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MAIS

« PMt à Dieu, que telle qu’elle est, elle pût « être pleine de vrais amateurs. »

(Deoue des Deux-Mondes.)

— AlluS. littér. La maimon est À mol, c est

à toiii d’en sortir, Vers célèbre du Tartufe. Lorsque Orgon, bien dupé par l’hypocrite, a enfin les yeux dessillés, qu’il a de ses yeux vu, ce qui s’appelle vu. Tartufe faire la cour à sa femme de la façon la plus pressante, lui demander des gages certains, ■ des réalités, » et se jeter sur elle les bras ouverts, le bonhomme se révolte contre tant d’infamie, et, montrant du doigt la porte au dévot, il le chasse ignominieusement. Il a oublié que, par un contrat en bonne forme, il vient de lui donner en toute propriété cette maison même où la scène se passe. Tartufe s’en souvient bien, lui, et, le premier moment de stupeur passé, il relève la tête avec audace, et à celui qui veut le chasser de sa maison, il répond froidement :

Cest d vous d’en tortir, tous qui parlez en maître. La maison est d moi ; je le ferai connaître.

En même temps que cet incident offre a l’intrigue de la pièce une complication nouvelle, ni remet tout en question, ce trait est un dernier coup de pinceau donné par le maître à la figure de son imposteur ; le traître enfin se démasque et se laisse voir à nu.

Il est quelquefois fait allusion à ce vers caractéristique :

« Aujourd’hui ce n’est plus assez : on laisse le clergé mettre un pied dans l’enseignement, il veut en mettre quatre ; c’est toute la scène de Tartufe :

La maison est d mûil c’est a vous d’en sortir. ■ LOUIS JOURDAN.

— Plaider pour la tnalion. Y. PRO DOMO SUA.

MAISON-CARRÉE (la), colonie agricole de l’Algérie, département et province d’Alger (12kilom.}, commune de Rassauta ; 1,200hab. Ce village, fondé en 1851, s’élève au pied d’une ancienne caserne, d’où l’agha, au temps de la domination turque, tombait à l’improviste sur les tribus, pour les châtier ou les forcer à payer l’impôt. Après 1830, cette caserne devint un poste militaire destiné a défendre le passage de l’Harrach et à surveiller le côté E. de la Mitidja ; pendant quinze ans, il fut l’objet d’attaques et de défenses héroïques.

MAISON (Jean-Georges), pasteur de l’Eglise de la confession d Augsbourg, né à Neustadt le 24 mai 1730, mort à Doltenheim le 28 janvier 1784. Après avoir fait ses premières éludes sous la direction de son père, il alla suivie les cours de théologie dans l’université d’Erlangen et de Halle. Il se voua ensuite à l’enseignement et n’entra dans le ministère évungélique que sur la fin de sa vie, à Doltenheim. On a de lui quelques ouvrages : De snlemnibus romans gentis in celébrandis naialibus suis diebus (1770) ; De miraculis (1774), etc.

MAISON (Nicolas-Joseph), marquis, pair et maréchal de France, ministre, né à Kpinay (Seine-et-Oise) en 1771. mort en 1840. Il partit comme volontaire en 1792, se fit remarquer à Jemmapes, à Fleurus et sur les principaux champs de bataille de la République. Sous l’Empire, il se signala principalement à Austerlitz, où il conquit le grade de général de brigade ; à Ièna ; à Lubeck, qu’il emporta lui-même ; en Espagne et en Hollande ; en Russie, d’où il revint général de division ; enfin dans les campagnes de 1813 et de 1814. À cette dernière époque, il disputa la Belgique aux alliés, à la tète de l’armée du Nord. Maison se soumit à Louis XVIII, qu’il accompagna à Gand, et qui le combla de faveurs et lui donna le titre de marquis en 1817. L’heureux succès de l’expédition de Marée, qu’il commanda en chef en 1828, lui valut le bâton de maréchal. Attaché, au fond du cœur, aux idées libérales, la révolution de 1830 trouva en lui des Sj’mpathies. Il accepta la mission pénible d’accompagner Charles X à Cherbourg. Le nouveau roi le nomma ministre des affaires étrangères, ambassadeur à Vienne, puis à Saint-Pétersbourg (1833), et lui confia le portefeuille de la guerre eu 1835. MAISONCELLE s. f. (mè-zon-sè-le — dimin. de maison). Petite maison, maisonnette.

Il yieux mot.

