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nexion nu Piémont, car les idées de l’ancien mazzinien s’étaient modifiées pendant l’exil, et il s’était rallié à Victor-Emmanuel. Bientôt après, Malenchini alla rejoindre l’armée piémontaise à Turin. Garibaldi lui ayant donné le commandement du magnifique régiment de l’Apennin, il lit la.campagne à la tête de ce corps, et la paix le’trouva dans la Valteline, avec Garibaldi (1S59). Il suivit le général dans l’Emilie, et là il conçut le projet de faire donner le cpmmandement de l’armée centrale à Garibaldi. MM. Farini et Rieasoli, le roi lui-même y consentirent ; mais, sur l’opposition de M. Kattazzi, qui craignait d’indisposer la France, le général Fanti fut substitué à Garibaldi, qui conserva seulement le commandement du corps d’armée des Romagnes.

Garibaldi, bouillant d’ardeur, voulait envahir les États du pape. Cosenz et Malenchini le retinrent. Ce dernier se rendit auprès du général Fanti, pour obtenir l’autorisation d’envahir l’Ombrie ; mais, sur un rapport de Fanti au roi, Garibaldi fut rappelé. Malenchini donna alors sa démission et rentra dans la vie privée. Puis il partit avec un corps de Toscans et alla rejoindre son ami en Sicile ; mais Garibaldi, le soupçonnant d’être envoyé par M. de Cavour pour le modérer, le tint éloigné de lui. Néanmoins, Malenchini prit une part active à tous les faits d’armes de cette campagne (1860). Il se distingua par sa sagacité et sa bravoure à la journée du Voltnine. Le lendemain, tous les colonels passèrent généraux ; Malenchini seul resta colonel, et pendant un mois il fut aux. avant-postes, sur les rives du fleuve, toujours en face de l’ennemi.

Un détail curieux, honorable et authentique de l’existence de Malenchini, c’est qu’il a toujours fuit la guerre à ses frais, sans jamais recevoir de solde.

Elu député au parlement de 1861, le colonel Malenchini alla siéger à la droite, et il a voté constamment depuis lors avec le ministère. Il s’est attiré 1 aversion des garibaldiens en votant contre l’ordre du jour de Garibaldi, dans la discussion sur le sort de l’armée méridionale. « Il est, dit M. Petrucelli de La Gattina, un des quatre ou cinq hommes que le comte de Cavour estimait. »

MALENCOMBRE s. f. (ma-lan-kon-brede mal adj. et de encombre). Malencontre :

Malencombre

Puisse arriver a qui me répond toujours oui !

Scabjion. ri Vieux mot.

MALENCONTRE s. f. (ma-lan-kon-tre — de mal adj. et de encontre pour rencontre). Mésaventure, fâcheux accident : Me voici, à nu-, nuit, seule dans les rues ; il pourrait m’arriver malencontre. (Campistron.)

— Prov. Qui se soucie malencontre lui vient, Le malheur arrive à celui qui le redoute.

— Syn, Mnloticoiilro, décoDVQnuo, méaaveulure. V. DÉCONVENUE.

MALENCONTREUSEMENT adv. (ma-lankon - treu-ze-man — rad. malencontreux). D’une façon malencontreuse : Jls se sont malencontreusement rencontrés,

MALENCONTREUX, EUÔE adj. (ma-lankon-treu, eu ze — rad. malencontre). Qui vient à la traverse, qui cause un fâcheux dérangement : Un malencontreux accident. ... Pour surcroît de maux, un sort malencontreux Conduit en cet endroit un grand troupeau de bœufs>

Boileau. Il Malheureux, caractérisé par de fâcheux accidents : Voici pour moi un jour bien malencontreux. (Brueys.)

— Par ext. Qui est sujet aux mésaventures, quia habituellement du malheur : Un homme malencontreux. Faut - il être maluncontreux ! il Qui cause de l’embarras, de l’eunui, du dérangement, en parlant d une personne :

Du discoureur malencontreux J’évite avec soin la présence.

Deulle. MALENDURANT, ANTE adj. (ma-lan-duran, an-te— de mal et de endurant). Qui endure mal, qui n’est pas patient : Un maître malendurant.

MALENGIN s. m. (ma-lan-jain — de mal adj. et de engin). Sortilège, maléfice, il Tromperie. U Vieux mot.

— Lutin, mauvais esprit.

