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En outre, il devait de la reconnaissance à Morny, qui, au 2 décembre, l’avait couvert de sa protection et sauvé de la déportation, et peut-être de pis que cela.

Au milieu de sa vie de scandales brillants, de corruption élégante et de dissipation, M. de Morny songeait néanmoins à donner à sa situation la base solide d’une grande fortune. Il se tourna vers l’industrie et acheta aux environs de Clermont-Ferrand une vaste usine pour la fabrication du sucre de betterave. Il se fit ensuite nommer président d’un congrès qui se tint à Paris pour défendre les intérêts de cette industrie naissante. En 1842, une vacance s’étant produite dans la députation du Puy-de-Dôme, il se porta comme candidat et parvint à se faire élire. À la Chambre, il siégea au centre parmi les ministériels les plus prononcés : C’était M. Guizot qui était alors le côté du manche, et le prudent et avisé Morny ne pouvait manquer de s’y ranger et de s’y tenir. Il se borna d’ailleurs aux discussions financières et économiques, et fut l’auteur de l’ordre du jour des satisfaits. Vers la fin du règne, quand le pouvoir chancelait visiblement, il prit ses sûretés en passant dans le petit groupe des conservateurs progressistes, et se posa comme une espèce de médiateur entre l’opposition et le gouvernement. Homme pratique et positif par excellence, il ne trempa dans aucune des manœuvres aventureuses du parti bonapartiste sous le gouvernement de Juillet, du moins on ne voit aucune trace d’une action quelconque de sa part. La révolution de Février le rejeta pour un moment dans la vie privée. Ses affaires, à cette époque, ne paraissent pas avoir été dans un état fort brillant. Mais grâce au concours du Comptoir national d’escompte, fondé récemment, il put se lancer de nouveau dans de grandes opérations industrielles et financières. Quoi qu’il en soit, sa fortune était fort compromise, notamment à la veille du coup d’État, par ses prodigalités et ses magnificences de grand seigneur. En 1851, il était tellement acculé par ses mauvaises affaires qu’il était oblige de mettre en vente ses tableaux et jusqu’à sa « loge à Fidèle, » petite habitation qu’il possédait aux Champs- Élysées et qui touchait à l’hôtel de la comtesse Lehon, alors une de ses amies les plus intimes et les plus chères.

Il avait néanmoins suivi avec attention la marche des événements, et l’élection du 10 décembre lui indiqua sa place et lui ouvrit sa voie. L’appui du fameux comité de la rue de Poitiers le fit élire représentant du Puy-de- Dôme à l’Assemblée législative (1849). Il ne joua aucun rôle remarquable dans cette assemblée et resta pour ainsi dire noyé dans les rangs de la majorité monarchique, se bornant à voter toutes les mesures de réaction, et travaillant ainsi à préparer l’Empire par la destruction de la liberté. De tous les partis, le parti bonapartiste proprement dit était le plus pauvre en hommes de talent. Ses sommités étaient MM. de Persigny, de Morny, Mocquard et quelques autres qui, vraiment, faisaient petite figure à côté des fortes ou brillantes personnalités des autres partis politiques. Seulement, M. de Morny reçut ou se donna une mission modeste, mais qui avait son utilité, celle de racoler pour l’impérialisme dans les divers groupes de l’Assemblée. Il paraît qu’il n’eut aucun succès. C’est ce qui résulte du moins du passage suivant, emprunté à M. de La Guéronnière, un de ses thuriféraires les plus fervents et l’on pourrait dire les plus serviles :

« Ses antécédents parlementaires, ses lumières, sa courtoisie, son autorité, qui s’imposent par la grâce autant que par la supériorité, le rendaient merveilleusement apte à servir d’intermédiaire entre le président de la république et les chefs de la majorité. Il représentait le bonapartisme politique : entre les orléanistes qui l’aimaient et les légitimistes qui le recherchaient, il s’était employé à faciliter les rapprochements. Il était au milieu des rangs ennemis un ambassadeur de conciliation et de paix. Mais quand il reconnut que tout était inutile, et qu’il trouva devant lui les mêmes coalitions aveugles et ardentes qu’il avait combattues avec le patriotisme d’un véritable homme d’État, l’ambassadeur se fit soldat, et il fut le premier à conseiller de combattre après avoir vainement essayé de négocier une fusion des éléments divers dont se composait le parti de l’ordre, fusion qui seule pouvait le rendre invincible au socialisme. »

