Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 2, Lep-Lo.djvu/284

Cette page n’a pas encore été corrigée

662

LONG

Philippe le Long, de Jeanne de Navarre, de Jean II, comte de Dreux, se trouvèrent dispersées. Aujourd’hui, le promeneur solitaire chercherait vainement la place où reposèrent ces personnages et tant d’autres issus d’illustres familles. De Longchamps i ! no reste plus que le nom.

Parmi les abbesses de Longchamps dont les savants auteurs du Gallia Ckrisliana ont donné la liste, nous voyons figurer des filles de grand nom sorties des maisons de Mailly, BrulartdeSillery, Potier-Blancinesnil, deGevres, de Pomponne ; Georgette Cœur, de la maison du célèbre argentier, et, en 1560, Louise de Cenasme, sœur de (Jassandre, femme d’Olivier de Thezan, baron de Mourcayrol, chevalier de Suint-Michel et capitaine de cent hommes d’armes des ordonnances. Jeanne, fille du seigneur Rodulphe de Fregeul, restée veuve à vingt-trois ans, fit profession à Longchamps, y vécut quarante et un ans, et mourut en 1347, après avoir, pendant vingt et un ans, dirigé la communauté. Une particularité singulière, c’est que cette abbesse avait amené avec elle sa sœur, Agnès de Fregeul, et sa tille Marie, qui n’avait que cinq ans : toutes trois prirent l’habit le même jour. Agnès vécut recluse cinquante-trois ans, Marie devint abbesse, et mourut âgée de soixante-neuf ans. Citons encore la marquise de Chnuvigny, fille du seigneur de Leuroux et de Blanche de Beaujeu, qui y prononça ses vœux à l’âge de six ans. N’est - ce pas là un trait caractéristique de ce bon vieux temps tant regretté, mais si peu regrettable, que ces engagements éternels contractés par de pauvres enfants de cinq et six ans, proscrits

de Longchamps voulaient, elles aussi, entrevoir un coin de ce monde bruyant et séduisant d’où, dès leur naissance, on les avait chassées ! Pour quelques-unes chez qui la vocation parlait, combien d’autres versaient des larmes amères sur ces vêtements imposés qui en faisaient des saintes malgré elles 1 Elles eussent fait de bonnes mères de famille, des épouses dévouées, des femmes utiles ; elles ne firent que des pécheresses partageant leur existence déplacée entre la religion commandée et le plaisir défendu.

LONGCHAMPS (Charles et Pierre de), littérateurs français. V. Lonchamps.

LONG-COURRIER s. m. Mar. Navire hollandais pour la navigation au long cours : Un convoi de long s-courriers en partance pour l’Inde.

LONGE s. f. (lon-je — rad. lony). Lien formé d’une corde ou d’une lanière, avec lequel on attache un cheval, et dont on se sert aussi pour le conduire lorsqu’on ne le monte pas : Uii cheval qui marche sur sa LONGE, qui s’embarrasse dans sa longe. Les chenaux qu’on mène en main font bien des bonds et des escapades, mais c’est à la longueur de leur longe. (Montaigne.)

— Fmn. Marcher sur sa longe, S’embarrasser dans ses discours ou dans ses actions.

Il Trainer sa longe, Vivre dans un état misérable ou humiliant : Moi, j’i traîné ma longe ; moi, j’ai obéi ; moi, j’ai pâli. (Alex. Dumas.)

— Manège. Corde attachée a l’anneau du caveçon, et qui sert à tenir le cheval lorsqu’il trotte sur les cercles. Il Donner dans les longes, Travailler entre deux piliers.

— Faucon». Petite lanière que l’on attache à la patte d’un oiseau de proie qui n’est pas assuré sur sa perche. Il Tirer à la longe, Revenir en volant vers le chasseur.

— Mar. Nom de l’une des embarcations de bord.

— Techn. Partie d’un fouet formée de lanières de cuir tressées, qui s’attache au manche et porte la mèche.

— Art. culin. Moitié de l’échiné d’un veau ou d’un chevreuil, prise depuis le bas de l’épaule jusqu’à la queue : Longe de veau. Longe de chevreuil. Il Se dit particulièrement et absolument d’une longe de veau : Manger une longe. Apprêter une longe.

LONGÉ, ÉE (lon-jé) part, passé du v. Longer : One rivière lokghk dans tout son parcours par un parti de troupes ennemies.

LONGÉ, ÉE adj. (lon-jé — rad, longe). Blas. Se dit d’un oiseau de fauconnerie qui a des longes ou courroies aux pattes : Manyot de Viltarceau : d’azur, à trois éperviers d’or, chaperonnés de gueules, longés et grilletés d’argent.

LONGEAU, village de France (Haute-Marne), chef-lieu de canton, arrond. et à 11 kilom. S. de Langres, dans une vallée. Pop. aggl., 459 hab. — pop. tôt., 467 hab.

LOKGEPIEIUtE (Hilaire-Bernard deroqueleyne, baron de), poète et auteur dramatique fiançais, né à Dijon en 1659, mort à Paris en 1721. Il montra des dispositions si précoces pour la poésie, que Baillet l’a rangé parmi les enfants célèbres. D’après le conseil de son père, il se mit à traduire en vers français les poètes grecs ; mais il ne réussit que médiocrement, et s’attira de nombreuses épigrammes, notamment la suivante, que luidécocha Jean-Baptiste Rousseau ;

Lonjepierre le translateur,

De l’antiquité délateur.

LONG

Imite les premiers fidèles

Qui combattaient jusqu’au trépas Pour des vérités immortelles

Qu’eux-mêmes ne comprenaient pas.

