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notre plus mortel ennemi, le supplice du priseur qui a oublié son mouchoir.

Le3 priseurs se servent généralement de foulards en guise de mouckoirs et ils ont soin de les choisir amples et de couleur sombre, pour déguiser autant que possible à leurs voisines le spectacle peu réjouissant de la distillation de la nicotine. Les autres personnes font plus volontiers usage du mouchoir blanc. Les femmes du monde, nous voulons dire les élégantes, poussent parfois le luxe du mouchoir à un degré incroyable ; c’est là, sur la batiste, que se déploient les finesses de la

Îilus exquise broderie ; le chiffre s’y déveoppe à travers les arabesques les plus capricieuses, les plus folles, s y entoure d’une foule de petits dessins gracieusement enchevêtrés, au fond desquels il resplendit comme un soleil encadré dans ses rayons. Tel de ces mouchoirs coûte des sommes fantastiques, et cependant, par un étrange contraste, nos belles dames ne l’utilisent en aucune manière, si ce n’est, peut-être, pour applaudir, en l’agitant, à la rentrée d’une royauté restaurée, comme en 1814, ou aux ut de poitrine de Tamberlick, ou même aux exercices de l’illustrissime Léotard sur le trapèze : Decrescendo ! decrescendo ! nous ne savons pas encore où s’arrêteront toutes ces manifestations.

Mais voici l’antithèse ; car cette figure de rhétorique montre partout sa face de Janus : l’homme du peuple, le campagnard, l’ouvrier même un peu pressé, non-seulement se contente de jeter sur le mouchoir de batiste orné de dentelle le regard de maître Renard sur les raisins mûrs apparemment, mais il va même jusqu’à dédaigner le coton à carreaux bariolés et il s’en réfère bravement à l’œuvre des cinq doigts de sa dextre ou de sa sénestre pour s’éviter les désagréments du système préconisé par le vainqueur de Crésus. Bon nombre de femmes même ne se font nullement un cas de conscience de confier à leur tablier retourné l’intérim des fonctions dévolues au mouchoir. Quant aux enfants (un peu d’indulgence pour ces chérubins), dont le nez laisse si souvent déborder sur la lèvre supérieure, pour ne pas dire inférieure, le produit réclamé par les légitimes attributions du mouchoir, ils se contentent de passer sous le susdit appendice soit leur manche droite, soit leur manche gauche, et le tour est fait. Honni soit qui mal y pense ! Voilà, à n’en pas douter l’origine do la locution : C’est un gaillard qui ne se mouche pas du pied, on le voit bien sur sa manche.

Nous venons de dire que les traditions de notre premier père n’ont pas encore passé de mode chez l’homme du peuple. Voici une anecdote qui le prouve amplement. Un jour, une brave campagnarde se rend chez le curé de sa paroisse, pleurant à chaudes larmes et se plaignant d’avoir été battue plus que de raison par son homme. Le bon curé la console, canne son chagrin par de douces paroles, puis la prie de 1 attendre en disant qu’il va faire une verte semonce à son mari : « Kh quoi, Grégoire I n’avez-vous pas honte de battre ainsi votre femme ? Elle vient de me raconter, en pleurant, que vous l’aviez rouée de coups. — Oh I monsieur le curé, est-ce que vous l’êcoutez ? Pour quelques coups de mouchoir que je lui ai donnés, voilà bien de quoi faire tant de bruit. — Si ce que vous me diteslà est vrai, c’est peu de chose, en effet, reprit le digne curé ; je retourne auprès de votre femme pour lui recommander de se montrer inoins susceptible. • Voilà notre médiateur de retour. • En vérité, Catherine, vous n’êtes pas raisonnable, vous vous pluignez à propos de rien. Votre mari m’a affirmé qu’il ne vous avait donné que trois ou quatre coups de mouchoir, — Ah I le brigand I mais il ne vous a pas dit, monsieur le curé, qu’il ne se mouchait qu’avec les doigts !»