Quand ces lignes étaient publiées, M. de Morny était un des plus puissants personnages de l’Empire ; on le voit assez à toutes les perfections que ses panégyristes lui découvrent. Mais M. de La Guéronnière, dont la prétendue Étude contient d’ailleurs des platitudes bien plus écœurantes, et ne contient même que cela, se moque un peu trop du bon sens public quand il paraît se scandaliser que tous les partis n’aient pas voulu abdiquer entre les mains du président, quand il donne le nom de fusion à cette absorption qui était dans les prétentions de l’Élysée ; car il est clair que ce n’était pas une alliance qu’on demandait, mais la dictature ; enfin, quand il nous dit emphatiquement que M. de Morny se fit soldat et qu’il combattit. Mais ce sont là des questions délicates. Bornons-nous au récit des faits.

Quand le président de la république eut arrêté dans son esprit le plan et l’exécution du coup d’État, M. de Morny, qui vivait dans l’intimité de ses sentiments et de ses pensées, fut chargé, naturellement, de l’un des rôles les plus importants. Les historiographes de décembre racontent avec admiration que cet aimable gentilhomme montra beaucoup d’esprit pendant les préparatifs, que même il daigna faire des mots en préparant des proscriptions ; enfin, qu’il présida à la violation des lois avec une distinction parfaite et un dandysme accompli. Chargé, le 3 décembre 1851, du ministère de l’intérieur, et secondé par M. Maupas, préfet de police, il eut à prendre tout un ensemble de mesures pour la réussite du complot, contre-signa les décrets et actes du président, ainsi que les premières proclamations, et déploya en effet beaucoup de sang-froid et d’activité. Lors de la réunion des deux cents représentants à la mairie du Xe, ce fut lui qui signa l’ordre de disperser sur-le-champ ce centre de résistance et d’arrêter les députés. Le ministre de la guerre avait hésité à prendre sur lui de signer l’ordre, et tout pouvait être compromis par le retard et l’indécision. M. de Morny surveillait d’ailleurs tous les détails et ne ménageait pas ses conseils même au général Magnan. Il avait son système militaire, qu’il voulait faire prévaloir. Comme Cavaignac en juin, il voulait qu’on ne disséminât point les troupes, qu’on ne les épuisât pas à des escarmouches ; mais qu’au contraire on laissât « les insurgés s’engager tout à fait et des barricades se former, pour ensuite écraser l’ennemi et le détruire. »

Dans une autre dépêche, il revient sur les mêmes idées et il ajoute : « Je vous livre ces réflexions. Il n’y a qu’avec une abstention entière, en cernant un quartier et le prenant par la famine ou en l’envahissant par la terreur, qu’on fera la guerre de ville. »

Mettez ces gracieux conseils et d’autres encore en regard des courtisaneries ridicules de M. de La Guéronnière ; par exemple, de celle-ci :

« Ne reculant devant aucune responsabilité, il restait, jusque dans ses extrémités, gentilhomme et grand seigneur. À côté d’une mesure inflexible, il savait placer le procédé le plus délicat. Il restait aimable et poli, même en se montrant menaçant. »

M. de Morny n’occupa que peu de temps le ministère. Lorsque parurent les décrets du 13 janvier suivant, relatifs à la confiscation des biens de la famille d’Orléans, qu’il désapprouvait, il donna sa démission en même temps que MM. Fould, Rouher et Magne. Il se présenta alors, comme candidat du gouvernement, à Clermont, et fut élu député au Corps législatif. Après la mort de Billault, un décret l’investit de la présidence de cette assemblée (1854), qu’il conserva jusqu’à la fin de sa vie. Il remplit cette fonction avec l’aisance un peu cavalière d’un homme du monde, avec beaucoup de tact et d’esprit, mais non sans une certaine hauteur. Ce fut lui qui gagna à la cause dynastique un député de l’opposition, M. Émile Ollivier, qui devait inaugurer en 1870, avec le succès qu’on sait, un soi-disant Empire libéral. Dans la notice que nous consacrerons à ce dernier personnage, nous entrerons à ce sujet dans quelques détails intéressants.

