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sion à sa veuve et édita ses œuvres aux frais du trésor public. L’édition la plus complète de ses Œuvres est celle de Paris (1832, 4 vol. in-8»), avec une notice biographique par Quintana.

MÉLÈNE s. m. (mé-lè-ne — du gr. mêlas, noir). Ghim. Hydrocarbure qui se produit dans la distillation sèehe de l’alcool mélinique.

’ — Encycl. Le mélène C301160 est un hydrocarbure homologue de l’éthylène. On peut l’obtenir en distillant directement lacired’a. beilles. On traite le produit par la potasse pour saturer les corps gras formés en même temps. Il se forme une couche aqueuse de savons alcalins et une couche huileuse qui renferme du mélène dissous dans des hydrocarbures liquides. On décante cette seconde couche et on la distille. Les hydrocarbures liquides passent d’abord, puis le mélène passe à son tour quand la température s’est considérablement élevée. On purifie le produit en le Comprimant dans du papier buvard et en le faisant recristalliser dans l’éther. Il est toutefois nécessaire, avant de le faire recristalliser, de le rectifier sur la potasse caustique pour le débarrasser d’une petite quantité de substance oxygénée dont il est toujours souillé.

Le mélène cristallise en écailles nacrées parfaitement blanches ; il est inodore et insipide. Sa densité égale 0,89 ; il fond à 69° suivant Brodie, à 33°,5 suivant Eltling, à 47»,8 suivant Bory et se prend, par le reiroidissemont, en une masse cireuse. II bout entre 370" et 380° ; sa^lensité de vapeur, déterminée dans trois expériences, a varié de 10,0 à 11,8 ; mais il faut dire que ces densités sont forcément inexactes, le corps se décomposant partiellement. Le mélène est insoluble dans l’eau et l’alcool froid ; l’alcool bouillant le dissout et il est très-soluble dans l’éther, les huiles et les essences.

La potasse et la soude n’attaquent pas le mélène, même a l’ébullition. L’acide sulfurique ne l’uttuque pas à froid. A chaud, une partie se carbonise, tandis que le reste se sublime. L’acide azotique même bouillant l’attaque peu. Le chlore 1 attaque en produisant, dans certaines circonstances, un corps très-fortement chloré. Certains hydrocarbures

fossiles, connus sous les noms de fichtelite, hartite, hatohètine, ixolyte, kœxlite, ozokèrite, seheererite, etc., ont les plus grands rapports avec le mélène.

HELENH.I, ville de la Russie d’Europe, gouvernement et à 139 kilom. S.-E. de Vladimir, sur l’Ounja ; ch.-l. du district de son nom ; 4,685 hab. Commerce de bois et de céréales.

MÉLÉNORRHAGIE S. f. (mé-lé-no-ra-jtdu gr. melaina, fera, de mêlas, noir ; regnumi, je fais irruption). Pathol. Vomissement de sang noir.

MÉLEQUIN s. ra. (mé-le-kain). Métrol. Ancienne monnaie française.

MÊLER v. a. ou tr, (mê-lé — bas lat. misculare, dérivé du latin miscere, mêler, grec misgein, allemand michen, anglais mix, lithuanien maiszau, russe mieszain, kymrique mysgu. De toutes ces formes, il faut encore rapprocher le sanscrit miçzayami, mêler, â-mik-shâ, lait mélangé, et le grec mignumi, mêler. La racine est mi/c, confondre, mêler, et le latin misceo est pour miksceo, comme le prouve d’ailleurs mixtus pour mikstus. Le se est le suffixe de dérivation inchoative. Le lithuanien maiszau est de mémo pour maikszau. Il en est de même du grec misgein et du kymrique mysgu. Le vieux français a deux formes : M ester de miscularc, et medler, d’où l’anglais to medle, qui représente un thème Actif mixtulare). Mélanger, mixùonner de manière à amalgamer les parties : Mêler de l’eau avec du vin. Mêler des couleurs. Mêler du froment et de l’orge.

Nous avons beau vanter nos grandeurs passagères ; 11 faut mêler sa cendre aux cendres de, ses peres. J.-B. Rousseau.

Il Entremêler, placer dans un ensemble : Mêler des (leurs de. diverses couleurs dans un bouquet. À Borne, les femmes mêlent des fleurs à leurs cheveux. (E." About.) Avant le régime de Boileau, Corneille avait mêlé le vers comique au tragique, comme dans le Cid et Nicomède. (Stê-Beuve.)

— Unir, associer, en parlant des hommes : Dieu, disait Joseph de Maistre en parlant de la Jiécolution, ne nous a broyés que pour nous mêlkh. (Guéroult.)

