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leur médiocre. Un de ses livres, l’Analyse des œuvres de Bayle (Londres, 1755, 4 vol. in-12), dénoncé comme entaché d’hétérodoxie, fut condamné pur arrêt du parlement, et l’auteur se vit enfermé k la Bastille, où il resta quelques mois. Ce même ouvrage fut continué et réimprimé en Hollande par Robinet. On lui doit encore le Templum Tragœdis {Paris, 1734, in-12), où il ne cite parmi les poètes anciens que Sophocle et Euripide, et parmi les modernes que Scipion Maffei, Corneille et Racine ; le Picturx Carmen (Paris, 173G, in-12), traduit en français par Querlan (1738, in-12), poème dans lequel on trouve quelques beaux, vers et des épisodes agréables ; histoire de Marie Sluarl (Paris, 1742, 3 vol. in-12) ; Mémoires historiques de Jacques Melvil, traduits de l’anglais (Paris, 1745, 3 vol. in-12)j Dictionnaire abrégé de peinture et d’architecture (Paris, 1746,2 vol. in-12) ; Histoire moderne des Chinois, des Japonais, des Indiens, etc. (Paris, 1754-1778,30 vol. in-12), annoncée comme une suite de l’Histoire ancienne de Rollin, mais ne rappelant aucune des qualités de ce dernier. Les douze premiers volumes sont seulement de Marsy, les autres sont d’Adrien Richer. On doit encore à l’abbé de Marsy un Discours dogmatique et politique sur l’origine, la nature, etc., des biens ecclésiastiques (1750, in-12), réimprimé sous le titre : le Prince Fra Paolo ou Conseils à la noblesse de Venise (Berlin, 1751, in-12) ; enfin un Rabelais moderne (Paris, 1752, 8 vol. in-12), dans lequel, en voulant rajeunir le style de Rabelais, il a fait disparaître la saveur caustique et l’originalité de l’auteur du Pantagruel.

MARSY (Claude-Sixta Sautereao de), littérateur et publiciste, né à Paris en 1740, mort dans la même ville en 1815. Rédacteur de plusieurs feuilles publiques, il se rangea dans le parti de Fréion contre Voltaire. Outre de nombreux articles publiés dans le Journal des dames. VAnnéélittéraire, le Journal de Paris, qu’il rédigea jusqu’en 1789, on lui doit : Réflexions d’un homme de lettres sur la tragédie du comte de "Warwick (anonyme) ; Dans un café (Paris, 1763, in-12) ; . Éloge de Charles V, roi de France (Paris, 1767). Comme éditeur, il a publié un très-grand nombre d’ouvrages dont les plus importants sont : l’Almanach dest Muses, qu’il îbnda avec Maton de La Oour, et qui parut sans interruption jusqu’en 1833, malgré les fréquentes attaques de la critique ; Nouvelle Anthologie française, depuis Marot jusqu’à ce jour (Paris, 176*9-1787, 2 vol. in-12) ; Recueil des meilleurs contes en vers (Paris, 1774-1784, 2 vol. in-8°) ; Petit chansonnier français (Paris, 1778 et ann. suiv., 3 vol. in-s°) ; Annales poétiques depuis l’origine de la poésie française, avec Imbert et autres (Paris, 1778-1788, 40 vol. in-16), collection assez estimée ; Pièces échappées aux seize premiers almanachs des Muses (Paris, 1781, in-12) ; Nouvelle bibtiothèque de société (Paris, 1782, 4 vol. în-16) ; Poésies satiriques du x.vin° siècle (Londres, 1782, 2 vol. in-18) ; Œuvres choisies de Dorât, aveu notice (Paris, 1780, 3 vol, in-12) ; Tablettes d’un curieux ou Variétés historiques, littéraires et morales (Paris, 1789, 2 vol. in-12) ; Mémoires secrets sur les règnes de Louis'XI Y et Louis XV'par Duclos (Paris, 1790-1791, 2 vol. in-8») ; Poésies de Bonnard, avec notice (Paris, 1791, in-8°) ; le Nouveau siècle de Louis XIV (Paris, 1793 ou 1803, 4 vol. in-8<>), curieux recueirde couplets satiriques contre les principaux événements de ce règne ; Œuvres choisies de Pope, avec un Essai sur sa vie (Paris, 1800, 3 vol. in-12) ; Lettres de M™ de Maintenor, (Paris, 1806, 6 vol. in-12, et 1810, 4 vol. in-12), etc.

