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l’on suppose avoir été parlée autrefois dans " l’archipel Indien ? Si les mots purement mantras n appartiennent pas k la langue polynésienne, que sont-ils î C’est ce que M. Borie ne >eut dire, et jusqu’à plus ample informé la înguistique doit ajourner la solution du problème.

MANTCA, ville de l’Italie ancienne, dans la Gaule cisalpine, chez les Cénomans. Aujourd’hui Mantoue.

MANTUANO (Marco), jurisconsulte italien. V. BeNA VIDES.

MANTUKE s. f, (man-tu-re). Mar. Forte houle.

— Techn. Fil de fer brûlé par places.

— Entom. Syn. de balanomc-rphe. MANTZ (Gaspard), jurisconsulte et publiciste allemand, né à Gundelfingen en 1606, mort k Ingolst’idt en 1677. Il professa la jurisprudence et devint conseiller de l’électeur de Bavière, qui ie chargea de diverses négociations. Ses principaux ouvrages sont : Patrocinium debitorum calamitate belli depauperatorum (Nuremberg, 1C39) ; Tractatits de prxludio belli civilis inter rigorosos creditores et calamitûsos debitores (Nuremberg, 1C42) ; Fundamenta Urbis et Orbis, seu de ortti et progressu imperii Romani (Augsbourg, 1673, . in-fol.).

MANTZ (Paul), littérateur et critique d’art, né k Bordeaux en 1821. Il vint étudier le droit à Paris en 1839, puis se tourna vers l’étude théorique des beaux-arts. Depuis 1S44, époque de ses débuts dans VArliste, -H. Paul Mantz s’est fait connaître par un grand nombre d’articles de critique littéraire et artistique, insérés dans VArtiste, l’Evénement, la Revue de Paris, la Revue française, la Gazette des beaux-arts, le Temps, etc. On lui doit en outre un certain nombre des notices de l’histoire des peintres, d’intéressantes Recherches sur l’histoire de l’orfèvrerie française ; les Chefs-d’œuvre de la peinture italienne (1869, in-fo !.), etc. M. Mantz est un de nos critiques d’art les plus estimés. C’est un [esprit distingué, un écrivain élégant, qui possède en matière artistique une remarquable érudition et dont les jugements sans parti pris dénotent autant de science que de conscience.

MANUAIRE adj. (ma-nu-è-re — dulat. manu. ? , main). Féod. Se disait d’un droit attribué à celui qui montrait le plus de vigueur corporelle.

MANUATE adj. (ma-nu-a-te — dulat. matins, main). Zool. Qui a des mains.

— s. m. pi. Mamm. Groupe d’animaux comprenant ceux qui ont des mains.

MANUBALISTE s. f. (ma-nu-ba-li-stelat. manubalista ; de manus, main, et du gr. ballo, je lance). Antiq. Nom donné, au vu siècle, à la machine de jet qui s’appelait primitivement SCORPION.

MANUBIAIRE adj. (ma-nu-bi-è-re —du lat. manubis, dépouilles prises sur les ennemis, pour mtmutiibix, de manu habere, avoir dans sa main, tenir dans sa main). Antiq. rora. Qui concerne les dépouilles des ennemis vaincus. Il Colonne maimbiaire, Colonne triomphale formée de trophées d’armes.

MANUCCl (Nicolas), voyageur vénitien, mort vers 1710. S’étunt rendu aux Grandes Indes pour y chercher fortune, il devint premier médecin du fils d’Aureng-Zeyb, réunit une curieuse collection de peintures indopersanes et revint en Europe vers 1691. Il est l’auteur d’un ouvrage intitula : Isloria de Mongol en très partes de Nicolao Manuchi, etc. (3 vol.).