— Emmêler, embrouiller : Mêler ses cheveux. Mêler du fil, un écheveau. Mêler ses papiers, ses notes.

— Confondre : Mêler ses pleurs à ceux d’un imi. La Marne mêle tes eaux avec celles de la Seine. L’enfant mêle instinctivement ses impressions et ses récits. (Renan.)

Jeunes amis, dansez autour de cette enceinte ;

Mitez vos pas joyeux, mêlez vos heureux chants.

V. Hugo.

Il Joindre, unir, associer, ajouter : Les louanges toutes pures ne mettent pas un homme d son aise, il faut y mêler du solide. (Mol.) Les hommes simples et vertueux mêlent de la délicatesse et de la probité jusque dans leurs plaisirs. (Vauven.) Toutes les fois qu’on 'a. lutLB un calcul à une bonne action, le calcul ne

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réussit pas. (Mme de Staël.) Il n’y a point de mal auquel l’égoïsme ne mêle son influence. (Théry.) r

Heureux qui sait mêler l’agréable a l’utile.

Voltaire.

— Comprendre, faire entrer : Mêler quelqu’un dans une accusation, dans une intrigue, dans une conspiration. Mêler quelqu’un dans une conversation. Il Introduire, insinuer :

Il se rend familier avec tous ses amis, Mêle partout son mot, et jamais, quoi qu’on die, Pour donner son avis, il n’attend qu’on le prie.

Corneille.

Mêler une serrure, La fausser.

Mêler les cartes, Les battre avant de commencer la partie, il Kig. Embrouiller une affaire.

— Manège. Mêler un cheval, Le mener de façon qu’il ne sache plus ce qu’on exige de lui.

— Techti. Mêler les feuilles, Distribuer les feuilles suivant l’ordre qu’elles doivent avoir dans les cartons collés.

Se mêler v. pr. Être mêlé, associé, amalgamé, confondu  : Il y a des substances qui SE mêlent difficilement. Les fleuves courent se mêler dans la mer. (Montesq.) Le bien et te mal se mêlent ici-bas dans des proportions indiscernables. (E. Renan.) Aux questions les plus nettes se mêle toujours un peu d’équivoque. (Proudh.)

— S’unir, se confondre, en parlant des hommes : Les peuples, se mêlant, mêlent leurs idiomes. (K. Littré). L’Arabe, si ce n’est en Espagne, ne se mêla guère aux peuples vaincus. (Renan.)

— S’accoupler, en parlant des animaux : Les oiseaux qui ne font point de nid ne se marient point et se mêlent indifféremment. (Buff.) Il Se croiser, par des unions entre races diverses : Les races humaines tendent de plus en plus à SE MÊLER.

— 5e mêler à, Prendre part à : Se mêler k une intrigue. En Angleterre, les femmes ne SE mêlent jamais aux entretiens à voix haute. (Muie Je Staël.) Il Accompagner, être lié, associé à : La religion se mêle a tout. (B. Const.) Toutes les révolutions politiques SB mêlent ou se lient À une révolution religieuse. (Ballanche.) Il y a presque toujours dans le cœur de l’homme une petitesse qui se mêle même aux grandes passions. (Ch. de Rémusat.) Pour passionner tes peuples, il faut qu’un peu d’illusion se mêle à la vérité. (Lamart.) Il faut qu’un coin de faiblesse se mêle knos qualités mêmes. (Sce-Beuve.)

Mes filles, chflnteî-nous quelqu’un de ces cantiques Où vos voix, si souvent se mêlant d messieurs, De la triste Sion célèbrent les malheurs.

Racine.

Se mêler de, S’occuper, s’ingérer de, s’immiscer à : De quoi vous mêlez-vous ? Mêlez-vous de vos affaires. Quand les rois se mêlent de ta religion, au lieu de la protéger, ils la mettent en tutelle. (Fén.) Il faut que le plaisir de gouverner soit bien grand, puisque tant de gens veulent s’en mêler. (Volt.) l’otw ne devez vous mêler de réformer autrui que quand vous n’aurez plus rien à faire sur vousmême. (J.-J. Rousseau.) Les prêtres ne doivent pas se mêler des choses terrestres. (De Ségur.) Dès que l’amour-propre SE mêle d’une contestation, elle devient interminable. (De Ségur.) Pour avoir du goût, il faut que le cœur s’en mêle. (H. Rigault.) Il n’y a de disette que daris les pays où l’État SE mêle de régler les approvisionnements. (Ed. Laboulaye.) li Avoir l’infatuation de : Sa mêler de rimer, de pérorer.

