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proportion que la précédente, avec une tache noirâtre au milieu des ailes : elle habite le midi de la France ; la mante heureuse, à corps linéaire, très-allongé, à élytres brun cendré ; elle vit au Cap de Bonne-Espérance, et les Hottentots l’adorent comme une divinité bienfaisante.

Les empuses se distinguent des mantes par des formes générales plus grêles ; la tête conique, terminée par des feuillets ensiformes ; la face fortement relevée en carène ; les antennes bipecttnées chez les mâles ; les fémurs munis de dilatations membraneuses, les antérieurs bien plus allongés. Nous citerons l’empuse appauvrie, d’un brun pâle, avec les ailes vertes, à nervures longitudinales brunes, et dont le corselet est très allongé. Elle se trouve aussi dans le midi de la France, où elle est plus rare que les mantes.

MANTE (Théophile Escoffier, dite Mlle), actrice française, née à la fin du Consulat, morte à Paris le 25 mars 1849. Après avoir pris des leçons de Granger et de Fusil, elle débuta à la Comédie-Française avec éclat, dans Célimène du Misanthrope, et Hortense de VAmour et la liaison. On vit avec surprise une jeune fille, sortant des classes du Conservatoire, s’attaquer aux rôles les plus difficiles de notre répertoire comique et conquérir, dès le premier jour, les applaudissements du public et les éloges de la presse. C’était en septembre 1S22, M11» Mars était alors reine sans partage ; on alla jusqu’à publier qu’elle avait enfin trouvé une rivale. Cependant Mlle Mante n’osait point aspirer à l’honneur de détrôner ta célèbre comédienne. Célimène devint Arsinoé ; plus laid, le rôle de Philaminte dans les Femmes savantes, de Mme Evrard dans le Vieux célibataire, de Mme Patin dans le Chevalier à la mode lui assignèrent un rang élevé parmi les artistes en renom de- la Comédie-Française. Le répertoire moderne fut pour elle une source de créations heureuses : 1760 ou les Trois chapeaux, les Préventions, la Dame et la demoiselle, le Verre d’eau, Mademoiselle de betleIsle, les Aristocraties, lui ont fourni ses meilleurs rôles. Un long avenir de succès lui semblait réservé, lorsque la mort vint interrompre sa carrière inachevée. Le Théâtre-Français perdit en elle une sociétaire d’un rare mérite, d’excellente tenue et de mœurs honorables. Mlle Munte était à ses heures de loisir un peintre de beaucoup de talent.

MANTEAU s. m. (man-tô — lat. mantellum, mot qui est dans Pluute sous la forme manteHum ; de sorte, dit M. Litué, qu’il parait se confondre avec mantele, muniile, mantilium, serviette, nappe, de manus, main, et tela, toile  : mantellum, ubi manus terguntnr, dit "Vàrron. Ce mot aurait pris l’acception île manteau, comme chez nous mouchoir a pris celle de pièce propre à couvrir le cou. Delàtre regarde mantellum comme un diminutif de mantus, manlum, manteau court, vêlement simple et sans manche, et il rattache ce mot à la racine sanscrite mand, mon, rapetisser). Vêtement ample, sans manches, qui se porte par-dessus les autres habits : Un manteau noir. Un manteau de drap S’envelopper dans son manteau. Un manteau de cérémonie. Un mambau de deuil. Un manteau de cour. Consolez la douleur, secourez l’indigence ; Dan» son aaile obscur cherchez l’.idversiW, Et de votre manteau couvrez sa nudité.

Chénieb-

— Attribut des philosophes grecs : Prendre le manteau. Personne ?i’osait paraître sn manteau dans toute l’Asie, de peur que la ressemblance de l’habit ne tes fit prendre vour des philosophes. (Fléch.)

— Par anal. Chose qui couvre : Le lierre a jeté son manteau sur la tour. (Balz.) Les hauts monts de l’Atlas se parent au loin d’un manteau où la couleur de l’améthyste se mêle aux teintes de l’opale. (Feydeau.)

Nuit, mère des festins, mère de l’allégresse, Toi qui prêtes le uan de ton voile à l’Amour, Fais-moi, eous ton’man/eatc, voir encor ma maîtresse.

Ta. Gautier.