Cette habitude bien connue, qu’ont certaines personnes de confier à leurs doigts la mission intime du mouchoir, inspira un jour au fameux Chodruc-Duclos, d excentrique mémoire, l’idée d’une plaisante mystification ; mais il faillit la payer cher. On était alors en pleine époque révolutionnaire ; Chodruc-Duclos, par une belle soirée de printemps, se promenait au Palais-Royal où il y avait foule. Tout à coup, il pousse de grands cris, se laisse aller à des gestes dramatiques et fait entendre qu’il vient d’échapper à un horrible attentat. On l’entoure, on se presse autour de lui, on lui apporte même une chaise pour que du haut de cette tribune improvisée il puisse mieux se faire entendre et expliquer l’attentat commis sur sa personne par un aristocrate, car attentat et aristocrate n’allaient pas alors l’un sans l’autre. • Citoyens, s’écrie Chodruc-Duclos, je suis tellement... saisi... d’horreur... que je ne sais... comment vous expliquer... l’effroyable danger... auquel je viens d’échapper tout à l’heure. — Remettezvous, parlez, parlez sans crainte. — Figurezvous donc, citoyens, qu’il y a un moment, au milieu de vous, je sentis une main perfide (profonde sensation) se glisser dans la poche de mon habit. Dans quel but, citoyensî Ce ne pouvait être que pour me soustraire ce que les convenances me défendent de nommer. Et que serait-il arrivé, grand Dieul si un besoin pressant de recourir à cet objet s’était fuit sentir dans une circonstance telle que celle-ci ? C’est que, devant vous, citoyens de la grande République, citoyens que j’honore et que je vénère, devant vous, je me

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serais vu contraint par l’implacable nécessité de... (et ici notre mystificateur fait te geste de notre premier père). » Qu’on juge du tumulte I On se met en devoir de s emparer du mauvais plaisant, et Dieu sait ce qui serait arrivé. On ne voulait rien moins que l’envoyer se moucher à la lanterne. Heureusement pour lui, quelques personnes le reconnurent et parvinrent à l’arracher de la bagarre.

Nous devons cependant à la justice do faire quelques réserves en ce qui concerne cet usage traditionnel conservé par l’homme du peuple. Dans certaines professions, on sait tenir un juste milieu entre ces deux extrêmes du luxe et de la simplicité adamique. Les typographes, par exemple, qui se piquent de délicatesse, se serviront fort bien d’une feuille de papier, qui est toujours là sous leur main. Singulier moKcAoïr/dira-t-on ; un bout de papier ! Eh bien, oui, un bout de papier 1 on en fabrique bien des faux cols aujourd’hui, au grand désespoir des blanchisseuses.

De même, pour l’homme de la campagne, il ne faudrait pas rigoureusement inférer qu’il est absolument étranger aux progrès de la civilisation. Tel vigneron, après avoir essuyé du revers de sa manche de chemise la, sueur qui découle de son visage, sait fort bien adapter une feuille de vigne aux contours de son organe olfactif ; oui, la classique feuille de vigne elle-même.

Non ko» qu&silum munut in usus.

Nous n’avons rien dit, jusqu’à présent, des différentes manières de se moucher qui pourraient être en honneur chez les différentes tribus sauvages. Il nous semble que pour ces messieurs sauvages et ces dames sauvagesses, comme les appelait ce maître de danse illustré par Chateaubriand, le mouchoir doit être d’une application impossible, à en juger par l’habitude qu’ont ces peuples de se passer une arête de poisson tout au travers du nez. Ce genre d’ornement étant de leur goût, nous n’avons rien à y voir ; mais, au point de vue qui nous occupe, il n’en réduit pas moins les doigts eux-mêmes à des fonctions purement honoraires.

Nous aurions bien ici à signaler quelques usages particuliers auxquels sert le mouchoir, en dehors de ses fonctions officielles. Il est d’un merveilleux emploi, par exemple, pour tamponner les torrents de larmes qui se précipitent des sources lacrymatoires des neveux qui suivent le convoi d’un oncle millionnaire, d’un mari qui accompagne sa femme à la dernière demeure, et vice versa ; mais ce serait nous lancer dans le domaine de la haute fantaisie, et ces sortes d’excursions doivent rester interdites à la gravité d’une encyclopédie.

