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divisés, petits ou gros et globuleux. Les différences entre les sexes sont toujours appa*■ reines et quelquefois très-prononcées ; elles portent principalement sur les mandibules, qui sont faibles dans les femelles et souvent très-développées dans les mâles. Il en est de même de tous les organes buccaux en général. Il y a en outre des variations assez sensibles dans la forme du corselet, dans la structure des pattes, etc. Tous les lucanides sont de taille assez grande, excepté les sinodendrons qui sont de taille tout a fait exiguë. Leur corps est généralement glabre. Chez quelques espèces, on remarque des teintes ou des reflets métalliques ; chez d’autres, des écailles plus ou moins serrées. À l’état parfait, ’ ces coléoptères se trouvent sur les troncs ou à l’intérieur des arbres vermoulus. Un petit nombre d’espèces, comme le cerf-volant, volent avec facilité ; mais la plupart paraissent peu se servir de leurs ailes. Les lucanides vivent généralement de la miellée des feuilles et de la sève extravasèe des arbres ; à cet effet, leur languette et leurs mâchoires sont terminées par des pinceatix de poils, mais, chez quelques-uns, les poils ne sont pas très-développés, la languette et les mâchoires ne sont pas extensibles ; il est.donc à présumer que ces derniers prennent une nourriture plus solide : la présence assez fréquente d’un crochet corné aux mâchoires corrobore encore cette supposition. Dans tous les cas, leur nourriture est à peu près exciusivemeîi*. végétale.

Les femelles pondent leurs œufs dans des trous creusés sur les troncs et les racines des arbres plus ou moins attaqués de la pourriture. Les larves se développent très-lentement ; celles du cerf-volant, par exemple, mettent quatre ans pour parvenir a l’état de nymphe. En général leur couleur est d’un blanc jaunâtre, avec la tête rougeâtre. Le corps est gros. Le troisième article des antennes est aussi long que les deux suivants réunis. Les mandibules sont dentées obtusément sur le bord interne, avec une surface molaire à la base. Les mâchoires ont des lobes séparés, acuminés, ciliés sur le bord interne. Lorsque leur développement est complet, ces larves se renferment dans une coque formée de terre ou des détritus végétaux au milieu desquels elles ont vécu. L insecte parfait, dont les téguments sont d’abord mous, attend dans sa retraite qu’ils aient atteint leur couleur et leur consistance définitives. On a formé dans ce groupe plusieurs subdivisions. La première se compose des luoanites ou lucanes proprement dits, auxquels nous consacrons un article spécial. Les autres divisions, beaucoup moins importantes, sont celles des lainprimites, des chiasognathites, des figulites, des syndésites, des tesalites, des sinodendrites.

Les lamprimites ne renferment qu’un petit nombre d’espèces propres à l’Australie, à la Nouvelle-Zélande, au Chili, et chez lesquelles les différences sexuelles sont peu ou point apparentes.

Les chiasognathites sont de magnifiques coléoptères, remarquables par leur taille, leur coloration entièrement ou partiellement métallique et la grandeur des mandibules chez les mâles. Ils sont propres à l’Amérique méridionale.

Les ligulites sont de taille médiocre, de couleurs sombres ; ils habitent l’Afrique, les Indes, l’Australie.

Les syndésites, propres à l’Amérique et à l’Australie, sont également de taille médiocre. Les œsalites, dont on ne counaU qu’un très-petit nombre d’espèces propres à la Tasmanie, à la Nouvelle-Zélande, à l’Europe, sont tous de petite taille.

On ne connaît que trois espèces de sinodendrites ; elles forment le genre sinodendron, dont les caractères se rapprochent beaucoup de ceux des scarabéiens. Les différences sexuelles ne portent plus sur le développement des mandibules et des pattes dans les mâles, mais sur l’armature de la tète et du corselet. Le corps est parfaitement cylindrique, rugueux, de couleur noirâtre, presque glabre. L’espèce type ou sinodendron cylindrique est un insecte de taille moyenne, répandu dans toute l’Europe, surtout dans le Nord ; elle se trouve dans les troncs des arbres vermoulus, entre autres dans les pommiers u cidre, auxquels la larve fait parfois beaucoup de mal.

I.utauor (le comte), ouvrage du prince Juan Manuel. V. comte.

LOCANUS OCELLUS, philosophe grec. V.

OCELLUS.

