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à Fostdnm cl un traitement de £00 écns.’Iîn l"37i Morgenstern se vit contraint par ordre du roi do soutenir une thèse sur la folie contre tous les professeurs de l’université. Après lajriort de Frédéric-Guillaume, il conserva sa pension et fut employé dans le travail de délimitation des frontières de la Sitésie. On a de lui : Nouvelle géographie politique (lénii, 17,35, in-4») ; Jus publicum imperii Jtussorum (Halls, 1736) ; Pensées raisonnables sw la folie et sur la dissertation composée et soutenue devant une auguste assemblée (1737, in*4°), écrit curieux ; Sur Frédéric-Guillaume'(1703), ouvrage, posthume. J ’.

1IORGES, petite ville de Suisse, canton de Vaud, k n kilom. S.-O. de. Lausanne, >çh.-L de district, sur une langue de terre de la rive septentrionale, du lao de Genève ; 3,627 hab. Fonderie de canons, usines ;, commerce da vins. Cette petite ville est agréablement située et bien bâtie ;, les rues sont larges, propres et tirées au cordeau. On y remarque une belle église et-iin château bâti au xm« siècle qui sert aujourd’hui d’arsenal. Cet arsenal contient une curieuse collection d’armes de toutes les époques. La situation avantageuse de Morges et l’activité de ses nabitants en font une des principales places commerciales du lac, surtout pour les vins, . Cette petite ville date du xe siècle. Après avoir appartenu aux ducs de Zsehringen, qui l’environnèrent de murs, Morges tomba sous la

domination des princes de Savoieet devint l’une des quatre bonnes villes ou cités privilégiées du pays de Vaud. En 1475, elle, fut conquise par les Bernois, . La Révolution l’a rendue au canton de Vaud. Près de Morges, on trouve les traces d’une ancienne voie romnine et l’on voit le donjon de Vufflens, haut de 50 mètres, qui fut bâti, dit-on, dû temps de la reine Berthe.

MORGÈTES (de Morges, successeur d’Italus), iribu pélasgique qui habitait l’extrémité S.-O. de l’Italie, près du détroit de Sicile. Les jEnotriens, autre tribu pélasgique, ayant en* vahi le territoire qu’occupaient lesMorgètes, ces derniers passèrent en Sicile avec les Sicules et y fondèrent Morgaiitium.

MORG 11 EN (Raphaël), graveur du grand-duc de Toscane, membre associé do l’Institut, né h Pnrtici en 1761, mort à Florence en 1833. Il appartenait à une famille de graveurs d’origine allemande qui s’établit à Montpellier, puis alla se fixer en, Italié. À ses débuis, il suivit les leçonstie son père Philippe-Charles et de son oncle Jean, apprit

d’eux à graver le paysage et la figure et fit de tels progrès qu’à douze ans il égalait ses premiers maîtres. Son père l’envoya étudier alors k Rome sous la direction de Jean Volpato, le premier graveur de l’Italie à cotte époque. Sous la direction de ce maître qui réagissait dans sou art contre le mauvais goût du xvrtie siècle, comme Louis David le faisait eii France pour la peinture, Morghen développa rapidement son talent, se mit à étudier avec ardeur les grands maîtres de la Renaissance et exécuta’ des planches d’une touche si facile et si heureuse, que Volpato’ voulut l’associer à sa fortune et à. ses travaux, en lui donnant la main de sa fille Dqmenica et en le chargeant d’exéçiiter quatre gravures représentant des peintures du Vatican. Cps gravures eurent Un grand succès ; Morghen put voler alors de ses propres ailes, et sa réputation s’étendit bientôt dans toute l’Italie. En 1794, à l’appel de Ferdinand III, duc de Toscane, il alla’se fixer k Flôremié, où il reçut un logement, une pension de 2,000 francs, à la, seule condition’d’ouvrir une école de gravure qui devint rapidement célèbre. Ce fut vers cette époque qu’il entreprit la gravure de la grande Cène de Léonard de Vinci, qui Se trouve dans le réfectoire des dominicains} k Milan. Cette planche, une véritable restauration, car l’œuvre du maître était devenue méconnaissable >par :S*iite de mauvaises retouches, lui coûta six aDS de travail et obtint un éclatant succès (1800). Cette gravure ; il est"’vrai, ’ était loin’d’être irréprochable, soiis le rapport de la vérité d’expression et de caractère ; mais étl r’evan- ’ che on y trouve les qualités Ordinaires de Morghen, la suavité de burin, l’aspect tranquille et doux, l’harmonie de l’ensemble. La Transfiguration, d’ftprès Rachats !, couimencée en 1795 et terminée en 181.1, eut moins de succès que la précédente pstampa du célèbre artiste. Mais sa réputation alors était telle que le premier^irage lui en fut acheté ou prix énorme dé 140,000 francs. À partir de ce moment, Mprghen travailla moins par lui-même ; il se Ht beaucoup aider par ses élèves et transforma sou atelier en Une sorte de fabrique, où il forma beaucoup plus d’ouvriers graveurs qu4 d’artistes. Associé de l’Institut o> France depuis 1803, il fit, en 1812, un voyage à Paris, durant lequel à fut présenté à Napoléon. Plus tard, Louis XVIII le décora de la Légion d’honneur et du cordon de Saint-Michel. Dans les derniers temps de sa vie, il grava fort peu. A mesure qu’il vieillissait, les tons de ses gravures devenaient de plus en plus passés et éteints, «.Sa facilité de main était prodigieuse, dit Feuillet de Couches ; son burin obéissant semblait courir sur le cuivre et nul homme au monde n’était plus maître de son outil. Il faisait toujours lui-même ses eaux-fortes et avançait beaucoup ses planches à l’eau-forte et à la pointe sèche. C’est