MANUCE(Alde), dit l’Ancien, chef de cette illustre famille d’imprimeurs italiens que l’on désigne aussi sous le nom des Aidé*, né dans les États romains en 1449, mort à Venise en 1515. Après avoir fait une élude profonde des littératures grecque et latine, il donna des leçons publiques de littérature ancienne à Venise (1488), fonda uneimprimeriodans cette ville en 1490, devint bientôt célèbre par ses éditions princeps des chefs-d’œuvre grecs et latins et créa 1 Académie aldine, composée de savants qui surveillèrent l’impression des nombreux ouvrages sortis de ses presses. En 1500, Aide Manuce épousa la tille d’un imprimeur, André Turisan dAsoja. Six ans plus tard, il eut beaucoup k souffrir de la guerre, vit ses propriétés mises au pillage et fut même emprisonné. Rendu à la liberté, il reprit le cours de ses travaux ; mais le manque d’argent le força bientôt k fermer ses ateliers. Toutefois, vers 1512, Aide Manuce forma avec son beau-père une société dont il devint le chef et qui lui permit de reprendre ses travaux typographiques avec une nouvelle activité. Il 2ompiait parmi ses amis Ange Politien, Pic de La Mirandole, le prince Alberto Pio de Curpi, éc. Manuce s attacha a perfectionner la typographie encore dans l’enfance. Il réforma les caraetèi-es gothiques, répandit les caractères romains, inventa les lettres italiques, améliora la ponctuation, employa le premier le deux-points et le point et virgule ; enfin il apporta le plus grand soin non-seulement k la beauté de l’impression, mais encore à la correction du texte. La marque de son imprimerie est une ancre dont un dauphin enlace la tige, de chaque côté de laquelle on lit en deux syllabes al dvs. La première édition sortie du ses presses est celle

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à’Bêro et Léandre, de Musée, avec une traduction latine (1494). Parmi ses éditions princeps, nous citerons celles ù’Aristote, de Platon, d’Eschyle, ù’Aristophane, de Sophocle, à.’Euripide, de Pindare, de T/œocrile, (l’Hérodote, de Thucydide, à’Aratus, etc. En général, ses éditions grecques sont moins correctes que ses éditions latines et italiennes, ce qui se comprend facilement lorsqu’on songe qu’il n’eut souvent pour reproduire certains ouvrages que des manuscrits incomplets et à demi effacés. Aide Manuce n’a pas été seulement un imprimeur illustre, c’était encore un savant distingué. Outre les savantes dissertations grecques ou latines dont il enrichissait ses éditions, il composa plusieurs ouvrages remarquables : une Grammaire latine (Venise, 1501) ; une Grammaire grecque (Venise,1515) ; un Dictionnaire latin-grec (1497, in-fol.) ; De metris Boratianis, écrit souvent réédité ; des traductions de la Batrackomyomachie d’Homère, des Vers dorés de Pythagore, des Fables d’Ésope, etc.

MANUCE (Paul), imprimeur et érudit, fils du précédent, né à Venise en 1512, mort en 1574. Il devint chef da l’imprimerie de son père en 1533 et ne se distingua pas moins par son habileté dans cet art que par son érudition. II alla ensuite diriger une imprimerie à Rome (1562) et surveiller l’impression des ouvrages des Pères, ordonnée par le pape Paul IV. Après la mort de ce pontife, le traitement que recevait Paul Manuce ne lui ayant plus été payé, il revint à Venise plus pauvre qu’il n’en était parti (1570). Deux ans plus tard, il retourna à Rome pour y voir sa fille, qu’il avait laissée dans un couvent, et, sur les instances de Grégoire XIII, il consentit k reprendre ses travaux. Paul Manuce, k l’exemple de son père, s’aida des conseils de savants distingués et publia de nouvelles éditions, plus correctes que les précédentes, qu’il enrichit de préfaces, de notes judicieuses et d’index, dont l’utilité commençait k se faire sentir. Remarquable érudit, critique judicieux, écrivain élégant, Paul Manuce a composé entre autres ouvrages estimés : Antiquitatum romanarum liber de legibus (Venise, 1557, in-fol.) ; Letlere volgari (1560) ; Episto-. larum libri XII (1580, in-8o) ; Liber de senatu romano (1581) ; De comiliis Àomanorum (Bologne, 1585, in-fol.) ; De civitate rumana (Rome, 1585) ; une traduction latine des Pkilippiques de Dêmosthène (1549) ; des Commentaires estimés sur’les Lettres et les Discuurs de Cicéron, etc.

