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vocation poétique en mettant en octaves les quatre premiers chants de Yltalia liberata de Trissin, puis il perfectionna et épura son talent en lisant les auteurs classiques, Dante, Pétrarque, et il était déjà, connu par divers ouvrages qui accusaient un talent réel lorsqu’il mourut à vingt-cinq ans. Nous citerons de lui : Osservazioui sopra il commenta délia Divinacommedia di Dante (Vérone, 1751, in-s°) ; des tragédies : Il Medo et Teonoe (Vérone, 1755) et un recueil de poésies : Sonelti e canzoni (Vérone, 1756).

MORANNES, bourg et commune de France (Maine-et-Loire), cunt. de Durtal, arrond. et à 36 kilom. N.-O. de Baugé, sur la rive gauche de la Sarthe ; pop. aggl., 1,050 hab.pop. tôt., 2,401 hab. Pêche et navigation ; teinturerie, huilerie. Commerce de graines et de bestiaux.

MORANO-CALARRO, ville du royaume d’Italie, prov. de la Oalabre Citérieure, district et à 6 kilom. N.-O. de Castrovillari, ch.-l. de mandement ; 8,275 hab.

MORANO-SCL-PÔ, bourg et commune du royaume d’Italie, prov. d’Alexandrie, district et à 9 kilom. N.-O. de Casale, mandement de Bnlzola ; 2,390 hab.

MORANT (Philippe), antiquaire anglais, né à Saint-Sauveur (île de Jersey) en 1700, mort à Londres en 1770. Il obtint plusieurs bénéfices dans le comté d’Exeter. devint membre de la Société archéologique et fut chargé, en 1748, de continuer la collation des registres du Parlement. Ses principaux ouvrages sont : Cruelties and persécutions of the liomish church disployed (Londres, 1728, in-8°) ; Account of the Spanish invasion in 1588 (Londres, 1739) ; Geotjraphia antiqua et. nova (Londres, 1742) ; A summary of tke hislory of England (Londres, in-fol.) : History and antiguities of Colchester (Londres, 1748, in-fol.) ; Ilistory of Essex (Londres, 1760-1768, 2 vol. in-fol.).

« ’ MORARD DE GALLE (Justin-Bonaventure), amiral français, né à Gonselin (Dauphiné) en 1741, mort à Guéret en 1809. Il entra dans la marine en 1757, devint enseigne en 1765, fit des campagnes dans la Méditerranée contre les corsaires, dans l’Inde, eu Amérique contre les Anglais, reçut le grade de lieutenant en 1777, prit part au combat d’Ouessant (1778), à la victoire riavale remportée dans les eaux des Antilles, par le comte de Guichen, sur l’amiral anglais Rodney, en 17S0, et fut nommé capitaine en récompense de sa brillante conduite au combat de Praya, dans l’Inde (1781). À l’époque de la Révolution, Morard n’émigra point, contrairement h l’exemple donné par la plupart des officiers de la marine. Il fut promu contre-amiral en 1792, arrêté deux ans plus tard, mai 3 relâché après le 9 thermidor, reçut le grade de vice-amiral en 1790 et obtint alors le commandement d’une division navale chargée d’opérer une descente en Angleterre. Cette expédition échoua par suite du mauvais état de la mer. Après le 18 brumaire, Morard de Galle devint membre du Sénat (1799), dont il fut un des secrétaires en 1803, et Napoléon lui donna, en 1804 ; la sénatorerie de Limoges et le titre de comte. La ville de Guéret a élevé à ses frais un monumentàce brave marin, qui avait fait trente-sept campagnes, pris part à onze combats et reçu huit blessures.

MORAS, bourgetcomin.de France (Drôme), cant. du Grand-Serre, arrond. et à 56 kiv loin. N. de Valence, sur le liane d’un coteau ; pop. aggl., 1,326 hab. — pop. tôt., 3,803 hab. Commerce de graines et fourrages. Vestiges d’un château fort détruit sous Louis XIII^ et restes d’anciennes fortifications.

