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jeune fille, Angélique de Melliers, avait pris part au combat. Poursuivie par des soldats, elle rencontra Marceau, qui arrêta les grenadiers prêts à la saisir. Il l’interrogea, et sa raison lui parut un peu égarée. Marceau, qui partait alors pour Laval après être entré au Mans, engagea la jeune fille à suivre la colonne : il la confia à l’adjudant général Savary, le chargeant de la conduire au quartier général. Savary la remit à un curé de campagne, chez qui elle ne tarda pas à être découverte. Peu de temps après, Marceau apprit qu’elle avait porté sa tête sur l’échafaud, lui léguant une montre de peu de valeur, en souvenir de son humanité. Il exprima souvent depuis le regret de n’avoir pu lui sauver la vie. « On ne vit jamais, dit Kléber dans ses Mémoires, de femme plus jolie ni mieux faite, et sous tous les rapports plus intéressante. Elle avait dix-huit ans et se disait de Montfaucon. » Une dénonciation fut lancée à ce sujet contre Marceau, mais anéantie par Bourbotte indigné. Après la bataille du Mans, le jeune général marcha, comme nous l’avons dit, sur Laval, rencontra le gros des royalistes à Savenay (décembre 1793) et fit à cet endroit sa jonction avec Kléber. Manquant de cavalerie, ils en improvisèrent une composée surtout d’officiers de tous corps et chargèrent à la tête de cet escadron pendant que l’infanterie exécutait, de son côté, une charge terrible. Les Vendéens furent écrasés ; c’était le coup le plus cruel qu’eût encore reçu l’insurrection. C’est après cette bataille que Kléber portait de Marceau ce jugement qu’il répéta plusieurs fois : « Je n’ai connu aucun général capable comme Marceau de changer avec sang-froid et discernement un plan de campagne sur le terrain même. » Cependant Marceau allait être obligé bientôt de résigner son commandement provisoire entre les mains de Turreau, qui avait été nommé en remplacement de Rossignol, et qui arrivait des Pyrénées pour prendre son poste. En passant à Angers, il avait contredit les ordres qui avaient été donnés pour la défense du passage de la Loire, puis il avait écrit au comité de Salut public pour se plaindre. La veille de la bataille de Savenay, Marceau avait reçu de lui une lettre dans laquelle il se plaignait de n’avoir pas été informé des mouvements de l’armée. Sur le conseil de Kléber, Marceau, piqué au vif, lui avait répondu par ces simples mots : « Je suis devant Savenay ; demain, de grand matin, j’attendrai l’ennemi, qui sera détruit. Si tu veux être témoin de la fin de la guerre, accours promptement. » On a vu comment Marceau tint parole. Le gros de l’armée républicaine fit une entrée triomphale à Nantes, acclamée par toute la population. La société populaire offrit des palmes à Marceau, à Kléber, à Beaupuy et à Tilly, pendant que la Convention décrétait que l’armée de l’Ouest avait bien mérité de la patrie.

Cependant la mésintelligence éclata plus vive encore entre Marceau et Turreau. Celui-ci finit par combiner ses dispositions de manière à reléguer son rival à Châteaubriant, où il se consuma dans l’inaction. Enfin, las d’ailleurs de la guerre civile, inoccupé, souffrant, il demanda un congé et passa quelque temps à Rennes et à Paris.

Le 2 germinal an II (22 mars 1794), il fut mis à la tête d’une division de l’armée des Ardennes. À Fleurus, où il commandait l’aile droite de l’armée, il combattit avec la plus rare intrépidité, eut deux chevaux tués sous lui et contribua en grande partie à cette victoire mémorable qui nous assurait la Belgique. À Deuren, il partagea la gloire de la journée avec Championnet. « Marceau s’est battu en enragé, » écrivait Jourdan à Kléber. Quelques jours auparavant, un rapport du comité de Salut public sur la bataille de Fleurus l’avait surnommé « le lion » de l’armée française. L’armée des Ardennes avait été réunie à celle de la Moselle, qui venait d’effectuer le passage de la Sambre et de la Meuse ; trois divisions de l’armée du Nord complétaient cette armée gigantesque, à qui la Convention avait donné, par décret du 29 juin 1794, le nom désormais immortel de Sambre-et-Meuse. Elle comprenait, lors de son organisation, 90, 000 hommes, avec Jourdan pour général en chef ; les divisionnaires s’appelaient Bernadotte, Kléber, Championnet ; Marceau commandait l’aile droite. Depuis la bataille de Deuren, le quartier général était établi à Juliers, à portée de Coblentz, le centre des complots de l’émigration, le foyer de la coalition. Marceau reçut l’ordre de marcher sur cette ville avec sa division et de s’en emparer. C’était une entreprise audacieuse. Le jeune général ne fit aucune objection. Il agit avec une telle promptitude que l’ennemi n’eut même pas le temps de résister ; le 13 octobre, il tomba comme la foudre sur Coblentz et entra dans la ville l’épée haute, drapeaux au vent, pendant que l’état-major des alliés fuyait précipitamment par la porte opposée. Le défi de Brunswick était relevé, son insolence châtiée sur les lieux mêmes. La France entière tressaillit, et la presse révolutionnaire de Paris retentit pendant plus de quinze jours de la gloire de celui qu’elle appelait le moderne Paul-Émile.

