Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 2, Molk-Napo.djvu/373

Cette page n’a pas encore été corrigée

778

NAIN

gnit que 21 pouces de haut, était d’une gentillesse excessive et d’une intelligence très-éveillée. Borwilaski mourut, comme Bébé, de décrépitude avant l’âge de treille ans. Avec , eux Unirent les nains de cour.

Un autre nain, un Hollandais, Wybrand I.olke8, né à Jelst ver3 1730, annonça de grandes dispositions pour la mécanique : on le mit en apprentissage chez un habile horloger d’Amsterdam ; quatre ans plus tard, lo nain s’établissait lui-même horloger à Rotterdam ; il s’y maria et eut des enfants grands et bien constitués. En 1790, il résolut de so montrer pour de l’argent et entreprit une sorte de tour d’Europe ; il parut notamment sur plusieurs théâtres d’Angleterre. Sa femme, assez jolie, l’accompagnait.

Beaucoup d’autres nains, restés presque inconnus, ont eu des proportions vraiment minuscules. Le Journal de médecine (t. XII, p. 167) cite un nain de 28 pouces. M. Dumaillet, consul au Caire, en vit un de 18 pouces. Birch, dans sa Collection anatomique, en cite un qui, à l’âge de trente-sept ans, avait atteint à peine 16 pouces. M. Virey raconte qu’il a vu en 1818 une naine allemande, âgée de neuf ans, haute de 18 pouces, d’une vivacité et d’une intelligence rares. Son pouls marquait, dit M. Virey, 90 pulsations à la minute. Enfin tous les contemporains sa souviennent encore du fameux général Tom

Pouce, ce nain inventé par le grand puffiste Barnum et que les Parisiens fêtèrent si bien sous le dernier règne. En 1863, Tom Pouce fut engagé au théâtre des Variétés pour jouer le rôle du petit Poucet ; il vit encore en Amérique. Depuis, on a eu encore à Paris l’exhibition du prince et de la princesse Colibri. La dernière exhibition de ce genre a été celle que tenta M. Marc Fournier au théâtre de la Porte-Saint-Martin, dans la grande revue do 1867.

— Mythol. Le nain joue un rôle capital dans les traditions et dans les épopées du Nord ; elles nous les représentent comme les génies de la terre et du sol. On retrouve les nains à peu près partout où on trouve des fées, « et ils forment, dit Alf. filaury, un nouveau point de ressemblance entre la mythologie populaire des Celtes et celle des populations septentrionales. > D’après les croyances bretonnes, il existe des génies de la taille des pygmées, doués, ainsi que les fées, d’un pouvoir magique, d’une science prophétique ; mais, loin d’être blancs et aériens comme celles-ci, ils sont noirs, velus et trapus ; leurs mains sont armées dégriffés de chat ; ils ont la face ridée, les cheveux crépus, les yeux creux et petits, mais brillants comme des’escarboucles, la voix sourde et cassée par l’âge. Les nains de Bretagne, les bergmanchen de l’Allemagne sont regardés comme d’une extrême habileté dans l’art de travailler les métaux. Les idées défavorables que l’on a sur eux les font même passer chez les Bretons, les Gallois, les Irlandais, pour des faux-monnayeurs ; c’est au fond des grottes, dans les flancs des montagnes, qu’ils cachent leurs mystérieux ateliers. C’est la que, aidés souvent par les elfes, ils forgent, ils trempent, ils damasquinent ces armes redoutables dont ils ont doté les dieux et parfois les mortels. C’est ainsi que l’un d’eux, nommé Wieland en Allemagne et Galant en Gaule, a fabriqué Durandal, l’épée de Charlemagne. M. Alfred Maury voit dans les dieux cabires de l’antique Phénicie l’origine des nains. C’aurait donc été dans les établissements phéniciens en Gaule que le culte des cabires aurait enfanté la croyance aux nains petits, laids et, de plus, forgerons comme eux. Le chef des nains de Bretagne, Gwion, rappelle, parait-il, tous les traits du Melkarth tyrien, nain large et ventru. Gwion veille à la garde d’un vase mystique qui contient l’eau du génie de la divination et de la science, et qui est devenu le Saint-Graal. Les nains sont les sujets de Gwion et célèbrent sa fête lo mercredi.

