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déjà souffrante, prit alors un refroidissement et mourut trois jours après. Après son retour de l’Ile d’Elbe, Napoléon alla visiter La Malmaison, et deux mois plus tard, après Waterloo, il y passa cinq jours’en compagnie de l’ex-reine de Hollande. Devenue la propriété du prince Eugène, La Malmaison fut achetée, ko JS26, par M. Haguerman, banquier suédois, qui la réduisit aux proportions du cadre primitif qu’elle occupait en 1708. En 1842, la propriété, ou plutôt ce qui restait de ta propriété fut acheté par la reine d’Espagne Marie-Christine moyennant 500,000 francs, et, en isgi, le chef de l’État la racheta au prix de 1,500,000 francs. 1, a Malmaison reprit "lors en partie sa physionomie ancienne, son ameublement empreint du goût faux de l’époque. Parmi les tableaux qui ont remplacé ceux que nous avons cités plus haut, nous signalerons le portrait de Joséphine, celui de , la reine Hortense, dessiné par elle-même, le dessin original d’Isabey : Bonaparte à La Malmaiton, et de nombreux objets d’art, tels que bustes et bas-reliefs. Dans l’ancienno chambre du premier consul, on fit transporter le lit sur lequel il mourut à Sainte-Hélène. Le parc fut bien aménagé, et on y voit encore le pont-levis par lequel le premier consul se rendait à son jardin particulier.

Muliuantile neouiiiiii (Malmantile racçuislato), poème héroï-comique de Lippi, paru a Florence en 1G7G, sous le pseudonyme de Perlone Zipoli, nom anagrammatique de Lorenzo Lippi. Le poème a douze chants. Quant à. Malmantile, ditSalii, c’était un vieux château ruiné peu loin de Florence, et dont on voit encore les ruines. Lippi imagina de célébrer ces restes et de faire une petite épopée qui présentât le revers de la Jérusalem délivrée. Il s’étudia à, exalter des événements et des personnages aussi misérables que le lieu de la scène, le château de Malmantile, qu’il appelle plaisamment la huitième merveille du inonde. Il mit dans sa fable plusieurs inventions, dont la plupart n’étaient que des contes que les nourrices récitaient aux enfants pour les endormir ou les amuser. On y voit des histoires d’ogres et d’enchantements, et l’autorité de Turpin y est souvent alléguée. Il est fâcheux que l’intérêt de ces traditions populaires soit diminué par une diction semée de tant d’idiotismes, de locutions et de proverbes empruntés à la langue du peuple de Florence, que les Toscans euxinèmes ne peuvent l’entendre à moins d’une étude particulière, ou h moins de subir l’ennui des interminables commentaires de Miuucci, Biscioni, Salvini, etc. Voici une idée suceinte du sujet : Bertinella, aidée de quelques-uns de ses satellites, s’était emparée de Malmantile et avait détrôné Celidora, sa cousine. Baldon, frère ’de Celidora, entreprend de la rétablir sur le troue de ses ancêtres, et, après divers dangers, il finit par y parvenir. Dans le pottme, c’est Bellone déguisée qui pousse Celidora à la guerre, et Mars anime Baldon ; leurs troupes sont composées de troupes d’aveugles, de joueurs, do gourmands, d’ivrognes, etc. ; le poëte leur donne pour chefs ses amis, et il les fait embarquer sur l’Arno pour aller assiéger et conquérir le château. Nous ne saurions analyser ce poème, composé d’historiettes qui prendraient trop de développement, et dont le principal mérite résulte des facéties dont le poète sait les revêtir. Les curieux qui n’entendent pas l’argot florentin trouveront dans Salû une analyse dé ce poeine eu plus de vingt pages. Ceux qui connaissent la signilicalion véritable de ces locutions sentent qu’iha choisi ce dialecte pour mieux exprimer ses pensées et ses images, quétoute autre langue aurait affaiblies. Les critiques français, entre autres Sismondi, n’ont presque rien compris à ce badinuge excessif.

MALM1ÎDY, en latin Afalmundarium, ville de Prusse, province du Rhin, régence et à 36 kiloin. S. d’Aix-la-Chapelle, ch.-l. du cercle de son nom, sur la W’urge ; 4,500 hab. Nombreuses et importantes tanneries j fabrication de dentelles ; commerce de vins, houille et fer. Cette ville, qui doit son origine à une ancienne abbaye de bénédictins, lut réunie à la France par le traité de Luuéville et resta, jusqu’en 1813, chef-lieu d’un arrondissement du département de l’Ourthe. Les événements de îsu et de 1815 la donnèrent à la Prusse. On y compte environ 50 tanneries. Les peaux qu’elles exploitent viennent dé l’Amérique du Sud ; le tan est fourni parla forêt des Ardenues. Les maisons qui entourent la ville ont l’aspect des habitations de la Hollande. Aux environs de Mahnedy se dressent les pittoresques rochers de Béverzé.

