Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 3, Lu-Marc.djvu/397

Cette page n’a pas encore été corrigée

1150

MARC

Quoique excellents pour l’époque, les deux ouvrages que nous venons d’analyser paraissent avoir fait peu d’impression en Allemagne lorsqu’ils parurent et ne se sont pas répandus au dehors. Aussi sont-ils devenus extrêmement rares.

MARC1A (famille), maison plébéienne distinguée de l’ancienne Rome. Les Philippus, les Figulus, les Rex et les Censorinus en étaient les principales branches. L. Marcius Philippus, qui fut consul en 698, épousa Atia, nièce de Jules César, veuve de C. Oetavius, et devint ainsi le beau-père d’Auguste. Ce fut Q. Marcius Rex qui, en C36, soumit le premier une partie de la Gaule, et y fonda la ville de Narbonne. Cette famille disparut sous les premiers empereurs.

IUARC1A MAJOMA, maitresse de l’empereur Commode. V. Martia.

MARCIAC, bourg de France (Gers), ch.-l. de uni !t., arrond. et à 29 kilom. 0. de Mirande, sur la rive gauche du Boues ; pop. aggl., 1,554 h.lb. — pop. tôt-, 1,883 hnb. Verrerie. L’église paroissiale présente un beau portail sculpté et de remarquables vitraux. Les anciennes fortifications, dont il ne reste plus que de rares vestiges, ont été transformées en promenade. De l’ancien couvent des augusuns il ne reste plus que la chapelle, surmontée d’une flèche. Deux conciles ont été tenus à Mareiae. Le premier, réuni en 1326, fut présidé par l’archevêque d’Auch, Guillaume de Flavacourt. Ou y publia cinquante-six canons relatifs à divers points de discipline ecclésiastique, à la conduite des prêtres, aux enterrements, au payement des dîmes, à l’excommunication de ceux qui portent des ordonnances contre les privilèges ecclésiastiques, etc. Kn 1329, le même prélat présida à Marciac une nouvelle assemblée couciliaire qui s’occupa de l’assassinat de l’évêque d’Aire par douze gentilshommes et soumit ces derniers à la pénitence la plus rigoureuse pour un grand nombre d’années.

Marciage s. in. (mar-si-a-je). Féod. Droit qu’avait le seigneur de prendre, une année sur trois, les fruits naturels de la terre, tels que les osiers, etc., ou la moitié de ceux qui proviennent de la culture. V.

DROIT.

MAItClANA-MARINA, ville du royaume d’Italie, dans l’Ile d’Elbe, qui forme un district de la province de Livourne, à 12 kiloin. E. de Purio-Ferrajo, ch.-l. de mandement ; 0,818 hab. Aux environs, belle caverne remplie de stalactites.

MAUCIA.NlSti, ville du royaume d’Italie, province de la Terre de Labour, district et à 5 kilom. tj.-O. de Caserte, ch.-l. de mandement ; 8,8CS hab.

Al AHC1ANO, bourg et commune du royaume djltulie, province, matriciel à 18 kilom. S.-E. d’Arezzu ; 2,339 hab. Victoire de Côme 1er de Meuiois sur les Français en 1554.

MARC1ANOPOL1S, ville de l’ancienne Mésie, capitale de la Mésie inférieure, à 25 kilom. O. de lu côte occidentale du PontEuxin.

MARCIANUS (iElius), jurisconsulte romain qui vivait dans la première moitié du me siècle de notre ère, sous les empereurs Caracalla et Alexandre Sévère. Il avait composé un grand nombre d’ouvrages de jurisprudence, dont aucun n’est parvenu jusqu’à nous. Tout ce qui reste de lui consiste en cent soixante-quinze fragments insérés dans le Digeste,

MARCIEN, géographe grec, né h Héraclée au commencement du iv<= siècle de notre ère. 11 écrivit un Périple entier du monde, dont il ne reste que des fragments, lesquels ont été publiés pour la première fois en 1600 et réédités dans la collection des Petits géographes grecs. M. Miller en a donné une édmon très-correcte sous le titre de Périple de Alarcien d’Héruclêe, Epilome d’Artemidore, elc. (Paris, 1839, gr. in-8°J.