— Fig. Garantie, défense, abri : La vertu est un manteau qui reste toujours dans les mauvais temps. (Mme de Puysieux.) Il Semblant, apparence, prétexte : La religion et ta philosophie sont deux beaux manteaux dont l’hypocrisie a soin de se couvrir. (Sanial-Dubay.) C’est toujours sous le manteau de ta religion qu’on a fait les brèches les plus sensibles à la liberté des personnes. (Dupin.) Jamais, quand on usurpe le pouvoir, on ne saisit que l’anarchie sous le manteau de l’arbitraire. (E. de Gir.)

Manteau long, Manteau étroit et très-long, que portent les ecclésiastiques.

Manteau court, Petit manteau, Manteau que portaient les abbés en habit de ville.

Manteau de cour, Robe sans manches, à queue traînante, ouverte par devant, que portaient les dames de la cour dans les grandes occasions.

Manteau de cérémonie, Ample manteau traînant, que les souverains et les grands dignitaires portent dans certaines occasions solennelles.

Manteau à bec, Vêtement de cérémonie du grand maître de l’ordre de Malte.

Manteau de deuil, Grand manteau noir que portent les plus proches parents du mort a la cérémonie ûes funérailles.

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Manteau de nuit ou de lit, Sorte de manteau court, à manches, dont on se sert quand on est dans son lit ou dans sa chambre.

Manteau couleur de muraille, Manteau brun dont les seigneurs s’enveloppaient, sous la régence, dans les entreprises où ils voulaient éviter d’être remarqués.

Manteau’ de la cheminée, Partie de la cheminée qui fait saillie dans la pièce au-dessus du foyer : S’asseoir sous le manteau de la cheminée. Il Faux manteau de la cheminée. Manteau soutenu par des consoles, au lieu de poser sur des chambranles. Il FigSnus le manteau de la cheminée, ou simplement Sous le manteau, Clandestinement, en dehors des formes légales ou régulières : Un marché conclu sous le manteau de la cheminée.

Je vais lui demander quelque livre nouveau Qu’on dit bon, car il est vendu sous te manteau.

Boisst.

Manteau de fer, Barre de fer qui soutient la plate-bande d’un manteau de cheminée.

Manger son pain sous le manteau, Ne faire part à personne de ce qu’on possède.

Garder les manteaux, Faire le guet pendant que d’autres vont faire un mauvais coup ; assister, sans pouvoir y prendre part, aux divertissements des autres. Se dit par allusion à saint Paul, qui gardait les vêtements de saint Étienne pendant que les Juifs le lapidaient.

S’envelopper de son manteau, Se résigner, attendre stoïquement le malheur dont on est menacé.

— AtioiV un vilain manteau pour son hiver, Avoir en automne une maladie qui paraît devoir persister durant tout l’hiver.

— Loc. prov. // ne s’est pas fait déchirer Son manteau, 11 u cédé sans peine à la tentation, moins rigide que Joseph, que la femme de Puiiphâr essaya vainement de retenir par son manteau.

— Btas. Ornement extérieur de l’éeu, consistant en une fourrure d’hermine qui enveloppe les armoiries tout entières : Autrefois, le mambau n’appartenait qu’aux souverains, et ce n’est que par une dérogation aux principes héraldiques que les simples gentilshommes en ornent leurs écussons aujourd’hui. Selon le Père Méneslrier, l’usage des manteaux vient des tournois, parce que, dit-il. on y exposait tes armoiries sur des tapis précieux.

— Ane. coût. Droit de manteaux, Droit de dix livres tournois, que percevaient annuellement les secrétaires de la couronne.

■— Théâtre. Manteau d’Arlequin, Draperies qui recouvrent la partie supérieure et les côtés de l’avant-scène, formant une sorte d’encadrement que l’on peut élargir ou rétrécir à volonté, et qui ont été ainsi nommés parce que, dans l’ancienne comédie italienne, c’était par laque se glissait toujours Arlequin pour entrer en scène. Il Rôles à manteau, ou simplement Manteaux, Rôles de personnages graves et âgés : Jouer les manteaux.

— Art milit. Manteau d’armes, Toile qui, dans un camp, couvre les faisceaux d’armes, et qui forme une espèce de cône tronqué. Il Manteau de guérite. Capote à capuchon, à l’usage des factionnaires. Il Petit manteau en tissu de maille que portaient, au xvto siècle, les lansquenets suisses et allemands. Il Pièce d’acier qui, dans les armures de tournoi, remplaçait l’écu rond et se vissait au plastron de la cuirasse, en s’appuyant sur l’épaule gauche, dont elle emboîtait la forme.

