Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 4, Mard-Memmonium.djvu/72

Cette page n’a pas encore été corrigée

1222

MARK

vent, non-seulement pour les rendre plus agréables, mais pour corriger ce qu’ils ont de flatueux et pour en faciliter la digestion, et c’est particulièrement avec les pois, les fèves et le poisson ; elle est d’ailleurs fort agréable à l’odorat, et autant par ces considérations que pour ses vertus particulières, il n’est pas de jardin où ou ne se soit empressé d’en lavoir quelques bordures ou au’ moins quelques pieds. •

La marjolaine se multiplie de boutures ou d’éclats au printemps. Pour l’élever de graine, on sème en mars, en pot ou sur platebande de terre très-douce ; on recouvre très-légèrement et l’on élève ensuite le plant jusqu à force suffisante pour sa mise en place, qui a lieu au printemps. Du reste, cette plante n’est difficile ni sur le climat ni sur le terrain ; elle ne craint pas les froids de l’hiver. Quand les vieilles souches paraissent épuisées, on Les arrache, on les divise, on renouvelle la terre et on les remplace avec leurs propres éclats, à défaut do jeune plant venu de semis.

— Chim. Huile de marjolaine. Lorsqu’on distille la majalaine douce (marjorana hortensis ou origanum marjorana) avec de l’eau, les vapeurs d’eau entraînent une essence plus légère que l’eau. Cette essence contient une grande quantité de camphre ou stéaroptène. Débarrassée de cette partie solide par le moyen de la distillation, elle bout vers 1G1° environ, et semble avoir la même composition que l’essence de térébenthine. Suivant Kane, elle renferme 86,7 a 86,1 de carbone, 11,1 à ll,4 d’hydrogène et environ 2 pour 100 d’oxygène, qui tient probablement a un reste de camphre, dont il est difficile de débarrasser complètement l’hydrocarbure. Le camphre de marjolaine est dur, incolore, inodore, plus dense que l’eau, fusible et susceptible de se sublimer sans laisser de résidu. Il est soluble dans l’eau bouillante, l’éther, l’acide azotique et l’acide sulfurique. Ce dernier le colore en rouge. Il renferme, d’après Miilder, 60 pour 100 de carbone, et 10,7 pour 100 d’hydrogène.’

MARJOLET s. m. (mar-jo-lè — L’origine de ce mot est controversée. Quelques-uns le font venir de marjolaine, s’appuyaut de muguet, galant, qui se rapporte à muguet, plante. CependantGrandgagnage, et après lui Scheler en rapprochent le wallon margoule, homme de rien, le hainaut mariante, même sens, l’italien muriuolo, mariolo, fripon. D’autres pensent que marjolet est pour mariolet, et signifie une poupée. Furetiëre dit : » Ce mot originairement signifie témoin, comme on voit dans la coutume du Hainaut, et parce que les témoins sont quelquefois odieux, on 1 a dit par mépris des jeunes gens à qui ou voulaitreprocherqu’ils n’étaient pasdignesde foi). Petit maître, (t Vieux mot.

MAItJOLIN (Jean - Nicolas), chirurgien français, né à Ray-sur-Saône en 1780, mort à. Paris en 1850. Il fit ses études médicales à Paris, et, après avoir été interne et lauréat des hôpitaux, il fut reçu docteur en isos. il fit alors des cours d’anatomie et de chirurgie, concourut sans succès, en 1812, pour la chaire de médecine opératoire, qui échut de droit à Dupuytren. Mais, plus heureux en 1818, il obtint la place de chirurgien en second de l’Hôtel-Dieu, et l’année suivante la chaire de pathologie externe à la Faculté de médecine. Marjoliu donna alors sa démission de chirurgien ea second de l’Hôtel-Dieu, passa à l’hôpital Beaujon et se livra tout entier aux consultations. La réputation qu’il acquit rapidement lui attira une clientèle considérable et il fit une grande fortune. Il devint membre de l’Académie de médecine et médecin du roi. C’était un homme plein de bienveillance et de désintéressement, d’une grande bonhomie, et un savant distingué. Outre des articles dans le Dictionnaire des sciences médicales, VEncyclopédie des sciences médicales, le Nouveau journal de médecine, on lui doit : Propositions de chirurgie et de médecine (Paris, 1808, in-4") ; Manuel d’anatomie (Paris, 1810, 2 vol. in-8oJ ; De l’opération de la /ternie inguinale étranglée (1812, in 4<>) ; Cours de pathologie chirurgicale (1837, in-S^J. — Son lits s’est fait recevoir docteur en 1839 et s’est principalement occupé des maladies des enfants. Il est membre de la Société de chirurgie. On lui doit : Traité des fractures chez les enfants (1863, in-s<>) ; Considérations sur l’état actuel des asiles et des écoles de la ville de Paris (1870, in-S’O ; Recherchessur les accidents et les affections chirurgicales 1870, in-s°),

MARK s. m. (mark). Métrol. Unité de poids usitée en Prusse i onr les métaux précieux, et équivalant à 233 ?r,855 ; unité de monnaie du même pays, valant 1 fr. 10.