MARSYAS s. m. (mar-si-ass — nom mythol.). Genre de coléoptères pentamères, de la famille des carabiques, dont l’espèce unique a été trouvée dans les mines du Brésil.

MARSYAS, petite rivière de l’ancienne Asie Mineure, dans la Phrygie, affluent du Méandre près de Célène. Elle tirait son nom du joueur de flûte Marsyas.

MARSYAS, personnage mythologique, ordinairement représenté comme, un satyre, fils d’Hyagnis, d’Œagre ou d’Olympus ; il était de Célene, en Phrygie. Il passe pour l’inventeur de la flûte, ou plutôt il la retira de la fontaine où Minerve l’avait jetée de dépit, en voyant que le jeu de cet instrument la défigurait. Marsyas s’y exerça et en tira des sons mélodieux ; bientôt il passa pour le plus habile joueur de flûte de son temps. D’après Diodore, il était un des suivants de Cybèle, qu’il accompagna dans tous ses voyages. A la cour de Nysa, il se rencontra avec Apollon, le dieu de la lyre, et osa le délier k une lutte musicale. Il fut convenu que les Muses décerneraient la palme de la victoire, et que le vaincu resterait à la merci du vainqueur. Marsyas tira de sa flûte des sous si harmonieux, qu’il ravit tous les assistants, et ce ne fut pas sans peine que le dieu de la lyre fit déclarer les juges en sa faveur. Furieux d’avoir eu tant de peine à enlever les suffrages, il se montra sans pitié pour son audacieux rival ; il l’attacha à un pin très-élevé et le fit périr en l’écorchant tout vif. Hygin prétend qu’Apollon chargea un esclave scythe de cette barbare exécution. Mais lorsque la violence de son ressentiment fut apaisée, il se repentit de sa cruauté, rompit les cordes de sa lyre et la déposa avec la

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flûte de Marsyas dans un autre de Baochus, auquel il consacra ces instruments. Quelques-uns rapportent qu’Apollon changea Marsyas en un fleuve qui prit le nom de ce dernier ; suivant Ovide, ce fleuve fut formé par les pleurs que les divinités champêtres répandirent sur le corps de Marsyas : Les demi-dieux des bois, des monts et des vergers. Les nymphes, les Bylvains, les faunes, les bergers, Les satyres surtout le pleurèrent ensemble. Humide de leurs pleurs, la terre les rassemble, Et forme un nouveau fleuve, au cours limpide et clair, Et qui va sous son nom se perdre dans la mer.

(Métamorphoses, liv. VIII ; trad. Desaintange.)

Deraoustier (Lettres à Emilie sur la mythologie) a très-ingénieusement et très-spirituellement raconté l’épisode d’Apollon et de Marsyas. Lalutte a lieu en présence de toute la cour de Nysa, et Marsyas commence, après avoir invoqué Minerve :

Il module la’mélodie

Des premiers concerts du printemps ;

Des premiers désirs des amants

Soupire la mélancolie ;

Du gazouillement des oiseaux,

Il cadence le doux murmure ;

Puis, interrompant a propos,

Ou précipitant la mesure,

Du caprice de ses pipeaux

Semble lutiner les éch03.

Ensuite, au milieu de la plaine,

Il égare parmi les fleurs

Les bergères et les buveurs

Dansant autour du vieux Silène....

Mais tout à coup, au fond d’un bois,

On croit ouïr la voix plaintive

D’une dryade fugitive.

Qui, faible et réduite aux abois,

Pousse un cri.... La peur, l’espérance,

Font palpiter et tressaillir... !

Jusqu’au moment ou le plaisir.

Interrompu par un silence,

Se réveille par un soupir.

Il avait fini qu’on l’écoutait encore ; mais lorsqu’il salua l’assemblée, les acclamations s’élevèrent avec la fureur de l’enthousiasme. Apollon comprit que son talent de musicien ne suffirait peut-être pas k lui assurer la victoire ; il appela donc k son secours la flatterie, toujours si puissante sur les coeurs féminins, et, après.avoir préludé par un éloge à la belle Ariane, qui faisait partie de ses juges, il chanta, en s’accompagnant de la lyre, les strophes suivantes, où il fit défiler toutes les beautés présentes :

Autrefois, de chaque belle

Empruntant le plus beau trait, t

De sa Vénus Praxitèle

En composa le portrait.

Si j’avais une étincelle

De son talent précieux,

Je ferais adorer celle

Que je compose en ces lieux.