MAL-EN-POINT adv. Par allusion à ud joueur qui fait peu- de points. Se dit d’une personne en piteux état : Le cheval lui desserre

Un coup, et haut le pied ; voilà mon loup par terre, Mal-en-poinl, sanglant et gâté.

La Fontaine.

MALENTENDU, UE adj.. Cna-lan-.tan-dude mal et de entendu). Mal conçu, mal imaginé, mal combiné : Un plan malentendu. La distribution de ce bâtiment est malentendue.

— s. m. Erreur provenant de ce qu’on n’a pas compris quelqu’un ou de ce qu’on ne s’est pas compris l’un l’autre : C’est un malentendu. Faire cesser un malentendu. Dans le monde, il y a moins de haine que de malentendu. (Gœthe.) Un malentendu suffit souvent pour empoisonner l’existence. (La Roçhef.-Doud.) Les MALisjmiW>US ont fait plus

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de mal au monde que les tremblements de

terre. (Lemontey.) Et la pâle famine, et la peste effroyable* N’égalent point les maux et les Iroubles divers Que les malentendus sèment dans l’univers.

Boursault. MALÉO s. m. (ma-lé-o). Ornith. Genre

d’oiseaux peu connu.

— Encycl. Ce genre HO comprend qu’une espèce, le maléo à pieds rouges, observé pour la première fois par MM. Quoy et Gaimard dans le voyage de circumnavigation de l'Astrolabe. Ces naturalistes purent se procurer une couvée de dix jeunes, qui vécurent assez longtemps abord. Un les nourrissait avec du riz. De temps en temps, ils faisaient entendre un petit et court roucoulement. Cet oiseau, dans l’âge adulte, est assez différent de ce qu’il a été dans son jeune âge. Tout le dessus de son corps est d’un brun noirâtre ; les rectrices sont noires ; tout le dessous du corps, à partir de la base du cou qui est noire, est d’un blanc rosé ; la tête et le cou sont d’un beau rose vineux, tirant sur l’orangé en avant du cou, depuis la base du bec. Les tarses et les pattes sont d’un rose terne. Les joues et le tour des yeux sont nus ; la face et le cou portent seulement un rare duvet entremêlé de quelques poils courts. La tète, entièrement nue, présente une énorme protubérance crânienne, en forme de loupe, qui l’ait saillie sur toute la largeur de la nuque. Les mœurs de cette espèce sont peu connues. On sait pourtant qu’elle enfouit ses œufs sous le sable et parfois les recouvre de débris végétaux.

MALEPEYRE (Gabriel DE VENDANGES de), poète français, né à Toulouse en 1624, mort en 1702. Il étudia les lettres, le droit, la’théôlogie, les mathématiques et la médecine. Conseiller au prêsidial de Toulouse, il payait souvent pour les pauvres plaideurs auxquels il était obligé de faire perdre leurs procès. H fonda, à l’Académie des Jeux floraux, un prix annuel en faveur de l’auteur du meilleur sonnet à la louange de la Vierge. Il était superstitieux, malgré ses connaissances, s’occupait d’astrologie et de chiromancie, et quelquefois même s’imaginait prédire l’avenir. On a de lui : Traité de la nature des comètes. (1065, in-12) ; Cinquante sonnets sur la passion de Notre-Seigneur (Toulouse, 1694) ; Psautier de Notre-Dame ou la Vie de la très-sainte mère de Dieu en CL sonnets (Toulouse, 1701), etc.

MALEPESTE s. f. (ma-le-pè-ste — de mal adj., et de peste). S’emploie dans plusieurs locutions imprécatives :

Malepeste du sot que je suis aujourd’hui !

Molière.

— Interjectiv. Exclamation qui exprime la surprise ou l’admiration : Malepeste ! comme il faut vous prier.’ La malepeste I qu’elle est gentille ! Malepeste I cela sent diablement tes bonnes fortunes. (Le Sage.)

MALEPEUR s. f. (ma-le-peur — de mal adj., et de peur). Peur extrême ; Mourir de

MALEPEUR.

MALERAGE s. f. (ma-le-ra-je — de mal adj., et de rage). Rage, fureur.

MALEKMl ou MALERB1 (Nicolas), Vénitien, moine camaldule.-Il vivait au xve siècle et il est auteur de la première traduction italienne de la Bible (Venise, 1471, 2 vol. iu-fol.), devenue très-rare. On a encore de lui la Legenda di tutti santi (Venise, 1475), rare.