MARK (comté de la), ancien comté de l’empire germunique, dans le cercle de Westphalie, borné au N. par la principauté de Munster, à l’E. par le duché de Westphalie, au S. et à l’O. par le duché de Berg. Superficie, 2,800 kilom. carrés ; 180,000 hab. Villes principales : Hamin, Sœst et Iserlohn. Ce pays, très-fertile, était divisé en deux parties par la Roër : le Hellweg au N., et le Sauerland au S. Depuis la fin du xn» siècle il eut ses comtes- particuliers ; la maison de Clèves le posséda au xrri siècle, et, en 1666, à l’extinction de la maison d’e-juli^rs, il fut adjugé à la maison de Brandebourg. En 1807, la Prusse le céda au grand-duché de Berg, con MARK

formément aux stipulations du traité de Tilsitt ; il forma alors la partie la plus importante du département de la Roër ; mais, en 1814, il passa sous ladomination de la Prusse et forma depuis lors le cercle de Hamm, dans la régence d’Arnsberg, province de Westphalie.

MARKAB s. m. (mar-kab). Astron. Étoile qui fait partie du carré de Pégase.

MARKAIRE et MARKAIRERIE S. m. V. MARCAIRB et MARCAIRERIE.

MAREARYD, paroisse de Suède, dans le gouvernement de Kronoberg et le diocèse de Wexjœ ; 3,000 hab. On y voit une église du Xive siècle, avec plusieurs curieux souvenirs des temps catholiques. Un village de cette paroisse, nommé Ulfsbœck, est célèbre dans l’histoire de Suède par le séjour qu’y fit le grand Gustave-Adolphe en 1613, 1619 et IC24, et l’entrevue qu’il y eut, en 1629, avec Christian IV, roi de Danemark. Un monument a été érigé, dans l’enclos de la maison qui fut habitée par ce prince, en souvenir de cet événement. Les femmes de Markaryd portent encore aujourd’hui le même costume qu’il y a cent ans ; mais les hommes, qui voyagent davantuge, l’ont sensiblement modifié ; le dialecte dont ils se servent a aussi beaucoup perdu dans leur bouche de son originalité primitive. Parmi les diverses branches de l’industrie domestique, les habitants de Markaryd excellent surtout dans le tissage, et non-seulement ils s’y livrent chez eux, mais encore ils parcourent, armés de leur métier k tisser, les différentes parties de la Suède et de la Norvège, le Danemark, la Finlande ; ils vont même jusqu’en Russie. Ces pérégrinations leur rapportent de fructueux prolits, auxquels ils doivent plus tard l’aisance et le bien-être.

MARKELSHEIM, bourg du Wurtemberg, dans le cercle de l’Iaxt, bailliage et à 9 kilom. de Mergentheim ; 2,000 hab. Récolte des vins les plus renommés du royaume.

MARKERY, ville de l’Inde. V. Mercara.

MARKET-nLAINDFORD, ville d’Angleterre. V. Blandfoud-Forum.

MARKETTE ou MARQUETTE S. f. (markè-te). Dr. féod. Droit qui appartenait à certains seigneurs de passer la première nuit des noces avec les nouvelles mariées leurs vassales. Il Redevance d’un demi-marc d’argent que payaient les femmes pour s’affranchir du droit de marketle.

MARKGROMNGEN, ville du Wurtemberg, cercle du Neckar, bailliage et à 9 kilom. N.-O. de Ludwisburg, sur la Glems ; 3,000 hab. Grande foire annuelle de moutons. Maison centrale de correction pour femmes. On y remarque l’ancien château des comtes de Groningen, qui avaient autrefois la dignité de porte-bannière de l’empire. Outre ce château, il y a une belle église dont la construction remonte au moyen âge.

