Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 2, Lep-Lo.djvu/316

Cette page n’a pas encore été corrigée

694

LOTU

brillante ; puis, en 1519 et non pas en 1529, comme l’ont écrit tant d’hisioriens sur la foi de Vasari, il se fit connaître par le Saint Nicolas des Anges, peint dans l’une des chapelles de Santa-Maria-del-Carmine de Venise. Ce tableau remarquable fit grande sensation. En sus de sa composition serrée, de son allure austère-, de son sentiment profondément religieux, qui rappelaient les enseignements de Léonarcl de Vinci, il se recommandait encore par les richesses du ton, par les suaves harmonies de la couleur. Les contemporains furent vivement frappés de ce début superbe, et Lorenzo Lotto acquit rapidement une grande réputation. Vivement encouragé par ce premier succès, le peintre tenta de nouveaux eiforts dans les travaux qu’il entreprit à cette époque (1521-1523) pour la ville de Bergame. Ainsi la Vierge et l’Enfant Jésus au milieu de plusieurs saints, qui se trouve encore dans l’église Saint-Barthélémy, est d’une hardiesse d’exécution qui ne nuit pas cependant à la science de l’arrangement, à la simplicité du sujet, à la magie de la couleur. Le petit Saint Jean à l’agneau de l’église Santo-Spirito est un vrai chef-d’œuvre de grâce émue, de naïveté charmante, et c’est en même temps une peinture chaude, vivante, lumineuse, dans ces tons d’or qu’aimait Corrége. A notre avis, Lotto ne fut jamais plus brillant, plus heureux, mieux inspiré qu’en ces deux tableaux. Certes, la Sainte Catherine de l’école Carrara est une figure réussie, irréprochable à tous les points de vue, mais elle n’a pas le charmé des morceaux précédents ; c’est simplement l’œuvre d’un peintre possédant à fond toutes les ressources de son art. Après un très-long séjour à Bergame, Lorenzo Lotto revint à Venise vers 1535. La première peinture qui ouvre cette seconde phase de sa vie, où son génie devait s’amoindrir peu à peu, est la Madone de San-Jaeopoliall’ Orio, belle figure où s’affirme un talent véritable, mais pâle, froide, et que n’éclaire déjà plus le feu sacré. haSaintPaul de Santa-Maria-della-Salute, le Saint Antonin de Saint-Jean, et quelques autres morceaux moins importants, marquent les degrés d’une décadence dont les peintres d’AncôneetdeLorette sont la dernière expression. Mais, dans les quinze années qui précédèrent son installation à Lorette, il eut encore des éclairs de génie. Ainsi, la Femme adultère du Louvre, le Mariage du musée de Madrid, le Mariage de sainte Catherine de la pinacothèque de Munich, le Saint Christophe de Berlin, le Christ quittunl sa mère et deux ou trois autres morceaux peut-être, rappellent plus ou moins les chefs-d’œuvre de sa jeunesse ; on y sent le maître fatigué, malade, mais c’est encore le maître. A quelle perturbation morale attribuer la déchéance de Lotto ? Les biographes se taisent sur ce point important. L’un-d’eux, néanmoins, nous fait comprendre qu’un grand chagrin l’avait livré à une sorte d’exaltation religieuse, à des visions pendant lesquelles il s’entretenait sans cesse avec la Vierge, et que ces hallucinations le poussèrent à se cloîtrer jusqu’à la fin de ses jours, à Lorette, près de la chapelle miraculeuse de la madone. •

Lorenzo Lotto, trop ignoré do nos jours, en ■France surtout, n’en est pas moins l’un des plus admirables talents du grand siècle ; malheureusement, son œuvre ne compte qu’un

petit nombre de créations hors ligne ; mais elles sont d’une valeur telle, qu’où peut les comparer aux plus beaux monuments de l’histoire de l’art.

LOTUS s. m. (lo-tuss — mot latin dérivé du grec lotos, qui se rapporte sans doute à la racine sanscrite lud, couvrir, cacher ; latin lateo, grec lêlho, lanthanôx parce que ce fruit passait pour faire oublier). Antiq. Fruit du pays des LotophageS, si délicieux, disait-on, qu’il faisait oublier luurpatrio aux étrangers.

— Bot. Nom scientifique du genre lotier. u Nom poétique de diverses nymphéacées, et particulièrement Espèce de neiiufar bleu d’Egypte, dont la Heur est fréquemment figurée dans les monuments et dans les hiéroglyphes : L’homme de bien est au milieu du monde corrompu ce qu’est la fleur de lotus dans un marais fangeux. (Hartu. orientales.)