MALMENÉ, ÉE(mal-me-né) part, passé du v. Malmener. Traité durement : Enfant MA.Lmkné par ses maîtres.

— Chasse. Se dit de divers animaux lorsque leurs forces s’épuisent, qu’ils prennent moins de devant et entreprennent moins de terrain : Ou reconnaît qu’un lièvre est malmené quund il a le dos plus rond qu’à l’ordinaire et en quelque sorte voûté, ce qu’on appelle porter la hotte.

MALMENER v. a. ou tr. (mal-me-né — de mal, et de mener. Change e en è devant une syllabe muette : Je malmène, tu malmèneras, il malmènerait). Mener, traiter durement, sévèrement, en actions ou en paroles : Mal- urosiiR les enfants, ce n’est pas les corriger, il

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Presser vivement et de façon à faire essuyer quelque échec : Malmener sa partie dans un procès. Malmener un corps de troupes dans une campagne.

MALMESBURY (Olivier de), bénédictin et savant anglais, mort en 1060. Il s’adonna particulièrement à l’étude" des mathématiques, de l’astrologie, prétendit pouvoir prédire l’avenir et imagina une machine, munie d’ailes, avec laquelle il essaya de voler. Étant monté sur une tour, il se lança dans l’espace, tomba lourdement ù terre et mourut des suites de sa chute. Il a composé quelques ouvrages, entra autres : De géomantia, De astrologorum dogmatibus, etc.

SlALMESIiUKV (James Harkis, comte de), diplomate, littérateur, membre du Parlement et pair d’Angleterre, né en 1710, mort en 1820. Il fut ambassadeur en Prusse (1772-1773), îi Saint-Pétersbourg (1777-17S2), en Hollande (1784-1783), et mérita dans ce dernier poste la faveur du stathouder, qu’il contribua à rétablir. De 1793 à 1791, il négocia à. Berlin un traité de subsides pour la coalition, puis demanda et obtint pour le prince de Galles (depuis George IV) la main de la princesse Caroline de Brunswick, qu’il amena on Angleterre. En 1790, le cabinet de Saint-James nomma Malmesbury son ministre plénipotentiaire près le Directoire de la République française pour traiter de la paix. Les négociations, entamées à Paris, échouèrent, furent reprises l’année suivante, avec aussi peu de succès, à Lille, et après la journée du 18 fructidor, Malmesbury dut reprendre la route de Londres. En 1800, cet homme d’État fut créé comte, lord lieutenant et garde des archives du comté de Southampton. Atteint de surdité, il se vit contraint de renoncer complètement à la vie publique ; mais il ne resta pas toutefois étranger aux affaires de son pays et des hommes distingués dans la politique et les arts, ditChanut, venaient souvent faire visite au Vieux Lion, comme on l’appelait à cau.se de la profusion du sus cheveux blancs et de ses grands yeux brillants. » Lord Malmesbury a publié une Introduction à l’histoire de la république de Hollande de 1777 à 1787 (178S, in-S°) ; une édition des Œuvres de James Barris (1S07, 2 vol. in-4"), son père, principalement connu par une grammaire universelle, intitulée : Hermès. Enfin, on a son Journal et sa correspondance, contenant la relation de ses missions (Londres, 1842-1844, 4 vol. in-8°), ouvrage fort intéressant, mis au jour par son petit-fils.