Je prendrais de Polyxène

Les yeux, la taille et le sein.

Et la bouche d’Eroxène, .

Et l’albâtre de son teint ;

De Chloé le front novice

La timide bonne foi ;

I«e sourire d’Eucharisse,

Qui semble dire : Aimez-moi*

Ah ! si mon ciseau Adèle

Pouvait rendre les appas

Qu’on voit Bur chaque modèle,

Et ceux que l’on ne voit pas ;

Sans voile représentée

Avec leurs proportions,

Que bientôt une Galatéa

Ferait de Pygmalions !

Si, pour lui donner la vie, L’Amour consultait mes vœux. Ton enjooment, Euphrasie, Pétillerait dans ses yeux. Aglaé, de ta malice Je lui donnerais un grain ; Et ton cœur, tendre Eurydice, Palpiterait sous ma main.

Mais pourquoi ma voix légère Unissant tant de beautés. Me fait-elle une chimère De tant de réalités ? Tandis que je les rassemble. Amour rit de mon travail. Et j’abandonne l’ensemble Pour adorer le détail.

Après de si beaux compliments, la palme fut adjugée d’une seule voix au dieu de la lyre, qui était ainsi celui de l’éloquence.

La lutte de Marsyas contre Apollon n’est que celle de la flûte, instrument très-cultivé en Phrygie, contre la lyre, en faveur dans l’Attique et le reste de la Grèce ; peut-être qu’aussi sous cette lutte se cache celle des deux cultes.

La peau de Marsyas fut portée k Célène, où l’on en fit une outre qu’on suspendit k une colonne. C’était une croyance vulgaire que cette peau s’agitait d’elle-même quand ou jouait dé la flûte, et qu’elle restait immobile aux sons de la lyre, comme si elle eût été mue encore par un sentiment d’antipathie et de rivalité. Les artistes de l’antiquité ont fréquemment reproduit sur des bas-reliefs, des gemmes, des vases, etc., le combat de Marsyas et d’Apollon. Dans l’Acropole d’Athènes, on voyait une statue de Minerve frappant Marsyas qui avait osé ramasser sa flûte. A Delphes, il était peint dans la Lesché, ensei MART

gnant la musique k Olympus, son père suivant les uns, son disciple suivant d’autres. Pendant longtemps, on vit dans le temple de la Concorde, à Rome, un tableau de Zeuxis représentant Marsyas garrotté. Dans le Forum et dans plusieurs colonies romaines, on avait élevé près des tribunaux des statues de Marsyas. Les avocats, après avoir gagné une cause, venaient le couronner et le remercier de leur succès, comme s’il eût personnifié les jugements sévères, mais justes, ou pour le rendre favorable à leur déclamation en sa qualité d’excellent joueur de flûte. Enfin, les poètes et les peintres ont souvent représenté le célèbre Phrygien avec des oreilles de faune ou de satyre et une queue de Silène. C’est sous cette dernière forme qu’on le voit dans les jardins du Luxembourg, à Paris.

Marsyas n’en est pas moins resté dans toutes les littératures 1 emblème de la présomption vaniteuse et ignorante, que suit un prompt et cruel châtiment. Dans son Épître à M. de Castera sur les détracteurs de la poésie, Sorin a même employé ce mot comme nom commun, synonyme de sot et d’ignorant :

A mépriser cet art les sots trouvent leur compte ;

Mais, grâce & la raison, je n’ai point partagé

Des marsyas du temps l’ignorant préjugé.

Pour les autres applications, v. Apollon.

Mar»ya», statue antique en marbre pentélique ; musée dû Louvre. Ce beau marbre représente le satyre téméraire suspendu par les bras aux branches basses d’un pin au moment où il va être écorché. L’exécution de cette figure est d’une rare perfection, et les détails anatomiques sont rendus avec une merveilleuse exactitude. Il existe du Marsyas du Louvre un assez grand nombre de répétitions antiques, en ronde bosse et en bas-relief. On conjecture qu’elles sont toutes des imitations du Marsyas attaché, peinture célèbre de Zeuxis, qui fut transportée k Rome et qu’on y voyait encore au temps de Pline, dans le temple de la Concorde. Le Marsyas du Louvre a subi quelques réparations modernes aux pieds et aux mains. Il provient de la villa Borghèse.

Manyu (Afollon et), peinture attribuée kRaphael. V. Apollon. Le même sujet, traité par le Guide, figure au musée de Toulouse.

