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oti tebouni, sur laquelle on a fort peu de renseignements ; il paraît que les cordes de cet instrument étaient faites avec des intestins de chameau, ainsi qu’on les fabrique encore dans le pays ; 2° la lyre à trois ou à quatre cordes ; la peuplade des Barabras ou Berbères a conservé la lyre antique montée de cinq cordes qui sert à accompagner le chant ; cette lyre des Barabras est appelée /cesser ; 30 le psultérion ; 4° les diiférents genres de flûtes ; 50 les sistres ; 6° le tympan ou tambour de guerre. L’harmonie n’a pas été connue des Égyptiens ; on pense pourtant qu’ils ont fait usage de l’antiphonie (exécution des chants à l’octave), mode d’exécution provenant naturellement de la réunion des voix d’hommes et de femmes.

Le peuple hébreu a été, dans toute l’antiquité, célèbre par l’emploi qu’il sut faire de la musique pour augmenter la pompe du culte religieux. Non-seulement les livres sacrés des Juifs, mais aussi plusieurs historiens étrangers à ce peuple parlent de cette musique do manière à nous faire regretter la perte de. ces manifestations artistiques du peuple juif.

La Genèse attribue à Jubal l’invention des premiers instruments de musique. Dans l’histoire du patriarche Jacob, il est encore question de musique vocale et instrumentale d’une manière qui fait voir qu’alors l’une et l’autre, si imparfaites qu’elles lussent, étaient connues parmi les Hébreux. La musique n’avait pas encore fait de grands progrès du temps de Moïse, qui composa le premier hymne en l’honneur de Jéhovah. Cependant, par le chant de victoire qu’il entonna avec les Israélites après le passage de la mer Rouge, on voit qu’alors les femmes prenaient déjà part aux cérémonies religieuses et que la musique vocale était accompagnée de danses et du son des instruments. Plusieurs auteurs ont même conclu de ce fait que la musique n’était exercée que par les femmes, assertion assez conforme aux mœurs des Orientaux. Pour se faire une idée approximative des chants des Israélites, il ne faut pas oublier qu’ils s’exécutaient presque toujours en dansant et que le mouvement de la danse n’admet |ias un dessin mélodique régulier. Probablement, ces chants n’étaient que des clameurs tumultueuses telles, à peu près, que les chants égyptiens accompagnés du sistre, et tels que sont encore aujouni hui les chants de tous les peuples des extrémités de l’Orient et de l’Afrique.

Pendant la conquête de la Palestine par les Hébreuxet dans les premiers temps de cette conquête, la musique guerrière fut principalement en faveur. Suus le gouvernement des juges, plusieurs faits semblent démontrer que, à cette époque, les femmes s’occupaient principalement de musique. La longue et paisible administration de Samuel fut très-favorable aux arts et en particulier à celui de la musique, qui paraît avoir été enseignée dans les écoles publiques que les livres des Hébreux désignent, sous le nom d’écoles des prophètes. Les exemples de l’emploi de la musique par les prophètes sont très-nombreux chez les Hébreux. Mais c’est sous le règne de David que cet art acquit son plus haut degré de vulgarisation. (Je roi mêla la" musique aux cérémonies de la religion ; les Israélites, marchant devant l’arche sainte, faisaient résonner les lyres, les harpes, les tambourins, les sistres, les cymbales et le buccin, instruments empruntés aux nations voisines ; car on ne trouve nulle part chez les Juifs vertige d’invention. Cependant, on voit dans In version des Septante que David fabriqua un instrument de musique nommé psattérwu. Nous croyons qu’il perfectionna simplement cet instrument déjà connu. Lorsque l’arche fut enfin placée dans la cité, ce prince créa des chanteurs et des instrumenlistes re- ■ ligieux. Héman, Assaphet Echan fuient désignés pour chanter en jouant des cymbales métalliques-, Zaçharie, Ozel, etc., célébraient les mystères en s’aoeunipagnant du psaltérion ; Mathnthias, Eliphala, soutenus par la harpe à huit cordes, chantaient les cantiques de victoire ; Chonénias, le premier des lévites, présidait à la prophétie, c’est-à-dire au chant qui déterminait la mélodie ; Schémas, Josaphat et d’autres préires sonnaient de la trompette devant l’arche ; Jéhiel jouait du psaliérion et de la lyre. David, on le voit, fit donc marcher de pair la musique vocale et la musique instrumentale.

