Révolution. En 1815, Montmédy, attaquée par les Prussiens, se défendit énergiquement et les força à battre en retraite ; néanmoins, Montmédy fut, en vertu du traité de paix, occupée par les Prussiens jusqu’en 1818. Lors de l’invasion des armées allemandes en 1870, Montmédy eut à subir un nouveau siège, dont nous allons parler plus loin. Cette ville subit encore une fois l’occupation étrangère et ne fut évacuée complètement que le 28 juillet 1873.
Montmédy (siége de). Lorsque les Prussiens
se présentèrent devant Montmédy le
2 et le 3 septembre 1870, la place était armée
de 65 pièces en batterie, dont 8 rayées ; ses
approvisionnements en munitions comprenaient
33,330 projectiles, 45,000 kilogrammes
de poudre à canon, 6,300 kilogrammes de
poudre à fusil et 803,000 cartouches de différents
modèles. De plus, elle était abondamment
pourvue de vivres. La garnison s’élevait
à 2,042 hommes, tant soldats de ligne
que gardes nationaux mobiles des départements
limitrophes ; elle s’augmenta dans la
suite d’environ 700 hommes provenant de
l’armée de Chalons et qui, faits prisonniers à
Sedan, avaient réussi à s’échapper des lignes
prussiennes.
Une première sommation de l’ennemi ayant été repoussée par le capitaine Reboul, qui commandait la place et en avait très-bien organisé la défense, le bombardement commença le 5, dès 8 heures du matin. En quelques heures, 4,000 projectiles criblèrent Montmédy et y allumèrent des incendies sur divers points, ce qui amena, comme on le vit ensuite à Mézières et à Strasbourg, des désordres scandaleux, pendant lesquels beaucoup de ces individus toujours prêts à profiter des malheurs publics et des soldats eux-mêmes se livrèrent au pillage des maisons incendièes. Le lendemain, contre toute prévision, l’ennemi s’éloignait pour ne ressaisir sa proie qu’au mois de novembre. Le capitaine mit à profit cet intervalle pour harceler les troupes prussiennes, postées à distance afin de surveiller la place ; il exécuta des sorties fréquentes et hardies, qui furent presque toujours couronnées de succès. La garnison, d’ailleurs, était remplie d’ardeur. C’est ainsi que, le 11 octobre, une faible colonne sortit de Montmédy et s’en alla audacieusement capturer 200 Prussiens établis à Stenay. Malheureusement, le commandement supérieur avait été plusieurs fois désorganisé à Montmédy. Le capitaine Reboul, malgré les preuves d’intelligence et d’activité qu’il avait montrées, fut révoqué par M. Testelin, commissaire de la Défense nationale à Lille, sur la dénonciation de trois officiers qui avaient abandonné la ville, et fut remplacé par un capitaine incapable, qui se vit destitué à son tour. Le commandement fut alors rendu à Reboul ; mais le 18 octobre, il dut en définitive le céder à M. Tessier, chef de bataillon du génie, qui le conserva jusqu’à la fin.
Le 15 novembre, les troupes allemandes se présentèrent de nouveau devant la place et commencèrent à l’investir. Le 11 décembre, le commandant fut sommé de se rendre, et, sur son refus, un second bombardement écrasa la malheureuse ville, qui dut capituler le 14.
Dans sa séance du 18 avril 1872, le conseil d’enquête a exprimé l’avis que « les dégâts causés dans la ville et aux bâtiments militaires par le feu de l’ennemi, l’impossibilité où se trouvait la place d’y répondre avec les deux seules pièces de 24 qui étaient en batterie et avaient une portée suffisante, la crainte de voir sauter les magasins à poudre déterminèrent le commandant Tessier à rendre la place sans qu’aucune demande ait été faite dans ce but par le conseil municipal ni par les habitants de Montmédy.