De 1856 à 1857, M. de Morny fut ambassadeur à Saint-Pétersbourg. Il assista en cette qualité au couronnement d’Alexandre II, et il déploya dans cette solennité un faste, une magnificence qui ont laissé de longs souvenirs. Pendant son séjour en Russie, il épousa une personne appartenant à la plus haute aristocratie moscovite, à la famille Troubetskoï, et fut créé duc en 1862.

Depuis l’attentat du 2 décembre 1851, M. de Morny s’était associé activement à de vastes affaires, chemins de fer, sociétés, mines, entreprises de toute nature, etc. Il avait aussi fondé, comme spéculation ou par caprice de grand seigneur, une station de bains de mer pour la société aristocratique, Deauville, en face Trouville. Des hôtels somptueux s’élevèrent sur une grève mouvante ; un hippodrome fut établi pour des courses, et la statue en bronze du fondateur, due au sculpteur Iselin, y fut érigée en 1867. Mais cette création factice n’a pu prospérer. Parmi les affaires auxquelles M. de Morny se trouva mêlé et qui lui rapportaient pour la plupart des revenus considérables, quelques-unes eurent un fâcheux retentissement. Celle qui donne la plus triste idée de ce personnage est l’affaire des bons mexicains, dont nous avons parlé à la biographie de Jecker, et qui contribua à lancer la France dans la malheureuse expédition du Mexique.

« M. de Morny aimait la vie, dit Eugène Pelletan, et, pour la prolonger indéfiniment, il avait dans sa poche je ne sais quelle fiole de pharmacie anglaise ; mais voici qu’à l’improviste, un jour qu’il avait un bon mot à préparer pour la Chambre, un vaudeville à terminer, un tableau à acheter, une opération de Bourse à liquider, une suppliante à entretenir en particulier et un conseil à donner à l’Empire chancelant, il chancelle le premier sur lui-même et il meurt d’hémorragie en rendant le sang par les oreilles et par les narines. » Bien qu’il dépensât énormément, il laissa à ses enfants plusieurs millions. Ses collections de peinture et de curiosités furent vendues aux enchères, et sa veuve se remaria, trois ans après sa mort, avec un grand d’Espagne, le duc de Sesto.

Pendant les courts loisirs que lui laissaient ses multiples occupations d’homme politique, d’homme du monde, d’homme d’affaires, d’amateur à la recherche de curiosités, de possesseur d’une écurie nombreuse dont les chevaux figuraient sur tous les champs de courses, le duc de Morny écrivait de petites pièces, assez médiocres du reste, qu’il signait du pseudonyme de M. de Saint-Rémy. Parmi ces pièces, qui ont été jouées à l’hôtel de la présidence du Corps législatif, nous citerons : Sur la grande route (1861), proverbe en un acte ; Monsieur Choufleury restera chez lui le 24 janvier (1861), opérette en un acte ; les Bons conseils, comédie ; Pas de fumée sans un peu de feu, proverbe ; la Manie des proverbes, proverbe ; les Finesses du mari, comédie ; la Succession Bonnet, vaudeville, etc. Pour qu’on n’ignorât point qu’il était fils de la reine Hortense, M. de Morny portait dans ses armes un hortensia barré.


MORO s. m. (mo-ro). Ichthyol. Espèce de poisson du genre gade.

MORO (Christophe), doge de Venise, mort en 1471. Ses grandes richesses, beaucoup plus que son mérite, lui valurent d’être nommé procurateur de Saint-Marc, puis doge (1462) en remplacement de Malipiero. À cette époque, les Turcs possédaient une partie de la Morée, dont le reste était à Venise. Le pacha de Morée s’étant emparé d’Argos, le doge envoya, en 1463, Loredano reprendre cette ville. Le général vénitien réussit dans sa mission, échoua devant Corinthe et remporta devant Napofi de Romani une éclatante victoire sur les Ottomans. Malgré ce succès, Moro fit appel à tous les princes chrétiens pour obtenir des secours et Pie II prêcha une croisade en ce sens. Mais Pie II étant mort au moment où allait commencer une nouvelle expédition contre les Turcs, la flotte des croisés fut uniquement tournée contre les chevaliers de Saint-Jean de Jésusalem, qui retenaient deux vaisseaux vénitiens. Deux ans plus tard, en 1466, les Vénitiens prirent et saccagèrent Athènes. Mahomet II en tira de sanglantes représailles, puis, voulant frapper un grand coup, il alla attaquer l’Ile de Nègrepont, fit le siège de la capitale de l’île, que défendit héroïquement Erizzo, et s’en empara (1470). Moro provoqua alors parmi les princes chrétiens une ligue formidable:contre les Turcs et mourut sur les entrefaites. Ce doge, sans capacité et sans énergie, se montra hypocrite, avare, perfide et vindicatif.

