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Malgré les efforts des girondins, l’Assemblée passa à l’ordre du jour.

Mais bientôt les attaques recommencèrent, plus ardentes et plus implacables. À l’article Convention nationale, nous avons donné une esquisse de cette lutte acharnée de la Gironde contre la Montagne, la Commune, Paris et sa députation. Marat surtout était le bouc émissaire ; il est vrai qu’il donnait prise aux attaques ; mais il n’en était pas moins déplorable de voir ceux qui prétendaient au monopole de la modération donner ainsi l’exemple de vouer leurs collègues à la proscription. C’était devenu, parmi les girondins, une véritable monomanie de couvrir Marat d’insultes et de lui attribuer tous les forfaits. Le député Boileau alla jusqu’à faire la motion ridicule de purifier la tribune à chaque fois qu’il aurait parlé (séance du 18 octobre 1792). Cet acharnement augmentait, par réaction, sa popularité, qui bientôt après sa mort devait dégénérer en un véritable culte, en un fétichisme extravagant.

Dans l’affaire du jugement de Louis XVI, il se prononça avec la terrible sincérité qui était dans ses habitudes, soit dans son journal, soit à la tribune, et vota pour la mort dans les vingt-quatre heures. Il n’en rendit pas moins hautement justice au noble Malesherbes, dont quelques énergumènes essayaient de flétrir le courage et la fidélité : « Malesherbes, dit-il, a montré du caractère en s’offrant pour défendre le despote détrôné, et il est moins méprisable à mes yeux que le pusillanime Target, qui a l’audace de s’appeler républicain, et qui abandonne lâchement son maître, après avoir si longtemps rampé à ses pieds et s’être enrichi de ses profusions. »

Cependant les girondins, après l’avoir poursuivi si longtemps, finirent par obtenir sa mise en accusation, à propos d’une adresse qu’il avait signée, comme président des jacobins, et dans laquelle il était dit que la Convention renfermait la contre-révolution dans son sein.

Ils avaient habilement profité, pour enlever le vote, de l’absence d’un grand nombre de montagnards qui étaient en mission. En vain Danton jeta ce cri désespéré : « N’entamez pas la Convention ! » Marat fut décrété d’accusation, pour avoir prêché la dissolution de l’Assemblée, provoqué au meurtre et au pillage, etc. On avait naturellement puisé ces chefs d’accusation dans ses numéros les plus violents. Le décret fut rendu par appel nominal et motivé (14 avril 1793). Cette forme solennelle n’avait encore été employée que pour Louis XVI.

Dès le lendemain du jour où ce décret avait été rendu, le maire de Paris venait présenter à l’Assemblée une pétition dé trente-cinq sections de Paris contre les principaux meneurs de la Gironde. C’était la réponse de Paris, un avertissement à ceux qui les premiers avaient demandé la proscription de leurs collègues. Hélas ! c’était aussi le prélude du coup d’État populaire des 31 mai-2 juin.

Le jugement de Marat, comme cela était facile à prévoir, fut un triomphe pour lui. Il eut lieu dix jours après le décret. Le 23 avril au soir, il se constitua prisonnier. Il était accompagné de plusieurs représentants du peuple, d’un colonel de la garde nationale, d’un capitaine de frégate, d’administrateurs, d’officiers municipaux, de commissaires des sections, etc., qui ne voulurent point le quitter et qui passèrent la nuit auprès de lui pour veiller à sa sûreté.

Le lendemain 24 il parut au tribunal révolutionnaire, où son attitude fut ferme et digne. Il fut acquitté à l’unanimité et ramené en triomphe au sein de la Convention, escorté par une foule immense, par des officiers municipaux, des détachements de la garde nationale, des gendarmes, etc. Beaucoup, qui étaient loin cependant d’approuver tout ce qu’avait écrit Marat en ses emportements, sentaient bien en ce moment que c’était là le procès de la Montagne et de Paris. De là cette ovation extraordinaire et ce cortège de triomphateur.

Naturellement l’Ami du peuple n’en fut que plus ardent à poursuivre le parti de la Gironde, et il eut la plus grande part à sa chute.