« Le conseil d’enquête est d’avis que le commandant Tessier a prolongé la résistance autant que ses moyens le lui permettaient, mais qu’il a eu tort de ne pas détruire, avant la signature de la capitulation, son artillerie, les armes, les munitions de toute nature renfermées dans la place. »
Le passage que nous avons souligné répond aux assertions de l’autorité militaire qui, pour dégager sa responsabilité d’autant, ici comme dans d’autres villes encore, avait prétendu avoir subi, en capitulant, une pression du conseil municipal et des habitants. Dans sa séance du 29 septembre 1870, le conseil municipal protesta énergiquement contre cette allégation intéressée :
« Non-seulement, dit la protestation, la population ni même aucun habitant n’ont fait aucune instance auprès du commandant supérieur Tessier pour le déterminer à capituler, mais l’honorable adjoint qui remplissait les fonctions de maire s’est fait un jour l’interprète de ses concitoyens et a pu, dans une circonstance qu’il rappellera, affirmer au commandant que jamais la population ne l’engagerait à se rendre. Aussi l’autorité militaire n’a-t-elle pas jugé à propos de consulter même la municipalité, qui n’a été avertie de la capitulation que par une lettre de M. Tessier ainsi conçue :
« Après une résistance à laquelle l’ennemi rend hommage, je suis obligé de subir la même capitulation qu’à Thionville. J’avais le choix entre la reddition de la place et la destruction complète de la ville et de la garnison. »
« Cette lettre renferme la preuve que l’autorité civile a été mise à l’écart, aussi bien pour ce qui concerne la défense de la place que pour les conditions de la capitulation. »
Prendre pour soi les honneurs quand il y en a et rejeter les humiliations sur ceux qu’on n’a même pas consultés quand il s’agissait de leur sort, tout autant que de celui de l’autorité militaire, c’est, en vérité, un système par trop ingénieux.
MONTMÉLIAN, en latin Mons Emelianus, bourg de France (Savoie), ch.-l. de canton,
arrond. et à 16 kilom. S.-E. de Chambéry,
sur la rive droite de l’Isère ; population aggl.,
1,073 hab. — pop. tot., 1,141 hab. Commerce
de vins blancs estimés. La forteresse de
Montmélian, actuellement en ruine, était
autrefois regardée comme une des positions
les plus fortes de l’Europe. François Ier s’en
empara ; Henri IV, qui l’assiégeait en personne
en 1600, faillit y être tué par un boulet
qui le couvrit de poussière. Plus tard, Montmélian
résista à Louis XIII, mais elle se rendit
à Catinat le 21 décembre 1691. Après un
siège de trente-trois jours, cette place fut encore
prise par les Français en 1702. À l’E.
un rocher isolé et fortifié, d’où l’on découvre
une belle vue sur la plaine du Graisivaudan
et sur la Combe de Savoie.
MONT MENALE s. m. Astron, Constellation boréale, située au-dessous du Bouvier.
MONT-MÉNIL (Louis-André Le Sage), comédien français, né en 1703, mort à La Villette,
près de Paris, en 1743. Il était fils de
l’auteur de Turcaret ; il se fit comédien et
débuta à la Comédie-Française, en 1726, par
le rôle de Mascarille dans l’Étourdi ; après
quoi, il alla jouer en province. Fortifié par
deux années de travail, il reparut à Paris en
1728, dans le rôle d’Hector du Joueur puis il
joua Dave de l’Andrienne et Labranche dans
Crispin rival de son maître, comédie de Le
Sage. Il obtint, cette fois, un succès complet
et devint bientôt un des meilleurs acteurs de
la Comédie-Française. Mont-Ménil jouait
admirablement l’Avocat Patelin, Turcaret, le
Valet dans les Bourgeois à la mode, etc., et
il excellait dans le rôle de Léandre du Distrait. Moins bon dans quelques rôles du haut
comique, il était, néanmoins, toujours vrai
et naturel. Le fils de l’auteur de Gil Blas
avait vu pratiquer à un grand maître l’art de
peindre les ridicules des hommes ; mais, de
toutes les manières de l’exercer, celle qu’il
choisit eut le malheur de déplaire à Le Sage,
son père. Il avait cessé de voir celui-ci à
dater de son entrée au théâtre. Lorsque
Mont-Ménil eut acquis de la réputation, des amis communs entraînèrent Le Sage à la Comédie-Française ;
il vit Mont-Ménil dans Turcaret, fut charmé de son talent, embrassa son fils et lui rendit toute sa tendresse. Mont-Ménil possédait au suprême degré l’art de s’incarner dans un personnage ; l’acteur disparaissait alors pour ne laisser voir que le
type créé par l’auteur. Il joignait à ce mérite
une diction incisive, un jeu intelligent et
cette verve si rare qui se tient à égale distance
de la charge et de l’exagération.