Saloinon protégea aussi la musique, qui, comme tous les autres arts, progressa sous sou règne. Josèphe rapporte que, à l’exemple de son père, ce prince entretint a sa cour une nombreuse troupe de musiciens et de musiciennes. La dédicace du temple de Jérusalem fut effectuée avec une pompe extraordinaire ; un grand nombre de musiciens figurèrent dans cette cérémonie. On peut supposer que c’est à cette occasion qu’il fit fabriquer plusieurs milliers d’instruments de musique, et notamment un instrument tout particulier dont la matière était un alliage d’or et d’argent. Josèphe, qui nous apprend ce fait, ne nomme pas l’instrument. On sait que Saniarie osa vainement disputer à Jérusalem la palme de la magnificence pour les ■ solennités religieuses.

Depuis l’inauguration du temple, on retrouve à peine quelques indications sur la musique des Juifs. La Bible, qui est leur principale histoire, nous apprend que les chan MUSI

teurs concoururent au gain dé la bataille livrée par Josaphat aux Ammonites et aux Moabites ; disposés suivant l’ordre qu’ils occupaient dans le temple, ils servirent d’avantgarde. A en juger par les hymnes et les cantiques qui nous restent, la musique hébraïque devait avoir, comme la langue, quelque chose de grave, de noble et d’élevé ; la mélopée des chants de Jérémie, le Simonide des Hébreux, devait être plaintive et pathétique. Le goût de la musique, bien qu’affaibli par la captivité, se perpétua à Jérusalem jusqu’aux derniers jours de cette cité. Tacite dépeint les prêtres jouant de la flûte et du tambour. Divers passages de la Bible permettent aussi de croire que les Hébreux aimaient à entendre de la musique durant leur repas. Il est également constant qu’ils l’employaient dans les cérémonies funèbres, et le rabbin Maimonide assure que le plus pauvre des Israélites ne louait pas moins de deux flûtes et d’une pleureuse pour les funérailles de sa famille, A l’époque où Hérode le Grand monta sur le trône, la poésie et la musique hébraïques cédèrent le pas à la poésie et à la musique grecques.

Nous n’avons que des notions très-obscures et très-restreintes sur la musique des Phéniciens. Ils inventèrent, dit-on, deux instruments, l’un nommé phénicien, l’autre appelé nablum ; celui-ci est regardé par quelques auteurs comme le psaltérion ancien. Ces peuples s’en servaient pour accompagner la danse de leurs mimes, pour célébrer les fêtes de Bacchus ; ils employaient aussi dans les funérailles une certaine flûte longue d’une palme, appelée gingrios ou gingria, qui rendait un son aigu, mais lugubre, et qui empruntait son nom aux lamentations des Phéniciens sur la mort d’Adonis. Il y avait aussi une danse nommée giugros augtngras, parce qu’on la dansait au son de ces flûtes.

On attribue aux Syriens l’invention du triangle, dont la forme s’est conservée jusqu’aux temps modernes. Ils avaient aussi des instruments à vent.

On ne peut pas mettre en doute que la musique ait été connue des Assyriens qui se servaient du pandore, instrument à trois cordes ; des Babyloniens, dont la civilisation était si raffinée, et des Scythes, qui inventèrent le pentacorde, instrument à cinq cordes. Pour en jouer, ils se servaient d’une mâchoire de chien au lieu du plectrum.

Les Grecs, comme tous les autres peuples, ont attribué à la musique une origine céleste, et leur estime pour cet art était proportionnée aux effets surprenants qu’ils lui attribuaient. Leurs auteurs ne croient pas nous en donner une trop grande idée en nous disant qu’elle était en usage dans le ciel, qu’elle faisait l’amusement principal des dieux. Athénée nous assure qu’autrefois toutes les lois divines et humaines, la connaissance de ce qui concernait les rois et les héros, les vies et les actions des hommes illustres étaient écrites en vers et chantées publiquement par des chœurs, au son des instruments.

