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ou attiré à elle assez de personnes pour être soutenue et entraîner la France entière, un doute d’un officier subalterne dissipe le prestige ; le conspirateur est arrêté, et avec lui une foule d’hommes, dont pas un n’a su son secret ; tout s’évanouit, et cette nuit reste comme un rêve dans la mémoire de ceux qui l’ont vue.

On avait pu mesurer a la fois la force et la faiblesse du prestige et de l’obéissance passive dans un gouvernement qui s’appuyait exclusivement sur ce double artifice, et avec

quelle facilité un génie entreprenant avait failli consommer la ruine de ce gouvernement par les moyens mêmes qui l’avaient si longtemps maintenu. Jamais ne s’étnient aussi clairement révélés le despotisme merveilleux, de l’Empire, son mécanisme de servilité si prompte et si crédule, sa force extrême et sa faiblesse tout aussi extrême, enfin le mépris profond et la haine profonde qu’inspirait Napoléon à quelques caractères d’acier, tels que Malet, ou tels que ce généial Guidai, qui, bien qu’innocent au sens juridique et, pour ainsi dire, conspirateur sans le savoir, chercha si peu à déguiser ses sentiments devant ses juges, qu’il s’écria : « Je voudrais qu’il fût dans mon cœur, votre Napoléon : je me poignarderais à l’instant. »

Quelques jours après cette nuit fameuse, Malet fut traduit devant une commission militaire, avec Guidai, Lahorie et une vingtaine d’autres personnes, parmi lesquelles les officiers qui avaient ajouté foi aux fausses dépêches. Treize de ces prétendus complices furent condamnés à mort avec le chef réel et l’unique auteur de la conspiration. Malet fit éclater son grand caractère dans les débats. Le président Dejean lui ayant demandé quels étaient ses complices, il répondit : La France entière, et vous-même, si j’avais réussi. Conduit à la plaine de Grenelle avec ses compagnons, il reçut la mort avec un sang-froid héroïque. Il commanda lui-même le feu, d’une voix retentissante. Tous ses compagnons étaient tombés comme foudroyés. Lui était resté debout tout sanglant. Il fallut une seconde décharge pour 1 achever. Frappé à mort, il tomba en criant une dernière fois : Vive la liberté !

l.e duc de Rovigo, dans ses Mémoires (t. VI, p. 17), bien qu’ayant été mis à la Force avec Pasquier, apprécie avec justice et justesse le général Malet. « Le général Mulet, dit-il, était entré de bonne foi dans la Révolution ; il en professa les principes avec une grande ferveur. Il était républicain par conscience, et avait pour les conspirations un caractère semblable à ceux dont l’antiquité grecque et romaine nous ont transmis les portraits. »

11 n’est pas de plus bel éloge, surtout venant d’une telle bouche.

Il va sans dire que les quatre journaux qui seuls avaient sous l’Empire, non le droit, mais la faculté de parler des affaires politiques, reçurent l’ordre de passer sous silence celle-ci.

Il existe plusieurs histoires de cette conspiration : Malet, car Lemare (1814, in-S°) ; #istoire de la conjuration de Malet, par l’abbé Lafon (1814, in-8°) ; l’Histoire des conspirations de Malet, par L. T. (1815), brochure qui n’a pas été mise dans le commerce et qui contient ’des détails curieux ; la Conjuration Malet, par Rousselin de Saint-Albin, travail approfondi, complet, consciencieux, aussi recoinniandable par les qualités du stylo que

par l’abondance et l’authenticité des documents, digne enfin du biographe de premier ordre qui nous a laissé les vies des glands soldats patriotes et républicains, Hoche, Kléber, Championne !, Dugommier ; le fils de l’auteur, M. Hortensius de Saint-Albin, eu a donné un fragment, la première partie, dons un volume de documents relatifs à la Révolution, extraits des œuvres de son pore, volume publié en 1873 ; l’Histoire des deux conspi-' rations du général Malet (1873), par M. E. Hamel, daiis laquelle l’auteur fait jouer un rôle tout à fait exagéré’ à un certain Dèmaillot, qui aurait été, suivant lui, le principal auteur de la conspiration de 1808 ; enfin, la Conspiration du général Malet, par Paschal Grousset (18G9), compilation dans laquelle le futur membre de la Commune a rassemblé les parties essentielles des récits de Lemare, de Lafon, de Charles Nodier, d’E.-Marco Saint-Hilaire, etc.