— Techn. Enveloppe extérieure d’un moule, qui laisse un certain espace entre elle et le noyau. Il Bout d’une pièce d’étoffe de laine, qui se trouve du côté du chef et qui lui sert d’enveloppe.

— Typogr. Platine ou plateau presseur horizontal dans une presse.

— Zool. Poils, plumes qui garnissent le dos d’un animal et qui sont d’une autre couleur que ceux du reste du corps : Le corps du perroquet est d’un beau gris de perte plus foncé sur le manteau. (Bun)

— Ornitb. Manteau gris, Espèce de corneille, il Manteau bleu, Manteau noir, Espèces de mouettes.

— Moll. Membrane charnue qui revêt toutes les parties intérieures d’un mollusque bivalve.

Il Manteau de Saint James, Espèce du genre harpe, li Manteau ducal, Espèce de peigne, il s. m. pi. Manteaux biforés, Ordre de mollusques comprenant ceux dont le manteau a deux ouvertures, u Manteaux triforés, Ordre de mollusques comprenant ceux dont le manteau a trois ouvertures. Il Manteaux ouverts, Ordre de mollusques comprenant ceux dont le manteau est ouvert sur toute sa longueur.

Il Manteaux tabulés, Ordre de mollusques comprenant ceux dont le manteau se termine postérieurement par deux tubes, ou est partagé en deux conduits.

— Hortic. Ensemble des pétales d’une anémone, il Manteau royal, Ancolie des jardins.

— Encycl. Cost, Le manteau est un vêtement qui a été en usage chez tous les peuples civilisés et à toutes les époques. Hérodote nous apprend (liv. II) que les Babyloniens portaient un petit manteau blanc par-dessus leurs autres habits. On lit dans les Nombres (chap. XV, v. 38) : « Parlez aux enfants d’Israël, dit le Seigneur, et dites-leur de faire des

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franges aux coins de leurs manteaux, et d’y mettre des rubans de couleur d’hyacinthe. « Comme on le voit par ce passage de la Bible, le manteau était en usage chez les Juifs ; car l’exemple de Joseph laissant son manteau entre les m ; tins de la femme de Puliphar n’aurait pu en être une preuve, puisque le fait se passait en Égypte.

Chez les Grecs, le manteau était une grande pièce d’étoffe de forme rectangulaire. Le manteau le plus usité, I’ijuAtiov, était le plus sou vent en laine non teinte. Parfois, cependant, il était teint en pourpre ou en une autre couleur, et orné de dessins ; lorsqu’il était en tin, on lui donnait le nom de ïwSùv, et lorsqu’il était pelucheux et fort épais, on l’appeleit gAatvx. On portait généralement le manteau par-dessus la tunique. Tantôt on s’en enveloppait étroitement le corps pour se préserver du froid, tantôt on le posait sur l’épaule gauche, puis on le faisait passer par-dessous le bras droit, de façon à laisser ce membre nu, et, ramenant ensuite le manteau, on le jetait sur l’épaule giiuche. Généralement on le fixait avec une agrafe sur l’épaule droite. Le plus souvent, le manteau tombait jusqu’au genou ; toutefois les efféminés en portaient de beaucoup plus longs. Alcibiade, notamment, portait un manteau de pourpre qui traînait jusqu’à terre.

i.e manteau des Carthaginois était en tout semblable à celui des Grecs, et ils le portèrent jusqu’à la conquête de l’Afrique par les Romains. Tertullieu, dans son Traitéau manteau, dit aux habiiants d’Utique : « Depuis que vous avez pris la loge, vous portez vos tuniques plus longues qu’auparavant, et vous les suspendez comme il vous plult avec une ceinture ; et maintenant, pour faire une toge de votre manteau, vous lui donnez une forme ronde en faisant de ses angles et de tout ce qui excédait un fort grand nombre de plis que vous joignez ensemble. ■

À Rome, la toge ne lit place au manteau (pattium) que fort tard, et après que le peuple vainqueur de l’univers eût commencé à perdre sa physionomie nationale, pour prenpre les mœurs des vaincus.