— Archit. Sorte de cymaise d’un fréquent usage dans les monuments indiens :Le lotus, gui est notre cymaise, est très-employé dans les ordres de l’Inde, auxquels il donne un caractère tout particulier. (Batissier.)

— Encyci. Bot. Sous le nom de lotus ou lotos, les anciens et les modernes ont désigné ou confondu un certain nombre de végétaux fort divers. D’après M, Fée, le lotus en arbre, celui qui avait donné sou nom aux Lotophages, et dont le fruit était si estimé, était une espèce de jujubier ; plusieurs auteurs ont cru, mais sans grandes preuves, que c’était le micocoulier. Les totus ou lotos aquatiques appartenaient à diverses espèces des genres nymphéa, nénuphar et nélumbo. Enfin, le lotus terrestre ne serait autre que le mélilot officinal ou peut-être le lotier comestible. De nos jours, le mot totus s’applique, comme nom spécifique, à une espèce de pluqueminier, et, comme nom générique, à un groupe de légumineuses dont le nom français est lotier.

Le lotus des anciens reste a peu près indéterminé ; il jouait pourtant un grand rôle dans les mythologies indoue, égyptienne, grecque et bouddhique. Dans les religions de l’Inde, il avait un sens symbolique irès-étendu. Son

LOTZ

nombre de divinités naissaient du lotus ou étaient personnifiées par lui. Il était en général le symbole de la génération, et il devait l’espèce de culte dont on l’entourait à son origine aquatique : les brahmanes considèrent, en effet, l’eau comme le principe premier de la création, et leurs pressentiments ont été confirmés par les conclusions de la science moderne. C’est pour cela qu’ils représentent les dieux, h leur naissance, mollement bercés dans le calice d’un totus. Dans le Thibet, la Chine orientale, le Népaul et une grande partie de l’Inde, le lotus a continué d’être employé dans les cérémonies religieuses ; on en orne toujours les pagodes et les statues des dieux.

Cet usage fut aussi fort répandu dans l’Egypte des Pharaons, et l’on peut supposer qu’il y était venu de l’Inde. L’espèce spécialement honorée était le netumbium speciosum ou nélumbo brillant, qui croît dans les lacs et les eaux stagnantes des pays tropicaux. Elle a entièrement disparu de i’Kgypte actuelle ; les débordements périodiques du Nil et la fréquence des sécheresses l’ont chassée de cgtte contrée, où elle ne fleurissait jadis, sans doute, qu’à l’aide de très-grands soins. Sa racine est comestible, savoureuse et quelque peu enivrante ; les Égyptiens des temps primitifs en faisaient usage : de là le nom de Lotophages que leur donnèrent les Grecs, et les fables qu’ils acceptèrent sur les propriétés du lotus, dont la principale était de faire oublier. Comme dans l’Inde, le lotus était, en Égypte, un symbole de fécondation et de vie. Horus, l’enfant divin qui personnifie le Soleil levant, est toujours présenté, sur les hiéroglyphes, comme émergeant d’un bouton de

lotus. Des colliers de Heurs de lotus ornent les statues des dieux, des Pharaons ; la plupart des reines d’Égypte tiennent à la main une fleur de lotus ; aussi notre éminent sculpteur Clésinger en a-t-il mis une à la main de sa Cléopàtre. Les bouddhistes, comme les Égyptiens, ont emprunté le totus h l’Inde, mais seulement à titre de préjugé ; il ne l’ait pas partie du dogme.

Les poëtes grecs de l’âge héroïque n’eurent que des notions vagues sur le lotus. Homère donne la racine du lotus comme un mets délicieux. Dans l’Odyssée, les compagnons d’Ulysse, abordant le pays des Lotophages, sont à ce point enivrés par la racine un lotus, qu’ils prennent la résolution de ne pas se rembarquer, afin de pouvoir en mangera leur aise. Le lotus est très-fréquemment représenté sur les monuments et les médailles de la Grèce. Monti’aucon, dans son Antiquité dévoilée, nous a conservé la figure d’un abraxas, dans lequel Harpocrate, le dieu du silence, est représenté de profil, assis sur une fleur de lotus. Le lotus blanc d’Hérodote se rencontre encore dans les terres marécageuses des embouchures du Nil ; on extrait de ses racines une sorte de fécule.