MORO l(Antonio), célèbre peintre hollandais. V. Moor.

MORO (Battista del), peintre italien. V. Battista d’Agnolo.

MOROCARPE s. m. (mo-ro-kar-pe — du lat. morum, mûre; karpos, fruit). Bot. Blite, plante qui produit un fruit composé auquel ses calices charnus donnent l’aspect d’une mûre.

MOROCHEN s. va. (rao-ro-chain). Bot. Maïs de la Virginie.

MOROCHITE s. f. (mo-ro-ki-te). Miner. Terre douce et savonneuse employée par les anciens pour nettoyer les étoffes. Il Carbonate de chaux et de magnésie connu sous le nom

de DOLOMIE.

MOROCHITIDE s. f. (mo-ro-ki-ti-de). Miner, anc. Pierre merveilleuse décrite par Pline, et qui, selon lui, se couvrirait d’une sorte de sueur semblable à du lait.

MOROCHTUS s. m. Cno-ro-ktuss). Miner. Pierre indéterminée dont les anciens se servaient pour blanchir le linge, et à laquelle ils attribuaient des propriétés merveilleuses.

MORŒDJB s. m. (mo-ro-è-dje). Métrol. Monnaie d’argent des Perses.

JHOROGUES (Sébastien-François Bigot, vicomte dk), marin fiançais, né à Brest en 1705, mort en 1781. Il était depuis treize ans officier dans le régiment de royal-artillerie, lorsqu’il entra dans la marine en 1736. Dix ans plus tard, il était capitaine de vaisseau et, peu après, commissaire général d’artillerie. Commandant du Magnifique dans la funeste journée du 20 novembre 1759, il soutint seul, pendant une heure, un combat contre trois vaisseaux anglais et parvint à regagner l’Ile d’Aix. Nommé chef d’escadre eu 1764, inspecteur général d’artillerie en 1767, lieutenant général des armées navales en 1771, Morogues donna, dans ces diverses fonctions, de hautes preuves de sa capacité, et il était depuis longtemps désigné par l’opinion pour prendre le portefeuille de la marine, lorsque, a la suite d intrigues de cour, il fut exilé et passa le reste de sa vie dans ses terres. Ce fut lui qui, de concert avec plusieurs autres officiers de marine, créa à Brest, en 1749, une académie destinée à l’étude et aux progrès des sciences nautiques. Cette société, encouragée dès ses débuts par le ministre Rouillé, fut définitivement constituée sous le nom d’Académie de marine, en 1752, et eut de Morogues pour premier directeur. C’était un homme fort instruit, à qui l’on doit des ouvrages estimés : Essai sur l’application de la théorie des forces centrales aux effets de la poudre à canon (Paris, 1737, in-8") ; Tactique navale ou Traité des énolutions et des signaux (Paris, 1763, in-4o). On lui doit, en outre, des mémoires sur la Corruption de l’air dans les vaisseaux (1748), sur un Animal aquatique de forme singulière (1753), insérés dans le Me-

MORO

cueit de l’Académie des sciences ; un Traité de construction pratique (1748), resté manuscrit, et huit mémoires sur 594 mots composés pour le Dictionnaire de l’Académie de marine.

MOROGUES (Jacques-André-Isaac BIGOT, seigneur de Villandry et dk), tacticien hollandais, né à Utrecht en 1709. Il fut successivement gentilhomme de la cour du stathouder, major des gardes du corps de ce prince et général-major de la cavalerie de Hollande, On lui doit un Essai de tactique sur l’infanterie (Amsterdam, 1761, 2 vol. in-4 » ), qu’on a attribué à tort au marin Sébastien* François de Morogues.

MOROGUES (Pierre-Marie-Sébastien Bigot, baron de), minéralogiste, géologue, agronome français. V. Bigot dk Morogues.

MORON s. m. (mo-ron). Bot. Nom vulgaire de la morgéline moyenne.