MALIîTESTE (Jean-Louis, marquisDE), écrivain français, conseiller au parlement de Dijon. Il vivait au xvm« siècle, et il est l’autour Aa’Esprit de ^’Esprit des lois (1749, in-4«), attribué à tort à Le Gras du Villard, et des Œuvres diuerses d’un ancien magistrat (Londres, 1784, in-8°), également publiées sous le voile de l’anonyme.

MAL-ÊTRE s. m. État de malaisej de vague indisposition : Éprouver du mal-être, «n certain mal-être.

— Gène, état peu fortuné -.Après avoir passé toute ma vie dans le mal-être, et souvent presque manquant de pain, il ne m’est jamais arrivé une seule fois de me faire demander de l’argent par un créancier. (J, -J. Rouss.)

— État d’une personne malheureuse ; Passer sa vie dans le mal-être.

MALETROUSSE s. f. (nia-le-trou-se). Féod. Droit perçu par les seigneurs sur les récoltes et les uestiaux.

MALETTE ou MALLETTE S. Mma-lè-te) MALE

Bot. Nom vulgaire du thlaspi ou bourse à pasteur, fi On dit aussi malettk à berger.

MALEU (Étienne), chroniqueur français, ne en 1282, mort en 1322. Il fut chanoine de l’église de Saint-Junien, dans le Limousin. On a de lui une chronique intitulée Chronicon comodaliacense, seu ecclesix Sancti-Juniaui, ad Vigennam, ab anno D. ad ann. MCCCXV1 (Saint-Junien, 1847, in-8°), où l’on trouve de l’exactitude et parfois des traits d’une naïveté charmante, dit l’abbé Arbellot.

MALEVENTEM, nom primitif de SÉNÉVENT.

MALEYILLK (Guillaume de), écrivain ecclésiastique français, né à Domme (Périgord)

en 1699, mort vers 1770. Il fut chanoine et curé de sa ville natale, et composa plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : Lettres sur l’administration du sacrement de pénitence (Bruxelles, 1740, 2 vol. in-12) ; Infieligion naturelle et révélée ou Dissertations philosophiques, théologiques et critiques contre les incrédules (Paris, 1756-1758, 6 vol. in-lî) ; Sistoire critique de l’éclectisme ou Des nouveaux platoniciens (Paris, 1ÎG6, 2 vol. in-12).

MALEVILLE (Jacques, marquis de), jurisconsulte et homme politique français, neveu du précédent, né à Domme (Périgord) en 1741, mort au même lieu en 1824. Il avait exercé pendant quelque temps la profession d’avocat a Bordeaux, lorsque éclata la Révolution. Il en adopta les principes, tant qu’ils ne s’écartaient pas du système de la monarchie

constitutionnelle, devint président du directoire de la Dordogne en 1790, juge au tribunal de cassation (1.791), et fut- élu en 1795 membre du conseil des Anciens, Là, il se lia avec Portaiis, Lebrun, Barbé-Marbois, etc., attachés comme lui aux idées monarchiques, ■ fit un grand nombre de rapports et de discours, combattit la loi qui ordonnait le partage, à titre de présuccession, des biens des ascendants d’émigrés, demanda l’abrogation de la loi qui excluait les parents et alliés d’émigrés des fonctions électorales, improuva à plusieurs reprises le coup d’État du 18 fructidor, se prononça contre l’extension inconstitutionnelle de l’autorité du Directoire, etc. En 1799, Maleville cessa de faire partie de la législature. Il devint, l’année suivante, un des juges dutribunalde cassation, fut chargé, avec Portaiis, Tronchet et Bigot de Préameneu, de rédiger un projet de code civil, et se montra, dansJes délibérations qui eurent lieu à ce sujet, défenseur des maximes du droit romain, de la puissance paternelle, du régime dotal, de la faculté de tester, adversaire de l’adoption et du divorce. Nommé sénateur en 1806, comte en 1808, il vota pour la déchéance de Napoléon en 1814, futappelé à siéger à la Chambre des pairs par Louis XVIII, opina pour la déportation dans l’affaire du maréchal Ney, et vota toujours avec les partisans du régime constitutionnel. On a de lui : Du divorce et de la séparation de corps (Paris, 1801, in-fio) • Analyse raisonnée de la discussion du code civil au conseil d’État (Paris, 1804-1805,4 vol. in-8°) ; Défense de la constitution par un ancien magistrat (Paris, 1814).