Dans les Eddas, ces admirables poames Scandinaves, que de patients traducteurs ont mis récemment à la portée de tous, Nainn est le nom d’un génie élémentaire ou alfe. L’Islande eut Puki ; la Suède connut Puke : c’était un démon de taille exiguë ; il va sans dire que démon doit être pris ici dans son acception la plus large. Shakspeare, dans le Sonye d’une nuit d’été, met en scène ce même Puke, qu’il nomme Puck, et qu’il avait rencontré dans les légendes du Nord, ses lectures favorites.

— Arboric. On désigne sous le nom d’arbres nains ceux dont la taille reste très-petite relativement aux individus de même espèce ou de même genre. L’utilité, l’agrément la bizarrerie de ces végétaux ont porto les arboriculteurs à chercher les moyens de produire artificiellement les arbres nains. On les divise en trois catégories, suivant la cause d’où provient leur dimension exiguë Certains arbres restent toujours de petite taille ; tels sont le chêne vain, l’amandier nain ; ce ne sont pas des nains dans l’acception rigoureuse du mot, puisqu’ils arrivent à leur dimension normale ; mais on est dans l’usage de les désigner ainsi par comparaison avec les autres espèces du genre. II est des sujets que i’art du jardinier arrête dans leur développement et qui, abandonnés k eux-mêmes, se rapprocheraient de leur dimension naturelle. Enfin, il est des variétés naturellement naines, et gue l’on cherche h. multiplier par lo boutu NAIN

rage, la greffe ou le marcottage, quelquefois même par le semis.

« Quand on plante, dit Bosc, un arbre dans un terrain de très-mauvaise nature, relativement à son espèce, on doit être assuré qu’il ne parviendra pas, dans le même temps, a la même grandeur que s’il eût été planté dans un terrain meilleur. Il sera donc plus ou moins rapproché des nains. Toutes les fois qu’on s’oppose à la multiplication des racines, soit en les retranchant a mesure qu’elles se développent, soit en gênant leur développement (celles qui sont en caisse ou en pot), il y a diminution de croissance dans l’arbre. Comme les plantes vivent autant par leurs feuilles que par leurs racines, lorsqu’on supprime les premières ou qu’on les empêche de se multiplier (par la taille rigoureuse des branches), on produit le même effet que lorsqu’on agit sur les racines. »

L’emploi de ces divers moyens permet de réduire les arbres de la plus haute taille aux dimensions les plus exiguës. C’est ainsi que, dans quelques vieux jardins du style régulier, on voit des arbres presque centenaires taillés en boule et n’ayant que quelques pouces de diamètre ; ce sont surtout des tilleuls, des ormes, des aubépines, des charmes, des ifs, des buis, etc. C’est par des moyens analogues que les Chinois.parviennent à donner l’aspect de la décrépitude à des arbres peu âgés et de quelques pieds de hauteur. Quand les arbres ont été soumis à, ce traitement dès leur jeunesse, ils peuvent bien, dès qu’on cesse de l’appliquer, reprendre de l’accroissement, mais sans égaler jamais ceux de la même espèce dont la végétation n’a pas été contrariée.

En général, les variétés véritablement naines d’arbres fruitiers sont le résultat du hasard et ont été trouvées dans des serais. Souvent, de deux graines semées dans le même sol, l’une produira un grand arbre, l’autre un sujet rabougri, sans qu’il y ait eu de causes apparentes de cette différence. L’ablation des cotylédons affaiblit plus ou moins la végétation d’un arbre, mais elle ne le rend pas nain, comme on le croyait autrefois. On utilise souvent les espèces ou les variétés naines comme sujet pour recevoir la greffe des individus auxquels on veut imposer une petite taille ; tels sont les doucins et les paradis parmi les pommiers. Par là, on obtient des fruits plus précoces et plus gros. Malheureusement la production fruitière s’arrête aussi de meilleure heure et l’arbre lui-même n’arrive qu’à un âge peu avancé.