MARCIEN (Marcianus), empereur d’Orient, né en Thrace en 391, mort eu 457. Issu d’une famille obscure, il était sénateur et avait su se faire estimer par ses talents militaires et par sa probité quand Théodose le Jeune mourut (450). Là sœur de ce prince, Pulchérie, ayant été proclamée impératrice, prit pour époux Marcien, alors âgé d’environ cinquante-huit ans, en exigeant seulement de

lui la promesse de respecter le vœu de virginité qu’elle avait fait. La première action du nouvel empereur fut de refuser à Attila le honteux tribut que lui payait Théodose : « Je n’ai d’or, dit-il, que pour mes amis ; pour mes ennemis, j’ai du fer ; » et il le força de s’éloigner de l’Orient. Son règne, qui dura sept ans, fut une époque de paix, de justice et de bonheur. Les sages règlements qu’il lit pour refréner la vénalité et la corruption des fonctionnaires ont été insérés dans le Code Théodosien. Marcien mourut trois ans après pulchérie et eut pour successeur Léon Ier.

MARC1EMNE (sainte), dont l’Église célèbre la l’été, tantôt le 9 janvier, tantôt le 11 juillet. Elle vivait au commencement du ive siècle de notre ère. Née en Mauritanie, belle, riche, de condition noble, on dit que dès sou enfance elle renonça à tous les biens qu’elle avait reçus de la nature et de la fortune, pour se consacrer tout entière aux pratiques de la religion

MARC

chrétienne. Elle vivait dans la ville de Césarée, solitaire, inconnue, partageant ses heures entre la méditation des saintes Écritures et les oraisons. Or, c’était au temps où régnait Dioctétien, et durant la dixième persécution de l’Église ; un jour, les cris des victimes qu’on immolait dans le cirque pour la foi de son Dieu parvinrent jusqu’à elle, en même temps que le chant des païens sur la place publique, et, rapporte Baillet, ■ Son zèle la fit sortir de sa retraite, pour aller s’opposer, autant que Dieu le permettrait, à l’idolâtrie qui se commettait dans l’assemblée du peuple. Elle n’y put retenir son zèle, qui la porta à frapper une Diane de marbre, sous les pieds de laquelle il sortait une fontaine, dont l’eau était reçue dans un bassin qui était aussi de marbre, et l’on prétend que la statue en eut la tête abattufl. Un coup si hardi mit les idolâtres en fureur contre elle : ils lui tirent mille insultes et la traînèrent devant le magistrat, qui la livra, premièrement, à la brutalité des gladiateurs, et ensuite aux dents des bêtes farouches qui la dévorèrent. C’est, ajoute Baillet, ce <que l’on peut avancer dé plus vraisemblable sur la foi des actes de son martyre, dont l’autorité est d’ailleurs fort incertaine. »

MARCIEU (Pierre-Emé, comte de), général et diplomate français, né en 1686, mort en 1778. Il appartenait à une ancienne famille du Dauphmé, qui comptait parmi ses membres le chevalier de Boutières, le compagnon d’armes de Bayard. Instruit et possédant plusieurs langues modernes, il fut employé utilement dans diverses missions diplomatiques secrètes, devint colonel du régiment des vaisseaux (1719), brigadier (1721), maréchal de camp et inspecteur général d’infanterie (1734), lieutenant général (1743), et enfin reçut le commandement de la province du Dauphiné (1755). Marcieu joignait à beaucoup de bravoure l’habileté d un fin diplomate et l’amabilité séduisante d’un homma de cour. Pendant son gouvernement du Dauphiné, il se montra peu favorable aux protestants et eut des démêlés avec le parlement de Grenoble.

MAKCIEU (Gui-Balthasar-Emé, marquis de), général français, fils du précédent, né eu 1721, mort en 1753. Il fit les campagnes d’Allemagne (1733-1734), se signala à la bataille de Fontenoy (1745), accompagna Maurice de Saxe pendant la campagne de Flandre (1746), prit part à la bataille de Raucoux, aux affaires deLantosca et de Castel-Doppio (1747), reçut le grade de maréchal de camp en 1748 et fut enlevé prématurément par la petite vérole.

MARCIEU ET DE BOCTlÈRES (Pierre-Emé, marquis nu), général français, frère du précédent, né en 1728, mort en 1804. Entré dans l’armée dès l’âge de douze ans, il était à dix-neuf ans colonel et gouverneur de Valence ; il devint mestre de camp en 1748, prit part à la prise de Maastricht, reçut, avec une pension de 2,000 livres, le gouvernement de Grenoble et du Graisivaudan (1750), se lit remarquer à la bataille d’Hastenbeck, en Hanovre, en Hesse, et fut nommé maréchal de cainp en 1761, lieutenant général en 1780 et commandant du Dauphiné en 1783. Sous la l’erreur, le marquis de Marcieu fut quelque temps emprisonné, et il passa dans l’obscurité les dernières années de sa vie.