MANUCE (ALDE), dit le Jeune, fils de Paul, né à Venise en 1547, mort k Rome en 1597. Il fut successivement imprimeur à Venise (1565), grammairien, professeur d’éloquence à Bologne (1585), k Pise, à Rome (1589), directeur de l’imprimerie du Vatican (1590). Dès l’âge de onze ans, il avait publié : Elégante insième con la copia délia lingua toscana e latina (Venise, 1558, in-8°), et, a quatorze ans Orthographiée rativ (Venise, 1561), où l’on trouve un système complet d’orthographe latine, fondé sur les inscriptions, les médailles, etc. Malgré les espérances que faisaient naître ces débuts, Aide Manuce ne fut qu’un homme médiocre. Comme imprimeur, il se montra trop peu soucieux de la correction, qu’il n’eut pas le soin de confier à. des érudits, et céda son imprimerie k un de ses ouvriers, Nicolas Massani (1584). Comme écrivain, il a laissé un assez grand nombre décrits, entre autres : Discorso intorno al excellenza délie reppubliche (1572) ; De qu&silis per epistolam libri III (1576), recueil de trente questions sur des matières d’antiquité ; Locusioni di Terentio (1585, in-8°) ; Letlere volgari (1592), etc. M. Raynouard a publié sur les trois Manuce un ouvrage intéressant, intitulé : Annales de l’imprimerie des Aide ou Histoire des trois Manuce et de leurs éditions (Paris, 1825-1826, 3 vol. in-S<>).

MANUCODE s. m. (ma-nu-ko-de — du lat. manus, main ; cauda, queue). Ornith. Espèce d’oiseau de paradis ou paradisier.

— Encyci. Le manucode est une espèce de paradisier, devenue, pour quelques auteurs, le type d’un genre distinct. Son plumage est d’un beau rouge velouté en dessus, avec le sommet de la tête orangé, ie cou et la gorge d’un brun rougeâtre ; ça et là on remarque d’autres couleurs variées. Ce bel oiseau se trouve aux Iles d’Aron, et particulièrement à Vood-Sir, surtout pendant la mousson’ de l’ouest. On croit, cependant, qu’il y est seulement de passage, et qu’il se reproduit dans la Nouvelle-Guinée. Il ne se perche jamais sur les grands arbres, voltige de buisson en buisson, et se nourrit de baies rouges que produisent certains arbrisseaux. Les insulaires le prennent avec des lacets ou au moyen de la glu qu’ils retirent de l’arbre à pain. L’espèce dite magnifique, du même pays, est aussi rapportée à ce genre. V. paradisier.

MANUCODIATE adj. (ma-nu-ko-di-a-terad. munucode), Ornith. Qui ressemble à un manucode.

— s. m. pi. Famille d’oiseaux, de l’ordre des passereaux, ayant pour type le genre manucode.

MANUDUCTEUR s. m. (ma-nu-du-kteurdu lat. manus, main ; duclor, conducteur). Nom donné autrefois a un officier qui dirigeait le chant dans une église.

MANUDUCTION s. f. (ma-nu-duk-si-on MANU

du lat. manus, main ; ducere, conduire). Direction du chant dans une église ; emploi de manuducteur.

— Chir. Travail des mains dans les opérations chirurgicales, et particulièrement dans les accouchements.

MANUEL, elle adj. (ma-nu-èl, è-le — lat. manualis ; de manus, main). Qui est fait, qui se fait avec la main ou avec les mains : Ouvrage manuel. Opération manuelle. Lorsque l’étude alterne avec quelque occupation manuelle ou avec un exercice convenable, elle est plutôt favorable que nuisibléà la santé. (Chomel.) Aussitôt que te travail manuel entre dans la vie d’un homme, il la règle. (St-Marc Girard.) Il Qui a rapport au travail de la main, au travail physique, au métier : La plupart des paysagistes allemands ont une grande habileté manuelle, (Th. Gaut.)

Cor manuel, Petit cor de chasse que portaient les chevaliers.

— Jurispr. Don manuel, Celui qui se fait de la main k la main.

— Dr. canon. Distribution manuelle, Ce qu’on distribue ; pour l’assistance au chœur, aux chanoines et aux autres membres du chapitre. ■ ■ ■

— s. m. Petit livre renfermant en abrégé les notions, les procédés les plus essentiels d’une profession, d’un art, d’une science : Manuel de chirurgie. Manuel de l’artilleur. Manuel de la librairie. Manuel d’horticulture. Manuel du baccalauréat.

— Par ext. Guide habituel : Ce précieux recueil ne me quittera de mes jours ; il sera mon manuel dans le monde où je vais entrer. (J.-J. Rouss.)

—. Chir. Manuel opératoire, Travail des mains dans une opération chirurgicale.

— s. f. Mar. Levier dont on se servait autrefois pour manœuvrer les canons, à bord des galères.

— Techn. Outil dont lecordierse sert pour tordre les cordes.