Disons quelques mots de cette coutume orientale qui s’appelle jeter le mouchoir. Chez les Turcs, lorsque le maître est mollement étendu dans son harem au milieu de ses femmes empressées à lui plaire, il n’a pas besoin de désigner par son nom celle qu’il veut honorer de ses faveurs ; il se contente de lui jeter négligemment son mouchoir. La balle odalisque sait ce que cela veut dire ; elle ramasse prestement le tissu si envié et s’en va le soir le reporter dans la chambre à coucher de son seigneur et maître. Dans les pays de polygamie, il a bien fallu inventer quelque moyen ingénieux d’exprimer une préférence. Mais chez nous, jeter tous les soirs le mouchoir à sa douce moitié deviendrait fastidieux et ridicule ; on se contente de lui dire : « Allons nous coucher, ma femme. ■ Telles sont les habitudes prosaïques que nous a faites la monogamie, cette monogamie qui règne en tyran chez nous, mais avec toutes les angoisses, toutes les tortures attachées à la tyrannie, les défiances continuelles, les soupçons, la crainte des trahisons, les alarmes perpétuelles, les surveillances inquiètes ; r

Un aoufle, une ombre, un rien, tout lui donne la ûc Au demeurant, cela nous est parfaitement égal.

On donne aussi le nom de mouchoir, surtout dans les campagnes, à ce qu’on nomme plus volontiers fichu à la ville. Ce mouchoir était déjà à la mode du temps de La Fontaine, comme le prouvent ces vers : « La Aile du logis, qu’on vous voie, approche ! :[dres ? Quand In marions-nous ?quand aurons-nous des gen-Bonhomme, c’est ce coup qu’il faut, vous m’entendez,

Qu’il faut fouiller à l’escarcelle. • Disant ces mots, il fait connaissance avec elle,

Auprès de lui la fait asseoir, Prend une main, un bras, levé un coin du mouchoir ;

Toutes sottises dont la belle

Se défend avec grand respect.

(Le Jardinier et son seigneur.) Ces mouchoirs, qui affichent souvent la prétention de remplacer le châle, comme la veste remplace l’habit, sont en général d’étoffe assez grossière, et, les progrès du luxe aidant et pénétrant de plus en plus dans les campagnes, il est probable qu’ils ne tarderont pas a disparaître totalement.

Au théâtre, il y a un certain nombre de pièces célèbres ou lo moucAoir joue un certain rôle. Dans Olhello, c’est un mouchoir donné par le More à Desdemona et que l’honnête lago prétend avoir vu au cou du lieutenant Cassio, qui excite la jalousie furieuse d’Othello et le détermine au meurtre de celle

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qu’il aime. La scène du mouchoir, dans Tartufe, est non moins célèbre ; Tartufe, voyant le corsage un peu décolleté de la soubrette Dorine ; détourne les yeux et lui tend un mouchoir en s’écriant :

... Cachez ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils objets, les Âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées. C’est un des meilleurs traits de Molière. Dans Ruy Bios, lorsque le laquais, devenu premier ministre, expose à don Salluste la situation de l’Espagne, lorsqu’il lui dit : Daignei voir a quel point ta guerre est malaisée. Que faire sans argent ? Excellence, écoutez : Le salut de l’Espagne est dans nos probités ; Pour moi, j’ai, comme si cotre armée était prête, Fait dire à l’empereur que je lui tiendrais tête.

Don Salluste l’interrompt froidement : ■. * Pardon ! ramassez-moi mon mouchoir. Cette interruption, ramenant à son ancien métier celui qui se croit déjà un homme d’État, est tout à fait caractéristique. C’est aussi un mouchoir qui dans Dalila, de M. Octave Feuillet, décide du sort du héros principal ; la comtesse, en qui se personnifie l’ancien mythe juif, jette le sien sur la scène avec un bouquet, et le faible André Roswein, en le lui rapportant, oublie bientôt près d’elle sa chaste fiancée.