Attaqué depuis quelque temps d’une maladie inflammatoire, résultat d’un travail excessif, de continuelles inquiétudes d’esprit, de privations, d’émotions de toute nature, il avait fait un dernier effort pour contribuer au renversement de ceux qu’il considérait comme les ennemis de la patrie ; mais il tomba tout à fait malade après l’événement du 2 juin (proscription des girondins), et garda presque constamment le lit, consumé par la fièvre, le sang brûlé, le corps couvert de dartres, la tête enveloppée de compresses d’eau vinaigrée, ne supportant plus que des boissons, et augmentant encore le feu dont il était dévoré en essayant de ranimer ses forces par un usage excessif du café. Sans être en danger de mort peut-être, il était néanmoins dans un état fort grave au moment de la catastrophe qui termina ses jours. Nous avons raconté les scènes de cette tragédie à l’article Corday (Charlotte), et nous ne pourrions, sans faire double emploi, reproduire de nouveau ces détails. On sait que cette jeune fanatique, partie de Caen, centre de l’insurrection girondine et fédéraliste, se présenta chez Marat le 13 juillet 1793, revint plusieurs fois, et à force d’insistance parvint à se faire admettre auprès de l’Ami du peuple, sous le prétexte de révélations intéressant la chose publique et les menées des insurgés girondins. Marat était dans son bain, enveloppé d’un peignoir, corrigeant les épreuves du dernier numéro qu’il ait publié, car il mourut la plume à la main. Il faisait un usage fréquent des bains ; c’était le seul remède qui apportât quelque soulagement à ses maux. Après quelques paroles, comme nous l’avons raconté à l’article auquel nous renvoyons le lecteur, Charlotte Corday tira un couteau de son sein et le plongea dans la poitrine de l’Ami du peuple. Marat ne poussa qu’un cri : « À moi, ma chère amie ! » Sa compagne, Simonne Évrard, accourut, puis le chirurgien Lafondée, qui demeurait dans la maison, enfin le célèbre chirurgien Pelletan ; mais tous les soins furent superflus ; la mort avait été presque instantanée. La lame avait traversé le poumon, l’aorte et le cœur.

Dulaure, dans ses Esquisses historiques, a mis en circulation une petite légende qui a été admise assez légèrement par plusieurs écrivains, et suivant laquelle Marat, après avoir été frappé, aurait conservé assez de force pour écrire un billet d’adieu à son ami Guzman. Dulaure a même donné le fac-simile de ce billet, qu’il tenait du célèbre collectionneur Villenave, fac-simile que M. Augustin Challamel a fait également figurer dans son Histoire-musée de la République. Dans ses Épisodes et curiosités révolutionnaires, M. Louis Combes a démontré avec le dernier degré d’évidence que ce billet était apocryphe, que d’après tous les procès-verbaux, pièces officielles, témoignages, etc., Marat était mort sur-le-champ, et, en outre, que dans ce prétendu autographe le faussaire ne s’était même pas donné la peine d’imiter, ne fût-ce que grossièrement, l’écriture de Marat, qui est cependant bien connue.

Ce meurtre remua profondément l’opinion publique. La Convention décréta qu’elle assisterait en corps aux funérailles. Les sections, les sociétés populaires, tout Paris, en un mot, était plongé dans la consternation, ce qui montre bien qu’on pardonnait à Marat ses erreurs, ses égarements, ses violences, en faveur de ses luttes, de ses souffrances, de son désintéressement, de sa passion farouche, mais sincère, pour la cause du peuple et de la liberté. Bien certainement que la postérité fera également la balance et la distinction, et que, tout en condamnant ce qui doit être condamné, elle fera la part des emportements de la lutte et placera cette grande figure révolutionnaire à la place qu’elle doit occuper.

Un écrivain du Temps, M. Hébrard, dans une conférence faite à la rue de la Paix, a trouvé un mot heureux pour caractériser Marat dont il essayait la réhabilitation ; il l’a appelé le « démon du patriotisme. » Marat, patriote endiablé, avait, en effet, forgé sa plume aux flammes du grand feu.

Les funérailles eurent lieu le 16, avec un éclat et une pompe qui rappelaient celles de Mirabeau. L’inhumation eut lieu dans le jardin même des Cordeliers, à la demande de la section, qui obtint également son cœur, pour être placé dans la salle de ses séances.

La cérémonie de la translation du cœur donna lieu à des scènes de véritable idolâtrie ; quelques insensés firent le rapprochement au cœur de Jésus et du cœur de Marat, mêlant aux réalités tragiques de l’heure présente les habitudes du passé ; on avait dressé dans le Luxembourg des reposoirs, des espèces d’autels, etc.