MALESHEIIBES, bourg de France (Loiret), ch.-l. de cant., arrond. et à 19 kilom. N.-E. de Pithiviers, dans un vallon marécageux, sur l’Essonne ; pop. aggl., 1,374 hab. — pop. tôt., 1,790 hab. Fabrication de bonneterie de coton, cordes, plâtre, tannerie, mégisserie ; éducation d’abeilles. Commerce important de blé et de bestiaux. Sur un coteau qui domine le bourg et d’où l’on découvre une belle vue, s’élève l’ancien château féodal de Rouville, flanqué de tours rondes, crénelées et entourées d’un vaste parc dans lequel on voit encore quelques arbres exotiques plantés par Malesherbes, le défenseur de Louis XVI.

MALESHEBBES (Chrétien - Guillaume de Lamoignon de), homme politique français, né à Paris le 6 décembre 1721, mort sur l’échafaud le 22 avril 1794. Fils du chancelier Guillaume de Lamoignon, il fut élevé chez les jésuites. Le Père Porée lui enseigna la littérature et l’abbé Pucelli l’initia à la jurisprudence. Nommé substitut du procureur général en 1741, il devint conseiller d’État à vingt-quatre ans, et six ans après il succéda à son père comme président de la cour des aides. C’est alors qu’il commença à jouer un rôle politique. On sait quelles étaient à cette époque les mœurs de la cour, les déprédations et le pillage des finances. Président de la cour chargée spécialement de la vérification des édits bursaux, Malesherbes s’opposa avec fermeté à toutes les fraudes de la répartition des impôts, à tout ce gaspillage criminel qui faisait peser sur une nation déjà accablée des charges de plus en plus lourdes ; il lutta tant qu’il put contre la triste insouciance de l’autorité en ces matières. Les princes et les courtisans eux-mêmes étaient forcés de rendre hommage à cette inflexible probité qu’ils maudissaient. En 17C8, le prince de Coudé fut chargé d’aller imposer silence à la cour des aides : « Prince, lui dit Malesherbes, la vérité doit sembler bien terrible puisqu’on lui oppose tant d’ob MALE.

stacles, et qu’on la repousse du trône avec tant de rigueur. • On trouve, dans les Mémoires pour servir à l’histoire du droit public de la France en matière d’impôts (1779), recueil de tout ce qui s’est passé d’intéressant à la cour des aides de-1755 à 1775, de nombreuses remontrances, presque toutes l’œuvre de Malesherbes, qui ont été citées souvent comme des modèles de fermeté et en même temps de modération, car Malesherbes était ■très-dévoué au principe monarchique, quoiqu’il fut ennemi implacable de l’arbitraire et des abus. En toutes les occasions où la justice était outragée, il montra la même dignité. Un pamphlétaire, Varenne, payé par la cour pour injurier les parlements, ayant été condamné, le roi lui fit grâce ; mais Malesherbes lui adressa ces paroles : ■ Le roi vous accorde des lettres de grâce, la cour les entérine. Retirez-vous, la peine vous est remise, mais le crime vous reste. » Il arracha aux cachots de Bicêtre un pauvre homme nommé Momierat, accusé de contrebande et que les préposés de la ferme générale avaient fait arrêter et enfermer depuis deux ans, ne pouvant prouver judiciairement le délit. À cette occasion, Malesherbes adressa au roi, au nom de la cour des aides, une des premières et des plus éloquentes protestations qui aient été faites en France contre un attentat à la liberté individuelle ; «Ainsi, disait-il, toutes les fois que les fermiers généraux n’auront d’autre preuve de la fraude que des avis que la justice regarderait comme douteux, c’est par ces ordres de Votre Majesté qu’on appelle des lettres de cachet que le délit sera puni. Ainsi, par des arrêts d’évocation, on fermerait la bouche à ceux qui oseraient se plaindre, Sous prétexte qu’il faut respecter votre autorité et ne pas soumettre a, 1 inspection des tribunaux le secret de votre administration et l’exécution de vos ordres ; mais si un tel principe pouvait être admis, sous quelle loi vivrionsnous, Sire, aujourd’hui que ces ordres sont si prodigieusement multipliés et s’accordent pour tant de causes différentes, pour tant de considérations personnelles ? H en résulte donc, Sire, qu aucun citoyen, dans votre royaume, n’est assuré de ne pas voir sa liberté sacrifiée à une vengeance, car’personne n’est assez grand pour être à l’abri de la haine d’un ministre, ni assez petit pour ne pas être digne de celle d’un commis des fermes. Un jour viendra, Sire, que la multiplicité des abus déterminera Votre Majesté à proscrire un usage si contraire à la constitution du royaume et à la liberté dont’vos sujets ont droit de jouir. » Il va sans dire que le roi ne lit aucun droit à ces remontrances.