— Hyg. Quel doit être le tissu des mouchoirs ? Est-ce de coton, de lin, de soie ou de chanvre ? Les anciens se servaient des trois premières espèces, non pas précisément comme mouchoirs ? ainsi qu’on l’a vu plus haut, mais pour divers usages. Ainsi, autour du cou, pour conserver la chaleur, ils portaient des tissus de coton ; les femmes même ne se servaient que de ceux-là pour leur toilette. Les sudarta, au contraire, étaient de lin ou de soie ; mais ces derniers étaient le comble de la somptuosité. Quant au chanvre, les anciens ne l’ont jamais connu ; il n’a été employé en Europe que vers la fin du xme siè ■ de. Aujourd’hui, on préfère, avec raison, les mouchoirs de fin à ceux de coton. Ceux-ci sont susceptibles d’échauffer le nez, de produire de3 cuisso : is, des rougeurs, des boutons, etc. Ce sont surtout les mouchoirs communs et grossiers qui ont ces inconvénients, qu’on doit rapporter principalement aux couleurs dont ils sont imprégnés et à la mauvaise préparation des fils dont ils sont composés. Dans le coryza, par exemple, les mouchoirs de coton présentent tous les inconvénients que nous venons de signaler. On doit faire usage, dans cette indisposition, de mouchoirs de fil à moitié usés et en changer souvent ; car, dès qu’ils sont mouillés, si 1 on continuait de s’en servir, la matière acre qui les imprègne augmenterait la cuisson et la rougeur du nez ainsi que de la lèvre supérieure, très - souvent enflammée en même temps. Nous ne parlerons point des ntoucAoï’rs bénits, de ceux qui avaient touché une relique ou sur lesquels était imprimée en rouge 1 image d’un saint. Ces mouchoirs avaient des propriétés mystérieuses ou thérapeutiques dont le Don sens a fait justice. Les meilleurs mouchoirs sont ceux de fin et chanvre, d’un tissu ni trop grossier ni trop.fin et qu’on a soin de changer toutes les fois que la propreté l’exige. Les amateurs de tabac doivent, plus que personne, se surveiller à ce sujet ; car leur nez, à force d’être tourmenté, est plus susceptible de s’enflammer, de s’excorier et de s’ulcérer au contact d’une matière acrimonieuse dont le mouchoir serait imprégné. Les foulards de soie, dont quelques personnes se servent de préférence parce qu’ils

’ dissimulent mieux les taches de nicotine, sont en général minces et clairs ; ils se mouillent très-facilement et sont, par conséquent, d’une très-courte utilité dans les écoulements du nez. En outre, on a cru remarquer qu’ils transmettent plus facilement que ceux de lin et de coton certaines affections contagieuses ; car il est certain que les mouchoirs, quels qu’ils soient, peuvent communiquer plus d’une maladie. Combien de fois la gale n a-telle pas été transmise par un mouchoir ? Un malade affecté de typhus, de choléra, de fièvre pernicieuse, de fièvre jaune, tient son mouchoir dans ses mains, dans son lit ; il s’en sert pour s’essuyer le visage ; qu’y a-t-il d’étonnant que cemouchoir soit chargé de miasmes et que ceux-ci infectent la personne qui se servira du mouchoir après le malade ? L’ophthiilinie purulente des nouveau-nés infecte parfois toute une famille, parce que la mère a l’imprudence d’essuyer avec son »io«choir les yeux de son plus jeune fils atteint de cette affection et de s’en servir ensuite pour elle et pour laver le visage de ses autres enfants. L’ozène peut se transmettre par la voie du mouchoir ; il en est de même de l’ophthalmie hémorragique et de la syphilis. Il faut toujours veiller à la propreté de ses mouchoirs et ne pas les laisser traîner de toutes parts, comme font souvent certaines personnes. Le meilleur moyen de les désinfecter est une bonne lessive ; le savonnage est, en général, insuffisant. Quelques personnes défendent aux blanchisseuses de repasser leurs mouchoirs au fer chaud ; ce reproche ne nous parait pas fondé, pourvu que lo fer soit propre. Enfin, nous terminerons par quelques mots sur l’habitude qu’ont certaines personnes d’arroser leur mouchoir d’essences ou de liqueurs odoriférantes. Cette habitude est

I poussée parfois à l’excès chez les femmes et

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surtout chez une certaine catégorie de femmes qu’on pourrait suivre à quinze pas sans les voir, tant est forte l’odeur ou plutôt la mélange d’odeurs qui les accompagne. De celles-là, on peut dire ce que disait Juvénal des dames romaines embaumées jusqu’aux dents, que l’odeur qu’elles répandaient était plus insupportable que celle des animaux sauvages aux combats desquels elles venaient assister. Un mouchoir parfumé de quelques gouttes d’eaux de Cologne, de mélisse ou de lavande, qui s’évaporent promptement, ne laisse rien à craindre pour soi ni pour ses voisins ; mais si on le pénètre de musc, d’ambre, de vanille et des mille parfums dont regorgent les boutiques de coiffeurs, à force de sentir bon, on finit par sentir mauvais. On dit que Henri III, qui couchait avec un Masque et des gants préparés pour ne pas ternir 1 éclat et la fraîcheur de sa peau, se servait de mouchoirs qui annonçaient sa présence un quart de lieue à la ronde. Tout le monde connaît, sous le règne de son successeur, lu mort tragique de la belle Gabrielle, empoisonnée, disait-on, par une paire de gants. Ce fait est démenti aujourd’hui, mais on pourrait réellement empoisonner un mouchoir,

