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pies et de la Sicile. Une armée d’aventuriers tut organisée. La bataille eut lieu près de Bénévent. Manfred, truhi par une partie des siens, se lança en désespéré dans la mêlée, où il trouva la mort. C’était un prince brave, doux, clément, libéral, habile dans le maniement des affaires, digne du trône par ses grandes qualités, et voulant le bonheur de ses sujets. Il était poète et musicien, et possédait physiquement les plus brillants avantages. On lut doit la ville de Manfredonia, dans la Pouille, et le port de Salerne. Sa femme et son fils Manfredino, arrêtés au moment où ils s’embarquaient pour la Grèce, Unirent leurs jours dans la captivité.

Manfred, poème dramatique de lord Byron (1817). Quoiqu’elle soit divisée en actes et en scènes, cette œuvre singulière est plus un poëme qu’un drame ; il n’y a en réalité qu’un personnage, Manfred ; les autres sont de simples comparses, destinés à accentuer la scène et à donner la réplique.

Le héros du poëme est toujours cet • homme fatal » cher à Byron, qui en sut varier le type à plusieurs reprises, dans Manfred, dans Lara, dans le Corsaire ; cette fois, le cadre fantastique où il le fait mouvoir lui donne encore plus de puissance. Comme Faust, Manfred est en communication avec les esprits ; il les évoque a. son gré, et les fait apfparaître pour lui répondre ; mais ce n’est ni a science, ni le pouvoir, ni les voluptés qu’il leur demande ; c’est l’oubli, l’oubli d’un crime qui n’est pas précisé, et que le pofite laisse dans une ombre sinistre : on entrevoit un assassinat et la perte d’une femme aimée. Les esprits ne peuvent rien pour Manfred, que poursuit l’implacable remords. Manfred, comme Macbeth, a tué le sommeil ; il n’y a plus de repos pour lui. Il gravit le sommet de la Jungtrnu ; il est sur le point de se précipiter au bas de la montagne, lorsqu’un chasseur de chamois l’arrête et l’emmène de force dans sa cabane. Le chasseur cherche vainement a pénétrer le secret de cet homme étrange. Manfred rencontre ensuite, dans une vallée, la sorcière des Alpes, véritable fée d’une éblouissante beauté. Elle se flatte d’apporter quelque consolation à ce cœur désespéré ; mais il faut que Manfred lui obéisse, et lui, le maître des esprits, se refuse à toute obéissance. Il va consulter dans son palais Ahiïman, le génie du mal ; il lui demande de faire paraître à ses yeux la femme

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qu’il a aimée et que son amour a mise au tombeau. Astarté, c’est son nom, reprend une forme visible et parle à son amant ; elle lui annonce que ses douleurs se termineront le lendemain. Manfred reçoit alors la visite d’un prêtre ; mais il repousse son secours ; cependant, au moment où sa destinée va s’accomplir, où déjà les esprits, accourent pour s’emparer de lui, il les repousse, car il ne tient pas d’eux la science ; il. n’a pas. fait de pacte avec les démons, et il expire dans les bras de l’abbé, en implorant la clémence de Dieu. Quelle est cette Astarté, morte pour avoir trop aimé Manfred ? Byron, avons-nous dit, ne soulève qu’à demi ce voile ; mais il fait néanmoins comprendre qu’il s’agit d’un amour illicite. Un souvenir de lïeitë a passé dans Manfred.

On reconnaitvaguement dans Manfred une imitation du Second Faust de Gœthe, et Byron avait certainement lu le Faust de Marlowe ; mais, s’il s’est inspiré de ces deux créations, il a su rester lui-même et trouver des ressorts qui lui appartiennent en propre. L’obsession du remords a été rendue par lui avec une grande force, et l’ombre même dont il a enveloppé le crime de son héros en augmente 1 effet de toute la portée que donne l’imagination à un fait mystérieux. Gœthe en fut si frappé qu’il prit au sérieux un conte populaire. Dans une étude littéraire sur Manfred, il raconte gravement qu’à Florence une jeune femme aimée de lord Byron avait été poignardée par son mari, et que, dans la même nuit, le mari avait été frappé par une main facile à deviner. De là vient, ajoutet-il, la sombre mélancolie du peintre de Manfred ; l’homme qui a si bien exprimé le remords y était en proie lui-même. Les faits démentent cette explication tragique ; Byron avait composé son poiime avant d’aller en Ita- :~- il ne passa d’ailleurs qu’une seule nuit à

lie ;

Florence, et n’eut le temps d’y séduire ni d’y poignarder personne.