— 5e mêler de filer la quenouille, Rester dans son rôle, dans ses attributions, en parlant d’une femme ; ne pas s’immiscer aux affaires des hommes.

Le diable s’en mêle, Il y a là-dessous quelque influence occulte, funesto, un sort contraire :

La bonne femme est folle ou le diable s’en mêle.

La Èhaussée.

■— Syn. Mêler, mélanger, miitiomicr. V. MÉLANGER.

— Se mêler, s’immiscer. V. IMMISCER.

MÉLÈS, petite rivière de Lydie et d’Ionie. Elle venait des environs du mont Sipyle et tombait dans le golfe de Smyrne. On faisait nalue Homère sur ses bords, d’où, le nom de Mélésigène donné au poète pur les anciens.

MELESSE, bourg et comm. de France (Illeet-Vilaine), canton de Saint-Aubin-d’Aubigné, arfond. et à 13 kilom. N. de Rennes, sur la rive droite de l’Ille ; pop. aggl., 392 hab.

— pop. tôt., 2,540 hab. Tannerie. Commerce de grains, beurre, fil, bois et cidre. L’église, qui a conservé des fragments du xve siècle, offre un très-curieux porche en bois sculpté.

MÊLES VILLE (Anne-Honoré-Joseph Duveyrier, connu au théâtre sous le pseudonyme de), auteur dramatique français, né à Paris le 13 novembre 1787, mort à Marly-le-Roi le 8 ndvembre 1665. Il étuic le fils du baron Duveyrier, ancien avocat au parlement de Paris, ancien magistrat sous la République, le Consulat, l’Empire et la Restauration, et premier président honoraire à la cour royale de Montpellier. Destiné au barreau, où s’étaient distingués son père et son aïeul maternel Jean-François Lesparat, auteur du

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Dictionnaire du Digeste, il étudia le droit, fut reçu avocat k la cour de Montpellier en 1809, plaida avec succès pendant deux années, et fut nommé substitut du procureur impérial, puis du procureur général. Les événements de 1815 ayant enlevé à son père sa première présidence, il donna sa démission, vint à Paris, et se voua entièrement à la littérature dramatique. Déjà applaudi au théâtre, où il s’était essayé, en 1811, par la comédie de l’Oncle rival, il changea de nom et, pour ne pas blesser les susceptibilités de sa famille, ne prit désormais sur l’affiche que celui de Mélesville, auquel il ne devait pas tarder a donner l’illustration de la scène. Le nombre des pièces qu’il a fait jouer sur les différents théâtres de Paris ne s’élève pas à moins do trois cent quarante et une ; elles appartiennent à tous les genres, depuis le mélodrame ayant pour titre l’Aigle des Pyrénées, qu’il composa en société avec Pixérécourt, jusqu’à la Voix humaine, opéra en deux, actes qui fut son dernier ouvrage, depuis la comédie jusqu’à la féerie, depuis le vaudeville jusqu’à la farce. Ses premiers succès furent obtenus dans le mélodrame, qui, à l’époque de ses débuts, était fort à la mode. On le vit successivement signer en collaboration les pièces suivantes : Abenhamet ou les Héros de Grenade (1815) ; Boleslas et le Bûcheron écossais (1816) ; Onze heures du soir (1817) ; le Château de Paluzzi ; le Proscrit et la fiancée (1818) ; les Frères invisibles (1819), etc. ; mais il ne tarda pas à renoncer à un genre qui n’était, pas celui qui convenait le mieux à ses moyens. S’associant avec Scribe, alors débutant comme lui dans la carrière théâtrale, il mit son nom à une foula de productions remplies de verve, de traits heureux et de détails charmants. Nous citerons parmi les œuvres dues à cette collaboration, qui dura jusqu’en 1845 : les Deux précepteurs (1817) ; Frontin mari garçon ; la Petite sœur (IS21) ; Mémoires d’un colonel de hussards (1822) ; Valérie (1823), une des plus belles créations de Ml1* Mars ; l’Ambassadeur, la Demoiselle à marier (1826) ; la Chatte métamorphosée en femme (1827) ; Zoé, la Seconde année (1830) ; le Chalet, opéra-comique (1834) ; le Lac des fées, opéraàgrand spectacle (1839) ; Lambert Simnel, opéra-comique (1843), etc.