— Jeux. Nain jaune. Pour jouer au nat’n jaune, il faut avoir un tableau de forme carrée ou rectangulaire, au milieu duquel est figuré un nain vêtu de jaune, qui tient un sept | de carreau, tandis que l’angle supérieur de. droite est occupé par une dame de pique, l’angle supérieur de gauche par un roi de cœur, l’angle inférieur de droite par un dix de carreau et l’angle inférieur de gauche par un valet de trèfle. On emploie un jeu entier. Le roi est la plus forte carte et l’as la plus faible. Le nombre des joueurs est de trois au moins et de huit au plus, et chacun prend une certaine quantité de jetons auxquels on attribue une valeur de convention. On tire la donne au sort ; mais, avant de l’effectuer, on garnit le tableau, afin de former la mise du jeu. À cet effet, chaque joueur met un jeton sur le dix de carreau, deux sur le valet de trèfle, trois sur la dame de pique, quatre sur le roi de cœur et cinq sur le sept de carreau ou le nain jaune. Le donneur distribue les cartes trois par trois, autant que possible. Chacun en reçoit quinze, si 1 on est trois joueurs ; douze, si Ion est quatre ; neuf, si l’on est cinq ; huit, si l’on est six ; sept, si l’on est sent ; et, enfin, six, si l’on est huit. Suivant le cas, le talon se compose de trois, de quatre ou de sept cartes. La distribution terminée, le premier en cartes ouvre le jeu en jetant telle de ses cartes que bon lui semble, et il cherche^ se défaire de toutes ses cartes avant ses adversaires qui, de leur côté, s’efforcent d’en faire autant, quand leur tour est arrivé. Il est très-avantageux d’avoir des séquences de la même couleur, parce qu’on peut jeter coup sur coup toutes les cartes qui se suivent, en commençant par la plus basse. Si, par exemple, un joueur a le deux, le trois et le quatre de cœur, il les joue en les nommant et il s’arrête à la dernière en disant : « Sans cinq. » Si celui qui se trouve à sa droite a le cinq, il le jette et il en fait autant du six, du sept, etc., s’il les a. S’il arrive ainsi jusqu’au roi inclusivement, il recommence en jouant la carte qu’il veut. Si le second joueur ne peut pas couvrir la carte du premier, il passe, et alors c’est au troisième à parler. Mais il est à remarquer qu’il n’est pas nécessaire de fournir de la couleur demandée : on peut jouer sur une carte d’une couleur quelconque la carte suivante d’une autre couleur, comme un quatre de pique sur un trois de cœur, un valet de carreau sur un dix de trèfle. La levée appartient à celui qui a joué en dernier lieu une carte supérieure à celles de ses adversaires ; il la réunit aux cartes qu’il possède encore, puis il joue de nouveau, sans égard à son tour, pour ne s’arrêter que lorsqu’il manque de la.carte qui vient après la dernière qu’il a jouée. Quand la carte qui manque k celui qui joue est une de celles du talon, il continue aussi de jouer, puisque personne ne peut l’interrompre. Le

NAIN

coup est gagné par le joueur qui réussit le premier à se débarrasser de toutes ses cartes. Alors les autres joueurs montrent leur jeu et payent chacun au gagnant un jeton pour chaque carte qui leur reste en moin, ou même, suivant les conventions, pour chaque point que présentent les cartes qu’ils n’ont pu jouer. 11 arrive quelquefois qu’un joueur a son jeu composé de telle sorte que, lorsque vient son premier tour à jouer, il peut jeter de suite toutes ses cartes : c’est ce qu’on appelle faire main pleine ou opéra. Celui à qui cette chance arrive reçoit non-seulement des jetons pour les cartes ou les points, comme on vient de le voir, mais encore il prend tous ceux qui sont sur le tableau. Les belles cartes, c’est-à-dire les cartes semblables à celles du tableau, produisent un hasard qui tantôt est un avantage, tantôt un désavantage. Elles sont un avantage quand on peut s’en défaire, parce qu’on gagne la mise qu’elles portent. Au contraire, elles sont un désavantage quand elles restent en main, parce qu’on est obligé de payer une amende, ou bête, égale à cette mise. Le coup fini et les payements effectués, on garnit de nouveau le tableau, en y laissant les bêtes du coup précédent, s’il y en a, et la donne passe au joueur placé à la droite de celui qui vient de donner.