MALMESBURY (James - Howard HaRRIS, comte de), homme d’État anglais, petit-fils du précédent, né en 1807. Il venait d être élu membre de la Chambre des communes on 1841, lorsque, son père étant mort, il entra à la Chambre haute. Le comte de Malmesbury y vota avec les tories, se montra orateur facile et élégant, mais ne joua en somme qu’un rôle politique assez ell’acé jusqu’en janvier 1852, époque où le comte Derby fut chargé de former un cabinet dans lequel Malmesbury prit le portefeuille des affaires étrangères. Vers 1839, cet homme d’État s’était intimement lié avec le prince Louis-Napoléon Bonaparte, alors réfugié en Angleterre et songeant à ren- ’ verser Louis-Philippe. Lorsqu’en 1852 l’Empire fut proclamé en France, lord Malmesbury mit un tel empressement à reconnaître Napoléon III et un ordre de choses que l’Angleterre ne pouvait voir s’établir sons de vives appréhensions, qu’un grand nombre de membres du Parlement, organes de l’opinion, l’attaquèrent vigoureusement à ce sujet. Il essaya, non sans peine, de justifier sa conduite, s’attacha à cimenter une alliance durable entre la France et son pays, quitta le ministère avec lord Derby eu décembre 1852, et vint alors à Paris offrir ses félicitations à son ancien ami, devenu empereur. En 1858, les tories étant revenus au pouvoir, le comte de Malmesbury devint de nouveau secrétaire d’État des affaires étrangères et conserva ce poste jusqu’au 17 juin 1859, époque où il fut remplacé par lord John Russell. C’est lui qui a publié le Journal et la correspondance de son grand-père James Harris, comte de Malmesbury, et on lui a vivement reproché à ce sujet d avoir publié de nombreux documents sans avoir obtenu, comme cela se fait ordinairement en Angleterre, l’autorisation des familles qu’ils concernaient.

MALMESBURY (Guillaume de), historien et bénédictin anglais. V. Guillaume dk Malmesbury.

MALMIGNAT1 (Jules), poète italien, né à Lendinaraverslafinduxvi0 siècle. Il s’est fait connaître comme auteur de tragédies et de poèmes médiocres. L’un de ces poèmes a pour sujet Henri IV, comme la Henriude ; il a pour litre : VEnrico, ouero Francia conquislata (Venise, 1623, in-S°). Les commentateurs ont établi des ressemblances curieuses entre les deux poèmes ; mais VEnrico ne supporte pas la comparaison.

MALMŒ, ville maritime de Suède, ch.-l. du gouvernement du même nom, sur le Suud, à 30 kilom. S.-E. de Copenhague, par 55° 36’ de latit. N. et 10° 40’ de longit. E., dans la partie la plus fertile de la Scanie ; 20,000 hab. Place forte ; tribunal de commerce ; école royale d’hydrographie. Manufactures de draps, chapeaux, tapis, tabac et savon ; grand commerce de grains. Sa fondation remonte au commencement du xine siècle ; elle se trouve, du

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moins ; mentionnée dans les chroniques dès 1229. Malmœ était autrefois une ville fortifiée de grande importance, et son château est célèbre dans l’histoire pour avoir servi de prison au comte Bothwell, troisième mari de Marie Stuart. En 1523., il y fut conclu, entre Gustave Wasa et Frédérick de Danemark, un traité parlequel ils se reconnaissaient mutuellement au préjudice de Christian II, mettant ainsi fin à l’union de Calmar. Plus tard, en 1848, une convention d’armistice y fut signée, sous la médiation de la Suède, entre le Danemark et l’Allemagne. Au xvie et au xvii» siècle, Malmœ joua un rôle capital dans les diverses guerres entre la Suède et le Danemark, guerres qui portèrent les coups les plus funestes à sa prospérité. C’est seulement depuis un demi-siècle qu’elle a commencé à se relever ; mais une fois entrée dans la voie du progrès, elle y a marché avec une rapidité extraordinaire. Reliée à Stockholm par un chemin de fer, peu éloignée de Copenhague, Malmœ est considérée comme la troisième ville du royaume. Le gouvernement de Malmœ, dont elle est le chef-lieu, embrasse une superficie de 9ûo kilom. carrés, et renferme 280,000 hab.

MALSIOEiY, iléde Suède, dans le Cattégat. Outre son étendue, elle présente encore diverses particularités remarquables. C’est de cette lie que l’on a tiré ce magnifique granit qui a servi à la construction de la forteresse de Carlsten, et dont on fait une exportation considérable en Danemark, à Hambourg et autres lieux. La pierre gît en vastes couches horizontales, d’où l’on détache, à l’aide de simples coins, des blocs de toute dimension. On trouve à Malmœn beaucoup de sépultures de l’âge de bronze. Mais ce qui distingue principalement cette lie entre toutes les autres des mêmes parages, c’est sa population. Elle est d’origine laponne ; on la reconnaît à la forme de la tête, à la petitesse de la taille et k l’accent criard des habitants, qui, du reste, en sont fiers et ne s’allient que très-difficilement à ceux des contrées avoisinantes. Ils conservent une tradition d’après laquelle leurs ancêtres seraient venus d un pays lointain, portés sur un glaçon ; et lorsqu’une jeune fille de l’île est recherchée en mariage par un prétendant étranger, elle le refuse ordinairement par cette formule : « C’est à nos chiens qu’il appartient, de ronger nos os, » Cependant, il y a quelques années, un effroyable naufrage ayant fuit périr une vingtaine de jeunes gens, Malmœn s’est un peu départie d’une rigueur aussi exclusive. La simplicité, la naïveté proverbiale de ses habitants leur ont valu le surnom d’enfants ou de badauds. Ils sont tous pêcheurs, aisés, quelques uns même riches. Un très-bon port s’ouvre à l’est de l’île.