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lui 16 premier’qui’s’er.t-sîrvi de1 la pointe dans les chairs. L’étévation du style, la beauté des lignes, le caractère des têtes n’étaient point le fait de Morghen. Il s’était fait et conserva toute sa vie son dessin propre, mensonge aimable qu’il substituait uniformément au style de chaque peintre. Pour lui, la copie d’après laquelle il travaillait n’était qu Un accessoire, un thème k broderie, un motif et non pas un modèle. On eût dit que toutes ses planchés étaient exécutées d après le même maître. Son unique préoccupation était de plaire. C’est un maître, sinon dans le dessin, sinon dans ta force d’expression, sinon dans la couleur et le caractère, du moins dans le charme exquis de l’exécution et dans l’harmonie. L’œuvre de cet artiste se compose de 254 pièces. Les plus importantes et les meilleures sont celles qu’il exécuta à Florence.’ Outre les gravures précitées ; nous’ mentionnerons : le Miracle de Bolsena, le Parnasse, la MadOnna del Cardinello et la Madonna délia Seggiola, d’après Raphaël ; la Vierge et■ l’Enfant endortrti ; du Titien ; la Charité ; du Corrége- ; la Madonna del Saeco, "d’Andréa dél Sarto ;£atH< JeanBaptiste, <b Char du soleil, d’après le Guide ; la Sainte Famille, ’d’après Ru béns ; Loth et ses filles, d’après le Guerchin ; la Madeleine pénitente, d’après Mnrillo ; Angélique etMédor, d’après Th. M’atteint ; le Repos en Égypte, la Sainte Famille, les Bergers d’Arcadie, d’après Poussin, etc. Citons encore le portrait de Moncade, d’après Van Dyck. Il a laissé, en outre, des eaux-fortes très-vives et très-spirituellement traitées et de nombreuses vignettes. ’ ■

MORG1ER (François), poète français, né à Villeneuve-lez-Avignon en 1688, mort à AVU gnon en 1726. II se fit recevoir avocat, mais abandonna bientôt le barreau pour leslettres et la poésie. Devenu membre d’une société de joyeux gastronomes’, désignée sous le nom de l’ordre de la Boisson, il prit une part active à la rédaction de là gazette burlesque, publiée par cette société et fondée eji 1703, par l’abbé de Charnes, sous le titre de Nouvelles de l’ardre de la Boisson. Comme le nom du typographe «Musçaù-Cramoisi, au papier raisin, » les noms des rédacteurs de cette feuille étaient représentés par des allégories : Frère des Vignes, Don Barrique :, M. de Ftaconyille, etc. Des livres imaginaires y étaient annoncés’de la même façon. C’étaient des Remarques sur les langues mortes, comme langue de oceuf, de cochon et autres, introduction à ta cuisine, par le frère Le Porc ; Manière de rendre l’or potable et l’argent aussi, par le frère LabuVette ; De arte bibendi, auctore Fr. Templier, etc. Les bouffonneries et les calembours dont cette feuille était remplie n’excluaient pas les traits tins et délicats. Pour n’en citer qu’un seul, on lisait dans les Nouvelles, sous la rubrique de Lisbonne, l’entre-filet suivant : ■ Le 20 février 1705, l’archiduc fit une superbe mascarade, suivi de l’amirante de Castille et de quelques seigneurs portugais. H était masqué en roi et, dans cet équipage, il ne fut reconnu de personne. L’amirauté dansa les folies d’Espagne, qui est la danse ordinaire. • Parfois, les. Nouvelles de l’ordre dé la Boisson mettaient la politique en vers :

À la barbe des ennemis

Villars s’est emparé des lignes ;

S’il vient t s’tjmparer des vignes,

Voila les Allemands soumÎB.