Nain noir (le), roman de Walter Scott (1817). L’auteur en a emprunté l’idée à des traditions écossaises. De tout temps, dans les montagnes du Sud, on a cru à l’existence d’un nain noir qui a défrayé bien des conversations dans les fermes et donné lieu u bien des ballades. Celui de Walter Scott est moins fantastique ; c’est un être réel, une sorte de misanthrope qui s’est retiré dans les landes, s’y est construit un réduit et là vit seul, philosophant à loisir sur les maux qui affligent notre pauvre nature et se gardant bien de les prévenir, lorsqu’il le pourrait, tant est grande sa haine contre lès hommes. L’analyse du roman est fort simple. Eloy, le nain, appartient à une riche famille du pays ; disgracié par la nature, il s’est vu méprisé par une jeune fille, sa cousine, qu’il adorait et qui lui préfère un de ses parents. Fou de désespoir, Eloy s’est retiré dans la montagpe. Le laird Patrick d’Earnscliff et le fermier Hobby Elliot trouvent moyen de rendre quelques services à cet être aussi mystérieux que difforme, sensible aussi à l’intérêt que lui a témoigné une jeune fille noble du voisinage, Isabelle Vère, aimée du. jeune laird qu’elle ne voit pas d’un œil indifférent. Le mystérieux nain donne à la jeune fille une rose qui devra lui servir de signe de reconnaissance si jamais elle a besoin de lui. Sur ces entrefaites, le fermier Hobby trouve en rentrant chez lui sa ferme dévastée, et sa fiancée, Grâce, lui a été enlevée par une troupe de bandits. Il va, dans son désespoir, trouver le nain misanthrope qui a déjà donné aux brigands la rançon de Grâce, mais qui se fait un malin plaisir de ne pas répondre au jeune homme, auquel il fait don, cependant, d’une forte somme au moyen de laquelle il pourra reconstruire sa ferme. Hobby trouve sa fiancée en rentrant chez lui. Cependant, le père d’Isabelle, Ellieslaw Vère, se trouve engagé dans un complot contre la reine Anne avec sir Frédéric Langley. Celui-ci menace son complice de le perdre, à moins qu’il ne lui donne en mariage Isabelle. La jeune fille, qui aime ICarnsclitf, se désespère ; elle se souvient pourtant de la promesse du nain noir et, bien que peu confiante dans son efficacité, elle se dirige en tremblant vers la lande de Muckle-stane-Moor. Le reclus la rassure et lui promet qu’il apparaîtra dans la chapelle au moment de la cérémonie nuptiale et qu’il a le pouvoir d’arrêter la célébration de cette odeiuse union. Eu effet, au moment où sir— Frédéric conduit à l’autel sa pâle fiancée, apparaît le monstre redouté, qui se fait reconnaître pour sir Édouard Manlev, cousin d’Eilieslaw Vère, disparu depuis longtemps de la scène du monde. Il a trouvé moyen d’étouffer avec le secours des montagnards highlanders la conspiration naissante ; Frédéric Langley est pris dans ses propres filets ; EllieslawVère s’expatriera, il ira vivre en Europe, et sa fille, richement dotée par sir Édouard, épousera le jeune Earnschif. Quant au nain noir, il disparaît de nouveau au milieu des bénédictions de tous ceux que, en dépit de sa misanthropie, il a réussi à rendre heureux. Des descriptions charmantes, un récit simple, touchant et toujours intéressant, telles sont les principales qualités de ce petit roman, qui fait partie des Contes de mon hôte et qui passe à bon droit pour une des œuvres les plus achevées du grand romancier écossais.

Nain jaune (le) OU Journal des arts, des sciences et de la littérature, fondé le 15 décembre 1814 par Cauchois-Lemaire. Cette feuille aristophanesque, dont le succès fut très-vif, comprenait des articles de critique littéraire et théâtrale, et, sous le titre de Bruits de ville et revue des journaux, une chronique remplie de traits piquants et d’épigrammes contre les hommes de l’ancien régime. Des caricatures, tirées sur grand papier et coloriées, accompagnaient le texte. Le Nain jaune, dont les principaux rédacteurs étaient Cauchois-Lemaire, Merle, Jouy, Étienne, etc., comptait, parmi ses collaborateurs anonymes, Louis XVIII, qui faisait jeter dans la bouche de fer du journal des épigrammes et des mots aiguisés et mordants. Ce fut la rédaction du Nain jaune qui inventa l’ordre des chevaliers de l’Éteignoir, comprenant les personnalités les plus notables du parti de l’ancien régime, et l’ordre de la Girouette, dans lequel on comprit les hommes politiques les plus connus par la variation de leurs opinions. Lors du retour de Napoléon, le Nain jaune se prononça en faveur du despote, dont il devint l’officieux et plat approbateur, et fut supprimé au retour des Bourbons, le 15 juillet 1815. Cauchois-Lemaire se réfugia alors en Belgique et y fit paraître, de mars à novembre 1816, le Nain jaune réfugié, par une société d’anti-éteignoirs. Cette petite feuille, spirituellement rédigée, se fondit avec le Mercure surveillant et devint le Libéral.

Le Nain jaune fut ressuscité le 13 décembre 1857 par M. Adolphe Jalabert, mais il n’eut qu’une existence éphémère. Il parut de nouveau, le 16 mai 1863, sous la direction de M. Aurélien Scholl, qui en fit une feuille littéraire et légère, destinée à faire concurrence au Figaro de cette époque. Ce journal n’eut qu’un succès médiocre et disparut à la fin de 1865.

