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Nommé prévôt des marchands en 1354, ■ Étienne Marcel fut le principal organe de la bourgeoisie aux états généraux, de 1355, convoqués pour obtenir des subsides afin de continuer la guerre contre les Anglais. Sous son influence, afin d’éviter la dilapidation des deniers publics, les états nommèrent une commission de neuf membres, chargée de surveiller l’empiol de l’impôt voté ; jusqu’alors, lo roi avait eu, sans aucun contrôle, la libre disposition des sommes provenant des aides. Après la bataille de Poitiers, où le roi Jean fut fait prisonnier, Marcel exerça les Parisiens au maniement des armes, et entreprit d’immenses travaux de fortification, pour mettre la capitale à l’abri des attaques des Anglais ; il répara l’ancienne muraille de Philippe-Auguste et, du côté du nord, engloba’

dans l’enceinte les faubourgs, qui avaient pris un développement considérable ; pendant a nuit, les rues de la ville et le cours de la Seine furent fermés par des chaînes de fer.

Aux états généraux de 1356, Étienne Marcel, d’accord avec Robert Lecocq, évêque de Laon, réclama de nouvelles garanties pour l’emploi des impôts et des subsides, et demanda que le grand conseil du roi, où ne siégeaient que des hommes incapables ou mal intentionnés, fût remplacé par un conseil élu par les états ; ce conseil élu, formé d’abord de quatre prélats, douze nobles et douze bourgeois, se composa plus tard de onze prélats, six nobles et dix-sept bourgeois ; son action s’étendit à toutes les branches du gouvernement et de l’administration ; c’était un. essai du système constitutionnel. Subissant l’influence de son entourage, le dauphin voulut résister a ces mesures ; les députés des états se séparèrent sans avoir voté les subsides qu’il leur demandait, et, dans sadétresse, il fut contraint de solliciter de la municipalité de Paris la levéo d’une aide. Étienne Marcel lui répondit que la municipalité de Paris no pouvait se substituer aux états, et qu’il lui conseillait de les réunir de nouveau ; plutôt que d’y consentir, le duc de Normandie préféra avoir recours a une altération des monnaies ; le prévôt des marchands s’opposa par la force à la circulation des monnaies falsifiées, et, à bout de ressources, le dauphin convoqua encore une fois les états généraux ; résolu à ne pas tenir ses promesses, ce prince sembla céder au mouvement démocratique, mais, neutralisant par des menées occultes les concessions auxquelles il ne pouvait se refuser ouvertement, il continua à s’entourer de conseillers hostiles au vœu des états ; en même temps, et malgré les protestations, il laissait les routiers étendre leurs incursions et leurs dévastations jusqu’aux portes de Paris, sans faire aucune tentative pour les repousser.

En présence de cette duplicité et de cette inertie du dauphin, Étienne Marcel s’occupa d’organiser fortement les Parisiens, qui ne pouvaient compter que sur -eux-mêmes pour se défendre ; il leur lit prendre, comme signe do ralliement, le chaperon aux couleurs.de la ville de Paris, ini-parti rouge et bleu, attaché avec un fermoir de métal éinaillé aux mêmes couleurs, « en signe d’alliance de vivre et mourir avec lui, > et il réunit ses adhérents les plus dévoués dans la grande confrérie parisienne, existant depuis plusieurs siècles, sous le litre de Confrérie Notre-Dame aux seigneurs, 2» êtres, bourgeois et bourgeoises de Paris. Enfin, poussé k bout par la mauvaise foi du duc de Normandie, par les dilapidations et par l’arrogance de son entourage, le prévôt des marchands fit massacrer, sous les yeux de ce prince, trois de ses principaux conseillers’ ; cette terrible exécution fut approuvée par la bourgeoisie parisienne et par les députés des bonnes villes. Le dauphin, épouvanté, prit lui-même le chaperon rouge et bleu, et se montra disposé a donner satisfaction aux justes exigences dont le prévôt des marchands s’était fait l’interprète. Arrivé à une sorte de dictature, et pensant, avec raison, que les différends qui existaient entre le duc de Normandie et le roi de Navarre, Charles le Mauvais, étaient nuisibles au bon ordre et k la défense du royaume, Étienne Marcel voulut réconcilier ces deux princes ; il n’y réussit qu’en apparence, et peu de temps après cette tentative, le dauphin s’enfuit de Paris et s’efforça de soulever la noblesse et les provinces contre la bourgeoisie parisienne et notamment contre Étienne Marcel. Afin d’éviter de nouvelles complications, Marcel tenu de négocier ; ses avances furent repoussées ; le dauphin, qui avait pris le titre de régent, continua k lever des troupes. Devant ces démonstrations hostiles, le corps municipal s’empressa de mettre la ville en défense, et d’assurer les approvisionnements. La jacquérie éclata sur ces entrefaites ; quoique blâmant les excès des paysans révoltés, Étienne Marcel s’entendit avec eux pour résister aux forces rassemblées par le dauphin ; les paysans ayant été écrasés, il invoqua l’appui du roi de Navarre, qui avait toujours protesté de sou dévouement à la cause populaire, et, espérant l’aire de ce monarque 1 homme d’épée du parti, il le lit nommer capitaine de Paris.

