l’armée, fondé le 8 décembre 1840 ; le Moniteur de la marine, 18 juin 1848 ; le Moniteur industriel, 1839, qui, de purement industriel, devint en 1848 politique et républicain socialiste ; le Moniteur de la librairie, publié, de 1842 à 1844, par le célèbre bibliographe Quérard ; le Moniteur des communes, qui, depuis 1871, a remplacé le Petit officiel (v. journal officiel) ; le Moniteur des ventes, spécial pour les ventes mobilières, objets de curiosités, tableaux, etc., 1833 ; divers Moniteurs religieux, judiciaires, scientifiques, etc. : le Moniteur de l’A Igérie, journal officiel de la eclonîe, fondé en 1861 ; le Moniteur des villes et des campagnes, 1832-1839 ; enfin un grand nombre d’autres dont l’énumération serait sans intérêt.

Moniteur do Gand (lb), plus connu SOUS Ce

titre que sous son véritable : le Journal universel (Gand, 14 avrïl-Sl juin 1815, 20 numéros in-fol.). Cette feuille fut l’organe officiel de l’émigration et du gouvernement de Louis XVIII, qui s’était installé it Gand pendant les Cent-Jours. Fondée et dirigée par Berlin l’aîné, elle eut pour principaux rédacteurs quatre ministres : MM. de Jaucourt, de Lally-Toîlendul, de Chateaubriand etBeugnot. C est à tort qu’on a nommé M. Guizot parmi ses collaborateurs ; M. Bertin a affirmé que jamais il n’y avait écrit une ligne. Le premier numéro, en date du 14 avril 1815, porte le titre de Moniteur universel, que Louis XVIII fut obligé de modifier sur les réclamations du gouvernement des Pays-Bas, qui lui fit observer que la publication d’un organe officiel dans un« ville non française tendait à constituer un gouvernement dans son gouvernement. Le second numéro porta le titre de Journal universel, qui lui fut conservé jusqu’à la fin. Le premier numéro annonçait la composition du ministère in partibus et l’arrivée à Gand des ministres d’Angleterre, des Pays-Bas et de Russie. En outre, il contenait deux ordonnances interdisant à tout Français de payer l’impôt à l’usurpateur, puis la chronique de la cour exilée. • Le roi, y lisait-on, ne peut se montrer en public sans attirer sur ses pas une foule empressée, hommage bien différent des acclamations qu’arrache à une multitude armée la présence d’un Genséric ou d’un Attila prêt à donner à ses soldats le signal du massacre et du pillage. > Tel est le ton adopté par le Moniteur de Gand, lorsqu’il parle de Napoléon ; mais la pièce capitale de cépremïer numéro est le manifeste des puissances européennes contre Bonaparte. Elles déclarent « qu’il s’est placé hors des relations civiles et sociales et que, comme ennemi et perturbateur du monde, il s’est livré à. la vindicte publique. » Au nombre des huit puissances signataires de ce manifeste figure la France, représentée par MM. de Tiilleyrand, de Noaiiles, de Dalbiirg, de La Tour du Pin, pour le roi Louis XVIII. Ces messieurs ont leur nom côte à côte avec les Metternich et les Wellington. Le commentaire de cet acte n’est pas moins curieux que l’acte lui-même. Une comparaison entre Caïn et Napoléon s’y termine par ces mots : • Le courroux céleste n’avait alors qu’un crime à. punir et qu’une victime à venger ; aujourd’hui, c’est le meurtrier de l’espèce humaine qui a été mis hors des droits de l’humanité. L’Europe a maudit le flibustier qui, tout à la fois ingrat, parjure et féroce, vient encore chercher dans l’oppression da la France un moyen d’opprimer l’Europe. La société humaine a rejeté hors de son sein et de sa communication celui à qui l’on avait laissé la vie après tant d’assassinats, des trésors après tant de spoliations. Marqué du sceau brûlant de cette proscription universelle, de cette réprobation finale, le coupable a senti combien sa puissance allait en être ébranlée ; il a cherché sa première défense, dans cette habitude de mensonge inhérente à son caractère, qui rend son joug aussi dégradant à subir qu’odieux à supporter. Ces journalistes, qu’il affranchit de la^ censure par un décret, mais qu’il punirait d’une désobéissance par le cordon de ses mameluks

ou la baïonnette de ses prétoriens, il leur h ordonné de mentir à la France entière et ils ont annoncé d’abord que cette incontestable déclaration du congrès de Vienne contre l’ennemi et le perturbateur du monda était une imposture forgéepar les Bourbons. La fraude ne pouvait durer longtemps ; la vérité a retenti et pénétré. Alors dans cette bande de malfaiteurs, qu’il appelle ses publicistes, l’usurpateur en a cherché un pour travailler avec lui une réponse à la déclaration du congrès. »

C’est dans le numéro du 12 mai de ce journal que se trouve le fameux rapport de Chateaubriand au roi sur l’état extérieur et in MONI

térieur de la France, morceau trop poétique pour être vrai et chef-d’œuvre littéraire plutôt qu’ouvrage politique- Parmi les autres articles à sensation, Barbierattribue à Mme de Damas la première Relation de Bordeaux, et la seconde à M. de Sèze ; à M. de Pradelles, Relation des événements depuis le 10 mars ; a. Lally-Toliendal, VExamen des observations sur la déclaration du congrès de Vienne ; à M. de Vaublanc, les articles de politique et de finances ; à Charles Nodier. Napoléon et ses constitutions. Enfin Louis XVIII aurait voulu, lui aussi, fournir son contingent, et c’est de sa plume que seraient sortis les Mouchoirs blancs, anecdote historique.