En même tempsqu’il travaillait avec Scribe, Mélesville collaborait avec les autres auteurs en vogue, fournisseurs habitués des scènes de genre, tels que Bayard, Carmouche, Dumersan, Merle, Théaulon, Brazier, Rougemont, Vandeiburch, de Courcy, de Saint-Georges, Gabriel, Xavier, Michel Masson,

de Biévilte, .etc. C’est ainsi qu’il a donné un grand nombre de vaudevilles dont beaucoup ont joui d’une certaine vogue et sont restés au répertoire. Nous citerons notamment : l’Incognito (1816) ; la Veille des noces (1817) ; le Tournoi (1818) ; l’Ermite (1820) ; la.l’amitié normande (1822) ; le Précepteur dans l embarras (1823) ; la Neige (1824) ; le Bourgmestre deSaardam{l&25) ; les Paysans (tS2G) ; Jérôme, le Mariage impossible (1828) ; 1 lispionne russe (1829) ; le Philtre champenois, Jacqueline, le Bouffon du prince (1831) ; le Dernier chapitre, Une a/faire d’honneur (1832) ; les Vieux péchés (1833J ; Michel Perrin, un des plus beaux rôles de l’acteur Bouffe (1834) ; Elléest folle (1835) ; Suzanne (1837) ; le Marquis en gage (1839) ; les Paveurs, la Meunière de Marly, le Chevalier de Saint-Georges (1840) ; la Fille de Figaro (1343) ; la Maitresse de maison, le l’uteur de vingt ans (1845) ; Carlo Beati (1846) ; Une fièvre brûlante (1847) ; le Fruit défendu, le Démon familier, Vestris Ier1 ou le Dieu de la danse, une des plus réjouissantes caricatures de Levassor ; le Marchand de jouets d’enfants (1848) ; les Bijoux ’indiscrets, l’Odalisque, le Sofa (1S50) ; les Rêves de Mathéus (1852) ; la Bataille de la vie (IS53) ; Un cerveau fêlé (1854) ; Monsieur Beawninet (1854) ; le Voyage d’Anacharsis (1S56), etc. N’oublions pas : Ourika, la Vieille de seize ans, les Trois maîtresses, Pauline ou Sait-on qui gouverne, la Femme de l’avoué, pièces écrites pour Fanny Vertpré, cette charmante actrice qui fut pendant longtemps, et si heureusement, l’interprète de Mélesville. Bien souvent la comédienne et l’auteur se rencontrèrent dans les coulisses, bien souvent leurs noms furent réunis sur l’affiche. La tombe s’ouvrit à la même heure pour tous les deux, et presque aussitôt la mort, fauchant dans le bataillon dramatique, enleva Dumanoir, une autre célébrité du Gymnase, de sorte que ces trois noms de Mélesville, de Jenny Vertpré et de Dumanoir parurent bordés de noir et rapprochés dans la tristesse du feuilleton nécrologique, comme ils l’avaient jadis été dans la joie du succès, quand on jouait à la salle Bonne-Nouvelle les Vieux Péchés, la seule pièce, d’ailleurs, que Dumanoir et Mélesville aient écrite ensemble et dans laquelle Jenny Vertpré tenait un rôle de danseuse avec une légèreté, une grâce et une finesse incomparables. C’est à Mélesville que la petite Mars du Vaudeville devait ses premiers triomphes, c’est à Dumanoir qu’elle devait ses dernières créations. Elle leur a ouvert k l’un et à l’autre les portes de l’éternité ; mais le bruit de leurs chansons nous est resté, bruit éphémère, il est vrai, que celui-là, et qui tombe presque en même temps que le décor k l’abri duquel on l’a vu naître. Les gloires du théâtre si rapidement improvisées s’évanouissent en une semaine : les triomphateurs de la

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veille sont oubliés le lendemain quand l’acteur a ôté son fard, que l’actrice a vu poindre un cheveu blanc ou que la mode a convolé à de nouvelles noces. Où retrouver maintenant tout ce que Mélesville et ses collaborateurs Brasier, Théaulon, Scribe, Bayard, etc., ont conté de plus spirituel, de plus gai, de plus charmant ? Dans quelle poussière sont ensevelis ces trames ingénieuses, ces couplets tant applaudis, ces traits que le sourire d’une jolie bouche soulignait ? Quels magasins contiennent délaissées, empaquetées et ficelées toutes ces délicieuses créations dont le titre emplissait toutes les mémoires et qui prennent à présent si peu de place dans le souvenir de la foule oublieuse ? Et quand l’on songe après cela que ces noms fêtés, applaudis, célèbres, que nous venons de citer avaient succédé à d’autres non moins fêtés, non moins applaudis, non moins célèbres, Barri, Radet, Desfontaines, Bouilly, Piis et Désaugiersl Voilà sans doute ce que ne se disent pas assez les improvisateurs brillants et féconds que la fantaisie emporte et que la réussite a grisés. Puis, quand le succès les quitte comme il est venu, on ne sait comment, un peu par hasard, ils s’aperçoivent qu’ils survivent a leur œuvre et que de tout le bruit qu’ils ont fait il ne restera rien ou presque rien. Alors, et voilà justement la compensation accordée au travailleur fervent, k l’artiste épris du beau et du. vrai ; alors, pendant qu’ils s’éteignent riches d’argent sans doute, mais légers de gloire, et que nul ne songe plus v- relire leurs compositions démodées, les lettrés, les délicats, vont écouter à la Comédie-Française quelque pièce vieille de cent ou de deux cents ans, mais encore jeune et vivante, où il y a, selon l’expression de M. Auguste Villemot, « un peu de ce baume qui conserve depuis quatre mille ans des momies dans leur sarcophage, un style I » Et ils se disent qu’en somme le chemin qui conduit à la postérité n’est pas celui qu’encombrent les vaudevilles de M. Clairville.