Le 14 novembre suivant, la Convention décerna les honneurs du Panthéon à Marat, et, le 5 frimaire an II, elle décida que le corps de Mirabeau serait retiré du Panthéon le même jour que celui de Marat y serait transféré. La translation eut lieu le 21 septembre 1794, avec une pompe grandiose, au son de la musique de Méhul et de Chérubini.

Ces cendres en furent retirées au fort de la réaction thermidorienne, le 8 ventôse an III, et déposées au cimetière Sainte-Geneviève. Un buste de l’Ami du peuple fut promené dans Paris, avec toutes sortes d’outrages, par ta jeunesse dorée, et précipité dans un égout de la rue Montmartre.

La nomenclature des nombreux ouvrages de Marat n’aurait pas un grand intérêt pour nos lecteurs ; nous nous bornerons donc à indiquer pour ceux d’entre eux qui voudraient faire des recherches à ce sujet le travail très-complet de M. Chevremont, qui se trouve à la fin de la Vie de Marat, par M. A. Bougeart, que nous avons cité plus haut, ainsi que la brochure de M. Ch. Brunet : Marat, dit l’Ami du peuple (1862). C’est d’ailleurs le travail de M. Chevremont qui offre le plus de renseignements et qui doit être considéré comme définitif. Vermorel a donné un volume d’extraits des Œuvres de Marat (1869, in-18).

Marat dans le souterrain des Cordeliers, ou la Journée du 10 août, fait historique en deux actes, de Mathelin, représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de l’Opéra-Comique national, le 16 brumaire an II (6 novembre 1793). Dans le préambule que l’auteur met en tête de sa pièce, il s’attendrit sur le sort de l’Ami du peuple, et paye à sa mémoire un tribut sentimental : « Je n’ose, dit-il, entreprendre de jeter aussi des fleurs sur sa tombe ; et je m’estimerai trop heureux si le faible hommage que je rends à Marat peut être de quelque utilité à nos concitoyens, en leur faisant aimer la vertu et abhorrer le crime. » Marat à l’Opéra-Comique, au ci-devant théâtre des Italiens, sur les scènes de Rose et Colas et de Blaise et Babet ! Qui s’y serait attendu ? Nous ne donnerons pas l’analyse de ce singulier ouvrage : le citer suffit. Marat avait ses fanatiques partout.

Marat. Iconogr. L’Assassinat de Marat a inspiré à David un tableau que nous décrivons ci-après. Hauer a exposé, au Salon de 1793, une Mort de Marat. La tête de Marat assassiné a été gravée par Vérité, d’après un moulage fait sur nature. Dans la collection des portraits, au cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale, est une gravure anonyme représentant « Marat assassiné, dessiné d’après nature, le 19 juillet 1793 ; » le tribun, blessé au-dessus du sein droit, a le front ceint d’une couronne de chêne. Un autre contemporain, Brion de la Tour, a fait une gravure retraçant l’assassinat de J.-P. Marat. Le même sujet a été gravé par Auguste Blanchard, d’après Henry Scheffer. Les portraits de Marat àl’époque de la Révolution ont abondé. Un de ces portraits dû à Greuze fait partie du cabinet de M. Vatel.

Un portrait de Marat, d’une expression violente, a été gravé par Copia, avec cette inscription : « À Marat, l’ami du peuple, David. — Ne pouvant me corrompre, ils m’ont assassiné. » Le meilleur portrait que nous connaissions est celui que Beisson a gravé d’après une peinture faite sur nature par Joseph Boze, en avril 1793. D’autres portraits ont été gravés par Alix, (en couleur, d’après Gannerey), par Blanchart (avec des vers en l’honneur de Marat), par Tourcaty (d’après Simon Petit), par Angélique Bricean (d’après Alain, avec des inscriptions et des vers), par « la citoyenne » Rollet, par G. Zatta (d’après Vérité, avec des vers italiens), par Chrétien (d’après un buste exécuté par Dedeseine, sourd-muet). Un buste, de Marat fut présenté à la Convention, en 1793, par le sculpteur Beauvallet. V. Corday (Charlotte).