MARCIEU (Nicolas-Gabriel-Emé, marquis de), général français, fils du précédent, né en 1761, mort à Paris en 1830. Major dans un régiment de cavalerie au moment où éclata la Révolution, il émigra, servit contre sa patrie de 1792 à 1794, en qualité d’aide de camp du maréchal de Broglie, et reçut le grade de maréchal de camp après le retour des Bourbons (1816). Le marquis de Marcieu s’occupa beaucoup du rétablissement de l’ordre de Malte, mais ses efforts restèrent sans résultat.

MARC1GNY, bourg de France (Saône-et-Loire), ch.-l. de caut., arrond. et à 28 kilom. S.-O. de Charolles, dans une belle plaine à 1 kilom. de la Loire ; pop. aggl., 2,125 hab.

— pop. tôt., 2,638 hab. Fabrication de tissus de coton et de linge de table ; blanchisserie de toiles ; huileries ; battoirs à écorce, fours à chaux et à plâtre, tuileries, poteries. Commerce de bétail. Ce bourg, qu un beau pont suspendu met en communication avec la rive gauche du fleuve, posséda autrefois un riche prieuré de femmes, fondé en 1064, dont on voit encore quelques vestiges, et une tour nommée la tour du Moulin. En 1557, à la suite dos guerres de religion, le duc de Bouillon, chef des calvinistes, et tous les gentilshommes de sa suite furent empoisonnés à Maruigny, dans un grand festin donné par le duc d’Epernon, qui venait de traiter avec lui. L’église a été construite à la fin du xiv° siècle.

MARC1LE (Théodore), en latin Mor.iliun, philologue et ôrudit hollandais, né à Arnheim en 1548, mort en 1617. Après avoir étudié le droit et les belles-lettres à Louvain, il se rendit en France, professa les humanités à Toulouse, puis alla se fixer à Paris (157S), où il se livra à l’enseignement, et finit par occurer la chaire de laugue latine au Collège de France (1002). Parmi ses ouvrages, nous citerons : Orationes (Paris, 1586) ; Bistoria strenarum (Paris, 1599), histoire assez curieuse des étrennes ; Legis XII Tabularum

MARC

collecta et interprétamentum (1600, in-s°), etc. On lui doit, en outre, des éditions de Martial (1584), des Vers dorés de Pythagore (1585), de Lucien (1615), des notes et des commentaires sur Aulu-Gelle, Tibulle, Catulle, Properce, etc.

DIAltClLLAG, bourg de France (Aveyron), ch.-l. de cant, arrond. et à 20 kilom. N.-O. de Rodez, sur le Craynaux, affluent du Bourdon ; pop. aggl., 1,538 hab. — pop. tôt., 1,959 hab. Mine et fonderie de cuivre. Fabrication de toiles. Commerce de bestiaux vins, huile denoix. Aux environs, bellegrotte

MARCILLAC (Pierre- Louis- Auguste de Crusy, marquis du), officier et littérateur français, né à Vauban (Bourgogne) en 1769, mort à paris en 1824. Lorsque la Révolution éclata, il était depuis deux ans colonel. Il émigra, servit dans l’armée des princes, puis en Espagne, se mêla aux intrigues de son parti, fit acte d’adhésion à l’Empire en 1812 et fut alors nommé sous-préfet de Villefranche. Au moment de l’invasion, le marquis de Marcillao entra en correspondance avec les comités royalistes, devint, en 1816, président du premier conseil de guerre, se montra d’une excessive sévérité, eut à prononcer un grand nombre de condamnations capitales, puis fit partie de l’expédition d’Espagne, en qualité de colonel d’étui-major. On lui doit les ouvrages suivants : Voyage en Espaijne (1805) ; Histoire de la guerre entre la France et l’Espagne pendant les années 1793, 1794, 1795 (1808) ; Histoire de ta guerre d’Espagne en 1823 (1824) ; Souvenirs de l’émigration (1825).

MARC1LLAT, bourg de France (Allier), ch.-l. de caut, arrond. et à 25 kilom. S. de Montluçon ; pop. aggl., 552 hab. — pop. tôt., 1,956 hab. Carrière de baryte ; mine de plomb. On y voit un château du xve siècle, dans lequel on a formé une collection d’antiquités gallo-romaines trouvées à Néris.

MARC1LLY-LE-HAYER, bourg de France (Aube), ch.-l. de cant., arrond. et à 21 kilom. S.-E. de Nogent-sur-Seine ; pop. aggl., 46G hab. — pop. tôt., 737 hab. Vestiges dé voie romaine et dolmens dits Pierres-Couvertes.