MALEV1LLE (Pierre-Joseph, marquis de), homme politique et magistrat français, fils du précédent, né à Domme (Périgord). en 17.78, mort à Paris en 1832. Après.avoir exercé la profession d’avocat à Paris, il devint souspréfet de Sarlat (1S04), et conseiller à la cour d’appel de Paris (1811). Elu dans la Dordo : gne membre de la Chambre des députés en 1815, il se prononça pour les institutions libérales, pour la liberté de la presse.avec le jury, pour les garanties constitutionnelles et pour te rappel des Bourbons. Sous la seconde Restauration, il fut successivement nommé premier président à la cour de Metz (1819), premier président à la cour d’Amiens (1820), membre de la Chambre des pairs (1824), ei conseiller à la cour de cassation (1828). Jusqu’à la fin de sa vie, il fut un défenseur éclairé des idées libérales. Le marquis de Maleville était versé dans la littérature orientale, dans la connaissance des antiquités celtiques et romaines. Nous citerons de lui  : Discours sur l’influence de la réformation de Luther (Paris,

1804, in-8°) ; Frappe, mais écoute (Paris, 1814) ; les lienjamiles rétablis en Israël (Paris, 181C), poème en prose.

MALEVILLE (Guillauma-Jacques-Lucien, marquis de), magistrat et homme politique français, fils du. précédent, né à Sarlat en

1805. Il entra dans la magistrature en 1826, et fut successivement juge auditeur, oonseil " 1er auditeur à la cour de Paris (1830), conseiller à la cour de Bordeaux (1835), a la cour de Paris (1843), et prit sa retraite eu 18S5. Comme homme politique, M. de Maleville fut nommé en 1837 membre de la Chambre des députés par l’arrondissement de Sarlat, qu’il représenta jusqu’en 1846. À cette époque, il reçut un siège à la Chambre des pairs, et continua a appuyer la politique ministérielle jusqu’à la révolution de 1848. Pendant vingt ans, il vécut à l’écart des affaires publiques. En 1860, il se porta comme candidat libéral pour le Corps législatif dans la Dordogne, mais il échoua. Deux" ans plus tard, les électeurs de ce département 1 envoyèrent siéger à l’Assemblée nationale, où il a fait partie de la majorité monarchique, et s’est associé à tous les votes réactionnaires.