MAHKIIAM (Gervais), littérateur anglais, né à Goiham, comté de Nottingham, vers 1570, mort vers 1655.11 servit comme capitaine dans l’armée royale lors de la guerre civile qui commença en 1640 et se termina par la mort de Charles Ier. Markham avait un savoir très-varié et très-êtendu et publia des ouvrages sur les sujets les plus divers. Nous citerons de lui des tragédies : Sir Richard de Criiwile (1591) ; ilérode et Antipaler (1622), etc. ; le Poëme des poèmes, ou la M’use de Sion (1596), recueil de poésies qui fut bien accueilli ; un l’raitê sur l’équitation (ii-io) ; Traité sur l’art de la chasse aux oiseaux (1621) ; Traité sur la pèche à l’hameçon (1656, in-4"), etc.

MARKHAM (Frédéric), général anglais, né vers isos. Il prit du service comme enseigne en 1824, devint capitaine en 1829, prit part à la répression de la révolte qui avait éclaté en 1836, fut nommé lieutenant-colonel en 18-12, et se rendit en 1846 dans les Indes. Lorsque éclata, en 1848, la formidable révolte des Seikhs, Markham reçut le commandement d’une brigade, combattit sous les ordres de sir H. Gough, prit part à quatre sanglantes batailles et obtint, en récompense de sa brillante conduite, outre le titre d’aide de camp de la reine, le grade d’adjudant général de l’armée de l’Inde. Il venait d’être nommé major général (1854) lorsqu’il fut appelé à rejoindre les troupes alliées qui faisaient le siège de Sébastopol. Il y prit le commandement de la deuxième division, se lit principalement remarquer à l’attaque du Redan et revint en Angleterre en 1855.

MAKK1EWICZ (Jean), théologien polonais, célèbre par sa haine contre les jésuites, né à Posen dans la première moitié du xvn» siècle, mort entre 1674 et 1680. Après avoir commencé ses études au collège de sa ville natale, il alla les continuer à l’académie de Cracovie. C’était a l’époque où cette académie soutenait une lutte mémorable dans les annales polonaises contre les jésuites, qui voulaient ouvrir des écoles à Cracovie et fonder des académies à Posen et à. Lemberg. Professeurs et élèves unissaient leurs efforts contre l’ennemi commun, et la plupart des élèves, en quittant l’université, emportèrent avec eux une haine inextinguible pour cette puissante société. Markiewicz fut du nombre de ces derniers. Après avoir terminé ses études, il entra dans l’armée et prit part aux

MARK

campagnes contre les Suédois, puis il renonça à la carrière des armes et se rendit à Rome, où il étudia le droit pendant six ans et obtint le diplôme de docteur en droit civil et en droit canon. Il venait d’embrasser l’état ecclésiastique lorsque André Sxoldrski, évêque

de Posen, l’appela auprès de lui en qualité de confesseur. Ce fut sous les auspices de ce prélat, qui était lui-même un ennemi déclaré des disciples de Loyola, qu’il commença sapolémique contre ces derniers. Voici à quelle occasion. Konarski, évêque de Posen au xvie siècle, ayant introduit en 1570 les jésuites à Posen, leur avait fait don de quelques villages appartenant au siège épiscopal ou plutôt au chapitre de la ville. L’évêque Szoldrski, mécontent de cette donation faite par son prédécesseur à une corporation qu’il haïssait, résolut de la lui enlever ; mais c’était l’époque où la société de Jésus avait atteint en Pologne son plus haut point de puissance, et un évêque même ne pouvait pas impunément s’attaquer à elle, quelques justes motifs qu’il eût de le faire. Le prélat, désireux de sonder l’opinion publique, envoya son confesseur ouvrir le feu contre les jésuites. Markiewicz publia aussitôt, sous ce titre : De aliénations sex villarum à Capitula posnaniensi (Padoue, 1641), une brochure dans laquelle il prouvait que Konarski n’avait pas le droit de disposer des propriétés du chapitre, et que, si quelque évêque faisait une donation, malgré la volonté du chapitre, ses successeurs avaient le droit de la révoquer. À dater de la publication de cet opuscule, la vie entière de Markiewicz ne fut plus qu’une lutte sans trêve contre la société de Jésus. Peu de temps après, les jésuites ayant refusé de payer au clergé séculier la dîme des biens qu’ils possédaient en Pologne, et la cour de Rome, à laquelle appel avait été fait à ce sujet, ayant décidé en leur faveur, il fit paraître, sous ce titre : Décima cleri sxcularis inregno Polonis (Paris, 1643), une nouvelle brochure dans laquelle il prouvait que, d’après les décisions antérieures de la cour de Rome et les lois du pays, les jésuites possédant des biens dans les provinces de la république ne pouvaient s’afi’ranchir des dîmes et autres redevances dues au clergé séculier. En même temps le clergé, dont les intérêts généraux étaient en jeu, agissait auprès de la cour de Rome, en sorte que le pape, par un bref donné en février 1646, décida que les jésuites payeraient les dîmes et autres redevances dues aux églises paroissiales.

