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ville, arrêtée par un groupe qui le prenait pour un aristocrate. G. Morris, mettant alors sa jambe de bois hors de la voilure, s’écria : « Un aristocrate ? Oui, vraiment, et qui a perdu sa jambe dans la guerre de l’indépendance américaine ! » À ces mots, le peuple applaudit et fit une ovation au ministre américain. En 1794, le gouvernement de Washington ayant demandé le rappel du ministre français alors aux États-Unis, la France exigea que G. Morris fût également rappelé. Celui-ci quitta donc son poste vers le milieu de l’année 1794 et reprit ses voyages en Europe. Il séjourna plusieurs années en Suède et s’embarqua en 1798 pour les États-Unis. À peine était-il de retour dans sa patrie qu’il fut appelé au sénat, où il siégea parmi les fédéralistes. Il se fit remarquer durant cette période par l’opposition qu’il fit à l’abolition des taxes directes et par la façon dont il appuya le projet relatif à l’acquisition de la Louisiane. À l’expiration de son mandat (mars 1803), il ne fut point réélu et rentra définitivement dans la vie privée. Bien qu’il eût renoncé à la vie politique active, il continua de se tenir au courant des affaires et reparut même plusieurs fois en public, notamment lorsqu’il prononça les éloges funèbres de Washington, d’Hamilton et celui du gouverneur. George Clinton. En outre, il prononça, en juin 1814, un grand discours sur la Délivrance de l’Europe du joug militaire et fut quelque temps après nommé président de la Société historique de New-York. Ses dernières années furent consacrées à l’étude d’un projet de canal qui devait relier l’Hudson au lac Erié et qui ne fut exécuté que vingt ans après sa mort.

La correspondance de G. Morris et les notes quotidiennes qu’il rédigea durant son séjour en France fournissent sur les événements qui se passèrent sous ses yeux, comme aussi sur son caractère, ses opinions et ses actes, des renseignements précieux. Sous le titre de The life of Gouverneur Morris with selections from his correspondence, M. Sparks a publié de nombreux extraits des lettres et du journal de G. Morris (Boston, 1832, 3 vol.). Une traduction de cet ouvrage a été publiée par Augustin Gandais sous ce tiire : Mémorial de G. Morris, homme d’État américain (Paris, 1842, 3 vol. in-8o). V. mémorial.


MORRIS (George-P.), publiciste et littérateur américain, né à Philadelphie en 1802. Il fonda à New-York avec S. Woodworth, en 1823, le New-York Mirror, dont il prit la direction et qui parut jusqu’en 1842. L’année suivante, il fit reparaître ce journal sous le titre de The New-Mirror, avec M. Willis, puis il fonda, en 1844, un journal politique et quotidien, The Evening Mirror, et, en 1845, un journal littéraire hebdomadaire, The national Press, qui prit en 1864 le titre de The Home Journal et est devenu le recueil littéraire le plus en vogue de l’Amérique. Tout en se livrant à ses travaux de journaliste, il composa des poésies lyriques, qui lui acquirent une grande réputation ; il écrivit en même temps pour le théâtre un drame intitulé : Brier-Cliff, et, en 1842, un opéra, The maid of Saxony, dont Korn composa la musique. En 1838, il donna un volume d’Esquisses, en prose ; puis plusieurs recueils de vers, entre autres : Mélodies (in-8°) et Poetical Works complete (New-York, 1853, in-8o). Parmi ses poésies, dont un grand nombre sont devenues populaires aux États-Unis et ont été mises en musique, nous rappellerons sa célèbre chanson Woodman, spare that tree ! (Bûcheron, épargne cet arbre !)


MORRIS (Louis-Michel), général français, né en 1803, mort en 1807. En sortant de l’École polytechnique en 1823, il entra dans la cavalerie, passa en Algérie en 1837, comme chef d’escadron des chasseurs d’Afrique, dont il devint colonel en 1843, et se signala par son intrépidité, notamment au combat de Kammis, à la prise de la smala d’Abd-el-Kader et à la bataille d’Isly. Maréchal de camp en 1847 et général de division eu 1851, il reçut, à l’époque de la guerre de Crimée, le commandement d’une division de cavalerie. De retour en France, il entra comme commandant en chef dans la cavalerie de la garde impériale, prit part à la guerre d’Italie en 1859 et fut mis, en 1863, à la tête de la cavalerie régulière et des établissements hippiques de l’Algérie. On lui doit : Essai sur l’extérieur du cheval (1835, in-4o).