Le lotus a joué un certain rôle chez les poBtes et les écrivains. Les poëtes orientaux en ont surtout abusé. Il a inspiré au poète persan Nézami une de ces fables gracieuses que pourrait revendiquer le polythéisme grec : u Ce fut, dii-il en parlant de l’iuell’able beauté de Joseph, le fils bien-aimé du patriarche lacob, ce fut un des traits rayonnants partis de son visage qui, pénétrant au.fond du Nil, fit sortir du fleuve le totus. u Azz-liddiu, dans son poème allégorique des Oiseaux et des fleurs, prend le tolus pour symbolo de la constance dans la foi religieuse : à II imite ces amants fidèles qui sont morts d’amour pour leur divine maîtresse, mais qui ont obtenu l’objet de leurs désirs. » Plusieurs dames il-lustres, parmi les musulmans, ont cru s’honorer en accolant à leur nom celui de cette fleur, entre autres Niloufar-Khatoun, épouse d’Orkhan, fils d’Othman, et mûre du sultan Mouradalgase.

Les écrivains modernes ont suivi la tradition grecque, et n’ont guère vu dans le lotus que la plante fabuleuse de l’Odyssée, celle dont il suffit de manger pour oublier la patrie. C’est ce à quoi il est fait allusion dans la’phrase suivante :

« L’herbe, verte et touffue, est semée de boutons d’or, de mauves sauvages et de marguerites, de vraies marguerites de France, C’est icr, le lieu de la ■• :’.'heur et de la paix. Je comprends la fantaisie d’un solitaire qui viendrait s’établir aux bords du Ladon et endormir sa vie au bruit de l’eau, sous les beaux platanes, dans le voisinage des bergers. Nous nous y sommes arrêtés trois ou quatre heures : nous n’avions pas mangé cette fleur du lolus qui fait oublier la patrie. » Edm, About.

LOTZ (Jean-Frédéric-Eusèbe), publiciste allemand, né à Sonnenfeld en 176S, mort en 1838. Après avoir été avocat dans sa ville natale, U devint procureur du fisc à Hildburghausen, secrétaire consistorial (1797)

dans cette ville, conseiller privé de chancellerie et secrétaire des domaines (1804). En 1800, Lotz fut nommé membre du conseil des dueliés de Saxe-Oobourg, puis fut commissaire à la conférence des États de Thuiinge (1814), organisa la principauté de Liciitenberg (1810), rédigea en partie la constitution du duché de Saxe-Cobuurg (1821), et devint en 1824 un des ministres de ce petit Fiat. Tout en étant opposé aux idées révolution LOUA

naires, Lotz était favorable aux idées progressives et était partisan des principes des économistes modernes. C’était un très-savant jurisconsulte, dont les principaux ouvrages sont : Notices de jurisprudence et de droit public (1799) ; De l’idée qu’on doit se faire de ta police (1806) ; liévision des principes du droit public national (1811, i vol. in-8°) ; Manuel du droit public, ouvrage qui est fort estimé et qui a eu de nombreuses éditions (1820, 3 vol. in-S<>).

LOTZE (Rodolphe-Hermann), philosophe et savant allemand, né à Bautzen eu 1817. il se fit recevoir en 1S3S docteur en philosophie et en médecine k l’université de Leipzig, où il devint agrégé et professeur adjoint. En 18-41, il a été nommé professeur titulaire de philosophie à, l’université de Gœttingue. Dans la fameuse querelle entre les spiritualistes et les matérialistes, qui a divisé l’Allemagne philosophique, M. Lotze a vivement pris parti contre ces derniers et contre la méthode expérimentale. Nous citerons parmi ses travaux

philosophiques : la Métaphysique (Leipzig, 1841) ; la Logique (Leipzig, 1843) ; Vidée du beau (Gœttingue, 1845) et les Conditions du beau dans l’art (Gœttingue, 1847). Ses principaux ouvrages de médecine sont : la Pathologie et la thérapeutique considérées comme des sciences naturelles mécaniques (Leipzig, 1842) ; Physiologie générale de ta vie corporelle (Gœttingue, 1851) ; Psychologie médicale (Gœttingue, 1852) et le Matérialisme (Gœttingue, 1853).