MORAS (Gaspard-Balthasar-Melchior), marin français, né à Boulogne-su r-Mer en 1772, mort à Brest en 1824. Dès l’âge de quatorze ans, il entra dans la marine, se signala rapidement par sa bravoure, fit des campagnes à Saint-Domingue et aux États-Unis, devint enseigne en 1792, remplit ensuite sur l’Océan, vaisseau de l’amiral Villaret-Joyeuse, les fonctions de lieutenant, d’aide-major de l’armée navale et assista avec beaucoup de distinction aux affaires de prairial et do messidor an III. Nommé lieutenant en 179G, il prit part à la campagne d’Irlande, reçut, en 1799, le grade de capitaine de frégate, rendit beaucoup de services à l’amiral Bruix, qui se l’attacha en qualité de capitaine-adjudant, passa ensuite à Saint-Domingue, d’où la maladie le força de revenir en 1802, et fut nommé, en 1803, capitaine de vaisseau, sous-chef d’étatmajor de la flottille réunie à Boulogne dans te but d’une descente en Angleterre. Les preuves de courage et d’habileté dont il fit preuve dans ces fonctions attirèrent l’attention de Napoléon, qui le nomma officier de la Lésion d’honneur et colonel du 2e régiment de Ta flottille. Envoyé à Anvers, il repoussa à deux reprises les Anglais et contribua à conserver à la France la flotte et l’arsenal de Cette ville. En 1815, il prit le commandement du 7e régiment de marine ; mais, a la seconde rentrée des Bourbons, il fut brutalement destitué, comme partisan de l’Empire. Néanmoins il obtint, l’année suivante, une pension de retraite et se relira à Brest, où il remplit les fonctions gratuites d’administrateur de l’hospice civil.

MORASSE s. f. (mo-ra-se). Nom que l’on

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donne, dans certaines contrées, à des marais ou fondrières.

— Typogr. Epreuve du journal, quand il est on pages.

MORASSIER s. m. (mo-ra-sié — rad. morasse). Typogr. Ouvrier typographe qui exécuta les corrections indiquées sur la morasse.

MORAT, en allemand il/urfen, ville de Suisse, canton et à 15 kilom. N. de Fribourg, sur le lac du même jiom ; 1,850 hab. Cette ville, bâtie sur une colline, fut successivement ravagée par les barbares et par l’empereur Conrad, en 1034 ; en 1152, parBerthold IV ; puis, elle appartint aux ducs de Zaehringen. Les confédérés s’en emparèrent en 1476, après avoir livré sous ses murs* une bataille célèbre (v. ci-après). La ville basse renferme divers entrepôts de marchandises et plusieurs établissements industriels. Les fontaines, l’église paroissiale, le château (xme siècle), des restes de murs d’enceinte, l’hôtel de ville, l’hôpital et le collège attirent l’attention dans la ville haute.

Le lac de Morat a 20 kilom de circonférence, 7,795 mètres de longueur, 3.888 mètres de.largeur et 52 mètres de profondeur. Il reçoit la Broyé et les ruisseaux de Chandon et de Biberen. Des roseaux couvrent ses bords. On y pêche un poisson appelé silure, qui pèse quelquefois do 25 à 40 kiiogr. Par moments, les eaux du bord du lac prennent une teinte rouguâtre, produite par la floraison d’une plante du genre des oscillatoires.

Momi (bataille de). Quelques semaines après la bataille de Granson, Charles le Téméraire se reporta en avant et s’établit à Lausanne pour y réformer son armée. Il eut bientôt réuni 5,000 Flamands, 6,000 Luxembourgeois, 4,000 Italiens et 3,000 mercenaires anglais, et, dans les premiers jours de juin, il se retrouva aussi fort qu’à Granson. Il alla, le 10 juin, mettre le siège devant Morat, petite, mais forte ville, située à 5 lieues de Berne, dont elle était comme le boulevard. Bien que les Suisses se fussent dispersés après la bataille de Granson, ne croyant pas Charles en état de rentrer sitôt en campagne, Morat ne fut pas prise au dépourvu. Les gens de Berne avaient surveillé les préparatifs du duc et, au premier bruit de sa marche, 1,600 hommes d’élite se jetèrent dans Morat, commandés par Adrien de Bubenberg, qui avait été longtemps en Suisse le chef du parti bourguignon. Pendant dix jours, on vit arriver successivement sous la ville assiégée les différentes bandes des confédérés, auxquels vinrent se joindre les milices de Strasbourg et celles de plusieurs villes de Souabe, le jeune duc René II de Lorraine avec tout ce qu’il avait pu rassembler de cavaliers lorrains et allemands, et enfin les gens du pays de Zurich. Dans cet intervalle, Charles avait vainement essayé d’emporter Morat de vive force ; il avait été repoussé dans trois assauts meurtriers.