MA1SONCELLES, village et commune de France (Seine-et-Marne), cant., arrond. et à 10 kilom. de Coulominiers ; 461 hab. L’église, du xl’e siècle, renferme un très-beau basrelief de cette époque. Restes du prieuré de Sainte-Marguerite.

MAISONFORT (Louis Dubois - Descours, marquis du La), général et écrivain français, hé dans le Berry en 1763. mort à Lyon 3n 1827. Au commencement de la Révolution, de La Maisonfort, alors officier de cavalerie, quitta la France, servit dans l’armée des princes émigrés, puis fonda à Brunswick, avec Fauche, une imprimerie d’où sortirent de nombreux pamphlets royalistes. Quelque temps après, il se rendit en Russie, où il vit Louis XVIII et l’empereur Paul Ier, et leur

firoposa un projet de contre-révolution dans equel Barras devait remplir le principal rôle. Barras ne demandait, dit La Maisonfort, que 12 millions pour lui et ses amis. Louis XVIII se montra favorable à ce projet,

X.

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que fit avorter le 1S brumaire. La Maisonfort, | alors à Paris, crut prudent de passer en Angleterre, où il se lia avec le comte d’Artois, qui le renvoya quelque temps après à Paris. Mais il ne tint pas secrètes les instructions que lui avait données le comte d’Artois, fut arrêté, mis en prison au Temple, et de là déporté h lile d’Elbe. Ayant réussi a se sauver quelques jours après, il se rendit en Russie. Là, il rencontra M. de Blauas, qui était b. cette époque le représentant des intérêts de Louis XVIII. En 1814, La Maisonfort revint en France et fut chargé par de Blacas de lui adresser des rapports secrets sur les hommes et les choses. En outre, il entra à la rédaction de la Quotidienne, où il gagna beaucoup d’argent, et fut nommé, en 1815, maréchal de camp et conseiller d’État. Cette même année, un collège électoral du département du Nord le nomma membre de la Chambre des députés ; mais, en 1817, il ne fut pas réélu député. Le gouvernement le nomma directeur extraordinaire de la couronne, puis l’envoya en 1820, comme ministre plénipotentiaire, en Toscane. C’est en revenant de cette mission qu’il mourut, frappé d’une attaque d’apoplexie loudroyante. La Maisonfort a publié : XÀbe-lle, journal politique et littéraire (Brunswick, 1795, in-S°) ; le Due de Monmouth, comédie en trois actes (1796) ; l’État réel de la France à la fin, de 1795 (2 vol. in-8<>) ; Dictionnaire biographique et historique des hommes marquants de ia fin du xvme siècle (Hambourg-, 1800, 3 vol. in - 8°), en collaboration avec l’abbé de Pradl, Coeffier, etc. ; les Projets de divorce, comédie en un acte et en vers (1809) ; Y Héritière polonaise (1810, 3 vol. in-12) ; Tableau politique de l’Europe depuis la bataille de Leipzig (1814, in-8°), etc.

MAISONNAGE s. m. (mè-zo-na-je — rad. maison). Coût. anc. Bois de haute futaie abattu pour être employé à des constructions.

MAISONNA1S, village et comm. de France (Haute-Vienne), canton de Saint-Mathieu, miond. et à 25 kilom. de Rochechouart ; 1,008 hab. Restes de l’ancienne forteresse de La Vauguyon, vaste quadrilatère dont les angles sont fortifiés par des tours rondes.

MAlSQNNÉ, ÉE (mè-zo-né) part, passé du v. Maisonner. Bâti, couvert de maisons : Et est le grand canal de Venise la plus belle rue que je croy qui soit en tout le monde et la mieux maisonnkb. (Commines.) n Vieux mot.

MAISONNÉE s. f. (mè-zo-né — rad. maison). Fam- Toutes les personnes d’une famille qui habitent un même logement ; Inviter à dinar toute la maisonnée. Toute ta maisonnée est partie phur la campagne.

MAISONNER v. a. ou tr. (mè-zo-né— rad, maison). Bâtir, couvrir de maisons : Maisonner un emplacement. [I Vieux mot.

MAISONNETTE s. f. (mè-zo-nè-te — dimin. de maison). Petite maison, maison qui contient peu de logements : // s’est trouvé un maçon pour bâtir une maisonnette blanche entré les vénérables tours du palais de justice. (V. Hugo.)

— Syn. Moiaonnetie, baraque, bicoqn*, cabane, etc. V. CABANE.