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MALEVILLE (Léon be), homme politique français, né à Montauban en 1803. Lorsqu’il eut achevé ses études de droit à Paris en 1823, il se fit attacher.au cabinet du célèbre avôcat’Hennequin, devint en 1828 secrétaire particulier de son oncle, M. de Preissac, nommé préfet du Gers, et l’accompagna après la révolution de Juillet à Bordeaux. M. Léon de Maleville remplit jusqu’en 1833 les fonctions de secrétaire général de la préfecture de la Gironde, et donna sa démission lorsque son oncle cessa d’être préfet. L’année suivante, le collège de Caussade, dans le Tarn-et-Garonne, Renvoya, siéger a, la Chambre des députés. Le jeune député (il avait trente et un ans à peine) vint s’asseoir sur les bancs de la gauche ; et se fit bientôt remarquer par ses idées libérales, par son désir de voir l’institution monarchique rester constitutionnelle et devenir progressive. Bien qu’il fût ami de M. Tbiers, il vota contre les lois de septembre, puis soutint le cabinet du 22 février 1836, combattit avec beaucoup de vivacité le ministère Mole, et devint sous-secrétaire d’État au département de l’intérieur, dans le cabinet du 1er mars 1840, présidé par M. Thiers, qu’il suivit dans sa retraite le 23 octobre suivant. Rentre alors dans l’opp’osition, M. Léon de Maleville ne cessa de combattre la politique de M. Guizot et des doctrinaires, les, mesures antilibérales prises par le chef du cabinet, la corruption électorale, et, apostrophant un jour la majorité silencieuse, il s’écriait : n Ne connaissons-nous pas le tarif des consciences que vous vous êtes récemment achetées 7 » Ce fut également avec une grande énergie qu’il attaqua le ministère Guizot au sujet de l’indemnité Pritchard. En 1S47, il se prononça un des premiers en faveur de la réforme électorale, puis il prit une part des plus actives à l’agitation qui eut lieu au sujet de l’interdiction des banquets politiques. Sur ces entrefaites éclata la révolution do février 1848. Pour M. de Maleville, comme pour ses amis politiques, la chute de Louis-Philippe fut considérée comme une catastrophe. L’e libéral de la veille, inquiet, troublé par i’imprévu des événemeltts, se trouva le lendemain dans le camp des réactionnaires. 11 se présenta dans le Tarn-et-Garonne, qui l’élut représentant du peuple à la Constituante, vota constamment avec la droite, fit partie du comité contre-révolutionnaire de la rue de Poitiers, et fut appelé le 20 décembre 184S par le président Louis-Napoléon à prendre le portefeuille de l’intérieur ; mais, au bout de dix jours, il donnait sa démission. Le bruit ayant couru qu’il avait quitté le ministère pour n’avoir pas voulu remettre au chef du pouvoir exécutif les dossiers relatifs aux affaires de Boulogne et de Strasbourg, M. de Maleville dut s’en expliquer à la tribune. Non réélu dans le Tarn-et-Garonne lors* des élections pour la Législative, il vint siéger à cette assemblée après les élections complémentaires qui eurent lieu à Paris le 13 juillet 1849. Il continua à suivre la même ligne politique et à voter avec la majorité réactionnaire, dont il se sépara toutefois en 1850, pour appuyer les mesures proposées par la gauche républicaine dans le but de paralyser les projets ambitieux de l’Élysée. Le coup d’État du 2 décembre 1851 le : rendit à la vie privée, et pendant les dix-neuf années de despotisme odieux que subit la France, il se tint complètement à l’écart des affaires publiques. Lors des élections du 8 février 1871, le département de Tarn-et-Garonne l’envoya siéger à l’Assemblée nationale, qui, lors de la constitution de son bureau, l’élut un de ses vice-présidents. Ami intime do M. Thiers, M. de Maleville s’associa complètement à sa politique, se joignit au groupe du centre gauche, se montra un partisan déclaré de la République conservatrice, et s’aliéna la majorité monarchique qui, dès le mois d’août suivant, le remplaça comme vice-président par Saint-Marc Girardin. Il a voté les préliminaires de paix, l’abrogation des lois d’exil, la validation de 1 élection des princes.d’Orléans, a été un des signataires de la proposition Rivet, qui conféra à M. Thiers le titre do président de la république, s’est prononcé contre le pouvoir constituant de l’Assemblée, pour le retour de la Chambre à Paris, contre le maintien des traités de commerce, pour l’amendementDufaure, lors du rapport Batbio sur la proposition Kerdrel (29 novembre 1872), pour la dissolution de l’Assemblée (14 décembre), pour l’ordre du jour pur et simple dont le rejet amena la démission de M. Thiors (24 mai 1873), etc. Outre quelques brochures politiques et un travail sur le budget du ministère de l’intérieur, on a de lui une spirituelle petite comédie, intitulée : les Tribulations de M. le préfet (1827). — Son frère, né à Domine (Dordogne) en 1813, mort en 1858, fit ses études militaires à l’école Saint-Cyr, puis passa quinze ans en Afrique, et fit partie de l’expédition d’Italie en 1S58, comme colonel du 55<s de ligne. Chargé, lors de la bataille deSolférino, de défendre la ferma de Casanova, qui couvrait la route de Mantoue, il se vit attaqué par des forces de beaucoup supérieures. À cinq reprises, son régiment perdit et reprit sa position. La mitraille moissonnait ses rangs, et les munitions venaient à lui manquer. Voyant ses soldats ébranlés et hésitants, de Maleville saisit le drapeau et s’élança vers les Autrichiens en criant : ■ 55», sauvez votre drapeau I » À cet appel ses soldats se précipitent à sa suite, h

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la baïonnette, contre l’ennemi forcé de reculer ; mais de Maleville tomba mortellement atteint.

MALÉVOLE adj. (ma-lé-vo-Ie — du lat. maie, mal ; volo, je veux). Malveillant, mal disposé contre quelqu’un : Voilà, lecteur bénévole ou MALÉvoLB, tout ce que j’ai à te dire. (Scarron.)

Montaigne, cet auteur charmant,

Dana son château paisiblement.

Loin de tout frondeur malévole,

Doutait de tout impunément.

Voltaire.

— Antiq. Slatues malévoles, Statues de Mercure conducteur des ombres aux enfers.

MALEVA, ville de l’Océaoie, dans la Malaisie hollandaise, sur la côte S. de l’île de Ternate, dans l’archipel des Moluques, capitale d’une sultanie vassale des Hollandais, et chef-lieu de la résidence de son nom. Port de commerce et citadelle du xvne siècle. Aux environs, le palais du sultan de Ternate.