MORRISON (Robert), orientaliste anglais, né à Morpeth, comté de Northumberland, en 1782, mort en Chine en 1834. L’étude de l’hébreu fit naître en lui le goût des langues orientales. La société des missionnaires de Londres l’envoya apprendre la théologie au séminaire de Gosport-Saint-David et, lorsqu’il eut reçu les ordres, il partit pour Canton en 1807. En 1809, Morrison devint secrétaire interprète près des subrécargues de la Compagnie des Indes. Il se perfectionna dans la connaissance du chinois, publia dans cette langue les Actes des Apôtres à Canton en 1811, le Nouveau Testament en 1813, suggéra l’idée de fonder à Molana un collège anglo-chinois, qu’on construisit en 1818 et dont Milne prit la direction, fit un voyage à Singapour en 1822, retourna en Angleterre où il séjourna de 1824 à 1826, puis revint en Chine, où il prit part à la mission politique de lord Napier à Pékin. C’est là qu’il mourut d’une fièvre pernicieuse. Parmi ses ouvrages, nous citerons : Hors Sinics (Londres, 1812, in-8o) ; A grammar of the chinese language (1815, in-4o) ; A dictionaryofihe chinese language (Macao,1815-1823, 3 vol. in-4o), exécuté trop k la hâte ; Dialogues and detached sentences in the chinese language(Macao, 1816) ; A view of China, for phitological purpose (Macao, 1817, in-4o) ; Chinese miscellany, with translations and philological remarks (Londres, 1825, in-4<>) ; Vocobulary of the Canton dialect (Macao, 1828), enfin une version chinoise de la Bible, qui parut par parties détachées de 1810 k 1818.-Son fils, John-Robert Morrison, né k Macao en 1814, mort à Hong-Kong en 1843, lui succéda comme secrétaire interprète de la factorerie de Canton, suivit l’armée anglaise à Shangaï et à Nankin, puis fut nommé secrétaire colonial et membre de la Législative de Hong-Kong. Sous le titre de The chinese commercial guide (Canton, 1834), il a publié un manuel fort utile aux commerçants.

MO11R1STOWN, ville des États-Unis d’Amérique, dans l’État île New-Jersey, à 48 kilom. N.-O. de New-York, sur la rivière de Whippany ; 4,800 hab. Manufacture de papier ; charronnage, forges de fer.

MORRO-D’ALBA, bourg et commune du royaume d’Italie, province et district d’Ancône, mandement de Montalbodo ; 2,169 hab.

MORRONE-DEI.-SANNIO, bourg et comm. du royaume d’Italie, province de Molise, district de Larino, mandement de Casacalenda ; 3,676 hab.

MORROVÀLLE, ville du royaume d’Italie, province et district de Macerata, mandement de Civitanova ; 5,676 hab.

MORS s. m. (mor — rad. mordre). Manège. Ensemble des pièces qui servent à brider un cheval : Les burres, les branches, les gourmettes du mors. 1] Pièce qu’on place dans la bouche du cheval pour le gouverner : Cheval insensible au mors. Bajazel blanchissait son MORS d’une écume impatiente. (A. Paul.) Ils rougissent le mors d’une sanglante écume.

Racine.

Ils ont des colliers d’or sous la gorge pendants, Et des mors d’or massiTqui sonnent sous leurs dents.

La Fontaine.

Au cheval qui vous porte un mor» est nécessaire, Mais & l’homme pensant on doit la liberté.

Voltaire.

Il Mors à canon simple, Mors dont le canon, sans être figuré, diminue de grosseur en approchant vers son pli. || Mors à berge, Mors dont l’embouchure est composée d’olives d’une seule pièce, formant k son pli une demigorge de pigeon. Il Mors à sous-barbes ou à branches tournées, Mors dont les branches sont arrondies et contournées en divers sens.

Il Mors à la turque, Mors à branches droites.

Il Mors à miroir, Mors à embouchure droite et tournant en liberté, il Mort à pas d’âne, Mors dont l’embouchure est pliée en forme de pas d’âne, et dont le gros canon est façonné en olive. Il Mors à porte, Mors dont l’embouchure forme vers son milieu une sorte de porte cintrée. Il Mors à tire-bouchon ou à la Nestier, Mors dont les branches sont terminées par un anneau aplati et percé en tirebouchon dans sa partie inférieure, il Mors d’Allemagne, Instrument dont on se sert pour châtier les chevaux vicieux, ou pour les contenir, en détournant leur sensibilité, pendant qu’on les ferre ou qu’on les opère.