Le 21 juin 1476, les confédérés franchirent la Sarine, rivière qui coule à moitié chemin entre Berne et Morat. « Ils pouvaient être 31,000 hommes de pied, dit Commines, bien choisis et bien armés ; c’est à savoir : 11,000 piques, 10,000 hallebardes, 10,000 couleuvriers (arquebusiers) et 4,000 hommes de cheval. » lis formaient donc une puissante armée de 35,000 hommes. Le 22 juin, ils se partagèrent en trois corps de bataille. L’avant-garde était commandée par Hans de

Hallwyl, de Berne-, le centre, par Gaspard Hertenstein, de Lucerne, et Henri Waldmann, de Zurich, arrivé le matin même avec ses gens, o La veille au soir, dit M. Michelet, pendant que tout le monde à Berne était dans les églises à prier Dieu pour la bataille, ceux de Zurich passèrent. Toute la ville fut illuminée ; on dressa des tables pour eux ; on leur fit fête. Mais ils étaient trop pressés ; ils avaient peur d’arriver tard ; on les embrassa, en leur souhaitant bonne chance... Beau moment... de fraternité si sincère et que la Suisse n’a retrouvé jamais I à Le duc de Lorrainé et le comte de Thierstein commandaient la cavalerie. « Avant qu’on se mit en mouvement, dit à son tour M. Henri Martin, les comtes de Thierstein et d’Eptingen conférèrent l’ordre de chevalerie à tous les capitaines des bourgeois et des montagnards ; le duc de Lorraine reçut l’ordre avec le doyen des bouchers qui portaient la bannière de Berne, sublime égalité de l’héroïsme devant la mort. »

En voyant s’avancer les Suisses, Charles, de son côté, était sorti de ses retranchements et avait rangé son armée en bataille. Mais, jusqu’à midi, chaque armée resta immobile et attendit l’attaque de l’autre. Les Bourguignons, transis par une pluie froide qui était tombée toute la nuit précédente, rirent alors un mouvement pour rentrer dans leur camp, croyant que les Suisses n’oseraient pas les attaquer dans la forte position qu’ils occupaient, couverts par un fossé profond derrière lequel s’étendait une haie vive, épaisse et impénétrable. En ce moment, le ciel s’eclaircit et toutes les campagnes voisines furent inondées de lumière..

« Braves gens, cria Hallwyl a son avantgarde, Dieu nous envoie la clarté de son soleil ! Allons, pensez à vos femmes, à vos enfants, et vous, jeunes gens, à vos amoureuses I »

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« Granson ! Granson ! » tel fut le cri qui répondit à ces naïves et généreuses paroles, et les rudes montagnards se ruèrent tous en avant, droit au camp de Bourgogne. La lutte fut longue et sanglante, et non plus une déroute comme à Granson. Le corps de bataille des Suisses, couvert par la colline et le bois, s’était avancé presque tout près des Bourguignons, et s’était élancé vers un large passage où le fossé et la haie, interrompus, formaient une espèce de porte donnant accès dans la position des Bourguignons. En même temps, les plus robustes montagnards se précipitaient sur d’autres points dans le fossé, arrachaient la haie de leurs mains vigoureuses et s’efforçaient de transporter au delà leur artillerie. Les deux armées étaient à peu près égales en force, mais celle du duc avait perdu l’ensemble et la confiance en elle-même qu’elle possédait avant ta bataille de Granson. Elle se défendit, néanmoins, vaillamment et les Suisses furent repoussés à plusieurs reprises. Les Suisses tombaient en foule sous les décharges meurtrières de l’armée de Bourgogne, et Ta cavalerie de Charles exécuta plusieurs charges avec succès. Le duc commençait àespérerlavictoire et la«recouvrance » de son honneur, lorsque soudain un effroyable tumulte éclata dans son camp. Hans de Hallwyl, avec son avant-garde, avait filé le long du retranchement, l’avait tourné et s’était jeté au milieu des quartiers de Charles. En même temps, le reste des confédérés revenait à la charge, franchissant le fossé et la haie, s’emparant de l’artillerie des Bourguignons et la tournant contre euxmêmes. Ceux-ci, néanmoins, se défendirent avec une rare valeur ; mais rien ne put tenir contre la furie des montagnards. Là tombèrent lo duc de Sommerset qui commandait les Anglais, le comte de Marie, fils aîné du connétable de Saint-Pol, resté au service de celui qui avait livré son frère ; les sires de Grunberghes, de Rosimbos, de Mailly^ de Montagu, de Bournonville et une foule d’autres des meilleurs officiers de Charles.