Quant à la philosophie des spirituels rédacteurs, elle était aussi commode qu’agréable : Je donne & l’oubli le passé,

Le présenta l’indifférence.

Et, pour vivre débarrassé,

L’avenir à la Providence.

La grande part que Morgier prit k ces jeux d’esprit lui acquit une réputation qui parvint jusqu’à Paris. Étant venu dans cette ville, lorsque les Nouvelles eurent cessé da paraître, il s’y vit très-recherché des gens du inondé et des gens de lettrés pour l’agrément et l’originalité de son esprit et fut admis sur le pied d’une sorte de familiarité par la princesse Elisabeth de Conti, qui, dit-on, travailla avec lui à la composition de ces plaisanteries agréables qui faisaient son amusement et celui de la cour.

MORGITE s. m. (mor-ji-te). Hist. relig. Membre d’une secte mahométane.

MORGUE s. f. (mor-gha. — L’origine de ce mot est controversée. Grandgagnagë cite le languedocien morga, museau. Chevallet le rapporte au celtique : écossais moireâs, hauteur, fierté, orgueil, morgue, de mor, grand, magnanime, majestueux, noble ; kynirique mator-valc, de mawr ; armoricain meur, grand, majestueux, magnanime, weitrtted, ’grandeur, meurdes, majesté ; irlandais mor, grand, moireis, grandeur, morughadh, magnificence, moraigeantachd, magnanime. D’un autre côté, Délâtre rapporte morgue à l’anglais muky, danois mark, éteint, sombre, qu’il rattache au sanscrit murkha, troublé, de la racine mtirfch, troubler ; morgue aurait été primitivement adjectif et aurait signifié sombre, grave, d’où l’acception de mine sombre et grave, orgueil, fierté. Quant à la morgue où 1 on expose les corps des personnes inconnues, Ménage fait venir le mot de morgue, visage. « Ue là, dit-il, on a appelé morgue le second guichet OÙ l’on tient quelque temps ceux qui entrent en prison, afin que les guichetiers les regardent fixement et s’impriment si bjen

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l’idée de leur visage dans l’imagination, qu’ils ne puissent manquer de les reconnaître. De là aussi on appelle morgue un endroit du Grand-Châtelet, à Paris, où les corps morts dont la justice se saisit sont exposés à la vue du public afin qu’on puisse les reconnaître. » Ce qui s’oppose à cette étymologie, c’est que, d’après Mercier, l’on doit dire morne, et non pas morgue : « C’est à l’Hôtel-Dieu, c’est à la morne que l’on aperçoit les.nombreuses et déplorables victimes des travaux publics et d’une nombreuse population. » Il est possible cependant que ce morne de Mercier soit une faute). Air de gravité pédantesque : Mon oncle Thomas tenait aussi bien sa morguk qUr’un.préfet de collège. (Le Sage.)

— Par ext. Fierté méprisante : Avoir de la morgue. Montrer de là morgue, Quand un horiime est trop petit pour contenir sa fortune, il survient sur toute sa personne-un gonflement diir et vide, ce qu’on appelle morgub. (Lemôntey.)

—r Loc. fam. Faire la morgue, Faire des bravades, défier quelqu’un.

— Administr. Endroit d’une prison où les guichetiers examinent et fouillent les prisonniers avant de les écrouer. Il Endroit où’ l’on expose les cadavres des personnes inconnues, afin que l’on puisse les reconnaître et les réclamer, s’il y a lieu : Cette pauvre société idiote, qui s’en va à la morgub en pas' sont par la Salpêtrière... (Lamenn.) La bohème, c’est le stage de la vie artistique, c’est la préface de l’Académie, de l’Hôtel-Dieu ou delà Morguh ; (H. Murger.)

— Pêche] Embouchure de la chausse du filet appelé bregiu. il Entrée de la maneha de certains autres filets.

—• Syiï. Morgiio, amour-propre, orgueil,

■aperlje. V. AMOUR-PROPRB.