— Fig. Frein ; moyen de contenir, d’asservir, de guider, de diriger à sa volonté : La religion est le seul mors que les rois puissent encore blanchir. (Marmontel.) Sans de hautes certitudes, il est impossible de mettre un mors à ces sociétés que l’esprit d’examen et de discussion a déchaînées. (Bals.)

L’homme, en ses passions toujours errant sans guide, A besoin qu’on lui mette et le mors et la bride.

Boileau.

Prendre le mors aux dents, Saisir les branches du frein avec les incisives, ce qui met le cavalier ou le conducteur hors d’état de faire sentir le mors et de gouverner l’animal. Plus fréquemment, S’emporter, en parlant d’un cheval. Il Fig. S’emporter, se livrer sans retenue k sa colère : Allons, vous allez vous fâcher, vous PRiiNuz le mors aux dents. Signifie aussi Se livrer sans frein à ses passions : Rien ne le retient plus ; il a pris le mors aux dents. Signifie encore Prendre une résplution subite et énergique : Il s’était montré faible jusqu’ici, mais voilà qu’il a pris le mors aux DiiNTS. Cet enfant semble indolent, mais il a un feu secret et, s’il prend le mors aux dents, ce sera un intrépide travailleur.

Hocher le mors à quelqu’un, S’opposer k ce qu’il veut, le contredire.

— Techn. Chacune des mâchoires d’un étau, d’une tenaille, d’une pince : Avec des serres-fines à large mors, je saisis la veine cave supérieure. (L. Figuier.) Il Extrémité de la canne d’un souffleur de verre. Il Sorte de gouttière que l’on forme sur le bord du premier et du dernier cahier d’un volume, du côté du dos, afin d’y loger le carton de la couverture. Il Bord rogné du carton qui se loge dans cette gouttière. Il Espèce de charnière que forme au même endroit la peau qui recouvre le carton : On double rarement un livre de moire sans y mettre des charnières pareilles au cuir qui couvre le livre, ce que

MORS

l’on nomme en termes de l’art : mettre des mors. (Lesné.)

— Bot. Mors du diable, Scabieuse des bois, dont la racine est échancrée et comme mordue. Il Mors de grenouille, Espèce d’hydrocharide, dite aussi morsure de grenouille.

— Encycl. Le mors est, en résumé, un levier du second genre qui, agissant sur les barres du cheval, sert à le dompter et à le diriger au moyen de la sensibilité des gencives. C est par un principe identique qu’on maîtrise les buffles k l’aide d’un anneau passé dans leurs narines. Bien des praticiens, trompés par la nature de l’action exercée par le mors, se sont imaginé que, plus le mors exciterait la sensibilité, plus il serait efficace. C’est une grave erreur, analogue k celle des médecins qui font un perpétuel usage des remèdes les plus violents. Il est bien prouvé que les barres du cheval sont assez sensibles pour que le mors le plus léger et le plus doux soit suffisamment actif, quand on n’a pas gâté la bouche du cheval. Il y a donc tout avantage k éviter la dureté et la complication du mors.

Il paraît certain, sans que le fait soit directement prouvé, que c’est par le mors que le cheval a été dompté et domestiqué. Le mors primitif, usité encore dans certaines contrées, était un simple nœud coulant au moyen duquel le cavalier pouvait serrer k volonté la mâchoire inférieure de sa monture. Le mors solide, depuis longtemps et aujourd’hui presque universellement adopté, a de nombreux avantages sur lesquels nous croyons inutile d’insister. On a varié ses formes à l’infini, quelquefois d’une façon malheureuse. Il se compose essentiellement de trois pièces principales : les deux branches montant le long des joues et le mors proprement dit ou embouchure, composé de trois parties, deux parties latérales appelées canons, une partie centrale, de forme cintrée, nommée liberté de la langue. Une chaîne, dite gourmette, fixe l’appareil en embrassant la lèvre inférieure. Les rênes sont attachées par des anneaux k la partie inférieure des branches. Ou conçoit sans peine que le mors est d’autant plus actif que ces branches sont plus longues, puisqu’elles agissent comme des bras de levier ; ce n’est pas une raison pour les allonger outre mesure, mais, au contraire, pour leur donner une longueur modérée, de peur d’exagérer les sensations de l’animal. Les branches longues ne sont utiles que dans •des cas où le cheval a des habitudes vicieuses qu’il faut combattre énergiquement. Quant k lu largeur du mors, il faut la mesurer avec soin sur celle de la bouche du cheval, car il est important de ne pas lui scier les barres par des mouvements latéraux. Il est rare qu’un bon cavalier ou un bon conducteur soit contraint d’agir brusquement sur le mors.