Tandis que l’aile droite des Bourguignons était ainsi ravagée par les troupes confédérées, Adrien de Bubenberg sortait de Morat à la tête de la garnison et attaquait par derrière l’aile gauche, que défendait le « Grand Bâtard, » Antoine de Bourgogne, frère du duc, qui se défendit avec une bravoure désespérée, mais inutile. Pendant ce temps-là, Hertenstein, qui commandait l’arriêre-garde des Suisses, continuait à se déployer sur la gauche pour tourner entièrement la position des Bourguignons et commençait à leur couper la retraite sur le pays de Vaud. On vit alors tomber la bannière du duc, puis celle du « Grand Bâtard, » et ce fut le double signal de l’anéantissement de l’armée bourguignonne qui commença à se disperser de toutes parts. Sa longue résistance n’avait servi qu’à rendre le massacre plus effroyable. Lorsque Charles vit son camp au pouvoir des vainqueurs et des milliers de cadavres bourguignons en joncher l’enceinte, il se résigna à prendre encore une fois la fuite devant ces « vilains, » qu’il avait tant dédaignés, et s’ouvrit un passage, la rage dans le cœur, à la tête de 3,000 chevaux qui ne tardèrent pas à se disperser, et lorsque, après une course de douze lieues, il arriva à Morges, sur le lac de Genève, il n’avait plus que douze compagnons. Les Suisses, qui, cette fois, ne manquaient pas de cavalerie, poursuivirent les fuyards avec acharnement ; s ou 10,000 Bourguignons demeurèrent sur le champ de bataille ; plus de la moitié d’entre eux avaient été tués de sang-froid après le combat ; les Suisses ne faisaient pas de prisonniers.

Les cadavres des vaincus, au rapport de Commines, furent jetés dans une fosse immense qu’on remplit de chaux vive ; quand les corps fuient consumés, on entassa les ossements dans une chapelle appelée VOssuaire des Bourguignons. On y lisait cette inscription : Deo uptimo maximo. Jnclytiet fortissimi Burgundim ducis exercitus, AJoratum obsidens, ab JJeluetiis, hoc sui monumentum reliquit. (À Dieu très-bon et très-grand. L’armée du célèbre et très-vaillant duc de Bourgogne, détruite par les Suisses nu siège de Morat, a laissé d’elle ce monument.)

« Ce monument, dit M. Henri Martin, qui n’eût dû inspirer à des républicains que respect et sympathie, a été détruit en 179S par des régiments français composés de soldats bourguignons, dont le patriotisme peu éclairé vit une offense dans ce souvenir.

MORATA (Olympia-Fulvia), célèbre femme auteur italienne, née à Ferrara en 1526, morte à Heidelberg en 1555. Fille d’un professeur de Ferrare, toute jeune encore, elle attira l’attention par l’éclat de son intelligence et une singulière aptitude à comprendre la philosophie et les langues anciennes. Elle dut à ses talents précoces de partager les leçons de la jeune princesse d Este. Ayant perdu les bonnes grâces de la cour au moment de la mort de son père, Olympia resta avec une mère infirme, dans la pauvreté, avec trois sœurs et un frère en bas âge. En 1548, elle épousa un jeune médecin allemand, André Grundler, qui l’emmena en Allemagne. Ils habitaient Schweinfurt, où Olympia continuait ses travaux littéraires, lorsque, cette ville ayant été prise et livrée au pillage, la jeune femme parvint à s’enfuir avec son jeune frère ftt son mari. Après bien des tra MORA

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verses et des déceptions, Grundler fut appelé à Heidelberg comme professeur de médecine ; mais la santé d’Olympia était déjà épuisée par les peines qu’elle avait endurées ; elle expira l’année suivante, à la fleur de l’âge. Son frère et son mari lui survécurent à peine quelques mois et furent inhumés dana le même tombeau. Les œuvres d’Olympia Morata ont été publiées sous ce titre : Olym, ’ pis Ftilvis Morals, feminse doclissimx ac plane divins, opéra omnia qua hactenus inveniri poluerunt (Bâle, 1562, in-8°) ; elles se composent de trois discours, prononcés à Ferrare, sur les Paradoxes de Cicéron ; de VEtoge de Mut. Sessoola, de Lettres, de traductions et de vers grecs et latins. On doit à M. Jules Bonnet une intéressante étude sur cette femme distinguée : Olympia Morata, épisode de la Renaissance en Italie (Paris, 1864, in-12, 4cédit.).

MORATE s, m. (mo-ra-te). Chim. Sel produit par la combinaison de l’acide monque avec une base : Morate de chaux.

MORATELI.A, ville d’Espagne, province et à 65 kilom. N.-O. de Murcie, près de la Segnra ; 8,500 hab. Fabrication de draps, toiles, eauxdc-vie, savon blanc, huile. Commerce de vins renommés.