La syrinx ou flûte de l’an était attribuée à cette divinité, la lyre à Apollon, la flûte à Minerve. Le nombre des cordes de la lyre fut peu à peu augmenté et les Grecs inscrivirent au nombre de leurs bienfaiteurs les auteurs ingénieux de ces modifications, Olympus et ïherpandre. Les aèdes ou poètes, comme nous le voyons dans Homère et par la légende d’Orphée, d’Amphion, etc., étaient en même temps des musiciens. Mais le chant no consistait, sans doute, qu’en une sorte de déclamation qui accentuait les paroles ; la lyre ou la flûte marquait la cadence. C’étaient là tes instruments perfectionnés ; il y en avait de plus primitifs et de plus bruyants. La corne du bœuf et du bélier, dont on tirait des sons rauquës, des feuilles da métal que l’on frappait violemment, une peau tendue sur une caisse et que l’on faisait résonner soit avec la paume des mains, soit avec des baguettes, constituaient l’orchestre des prêtres de Cybèle, et la Fable nous apprend que les vagissements de Jupiter avaient été étouffés |jar les curetés sous le bruit d’airain de leurs boucliers heurtés les uns contre les autres. Lucrèce, imbu profondément de toute la poésie grecque, a rendu ces accords sauvages dans des vers d’une admirable harmonie :

Tympans tenta tonant palmis et cymbala cireum

Concava raucisono minantur cornua cantu...

Malgré le poète, nous croirons volontiers que les anciens tiraient de ces grossiers instruments plus de tapage que de musique. Le gong et.le tam-tam des’ Chinois, la trompe des chevriers suisses, le tambour de basque des gitanos ont perpétué jusqu’à nous ces traditions lointaines ; car rien n’est invariable comme les mœurs primitives.

Une seconde période de la musique grecque, que l’on peut faire commencer au rétablissement des jeux Pythiques, 586 avant l’ère chrétienne, rend manifestes quelques perfectionnements. Le plus considérable consiste

dans la séparation du chant et de l’accompagnement, scission qui contraignit de confier chaque partie distincte à un musicien particulier. L’instrument étant appelé à se faire entendre seul, il fallait remplacer le vide que laissait le défaut des paroles chantées, par des sous liés, harmonieux et formant un ensemble propre à fixer l’attention des auditeurs ; il fallait également donner plus d’étendue aux instruments. Ces heureuses mo MUSI

difleations coïncident avec la seconde pythiade, 580 ans avant l’ère chrétienne, lorsque Sacades se présenta pour jouer de la flûte en public. Une foule d’autres circonstances vinrent ensuite favoriser le développement du progrès accompli. Les jeux ïsthmiques, Néméens et Olympiques rivalisèrent avec les jeux Pythiques. Une vingtaine d’années après commencèrent enfin les représentations théâtrales, dont la musique fit partie intégrante. Sous Alexandre, elle devait jeter son plus vif éclat.

Disons quelques mots de la partie théorique de la musique grecque, qui se divisait en trois genres principaux : diatonique, chromatique, enharmonique. Dans le diatonique, la modulation procédait par un demi-ton, un ton et un. autre ton : mi, fa, sol, la ; dans le chromatique, elle procédait par un demi-ton, ’un autre demi-ton et une tierce mineure ou un ton et demi : mi, fa, fa dièse, la ; et comme cette modulation tenait ie milieu entre celle du diatonique et celle de l’enharmonique, y faisant pour ainsi dire sentir diverses nuances de sons, de même qu’entre le blanc et le noir sont comprises diverses nuances de couleur, de là vient qu’on l’appelait chromatique ou coloré. Dans l’enharmonique, la modulation ’ procédait par un quart de ton, un autre quart de ton et une tierce majeure ou deux tons : mi, mi dièse, fa, la ; et comme elle se tenait d’abord très-serrée, ne parcourant que de très-petits intervalles qui rendaient ce progrès presque insensible, de là vient qu’on la nommait enharmonique, comme qui dirait bien jointe, bien liée, bien assemblée. Parmi ces trois genres, les deux premiers formaient différentes espèces : te diatonique deux et le chromatique trois. Outre ces genres, il y en avait plusieurs autres qui résultaient du partage divers du tèIracorde ou des façons de l’accorder, ce qui produisait les divers modes. Les Grecs appelaient harmonies les différentes dispositions des sons de l’octave, ce que nous nommons aujourd’hui modes Aa.xs la musique vocale et tons dans le plain-chant. Les Grecs avaient ainsi l’harmonie phrygienne : ré, ut, si, la, sol ; dorienne : mi, ré, ut, si, la ; lydienne : ut, si, la, sol, fa dièse. Étant portées à la quarte aiguë, ces harmonies donnaient naissance à l’hypophrygiennej à l’hypodoriehne et ù l’hypotydieune ; l’harmonie myxolydienne, ajoutée plus tard, présentait une succession de sons partant du si et descendant jusqu’au mi. Nous empruntons ces détails, les plus précis que l’on connaisse, à l’excellent ouvrage de M. Vincent, Essai sur la musique des anciens Grecs, imprimé dans la collection des Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque royale. Les Grecs nous ont, en effet, légué quelques traités didactiques, restés manuscrits et qui peuvent faire apprécier ce que leur système musical avait de régulier. Mais te monument le plus curieux est le fragment de Pindare (strophe initiale de la première Pythique) découvert dans un couvent de Messine, avec son annotation. M. Vincent a prouvé que cette mélopée est exactement le chant célèbre adopté par l’Église à la prose Lauda Sion ; c’est, au moins, la même idée mélodique. Le même historien musical compare 1 harmonie phrygienne à la formule psalmodique du sixième ton, dans le plain-chant, et l’harmonie dorienne au’ chant mélancolique de Vin exitu Israël. Le Te Deum, le Pater, la Préface de la messe reproduisent, au moins quant à l’idée musicale, les plus célèbres mélopées grecques. Ces rapprochements sont ingénieux et fondés ; ils sont un témoignage de plus de la façon singulière dont les religions s’entent sur celles qu’elles renversent et méprisent. Quelle bizarrerie I le chant d’une ode de Pindare ou d’un hymne à Vénus accompagne peut-être aujourd’hui des effusions catholiques en l’honneur de l’immaculée conception 1