MALÉZIEU (Nicolas de), auteur dramatique et mathématicien, né à Paris en isso, mort en 1727. Ses talents précoces, ses connaissances étendues dans les lettres, en histoire, en mathématiques, etc., attirèrent l’attention de Bossuet et du duc de Montausier, . qui le désignèrent à Louis XIV pour être précepteur du duc du Maine, et par la suite (1698) il enseigna les mathématiques au due de Bourgogne. Grâce à sa position, à son esprit, à l’agrément de son commerce, à son caractère excellent, il se lia avec les personnages les plus remarquables de l’époque, notamment avec Bossuet et avec Fènelon, dont il resta constamment ami, malgré leurs différends. Après le mariage du duc du Maine, Malèzieu vit augmenter la faveur dont il jouissait auprès de lui. Il alla habiter Sceaux, où la duchesse du Maine établit sa petite cour, qui fut bientôt une académie d’aimables, joyeux et charmants esprits. « Nul, dit Victor Fournel, n’était plus propre que Malèzieu, par la variété de ses connaissances, à satisfaire l’inquiétude de savoir et la prodigieuse activité d’esprit de la jeune duchesse, que séduisaient toutes les sciences, même les plus étrangères à l’esprit de son sexe. Souvent, en présence de toute la cour, Malèzieu lui traduisait, à livre ouvert, avec une parfaite élégance et un sentiment délicat des beautés de l’original, les auteurs grecs ou latins, Sophocle ; Euripide, Térence, Virgile, et, tout en les traduisant, il les déclamait si bien, que l’auditoire se sentait ému, comme à la voix des plus grands acteurs. » Malèzieu devint bientôt indispensable à la duchesse, surtout comme ordonnateur des fêtes de tout genre qu’elle donnait à Sceaux. Ce n’était pas tâche facile, car il lui fallait sans cesse combiner de nouveaux divertissements, composer des vers, des impromptus, des pièces même, dans lesquelles il jouait un rôle ; aussi appelait-il les fêtes de Sceaux « les galères du bel esprit. » Lors des querelles du duc du Maine avec le duc d’Orléans, après la mort de Louis XIV, Malèzieu prêta à son ancien élève l’appui de ses talents, et composa contre le duc d’Orléans un mémoire qui fui valut un emprisonnement de plusieurs mois. Nommé membre de l’Académie des sciences en 1699, il fut appelé deux ans plus tard à faire partie de l’Académie française. Outre des chansons, des contes, des sonnets, la Tarentule et les Importuns, comédies, etc., recueillis dans les Divertissements de Sceaux (Trévoux, 1712-1717), et une traduction de ïlphigénie en Tauride, d’Euripide, qui lui valut dé brillants éloges de Voltaire, on a de lui : Éléments de géométrie de M. le duc de Bourgogne (Paris, 1715), et on lui attribue les Amours de Ragondc, comédie avec musique, et Polichinelle demandant une place à l’Académie, amusante facétie.

MALÉZlEUX(François-Adrien-Ferdinand), homme politique français, né à Gricourt (Aisne) en 1821. Lorsqu’il eut achevé sou droit à Paris, il alla s’établir à Saint-Quentin, où il exerça la profession d’avocat. M. Malézieux s’attacha particulièrement alors à l’étude des questions agronomiques, visita dans ce but la Scandinavie, l’Angleterre, l’Allemagne, et publia divers travaux, tels que des brochures sur la question chevaline, des Études agricoles sur la Grande-Bretagne, des articles dans les Annales de l’agriculture française. Lors des élections de 1863 M. Malézieux, qui appartenait au parti libéral, se porta candidat de l’opposition au Corps législatif, dans la deuxième circonscription de l’Aisne, et l’emporta, au second tour de scrutin, sur M. d’Hargival, patronné par l’administration. Il vota à peu près constamment avec la gauche républicaine, fut réélu en 1869, et continua à suivre la même ligne politique. Après la chute de l’Empire, le gouvernement de la Défense nationale le chargea d’administrer la ville de Saint-Quentin, et i’i se fit. remarquer auprès de M. Anatole do La Forge, lors de la défense héroïque de cette ville contre les Prussiens. Nommé le s février 1871 représentant de l’Aisne à l’Assemblée nationale, il est allé siéger parmi les membres de la gauche républicaine, et a été élu membre du conseil général de son département en octobre 1871. À l’Assemblée, il a voté le3 pré, liminaires de paix, la proposition Rivet, s’est prononcé contre la validation de l’élection