LUCAR s. m. (lu-kar — du lat. lucus, bois sacré). Antiq. roin. Revenu qu’on tirait des bois sacrés. Il Salaire des comédiens, qui éiait pris sur ce revenu, ainsi que tous les frais des jeux publics.

LUCAK-DE-BARBAM1ÎDA (SAN-), en latin du moyen âge Forum Sancti-Luciferi, ville d’Espagne, prov. et à 30 kilom. N.-O. de Cadix, sur la rive gauche et près de l’embouchure du Guadaiquivir, dans l’Atlantique ; 16,765 hab. Filatures de coton, fabriques de liqueurs, tanneries, tonnelleries ; port de commerce sûr, mais d’un accès difliciie, défendu par deux châteaux forts. Pêche abondante. Commerce considérable de vins, eaux-de-vie, huiles et fruits. Cette ville fut prise sur les Maures, en 1206, par Alphonse le Sage. Pa LUCA

trie de Diego Velasquez, fondateur de la Havane. San-Lucar est’admirablement située et offre un aspect charmant avec son vieux château, ses clochers, ses palmiers et ses environs couverts de métairies, de bosquets d’orangers et de ravissantes prairies. Aussi les habitants de Séville, de Xerez et de Cadix y abondent-ils pendant la belle saison. Une de ses principales curiosités est la délicieuse habitation d’été du duc de Montpensier.

LUCAR- LA -MAYOR (SAN-), ville d’Espagne, prov. et à u kilom., N.-O. de Séville, sur la rive gauche de la Guadiana, au centre d’un charmant pays que les Arabes appelaient le jardin d’Hercule ; 2,000 hab. Antiquités romaines. Cette ville eut le titre de duché et appartint à, la maison de Guzman. Le ministre d’Espagne, 01ivarè3, fut duc de San-Lucar. La ville est entourée de grandes plantations d’oliviers, d’arbres a fruit et de vignes. Dans la plaine s’étendent d’immenses pâturages couverts de troupeaux et fertilisés par des eaux abondantes. La tour de l’église, construite sur le modèle de la Giralda de Séville, est remarquable par sa prodigieuse élévation.

LUCAB. (Cyrille), patriarche et théologien grec. V. Cyrille Lucar.

« LUCAR1ES s. f. pi. (lu-ka-rî — du lat. lucus, bois sacré), Antiq. Fête que les Romains célébraient le 14e jour des calendes d’août, dans un bois sacré situé entre le Tibre et la voie Salaria, en mémoire de l’asile que ce bois leur avait fourni à l’époque 4p l’invasion des Gaulois.

LUCARNE s. f. (lu-kar-ne.— L’origine de ce mot est controversée. Quelques-uns le rapportent, avec Diez, au latin lucerna, lanterne ; d’autres le tirent simplement de lux, lucis, lumière ; du reste, lucerna se rattache au même radical que lux, savoir le verbe lucere, luire). Archit. Petite fenêtre, ménagée dans la toiture pour donner du jour aux logements situés dans les combles.

Une lucarne mal vitrée,

Prôs d’une gouttière livréo

A d’interminables sabbatts,

Grbsset.

Il Lucarne demoiselle, Lucarne de charpente couverte en triangle, ir Lucarne à la capucine, Lucarne couverte en croupe de comble. Il Lucarne flamande, Lucarne en maçonnerie couronnée d’un fronton. Il Lucarne faitière, Trou pratiqué dans le toit et recouvert dl’une simple tuile, il Lucarne bombée, Lucarne en arc de cercle. Il Lucarne rampante, Petite lucarne sans fronton, pratiquée vers le milieu du comble.

— Encycl. Pendant la période romane, les toits étaient presque toujours plats, et comme on n’y ménageait point de logements, on n’y pratiquait guère de lucarnes. Mais vers la fin du xiio siècle, au début de la période gothique, les constructions commencèrent à se charger de combles fort élevés, où l’on disposa des chambres qui furent éclairées par des lucarnes. Plus tard, ces chambres et ces jours prirent le nom de mansardes, de l’architecte Mansart, qui néanmoins était loin d’en être l’inventeur. Les lucarnes ne tardèrent pas à devenir un des motifs de décoration de l’architecture du moyen âge, qui traita toujours avec un soin remarquable les couronnements des édifices.