Les Romains, peuple longtemps agreste ou guerrier, adonnés seulement aux travaux des champs ou aux conquêtes, modifièrent fort peu les procédés musicaux des Grecs ; la flûte est presque le seul instrument qu’on leur connaisse d’abord ; ils considéraient comme un grand honneur d’attacher a la personne de leurs triomphateurs un joueur de flûte qui l’accompagnait partout, et ce n’est que dans la décadence de la république qu’on voit les* joueuses de cithare et de lyre admises à distraire, pendant leurs longs.festins, ces maîtres du monde. On trouve dans les lois des Douze Tables, instituées l’an 302 de la fondation de Rome, que le maître des funérailles pouvait employer dans les cérémonies funèbres dix joueurs de flûte. Ce ne fut guère que vers l’an 415 que l’institution des jeux scéniques popularisa la musique. Suivant Horace, vers l’an 510, Lucius inventa à Rome une comédie, uniquement composée d’un récit versifié, débité sur le théâtre avec accompagnement de flûte d’abord, puis d’instruments à cordes. Sous le consulat d’Emilius, l’an de Rome 560, la musique fut introduite dans les festins. On accorda alors des privilèges aux musiciens de tous les pays qui viendraient s’établir à Rome. Peu de temps après, Manlius, pour rendre sou triomphe plus brillant, manda de différents pays, ce Grèce surtout, les musiciens les plus fameux. Pour la première naumachie qu’il donna sur le lac Kucin, près de Rome, César avait assemblé plusieurs milliers de musiciens et de musiciennes q, ui chantaient et jouaient des instruments.

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An convoi funèbre du dictateur, les musiciens jetèrent sur son bûcher leurs instruments et les trophées dont on avait coutume d’embellir les théâtres. Le règne d’Auguste fut également favorable à l’art musical. Regardant les speciacles comme un excellent moyen de distraire et de contenir le peuple, il donna de fréquentes fêtes, et fonda, pour l’examen des pièces de théâtre et de musique avant leur exécution publique, un jury de magistrats particuliers. Ce prince récompensait ceux qui offraient les plus riches spectacles publics, et il était le premier à témoigner sa satisfaction par des applaudissements. Néron porta l’art musical à son plus haut point de splendeur chez les Romains. « Dès qu’il fut élevé à l’empire, nous dit Suétone, il manda Terpnus, le meilleur joueur de harpe de son temps, et, pendant plusieurs jours de suite, -i !le fit chanter, après le repas, jusque bien avant dans la nuit. > Puis il se mit à l’étude, en prenant toutes les précautions dont se servaient habituellement les artistes pour conserver leur voix ou pour l’embellir, et il aborda alors la scène, plus comme chanteur que comme poète. Suétone nous a conservé le récit de tous ses exploits musicaux, l’énumération des fêtes où il se fit entendre, les titres de ses morceaux de choix. L’art musical se soutint encore à Rome sous le règne de Galba ; mais, depuis la mort de ce prince jusqu’à la chute de l’empire romain, l’histoire ne nous a conservé sur ce sujet rien oui mérite attention. Plusieurs empereurs le favorisèrent, il est vrai, mais jamais cet art ne put progresser à Rome, bien que dans les fêtes des dieux, les représentations théâtrales, tes cérémonies funèbres et les réjouissances domestiques, la musique ait toujours joué un rôle hsshz important. De temps.a autre seulement, des musiciens étrangers vinrent se fixer à Rome pour y faire fortune, et comme ils étaient ordinairement d’origine grecque, on peut conclure de ce fait que la musique des komnins ne différait pas sensiblement de celle des Grecs. Le plus grand obstacle à la vulgarisation de la musique chez les Romains vint de la déconsidération dans laquelle était tombé cet art dont la pratique fut abandonnée aux esclaves.