MAISONNEUVE (Louis-Jean-Baptiste Simonet de, auteur dramatique français, né à Saint-Cloud en 1745, mort à Paris en 1819. Bien que gentilhomme, il était marchand mercier; mais, en fait de commerce, il ne songeait guère qu’à celui des Muses. Maisonneuve avait vingt-cinq ans quand il composa sa tragédie de Roxelane et Mustapha. La pièce, reçue à l’unanimité par les comédiens, dormit quinze ans dans les archives du théâtre, et l’auteur avait depuis longtemps perdu tout espoir de la voir représenter, lorsqu’il apprit qu’elle était enfin à l’étude. Comme c'était une œuvre de jeunesse, Maisonneuve eut peur que l’inexpérience ne se montrât dans cette pièce, son début, et il fit de vaines démarches pour la retirer. Roxelane, contrairement à ses craintes, obtint un très-grand succès (1785).« On y trouve, dit Grimm, un mérite réel, les élans d’une âme douce et sensible, des mouvements et des effets d’une conception vraiment dramatique. » Maisonneuve fit représenter ensuite : Odmar et Zulma (1788), tragédie qui eut peu de succès. Grimm y signale les vers suivants, vers d’une heureuse inspiration et d’une touche ferme :

Puisqu’il fut malheureux, il doit être sensible...
En cessant d’être roi, j’appris à me connaître...
Un monarque est puissant quand son peuple est heureux...
Il n’a point encor vu les larmes d’une mère...

Maisonneuve voulut encore retirer son ouvrage avant la première représentation. Plus tard, il racontait avec bonhomie qu’il avait dit aux acteurs : « Je viens d’écouter la pièce avec attention ; en bien ! elle m’a ennuyé moi-même. » Il composa ensuite deux autres tragédies : le Siège de Rouen, dont les répétitions furent interrompues par la journée du 10 août, et Narsès, puis deux comédies : le Méfiant et l’Homme sensible et l’insouciant, en cinq actes et en vers (1792), qui eurent des succès d’estime. On lui doit encore : le Droit de mainmorte aboli dans les domaines du roi, poème (Paris, 1781, in-8°); Lettre d’Adélaïde de Lussan au comte de Comminges, héroïde (Paris, 1781, in-8°). Il fut, en outre, l’éditeur de la Nouvelle bibliothèque de campagne (Paris, 1777, 24 vol. in-12), collabora à l’Almanach parisien vers 1784, et publia quelques vers dans l’Almanach des Muses. En 1824, M. F. Chéron a publié les Œuures choisies de Maisonneuve. Ce recueil comprend, outre des poésies diverses, épîtres, odes, stances, les deux tragédies intitulées : Roxelane et Mustapha, Odmar et Zulma; l’Homme sensible et l’insouciant ou le Faux insouciant, comédie.

MAISONNEUVB (Jules-Germain-François), chirurgien fiançais, né à Nantes en 1810. À dix-huit ans, il commença à étudier la médecine à l’école secondaire de Nantes et, en

1829, il se rendit à Paris. Reçu interne en

1830, il obtint, en 1833, le prix de l’internat et de l’École pratique, passa son doctorat en 1835, devint cette même année prosecteur à Clamart, et ouvrit un cours de médecine opératoire. En 1840, à la suite d’un brillant concours, il fut nommé chirurgien des hôpitaux et membre de la Société de chirurgie. Depuis lors, le docteur Maisonneuve a été chirurgien de l’hôpital Cochin, de la Pitié, et il est aujourd’hui chirurgien de l’Hôtel-Dieu.

M. Maisonneuve est sans contredit le chirurgien le plus surprenant de notre siècle. Dans sa main entreprenante, le champ du bistouri s’est considérablement agrandi. Les opérations les plus graves, les résections, ablations, en un mot les mutilations effroyables, loin de l’arrêter et de l’effrayer, ne font que grandir son audace. M. Amédée Latour, le critique éminent de l’Union médicale, l’a appelé le Paruceisodeia chirurgie. Le nombre des inventions, des modifications, des perfectionnements, des publications du chirurgien