En 1795, il prit une part active au siège d’Ehreinbreisten. Le 10 novembre de la même année, il attaqua les gorges de Stromberg et en chassa les Autrichiens. Il commandait alors l’arrière-garde de l’armée sur la rive gauche du Rhin. Un jour, Bernadotte passait le pont de Neuwied ; Marceau fut alors chargé de brûler ou de couler bas le pont de bateaux établi sur le Dieg ; il transmit l’ordre au capitaine du génie Souhait, qui l’accomplit trop précipitamment et faillit compromettre une grande partie de l’arrière-garde. Le jeune général, se considérant comme responsable de cette faute, ressentit une émotion très-vive et s’arma d’un pistolet ; heureusement un de ses aides de camp, qui était en même temps un ami d’enfance, Constantin Maugars, devina sa pensée et l’en détourna. Kléber arriva peu de temps après. Marceau, indécis, semblait ne pas oser lui parler. Kléber mit fin à cette hésitation, et embrassant Marceau, il lui dit : « Eh quoi ! est-ce que tu ne reconnais plus ton frère d’armes ? Est-ce que tu as oublié Kléber ? Montons à cheval, et tout sera réparé ! » En effet, ils restèrent ensemble toute la journée de l’autre côté du Rhin, et l’ennemi s’aperçut si bien de leur présence qu’il fut deux jours sans se montrer sur le bord du fleuve. Marceau battit ensuite les Autrichiens à Salzbach, fut mis, en 1796, à la tête de la 1re  division de l’armée de Sambre-et-Meuse, et chargé de couvrir la retraite de Pichegru, qui venait d’évacuer les lignes de Mayence, et de se maintenir dans une position difficile, afin de permettre à Jourdan d’exécuter d’autres opérations combinées. Marceau montra sa bravoure et sa capacité habituelles, conserva sa situation, de laquelle dépendait le salut de deux armées, et repoussa les alliés à Creuznach, à Meissenheim, à Salzbourg. Ses mouvements forcèrent les Autrichiens à se replier, et permirent à Jourdan de venir en aide à Kléber, laissant aux divisions Marceau et Poncet le soin de tenir les Autrichiens en respect en avant de Mayence. Bientôt il appela à lui la division Poncet pour prendre l’offensive, de sorte que Marceau resta avec moins de 15, 000 hommes sous les armes. Le 9 juillet, il eut à soutenir une première escarmouche ; il employa le lendemain à se fortifier ; le 11, à deux heures du matin, l’ennemi sortait de Mayence et réussissait à forcer les postes avancés, mais pour battre en retraite aussitôt. Quinze jours plus tard, Marceau s’empara du fort de Kœnigstein, dans lequel il trouva vingt canons ; puis il compléta l’investissement de Mayence. L’armée de Sambre-et-Meuse s’étant repliée sur la Lahn, Marceau se trouva de nouveau à la tête de deux divisions ; il dut en confier une, la sienne propre, au général de brigade Hardy. Il lui écrivit : « Nous attendons l’ennemi, nous le vaincrons ; fais-en de même. Je connais la division que tu commandes ; avec de tels hommes, tu es sûr de vaincre ; rappelle-leur qu’ils sont de ma division ; elle ne doit jamais être malheureuse ». Marceau obtint alors la reddition de la forteresse de Wurtzbourg ; puis il envoya des troupes dans la forêt pour y débusquer des partisans et y ramasser des déserteurs autrichiens. Les troupes envoyées à cet effet rencontrèrent l’avant-garde de l’archiduc Charles, qui regagnait Francfort. Un engagement assez vif s’ensuivit. Marceau concentra les troupes placées sous sa main sur le plateau de Dessenheim, fit sauter les ponts et se retrancha. Ayant ainsi formé un quartier général, il s’empara de Manheim, de Limbourg et livra deux combats sanglants, le troisième jour complémentaire de l’an IV (19 sept. 1796). Il occupait le défilé d’Altenkirchen, attendant l’intervention de Jourdan, lorsque, voulant reconnaître le terrain, il partit, accompagné du capitaine Souhait, dont il a été question plus haut. Deux ordonnances suivaient le général à peu de distance. Il portait le dolman et le pantalon du 11e chasseurs, sans écharpe ; sur son chapeau flottait une partie du panache qui