MORON, VArunci des Romains, ville d’Espagne, province et à 41 kilom. S.-E. de Séville, au pied d’une montagne, sur la rive droite de la Guadeira, chef-lieu de juridiction civile ; 10, 192 hab. Fabrique de chapeaux, savon blanc, poteries, huile ; fours à chaux. Important commerce d’huile estimée. Ruines et antiquités romaines. Cette ville se forma autour d’un château fort romain, qui, plusieurs fois réédifié, fut détruit par les Français en 1312.

MORONDE s. f. (mo-ron-de). Iehthyol. Espèce de poisson du genre trigle.

MORONE ou MORONI (Domenico), peintre italien de l’école vénitienne, né à Vérone en 1430, mort vers 1500. Ses ouvrages rappellent la manière de J. Bellini et de Pisanello. On voit encore de lui, à Vérone, des fresques dans un bon état de conservation ; mais son chef-d’œuvre, le Christ conduit au supplice, n’existe plus. — Son fils et son élève, Giovannt-Froueesco Moronb, né à Vérone en 1474, mort en 1529, le surpassa comme peintre par la pureté du dessin, l’élégance du coloris, la grâce des figures. On cite, parmi ses compositions qu’on voit à Vérone:un Christ en croix, le Père Eternel et U SaintEsprit dans les nues, les portraits à’fresque des religieux olivétains qui furent papes. Les musées de Berlin et de Milan possèdent des Madones de cet artiste.

MORONE (Jérôme), diplomate italien, un des plus habiles politiques de son temps, né dans le Milanais vers 1450, mort en 1529. Formé à l’école de Louis le More, il montra de bonne heure une rare habileté pour les négociations et pour l’intrigue, devint, en 1512, vice-chancelier de Maximilien Sforza, au nom duquel il gouverna le duché de Milan, abandonna ce prince lorsque, après la bataille de Marignan (1515), il eut été dépossédé de ses États par les Français, et s’attacha alors à la fortune de François-Marie Sforza, qui le nomma son chancelier. Après avoir armé Léon X et Charles-Quint contre la France, il regretta d’avoir contribué à étendre le joug des impériaux sur Milan et conseilla au pape et à la république de Venise de se liguer avec François Ier (1525). Ses menées ayant été découvertes, il fut plongé dans les cachots de Pavie et n’en sortit qu’au prix de 20,000 florins (1526). Plus tard, il devint secrétaire du connétable de Bourbon, dont il gagna la confiance et dont il fut le principal conseiller, l’accompagna à Rome en 1527 et passa, après la mort de ce dernier, au service de Philibert, prince d’Orange, mis à la tête des armées impériales. Vers cette époque, il prit une part des plus actives à la paix qui fut conclue entre le pape et l’empereur, reçut, en 1528, le titre de duc de Bovino et mourut pendant le siège de Florence.

MORONE (Jean), cardinal italien, fils du précédent, né à Milan en 1509, mort à Rome en 1580. Il entra dans les ordres, reçut, en 1529, de Clément VII le siège épiscopal de Modène, dont il ne put prendre possession qu’en 1533, fut envoyé en Allemagne par Paul III en qualité de nonce (1536), amena avec beaucoup d’habileté Ferdinand, roi des Romains, et d autres princes réunis à Spire, h souscrire à la convocation d’un concile général (1540) et obtint, en 1542, le chapeau de cardinal. Morone alla assister à la diète de Spire en 1544, devint ensuite légat de Bologne jusqu’en 1548, se démit de l’évêché de Modène en 1550, passa, trois ans plus tard, à celui de Novare, fut arrêté par ordre de Paul IV en 1557, rentra en faveur sous le pontificat de Pie IV et reçut de ce pape la mission de présider le concile de Trente, qu’il clôtura en 1563. Depuis cette époque, il occupa successivement les sièges de Palestrina, de Frascati, de Porto, d’Ostie, et fut de nouveau légat à Gènes et en Allemagne sous Grégoire XIII. Dans Un conclave, ce cardinal obtint vingt-huit voix pour la papauté. On a de lui des Lettres, relatives aux négociations auxquelles il avait pris part, et un Discours, — prononcé au concile de Trente.

MORONB ou MORONI (Jean — Baptiste), peintre italien de l’école vénitienne, né à Aibiiio, près de Bergame, en 1510, mort en 1578. Il eut pour maître Al. Buonvicini, dit le Moretto, et s’adonna a la peinture d’histoire et au portrait. Ses grandes toiles sont également faibles au point de vue do l’invention et de la correction du dessin; mais ses portraits, qui sont fort nombreux, sont, au con-