MARCINKOWSKI (Gaetan-Jaxa), poëte polonais, mort en 1830. Il ne possédait qu un talent des plus médiocres, quoiqu’il fit le vers avec assez de facilité, et on lisait ses poésies moins par plaisir que pour s’en moquer. Néanmoins il réussit à répandre ses compositions bien plus facilement q’ue si elles eussent été des ouvrages sérieux et utiles, et il obtint dans l’instruction publique un emploi lucratif. Il finit, cependant, par aller mourir dans un des hôpitaux de Varsovie. Outre un grand nombre de pièces de vers et d’opuscules en prose, on a de lui : Souvenir pour la jeunesse polonaise (Varsovie, 1819) ; Coup d’œil sur l’état de l’instruction contemporaine en Pologne (Varsovie, 1824) ; les Rivières polonaises (Varsovie, 1826) ; Distractions en vers pour le beau sexe (Varsovie, 1828).

MARCINKOWSK1 (Antoine), littérateur polonais contemporain. Il a collaboré à différents journaux, tels que la Gazette de Varsovie, la Gazette polonaise, la Chronique, l’Encyclopédie universelle polonaise, etc., et a, en outre, publié séparément : Steppes, mers et montagnes, esquisses et souvenirs de voyage (Vilna, 1854, 2 vol. in-8°), description intéressante de l’Ukraine, avec un coup d’œil sur l’histoire et les antiquités de cette contrée ; le Peuple ukrainien (Vilna, 1857, 2 vol. in-8°J ; Souvenirs d’un inspecteur de magasins (Varsovie, 1858) ; le Vieux buraliste (Kiev, 1860, in-8°) ; les Frontières du Dnieper, esquisses de la société ukrainienne au xvme siècte (Kiev, 1863, 2 vol. in-8°), etc.

MARC1NOWSKI (Antoine), littérateur et publiciste polonais, né en 1781, mort en 1853. Il devint, en 1812, secrétaire du département de l’administration nationale, fonda en 1817 la Gazette du courrier de Lithuanie, qu’il fit paraître jusqu’en 1839, et ré-.ligea dans l’intervalle, de 1819 à 1830, le Journal de Vilna, recueil scientifique et littéraire. Maruinowski édita, en outre, dans son imprimerie, différents ouvrages destinés à répandre l’instruction parmi les masses. On lui doit les écrits suivants : Exposé de la méthode élémentaire de Pestalozzi (Vilna, 1808) ; Des brebis, manuel renfermant les meilleurs moyens de les élever (Vilna, 1810) ; Recueil de chartes et d’actes anciens des villes de Vilna, de Woki et de Komno, en collaboration avec Narbutt, j Jachimowicz et Korsakiewicz (Vilna, 1843, 2 vol. in-4<>), etc.

MARCION, philosophe gnostique, né à Sinope vers le commencement du ne siècle dp notre ère. Il était fils de l’évêque de Sinope, et débuta par embrasser la vie monastique. Son savoir, ses vertus et sa continence ie firent, dit-on, élever au sacerdoce. Plus tard, néanmoins, il fut convaincu d’avoir séduit une vierge, c’est-à-dire une jeune chrétienne vouée au célibat. Marcion fut excommunié par son père et chassé de Sinope. Il vint se réfugier à Rome vers l’an 150 et parvint à rentrer dans l’Église ; mais il en fut exclu de nouveau, on ignore pour quel motif. On a attribué à l’envie qu’il avait de nuire à ses anciens coreligionnaires son entreprise philosophique, ce qui parait être une calomnie gratuite, . Quoi qu’il en soit, il se mit à enseigner

MARC

publiquement la doctrine gnostique des deux principes, telle que l’avait exposée Cerdon. Il eut pour adversaires Tertullien, Origène et saint Basile, et il était de taille à lutter contre eux ; car on le représente comme un homme doué d’une grande éloquence et d’une intelligence lucide. Aussi eut-il de son vivant une école nombreuse. Ses doeti ines se répandirent dans tout le monde romain et jusqu’en Perse. Quelques-uns de ses disciples parvinrent à la célébrité-, on cite parmi eux Apelles, Basilisque, Blastus et Théodocion.

Marcion était un philosophe stoïcien autant qu’un gnostique, ce qui explique ses succès et le fait de la durée de ses doctrines. Il y avait encore des marcionites en Orient au xvie siècle.

MARCIONISME s. m. (mar-si-o-ni-sme). Hist. relig. Doctrine de Marcion.

MARCIONITE s. m. Cnar-si-o-ni-te). Histecclés. Disciple de Marcion : Les marcionites sont les précurseurs des sociniens et des socianisants. (Boss.) il On dit aussi ïiarcioniste.