Markiewicz fit alors paraître deux autres brochures où, tout en louant le pape de sa décision, il attaquait les jésuites avec une telle violence que ceux-ci, usant de leur influence, réussirent à obtenir la suppression de la seconde de ces brochures, celle où leurs intrigues étaient le mieux percées à jour. Mais ce ne fut que quatre ans plus tard qu’ils répondirent à leur adversaire, contre lequel ils ne lancèrent cependant que des accusations générales, sans rien opposer aux faits qu’il leur avait reprochés. Markiewicz, qui, dans l’intervalle, était devenu chanoine de Posen et de Warmie, curé de l’église Saint-Jacques à. Varsovie et secrétaire royal, leur répondit à son tour dans une nouvelle brochure. Il eut bientôt après une autre occasion de recommencer la lutte avec ses éternels adversaires. En 1633, la princesse Anna Ostrogska, que les jésuites dominaient entièrement, avait abandonné, mais seulement sa vie durant, des biens immenses à leur collège de Jaroslav. À la mort de la princesse, ses héritiers, les Lubomirski et les Zamojski, réclamèrent aux jésuites la restitution de ces biens, qu’ils retenaient sans aucun droit. Ils refusèrent, ce qui donna lieu à un procès interminable devant les tribunaux polonais et en cour de Rome. À la demande des Lubomirski, et peut-être de son propre mouvement, Markiewicz écrivit sous ce titre : Scandalum expurgatum in laudem Ltstituti Societatis Jesu (Dantzig, 1654), une brochure qui, par la violence autant que par la justesse de ses attaques contre les jésuites, dépassait toutes celles qu’il avait jusqu’alors publiées contre eux. Aussi mirent-ils tout en oeuvre pour se venger de lui ; ils réussirent à le faire révoquer de la cure deTarnow, et, comme en 1655 il s’était rendu à Rome pour plaider sa cause auprès du pape, ils parvinrent à le faire arrêter et emprisonner au château Saint-Ange. Grâce à l’intervention d’amis puissants, il recouvra sa liberté au bout de six mois, mais à condition qu’il n’écrirait plus contre les jésuites. Il se tut pendant dix ans, mais il lit paraître un nouvel opuscule intitulé : Carcer Jîomanus (Paris, 1666, in-8o), dans lequel il raconte en détail les intrigues des jésuites et montre l’accord qui règne entre eux et la cour de Rome. Il écrivit en outre, dans l’intérêt des Zamojski et des Lubomirski, deux dernières brochures, dans lesquelles il prouve que les jésuites s’étant, contre le droit et la conscience, écartés des règles primitives de leur société, et cela par l’initiative de Cluude Acquavita, général de l’ordre, et que, par conséquent, ils doivent être appelés disciples d’Acquavita, et non disciples de Loyola. Markiewicz dut mourir peu de temps après, car on n’entend plus parler de lui à dater de cette époque.

MARKIEWICZ (Roman), physicien et litté MARK

rateur polonais, né en 1770, mort en 1842. Il fit ses études à l’université des Jagellons, à Cracovie, y fut reçu, en 1793, docteur en philosophie, et professa ensuite dans différents collèges de la Pologne jusqu’en 1805, époque à laquelle il se rendit à Vienne dans le but d’y compléter les connaissances qu’il avait déjà acquises. Après quatre ans de séjour dans cette ville, il vint à Paris, où, jusqu’en 1813, il s’appliqua surtout à l’étude des sciences physiques et mathématiques. Nommé à son retour professeur de physique à l’université de Cracovie, il occupa jusqu’en 1838 cette chaire, k laquelle il avait joint, en 1818, celle de philosophie. Outre un grand nombre de mémoires publiés dans les Annales de la Société scientifique de Cracovie, on a de lui : Voyages de lord Macartuey eu Chine, traduits de l’anglais (Cracovie, 1801, 2 vol. in-8o) ; Paris envisagé au point de vue des sciences en 18U (Vilna, 1811, in-8o) ; Principes de pkysique (Cracovie, 1819-1834, 2e édit. in-S°) ; De ta nature et des bases de la physique (Cracovie, l Sn) ; Des propriétés physiques (Cracovie, 1818) ; Du mouvement ondulatoire (Cracovie, 1831) ; De la liaison et des rapports 'entre la chaleur, l’eau et l’air dans les phénomènes de la nature (Cracovie, 1834), etc.