MALMONT (Jean de), érudit français. V. Maulmont.

MAL-MOULU, UE adj. Véner. Se dit des fumées du cerf, quand elles sont mal digérées : Fumées mal-moulues.

MAL9IY (Étienne - Pierre - François de Paule), en religion le Père Kiïeitue, fondateur de la Trappe d’Aiguebelle, né à Reims en 1744, mort en 1810. Curé dans différents lieux avant la Révolution, il refusa de prêter serment à la constitution civile (1790), émigra bientôt après, entra en 1794, sous le nom du Père Étienne, à la Trappe du Sacré-Cœur dans le Brabant, et mena longtemps une vie errante avec les-religieux de son ordre. Après avoir habité Bruxelles, Munster, le canton de Fribourg, la Westphalie, Constance, Vienne, Orcha en Russie, Dantzig, etc., il se fixa à l’abbaye de la Val-Sainte, près de Fribourg. Il resta en Suisse jusqu’à la Restauration, revint alors en France, acheta, en 1816, l’ancienne abbaye d’Aiguebelle, s’y établit avec six trappistes, dont le nombre s’accrut rapidement, devint, en 1834, abbé de cette riche communauté, et se démit de ce titre en 1837.

MALMYSCII, ville de la Russie d’Europe, dont le gouvernement est à 280 kilom. de Viatka, ch.-l. du district de son nom, sur la rive droite du Chochina ; 2,130 hab.

MALNATE, bourg et commune du royaume d’Italie, province de Côme, district et mandement de Varèse ; 2,342 hab.

MALNOMMÉE s. f. Cnal-no-mé — de mal et de nommée). Bot. Syn. de malfamée.

MALO (SAINT-), en latin Maclavium, Machaviopolis, Alleco, ville de France (Ille-et-Vilaine), ch.-l. d’arrond. et de cant., à l’embouchure de la Rance, sur un rocher qu’entoure en partie l’Océan ; pop. aggl., 8,970 hab.

— pop. tôt., 12,3l6hab. L arrondissement comprend 9 cantons, 62 communes et 130,371 hab. Tribunaux de ire instance et de commerce, justice de paix. Collège communal ; école d’hydrographie ; bibliothèque publique ; musée de peinture et d’histoire naturelle. Chambre et bourse de commerce ; consulats étrangers. Port de commerce ; place de guerre de 2e classe.

Cette ville est bâtie sur un rocher de granit, au pied duquel viennent se briser les Ilots de la nier. Au N.-O., elle est défendue par un château fort, construit par la reine Anne, et une ceinture de remparts bastionnés, décrivant une sorte de pentagone irrégulier, l’enserre.dans une enceinte rétrêcie, où l’on trouve un pêle-mêle de rues et de petites places. Les maisons, bâties eu pierre de granit sur un terrain accidenté, ont générulemeut

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quatre étages. Le long des remparts, la soûle promenade de la ville, on trouve de somptueux hôtels régulièrement alignés. Au-dessus des toitures inégales s/élance, comme un mât de navire, l’élégante flèche de la cathédrale. La ville, qui, au moment de la haute marée, a l’aspect d’une Ile, est liée au continent par une chaussée étroite, lengne de 200 mètres et qu’on appelle le Sillon. Plusieurs forts détachés protègent les abords de Saint-Malo. Ainsi, on voie à 8 kilom. au large la Couchée, dont les fortifications furent construites sur les plans de Vauban en 16S9 ; a l’O., presqu’en face de l’embouchure de la Rance, le fort de l’île Harbourg ; à l’extrémité E. de la grande grève, le fort de la Varde ; devant Saint-Malo même, à 200 mètres au N. des remparts, le fort Royal, complétant les avant-postes de la place.