MONTMIGNON (Jean-Baptiste), théologien et érudit français, né à Lucy, près de Château-Thierry,
en 1737, mort à Paris en 1824. Il devint grand vicaire et archidiacre à Soissons,
rédigea, de 1786 à 1788, le Journal ecclésiastique, émigra en 1793, revint en France sous le Directoire et, après avoir été quelque
temps grand vicaire de l’évêque de Poitiers,
il se rendit à Paris, où il fut nommé chanoine
de la métropole, puis grand vicaire et examinateur
des livres pour lesquels on demandait
l’approbation de l’autorité ecclésiastique. On
lui doit, entre autres ouvrages : Système de prononciation figurée applicable à toutes les langues (Paris, 1785, in-8o) ; Vie édifiante de Benoit Labre, trad. de l’italien (Paris, 1784) ;
Préservatif contre le fanatisme ou les Nouveaux millénaires rappelés aux principes fondamentaux de la foi catholique (Paris, 1806) ;
Choix de lettres édifiantes (Paris, 1808, 8 vol.
in-8o) ; la Clef de toutes les langues ou Moyen prompt et facile d’établir un lien de correspondance entre tous les peuples (1811, in-8o).
MONTMIRAIL, ville de France (Marne),
eh.-l. de canton, arrond. et à 39 kilom. S.-O.
d’Épernay, sur la rive droite du Petit-Morin ;
pop. aggl., 2,069 hab. — pop. tot., 2,319 hab.
Eaux minérales froides sulfureuses. Coutellerie,
tanneries ; fabrication de bas. L’église,
bel édifice ogival du XIIIe siècle, est surtout
remarquable par les détails de sa décoration
intérieure. Les clefs de voûte sont sculptées
avec une grande finesse. Le château, agréablement
situé au S.-O. de la ville, est une
magnifique construction dans le style du
XIVe siècle. Le parc renferme de nombreux
bassina alimentés par des canaux de 4 kilom.
de longueur, construits par Louvois. On remarque
encore à Montmirail : l’hôpital, l’hôtel
de ville, l’ancien couvent de Notre-Dame
de Nazareth, la halle et de belles fontaines
publiques. Les Français remportèrent, le
11 février 1814, sur le territoire de Montmirail,
une grande victoire sur l’armée russe et
prussienne (v. ci-après). Une colonne, inaugurée
en 1867 sur la limite du département
de la Marne, consacre ce fait d’armes. Montmirail
eut à subir l’occupation allemande lors
de la déplorable guerre de 1870, si follement
déclarée par Napoléon III.
Montmirail (bataille de), gagnée par les Français sur les alliés le 11 février 1814.
Parti de Champaubert après la journée du
10 février, Napoléon avait pris la route de
Montmirail, où il arriva, avec le gros de son
armée, à dix heures du matin, après avoir
pris la précaution de diriger un corps sur
Chalons pour contenir les colonnes ennemies
qui s’étaient jetées de ce côté. Déjà, le général
Nansouty avait pris position avec la
cavalerie de la garde et contenait, de son
côté, l’armée russe du général Sacken, qui
commençait à se déployer. Instruit du désastre
de l’autre armée russe à Champaubert,
Sacken avait quitté la Ferté-sous-Jouarre le
10 à neuf heures du soir et marché toute la
nuit. Le général York avait également quitté
Château-Thierry pour se joindre à Sacken.
Napoléon ordonna alors au maréchal Ney de
s’établir dans le village de Marchais, par où
l’ennemi se préparait à déboucher. Ney y
plaça la division du général Ricart, qui se
défendit avec la plus rare intrépidité ; le village
fut pris et repris plusieurs fois dans la
chaleur de l’action.
Ayant enfin pris toutes ses dispositions, Napoléon donna l’ordre au général Friant de se porter avec quatre bataillons sur la ferme de l’Épine-au-Bois, de l’occupation de laquelle dépendait le sort de la bataille, et de l’enlever à tout prix. En même temps, le maréchal Mortier, avec six bataillons de la vieille garde, allait appuyer, à droite, l’attaque du général Friant. Sacken, qui avait également compris que la ferme de l’Épine-au-Bois formait la clef de la position, l’avait mise dans un formidable état de défense : 40 pièces de canon la protégeaient et un triple rang de tirailleurs, garnissant les haies, s’était formé en arrière des masses d’infanterie. Après s’être nettement rendu compte des difficultés, Napoléon résolut de faciliter l’attaque en faisant exécuter divers mouvements qui forcèrent l’ennemi à dégarnir son centre. Alors, le général Friant, enlevant ses quatre bataillons, se précipita avec eux sur la ferme. Son irruption fut si rapide que l’ennemi se montra tout déconcerté ; les tirailleurs s’empressèrent de se retirer sur les masses d’infanterie, qui furent aussitôt attaquées. L’artillerie cessa de tonner, mais une fusillade effroyable lui succéda. Cependant il fallait prendre un parti décisif ; car la supériorité numérique de l’ennemi lui eût infailliblement donné la victoire si on s’était borné à cette fusillade. Alors, le général Guyot se porta de la gauche de la ferme sur la droite, à la tête du 1er régiment de lanciers, des vieux dragons et des vieux grenadiers de la garde ; ces soldats d’élite, qu’aucun danger ne pouvait arrêter, se ruèrent comme un ouragan sur les derrières des masses d’infanterie, les rompirent, y jetèrent un désordre irréparable et tuèrent tout ce qui essaya de résister. Bientôt l’ennemi, enfoncé de toutes parts, se trouva dans une déroute complète. Le maréchal Mortier, avec les six bataillons du général Michel, la division des gardes d’honneur, le général Bertrand et le maréchal Lefebvre, à la tête de deux bataillons de la vieille garde, achevèrent sa défaite. Il battit en retraite de tous côtés, après avoir éprouvé des pertes immenses en hommes, en bagages et en munitions. Un silence lugubre succéda comme par enchantement au retentissement du canon et au feu roulant d’une épouvantable fusillade.