La face des lucarnes tantôt se trouve au niveau du prolongement des murs, et tantôt repose sur les pièces de charpente des combles. Le xme, le xivaetlexve siècle fournissent de nombreux exemples de la première disposition. li fut d’usage, durant cette période, d’établir sous les combles, dans les châteaux, de grandes salles qu’on éclairait par de très-hautes lucarnes, dont la base descendait au-dessous de la corniche du toit. On en voyait notamment au Palais, à Paris, aux châteaux de Montargis, de Sully, de Coucy, de Pierrefonds. etc. En Bretagne, en Normandie, en Picardie et dans quelques autres provinces, les combles eurent, à cette époque, des proportions parfois énormes. Le second étage, à demi mansardé, était surmonté d’un autre étage engagé complètement dans les combles, de sorte qu’on reliait eu un seul dessin la lucarne de l’un avec la fenêtre de l’autre, comme on le voit au château de Jousselin, en Bretagne. Le palais de justice de Rouen semble n’avoir été bâti, en quelque sorte, que pour faire valoir ses lucarnes ; les motifs de leur composition partent du soi même. On voit aussi de belles lucarnes du xvie siècle à l’hôtel de Cluny, à l’hôtel de ville de Compiègne, à Tours, à Bourges, a Saumur, à Orléans, etc.

Les lucarnes en charpente reçurent peu de dé veloppemen t duran t le xme et le xi’ve siècle ; mais les constructeurs s’en préoccupèrent davantage au xve. Les plus anciennes ne sont que des ouvertures dessinées par des pièces de bois et ne devant point être fermées par des vitres ou des volets. Elles sont recouvertes en tuile, en ardoise, ou en plomb. Au xive siècle, on les agrandit un peu. On en trouve, sur les combles delà cathédrale d’Autun, qui sont divisées en deux baies et surmontées d’un yrand comble. À Notre- Dame de Châlons-sur-Marne il y a une lucarne qui a conservé son épi et sa girouette en plomb.

LUCAS (Richard), théologien anglais, né

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en 1648, mort en 1715. Il commença par diriger une école gratuite dans la petite ville d^Abergavenny ; puis son talent pour la prédication le fit appeler à Londres. En 1696, il obtint une prébende à Westminster, et c’est à ce moment qu’il devint aveugle. On connaît de lui : le Christianisme pratique ; la Recherche du bonheur (2 vol. in-8°) ; la Morale de V Évangile ; Pensées chrétiennes pour chaque jour de la semaine (in-8°) ; Guide pour aller au ciel ; les Devoirs des domestiques (in-8°) ; Sermons (5 vol.).

LUCAS (Jean), poète français, né vers 1650. Il appartenait à 1 ordre des jésuites et professa la rhétorique et la théologie au collège. Louis-le-Grand. Il a publié : Actio oratoris seu de ijestu et voce iibri duo (Paris, 1675, in-12) ; Oratio de monumenlis publias latine inscribendis (Paris, 1677, in-12).

LUCAS (Paul), voyageur et archéologue français, né à Rouen en 1664, mort à Madrid en 1737. Fils d’un joaillier, il s’adonna de bonne heure au commerce des bijoux et des pierres précieuses, visita, pour son trafic, la Grèce, la Turquie, l’Asie Mineure, l’Égypte, puis entra au service des Vénitiens (1688), prit part au siège de Négrepont, et retourna en France.(1698) avec un grand nombre de médailles et d’objets curieux au point de vue de l’art. Poussé par sa passion pour les voyages, Lucas repartit, dés 1699, pour le Levant, parcourut l’Égypte, la Barbarie, l’Asie Mineure, la Perse, la Syrie, l’Arménie, recueillant partout des médailles, des pierres gravées, des manuscrits, fut dépouillé d’une partie de ses reliques archéologiques à Bagdad, dut laisser le reste entre les mains d’un corsaire, revint à Paris en 1703, et devint, l’année suivante, antiquaire de Louis XIV. Reprenant ; en 1705, le cours de ses voyages, il visita de nouveau les pays qu’il avait déjà parcourus, perdit encore en partie le fruit de ses recherches (1708), fut chargé de missions dans le Levant en 1714 et en 1723, se rendit, en 1737 ; en Espagne, et mourut peu après son arrivée à Madrid. Ses ouvrages sont curieux, bien qu’on y trouve des inexactitudes et de l’exagération. Les principaux sont : Voyage au Levant (Paris, 1704, 2 vol !) ; Voyage dans la Grèce, l’Asie Mineure, ta Macédoine et l’Afrique (1710, 2 vol.) ; Voyage dans la Turquie, l’Asie, la Syrie, la Palestine, la haute et basse Égypte (1719, 3 vol.).