Le dauphin, ayant mis la ville en état de blocus, parvint a s’y créer des intelligences : ses partisans répétaient partout que Marcel Bacrifiait le peuple à ses intérêts et à son ambition ; quelques sorties malheureuses, qui coûtèrent beaucoup de monde aux milices

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parisiennes, et la conduite plus que équivoque du roi de Navarre contribuèrent k aigrir les esprits. Les auxiliaires étrangers amenés par Charles le Mauvais, signalés comme des traîtres par les émissaires du régent, furent massacrés ou chassés de Paris ; malgré les efforts de Marcel, qui devint suspect en le défendant, le roi de Navarre fut forcé de quitter la capitale. La disette qui commençait à sévir acheva d’exaspérer les Parisiens, et le prévôt des marchands ne put refuser d’ouvrir de nouvelles négociations avec le régent, pour le prier de rentrer pacifiquement dans Paris ; le régent répondit aux envoyés qu’il ne rentrerait pas dans la ville tant que le meurtrier de ses conseillers serait en vie.

Dans cette extrémité, voyant que le dauphin ne rêvait que vengeance et qu’il était résolu k ne rien laisser subsister des libertés conquises au prix de tant d’efforts, Étienne Marcel se détermina k livrer Paris et la couronne de France au roi de Navarre. Charles le Mauvais accepta la proposition qui lui était faite et se tint prêt à entrer dans Paris.

Le 31 juillet 135S, au moment où Étienne Marcel s’apprêtait à ouvrir au roi de Navarre la porte ou bastille Saint-Denis, Jean Maillait, l’un des quatre capitaines quarteniers de la ville, partisan secret du dauphin, accusa le prévôt des marchands de trahison, et souleva contre lui une partie de la population. Étienne Marcel s efforça en vain d’apaiser lo tumulte, et tomba frappé à’ mortdans un combat avec une troupe de bourgeois révoltés contre son autorité.

Telle fut la fin de cet homme qui, devançant son époque, songea, dès le xive siècle ; k établir en France des institutions parlementaires, et tenta de transformer les états généraux en représentation nationale, sous l’influence de la bourgeoisie. Au mot commune (t. IV, p. 746), nous avons longuement parlé de l’œuvre entreprise par le célèbre prévôt des marchands ; nous y renvoyons le lecteur. Étienne Marcel avait acheté, en 1357, poulie compte de la municipalité, une maison appelée ï Hôtel du dauphin, puis la. Maison aux piliers, et en avait fait le lieu des séances du’ Bureau de la ville ; c’est sur l’emplacement de cette maison que s’éleva, au xvi» siècle, l’Hôtel de ville de Paris.

Terminons par le jugement suivant, porte par Augustin Thierry sur le célèbre prévôt des marchands de Paris, à Cet échevin du xtve siècle, dit-il, a, par une anticipation étrange, voulu et tenté des choses qui semblent n’appartenir qu’aux révolutions les plus modernes. L’unité sociule et l’uniformité administrative, les droits politiques étendus à

l’égal des droits civils, le principe de l’autorité publique transféré de la couronne à la nation, les états généraux changés, sous l’influence du troisième ordre, en représentation nationale, la volonté du peuple attestée comme souveraine devant le dépositaire du pouvoir royal, l’action de Paris sur les provinces comme tête de l’opinion et centre du mouvement général, la dictature démocratique et la terreur exercée au nom du droit commun ; de nouvelles couleurs prises et portées comme signe d’alliance patriotique et symbole de rénovation, le transport de la royauté d’une branche k l’autre, en vue de la cause des réformes et pour L’intérêt plébéien, voilà les événements et les scènes qui ont donné k notre siècle et au précédent leur caractèVe politique. Eh bien 1 il y a de tout cela dans les trois années sur lesquelles domine le nom du prévôt Marcel. Sa courte et orageuse carrière fut comme un essai prématuré des grands desseins de la Providence, et comme le miroir des sanglantes péripéties à travers lesquelles, sous 1 entraînement des passions humaines, ces desseins devaient marcher k leur accomplissement. Marcel vécut et mourut pour une idée, celle de précipiter, par la force des masses roturières, l’œuvre de nivellement graduel commencé par les rois ; mais ce fut son malheur et son crime d’avoir des convictions impitoyables. À une fougue de tribun qui ne recula pas devant, le meurtre, il joignait l’instinct organisateur ; il laissa dans la grande cité, qu’il avait gouvernée d’une façon rudement absolue, des institutions fortes, de grands ouvrages et un nom que, deux siècles après lui, ses descendants portaient avec orgueil comme un titre de noblesse. »