Les instruments de musique employés par les Romains leur sont presque tous venus des Etrusques et des Grecs, et ceux que préférait ce peuple belliqueux étaient les instruments à vent. Dans leurs nombreuses fêtes, tant publiques que privées, ils employèrent d’abord les flûtes, les trompettes et les cors-Plus lard, on introduisit dans les festins les psaltrix et les sambucistriie. Les Romains ne paraissent pas non plus avoir connu l’harmonie. Leurs instruments à veiit devaient produire un son très-fort, ainsi qu’on peut le présumer d’après la vaste étendue de leurs théâtres et leurs fêtes bruyantes, qui excluaient absolument les sons plus doux de la lyre et de la cithare.

" Bien qu’on soit généralement d’accord sur ce point, que les Romains n’ont pas contribué au progrès de la musique, plusieurs auteurs ont cependant prétendu qu’on leur doit la simplification de la notation musicale. On dit qu’ils ont rejeté la trop grande quantité de caractères de musique et qu’ils restreignirent aux combinaisons des quinze premières lettres de leur alphabet les 1,620 caractères usités chez les Grecs ; mais la véritable réforme de la notation musicale est bien postérieure à la chute de l’empire romnin.

. Selon Diodore de Sicile, Grégoire de Tours et Fauchet, les Gaulois connaissaient la musique eu l’an 2M0 de la création, et Hardus, un de leurs rois ; établit, dans la Gaule, des écoles publiques de musique, dont les chefs s’appelèrent bardes, du nom de leur fondateur, cinquième roi des Gaules. Les bardes n’avaient pas pour seule mission l’instruction de la jeunesse ; ils marchaient à la tête des armées, jouant de la harpe ou du psaltérion, et s’accompagnaient en chantant des hymnes et des cantiques propres à calmer ou à enflammer l’ardeur des généraux et des soldats. Dans les combats des Mirmillons, inventés par Pittacus, les Gaulois, au dire de Sirabon, répétaient en chœur les stances, les hymnes et les chansons que les musiciens entonnaient soit pour animer les combattants, soit pour célébrer la gloire des vainqueurs. La musique servait, en outre, dans les pompes funèbres des chefs, à exciter les esclaves à se jeter sur le bûcher de leurs maîtres ; elle rehaussait aussi l’éclat des cérémonies religieuses.

Quel que soit l’intérêt, au point de vue historique, de ces études rétrospectives, il ne convient pas de s’arrêter plus longtemps sur ces origines obscures, sur ces beguyements incertains ; la musique, telle que nous la connaissons, ne date véritablement que du moyen âge, et elle a pris naissance dans les chants de 1 Église catholique.

L’Église primitive fonda des écoles de chant dont on fait remonter l’institution au pape Sylvestre (330) ; saint Grégoire assigna des revenus à ces écoles et apporta au plainchant des modifications qui ont fait donnera sa méthode le nom de chant grégorien (590) ; enfin, un inoine italien, Gui d Arezzo, inventa la notation musicale telle qu’on ta pratique encore aujourd’hui, en donnant aux six premières notes des noms tirés des syllabes initiales d’une hymne liturgique. La septième note, le si, ne fut inventée qu’au xvue siècle ou peut-être au xvie. Nous avons déjà dis 91