— Encycl. Tertullien, qui a beaucoup écrit contre Marcion et les marcionites, affirme que c’étaient les plus dangereux des gnostiques. Il ne nous reste aucun écrit où Usaient résumé leur doctrine, que nous ne connaissons que par les histoires des hérésies et par les réfutations de Tertullien, deux sources hostiles qu’il ne faut consulter qu’avec beaucoup de réserve. Les marcionites distinguaient, paraii-ii, trois principes : le Dieu bon, le Créateur juste et la matière éternelle, dont le roi est le diable, le malin. Quels rapports métaphysiques les marcionites établissaient-ils entre ces trois principes ? C’est ce que les sources que nous avons mentionnées ne nous apprennent pas. Le Démiurge a créé le monde et l’homme, sa propre image, de la matière à laquelle il a imprimé nécessairement, dans cette œuvre de création, le sceau de son pouvoir restreint. Trop faible pour résister à l’élément matériel dont sou corps est formé, l’homme céda aux suggestions du maliu et s’exposa à la rigoureuse justice du Créateur. Un petit nombre d’hommes exceptés, tous les descendants du premier homme se corrompaient de plus eu plus. Le Démiurge irrité les abandonna donc au pouvoir nés uémons, ne se réservant que les justes pour en former son peuple chéri, le peuple juif, à qui il donna sa loi, et qu’il secourut de tout son pouvoir, mais sans succès, dans sa lune contre le malin. Plein d’un immense amour pour 1’iiuinuuiié, le Dieu bon voulut enfin faire cesser cette lutte en ramenant à lui les hommes par le seul amour. Il envoya donc sur la terre son Christ, avec ordre de révéler à tous les hommes, aux païens comme aux Juifs, son essen» e restée jusque-là inconnue. Le Christ apparut inopinément dans la synagogue de Cupharnaum, revêtu d’une apparence de corps, et jeta à l’heure même les fondements d’un nouveau royaume spirituel. Sa passion et sa mort uelùrent qu’apparentes ; car, pour souffrir et mourir, un corps réel lui eût été nécessaire, et il n’aurait pu en prendre un de cette nature sans se soumettre au pouvoir du Démiurge. Il semble donc, que pour les wiarciomtes, Jésus n’ait été, à proprement parler, que la personnification de l’idée de la rédemption. Ceux qui croient eu lui et qui, par amour pour^Dieu, mènent une vie sainte jouiront dans sou royaume d’une félicité parfaite ; ceux qui restent attachés au Démiurge recevront selon leurs rouvres, après un juste jugement, soit une félicité bornée dans le sein d’Abraham, soit une condamnation. Quant aux hommes morts avant l’apparition du Sauveur, les marcionites croyaient que, touché de compassion envers eux, le Christ était descendu aux eufers pour leur offrir leur salut à tous, bons ou méchants, païens ou juifs ; que les païens et les maudits de l’Ancien Testament avaient cru en lui, mais que tes justes, habitués à obéir au Démiurge, avaient comme les Juifs refusé de l’écouler.

Les marcionites admettaient comme livres canoniques fort peu d’écrits sacrés. Les Actes, les Évangiles et les EpHres dont l’Église était inondée depuis les apôtres furent réduits par eux a dix épîtres de saint Paul, qui était pour eux l’apôtre par excellence, parce qu’il avait abandon né les Juifs pour convertir les païens, et à « l’Évangile du Seigneur» ^ue l’on croit identique avec l’Évangile selon saint Luc. Cette secte, la plus éclairée de toutes, appliqua à la révision des textes bibliques, si récents et déjà si falsifiés, une sévère méthode de révision, ce qui fit crier les orthodoxes à la falsification. Apelles, l’un des plus illustres disciples de Marcion, signala de nombreuses contradictions dans l’Ancien Testament et en déduisit la diversité d’origine des livres qui ie composent. D’autres théologiens appartenant à la même hérésie imitèrent son exemple, et, grâce à eux, on vit fleurir pendant quelque temps, dans ces siècles de foi aveugle, la critique religieuse.

L’origine du mal a toujours fait le désespoir des Pères ; les marcionites l’expliquaient comme tous les gnosiiques parla matière éternelle et par son chef, le malin, de même qu’ils expliquaient la facilité de l’homme à pécher par son imperfection résultant de celle de son créateur, le Démiurge. Les orthodoxes, au contraire, professant l’opinion que l’homme a été directement créé par l’Être suprême, n’échappaient pas à ces objections de Marcion : « Si Dieu est bon et s’il sait tout, s’il est en