avait été coupé par une balle, deux jours auparavant, à Limbourg. Quelques chasseurs tiraillaient dans un petit bois adossé à Herschbach. Marceau et Souhait y étaient à peine entrés, qu’un hussard de Kayser passait devant eux, en faisant caracoler son cheval. Marceau étendit la main pour montrer ce hussard à son compagnon. Un chasseur tyrolien, caché derrière un arbre, reconnut un officier supérieur, ajusta son arme et fit feu. La balle, après avoir effleuré Souhait, traversa le bras gauche de Marceau et alla se loger entre les côtes. La blessure était mortelle. Transporté jusqu’à Altenkirchen, il fut confié à l’humanité et à la loyauté du commandant prussien, qui venait de s’emparer d’une partie de la ville, et resta sous la garde des officiers qui l’accompagnaient. Jourdan écrivit une lettre pour recommander l’illustre blessé au général autrichien Sladdick, qui se trouvait à peu de distance de la place. Le lendemain, en y entrant, le premier soin de Sladdick fut d’envoyer une sauvegarde à Marceau ; Kray, l’un des plus vieux officiers généraux de l’armée autrichienne, et qui avait combattu Marceau pendant deux campagnes, fut le premier à le visiter. À la vue de son jeune ennemi, sur le front duquel s’étendaient déjà les ombres de la mort, Kray balbutia quelques consolations ; il prit la main du héros républicain, et sentant une étreinte convulsive répondre à sa pression, il se mit à pleurer. Dans la nuit, Marceau trouva la force de dicter à Souhait ses dernières dispositions ; le matin, il rendit le dernier soupir. À ce moment arrivait le prince Charles, suivi de plusieurs généraux de son armée. L’archiduc resta longtemps pensif et recueilli, dans la contemplation de cette figure inanimée, mais belle encore. Les hussards de Barco et de Blankeistein, qui avaient, en plus d’une occasion, appris à connaître par eux-mêmes la valeur de Marceau, avaient exprimé leur volonté de lui rendre les derniers devoirs ; les officiers français chargés de la pieuse mission de ramener le corps de leur général eurent dès lors une longue discussion à soutenir, et l’archiduc Charles ne finit par céder qu’à la condition qu’il serait averti de l’heure des funérailles. Un détachement des hussards de Barco fut chargé de conduire le corps à l’armée de Sambre-et-Meuse, plongée dans la douleur. Le 23 septembre au soir, Marceau fut inhumé dans le camp retranché de Coblentz. Il y eut ce jour-là suspension d’armes, et les salves de l’artillerie autrichienne répondirent à celles de l’armée républicaine rendant les derniers honneurs. L’armée de Sambre-et-Meuse ouvrit immédiatement une souscription pour élever à Marceau un monument modeste. Kléber en donna le dessin. C’était une simple pyramide, rappelant qu’il y avait là un soldat qui, « à l’âge de vingt-sept ans, avait rendu des services signalés à la patrie, avait mérité l’estime de ses ennemis, l’amitié de ses camarades et l’attachement de ses concitoyens. » Un an après, l’armée française amenait à Coblentz les restes de Hoche. On remplit alors les intentions de Kléber en exhumant le corps de Marceau et en le faisant brûler avec pompe. Le bûcher fut dressé sur le Petersberg, en présence de toutes les troupes qui se trouvaient alors à Coblentz et aux environs. Les cendres furent recueillies dans un vase d’airain portant cette inscription : Hic cineres, ubique nomen. Ce vase fut déposé dans le tombeau. Le général Hardy prononça un discours, et de nombreuses salves d’artillerie annoncèrent cette triste cérémonie. Plus tard, les Prussiens eurent à fortifier le Petersberg ; on ne put éviter le déplacement du monument de Marceau ; mais on le rétablit exactement à peu de distance, sur un tertre artificiel, dans la gorge du fort François, au pied d’une hauteur boisée, qui est un des lieux de promenade les plus fréquentés de Coblentz. Ce monument a inspiré à lord Byron, dans le Pèlerinage de Childe-Harold, deux strophes célèbres que nous devons rappeler ici :