— Encycl. La Morgue de Paris est située derrière Notre-Dame, entre Je porit Saint-Louis et le pont de l’Archevêché. Cet édifice, récemment construit, remplace depuis le mois de mars 1S64, le petit monument assez semblable k un tombeau grec élevé sur le quai du Marché-Neuf, quartier de la Cité, par ordonnance de police du 29 thermidor an XII. La Morgue est ouverte au public tous les jours, k six heures du matin en été et à sept heures en hiver ; elle est fermée à huit heures eu été et a la nuit tombante en hiver.

C’est un bâtiment composé d’un rez-dechaussée seulement et formé d’un pavillon central dominant de quelques mètres deux ailes qui se développent à droite et àgnuche. Il a la figure d’un triangle dont la base est en ■ façade et qui s’enchâsse dans la pointe orientale de la Cité. Le pavillon du centre est percé de trois grandes portes en arcades, par lesquelles on pénètre dans un vestibule exhaussé de plusieurs marches, où stationne le public. Au fond, et parallèlement à la façade, se trouve la salle d’exposition, close par un vitrail. Derrière ce funèbre châssis sont alignées, sur deux rangs, douze tables en marbre noir ; les six tables adossées au mur sont principalement affectées au- service des corps qui ont séjourné dans l’eau ; elles sont taillées à gorge et percées, vers leur partie inférieure, d une ouverture pour l’écoulement des eaux ; chacune de ces ouvertures aboutit à un tuyau qui correspond avec un caniveau soùs dalles se rendant à la Seine ; des robinets, terminés par un petit tuyau criblé intérieurement et à son extrémité de trous très-fins, de manière à figurer un arrosoir, et placés au-dessus de la tête, laissent couler de l’eau fraîche sur le cadavre, afin d’en arrêter, autant que possible, la décomposition. Les tables d exposition de la Morgue sont inclinées vers le vitrage et à l’extrémité supérieure de chacune d elles repose, soulevée par une sorte d’oreiller de cuivre et de façon à être bien en vue, la tête du cadavre, lequel est étendu la face tournée du côté du public, les parties sexuelles couvertes par un tablier de cuir ; une barre de fer pass^ au-dessus des tables ; les vêtements v sont accrochés, ainsi que le long du mur ; l’exposition des vêtements date de juillet 1830. A cette époque, l’encombrement fut tel à la Morgue qu’on imagina de placer des tringles eii bois, garnies de crochets, dans la salle d’exposition, afin de faciliter, par la vue des effets ayant appartenu aux victimes, la reconnaissance de ces dernières ; cette mesure

a été conservée. Elle était, d’ailleurs, prescrite par l’arrêté du 9 floréal an VIII. La salle d exposition est éclairée par le haut, au moyen d’un vitrail enchâssé dans.le plafond. Au fond est une porte pour les besoins du service.

Dans le vestibule réservé au public s’ouvre, adroite, le bureau des surveillants, auquel correspond du dehors une sonnette de nuit ; à gauche, le bureau du greffe. Des inscriptions, gravées sur les murailles, informent le public qu’il n’en coûte absolument rien pour une reconnaissance et. que toutes les formalités sont gratuites.

Avant d aller plus loin et sans rien ajouter à l’étymologie du vieux mot français morgue donnée plus haut, rappelons ici qu’autrefois, k l’entrée des prisons, se trouvait un second guiehet où l’on tenait quelque temps ceux que Ton écrouait, afin que les guichetiers, les soumettant à une rigoureuse inspection, pussent s’imprimer dans la mémoire 1 idée de leur morgue ou visage assez profondément pour

