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nant toutes les précautions pour que la voiture ne se renverse pas. Au lieu d’inventer ce conte ridicule, il est beaucoup plus simple et plus naturel de ne voir dans le dos pelé des marmottes que l’effet du frottement souvent répété du râble de l’animal contre la voûte supérieure d’un passage fort étroit. Ces animaux, très-casaniers en toute saison, passent dans leur terrier la plus grande partie de leur existence. Ils s’y renferment pendant la nuit, pendant les pluies, les brouillards, les orages, pendant les temps trop froids, et n’en sortent qu’aux plus beaux jours, pour aller chercher des provisions d’herbe et se jouer aux rayons du soleil. Pendant ces jeux, l’une des marmottes fait bonne garde et, au moindre danger, jette un cri aigu qui fait tout rentrer au terrier avec la rapidité de l’éclair. Dès la fin de l’automne, les marmottes se retirent dans leur retraite chaudement tapissée et s’occupent d’en fermer les deux ouvertures. Pour cela, elles emploient de la terre gâchée qu’elles maçonnent si habilement qu’il est plus facile d’ouvrir le sol partout ailleurs que dans l’endroit qu’elles ont muré. Ce travail fait, elles se blottissent dans la mousse et le foin et s’engourdissent d’autant plus profondément que le froid sévit au dehors avec plus d’intensité. Elles demeurent dans cet état cataleptique et qui ressemble à la mort depuis décembre jusqu’en avril, quelquefois même, si l’hiver est précoce et rigoureux, depuis octobre jusqu’en mai, époque à laquelle on les trouve, quand on fouille leurs terriers, resserrées en boules, contractées sur elles-mêmes et parfois tellement insensibles, qu’on les tue sans qu’elles paraissent rien sentir. Les chasseurs mangent les plus grosses et donnent les plus jeunes à ces enfants qui viennent les montrer dans les grandes villes. Pour les faire sortir de leur engourdissement, il suffit de les placer devant un feu doux et d’attendre qu’elles soient complètement réchauffées. Un excès de froid les fait également sortir de leur léthargie. Ce qu’il y a de fort remarquable dans la vie des marmottes apprivoisées, c’est qu’elles ne s’engourdissent plus pendant l’hiver et qu’elles paraissent tout aussi éveillées qu’en aucune autre saison, quand elles habitent les appartements. On peut ajouter à ce sujet quelques observations relatives à ce curieux état des animaux hibernants. Quel que soit le froid qu’ils aient à supporter, après être sortis de leur état cataleptique, ils peuvent mourir gelés, mais ils ne s’engourdissent plus ; et ce qu’il y a de vraiment étrange, c’est que, sous les tropiques, ce n’est plus le froid, mais, au contraire, l’excès de la chaleur qui occasionne un engourdissement analogue. Les crocodiles, les caïmans et autres reptiles, qui dans les pays tempérés ne s’engourdissent qu’en hiver, sous les tropiques tombent en léthargie en été, après s’être enfoncés dans la vase des marécages desséchés, et ne se réveillent que lorsque la saison des pluies vient rafraîchir la terre et l’atmosphère.

En captivité, la marmotte est d’un caractère fort doux, s’apprivoise sans difficulté, s’attache même à son maître et devient courageuse, quand elle se sent protégée par lui, au point de disputer hardiment aux chats et aux chiens eux-mêmes la place qu’elle s’est choisie au foyer. Quant à l’habileté prétendue avec laquelle elle est censée faire, avec de petits bâtons, tels ou tels exercices, il ne faut pas la prendre trop au sérieux et l’on doit reconnaître que c’est son maître qui en fait à, peu près tous les frais, et que l’éducation n’est, dans tout cela, que pour fort peu de chose. Les marmottes sont à peu près omnivores) elles mangent de la viande, du pain, des fruits, des racines, des herbes, des choux, des carottes, voire même des hannetons et des sauterelles ; mais ce qu’elles paraissent préférer à tout, c’est le lait et le beurre, s’il faut en juger par le petit grognement de satisfaction qu’elles font entendre pendant qu’elles se régalent de ces friandises. Ce petit grognement devient plus fort quand on les caresse et qu’elles jouent, et rappelle alors la voix d’un jeune chien. Quand, au contraire, elles sont effrayées, elles poussent une sorte de sifflement d’une telle acuité que l’oreille peut à peine le supporter. Ces animaux sont d’une propreté remarquable ; ils se mettent toujours à l’écart, comme les chats, pour faire leurs ordures ; mais cette propreté ne les empêche pas d’exhaler une odeur de rut très-prononcée et qui devient intolérable pour certaines personnes. Cette odeur rend naturellement leur chair assez peu agréable, et ce n’est qu’en l’épiçant et en l’aromatisant avec soin qu’on arrive à en faire disparaître le fumet. La portée des marmottes est annuelle et sa compose de quatre ou cinq petits dont la croissance est rapide ; ces animaux ne vivent guère plus d’une dizaine d’années. Le borak ou marmotte de Pologne a beaucoup d’analogie avec l’espèce type, mais il habite les régions septentrionales de l’Europe et de l’Asie, et ne descend guère au-dessous de la Pologne. Le monax, vulgairement appelé siffleur par les voyageurs, est un peu plus long que la marmotte commune ; il habite les rochers de l’Amérique septentrionale. La marmotte de Québec habite le Canada. Toutes ces espèces ont les mêmes habitudes et ne se distinguent que par la nuance de leur pelage. La marmotte jevrachska habite la Sibérie.