— Econ. rur. Seau k poignée dont on se sert pour puiser le vin dans 1 auge du pressoir ou dans les cuves, qui le reçoivent au sortir du pressoir.

— Encyci. Bibliogr. Les manuels sont de petits livres portatits, pouvant tenir dans la main, comme l’indique leur nom, et ne renfermant d’ordimiire que des résumés. Au dernier siècle et au commencement du nôtre, ces sortes d’ouvrages portaient le nom d’abrégés ; les abrégés historiques eurent une grande vogue sous la Restauration. Le nom de mumtel semble avoir prévalu, aujourd’hui au moins, pour tout ce qui regarde les sciences, les arts, les procédés suivant lesquels s’exerce un métier, l’exposition des règles de morale ou de simple civilité ; il y a même des manuels do philosophie et de littérature.

Les anciens ont eu des manuels de philosophie dans leurs recueils de maximes ou de pensées extraites des livres des maîtres. Le Manuel d’Epictète en est un exemple. Pendant plusieurs siècles, chez les modernes, les livres n’étant faits qu’en vue des savants et des lettrés, il n’y eut pas lieu à composer des manuels. Ce fut le règne des in-folio et des in-quarto. On, voit, en France, un seul manuel au xv«e siècle : le Manuel des pécheurs. La lecture des gens du peuple se bornait alors, en effet, presque exclusivement à des ouvrages de piété. Dans le siècle suivant, sous 1 influence des mœurs et par le travail des encyclopédistes, l’instruction se répandit rapidement, et l’on composa des livres nouveaux correspondant aux nouveaux besoins. Les manuels se propagèrent : il y eut le Manuel du boudoir, comme le Manuel des chrétiens ; le Manuel des nourrices, comme le Manuel des souverains. L’art gastronomique ne fut pas oublié dans cette production d’ouvrages commodes, plaisants ou instructifs : on eut le Manuel de ta cuisinière et le Manuel des amphityrons. Mais c’est do notre temps que ce genre de livres est devenu commun. Les mauuels d’histoire, de géographie, de médecine, de jurisprudence se sont répandus les premiers ; puis on eut le manuel du peintre, du musicien, de l’architecte, du notaire, de l’avoué ; enfin les manuels des métiers parurent à leur tour : manuels du serrurier ; du menuisier, du tisseur, du teinturier, sans compter celui du spéculateur k la Bourse et celui de l’homme de bon ton. La publication connue sous le nom de Manuels Itoret est la plus complète en ce genre, en ce que pas une industrie, pas un métier n’y est omis. Mais on peut reprocher aux petits in-18 de cette collection, ainsi qu’à bien des livres du même genre, de n’être pas toujours rédigés avec assez de soin, avec une clarté assez grande, avec une science assez certaine. Les écrivains de mérite et les véritables savants négligent trop, en France, de s’adonner a la rédaction de ces ouvrages utiles, qui se trouve ainsi abandonnée à des hommes d’un savoir et d’un talent médiocres. Il n’en est pas de même en Allemagne et en Angleterre, où les meilleurs écrivains comprennent qu’il n’est pas sans gloire de mettre au jour de bons manuels et de bous abrégés, et où les critiques apprécient justement les difficultés que présente l’exécution parfaite de ces ouvrages.

Donnons une mention spéciale aux manuels de baccalauréat, lourdes et indigestes compilations qui présentent, par ordre de questions,

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l’un, le résumé de toutes les matières de l’examen des lettres, l’autre, celui de l’examen des sciences ; leur composition varie donc incessamment, suivant le programme adopté

par l’Université, et l’on sait si, depuis vingt ans, la bonne dame a changé souvent d’avis : tantôt on a supprimé la philosophie pour la remplacer par la logique, tantôt on a écarté l’histoire, pour laisser plus de place aux sciences, et il a fallu que le manuel du baccalauréat es lettres fût remanié k ces nouveaux points de vue ; le baccalauréat es sciences a été d’abord restreint, puis scindé : on a dû restreindre et scinder le manuel. Au fond, ces ouvrages, qui peuvent être utiles comme aidemémoire à l’élève studieux, à celui qui connaît les matières de l’examen et qui a besoin de les repasser rapidement, servent surtout k tenir lieu d’études consciencieuses ; ils réduisent l’enseignement à une fonction mécanique. Dans les établissements où l’on prépare spécialement aux baccalauréats, on se borne le plus souvent k faire apprendre le manuel.