de l’Hôtel-Dieu est considérable. Pour donner une idée de sa hardiesse opératoire, disons que, le premier, il a fait la résection du col du fémur ; mais cela n’est rien. En 1862, il présenta à l’Institut un malade qui avait le rare avantage de posséder trois tibias, deux à sesjambes et un dans sa poche. Ce phénomène était un jeune ingénieur. À la suite d’un grave accident, le malheureux avait eu la jambe dans un tel état de désorganisation que les plus remarquables chirurgiens de la capitale avaient jugé l’amputation du membre non-seulement nécessaire, mais très - urgente, lorsque M. Maisonneuve conçut l’espoir de conserver le membre et d’éviter cette terrible opération par l’application des vues physiologiques données par Flourens sur la reproduction de l’os par le périoste. À cet effet, le docteur pratiqua, le long de la jambe une large ouverture longitudinale, détacha, à l’aide d’une scie, le tibia en le réséquant à ses deux extrémités, et conserva dans toute son intégrité le périoste, qui pouvait régénérer les os. Ce qui arriva en effet ; car l’os s’est produit chez son malade d’une manière si complète qu’il se porte à merveille et marche, court et chasse comme s’il n’avait jamais subi aucune opération. Tout le monde se souvient aussi de son fameux malade atteint d’une mortification du maxillaire inférieur ! "auquel il enleva la presque totalité de la mâchoire en conservant le périoste, et en laissant les dents suspendues a leurs gencives, et flottant comme les grains d’un chupelet. Après l’extirpation de l’os, l’incroyable et audacieux chirurgien appliqua avec soin le lambeau de peau sur toutes les parties, en le maintenant avec des points de suture, etla réunion de cette vaste plaie se fit avec une rapidité très-grande : les dents, restées pendues aux gencives, se consolidèrent par le rapprochement des deux laines du périoste, qui ne tarda pas a s’ossifier. Enfin la lèvre se réunit par la ligne médiane, en ne laissant qu’une légère cicatrice, et le malade, parfaitement guéri, a été depuis infirmier dans nos hôpitaux. Nous n’en finirions pas si nous voulions énumérer.tous les tours de force opérés par M. Maisonneuve. Son service de l’Hôtel-Dieu est des plus enrieux et des plus suivis. Comme professeur, cet habile chirurgien est très-pratique. Malheureusement il parle très-mal ; mais, en revanche, c’est un écrivain correct, châtié, clair et concis. Les principales publiciitions du docteur Maisonneuve sont : Du périoste et de ses maladies (1834, in-8°) ; Sur la coxalgie (1844) ; Sur l’eniérotomie de l’intestin grêle (1844, in-8°) ; Sur les kystes de l’ooaire (1848, in-8°) ; Des tumeurs de la langue (1848) ; Sur les affections du rectum (1849) ; Des opérations applicables aux maladies de l’ovaire (1850, in-8<>) ; Mémoires sur les hernies (1852) ; Nouveaux perfectionnements apportés au traitement des fistules vésico-vaginales (1852) ; Leçons cliniques sur les affections cancéreuses (1853, in-8u) ; Mémoire sur une nouvelle méthode de cathétérisme (1855, in-8°) ; Mémoire sur une nouvelle méthode de cautérisation, dite cautérisation en flèches ou interstitielle (1858, hi-8°) ; Mémoire sur la ligature extemporanée (1860, in-s°) ; Clinique chirurgicale (1863-1864, 2 vol. in-8u) ; Mémoire sur les intoxications chirurgicales (1S67, in-S°).

MAISONN1SSES, village et commune de France (Creuse), cant. d Ahun, arrond. et à 14 kilom. de Guéret ; 632 hab. Au-dessous de l’église, qui date du xme siècle, s’étend une crypte de la même époque, qui paraît avoir servi de salle pour la réception des chevaliers de l’ordre de Malte.

MAISONS-ALFOUT. bourg et commune de France. V. au Supplément.

MA1SONS-SCR-SEINE ou MAISOKS-LAF-FITTE, bourg et comm. de France (Suine-et MAIS

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Oise), cant. de Saint-Germain en Lave, arrond. et à 22 kilom. N. de Versailles, près da la rive gauche de la Seine et de la forât de Saint-Germain ; 3,330 hab. On y voit un magnifique château dont nous allons parler, et ou y remarque un beau pont en pierre de cinq arches, construit en 1855 par M. Tarbé de Vauxelairs. Tahna aimait beaucoup Maisons et y faisait de fréquents séjours ; une des auberges du pays porte encore le nom du grand acteur.

Le château de Maisons, une des œuvres architecturales les plus remarquables du xviie siècle, fut construit par Mansart pour René de Longueil, qui était président au parlement de Paris. On arrive par une magnifique avenue à la grille d’honneur du château, laquelle relie deux gros pavillons ornés de colonnes doriques et de groupes d’enfants. Derrière la grille et les pavillons se trouve un immense parterre de verdure (3 hectares) bordé de deux allées de marronniers et qui s’étend jusque devant le château. À gauche, on rencontre un bâtiment ruiné : ce sont les anciennes écuries.