Marat assassiné, tableau de David (1793), collection de M. Jules Didot. La composition en est simple et l’effet saisissant. Sur un fond très-sombre, sans nul accessoire, se détache le cadavre, dont la partie supérieure seule est dégagée de la baignoire. Comme le buste, la tête renversée est enveloppée de linges blancs d’où s’échappe une mèche de cheveux humides et collés au front ; légèrement idéalisée, elle porte encore cependant l’empreinte des fatigues d’un travail surhumain et des ravages de la pensée. La main gauche, appuyée sur la planche drapée de serge verte qui recouvre la baignoire, tient entre ses doigts crispés la lettre que lui présenta Charlotte Corday ; le bras droit tombe perpendiculairement en dehors et d’une maniéré sinistre. À terre a roulé le couteau qui fit cette plaie béante au-dessous de la clavicule ; de la blessure, quelques gouttes de sang ont jailli, une seule sur la lettre, quelques autres sur le linge de corps. Enfin, et pour accessoire unique, un petit bahut en bois blanc est debout, appuyé contre la baignoire. Thoré a dit de ce chef-d’œuvre : « La peinture ne saurait guère offrir une donnée plus sinistre et plus simple. On voit que l’artiste a été impressionné par le mort encore tiède ; car cette image saisissante a été faite d’après nature, et par un homme convaincu jusqu’au fanatisme. » — « Dans ce tableau, dit M. E. Chesneau, tout est peint sobrement, sincèrement, composé sans emphase, avec un cachet de réalité sévère. Le corps tout moite des affres de la mort est modelé merveilleusement, et David, par Un miracle de la passion vivement surexcitée, a rencontré un effet de lumière dont il a su tirer un grand effet de couleur. Il a triomphé en maître des difficultés que lui présentait l’opposition des chairs blanches et des draperies également blanches. Sans charlatanisme, sans fausse recherche mélodramatique, comme sans trivialité, il a su peindre une œuvre contenue, émouvante et vraie. Il a peint la mort comme nous la comprenons, il n’a consulté ni l’antique, ni l’école espagnole ; l’œuvre est sortie de lui-même, ex corde, originale et forte. »

Gérard a fait une excellente copie du Marat assassiné.


MARATEA, ville du royaume d’Italie, dans la province de Basilicate, district et à 13 kilom. S. de Lagonegro, chef-lieu de mandement, près du golfe de Policastro ; 5, 108 hab.


MARATHON, proprement Champ de fenouil, ville de la Grèce ancienne, dans l’Attique, à 18 kilom. N.-E, d’Athènes, sur la côte du canal de l’Euripe. Cette ville est célèbre dans la mythologie grecque par le taureau monstrueux dont la délivra Thésée, et dans l’histoire par l’éclatante victoire que Miltiade remporta sur Datis et Artapherne dans la plaine voisine qui porte le même nom. ■ La plaine do Marathon, dit M. Joanne, a environ 10 kilom. de long sur 5 de large. Elle a la forme d’une demi-lune dont la courbe intérieure est formée parle rivage de la baie, et l’extérieure par une série de montagnes —• au S., les monts Argaliki et Aphorismo, qui appartiennent au Pentélique ; à.l’O. et au ceu MARA

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tre, les monts Kotroni et Koraki, et au N. le mont Drakonéra, qui se continue avec le cap Marathon, jetée naturelle qui protège la baie. Deux marais’la bornent au N. et au S. ; celui du S., le plus petit, est souvent desséché k la fin de l’été, tandis que celui du N., beaucoup plus vaste, reste impraticable en toute saison. Pausanias décrit exactement le ruisseau qui en sort. Tous deux sont séparés de la mer par une large grève de sable. Le ruisseau de Marathon, ou Charadros, débouche entre les monts Kotroni et Koraki, près des villages modernes de Bey et de Seffèri, et divise la plaine en deux parties. C’est vers le milieu de la partie S., et à 800 mètres de la mer, que s’élève un’monticule nommé Soro (le Tombeau), qui:n’est autre que le tumulus élevé aux 192 Athéniens morts dans la bataille, dont les noms étaient inscrits sur dix piliers, répondant aux dix tribus. Ce n’est plus qu’un tertre de subie, haut d’environ 10 mètres et de 200 mètres de circonférence… Outre ce tumulus, — on en voit doux autres plus petits ; ce sont peut-être les tombeaux des Platéens et des esclaves qui avaient combattu à Marathon. Un peu au N, du grand tumulus est une ruine appelée Pyrgo, espèce de piédestal carré en marbre blanc, qu on suppose être le tombeau de Miltiade, ou plutôt le trophée de marbre mentionné par Pausanias. >

Quant à la situation exacte de l’ancienne ville de Marathon^ les antiquaires ne sont pas d’accord. Les uns prétendent qu’elle se trouve au village moderne de Marathona, d’autres au village de Vrana. Pour la bataille de Marathon, v. ci-après.