Manuel historique du iyi(èiu« politique de* États européens et de leurs colonies, depuis la découverte des Indos, par Heeren (1811-1819, 2 vol. in-8°>), traduit purGuizot etV.de Saint - Laurent (1821-1S41). L’ouvrage da M. Heeren est divisé en trois périodes : la première, depuis la fin du xve siècle jusqu’au temp3 de Louis XIV ; la seconde, du commencement du siècle de Louis XIV jusqu’à

la mort du grand Frédéric ; et la troisième, do cette époque jusqu’à la chute du trône impérial de France. C’est un tableau complet de l’histoire moderne : révolutions religieuses, politiques et commerciales, guerres, traités, alliances, découvertes, conquêtes, établissements coloniaux, tous lus faits importants s’y trouvent retracés avec autant d’ordre et d’exactitude que de concision, judicieusement appréciés dans leurs-causes et dans leurs résultats, et les hommes n’y sont pas jugés avec moins d’impartialité et de sagacité que les événements. Cet abrégé a le mérite particulier d’offrir un aliment à la pensée comme k la mémoire. Ce n’est qu’un livre élémentaire ; mais il serait difficile d’en concevoir un plus substantiel et plus propre à l’étude philosophique du. sujet. Le plan de Heeren n’était pas de donner un simple récit des événements qui, depuis trois siècles, agitent le monde. Il voulait surtout faire voir comment s’est successivement formé, modifié, détruit et recomposé ce qu’on appelle le système politique da l’Europe, c’est-à-dire l’équilibre européen ou la juste pondération entre les divers États. Il a voulu signaler, jusque dans leurs dernières conséquences, les intérêts nouveaux qu’ont créés la réformation, la découverte des deux Indes, l’établissement des colonies, les progrès de la navigation, du commerce et de la civilisation.

La troisième partie, la plus intéressante, est consacrée ù ce que l’historien allemand appelle l’âge révolutionnaire. « Animé d’un zèle aident pour la cause générale de l’humanité, de la justice et de la liberté, dit M. Guizot, le traducteur de Heeren, pour les progrès universels de la civilisation, et pour ta gloire et l’indépendance particulières de l’Allemagne, rien sans doute n’était plus louable que la douleur patriotique avec laquelle il a supporté les longues humiliations et l’asservissement de sou pays. Il déplore souvent l’esprit d’agrandissement qui tourmentait toutes les cours ; le mépris des forts pour les droits des faibles, les iniques partages de la Pologne, la soif toujours croissante du pouvoir ubsolu, l’absente de toute morale dans la politique ; et enfin l’égoïsme qui, de la vie privée, avait passé dans la vie publique. •

Manuel du bibliographe pour la lllterutiiro anglaise, par LoWndes (Londres, 1857-1864, 6 vol. in-12). Compte rendu des livres rares, curieux et utiles, publiés en Angleterre depuis l’invention de l’imprimerie, avec notices biographiques et critiques ; ouvrage revu et augmenté par Bohn, C’est un excellent recueil bibliographique de la littérature anglaise, tenu k jour.

Manuels Horet, collection encyclopédique dos sciences et des arts (1825-1873, environ 300 vol. in-18). On peut appliquer à cette volumineuse et utile collection le vers de Martial :

Sunt bona, tunt mala, sunt mediocria plùra.

Le but de l’œuvre était excellent, et l’éditeur Roret, qui en conçut l’idée et le pian, et ceux qui depuis ont contiuné sa tache, sont assurément dignes d’éloge. Mais il faut toujours compter avec l’imperfection des œuvres humaines. Au moment où les résumés historiques étaient eu pleine vogue, où des écrivains de race, comme Armand Carrel et Alphonse Rabbe, ne dédaignaient pas d’y mettre les mains, dans le but il’aider k la Vulgarisation de l’instruction, Ruret eut l’îdée d’appliquer les mêmes procédés aux sciences, k 1 industrie, aux beaux-arts, dans une série de petits volumes, de format portatif, qui devinssent pour certains lecteurs une sorte de vade-mecum, de mémento, et pour les autres un guide propre k les renseigner à l’occasion, k leur fournir même, la cas échéant, les indications indispensables pour une pratique accidentelle. Le succès

lu’oblinrent dès leur apparition les Manuel* Jtoret prouva l’excellence du calcul de l’éditeur. Ce que l’on désire, lorsqu’on a re 139

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