MARCEL (Claude), prévôt des marchands de Paris de 1570 à 1572. Suivant de Thou, il aurait réuni à l’Hôtel de ville, la veille de la Saint-Barlhélemy, les commandants de quartier et les dizainiers, et les aurait armés pour le massacre du lendemain. Il fut cependant destitué et remplacé, dans la nuit, par le duc de Guise. Mais les mémoires contemporains expliquent cettii contradiction en assurant que Marcel avait reçu de la reine mère la mission secrète de frapper indistinctement, à la faveur du tumulte, les chefs des deux partis, les Guise et les Montmorency, qu’elle haïssait également. Le duc de Guise, ayant eu connaissance du projet de la reine, se hâta de destituer le prévôt.


MARCEL (Guillaume), chronologiste français, sous-bibliothécaire de Saint-Victor, commissaire des classes de la marine en Provence, né à Toulouse en 1647, mort en 1708. Il négocia, en 1670, le traité de paix et de commerce avec le dey d’Alger. Marcel joignait a une mémoire prodigieuse un esprit judicieux et méthodique. On lui doit : Tablettes chronologiques pour l’histoire de l’Église et pour l’histoire profane (1632, 2 vol. in-8°); Histoire de la monarchie française (1683-1686, 4 vol. in-12); c’est moins une histoire qu’un tableau chronologique fait avec beaucoup de soin. Outre ces ouvrages justement estimés, il en a laissé plusieurs qui sont restés manuscrits.

MARCEL (Jean-Jqseph), célèbre orientaliste français, petit-neveu du précédent, no à Paris en 1776, mort.en 1854. Après avoir fait d’excellentes études dans l’Université de Paris, où il obtint de brillants succès, Marcel reçut des leçons particulières de l’abbé Grenet, professeur de géographie du dauphin, fils de Louis XVI, et celles du célèbre Haûy, qui lui enseigna les mathématiques. A. l’époque de la Révolution, Marcel dirigea la fabrique de salpêtre établie au cloître Saint-Benoit. Puis, âgé de dix-sept ans k peine, ilfutnomraê, rédacteur principal du Journal des écoles nor' maies, chargé de reproduire les cours faits par Monge, Berthollet, Volney, Laplace, etc. 11 passa ensuite au Journal des nouvelles politiques, où ses articles lui attirèrent des persécutions qui l’obligèrent à se cacher. C’est alors qu’il s’adonna entièrement àl’étude des langues orientales, qu’il avait étudiées dès 1790. En 1798, il fut attaché à la commission1 scientifique de l’expédition d’Égypte et nommé directeur de l’imprimerie nationale qui devait suivre l’armée. C’est a lui qu’on doit les journaux publiés alors : le Courrier d’Égypte, la Décade égyptienne, les Rapports de l’Institut d’Égypte, et une foule de proclamations.et.dé bulletins divers en arabe, en turc, en grée, etc., À son retour d’Égypte, d’où il rapporta une collection des plus riches et des plus variéesj il collabora activement à l’ouvrage monumental connu sous le titre de Description de l’Égypte. En 1804, il fut nommé directeur de l’Imprimerie nationale, quldevint bientôt l’imprimerie impériale. Dans ce nouveau poste, qu’il conserva jusqu’en 1815, il rendit dinestimables services en faisant graver un nombre considérable de caractères orientaux, et en augmentant et perfectionnant sensiblement le matériel de l’imprimerie. Grâce à son activité, on arriva à de véritables tours de force. : ainsi, on exécuta en trois jours la Notice descriptive de l’Angleterre, de l’Écosse et de l’Irlande, ouvrage en trois volumes, auxquels étaient annexées de nombreuses cartes géographiques. Quand Pie VU vint à Paris, Marcel lit imprimer en sa présence l’Oraison dominicale eu cent cinquante langues (dans les caractères originaux). Marcel était membre de la plupart des sociétés savantes ; il fut l’un des fondateurs de la Société asiatique, et pofessa l’hébreu au Collège de France de 1817 à 1820. Il avait été promu au grade d’officier de la Légion d’honneur. Doué d’un caractère dont tous ses contemporains se sont accordés a faire l’éloge, Marcel possédait.une facilité singulière et unç intelligence remarquable. Grâce k sa mémoire prodigieuse, k son travail opiniâtre et à son séjour prolongé en Égypte, c’était un des hommes qui connaissaient le mieux, et surtout lo plus intimement, l’Orient musulman. Il a publié une foule d’ouvrages, parmi lesquels nous citerons ses différents traités de grammaires, dictionnaires, vocabulaires, etc. ; ses Leçons de langues bibliques ; les Contes arabet du cheik Elmohdi ; Mélanges de littérature orientale (1799) ; Chrestomathia liebraica (1802) ; Chrestomathiachatdaicu (1803) ; Paléographie arabe (1828, in-fol,) ; Histoire scientifique et militaire de l’expédition française en Égypte, avec M. Louis Reybaud (1830-1836, 10 vol. in-S°) ; Histoire de l’Égypte depuis la conquête des Arabes jusqu’à celle des Français, etc. Fatigué par une vie sacrifiée tout entière à la science, ayant, perdu presque entièrement l’ouïe et la vue, sans avoir cependant suspendu ses travaux favoris, il succomba à une douloureuse maladie au moment où il achevait l’impression de son Histoire de Tunis.