MARKLAND (Jérémie), savant philologue anglais, né à Childwall, dans le Lancashire, en 1693, mort à Milton (Surrey) en 1776. Il était fils d’un pauvre vicaire de village dont la famille se composait de douze enfants. Markland fut admis à l’hôpital du Christ comme boursier, et y commença sérieusement ses études, qu’il acheva au collège de Saint-Pierre, à Cambridge. Le jeune étudiant fut promptement en possession de ses grades ; on aurait voulu le pousser dans la carrière ecclésiastique, mais il s’y refusa énergiquement pour se consacrer à la culture des lettres, qu’il aimait avec passion. Il s’occupait déjà de Properce et préparait uns édition des Sylves de Stace, qui devait lui donner une brillante réputation. Ce travail parut à Londres (1728, in-4o). La même année, Markland se chargea de l’éducation d’un jeune homme, et visita avec lui la France, les Pays-Bas et la Hollande. Vers 1743, il renonça complètement à l’enseignement ; il était atteint d’infirmités qui ne lui laissèrent que la satisfaction de travailler à ses heures, dans la solitude qu’il choisit dans le comté de Surrey. Une attaque de goutte l’emporta à l’âge de quatre-vingt-trois ans. La querelle la plus fameuse à laquelle Markland prit part fut celle qui s’éleva entre Tunslull et Middleton, au sujet des lettres de Cicéron à Brutus et de Brutus à Cicéron. Tunstall avait émis des doutes sur l’authenticité de cette correspondance. Non-seulement Markland appuya ces doutes, mais il les étendit à quatre harangues attribuées à Cicéron, et qui sont, suivant lui, l’œuvre de quelque rhéteur. Ces harangues sont : Ad Quirites post reditum ; Post reditum in senatu ; Pro domo sua ; De haruspicum responsis. L’ouvrage de Markland eut un immense retentissement, et souleva d’orageuses récriminations de la part de Ross, depuis évêque d’Exeter, qui publia un pamphlet où il attaquait, « d’après la manière de Markland, » l’authenticité des plaidoyers de Cicéron pour Milon et Sylla, celle de deux Catilinaires et de deux sermons de Tillotson. Markland écrivit sur la couverture de ce livre : « Je ne l’ai jamais lu. » La querelle reprit en 1753 et en 1801. Gessner réfuta les arguments du philologue anglais ; Wolf les corrobora par de nouvelles considérations. Markland a été décrié par les uns, vanté à l’excès par les autres. Si Hurd l’a défini « une créature de peu d’esprit et de sens médiocre. » Elmsley a été plus juste en disant : « Sa modestie, sa candeur, sa probité littéraire, sa politesse à l’égard des autres savants furent telles, qu’on le regarde justement comme le modèle que tout critique devrait imiter. » Quoi qu’il en soit, Markland peut être considéré à juste titre comme un des savants modernes les plus versés dans les littératures anciennes.

On a de lui : une édition des Sylves de Stace, ouvrage déjà cité, dont Boissonade a dit : « Si nous ne nous trompons, les notes de Markland sur Stace sont, avec l’Horace de Bentley, ce que les philologues anglais ont écrit ne plus beau sur la littérature latine ; Epistola critica ad Franciscum Hare, decaniem Vigorniensem, in qua Horatii loca aliquot et aliorum veterum emendantur (Cambridge, 1723, in-8o) ; Remarques sur les lettres de Cicéron à Brutus et de Brutus à Cicéron (Londres, 1745, in-8o) ; De Græcorum quinta declinatione imparisyllabica et inde formata Latinorum tertia quasstio grammatica (Londres, 1760, in-4o) ; Euripidis supplices mulieres (Londres, 1763-1775, in-4" ; Oxford, 1811, in-8o) ; Eunpidis Iphigenia in Aulide et Iphigenia in Tauris (Londres, 1768-1771, in-8o). Markland éleva des doutes sur l’authenticité du célèbre traité de Cicéron : De oratore. Serviable avec ses collègues, il fournit d’abondantes et précieuses notes à Taylor sur Lysias, à Mangen sur Philon, et à Bowyer sur le Verbe moyen de Kuster.

MARKO KSALIEVITCII, le Cid Campeador de la Serbie (xiv<> siècle). L’histoire en parle à peine, et il ne fut guère qu’une sorte de brigand ; mais les Serbes en ont fait leur héros national, et son nom revient souvent dans les chants populaires. Fils du kraal Wu-