La cathédrale et le château sont les édifices les plus intéressants de Saint-Malo. La cathédrale, qui se dresse au milieu de la ville, a été construite au xue siècle, sur l’emplacement d’un édifice religieux que les troupes de Charlemagne avaient incendié en 811. Il ne reste de la construction du xno siècle que l’arc triomphal, l’arcade donnant sur le sanctuaire et les arcades qui s’ouvrent sur les deux bras du transsept. Ces diverses parties de l’édifice sont un beau spécimen du stylo ogival primitif. Les chapiteaux, ornés avec beaucoup de variété, offrent des cariatides, des tètes d’hommes, des poissons, des sirènes, des dragons ailés, de grandes feuilles chargées de perles, etc. Le chœur appartient au style ogival à lancette et date du xive siècle. La fenêtre du chevet est garnie d’une belle verrière dans le style du xv ; siècle. Les chapelles ont été fondées à diverses époques ; la plus curieuse fut bâtie, en 1360, par Philippe de Rennes. Ce qui nuit beaucoup à l’aspect intérieur de l’église, c’est la diversité des sti’les et le peu d’élévation des transsepts. Nous signalerons, en outre, à l’intérieur de la cathédrale : trois belles statues en marbre blanc, représentant la Foi, Saint Benoit et Saint Maure ; un Christ en ivoire, très-finement sculpté ; une Descente de Croix, de Santerre ; Saint Mulo prêchant les Druides, par M. Du veau ; le Christ tombant sous la croix, par M. Doutreleau, et des vitraux modernes représentant les patrons de l’église et de la ville. Au centre des transsepts s’élève une. tour carrée que surmonte une élégante flèche moderne.

Le château, transformé en caserne, fut reconstruit par François II et Anne sa fille (le grand donjon remonte à une époque plus reculée) ; son plan figure un carré flanqué de quatre tours principales avec plates-formes. La tour qui porte le nom de grand donjon et qui se dresse au milieu de l’enceinte servait à, défendre la ville avant la construction du château actuel. Les autres tours sont dues h la reine Anne. L’une d’elles a conservé le nom de Quiquengrogue. L’ôvêque de Saint-Malo s’opposait, dit-on, à la construction de. cette tour ; mais la reine Anne, pour montrer qu’elle était souveraine dans cette ville, n’en fit pas moins élever cet ouvrage, et, par ses ordres, on grava sur une pierre ces mots significatifs : Qui qu’en grogne, ainsi sera, c’est mon ptaisir. De là, le nom de Quiquengrogue. En 1765, MM. Caradeuc de La Chalotais, père et fils, et cinq autres membres du parlement de Bretagne furent enfermés dans le château de Saint-Malo, a. la réquisition du duo d’Aiguillon.

On entre dans Saint-Malo par quatre portes flanquées de grosses tours à mâchicoulis : la porte Notre-Dame, la porte Saint-Vincent, la porte de Dinan et la porte de Saint-Thomas, et par la poterne de Bon-Secoers. Les remparts, du côté de la pleine mer, datent du xvre siècle ; le reste de l’enceinte es» l’œuvre de Vauban.

La place principale de la ville est ornée, depuis 1829, de la statue de Duguay-Trouin, œuvre médiocredu sculpte urMolchnecht. L’hôtel de ville renferme une salle de concerts décorée des portraits de Lamennais et de Chateaubriand, par Girodet. Dans la salle dos délibérations se voit un bas-relief en marbre blanc, représentant le Martyre d’Eudore al de Cymodocée. Le Musée, de fondation récente, possède : des collections de médaiHes, de monnaies et d’histoire naturelle ; quelques échantillons archéologiques du moyen 4ge, etc. L’établissement de bains de mer de Saint-Malo est très-fréquenté pendant la belle saison. La plage est fort belle et couverte d’un sable très-lin.

De tous les îlots qui hérissent la côte de Saint-Malo, le plus renommé est celui du Grand-Dey (en breton la Grande-Tombe), C’est là que, sous une pierre sans inscription entourée d’une grille en fer et surmontée d’une croix de granit, repose Chateaubriand. Le port de Saint-Malo occupe le douzième rang parmi les ports français, pour l’importance commerciale, et le premier rang au point de vuo de l’inscription maritime. On décret de 18G0 a affecté une somme de 5 millions à l’achèvement du bassin a flot, qui sera certainement un des plus vastes et des plus beaux du littoral de la Manche. Le port reçoit 9 mètres d’eau aux grandes marées. La profondeur du bassin varie de 6">,50 à 7m,50. Les quais ont un développement de 1,805 mètres. Les feux du môle clés Noires, du cap Fréhel et des îles Chausey indiquent l’entrée de la passe de Saint-Malo. L’entrée du port