La façade du château présente les ordres dorique et ionique surmontés d’un attique : deux pavillons carrés en occupent les extrémités et forment deux corps avancés au milieu desquels s’élèvent a la hauteur de l’entablement dorique deux autres corps de bâtiments servant de terrasse. On parvient aujourd’hui de plain-pied à la cour d’honneur, sans que rien la sépare du parterre. À l’origine, un fossé qui faisait le tour du château et qu’on a comblé n’y laissait arriver que par un pont-levis. Les deux ordres superposés qui ornent cette première façade lui donnent un aspect très-gracieux. Le premier, dorique, règne sur tout le pourtour. Le second, ionique, est orné de quatre vases et surmonté de l’attique. Les fenêtres encadrées montrent dans leurs frontons des ornements dont le choix n’est pas moins admirable que la justesse de proportion des lignes de tout l’édifice. Ce sont, pour la plupart, des aigles ou des feinmes se terminant a la manière des sphinx d’Égypte, en corps allongés de quadrupèdes, lions ou chiens. Sur les côtés de la cour, Mansart avait dessiné des quinconces avec bassin central, qui ont disparu aujourd’hui. La façade opposée du château, donnant sur les jardins, ne diffère de la première qu’en ce que le milieu forme un double avant-corps, et que par les deux pavillons on passe sur une terrasse soutenue de colonnes doriques, d’un seul morceau. Pénétrons & l’intérieur. Le vestibule tient toute la largeur du bâtiment et ressort par une porte sur l’autre façade. Il est décore de colonnes et de pilastres doriques, également d’un seul morceau. Les corniches supportant des figures d’aigle aux encoignures, et quatre lunettes ornées de bas-reliefs. Aux quatre angles s’élèvent sur des piédestaux des groupes d’enfants. C’est dans ce vestibule quése trouvaient à l’origine deux merveilles de lu serrurerie française : deux grilles de fer, dont l’une ferme aujourd’hui la galerie d’Apollon, au Louvre, dont l’autre orne le pavillon de l’Horloge. Du vestibule, on entre à gauche dans un premier salon, antichambre d’un second. Ces deux pièces, la seconde surtout, d’où l’on jouit d’un panorama féerique, sont fort belles : unécheminée monumentale est surmontée du Triomphe de Condé, bas-relief en marbre. À droite sont la petite et la grande salle à manger : on y remarque, entre autres richesses, une statue de Ciodion, Erigone. Pour parvenir aux étages supérieurs, on monte fin escalier qui est peut-être la merveille du château : il est contenu dans une cage carrée et reçoit la lumière d’en haut, par un lanternon. Ses degrés sont de pierre de liais ; sa rampe est en pierre découpée ; il se divise en quatre paliers et monte lentement le long des quatre murailles, nues jusqu’à la hauteur du premier étage. À cette hauteur, une ligne droite file le long de ces murailles et marque une large corniche sur laquelle jouent quatre groupes d’enfants, représentantes Arts, un Concert, l’Hymen et 1 Amour, et l’Art militaire. Au premier étage sont, à droite l’appartement de la reine, à gauche celui du roi. L’appartement de la reine est très-simple. Celui du roi se compose de deux pièces : il est précédé d’une salle des gardes, galerie éclairée par six fenêtres, comportant une tribune au-dessus de i’entrée, et à l’autre extrémité une grande arcade avec une balustrade qui forme la partie où est la cheminée. La chambre du roi est la répétition du grand salon du rez-dechaussée ; elle communique à une autre chambre ornée de cariatides et située sur l’aile droite de la cour. Au-dessus de ces appartements sont les logements divers qui ne méritent pas le détail, et enfin les combles. Nous aurons à peu près achevé la physionomie du château de Maisons, quand nous aurons dit un mot de ses caves célèbres : on en compte deux étages au-dessous des cuisines, qui sont déjà au-dessous du sol ; en un mot, la profondeur du château en terre est égaie à sa hauteur. Parmi les artistes appelés à orner cette magnifique demeure, il laut citer : Gilles Guérin, auteur des bas-reliefs ; Sarrasin, auteur des groupes du vestibule, et Girard van Obstal, auteur des sculptures de l’escalier. Devenu surintendant des finances, le président Longueil reçut avec beaucoup d’éclat, dans son nouveau château tout frat 122