 « Près de Coblentz, sur un coteau en pente
douce, est une pyramide petite et simple, qui
couronne le sommet de la colline verdoyante.
À sa base sont les cendres d’un héros, notre
ennemi ; mais que cela ne nous détourne pas
d’honorer Marceau ! Sur sa jeune tombe,
plus d’un rude soldat versa des larmes, de
grosses larmes, déplorant et enviant aussi
un semblable trépas ; il est tombé pour la
France, en combattant pour reconquérir ses
droits.

« Courte, brave et glorieuse fut sa jeune
carrière. Ses pleureurs furent deux armées,
ses amis et ses ennemis ; et tout étranger qui,
aujourd’hui, s’arrête en ce lieu doit prier
pour le repos serein de son âme chevaleresque.
C’est qu’il a été le champion de la liberté, et
l’un de ceux-là, peu nombreux, qui n’ont jamais
outre-passé la mission du châtiment
qu’elle impose à ceux qui portent son glaive.
Il a préservé la blancheur de son âme, et pour
cela les hommes ont pleuré sur lui. »

À diverses reprises, la ville de Chartres a témoigné sa reconnaissance pour le héros qui l’a illustrée d’une gloire incomparable. La rue où il était né ainsi qu’une place adjacente prirent le nom de rue et place Marceau. Une pyramide fut même élevée sur cette place le 10 vendémiaire an X (23 septembre 1801), anniversaire de ses glorieuses funérailles. La Restauration fit changer les écriteaux et mutila les inscriptions, croyant, sans doute, effacer ainsi le souvenir de Marceau de la mémoire de ses compatriotes ; mais, en 1830, après les journées de Juillet, le premier acte de la municipalité fut de rétablir partout le nom du général républicain. Enfin, sous la seconde République, une souscription permit d’élever, sur la place principale de Chartres, une statue en bronze digne du héros. L’inauguration eut lieu le 21 septembre 1851. Cette statue, due à M. Auguste Préault, est une œuvre capitale. Elle a figuré au Salon de 1850.

Marceau ou les Enfants de la République, drame de MM. Anicet Bourgeois et Michel Masson (théâtre de la Gaîté, août 1848). Ce drame affecte la forme épisodique, comme Richard III, Wallenstein, etc. Le rideau se lève sur le Champ-de-Mars. On voit de pauvres soldats mal habillés : ce sont Marceau, Marie-Joseph Chénier, Talma, Kléber et Bonaparte. Un pauvre imprimeur traverse la scène, en pleurant la perte de six écus qu’on lui a confiés. L’abbé Pascal fait une quête. Le second acte nous transporte chez l’imprimeur où Bonaparte corrige les épreuves de sa première brochure, le Souper de Baucaire. L’abbé est poursuivi comme royaliste, ses ami le sauvent ; Marceau a autrefois aimé une jeune Vendéenne : il part pour l’expédition de Vendée, et retrouve l’objet de son amour. Le père de la jeune fille veut la forcer à attirer le général républicain dans un guet-apens ; l’abbé Pascal sauve Marceau. La jeune fille et son père sont mis en prison, l’abbé Pascal marie les deux amants avant de se rendre lui-même à l’échafaud. Marceau et Kléber vont chez Robespierre le supplier d’épargner la Vendéenne ; mais il est trop tard. Marceau n’a plus qu’à se faire tuer au service de la République. Ce drame, qui empruntait quelque chose aux préoccupations du moment, renferme quelques scènes intéressantes, mais peu originales.


MARCEL (SAINT-), bourg et commune de France (Indre), cant. d’Argenton, arrond. et à 30 kilom. S.-O. de Châteauroux, près de la Creuse ; pop. aggl., 1, 006 hab. — pop. tot., 2, 425 hab. Vestiges d’antiquités romaines. Église de construction romano-ogivale de l’époque de transition.


MARCEL-D’ARDÈCHE (SAINT-), bourg et commune de France (Ardèche), canton de Bourg-Saint-Andéol, arrond. et à 59 kilom. S. de Privas ; pop. aggl., 1, 053 hab. — pop. tot., 2, 153 hab. Récolte et filature de soie. Ancien château du cardinal de Bernis, né à Saint-Marcel.