Tout en étant président de la cour des aides, Malesherbes exerçait la charge de directeur de la librairie. Dans cette fonction, instituée pour l’asservissement de la pensée, il agit avec toute la tolérance et l’indépendance de son caractère. Ce fut, .a-t-on dit, l’âge d’or des lettres. S’il ne put détruire les mauvaises lois, il sut du moins comprimer ou neutraliser leur force oppressive. Sous son administration parut Y Encyclopédie, le plus vaste monument du xvm<- siècle. Il était l’ami des gens de lettres et adoucissait autant que possible les rigueurs de la censure eu donnant permission tacite d’imprimer, à condition que le livre parût venir de l’étranger. « M. de Malesherbes, écrivait Voltaire, n’avait pas laissé de rendre service k l’esprit humain en donnant à la presse plus de liberté qu’elle n’en a jamais eu. Nous étions déjà presque à moitié chemin des Anglais. • Malesherbes professait en effet sur la liberté de la presse des opinions qui paraîtraient encore bien avancées^ notre époque. Il disait en 1788 : f II y a quarante ans que j’ai soutenu cette maxime que la liberté de la presse porte son remède en • elle-même ; l’erreur triomphe quelquefois pour un temps, par la supériorité des talents du défenseur de la mauvaise cause ; mais en définitive la victoire reste à la vérité. Je regarde comme un principe qui ne peut plus être contesté, que la liberté de la discussion est le moyen sûr et le seul de faire connaître k une nation ses véritables intérêts. » Maupeou, l’immoral chancelier qui avait réclamé la peine de mort contre les écrivains séditieux, fit sentir à la cour le danger d’un pareil homme, et, ligué avec Mm<> -de Pompadour, prépara la perte du parlement et l’exil de Malesherbes.

Le 6 avril 1770, Louis XV envoya Malesherbes en exil, cassa la cour des aides, et le parlement fut dissous. Mais quatre ans plus tard, Louis XVI, en montant sur le trône, révoqua ces odieuses et maladroites ordonnances, et réintégra Malesherbes à la tête de la cour des aides.

À cette époque, les premiers grondements de la Révolution se faisaient entendre ; la réforme était dans tous les esprits ; il fallait ou que la monarchie se prêtât aux besoins nouveaux qui avaient surgi, ou qu’elle tombât. Malesherbes voyait cette nécessité inéluctable ; il l’indiqua dans ses célèbres remontrances de 1774, dont voici le passage le plus saillant : « En France, la nation a toujours eu un sentiment profond de ses droits et de sa liberté. Nos maximes ont été plus d’une fois reconnues par nos rois ; ils se sont même glorifiés d’être les souverains d’un peuple libre. Cependant les articles de cette liberté n’ont jamais été rédigés, et la puissance réelle, la puissance des armes, qui sous un gouvernement féodal était dans la main des

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grands, a été totalement réunie à la puissance royale. Alors, quand il y a eu de grands abus d’autorité, les représentants de la nation ne se sont pas contentés de se plaindre de la mauvaise administration, ils se sont crus obligés à revendiquer les droits nationaux. Ils n’ont pas parlé seulement de justice, mais de liberté, et l’effet de leurs démarches a été que les ministres, toujours attentifs à saisir les moyens de mettre leur administration à l’abri de tout examen, ont eu l’art de rendre « suspects et les corps réclamants et la réclamation elle-même... Nous ne devons point vous te dissimuler, Sire, le moyen le plus simple, le plus naturel, le plus conforme à lu constitution de la monarchie serait d’entendre la nation elle-même assemblée, et personne ne doit avoir la lâcheté de vous tenir un autre langage, personne ne doit vous laisser ignorer que le vœu unanime de la nation est d obtenir des états généraux ou au moins des états provinciaux. •

Peu de temps après, Malesherbes, cédant aux instances de Turgot, accepta le ministère delà maison du roi et des provinces, qu ^correspondait à ce qu’on appelle aujourd’hui ministère de l’intôrieur, en y réunissant même quelques attributions de la police générale. Mais les intrigues de M. de Maurepaset de la cour le déterminèrent à donner sa démission, lors du renvoi de Turgot (12 mai 1776). On raconte que Louis XVI, en se séparant de lui, lui adressa ces paroles : «Que ne puis-je comme vous quitter ma place 1 > Malesherbes rentra au conseil en 1787, mais il refusa toute fonction active ; il essaya encore d’obtenir du roi des réformes, mais ses avis ne prévalurent pas, et il se retira de nouveau eu 1788.