MARMOTTÉ, ÉE (mar-mo-té) part, passé du v. Marmotter. Dit en marmottant : Leçon marmottée par un écolier.

MARMOTTEMENT s. in. (mar-mo-te-man

— rad. marmotter). Mouvement des lèvres d’un malade qui semble parler à voix basse.

MARMOTTER v. a. ou tr. (mar-ino-té.-Quelques-uns voient duns ce mot une onomatopée. Diez profère l’opinion do Wackernagel, qui le rattache à marmotte, remarquant que l’allemand murmeln, marmotter, tient aussi à murmelthier, marmotte. Il faut ajouter à cela, dit M. Littré, que, d’après Buffon, la marmotte marmotte en buvant. Gèuin dit également que marmotter, c’est ressembler aux marmottes par l’attitude ou par une grimace et un remuement des lèvres. Grandgagnage décompose marmotter en mar, particule, peut-être pour mal, et le latin mussare, marmotter, qui se rapporte, comme le grec muzâ, mutheomai, l’allemand muiden et 1 anglais mutter, à la racine sanscrite mue, mukk, comprimer, murmurer, parler, d’où aussi le sanscrit muklms, bouche, grec mulis, gothique muntlis). Prononcer confusément et entre les dents : Que marmottez-vous là ? Répondez donc, vous marmotterez vos patenôtres après. (G, Sand. J

— Absol. ; Finissez donc de marmotter.

MARMOTTERIE s. f, (mar-mo-te-rl— rad. marmotte). Par plaisant., Sommeil profond et prolongé, pareil à celui de la marmotte : Vous te savez, la mode dormait ; c’était sa sieste de l’année, cette marmotterie d’usage qui dure d’août jusqu’en octobre. (Journal des Débats.)

— Action de marmotter, de parler entre ses dents.

MARMOTTEUR, EUSE s. (mar-mo-teur, eu-ze — rad. marmotter). Personne qui marmotte, qui a l’habitude de marmotter.’

MARMOTTIER s. ra. (mar-mo-tié — rad. marmot). Pop. Amateur de curiosités, de bibelots.

— Bot. Nom vulgaire du prunier de Briançon.

MARMOULÈNB s. f. (mar-raou-lè-ne). V.

MARMORÈNE.

MARMOUSET s. m. (mar-mou-zè. — Génin rattache ce mot à viarmot, singe, ou à marmotte ; mais à Paris la rue des Marmousets s’appelait, dans les titres latins, vicus Marmorelornm, à cause de petites figures en marbre qui s’y trouvaient. Marmouset vient donc de marmoretum, de marmor, inarbre). Petite figure grotesque : Marmousets sculptés sur tes portails des églises.

— Fam. Petit garçon ; homme de petite taille : Des marmousets de quatre ans, ça délibère et ratiocine ; c’est la fin du mondel (V, Hugo.)

— Econ. domest. Chenet de fonte, en forme de prisme triangulaire, dont une extrémité est ornée d’une figure quelconque.

— Hist. Nom donné aux conseillers de Charles VI.