MORS, île du Danemark’, dans la-partie occidentale du diocèse d’Aalborg, bailliage de Thirted. Elle a 36 kilom. du N. au S. et 16 kitom. dans sa plus grande largeur. Les anciennes forêts de Mors ont fait place k des champs cultivés. Des tuinulus et des habitations ruinées témoignent de l’ancienne occupation du sol par les Danois, et l’on "a plusieurs fois découvert dans ces tumulus des urnes cinéraires, des glaives de bronze, des haches d’armes, des couteaux sacrés, etc.

MORSAN, bourg et commune du royaume d’Italie, province d’Udine, district et mandement de San-Vito-Udinese ; 2,374 hab.

MORSCHANSK, ville de la Russie d’Europe, gouvernement et k 95 kilom. N. de Tambov, sur la rive gauche de la Tsna, ch.-l. du cercle de son nom ; io,63Shab. Fabrication de toiles k voiles, cordages, papier, suif, vitriol. Exportation de grains et de Suif.

MORSCHEN (ALT-), ville de Prusse, province de Hesse, sur la rive droite de la Fulda ; 950 hab. Vastes établissements d’exploitations rurales et fabrique d’instruments d’agriculture. Ancien château de Haidau.

MORSE s. m. (mor-se — du germanique : allemand meer-ross, cheval de mer ; de meer, mer, et ross, cheval). Mamm. Genre de carnassiers amphibies, qui ont beaucoup d’analogie avec les phoques : Le morse a, comme l’éléphant, deux grandes défenses d’ivoire qui sortent de la mâchoire supérieure, et il a ta télé conformée ou plutôt déformée de la même manière que l’éléphant, auquel il ressemblerait par la tête s’il avait une trompe. (B-.ff.) La pèche des morses ou chevaux marins à dents d’ivoire pourrait enrichir plusieurs villes de la Sibérie. (Babinet.) Les Esquimaux construisent leurs tentes avec des peaux de morse. (A. Maury.)

— Techn. Rangée de pavés aboutissant aux bordures, en traversant le chemin.

— Encycl. Les morses ont les pieds tellement courts et enveloppés dans la peau du ventre qu’ils ne peuvent guère que ramper sur le sol ; dans l’eau, ces mêmes pieds, dont les doigts sont reliés par une membrane, deviennent des nageoires d’une grande puissance ; aussi ces animaux passent-ils la majeure partie de leur vie dans la mer ; ils ne se rapprochent des côtes que pour y dormir au soleil et pour y allaiter leurs petits. Les phoques ont le corps allongé, le bassin étroit, les poils ras et serrés contre la peau, autant de conditions pour faire de ces animaux d’excellents nageurs. Leur mâchoire inférieure, dépourvue de canines et

MORS

d’incisives, s’allonge et se comprime entre les deux énormes canines supérieures qui ont jusqu’k deux pieds de longueur ; les dents mâchelières sont cylindriqi.es, courtes et obliquement tronquées. Le morse ou cheval marin, vulgairement connu sous le nom de vache marine et de vache à grandes dents, atteint 11 ou 12 pieds de longueur et même davantage. Son pelage, de couleur fauve, est rare et court ; son mufle est très-gros ; Sa lèvre supérieure est renflée par la saillie des défenses, et par suite les narines sont presque tournées vers le ciel. Cet animal, quoique de mœurs analogues k celles du phoque, est moins intelligent et moins doux que ce dernier ; aussi 1 éducation obtient-elle très-peu de chose de lui.