LUCAS (François), sculpteur français, né à Toulouse en 1736, mort dans cette ville en 1813. Il fut l’élève de son père, Pierre Lucas, qui mourut en 1752, après avoir exécuté des œuvres estimables pour des églises du Midi et pris part à la fondation de l’Académie des beaux-arts de Toulouse. François obtint le grand prix à l’Académie de Toulouse en. 1764, devint, en 1767, professeur de sculpture, puis fit un voyage en Italie, d’où il rapporta une belle collection de médailles et de figurines. Outre plus de 150 statues ou bas-reliefs en terre cuite, en plâtre, en bois, on lui doit plusieurs ouvrages en marbré ou en pierre, notamment : les Adorateurs, à l’église Saint-Pierre, à Toulouse ; Toulouse et i’Occitauie, statues colossales ; le Mausolée de M. de Puivert, à Saint-Étienne de Toulouse, etc. — Son frère, Jkan-Paul, mort à Toulouse en iSOS, s’adonna à la peinture. Il a publié : Préceptes sur la manière d’apprendre à dessiner (1804) et Catalogue des tableaux et autres monuments d’art du musée de Toulouse.

LUCAS (Jean - André - Henri), naturaliste, né à Paris en 1780, mort en 1825, Il devint garde des galeries du Muséum, où son père, qui passait pour un fils naturel de Butt’on, remplissait les fonctions de conservateur, s’adonna à la minéralogie, et fit, dans l’intérêt de ses études, un voyage en Italie. Outre des articles dans le Dictionnaire d’histoire naturelle, de Déterville, et dans le Dictionnaire classique a" histoire naturelle, de Bory de Saint-Vincent, on lui doit un ouvrage très-estimé : Tableau méthodique des espèces minérales (Paris, 1806-1812, 2 vol. in-8»).

LUCAS (Charles-Jean-Marie), économiste français, né à Saint - Brieuc en 1803. Reçu avocat en 1825, il se fit inscrire au barreau de Paris, plaida avec succès dans plusieurs affaires importantes, et acquit la réputation d’un juriste distingué. Eu même temps, M. Lucas se faisait avantageusement connaître par de remarquables publications relatives, pour la plupart, aux questions pénitentiaires, à la peine de mort, etc., et adressait aux Chambres des pétitions sur ces sujets. Nommé, en 1830, inspecteur général des prisons, il fonda, trois uns plus tard, la société de patronage des jeunes libérés de la Seine, et établit près de Bourges, en 1847, la colonie agricole pénitentiaire du Val d’Yèvre. En 1853, M. Lucas fut appelé U présider le conseil des inspecteurs généraux attachés au ministère de l’intérieur. II a pris sa retraite eu 1865. Correspondant ou associé des sociétés des prisons de. Londres, de Dublin, de Philadelphie, etc., il est, depuis.1836, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, et commandeur de l’ordre de la Légion d’honneur depuis 1865. Nous citerons de lui : Du système pénitentiaire en Europe et aux États - Unis (1826 - 1830, 3 vol in - 8°), ouvrage qui obtint le prix Montyon en 1S31 ; Du système pénal en général et de ta peine de mort en particulier (1827, in-8°), écrit dans lequel il se prononce contre cette peine ; Jle-

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cueil des débats législatifs sur la peine de mort (1830) ; Dissertation sur l’usure (1830) ; De la réforme des prisons (1836 - 1838, 3 vol. in-8°) ; Des moyens et des conditions d’une réforme pénitentiaire en France (1848) ; De la ratification donnée par l’Assemblée nationale au décret d’abolition de la peine de mort (1848), etc.

LUCAS (Prosper), médecin français, frère du précédent, né à Saint-Brieuc en 1805. Il vint faire ses études médicales à Paris, où il se fit recevoir docteur en 1833, avec une thèse intitulée : De l’imitation contagieuse (1833, in-4°). Depuis lors, tout en pratiquant son art, il a publié divers ouvrages, notamment : De la liberté d’enseignement (1831, in-S0) ;O« questions renfermées sous l’expression complexe.• magnétisme animal (1837) ; Traité philosophique et physiologique de l’hérédité naturelle dans les états de santé et de maladie dit système nerveux (1S47-1850, 2 vol. in-S°), etc.