Montmirail (bataille de), tableau d’Horace Vernet, galerie de lord Hertford, Le moment choisi par l’artiste est celui où les chasseurs de la vieille garde, dirigés par le duc de Dantzig, se précipitent sur l’ennemi, dont ils font un effroyable carnage. Le baron Atthalin, général du génie, est aux côtés du maréchal et donne des ordres. Des soldats russes cherchent à se couvrir derrière un mur qu’attaquent des tirailleurs français ; un officier ennemi à cheval franchit le mur et donne à sa troupe l’ordre de se replier.
Ce tableau, peint en 1822, est un des meilleurs ouvrages d’Horace Vernet. Les principaux acteurs du drame sont groupés avec intelligence, les épisodes ont de l’intérêt. « La Bataille de Montmirail, dit Th. Gautier, saisit par une solennité mélancolique et une sévérité d’effet qui ne sont pas habituelles à Horace Vernet. Un grand nuage ouvre son envergure noire sur un ciel livide et crépusculaire ; la campagne est sombre ; quelques petits arbres découpent leurs ramures grêles sur l’horizon blafard. Au premier plan, près d’un arbre effeuillé, se dresse sinistrement une croix. »
Après avoir longtemps figuré dans la galerie particulière de Louis-Philippe, au Palais-Royal, cette peinture est devenue la propriété de lord Hertford. Elle a paru à l’Exposition de 1855. Le musée de Versailles en possède une copie peinte par Henri Scheffer.
MONTMIRAIL, bourg de France (Sarthe),
ch.-l. de canton, arrond. et à 49 kilom. E. de
Mamers, sur une colline, près de la source
de la Cave ; pop. aggl., 418 hab. — pop. tot.,
778 hab. Fabrication de toiles de canevas,
étoffes grossières de laine, corderie, chapellerie,
importante verrerie au Plessis ; éducation
d’abeilles. Le sommet de la colline qui
porte ce bourg est couronné par un château du
XVe siècle, bâti, suivant l’opinion générale,
par Charles IV, comte d’Anjou et du Maine.
« La façade principale, dit M. de La Sicotière,
est surmontée, au centre, d’une haute tour
octogonale en pierre de taille, dont la plateforme
a été restaurée et entourée d’une galerie
élégante, qui porte sur des consoles et
forme mâchicoulis. Une autre tour ronde,
coiffée d’un toit conique, de hautes cheminées
et un soubassement fort élevé, percé de
distance en distance d’étroites meurtrières,
donnent au château, vu de côté, un aspect
imposant. L’autre façade, sur les jardins, ne
remonte pas au delà des dernières années du
XVe siècle. Les souterrains du château sont
particulièrement remarquables par la solidité
de leur construction. On remarque à
l’intérieur du château une précieuse collection
de portraits de famille. Les jardins et les
bosquets qui avoisinent cette belle résidence
sont entourés de murailles, avec bastions aux
angles ; leur aspect est délicieux. » L’église
paroissiale, en partie du XIIe siècle, renferme
le monument funéraire de Madeleine-Françoise
Leboucher. Ce fut à Montmirail, en
1169, que fut signé un traité de paix entre
Louis VII et Henri II d’Angleterre. La
ville fut prise par Philippe-Auguste en 1194
et par Charles VII en 1421.