— Encycl. Hist. Ce mot, qui jadis signifiait gens de petite condition, gens de rien, fut appliqué par les ducs de Bourgogne et de Berry, oncles de Charles VI, aux conseillers que ce prince s’était choisis, en 1389, parmi les anciens serviteurs de son père. C’étaient, entre autres : Bureau de La Kivière, Pierre de Vilaines, dit le Bègue, Jean Le Mercier, le sire de Nogent et Jean de Montagu. Ces seigneurs, en cherchant autant que possible à réparer le3 désordres survenus pendant la minorité du roi, s’attirèrent la haine des nob.es. Aussi, lorsque Charles eut été atteint de démence, le premier Soin de ses oncles, qui ressaisirent alors le pouvoir, fut de jeter en prison les marmousets. On instruisit leur procès et l’on confisqua leurs biens, que se partagèrent les courtisans. Ils auraient même été envoyés à la mort si le roi, dans un intervalle lucide, ne les eût fait remettre eu liberté (1303), en les exilant toutefois à cinquante iieues de Paris, et en leur interdisant pour la vie d’exercer aucun office royal.

Conjuration des marmousets. « En 1730, raconte Duclos dans ses Mémoires secrets, quelques étourdis de la cour s’avisèrent de vouloir jouer un rôle. Le cardinal Pleury les avait fait admettre aux amusements du roi (Louis XV, alors âgé de vingt ans), et celui-ci les irai tu il avec une sorte de familiarité. Ils prirent naïvement cette fnmiliurilé pour de la confiance de la part de ce prince, et s’imaginèrent qu’Us pourraient se saisir du timon des affaires. Le cardinal en fut instruit, et vraisemblablement par le roi même. Sous Richelieu, qui savait si bien faire un crime de la moindre atteinte à son autorité et trouver des juges pour condamner, l’étourderie de ces jeunes gens aurait pu avoir des suites fâcheuses. Le cardinal de Fleury, qui ne prenait pas les choses si fort au tragique, eu rit de pitié, les traita eu enfants, en envoya quelques-uns mûrir quelque temps dans leurs terres ou devenir assez sages auprès de leurs pères, et en méprisa assez quelques autres pour les laisser à la cour, en butte aux railleries qu’on ne leur épargna pas. C’est ce que l’on appela la conjuration des marmousets. Les principaux de eus marmousets étaient les ducs de Gèvres et d’Epernon. >

MARMOUSETTE s. f. (mar-mou-zè-te MARN

fém. de marmouset). Fam. Petite fille ; femme de très-petite taille.

MARMOUTIER, en latin Mauri monasterium, ancien bourg de France (Bas-Rhin), chef-lieu de canton, arrond et à 6 kilom. S.-E. de Saverne, cédé à l’Allemagne par le traité de 1S71 ; pop. aggl., 2,162 hab. — pop. tôt., 2,408 hab. Carrières de pierre ; fabriques de poterie, tuileries, blanchisseries de toiles, brasseries. Marmoutier doit son origine à l’un des plus anciens et des plus célèbres monastères d’Alsace, fondé vers l’an 600, par saint Léobard, disciple de saint Colomban. L’ancienne église abbatiale, aujourd’hui paroissiale, offre plusieurs parties qui remontent au XIe siècle, notamment la façade. Le porche est flanqua, de quatre tours carrées.

IMarmouiier, en latin Martini ou Majoras munasterium, célèbre abbaye fondée vers 371, dans les environs de Tours. On raconte que saint Martin de Tours, préposé, dit-on, contre son gré au gouvernement de sa ville épiscopale, alla chercher dans une fondation solitaire la paix et le repos qu’il préférait à toutes choses. À l’exemple de leur évêque, des fidèles se rendirent dans la même thébaïde et s’y confinèrent loin du inonde. Telles furent les origines de ce monastère. Après la mort du fondateur, l’histoire ne nous a transmis que la sèche nomenclature des abbés de M<innoulier. Ces abbés, du reste, étaient plutôt des chefs militaires que des religieux.

En 853, les Normands envahirent Marmoutier et égorgèrent presque tous les moines, un très-petit nombre seulement ayant réussi à s’échapper. À cette époque, les religieux de Marmoutier avaient déjà embrassé la règle de saint Benoît, réforme rendue nécessaire par le scandaleux relâchement qui s’était introduit dans l’abbaye. L’abbé Mayeul adopta la règle de Cluny, après l’invasion des Normands. Une ère de prospérité s’ouvrit alors pour Marmoutier. Les richesses de cette abbaye devinrent immenses, et l’on ne saurait dénombrer les domaines qu’elle possédait, les maisons qui relevaient d’aile. Ces grandes richesses ne furent pas favorables aux moines ; il fallut les réformer de nouveau en 1603 et encore une fois en 1G37. Louis de Bourbou-Condé en fut le dernier abbé en 1739, époque où l’abbaye fut supprimée.