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les reconnaître en cas de tentative d’évasion. On appela morgue ce second guichet. Plus, tard, on expos* dans les morgues les corps inconnus dont la justice s’était saisie ; ils y restaient plusieurs jours et les passants étaient admis h les venir regarder et reconnaître par un guichet pratiqué dans la porte. À Paris, la morgue, considérée comme dépôt de ces cadavres, était située au Grand-Châtelet et s’appelait la Basse-Geôle ou Morgue. EUo existait déjà en 1604, ainsi que le constate une pièce du temps. Une autre morgue se trouvait k Chaillot, sur le bord de la rivière, non loin du corps de garde de la compagnie du lieutenant criminel en robe courte et attenait k la prévôté royale de Chaillot. La Géométrie pratique divisée en quatre livres, ’ de Manesson-Mailet (1702), renferme une curieuse estampe représentant la cour du Grand-Châtelet ; au fond, a gauche de la porte da milieu, sont deux petites portes ; la première était la porte de la Morgue ; la seconde ouvrait sur une cour très-étroite dans un coin de laquelle était un puits dont l’eau servait à laver les corps, qu’on portait ensuite dans la salle basse appelle morgue, près du vestibule du principal escalier. Sous le vestibule, à gauche, une lucarne avait vue sur ce lugubre caveaij. Le public montait les marches de cet escalier et appliquait l’œil k la lucarne. La Morgue du Châtelet est également indiquée sur le plan de La Caille (17U). Avant son établissement, les filles hospitalières de Sainte- ; Catherine, les catherinettes, comme les appelait familièrement le peuple, prenaient en dépôt at ensevelissaient les corps inconnus trouvés dans la rue auprès de la rivière. Elles étaient obligées à ce pieux devoir par les statuts de leur maison ; elles continuèrent de l’accomplir après l’institution de la Basse-Geôle. Cette Bassè-Geôle, ou Morgue, .endroit humide, réduit infect où les cadavres jetés les uns sur les autres attendaient que les parents, une lanterne k la main, vinssent les y reconnaître, exista jusqu’en 1804, époque k laquelle fut construit le bâtiment que l’on voyait, il y a quelques années encore, a l’extrémité nordesl du pont Saint-Michel. L’ordonuance du 29 thermidor an XII, portant affectation spéciale du nouveau bâtiment de la Morgue, reii ; ferme les dispositions suivantes :

tArt. l«r. a compter du l« fructidor prochain, la Basse-Geôle du ci-devant Châtelet de. Paris sera et demeurera supprimée.

Art. 2. A compter du même jour, les cadavres retirés de la rivière ou trouvés ailleurs, dans le ressort de la préfecture de police, et qui n’auraient pas été réclamés, seront transportés et déposés dans la nouvelle Morgue, établie sur la place du Marché-Neuf (aujourd’hui quai du Marché-Neuf), quartier de la Cité. Ils y resteront exposés pendant trois jours, à moins qu’ils n’aient été réclamés dans un moindre délai. Ils ne pourront être inhumés sans un ordre du préfet de police. »

En l$09, il avait été déjà question de transférer la Morgue entre le pont Saint-Michel et le Petit-Pont ; puis, en 1830, elle avait été reconstruite et agrandie.

> L’établissement de la Morgue, disent MM. Félix et Louis Lazare, est spécialement destiné k l’exposition publique des individus sur l’état civil et le domicile desquels on n’a pu se procurer de renseignements suffisants pour faire dresser leurs actes de décès. Le but que l’administration s’est proposé d’atteindre par l’institution de la Morgue est évidemment d’arriver k ce que le plus grand nombre possible de corps qu’on y transporte soit reconnu. Une exposition publique prolongée serait sans doute le meilleur moyen d’arriver k ce résultat, mais de" puissantes considérations de salubrité né permettent pas, dans l’état actuel de la science, de s’arrêter sérieusement k ce moyen, et il est aujourd’hui reconnu que les cadavres ne peuvent sans inconvénient séjourner plus de trois jours k la Morgue. C’est donc dans ce délai assez restreint qu’il s’agit d’obtenir les reconnaissances, puisqu’au delk elles ne pourraient être opérées que sur le vu des effets seulement et présenteraient dès lors plus de difficultés’et surtout moins de certitude. » Dans un Mémoire sur l’assainissement des amphithéâtres d’anatomie et de la Morgue de Paris, et sur un nouveau mode d’embaumement, le docteur Sucquet disait en 1844 : ■ J’ai laissé entrevoir déjà, dans cette communication, l’intérêt que l’injection (chlorure de zinc neutre) des cadavres de la Morgue peut offrir pour la constatation de l’individualité des morts qu’on apporte dans cet établissement, soit en prévenant leur putréfaction, soit en l’arrêtant lorsqu’elle s’est développée et en ramenant les tissus, souvent verdâtres et crépitants, k l’aspect qu’ils offrent après la mort. Outre que cette méthode favoriserait la recherche de la criminalité, il serait décent et convenable que dans une ville comme Paris, qui peut se dire, à bon droit, le centre des mœurs élégantes et civilisées, on ne fût point obligé d’étaler k tous les yeux le spectacle hideux de la décomposition humaine. »

Le service de la Morgue a subi depuis quelques années des améliorations importantes. Des résultats très-satisfaisants ont été obtenus pour hâter les reconnaissances ; c’est ainsi que, en 1830, 4 corps seulement étaient réclamés sur 10, et aujourd’hui les reconnais Q

sances s’élèvent à près des — ; autrefois, les