MARCEL, danseur français, mort en 1759. Grand, bien fait, d’une belle.physionomie, il dut à ses avantages extérieurs plus qu’à son talent une assez grande célébrité, devint en 1726 maître de danse du roi et composa plusieurs ballets, depuis longtemps oubliés. Marcel était au plus haut point infatué de sa personne et do son talent, ’et il attribuait la plus haute importance à l’art qu’il cultivait. On cite de ce danseur beaucoup de traits originaux et ridicules ; nous nous bornerons k en citer un. « Marcel, dit M. de Laporle, avait été le maître du vertueux Malesherbes, qui, jamais de sa vie, n’a songé à soigner son extérieur ni à calculer son maintien, encore moins k se donner des grâces étudiées. Un jour, il rencontre le premier président de la cour des aides dans la galerie de Versailles et s’approche de lui. Malesherbes croit qu’il s’agit d’un acte de justice qui dépend de sa place ou d’une faveur réclamée de son cré-dit ; il écoule avec bienveillance. Alors Marcel lui dit : ■ Monsieur de Malesherbes, permenez que je vous demande une grâce ;

c’est de n’apprendre k personne que j’ai été votre maître à danser. »

Marcel (ÉGLISE COLLÉGIALE SB Sailli-).

Celle église, qui a donné son nom à un des faubourgs de Paris, eui pour origine un oratoire construit, vers l’an 436, sur ta sépulture de l’évêque saint Marcel. Ce pieux persoti MARC

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nage avait été inhumé, suivant la coutume :. romaine encore en usage k cette époque, hors de la ville, au lieu nommé Mons-Cetardus, d’où est venu, par corruption, Moulfétard. Bientôt se forma autour de cet oratoire un bourg-que Grégoire de Tours appelle le bourg de Paris, vicus Parisiensis civitatis. VeTS 88G, la crainte des profanations qui marquaient partout le passage des Normands fit tansporter la châsse de saint Marcel a l’église cathédrale de Paris, d’où elle n’est pas sortie depuis. Cette châsse, objet de la vénération particulière dès Parisiens, était portée enprocession, à côté de la châsse de sainte Gèneviève, afin d’apaiser la colère divine, lors des calamités publiques. L’église de Saint-Marcel était desservie par un chapitre de chanoines, dont la juridiction s’étendait sur le bourg Saint-Marcel, sur le mont Saint-Hifaire et sur une -partie du faubourg Saint-Jacques. Cette église fut reconstruite du xe au xis siècle ; la tour fut’élevéo vers 1040 : à un des angles de cette tour était encastré dans là construction un bloc de pierre de 4 pieds de long, dont une des faces représentait en demi-relief grossièrement sculpté un taureau’couché ; ce bàs-relief, qui a exercé pendant longtemps la sagacité et l’imagination des érudits et des archéologues, se trouveaujourd’hui au musée de Cluny. Au milieu du

chœur de l’église se voyait le tombeau dô I’évêque ’de Paris, Pierre Lombard, surnommé le Maître des sentences. L’église Saint-Marcel fut démolie en 1806 ; " ’* ’ 1