Il existe une Chronique latine de Marmoutier, reproduite dans les Chroniques de Touraine de Sulnion, plus deux Histoires inédites, la première de Michel Germain, no 583 des manuscrits de Sami-Germain-des-Prés, la seconde d’Edmond Martine, conservée à la Bibliothèque nationale, dans le quartier connu sous le nom de Résidu, de Saint-Germain.

MARMOUTON s. m. (mar-mou-ton — du lac. mas, maris, mâle, et de mouton). Marnm. Un des noms vulgaires du bélier.

MARNA, déesfe des vents, dans la mythologie slave. Elle était 1 épouse de Fet tunz, et, comme elle présidait, nou-seulement aux vents chauds et froids, mais aussi à ceux qui annoncent la pluie, elle était aussi honorée connue la déesse de la pluie.

MARNAGE s. m. (mar-na-je — rad. marner). Agrie. Action de marner, d’employer la marne comme engrais : Lorsque le makNaGe d’un terrain a été fort, son action se fait sentir pendant vingt à trente ans. (Maith. de Doinbasle.)

— Encycl. La pratique du mamage est très-ancienne en agriculture. Les Grecs, les Romains et les Gaulois l’employaient fréquemment. Pline nous apprend que, dans la Gaule et la Grande-Bretagne, ou tirait la marne de puits de plus de 30 mètres de profondeur. D’après Varron, les habitants des bords du Rhin s’en servaient pour fertiliser leurs champs. Nous retrouvons les mariiages usités en France au ixo siècle. En 1486, l’archevêque de Rouen faisait marner ses terres de Fresnes. À l’époque d’Olivier de Serres, le murnuge était fort connu dans l’Ile-de-France, la Beauoe, la Normandie, la Picardie et autres provinces. Vers le même temps, Bernard de Palissy contribuait beaucoup, par ses écrits, à propager cette pratique. Cependant les muritages n’étaient appliqués alors que dans un nombre assoz’resueiiu de localités ; beaucoup d’agriculteurs ignoraient les avantages de la marne, et il existe encore certains pays où elle n’est connue que de nom.

Aujourd’hui, le mamage est pratiqué avec succès dans de nombreuses contrées, notamment en Angleterre, en Allemagne et dans quelques parties de la France. Il convient surtout aux sols privés de l’élément calcaire, par conséquent aux terres argileuses et siliceuses, de même qu’aux terres acides ou tourbeuses et aux laudes, et aussi aux terrains schisteux ou granitiques, bien qu’on l’emploie rarement sur ces derniers. Les diverses qualités de manies, argileuses, calcaires ou siliceuses (v. marne) se répandent sur les sols de diverse nature, de manière à donner à ceux-ci- l’élément qui leur manque ou qui n’y domine pas assez.

Le mai-nage commence ordinairement aussitôt que les semailles d’automne sont terminées ; les attelages étant peu occupés, c’est alors qu’on transporte la munie sur les terres qui doivent la recevoir ; les moyens de transport varient suivant les circonstances locales ; l’essentiel est que ce transport soit terminé d’assez bonne heure pour que la marne

MARN

ait le temps de se déliter sous l’influence despluies et des gelées. La marne est disposée en petits tas, appelés marnons, qui doivent, autant que possible, être égaux et également espacés. On la mélange au sol a l’aide d’un ou de plusieurs labours, accompagnés de hersages énergiques ; il ne faut pus l’enfouir trop profondément.

La quantité de marne à employer dépend de sa composition chimique, ainsi que de la nature et surtout de la richesse des sols à marner. Une terre riche ou compacte peut supporter un mamage plus fort qu’une terre pauvre ou légère. Il faut se garder de marner à l’excès ; outre l’inconvénient du surcroît de dépense, on ferait disparaître en pure perte une bonne partie des éléments organiques du sol. En moyenne, il faut faire en sorte que le sol reçoive 3 pour 100 de carbonate de chaux.