Mmifrcd, drame lyrique extrait du poème de Byron, musique de Robert Schumann, exécuté à Iéna au mois de février 1858. On ne connaît pas encore en France cette œuvre, une des plus remarquables de Schumann. L’Incantation est une page des plus poétiques. Quant au Chœur des génies, on ne peut rien lui opposer de plus resplendissant. Nous donnons ces deux morceaux, avec les paroles françaises de Wilder.

INCANTATION.

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Quand la feu fol-let s’ar - rê-te Dans les her- bes des tom

beaux ; Quand l’é ■

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toi - le fl - le et luit ; Que l’af- freux oi-seau de nuit, De son cri si-nis-treet

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[ sombre, Trouble seul la paix de l’ombre ; Je t’îm-po- se- rai ma loi. Nous i-rons plu

sur toi !

J’ai re-cueil - li les pleurs a-mers qui tom-bent de tes yeux pervers,

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Et detoncœurfé- ro - ce et dur, J’ai dé-ro-bé le sang im- pur. Puis, j’ai fait un pii Vf— t. bt- kiJtring.jht. mt' +

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son puissant, A - vec ces lar-mes et ce sang. Je sais la for-ce du ve

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nin Que cha - que plan-te a dans son sein. Mais, pour don - ner ra-pi-dc-ment la , — - •> ; 4 bosses ensemble. K

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Le tien est le plus fort.

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Ver- sons ce phil-tre sur son front ! A nous, son cœur et sa rai- son ! Que ce

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char- me, dé - sor-mais. Nous Pat- ta- che pourja-mais ; Qua rien, mê - me le tré-pas, Ne l’ar MANP

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ra - chede nos bras !

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Trem. — Me ! ton ar - rêt s’ap - prê - te !

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Car le sort que je te jet - te,

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corps, ton es - prit ;

Va !

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CHŒUR DES GENIES, Lentement, pp Le oénie de l’air.

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A tes vœux il faut ce der ;

Et vers toi ’je prends l’esi^^^^Égg=â=gggS

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sor. Mal-gré moi j’ai du quit-ter Mon pa- lais de pourpre et d’or ! Tu commandes

aux es- prits ! Puis-qu’il faut su - bir ta loi, Je mecour-be, j’o-bé-ia.

Le génie des eaux

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Par - le que veux-tu de moi ? Jusqu’au fond de ma re-trai-te, Où le

peu-pie des flots s’endort. Où l’o - ra- ge s’ar-rê- te, Et du vont vient mourir l’effort ; Où l’ondi ■ ne se pa - re da per - les d’or, Ton ap - pel, que je, re - dou - te, Sou $fe^^^^p5=fâ5^=|^ÊÉÉi

dain re-ten-Ut. Or-don-ne, je t’é-cou - te ; Que veux - tu de l’es-pritî Le oénie de ix terre.

giPP£PP^^Ifp^|lgl^l^

Jusqu’aux monts Cor- dil - 16 - res, Gé- ants or- gueil-leux,

Dont les ci - mes al ag^a^jp^lgpgppp^^gpgg

tiê- res Me-na- cent les cieux,

Ta ina-gi - que pa - ro - le Soudain ré-son-na. Le oénie du feu.

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Où faut-il que je vo - leî Réponds, me voi - là !

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leil. Pourquoi, mor- tel, m*ap - pel - les- tu vers

toi 7

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L’air, l’eau, le feu, la ter - ra Et à la na- tu-reen-tiè-’ re, L’4 - toi - le d’or et lo

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L’air, l’eau, le feu, lu ter - re Et la na-tu-rc en-tiè • re, L’é- toi - le d’or et le

ri - tar dan - do. /^v. ^

grain de poussiè-ra Sont sou-mis aux es-prits. 0 fils de la ter-re, Que veux-tu7 disl

ri ■ car - dan. — do. ^.

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grain de poussiè-re Sont sou-mis aux es-prits. 0 fils de la ter-re. Que veux-tu ? dis !

MANFREDI, maison souveraine de Faenza et quelquefois aussi d’fmola. Originaire d’Allemagne, elle fut constamment a la tête du parti gibelin dans la Romagne. Ses principaux membres furent les suivants : Richard Manfhedi, qui s’empara de Kaenza et d’Imola, et s’y proclama seigneur indépendant en 1334. Ses deux fils lui succédèrent. Le règne de ces princes fut une lutte contN

nuelle contre le saint-siége. Innocent IV les battit et reconquit Faenza et Imola. —.-Astorre Manfredi essaya, en 1376, de soulever le Faenzais en sa faveur ; mais la conspiration fut découverte. Le papa Grégoire XI ordonna a, son légat, Robert de Genève, da faire mettre la vilte a sac par John Hawkwood, chef de la compagnie blanche, auquel il entendait ainsi payer une solde arriérée,

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