En 1867, M. Grégory Ganesco fit reparaître le Nain jaune, dont il devint le rédacteur en chef. D’abord purement littéraire et hebdomadaire, il fut transformé, peu après, en journal politique et bi-hebdomadaire. Le Nain jaune, devenu un journal de l’opposition, eut alors un très-vif succès. Parmi ses rédacteurs, pour la plupart hostiles à l’Empire ou appartenant au parti républicain, nous citerons MM. Ranc, qu’un article sur les insurgés de juin fit condamner à quatre mois de prison, Weiss, Francisque Sarcey, Castagnary, Alfred Deberle, Louis Combes, Siebecker ; citons aussi M. Barbey d’Aurevilly, chargé de la partie bibliographique et théâtrale. Mais bientôt M. Ganesco déserta l’opposition pour se rapprocher du gouvernement. Le Nain jaune, abandonné alors de la plupart des brillants rédacteurs qui avaient fait sa vogue, tomba entre les mains de spéculateurs et do bonapartistes ; il vit disparaître ses lecteurs, ses abonnés, et s’éteignit obscurément.

NAIN, port de l’Amérique du Nord, sur la côte E. du Labrador, par 5G° 24’de iatit. N. et 640 s’de longit. O., occupé par les frères inoraves.

NAIN (les frères Le), peintres français. V. Le Nain.

NAIN DE TILLEMONT (Louis-Sébastien lk), historien français. V. Tillemont.

NAÏNÉRIS s. f. (na-ï-né-riss — de nais et do néréis). Annél. Genre d’annélides, de la famille des néréiscolés, formé aux dépens des naïs.

NAINTRE, village et commune de France (Vienne), cant., arrond. et à 8 kilom. de Chàtellerault, k 24 kilom. de Poitiers ; 1, 621 hab. Sur la rivé droite du Cluin, ruines d’un édifice romain, et menhir avec inscription gauloise.

NAÏOPHYTE s. m. (na-io-fi-te — du gr. naîâs, naïade ; phuton, plante). Bot. Algue qui croit dans les eaux douces.

KAÏPE s. m. (na-i-pe). Espèce de juge de village, chez les Turcs, il Lieutenant du cadi, chez les Grecs modernes.

NAÏQUE s. m. (na-i-ke). Nom que l’on donnait au prince ou roi de Gingi, dans l’Indoustan.

NAÏR s. m. (na-ir). Nom donné aux membres d’une caste indoue. Il On dit aussi maïre et

NAÏMAR.

— Encycl. La caste des natrs est encore assez nombreuse dans le pays des Travancores, sur la côte de Malabar et dans l’Inde méridionale. C’est une caste noble et guerrière par excellence ; elle se prétend la plus ancienne du monde et conserve des traditions qui remontent au delà du déluge. Le fait le plus saillant de leurs coutumes, fait unique au reste dans l’histoire de l’univers, c’est la polyandrie érigée en loi civile et religieuse. Toute femme naïre doit avoir quatre maris, et celle qui essayerait de se soustraire à cette obligation serait vouée à tous les châtiments imaginables, en ce monde et dans l’autre. Ce fait est d’autant plus remarquable, que la polyandrie, même accidentelle, est rare dans l’Inde et qu’on ne la rencontre guère que dans les vallées de l’Himalaya et les cantons montagneux qui s’y rattachent.

Par suite de l’observation de cette loi, il n’y a chez les naïrs que des frères, des oncles, des neveux, des mères ; les pères sont inconnus. Les femmes habitent des maisons isolées, munies d’autant de portes qu’elles ont de maris ; mais elles y demeurent seules, avec leurs enfants. Lorsqu’un de ses maris vient rendre visite à une femme naïre, il fait le tour de la maison et, arrivé devant la porte qui lui est réservée, il frappe de son sabre sur son bouclier. Lorsqu’on lui a ouvert, il laisse sous une espèce d’auvent un domesiique qui garde ses armes, ce qui sert d’avertissement pour les autres maris, si quelqu’un d’entre eux venait en ce moment. Tous les huit jours, la maîtresse de la maison fait ouvrir les quatre portes, et reçoit tous ses maris, qui dînent ensemble chez elle et lui font la cour.

Chaque mari apporte une dot souvent considérable ; en revanche, la femme a la charge des enfants. Les hommes, même les premiers d’entre eux, le zamorin et les princes, n’ont