Chez les Romains, le manteau ne fut guère eu usage avant le temps des Antonins : cependant, on trouve sur des marbres, sur des médailles et sur des pierres, la représentation de leurs dieux et de leurs héros couverts de manteaux : tel est Jupiter représenté sur une agate expliquée et dessinée dans le tome 1" des Mémoires de l’Académie des belles-lettres. Apollon porte aussi sur des médailles antiques un manteau qui descend un peu plus bas que les genoux. Il est probable que ces figures, qui sont antérieures à l’adoption du manteau par les peuples du Latiuin, ont été revêtues de ce vêtement grec en imitation de la manière dont elles étaient représentées en Grèce.

Comme les Romains ne pouvaient porter à la guerre la toge, beaucoup trop large et trop longue, ils se servaient alors de diverses sortes lie manteaux ou capotes, qu’ils appelaient bardocucullus, chlamyde, lucerna, poludamenlum, sagum, gausupa, pœnula, etc. Nous parlerons, dans des articles spéciaux, des principaux d’entre eux.

Les barbares du Nord et les Francs portaient une sorte de manteau, nuinmé saie {sagum), que tes Romains portèrent dans les Gaules et même à Rome lors de la conquête de ce pays. Tacite appelle le manteau des Gaulois versicolor sugulum, ce qui fait supposer qu’il était une espèce de plaid. D’après le moine de Suint-Gall, les Francs avaient un manteau double, de couleur blanche ou bleue et de forme carrée. Il leur servait de surtout, descendait devant et derrière depuis les épaules jusqu’aux pieds, et, sur les côtés, il couvrait h peine les genoux. Tel était, à ce qu’il parait, le manteau bleu de Charlemagne.

Vers la fin du moyen âge, le manteau devint un habit de cour et de femmes ; il recouvrait une partie du pourpoint et s’agrafait avec de riches boucles en métal. Celui des chevaliers, des gendarmes, des soldats, s’est appelé, suivant le temps, bliaud, cape, casaque, chape, cotte d’armes, lioquetou, huche, hugue, paletot, riste ou manteau de reître, robe d’armes, soc, superhuméral, surcot. Le manteau fourré de vair ou n’autre riche pelleterie était particulièrement réservé aux chevaliers, qui devaient, par un extérieur magnifique, taire respecter leur titre.

Le manteau d’honneur était, au temps delà chevalerie, un manteau long et traînant qui enveloppait toute la personne, et qui était particulièrement réservé aux chevaliers. Ce manteau était écarlate en souvenir de la couleur militaire des Romains, et les rois le distribuaient aux nouveaux chevaliers qu’ils avaient faits. Les souverains renouvelaient souvent le don du manteau, dans les cours plénières des grandes fêtes. Le droit d’être compris dans ces distributions appartenait à de grandes charges et fut ensuite converti eu une somme d’argent. Cette partie du veinent, étant considérée comme un objet de luxe, fut interdite aux prêtres aussi longtemps que durèrent les mœurs sévères de la première Église ; mais bientôt nous voyons le clergé l’adopter en dépit des conciles. Le concile de Strasbourg, en 1274, permet aux évêques allant à cheval de porter un maiiteau agrafé derrière le cou ou devant’ l’esto"mixn, de façon qu’il fût fermé de tous côtés ; le manteau commençait alors, dans les usages

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ecclésiastiques, à remplacer la chape close. On permit même de porter des manteaux tant soit peu courts, dans les grands voyages de nécessité, quand il fallait aller à l’armée ou à la cour, avec des capuces qui en étaient séparés et qui ne se mettaient qu’en temps de pluie.

Le concile de Tolède (1324) condamne les manteaux traînants des clercs, et le pape Benoît XII, prescrivant ime règle uux chanoines réguliers de Saint-Augustin, nous apprend que les chapes étaient. confondues avec les manteaux sous les noms.de cloches et de rotondes, à cause de leurs figures.