— Allus. hist. Joler te monrbolr, Allusion à une coutume orientale et qui, dans l’application, signifie faire un choix, surtout en amour. Voici l’origine de cette locution :

Chez le3 Turcs et chez les Persans, quand un jeune homme a fait choix d’une fiancée, il lui envoie un anneau, une pièce de monnaie et un mouchoir brodé. C’est sans doute par une application de cet usago que le sultan, dans le harem, jette un mouchoir à celle d^ ses femmes qu’il veut honorer de ses faveurs, usage dont l’authenticité est révoquée en doute.

Dans le langage ordinaire et surtout familier, jeter le mouchoir est synonyme de choisir a son gré, parmi plusieurs lemmes, celle que l’on préfère.

Le maréchal de Villeroi ayant été envoyé à Lyon, en 1717, pour apaiser une sédition, ce ne furent pendant son séjour que réjouissances et fêtes continuelles. Une grande dame de Paris, ayant’appris que les Lyonnaises s’empressaient fort de plaire au maréchal, écrivit à l’une d’elles : ■ Mandez-moi donc à qui M. le maréchal a jeté le mouchoir. » La vieille Mm* de Bréault, qui habitait Lyon et qui avait été autrefois des amies de Villeroi, vit cette lettre et dit à celle qui la lui montrait : ■ Écrivez à votre amie qu’il y a longtemps que le maréchal ne se mouche plus.•

« Comprenez-vous un sultan sans harem, un sultan épousant légitimement une femme et déchirant ce fabuleux mouchoir, déclaration muette jetée à ces yeux qui étincellent, à ce sein qui bat, à ces lèvres roses qui vont donner tout ce qu’elles promettent I... Eh bien, le sacrifice est accompli : le mouchoir n’est plus qu’un souvenir de la légende orieiir taie. Adieu, galant mouchoir ! »

Edmond Texier.

« La polygamie règne chez les outardes. Les mâles se constituent un harem, à l’instar des coqs d’Inde et des coqs de bruyère, et jettent successivement le mouchoir à chacune de leurs odalisques, qui se retirent dans lu solitude dès qu’elles sont fécondées. Les mâles, énervés par l’excès des plaisirs, ne tardent pas à suivre leur exemple et s’en vont de leur côté demander à quelque Thèbaïde bien éloignée du monde unrefuge contre les orages de la vie. •

Toljssenkl.

Pendant que le roi Louis XV jetait aux

sultanes de son sérail le mouchoir brodé aux

armes de la France, le roi Voltaire veillait,

armé de la raison, pour le règne de la justice. »

Arsène Houssaye.

« La marquise de Pompadour était sans cesse, aux expédients pour dominer le -.oi, dont elle voulait régler à sa volonté toutes les actions. Il lui fallait sans cesse écarter des petits soupers du prince toutes les femmes de qualité qui briguaient effrontément l’honneur du mouchoir. Malheur à celles qui avaient fait quelque impression sur le vieux monarque I»

Grimm.

MOUCHON s. m. (mou-chon — rad. moucher). Filament enflammé de la mèche, que l’on nomme vulgairement voleur, parce qu’ilfait couler le suif d’une chandelle.

— Tison, dans quelques provinces.

MOUCHON (Pierre), littérateur suisse, né à Genève en 1733, mort dans la même ville en 1797. Il exerça les fonctions pastorales à. Bâle et à Genève, entra en relations amicales avec J.-J. Rousseau, Necker, Bonnet, ses compatriotes, et joignit à une vaste érudition un esprit philosophique élevé. Outre un recueil de Sermons (Genève, 1798, 4 vol. in-go), on lui doit la Table analytique et raisonnée des matières contenues dans l’Encyclopédie (Paris, 1780, % vol. in-fol.), ouvrage qui lui coûta quatre années de travail et qui

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