LOUABLE adj. (lou-a-ble — rad. louer). Qui mérite d’être loué, qui est digne de louange, en parlant des personnes : Les plus louables sont ceux qui ont le courage de reconnaître et de réparer leur égarement. (Fén.) Les hommes véritablement louables sont sensibles à l’estime et déconcertés par les louanges. (Duclos.) || Qui mérite d’être loué, en parlant des actions : Un empressement louable. Ne louons pas ce qui est loué plus que ce qui est louable. (La Bruy.) Le caractère de l’envie est de s’attaquer aux plus louables actions. (St-Evrein.) Il est louable de penser modestement sur soi. (Mariv.) La nécessité peut rendre innocente une action douteuse, mais elle ne saurait la rendre louable, (J. Jou- bert.)

— Hist. Titre d’honneur que se donnent entre eux les cantons de la confédération suisse : Le louable canton de Berne. Le louable canton de Neuchâtel,

— Méd. Qui a les qualités normales, celles que l’on rencontre chez une personne à l’état de santé ou en voie de guérison : Du sang louable. Du pus louable. Des déjections louables. Va-t-elle où vous savez ? Là matière est-elle louable ? (Mol.)

— s. m. Ce qui est louableT*7Ï a du bon et du louable, qu’il gâte par l’affectation du grand et du merveilleux. (La Bruy.)

LOUABLEMENT adv. (lou-a-ble-manrad. louable). D’une manière digne d’élogo : Agir louablement. Se conduire louaulement.

LOUAGE s. m. (lou-a-je — rad. louer). Action de louer ; cession temporelle, et pour une somme convenue, de l’usage d’une propriété ou d’un objet quelconque : Donner, prendre à louage. Le louage d’une ferma, d’un pré, d’une maison. Le louage d’une voiture, d’un chenal. Voiture, cheval de louage. On peut assimiler le mercenariat militaire à un louage d’ouvrage. (Proudh.)

— Prix payé pour un objet loué : Retirer le louage d’une maison.

Domestique de louage, Domestique qu’on prend pour un temps convenu, et non pour le fixer auprès de soi.

j — Jurispr. Action de louage, Action inten- ! tée par un propriétaire à son locataire, pour j réclamer le prix du loyer ou la restitution de | son bien en bon état. Il Contrat de louage, Contrat réglant les conditions d’une loca- ; tion.

— Encyci. Le louage peut avoir pour objet une chose mobilière ou immobilière. On peut aussi louer son travail, son industrie, ses services. Delà la distinction du louage en louage des choses et louage d’ouvrage, distinction parfaitement rationnelle, résultant de la nature même des choses, et qui, avec raison, a été reproduite par le code civil (art. 1708).

— I. Le louage donne lieu à un contrat qui occupe une place très-importante dans les relations du droit privé et qui joue un très-grand, rôle dans l’économie sociale. C’est à ce double point de vue que nous l’examinerons d’abord.

Le contrat de louage se compose de trois éléments : 1° ce qui fait l’objet du contrat, c’est-à-dire la chose ou l’ouvrage ; 2° le prix, et enfin 3° le consentement des parties. En d’autres termes, le louage est un contrat synallagmalique, commutatif et consensuel, et

il est soumis aux règles générales des conventions. Du reste, les trois éléments que nous venons d’indiquer sont de l’essence de ce contrat ; aussi, lorsque l’un d’eux fait défaut, il ne peut plus être question de louage. Quant au rôle que le contrat de louage joue dans l’ensemble des transactions du droit privé, ce rôle est capitnl. C’est par ce contrat que le propriétaire qui ne peut ou ne veut tirer parti par lui-même de sa chose se crée un revenu, en en cédant la jouissance

LOUA

temporaire moyennant une redevance. C’est ce contrat aussi qui fait profiter de la force individuelle et de l’industrie d’autrui ceux qui en ont besoin. Par contre, il associe aux jouissances et aux avantages de la propriété ceux qui ne sont pas propriétaires. Sous ce rapport, le louage exerce une influence des plus énergiques sur le développement de la richesse sociale, car en mettant la richesse créée, autrement dit le capital, aux mains do ceux qui en sont dépourvus, il empêche cette richesse de se consommer en dépenses improductives, et, en la faisant féconder par le travail, il la conserve et l’augmente incessamment. Du jour où l’homme a pu débattre les conditions de son travail, un immense progrès a été réalisé au sein des sociétés. Le travail cessa dès lors d’être le lot des esclaves et devint la propriété de l’homme libre. Ce fut le contrat de louage qui fut la charte de cette propriété nouvelle, qui, bien que la dernière venue, est cependant la plus légitime, et c’est lui qui, encore maintenant, constate, règle et garantit le droit qu’a tout citoyen de disposer de son travail comme il l’entend. Sous ce rapport, chacun jouit de la liberté la plus grande : la loi n’y met qu’une limite, et elle ne défend que la renonciation au droit, l’abdication de la liberté. « On ne peut engager ses services, dit le code civil (art. 1780), flu’à temps’ou pour une entreprise déterminée. »