Le concile d’Angers, en 1365, défendit de se vêtir de manteaux boutonnés, comme on le faisait alors, mais ordonna qu’ils fussent fermés de tous côtés. Bientôt l’usage en étant devenu général, les conciles discontinuèrent de s’en occuper. Le manteau était, au xive siècle, un signe d’honneur et d’investiture. Les ordonnances des rois de France prouvent qu’au xiye et au xve siècle les rois fournissaient des manteaux aux notaires et aux secrétaires qui les accompagnaient. Les gens des enquêtes du parlement en recevaient deux fois l’an, pour l’été et pour l’hiver. On appelait cette cérémonie livrée ou livraison de manteau ; de là est venu le mot de livrée. Jusqu’à nos jours, le manteau a été la inarque de certaines dignités. Le manteau ducal était chargé d’armoiries et de fleurs de lis ; les chevaliers du Saint-Esprit portaient au>si un manteau sur lequel était brodée la croix de l’ordre. Au xivo siècle, les avocats portaient le manteau comme un signe d’honneur. Une lettre de rémission, citéé par Du Cange et datée de 1385, contient le passage suivant :» Auquel suppléant ledit Pèresson demanda : As-tu vestu mantel ; d’où te vient-il ? Es-tu advocat ? > Les femmes portaient aussi souvent des manteaux dont on trouve la description dons les poèmes du moyen âge. Il paraît, d’après le passage suivant du roman de la Violette, que ces’manleaux étaient quelquefois ornés avec un grand luxe.

Et mantel on (eut) d’hermine au col.

Plus vert que n’est feuille de col

A flouriites d’or eslevées,

Qui mcult sont richement œuvrées,

Et on a chascune tlourete

Attaché une campanetu (sonnette) ;

Dedans si que rien n’eu paroit,

Et si très doulcement sonnait,

Quand au m<intel frapnoit le vent,

Je vous di que par nul couvent ’

Harpe, ne vielle, ne rote,

Ne rendait point si cloulce nota

Com les eschelettes d’argent.

Le manteau devint, sous les successeurs de François Ier, une partie indispensable du costume, et l’art de l’escrime en déterminait l’ampleur. La manière dont il était taillé et la façon dont il pendait sur le bras gauche étaient d’uccord avec les principes de l’art des armes. On donnait, dans les duels, une grande attention a la manière de s’en envelopper, de s’en abriter comme d’une arme défensive ; l’habileté consistait à le présenter en plusieurs doubles à la pointe de l’épée de l’adversaire, afin de la briser ou d’en amortir le coup. C’étuit une partie importante des leçons du maître d’escrime. Quelquefois on combattait avec la convention de ne pas rester revêtu du manteau ; mais c’était surtout contre les entreprises nocturnes et les attaques imprévues que les acadômistes enseignaient le maniement du manteau espagnol. Son usage disparut après le règne de Louis XIII, surtout quand la rage des duels commença à s’affaiblir.

En 1C50, le manteau de cavalerie devient légalement un effet d’uniforme. Le roi en fuit fournir par les villes, qui coûtaient 19 livres pièce, et les hommes de pied en portaient aussi quelquefois.

Une circulaire de 1792 (15 janvier) accordait aux officiers d’infanterie la permission de porter des manteaux ; mais l’usage en-fut de peu de durée, car bientôt presque tous ces officiers furent misa nied.et un vêtement à manches est plus.commode pour un fantassin.

Une décision du 28 avril 1821 permit aux officiers d’infanterie l’usage d’un petit manteau ou grand collet, lequel a été remplacé depuis par le caban.

De nos jours, toute la cavalerie est munie de manteaux, et, dans notre infanterie, tous les corps d’Afrique (zouaves et turcos) sont pourvus de petits manteaux bleus à capuchon.

Quant aux diverses sortes de manteaux qu’on porte aujourd’hui, nous en avons donné la définition dans la partie lexicographique. Nous n’avons donc pas ù y revenir ici.,

— Théâtre. Manteau d’Arlequin. Dans chaque théâtre, en dedans de la scène et de chaque côté, touchant presque à son encadrement, s’élèvent deux châssis recouverts d’une peinture simulant une draperie rouge, et sur lesquels vient se reposer horizontalement une autre draperie de même couleur, formant comme le linteau d’une porte. C’est là ce qu’on appelle le manteau d’Arlequin. Cet encadrement intérieur de la scène peut se restreindre ou s’agrandir à volonté, selon le plu3 ou moins d’importance du décor ; si celui-ci est de modestes dimensions, qu’il représente, par exemple, une chambre ou un salon fermé, ne se prolongeant pas au delà