LUCAS (Hippolyte-Julien-Joseph), littérateur français, né à Rennes en 1807. Il appartenait à une ancienne famille de robe, et son père, désireux de lui voir continuer la tradition, lui fit suivre les cours de l’École de droit. Reçu licencié, M. H, Lucas, se Sentant peu de disposition pour la jurisprudence, vint à Paris et débuta dans les lettres par le journalisme. Il fut d’abord chargé de traduire, pour le Globe, les séances du parlement anglais et des articles de la Hevue d’Édimbourg ; eu même temps il collaborait au Don sens, au National, à 1 Artiste, a. la Revue du progrès, à la Nouvelle Minerve, feuilles dans lesquelles il fit paraître un grand nombre d’articles, remarquables ’ surtout par leur solide érudition.

Le romantisme avait mis à la mode la littérature étrangère et y puisait largement ; M. Hippolyte Lucas, très-familiarisé avec la langue anglaise, tourna d’abord les yeux de ce côté. U tira du Corsaire, de lord Byron, un drame en vers qui ne fut pas représenté. Un recueil de poésies et de nouvelles, le Cœur et le monde (1842, 2 vol. in 12), fut assez bien reçu du public ; mais c’était vers la critique érudite que M. H. Lucas se sentait plus spécialement porté. La littérature espagnole, moins connue que la littérature anglaise, attira son attention ; dans une série d’études biographiques et de traductions, il entreprit de lui faire rendre l’estime dont elle jouissait autrefois, au xviie siècle, parmi les lettrés français, et il est resté, avec MM. Philarète Chasles et de Puibusque, un de ceux qui vulgarisèrent le mieux ses chefs-d’œuvre. Il rit jouer à l’Odéon et au Théâtre-Français d’élégantes traductions en vers de Lope de Vega, de Calderon et d’Alarcon : l’Hameçon de Phénice (3 actes, 1843), le Médecin de son honneur (3 actes, 1844), le Tisserand de Ségovie (3 actes, 1S44). U manque un peu de verve et de couleur à ces traductions sages et littéraires ; mais les modèles choisis par M. H. Lucas sont presque inabordables ; un seul poète, V. Hugo, serait capable de rendre les violentes horreurs des deux derniers drames. Des imitations du théâtre antique, les Nuées (1844), Alceste (1847), Médée (Odéon, 1855), marquèrent, de nouveaux pas de l’auteur dans cette intéressante tentative d’adaptations dramatiques.

Depuis 1836, M. H. Lucas était chargé de la critique dramatique, puis du feuilleton littéraire du Siècle ; il sut s’acquitter de sa tâche avec une impartialité mêlée de bienveillance, et, continuant ses études sur les littératures étrangères, il publia successivement les ouvrages suivants, qui sont ses véritables titres à la réputation : histoire philosopftique et littéraire du Théâtre-Français (1843, 2 vol. in-S°) ; Curiosités dramatiques et littéraires (1855, in-12) ; Portefeuille d’un journaliste (1856) ; Documents relatifs à l’histoire du Cid (lS6l), recherches savantes sur la vieille légende castillane, accompagnées d’une traduction des principales scènes du Cid, de Guilhem de Castro. Dans un autre genre, nous citerons encore la Pêche d’un mari, roman (1862) ; Caractères et portraits de femmes (1836, iu-8"). Enfin, M. H. Lucas est encorél’auteur de quelques livrets d’opéra : Bélisaire, Maria Padilla, Linda di C/tamouui, la Bouquetière, [’Étoile de Séville, le Siège de Leyde, Lalla Rouck (1862). Il est depuis longtemps bibliothécaire à l’Arsenal.

M. Hippolyte Lucas a collaboré au Grand Dictionnaire universel du xix« siècle, pour quelques articles relatifs à la littérature dramatique espagnole.

LUCAS (Frédéric), publiciste anglais, né en 1812, mort en 1855. Il fit ses études de droit à l’université de Londres, et fut admis, en 1838, au barreau de cette ville l’année suivante, embrassa la religion catholique, et prit, dès lors, une part active aux affaires publiques, au moyeu surtout du journal la Tablette, qu’il avait fondé et qu’il publia pendant plusieurs années. IL fut aussi l’un des collaborateurs les plus actifs de la Revue de Dublin. En 1849, il transféra la l’ablette de Londres à Dublin, et, trois ans plus tard, fut élu représentant de Meath au parlement, surtout par l’influence du clergé catholique, dont il épousa ardemment les intérêts, ainsi que ceux des classes pauvres de sou pays d’adoption. Persuadé que les membres du clergé catholique romain devaient être, par suite des conditions particulières auxquelles l’Irlande était soumise, les amis naturels et les