Le dernier numéro du Moniteur de Gand est daté du 21 juin, deux jours après Waterloo, Voici son appréciation de • cette grande victoire. » — « La victoire la plus complète vient d’être remportée sur l’ennemi et l’oppresseur de la France par une partie des

forces destinées à châtier le pertuibateur de la paix publique. La journée du 18 juin a terminé de la manière la plus heureuse pour les alliés la lutte sanglante et opiniâtre qui durait depuis le 15. L’audace de l’usurpateur, son plan d’agression, médité avec une longue réflexion, exécuté avec cette activité dévorante qui le caractérise et que redoublait la crainte d’un irréparable revers, la rage féroce do ses complices, le fanatisme de ses soldats, leur bravoure digne d’une meilleure cause, tout a cédé au génie du duc de Wellington, a cet ascendant d’une véritable

gloire sur une détestable renommée. L’armée de Bonaparte, cette armée qui n’est plus française que de nom depuis qu’elle est la terreur et le fléau de la patrie, a été vaincue et presque anéantie. Nous attendons à tout moment des particularités de cette grande victoire, qui est décisive pour l’issue de cette guerre sociale, dont elle doit avancer l’heureux terme. ■

Ainsi qu’on peut le voir par ces lignes, le Moniteur de Gand ne s’en tenait pas à la publication des actes officiels du gouvernement royal. Il ne s’occupait pas seulement des affaires de l’intérieur de la France, mais la plus large place était consacrée aux affaires étrangères, traités, notes diplomatiques, mémorandums, armements, marches de troupes ; tous les actes, tous les faits qui témoignaient de l’ardeur et de l’activité des puissances alliées à envahir une seconde fois la France y étaient enregistrés avec le plus grand luxe de publicité.

Quoi qu’il en soit, les documents, soit officiels, soit historiques, que renferme cette feuille lui donnent une grande importance. Elle a été deux fois réimprimée, en 1825 par l’imprimerie du Moniteur, comme appendice à ce journal, et en 1834 par Dumoulin, officier d’ordonnance de Napoléon à Waterloo, « dans l’intention, écrivait-il, de rappeler à la France que les rédacteurs du journal do l’émigration étaient actuellement ministres de son gouvernement ou directeurs de sa politique, tandis que leurs complices étrangers, les héros de leurs bulletins s emparaient ailleurs d’un pouvoir dont le but était marqué dans ces pages si curieuses et si édifiantes. «

llfautavouerque, historiquementpariaût, le Moniteur de Gand est un témoin gênant pour ceux que Barbier a si bien nommés les héros du boulevard de Gand.

Mouilour (LE) prussien de Versailles, journal créé à Versailles, au mois d’octobre 1870, sous la haute direction du comte de Bismark, pour servir de feuille officielle au gouvernement prussien en France. Ce journal a d’abord porté le titre de Nouvelliste de Versailles sur ses treize premiers numéros, du 15 au 28 octobre 1870. Il a ensuite pris le titre de Moniteur officiel du département de Seim-et-Oise, du 29 octobre 1870 au 7 janvier 1871. Il a enfin subi une troisième et dernière transformation et s’est appelé le Moniteur officiel du gouvernement général du nord de la France et de ta préfecture de Seineet-Oise, du 8 janvier au 5 mars 1871, date de son dernier numéro. M. de Bismark a dû réquisitionner, pour l’impression de ce journal, un imprimeur, M. Beau, et un libraire, Mme Armand Le Dur, pour centraliser sa vente et recevoir les abonnements, imposés à tous les fonctionnaires des départements occupés. La collection complète du Moniteur prussien de Versailles est aujourd’hui introuvable dans le commerce.

M. Georges d’Heylli l’a réimprimé, avec notes et commentaires, en deux forts volumes g in-8o qui ont été publiés à Paris chez l’éditeur Beauvais (1871-1872). Nous empruntons à la préface qui ouvre cette si intéressante réimpression les détails suivants, qui feront suffisamment connaître à nos lecteurs l’esprit qui a constamment inspiré la feuille da M. le comte de. Bismark :

« Il fallait que cette feuille, en dehors de sa partie officielle, propageât les articles les plus propres à détourner le peuple français de sa résistance, qui menaçait déjà d’être longue, et lui inspirât, par le spectacle habilement présenté de ses mnlheurs et de ses ruines, non inoins que de ses illusions de victoires désormais impossibles, la résolution d’en finir et de s’humilier devant le vainqueur... M. de Bismark le fit rédiger exclusivement en français et voulut même lui donner une tournure quelque peu française. Ce journal, absolument prussien, non moins dans