Marayoa (APOLLON FAISANT ÉCORCHEK), tableau de Vanloo. V. Apollon.

MARSYAS DE PELLA, historien grec qui vivait au ive siècle avant notre ère, du temps d’Alexandre le Grand. D’après Suidas, il était frère d’Antigone, un de3 lieutenants du vainqueur de l’Asie. Tout ce qu’on sait de certain sur sa vie, c’est qu’il commandait une division de la flotte de Démétrius à la bataille de Salamine, .eu 306. Il composa, entre autres ouvrages, une Histoire de la Macédoine, depuis ses origines jusqu’à l’expédition d’Alexandre en Asie, et une Histoire de l’éducation d’Alexandre, dont il avait été le condisciple.

— Un autre historien grec du même nom, Marsyas de Philippes, qui vivait à une époque incertaine, écrivit des ouvrages intitulés : Archaiologia, en douze livres ; Muthica, en sept livres, etc. Il reste de ces deux auteurs, qu’on asouvent confondus, de rares fragments cités par Millier dans les Scriptores rerum Alexandri Magni.

■ MARSYPIANTHE s. f. (mar-si-pi-an-tedu gr. marsupion, bourse ; anthos, fleur). Bot. Genre de la famille des labiées, établi pour des herbes de l’Amérique tropicale. MARSYPOCARPE s. m. (mar-si-po-kar-pe

— du gr. marsupion, bourse ; karpos, fruit). Bot. Nom scientifique de la bourse-k-pasteur.

MARTA (SANTA-), ville de la Nouvelle-Grenade. V. Marthe (Sainte-).

SI ART A (Jacques-Antoine), jurisconsulte et canoniste italien, né à Naples. Il vivait au xvia siècle. Tout ce qu’on sait de lui, c’est qu’il était docteur in utroque jure, et qu’il professa la jurisprudence à Naples et à Bènévent. Il avait l’habitude d’ajouter à ses titres officiels celui de philosophe. Il s’est occupé de philosophie en effet, mais il est loin de mériter le titre qu’il s’attribue. Un de ses ouvrages a pour titre : Digressio utrum intellectus sit unus sel multiplicatus contra Averrhoem. Il n’a pas d’importance. Quant à sa dissertation sur l’immortalité de l’âme, elle est remarquable seulement k cause du paradoxe par lequel l’auteur soutient, contre Cajetan, Pomponace et Siméon Portius, qu’Aristote enseigne que l’âme est immortelle. La psychologie de Marta est celle des thomistes : il se borne à ressasser dans un style quelquefois vigoureux les arguments en vogue dans l’école. On lui attribue encore une brochure assez violente : Pugnaculum Aristotelis adversus principia Bernardini Telesii (Rome, 1587, in-4°). Il n’y attaque pas k son ordinaire les partisans de l’école de Cosenza, ses adversaires habituels ; il ne s’occupe que de physique. Telesio était d’avis que le chaud et le froid étaient les deux principes des choses. Ce ne sont pas des principes, objecte Marta, mais des formes et des qualités inhérentes k la matière. Il passe ensuite en revue tout l’objet de la Physique d’Aristote, et défend le maître contre son adversaire, d’après les procédés en vogue, sans au’un grain d’originalité le signale à l’attention du lecteur.

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MABTABAN ou MO-TA-MA, l’un des seize États qui constituèrent, au xivo siècle, le royaume de Siam.

MARTABAN, ville de l’Indo-Chine britannique, ch.-l, de la province du même nom, sur le Salouen, à 54 kilom. de son embouchure, à 163 kilom. S.-S. de Pégu ; 2,500 hab., Anglais, Pégouans, Birmans et Siamois. Cette ville est aujourd’hui bien déchue. Les Anglais, qui s’en étaient rendus maîtres en 1825, l’abandonnèrent l’année suivante, mais ils la reprirent en 1852. Il Le Martaban, dépendance de la présidence de Calcutta, a 200 kilom. sur 150, et environ 36,000 hab. Il est.en partie montagneux et fertilisé par de nombreux cours d’eau. Le climat est salubre et généralement tempéré. Les récoltes en riz y sont considérables. Le pays produit aussi du, coton, de l’indigo, du poivre noir, du sucre, du tabac. Les forêts donnent le bois de teck, le safran, etc. Les rivières roulent quelques paillettes d’or. Le coton récolté dans le Martaban est employé k fabriquer des toiles qui sont consommées dans le pays ; on y fabrique aussi quelques étoffes de soie et de la poterie. Le Martaban entretient des relations commerciales avec le Siam, l’empire birman, le Laos et même la Chine ; ces deux derniers pays lui fournissent de la laque, des rubis, des drogues, des sabres, des couteaux, des étoffes de coton, du sucre candi, des épices, du mercure, de l’alun et du borax, ainsi que des indiennes, des aiguilles, etc. La ville la plus importante est Amherst-Towii, où les Anglais ont leur principal établissement.