Pourtant, Mélesville avait tenté quelques excursions dans le domaine de la comédie, mais de loin en loin, car le talent littéraire proprement dit lui manquait par de certains côtes. Outre l’Oncle rival, dont nous avons parlé plus haut, il fit jouer à l’Odéon ou au Théâtre-Français : les Deux secrets (1819) ; la Petite maison (1826) ; la Séparation (1830) ; la Marquise de Senneterre, avec son frère, M. Charles Duveyrier (1837) ; le Portrait vivant, avec M. Léon Laya (1837) ; Sullivan, comédie en trois actes, en prose (1852) ; Un vers de Virgile, en deux actes et en vers (1857). Il reparut de nouveau dans le mélodrame, où ses goûts l’entraînaient volontiers, et donna avec Bayard la Chambre ardente, pièce où l’horreur coule à pleins bords et qui dut son succès surtout k Ml’c Georges, chargée du rôle de l’empoisonneuse Biinviiliers. Citons aussi la Berline de l’émigré. Outre son opéra la Voix humaine, en deux actes, à l’Académie de musique (1862), Mélesville a donné : k l’Opéra-Comique, la Jeune tante (1820) ; Zampa (1831) ; Une journée de la Fronde (l&33) ; la Grande-duchesse, Sarah (1836) ; la Jeunesse de Charles-Quint(1841) ; le Trompettede Monsieur le prince (1846) ; les Dames capitaines (1857). etc. Nous pourrions aussi rappeler quelques à-propos, parodies et vaudevilles de circonstance imprimés comme tous les ouvrages précédemment cités dans les collections théâtrales ; mais nous avons hâte, après avoir parlé de l’auteur, de dire un mot de l’homme.

Mélesville était, selon M. Emile Augier, une nature riche et généreuse, présentant un ensemble parfait d^irbanitè, de grâce affable, d’inépuisable complaisance, de droiture et de fermeté, un modèle accompli de l’homme du monde et de l’homme de lettres. Nous retrouvons le même portrait dans les touchantes paroles prononcées par M. de Leuven, directeur de l’Opéra-Comique, sur la tombe de Mélesville : > Sévère pour lui, indulgent aux autres, travailleur consciencieux, infatigable, citoyen inébranlable dans ses principes comme dans ses sentiments, simple et modeste dans la fortune, patient et résigné dans le malheur, tel fut cet homme de bien, k qui Dieu avait en outre accordé le talent, et qui n’a jamais fait servir ce talent qu’à l’expression des idées les plus fortifiantes. » M. Albéric Second a écrit, de son côté, dans le Grand Journal : « Il était de la race des bons, une race précieuse que nous voyons disparaître chaque jour et qui sera difficilement remplacée par celle qu’on voit lui succéder. Il aimait la jeunesse ; personne ne s’intéressait et n’applaudissait autant que lui au succès des écrivains de la nouvelle génération. Si on voulait lui plaire, il ne tallait pas l’entretenir de ses propres ouvrages, mais de ceux de ses confrères. Voisin de campagne de Victorien Sardou, dans sa jolie viila de Marly-le-Roi, où il a rendu le dernier soupir, il demandait, peu d’instants avant la minute suprême, si les journaux se montraient favorables à l’auteur de la Famille Benoîton. * On sait combien il aimait Alexandre Dumas fils, qui fut assez longtemps son locataire dans le petit hôtel de la rue de Boulogne.

ui’licier de la Légion d’honneur, Mélesville a été longtemps vice-président de la société des auteurs et compositeurs dramatiques. Le collaborateur le plus assidu de