Marathon (bataille de), gagnée par les Athéniens sur, les Perses, l’an 490 av. J.-C. Darius 1er, roi de Perse, prétendant avoir des vengeances & exercer contre Athènes, qui avait soutenu les Ioniens dans leur ré-voltô contre lui, envoya d’abord en Grèce •une armée commandée par son gendre Mardonius. Cette’première expédition ayant échoué à la suite d’une tempête où périt presque toute sa flotte, le grand roi, que ce revers néfit qu’irriter, fit partir une nouvelle armée sous.les ordres de Datis et d’Arta’ pherne, avec ordre de piller et de brûler Athènes, d’en faire prisonniers tous les habitants et de les lui envoyer enchaînés. Après s’être emparés d’Erétrie, ville de l’Eubée, qu’ils réduisirent en cendres, les généraux de Darius s’avancèrent jusque dans les plaines de l’Attique, près du bourg de Marathon. Ils étaient guidés par le Pisistratide lïippias, qu’Athènes avait naguère expulsé, et qui brûlait du désir d’assouvir sa vengeance sur ses concitoyens. L’armée des Perses ne comptait pas moins de 100, 000 hommes d’infanterie et de 10, 000 cavaliers ; celle des Athéniens ne a’élêvait qu’a 10, 000 combattants, auxquels vinrent se joindre 1, 000 Platéens. Les Lacédémoniens avaient promis un secours ; mais il n’arriva que le lendemain de la vic-toire, a cause d’une ridicule superstition religieuse qui ne leur permettait pas de se mettre en marché avant la pleine lune, et ce préjugé absurde les priva de la gloire de prendra part au plus brillant événement de leur histoire.

L’armée athénienne était sous les ordres do dix chefs, dont faisaient partie Miltiade, Aristide etThémistocle, et qui devaient commander successivement l’un après l’autre, chacun son jour. Mais comprenant que, dans une circonstance si décisive, un commandement qui passait ainsi de main en inuin no pouvait avoir aucune suite et aucune force, ils lo confièrent d’un commun accord à celui d’entre eux qu’ils considéraient comme lo plus expérimenté et le plus habile, à Miltiade. Dès que celui-ci fut investi du commandement suprême, it prit ses dispositions en grand ça-pitaine. Pour contrebalancer son infériorité numérique par l’avantage de la position, il rangea sa petite armée en bataille au pied d’une montagne, afin do n’être pas pri3 il dos par la multitude do ses ennemis, et couvrit ses flancs par d’énormes abatis d’arbres, pour rendre, inutile la cavulerie des Perses. Dutis ne se méprit point à ces habiles dispositions, mais il compta’sur la supériorité du nombre pour les rendre inutiles, et il accepta la bataille.

Des ■ que les Perses s’approchèrent, les Athéniens s’élancèrent impétueusement k leur rencontre. Les premiers ? en voyant, le petit nombre de leurs ennemis, considérèrent cet élan comme un acte de fureur insensée ; mais ils ne tardèrent pas à se détromper. Lo combat, cependant, fut rude et acharné, surtout au centre, que Miltiade avait dû dégarnir pour renforcer ses deux ailes, sur lesquelles il comptait pour assurer la victoire. Il avait calculé qu’après avoir mis en dôrouto les Perses elles se rabattraient sur le corps de bataille et l’aideraient à écraser le reste do l’armée ennemie. C’est ce môme plan qu’Annibal adopta à la bataille de Cannes, et qui lui valut son plus beau triomphe. Les Perses abordèrent assez courageusement le centra de l’armée athénienne, ou combattaient Aristide et Thémistocle. Le. courage, le patriotisme et l’habileté de ces deux grands hommes soutinrent longtemps les efforts de l’ennemi; mais enfin, ne présentant qu’un front sans étendue et des lignes sans profondeur, ils se virent contraints de céder le terrain peu à peu. Bientôt même leurs troupes commencèrent k se rompre et allaient être uccu-