Tel est le contrat de tonale dans ses caractères généraux et dans le rôle qu’il joue dans l’économie sociale. Il est une sorte de trait d’unio» entre ceux qui possèdent et ceux qui ne possèdent pas. C’est lui qui a mis fin à cette vieille iniquité sociale qui distinguait les hommes en maîtres et en esclaves, et à l’antique servitude il a substitué un échange mutuel de services. On a dit que le contrat de louage constituait la forme la plus parfaite et par conséquent définitive de l’association des deux éléments de la production : le capital et le travail. Nous ne croyons pas que cela soit exact. Toute association suppose un intérêt commun : or cet intérêt commun n’existe pas dans le louage. L’antagonisme le plus complet existe entre les deux parties concluantes, et chacune d’elles cherche par tous les moyens possibles à améliorer sa position, fût-ce au détriment de l’autre. La preuve, c’est que c’est k l’occasion de ce contrat que les plus graves questions sociales de notre époque, celles relatives k la rente du sol et aux salaires, ont.été soulevées, et ces questions sont loin d’être résolues. Eu effet, aucune règle n’existe encore qui permette de déterminer la part afférente aux deux parties contractantes. Nous savons très-bien que les économistes disent le contraire, et qu’ils soutiennent que la rente du propriétaire comme le salaire de l’ouvrier, n’étant au fond que les prix de services rendus, sont, comme tous les prix, soumis à la loi de l’offre et de la demande. Mais cette loi que l’on invoque si souvent, surtout quand on est dans l’impuissance de donner quelque bonne raison, et qui offre un argument si commode quand il s agit de justifier quelque iniquité sociale, n’est en réalité qu’un expédient. La loi de l’offre et de la demande, qui s’impose sans doute avec la brutalité d’un fait, peut bien trancher les questions, mais à coup sûr elle ne les résout pas. En résumé, lo louage, qui au regard du passé constitue un immense progrès, n’est qu une solution provisoire des rapports du capital et du travail, ces deux éléments essentiels de la production.

— II. Ainsi que nous l’avons dit plus haut ; on distingue deux sortes de louages : le louage des choses et le louage d’ouvrage et d’industrie. Nous avons parlé du louage des choses aux mots bail, colonat, emphytéosë, cheptel, etc. ; nous y renvoyons le lecteur.

Le but direct du contrat de louage d’ouvrage et d’industrie est la location des services ou des travaux des personnes, travaux ou services que l’une des parties s’oblige à fournir, et que l’autre partie s’oblige àrémunéx’er au prix et aux conditions convenues. Cette matière comprend trois groupes principaux de contrats, offrant chacun des caractères propres et respectivement régis par des règles spéciales : i° le louage proprement dit des gens de service ou domestiques ; 2" le louage des voituriers, parterre ou par eau, pour le transport des personnes et des marchandises ; 3" les marchés intervenus avec

un ouvrier ou un entrepreneur pour l’exécution d’un ouvrage ou la construction d’un bâtiment. Nous avons consacré des articles spéciaux à chacun de ces groupes. V. domestique, transport, marchés de travaux.

LOUAGEUR s. m. (lou-a-jeur — rad. louage). Celui qui tient des voitures et des chevaux de louage, il On dit aussi louageii.

l.OU.UL (Jean-Baptiste), théologien français, né dans la seconde moitié du xvne siècle, mort en 1724. Ami de l’abbé de Louvois, bien que janséniste déclaré, il occupa la place de secrétaire près de ce prélat, qui lui fit en outre obtenir le bénéfice du prieuré d’Auray. Louail savait se contenter d’une existence modeste et refusa les offres brillantes que lui firent le cadinal de Noailles et Colbert, évoque de Montpellier, pour l’attacher à leur service. Ennemi déclaré des jésuites, il se signala dans la lutte qu’engagea le clergé régulier contre les tendances politiques da cette ambitieuse congrégation. Ou doit à