Les morses habitent tous les parages de la mer Glaciale, mais ils y sont beaucoup moins nombreux qu’autrefois. Ils ne peuvent pas toujours se tenir près des côtes k cause do l’abondance des glaces ; aussi est-ce souvent sur les glaçons mêmes qu’ils s’installent et que la femelle allaite ses petits ou son petit, car elle en a deux au plus, et souvent un seul. La morse femelle est une mère fort tendre, qui, dans le danger, défend sa progéniture avec une audace vraiment héroïque. Ces animaux se nourrissent d’herbes marines et de coquillages. A terre, leur démarche est fort lourde ; ils ne marchent même.pas, ils rampent en se hissant au moyen de leurs défenses qu’ils enfoncent dans la terre ou dans la glace comme deux harpons et en poussant de leurs pattes ou nageoires la lourde masse de leur corps. Mais en revanche dans l’eau, nous l’avons dit, ils se meuvent avec rapidité, se défendent avec fureur, quand on les attaque, s’entr’aident toujours dans le danger et se servent de leurs fortes et longues défenses d’une façon très-redoutable ; aussi la pèche (fe ces animaux, que font les vaisseaux baleiniers, présente-t-elle de terribles dangers. Un morse blessé ne craint rien ; dans sa fureur, s’il est k terre, il frappe le sol à coups de défenses, arrache et brise les armes du chasseur, et, s’il est dans l’eau, si surtout les morses sont attaqués en nombre, ils entourent les chaloupes, parfois les submergent ou tout au moins brisent les bordages en les frappant de leurs dents terribles. Dans ces luttes, qu’ils soutiennent soit contre les hommes, soit contre les ours blancs, qu’ils finissent toujours par mettre en fuite, ils poussent d’effroyables mugissements, dont les baleiniers eux-inême ;. sont parfois épouvantés. Ces derniers chassent les morses non-seulement pour les dents qui fournissent un ivoire plus dur, plus compacte et plus blanc que celui de 1 éléphant, mais encore pour extraire de leur graisse une huile abondante et meilleure que celle de la baleine, et pour s’emparer de leur peau, dont on fait un cuir souple et fort, excellent poulles capotes de voiture. Par suite dela guerre d’extermination que l’on fait k ces animaux, ils diminuent rapidement chaque année. Autrefois, dans une seule chnsse, il n’était pas rare qu’on en tuât douze ou quinze cents ; aujourd’hui, ce n’est plus qu’en petites troupes qu’on les rencontre, et il n’est pas difficile de prévoir le temps où l’espèce entière aura disparu.

11 semble même que la guerre incessante et acharnée que l’homme fait k ces animaux a eu pour résultat de dissoudre leurs sociétés, de disperser les individus et de les pousser plus avant vers le nord, dans les lieux qui sont les moins fréquentés par les pécheurs. D’après Zorsdruger, on voyait autrefois beaucoup de morses dans la baie d’Horisout, où il en reste fort peu aujourd’hui. Dans la saison la plus chaude, ils se rendent, par troupes de cent k deux cents, dans les plaines voisines et y restent quelques jours, jusqu’à ce que la fuiin les ramène k la mer. Durant cette saison, leurs yeux sont rouges, étincelants et enflammés, et la souffrance que leur fait éprouver alors le contact de l’eau salée fait qu’ils se tiennent plus volontiers sur les terres.

« Ces animaux, dit Zorsdruger, sont aussi difficiles à suivre k force de rames que les baleines, et on lance plus souvent en vain le harpon, parce que, outre que la baleine est plus aisée k toucher, le harpon ne glisse pas aussi facilement sur elle. On atteint souvent le morse par trois fois avec une lance forte et bien aiguisée avant de pouvoir percer sa peau dure et grasse ; c’est pourquoi il est nécessaire de chercher k frapper sur un endroit où la peau soit bien tendre ;’en conséquence, on vise avec la lance les yeux de l’animal, qui, forcé par ce mouvement de tourner la tête, fait tendre la peau vers la poitrine ou aux environs : alors on porte le coup dans cette partie. Anciennement, et avant d’avoir été persécutés, les morses s’avançaient fort loin dans les terres ; de sorte que, dans les hautes marées, ils étaient assez loin de l’eau et que, dans le temps de la basse mer, la distance étant beaucoup plus grande, on les abordait aisément. On marchait de front vers ces animaux pour leur couper la retraite du côté de la mer ; ils voyaient tous ces préparatifs sans aucune crainte et souvent chaque chasseur en tuait un avant qu’il pût regagner l’eau. On faisait une barrière de leurs cadavres et on laissait quelques gens k l’affût pour assommer ceux qui restaient, »

Les morses ne s’accouplent pas k la manière des autres mammifères, mais bien k rebours ; la femelle se couche sur le dos et attend le mâle. C’est en juin qu’a lieu cet ac-