MONTMIREY-LE-CHÂTEAU, bourg de France (Jura), ch.-l. de cant., arrond. et à
18 kilom. N. de Dôle ; pop. aggl., 379 hab., pop.
tot., 410 hab. Mines de fer, carrières de
plâtre, tuilerie. Ruines d’un ancien château
fort, sous lequel s’étendent de vastes souterrains.
MONTMOREAU, bourg de France (Charente),
ch.-l. de canton, arrond. et à 28 kilom.
S.-E. de Barbezieux, sur le penchant d’une
colline, au pied de laquelle coule la Tude ;
pop. aggl., 684 hab. — pop. tot., 771 hab.
Usine métallurgique. Commerce de chevaux,
volailles, bœufs, étoffes. L’église paroissiale,
classée au nombre des monuments historiques,
appartient au style roman fleuri et
date des premières années du XIIe siècle. La
gendarmerie occupe les restes de l’ancien
château fort.
MONTMORENCY s. f. (mon-mo-ran-si).
Arboric. Variété de cerise à courte queue, cultivée à Montmorency, près de Paris. || Pl. MONTMORENCY.
MONTMORENCY, ville de France (Seine-et-Oise),
ch.-l. de canton, arrond. et à 21 kilom.
S.-E. de Pontoise, à 15 kilom. N. de Paris,
sur une colline, près de la forêt de son nom ;
pop. aggl., 3,441 hab. — pop. tot., 3,494 hab.
Culture de cerises, fruits, melons et fleurs ;
récolte de châtaignes. Fabrication de cercles
de châtaignier. Eaux minérales sulfureuses
(v. Enghien). Cette petite ville doit son importance
à son agréable situation, qui fait
qu’une foule d’étrangers s’y rendent en villégiature.
Elle est située sur le sommet d’une
colline d’où la vue s’étend sur une forêt de
châtaigniers, qui en est voisine, et sur une
vallée délicieuse renfermant une multitude
de villages et de charmantes villas. Les rues
sont assez irrégulières et sinueuses dans la
partie ancienne de la ville, mais autour de
ce centre s’étendent de jour en jour des
quartiers neufs et bien alignés, bordés de
belles maisons de campagne. On n’y trouve
presque plus de traces de l’ancien château
de Montmorency, quoique quelques parties de
l’enceinte fortifiée de la ville subsistent encore ;
mais l’église paroissiale, autrefois collégiale,
attire l’attention des curieux par son
étendue et par le style de son architecture.
Elle est pittoresquement située sur le bord
d’un escarpement et a été reconstruite au
XVIe siècle par Guillaume de Montmorency.
Cependant, le corps presque gothique de
cette église paraît, en raison de son élégance
et de sa légèreté, appartenir à la fin du
XVe siècle. Les voûtes sont à nervures compliquées ;
les fenêtres, de forme ogivale, et
les arcades, entre les piliers, à plein cintre
inscrit dans une ogive. Elle renfermait, avant
la Révolution, plusieurs mausolées qui ont
disparu, entre autres celui de Guillaume de
Montmorency, érigé par Henri de Montmorency,
décapité à Toulouse. Dans une chapelle
funéraire se trouvent les figures en
pierre des généraux polonais Kniazcewicz et
Niemcevicz et une inscription commémorative
des Polonais tués dans l’insurrection de
1831. La forêt de Montmorency, qui s’étend
sur le plateau par lequel la ville est dominée
et qui couvre la pente des collines et les
fraîches vallées qu’elles forment, a une contenance
de 2,500 hectares ; plusieurs de ses
sites sont pleins des souvenirs de l’auteur
d’Émile. L’Ermitage, que Mme d’Épinay lui
avait fait bâtir, se trouve à l’entrée d’un antique
bois de châtaigniers ; cet Ermitage,
dans lequel Grétry mourut le 4 septembre
1813, a été agrandi et restauré il y a quelques
années et a perdu son aspect primitif.
Il reste dans le jardin un rosier et un laurier
plantés par le célèbre écrivain. Lorsqu’en
1757 Jean-Jacques Rousseau quitta l’Ermitage,
il alla s’établir dans la maison dite
Montlouis, située derrière la butte Jouvelle ;
cette habitation, qui abrita le philosophe de
1757 à 1762, subsiste encore en partie. C’est
là que Rousseau acheva la Nouvelle Héloïse,
qu’il avait commencée à l’Ermitage, ainsi que
le Contrat social. Sur la terrasse du jardin
qui conduit au donjon, on voit une salle de
verdure formée par quatre tilleuls ; c’est
Rousseau qui les a plantés de ses mains avec
les lilas, les seringats et les chèvrefeuilles