Malesherbes passa dans la retraite les premières années de la Révolution ; il ne sortit de l’obscurité qu’en 1792 pour demauder à défendre le roi qui avait été son ami : ■ J’ignore, écrivait-il, si la Convention nationale donnera à Louis XVI un conseil pour le défendre, et si ejle lui en laissera le choix. Dans

. ce cas-là, je désire que Louis XVI sache que s’il me choisit pour cette fonction, je suis prêt à m’y dévouer. » La demande fut accueillie ; il se joignit à Tronchet et à Desèze et tous trois eurent la permission d’entrer librement au Temple. Ou sait que les efforts de Malesherbes et ceux des autres défenseurs furent inutiles, et que le vieillard, après avoir entendu l’arrêt fatal, n’eut plus la force que d’exprimer quelques paroles entrecoupées de larmes et de sanglots. Il ne tarda pas à suivre son maître à l’échafaud ; traduit devant le tribunal révolutionnaire comme coupable d’avoir conspiré contre l’unité de la République, il refusa dése défendre, et fut guillotiné à l’âge de 72 ans, en même temps que sa fille et son gendre, M. de Chateaubriand, frère du célèbre écrivain. En marchant à la mort, il conserva jusqu’au dernier moment toute sa sérénité habituelle ; comme son pied avait heurté une pierre tandis qu’il traversait, les mains liées, la cour du Palais, il dit à son voisin : « Voilà ce qui s’appelle un mauvais présage ; un Romain à ma place serait rentré. » — « Malesherbes, dit Sainte-Beuve, était philosophe, mais non pas comme ceux d’alors, qui avaient tous, plus ou moins, l’instinct destructif et révolutionnaire. Lui, il y allait sans malice, en toute droiture, avec bonhomie et prudhomie ; il n’eût voulu que maintenir et régénérer. En politique, il ne visait qu’à la réforme et la voulait autant que possible selon les principes de l’antique droit, de Vautique liberté, à laquelle il croyait trop peut-être, de même qu’il se confiait trop aussi au bon sens moderne. En tout, on le trouverait de la race des L’Hospital, des Jérôme Bignon, des Vauban, des Catinat, ou même des Fénelon, plutôt que de celle des encyclopédistes novateurs. Ce n’est pas une nuance, notez-le bien, c’est un abîme qui le sépare, au moral, des Mirabeau et des Condorcet... Grand magistrat, ministre trop sensible et trop vite découragé, avocat héroïque et victime sublime, c’est ainsi que peut se résumer tout M. de Malesherbes... Ce Franklin de vieille race avait très-nettement embrassé la société moderne dans ses articles fondamentaux (liberté religieuse, liberté de la presse, liberté individuelle, égalité en matière d’impôt) ; il l’avait d’avance prévue et anticipée ; mais, s’il ne s’était pas trompé sur le but, il s’était fait illusion sur les distances et sur les incidents du voyage. Il avait, en un mot, cru à la terre promise avant le passage de la mer Rouge. » Parmi les nombreux écrits de Malesherbes nous citerons : Deux mémoires sur le.mariage des protestants (17S7, in-S°) ; Lettres sur la révocation de t’édit de Nantes (1788, in-8") ; Mémoire pour Louis X VI (1794, iu-8°) ; Mémoire sur ta librairie et la liberté de la presse (Paris, ’1809, in-8°), et quelques mémoires sur l’ugriculture.

MALESHERBIACÉ, ÉE adj. (ma-le-zèrbi-a-sé — rad. malesherbie). Bot. Qui ressemble à une malesherbie. Il On dit aussi malesherbie, ée..

— s. f. pi. Petite famille de plantes, ayant pour type le genre malesherbie : Les mâlesuerbiacées renferment des espèces peu nombreuses, d feuilles alternes et à fleurs solitaires jaunes, rouges ou bleues. (De Jussieu.)

MALESHERBIE s. f. (ma-le-zè-rbî). Bot. Genre de plantes du Pérou et du Chili : Mi-LESHEKME thyrsiflore.