MARCEL (saint), évêque d’Ancyre, né vers 300, mort en 374. Il assista aux conciles de Nicée (325), de Tyr (335), de Constantinople (336), combattit avec une grande vivacité les ariens, fut déposé en 336, rétabli sur son siège l’année suivante, chassé de nouveau quelque temps après, gagna l’Occident, se rendit à Rome, où le pape Jules Ier reconnut son orthodoxie, fut rétabli dans son siège par le concile de Sardique (347), mais ne put néanmoins en reprendre possession, et se retira alors dans un monastère. D’après plusieurs écrivains ecclésiastiques, Marcel était un grand parleur, mais il manquait à la fois de bon sens et de science. De ses écrits, il ne nous reste que deux confessions de foi, une lettre adressée à Jules Ier et des fragments de son traité intitulé : De la sujétion de Notre-Seigneur Jésus-Christ.


MARCEL (saint), célèbre évêque de Paris, né dans cette ville au IVe siècle, mort au milieu du Ve siècle. Il fut enterré près de Paris, dans un village qui depuis a formé le faubourg Saint-Marcel. Ce saint, qui signala son pontificat par sa piété et par ses bonnes œuvres, fut l’auteur d’un grand nombre de miracles, si l’on en croit les traditions légendaires. Nous nous bornerons à en citer un. Pendant qu’il était évêque, dit le Père Dubois dans son Histoire de l’Église de Paris, mourut une demoiselle qui s’était livrée sans pudeur aux désordres les plus honteux. On l’enterra cependant en terre sainte. Mais aussitôt un affreux dragon, d’une grandeur prodigieuse, vint au cimetière, se jeta sur le corps de la défunte, et par ses ravages jeta la désolation dans la ville. Instruit de l’événement, Marcel courut au monstre, lui donna deux coups de crosse sur la tête, puis lui ayant passé son étole autour du cou, le conduisit hors de Paris, et lui ordonna d’aller se jeter à la mer, ce qu’il fit incontinent. L’Église honore ce saint le 3 novembre.


MARCEL Ier (saint), pape, né à Rome, mort dans la même ville en 310. Il succéda en 308, après une vacance de plus de trois ans et demi, à saint Marcellin, s’efforça de rétablir l’ordre et la discipline dans l’Église ; mais la rigueur qu’il déploya contre les chrétiens qui avaient fléchi durant la persécution causa des troubles et le fit bannir. Saint Eusèbe le remplaça sur le trône pontifical.


MARCEL II (Marcel Servius), pape, né à Fano en 1501, mort en 1555. Il était fort instruit, aimait et même cultivait les arts lorsqu’il entra dans les ordres. Le pape Paul III, dont il était l’ami, l’employa à différentes missions diplomatiques, le nomma cardinal (1539), évêque de Reggio, et le chargea, en 1545, de présider le concile de Trente. Après la mort de Jules III en 1555, Marcel Servius fut élu pape à l’unanimité des voix. Il se montra ennemi du népotisme et du luxe, et mourut au bout de vingt et un jours. Comme il avait annoncé de grands projets de réforme dans l’Église, on prétendit qu’il était mort empoisonné.


MARCEL (Étienne), prévôt des marchands de Paris, mort en 1358. Il était issu d’une ancienne famille de bourgeois parisiens, appartenant, pour la plupart, à la puissante corporation des drapiers. Le grand-père d’Étienne, Jacques Marcel, et son père, Garnier Marcel, jouissaient d’une grande considération ; ce dernier avait été appelé à la charge d’échevin. Depuis plus d’un siècle, les membres de la famille Marcel siégeaient tour à tour dans le parloir aux bourgeois. Marie la Marcelle, tante du prévôt des marchands, avait épousé Geoffroy Cocatrix, dont la famille, qui occupait les premières charges à la cour de Philippe le Bel et de ses successeurs, avait donné son nom à une des rues de Paris et à un fief situé dans la Cité. Au moment où Étienne Marcel fut élevé à la dignité de prévôt des marchands, trois échevins sur quatre, Pierre Bourdon, Bernard Cocatrix et Charles Toussac, étaient alliés à sa famille ; enfin, il n’est pas sans intérêt de remarquer qu’il tenait par des liens d’alliance à Jean Poillevillain, maître des comptes du roi et grand falsificateur de monnaies, et que ses frères, Guillaume et Jean, avaient été admis dans l’intimité du duc de Normandie, fils du roi Jean. Son troisième frère, Gilles Marcel, était clerc de la marchandise de l’eau ou greffier de la ville.