MARTABAN (golfe de), enfoncement de la partie orientale du golfe de Bengale, sur la côte occidentale de 1 Indo-Chine, entre le cap Negruïs, k l’O., et la province d’Yé, k l’E. La largeur de l’entrée est de 360 kilom., et la profondeur de 240 kilom. Bruxe, au N.-E., est la.principale Ile qu’il renferme. Beaucoup de cours d’eau viennent s’y jeter : les plus considérables sont l’Iraouaddy et le Rangoun, au N., et le Sitang et le Thaleayn, au N.-E. Les côtes de ce golfe sont généralement basses, surtout vers le delta de l’Iraouaddy. Le golfe de Martaban est peut-être le Magnus Sinus des anciens.

MARTAGON s. m. (mar-ta-gon). Bot. Espèce du genre lis, dont quelques botanistes ont fait un sous-genre.

MARTAINVILLE (Alphonse - Louis- Dieudonné) ; auteur dramatique et journaliste français, né à Cadix, de parents français, en 177B, mort k Sablon ville, près de Paris, en 1830. Il passa ses premières années en Provence, puis fut conduit k Paris et mis au collège Louis-le-Grand. A seize ans, il termina ses études, et dès cette époque il se fit remarquer par la caustique vivacité de son esprit, par la hardiesse de ses repurties et par la haine profonde que lui inspirait la Révolution, dont il ne comprit jamais les idées grandes et généreuses. Martainville avait dix-sept ans lorsque ses propos agressifs et son langage insolent contre le nouvel état de choses Te firent traduire devant le tribunal révolutionnaire. Ici se place une anecdote inventée après coup et don t l’invraisemblance ne saurait échapper aux esprits sérieux. ■ Comment t’appelles-tu ? lui demande le président Fouquier-Tinville. — Martainville, répondit le prévenu. — Tu veux cacher tu qualité, reprit Fouquier ; tu es un aristocrate, tu t’appelles de Martainville. — Citoyen président, répliqua hardiment le jeune homme ; je suis ici pour être raccourci et non pour être allongé ; laisse-moi mon nom. » L’audace de cette réponse l’aurait sauvé, ajoute-t-on j la vérité est que la protection d’Antonelle, qui siégeait parmi les juges et surtout sa jeunesse valurent à Martainville d’être acquitté (1793). Il n’en continua pas moins k attaquer en toute occasion la Révolution, et les événements du B.thermidor le comblèrent de joie. Il devint k partir de ce moment un des membres le plus en vue de la jeunesse dorée, et écrivit pour le théâtre des pièces, notamment les Assemblées primaires, et le Concert de la rue Feydeau, dans lesquelles il s’attacha k déverser le ridicule et nnsulte sur les révolutionnaires. Grâce k l’esprit de réaction qui dominait alors, ses pièces eurent du succès, et la jeunesse dorée les applaudit avec fureur.

En écrivant ses virulentes diatribes, Martainville avait la conviction que le gouvernement républicain allait être promptement renversé. Mais la journée du 13 vendémiaire (octobre 1795) lui montra l’inanité de ses espérances, du moins pour le moment. Craignant d’être inquiété^ il alla se cacher en Provence. Mais il fut obligé de prendre le fusil et de suivre un bataillon de volontaires en Italie. Toutefois, peu de temps après, il revint k Paris, se fit comédien et, tout en menant l’existence la plus déréglée, il travailla avec Étienne k une Histoire du Théâtre-Français. Sous l’Empire, Martainville écrivit do nombreuses pièces au gros sel. Il composa une chanson dans le style poissard, au sujet du mariage de Napoléon et de Marie-Louise, qui courut manuscrite et eut un grand succès de fruit défendu. Mais, l’année suivante, oubliant son royalisme, il célébra la naissance du roi de Rome par des couplets où il sentait « redoubler son ivresse » en pensant k « notre empereur. » À trois ans de 1k, 1814 comblait tous les vœux de Martainville. L’année suivante, k la nouvelle du débarquement de Bona 159