MORATEUR s. m. (mo-ra-tour — dû lat. mora, retard). Antiquit. rom. Officier chargé d’empêcher les chars de partir avant le signal, dans les courses du cirque.

MORAT1N (Nicolas-Fernandez de), poëte espagnol, né à Madrid en 1737, mort en 1780. À l’exemple de Mantiano et de Luzan et encouragé par de hauts personnages, tels que l’infant don Gabriel de Bourbon, le duc d’Qssuna, le duc de Medina-Sidonia, etc., il entreprit de réformer la littérature espagnole, surtout son théâtre, et d’y introduire les règles classiques adoptées en France. Il signala les défauts du théâtre espagnol dans son enseignement public et dans un pamphlet intitulé : Desengaiïo al teatro espanol (1762). Cette même année, il publia la Pelimetra (la Coquette), comédie composée d’après des modèles français en ce genre. Quelque temps aprè3, il donua une tragédie, Lucrèce, écrite d après les mêmes règles et qui, comina la pièce précédente, ne fut point représentée. Deux autres tragédies de lui, qui ont commencé en Espagne la réforme dramatique si brillamment continuée par son fils, Hormesinda (1770) etGuzman le Brave, furent jouées avec succès.- Outre ses pièces de théâtre, Moratin a laissé : Poeta, recueil de poésies (1764) ; Diana, poëme didactique en six livres (1765) ; Chant épique (1765), sur- la destruction des vaisseaux de Fernand Cortez, son chef-d’œuvre, et Obras postumas (Barcelone, 1821, 111-40). Certaines parties de ses œuvres sont fort belles et plusieurs petites pièces de vers de lui sont pleines de charme et de vivacité. Quant à son stylo, il est fort remarquable par la pureté, par l’exactitude du langage, par l’harmonie. Moratin composait avec soin, dit Ticknor, et finissait avec patience.

MORATIN (Leandro-Fernandez de), poBte comique espagnol, fils du précédent, né à Madrid en 1760, mort à Paris en 1828. Il s’exerça à la poésie académique dès sa jeunesse et débuta par un poBme sur la Prise de Grenade et une satire contre losnéologismes, la Leçon poétique, honorés tous deux d’une mention par l’Académie de Madrid (1782). Le goût et les tendances du réformateur littéraire apparaissent déjà dans ces deux petites compositions ; Moratin appartint dès lors à cette école qui répudiait l’originalité de la vieille littérature castillnne pour copier plus ou moins servilement les classiques français ; il préférait Laharpe et Voltaire à Caldoron et à Lope de Vega. Un voyage qu’il fit à Paris comme secrétaire du comte de Cabarrus (1787), la connaissance qu’il y lit de Goldoni, imbu du même goût pour nos classiques, ne rirent que la confirmer dans cette voie. De retour en Espagne, il chanta sur la mode lyrique l’nvétiement au trône de Charles IV, ce qui lui valut un petit bénéfice sur l’évèchô de Burgos, et quelques flatteries à Godoï lui firent accorder une rente sur celui d’Oviedo. Ces attaches officielles ne l’empêchèrent pas, en 1808, d’acclamer Napoléon, lorsque celui-ci renversa et Godoï et Charles IV.

C’est surtout au théâtre que Moratin a montré quelque mérite. Le Vieillard et la jeune fille, comédie en trois gctes et en vers, écrite en 1786 et représentée au théâtre dei Principe, à Madrid (22 mai 1790), eut un très-grand succès. Le théâtre espagnol était tombé si bas avec les faibles imitateurs des grands tragiques du x.vir» siècle que cette pièce, tout à fait dans le goût français, sembla annoncer une renaissance littéraire. Le Café, comédie en deux actes et en prose (7 février 1792) ; le Baron, comédie en deux actes et en vers (28 janvier 1803) ; la Dévote^ comédie en trois actes et en vers (19 mai 1804), achevèrent de placer Moratin à la tête des auteurs comiques espagnols. Mais c’est surtout par la jolie comédie, le Oui des jeunes filles, trois actes en prose (théâtre de la Croix, 24 janvier 1806), qu’il mérite d’échapper à l’oubli. Toutefois, les éloges hyperboliques dont il fut comblé par ses contemporains ne peuvent servir qu’aie diminuer dans l’estime du lecteur impartial et surtout des étrangers ; l’enthousiasme est de trop, appliqué à ces conceptions correctes, mais froides, k ces piècea