La durée des effets de la marne dépend de tant de circonstances qu’il est difficile de dire d’une manière générale au bout de quel laps de temps le mur nage doit être renouvelé ; il n’est pas rare que cette durée se prolonge plus de vingt et même de trente uns, quand on a marné à forte dose. M. Heuzé nous apprend que, d’après plusieurs polyptyques de l’ancienne Normandie, les baux à terme de marne, au xin6 siècle, ne permettaient de marner de nouveau^que quinze ou dix-huit ans après le premier montage. Des clauses analogues sont encore en vigueur dans beaucoup de localités ; on comprend, en effet, qu’un fermier peu délicat pourrait, en marnant à outrance, obtenir d’abondantes récoltes pendant la durée de son bail, mais en sortant laisser les terres épuisées pur cet excès de production. C’est ici surtout que le trop est nuisible et que le mieux est l’ennemi du bien ; on connaît le proverbe agricole : La marne enrichit les pères et ruine les enfunts. Il est juste toutefois d’ajouter que Ce dictun, né à une époque où les marnai/es se

! faisaient d’une manière inintelligente, perd
! de plus en plus de sa valeur. Si l’action de la

J marne est secondée par les engrais et un

assolement judicieux, on doit changer te proverbe

et dire : La marne enrichit les pères et

; assure la fortune des enfants.

1 MARNAIS s. m. (mar-nè). Navig. fluv. Grand bateau, demi-pointu à l’avant, carré à l’arrière, construit en chêne et ayant peu de profondeur, afin de pouvoir passer, en tout temps sur les bas-fonds de la Marne, et servant spécialement à apporter à Paris le charbon de bois.

— Adjectiv. ; Un bateau marnais.

MARNAT s. m. (mar-na). Moll. Petite espèce du genre turbo.

S1ARNAY, bourg de France (Haute-Saône), ch.-l. de cant., arrond. et à 23 kilom. S. de Gray, sur une colline près de la rive droite de l’Ognon ; pop. aggl., 921 hab. — pop. tôt., 1,114 hab. Tannerie, teinturerie, fabrique de chapeaux de feutre, tourneiïe sur métaux. On y voit un ancien château fort, pris par les Français en 1595 ; il est aujourd’hui démantelé et divisé en plusieurs propriétés particulières.

MARNE s. f. (mar-ne — bas lat. margila, maryla ; de murga, mot latin cité par Pline comme étant d’origine gauloise et qui était employé avec la même signification que le français marne par les habitants des Gaules et de la Grande-Bretagne. Uluverius, dans sa Cermauia antiqua, remarque que dans plusieurs anciens manuscrits de Pline qu’il û vus à la Bibliothèque de Londres, au lieu de mttrga, il y a constamment maria. Dans les langues germaniques, le bas latin margila a produit le vieux haut allemand mergil, allemand mergel, suédois maergel, vieux flamand marghet. Dans les langues celtiques, ou trouve encore le kymrique mari, irlandais maria, armoricain marg ; ce dernier a été omis dans la première édition du Dictionnaire de Le Gonideo, mais il est mentionné dans celle qu’a publiée M. de La Villemarqué et dans d’autres dictionnaires bretons ; le père Rostrenen donne marg et mari. Quant au l du primitif margila, il s’est changé en n dans le français niante comme dans nioet, niveau, de libella, quenouille, autrefois conoille, de cotucuta, diminutif Je colusj. Miner. Espèce de terre calcaire, mêlée d’argile, dont on se sert comme engrais : La marne est un composé naturel de carbonate de chaux et d’argile. (M. de Dombasle). Les marnes servent à amender les terrains où le sable prédomine. (Raspail.) Il Marne à foulon, Espèce de marne soluble dans l’eau, très-savonneuse, dont on se sert pour apprêter les draperies. Il Marne durcie, Marne qui contient un excès de calcaire.

— Encycl. Agric. Le mot marne, en agriculture, a une signification plus pratique et plus restreinte qu’en géologie. On l’applique généralement à un mélange de calcaire et d’argile, parfois aussi de silice ou d’autres matières accessoires, susceptible de se déliter à l’air et de servir a l’amendement des terres. La marne présente des ouracières particuliers que l’agriculteur doit bien connaître ; elle affecte une cassure terne et le plus souvent conchoïde ; lorsqu’elle est sèche, elle happe à la langue comme les nrgiles ; elle est oneiueuse au toucher ; elle se délite à l’air, fait effervescence avec les acides et forme avec l’eau une bouillie plutôt qu’une pâte. Elle présente toutes les nuances possibles,