Marcel (THÉÂTRES Saln(-), fondé en IS38,

détruit en 1868.-C’est l’un de ceux qui ont eu k Paris l’existence la plus accidentée, la.plus misérable et la plus difficile. Situé dans la rue. Pascal, .en plein quartier Mouffetard, placé, au milieuM’une population pauvre, laborieuse, et souffrante, sa. carrière, devait.nécessairèr. ment se ressentir d’un entourage si fâcheux, si peu propice, et, l’on ne. conçoit pas qu’un, spéculateur, même fort audacieux, ait eu l’idée singulière d’établir en cet endroit désolé, un lieu de plaisir et de distraction. Il, faut noter d’ailleurs, comme un point fort curieux, t que la salle du théâtre Saint-Marcel était, coquette, élégante, spacieuse, /parfaitement aménagée. Elle avait été ouverte vers la fin de 1838 par un directeur dont le nom est oublié aujourd’hui, et qui s’était entouré.d’ar-i tistes de quinzième ordre, groupés non sansdifficulté autour d’une aussi maigre entreprise. On jouait un peu tous les genres au, théâtre Saint-Marcel, qui, onle.pense bien, n’excitait ni la jalousie ni la convoitise de ses confrères de la capitale ; mais on y représentait surtout le vaudeville et le drame. Un ; deux, trois, dix directeurs s’y succédèrent rapidement et à intervalles rapprochés, tous aussi malheureux les uns que les autres. L’infortuné théâtre passait son temps à ouvrir et k fermer ses portes, et ses non inoins infor-i tunés maîtres y mangeaient invariablement^ le peu d’argent qu’ils y avaient apporté, ou’ quittaient la place en faisant des dupes.

Enfin, vers 1860, on put croire que le sort’ allait se lasser de s’acharner ainsi sur un établissement dont la malchance avait été jusqu’alors si évidente. Un de nos plus grands comédiens, un des plus solides et des plus dévoués soutiens du romantisme Hors de sa splendide éclosion, notre excellent Bocage, k la fois artiste, érudit et lettré, entreprit de tirer de sa torpeur le théâtre Saint-Marcel. Depuis plusieurs années déjà, Bocage avait en poche lo privilège d’un théâtre qu’il voulait fonder sous le nom de théâtre des Arts ; mais il n’avait pu réunir les fonds nécessaires, et las, découragé des efforts inutiles qu’il avait faits pour la création de cette entreprise, il eut l’idée de relever la scène de la rue Pascal do son état d’abjection, et d’en faire un véritable établissement artistique. Hélas 1 la chose était impossible. Il eut beau apporter tous ses soins à cette rénovation chimérique, il eut beau réunir un personnel relativement excellent, grouper autour de lui des auteurs en renom, jouer une comédie spirituelle et poétiquo de M Paulin Niboyet, représenter Un opéra inédit de M. Louis Lacombe, convier la piesso entière k ces solennités, provoquer et obtenir toute la publicité possible, tout fut vain. Le pauvre Bocage périt à la tâche, c’est-à-dire mourut après avoir abandonné une affaire dans laquelle il avait englouti jusqu’à ses dernières ressources, et le théâtre Saint-Marcel fut fermé une dernière fois, définitivement, pour disparaître ensuite en 18G8 sous le marteau des démolisseurs 1

MARCEL-BLAIN (Louis de), baron duPoBt-Célard. V. Poët-Célard.

MARCELINE s. f. (mar-se-li-ne — de SaintMarcel, nom de lieu). Miner. Variété de rhodonite altérée, trouvée dans la vallée do Saint-Marcel, en Piémont, et qui est une substance d’un noir grisâtre, marquant le passage de la rhodonite proprement dite à la braunite, renfermant 26 pour 100 de silice ; 67,23 d’oxyde manganique ; 1,23 d’oxyde ou de peroxyde de 1er ; 3 d’alumine ; 1,40 do chaux, et 1,40 de magnésie. Il On l’uppello

aussi MANGANÈSE DO PlKMONT.

— Comm. Etoffe do soie irès-douce et très-moelleuse, qui est ordinairement employéo

pour robes ; jl/m» Bonaparte portail une robe de mousseline de l’Inde, doublée de maucislinb jaune clair, et brodée en plein d’un semé dé petites étoiles à jour. (Mme d’Abrantès.)