Tout en cultivant la poésie, Longepierre devint successivement précepteur du comte do Toulouse et du duc de Chartres, secrétaire des commandements du duc de Berry, gentilhomme ordinaire du -duc d’Orléans, et reçut de la cour une pension de 6,000 livres. Il possédait en outre ulie belle fortune qui le rendait indépendant. Après avoir beaucoup traduit, il s’essaya dans ie genre tragique, et composa trois tragédies en cinq actes : Mêdée (Paris, 1694, in-12), qui n’est pas sans mérite ; Sésostris (1695), qui n’eut aucun succès et ne fut pas imprimée ; Electre (Paris, 1730), jouée en 1702, et dans laquelle quelques beaux détails ne rachètent pas la marche traînante de l’action. On doit en outre à Longepierre : les Odes d’Anacréon et de Sapho, en vers français (Paris, 1684, in-12) ; Idylles de Bion et de Musclais, en vers français (Paris, 16S6, in-12) ; Parallèle de Corneille et de Racine (1636), dans lequel il donne la supériorité au dernier ; Discours sur les anciens (Paris, 16S7, in-12) ; Idylles nouvelles (Paris, 1090, in-12).

LONGER v. a. ou tr. (lon-jé — rad. long. Prend un e après le g devant a’et o.• Je tongeai, nous longeons). Suivre extérieurement dans sa langueur, marcher, s’avancer le long et sur le bord de : Longer la côte. Longer un ruisseau. Longer un bois. Nous longeâ.mks Céphalonie et nous avancions rapidement vers Zunte. (Chateaub.) || Border ; s’étendre, se développer le long da : Un chemin qui longe une rivière.

— Mar. Longer une côte, Naviguer en suivant cette côte à petite distance. Il Longer un vaisseau. Suivre de près une route parallèle à la sienne.

— Véner. Longer la chasse, Entraîner au loin le gibier.

LONGET (François-Achille), médecin et célèbre physiologiste français, né à Saint-Germain-en-Laye en 1811, mort à Bordeaux en

1871. Il vint faire à Paris ses études médicales, devint interne des hôpitaux en 1831, docteur en médecine en 1835, et fut successivement membre de l’Académie de médecine depuis 1S44, professeur à la Faculté de médecine depuis 1853, membre de l’Institut^ officier de la Légion d’honneur, chirurgien de la maison impériale de la Légion d’honneur. Longet doit être placé au rang des premiers physiologistes du siècle. Dès 1836, il commença ses recherches de physiologie expérimentale, qu’il a poursuivies pendant de lontues années en observateur de génie. Ses elles études sur le rôle et la constitution de la moelle épinière relativement à la sensibilité et au mouvement, sur l’action de l’électricité sur le système nerveux, sur l’existence des nerfs mixtes et la classification des nerfs crâniens, sur les lois de l’excitabilité dans les nerfs, sur l’irritabilité directe de la fibre musculaire dépouillée du filet nerveux, etc., ont fait faire de grands progrès à la science. C’est lui qui, le premier, a constaté que le faisceau grisou intermédiaire du bulbe rachidien est le principe moteur de la respiration (1S41). Enfin, on lui doit d’intéressantes recherches sur l’emphysème pulmonaire, sur la voix, sur la composition de la salive, sur les exhalations sanguines des méninges, sur les effets produits sur le système nerveux par l’exhalation de l’éther sulfurique. Il a publié les ouvrages suivants : Recherches expérimentales sur les conditions nécessaires à l’entretien et à la manifestation de l’irritabilité musculaire, avec application à la pathologie (1841) ; Sur tes fonclinns de l’épiglotte et les agents de l’occlusion de la glotte dans la déglutition, le vomissement et la rumination (1841) ; Sur les fonctions des muscles et des nerfs du larynx, et sur l’influence du nerf accessoire de Wittis dans la phonation (1841) ; Sur les propriétés et les fonctions des faisceaux de la moelle épinière et des racines des nerfs raekidiens (1843) ; Recherches sur la nature des mouvements propres du poumon, et sur une nouuelle cause d’emphysème pulmonaire (1843) ; Traité d’anatomie et de physiologie du système nerveux de l’homme et des animaux vertébrés (1842, 2 vol. in-8°, avec planches), couronné par l’Institut ; Rapport entre le sens du courant électrique et les contractions musculaires dues à ce courant (1845, in-S°). Ce mémoire, fait en collaboration avec Matteucci, a pour but de prouver que l’influence du courant électrique diffère totalement quand elle s’exerce sur les nerfs exclusivement moteurs, dont l’action n’est que centrifuge, ou sur les nerfs mixtes, dont l’action est à la fois centrifuge et centripète. Enfin, on lui doit un Traité de physiologie (Paris, 1850-1861, 2 vol. in-8°). Longet a fourni en outre de nombreux articles à divers dictionnaires et à divers journaux de médecine.

LONGEVILLE-LEZ-METZ, ancienne commune de France, arrond. et canton de Metz (Moselle), cédée à l’Allemagne en 1871. C’est un village de l’ancienne province des Trois-Evèohés, situé sur la route de Metz à Verdun, à gauche de la Moselle, et au pied du mont Saint-Quentin. Longeville n’est qu’à 4 kilom. de Metz. C’est de ce village que s’est trouvée datée la dépêche apnon LONG

çant la bataille livrée le 14 août 1870 à Borny. Napoléon III, parti précipitamment de Metz, où il craignait d’être investi, s’arrêta durant toute la journée du 14 au village de Longeville, tandis que l’on se battait à Pange et à Borny. Le 15 au matin, il faillit être enlevé à Longeville même, par une reconnaissance ennemie, et il partit à fond de train dans la direction de Verdun, avec deux ou trois régiments de chasseurs que le maréchal Bazaine dut lui donner pour escorte.

LONGÉVITAL, ALE adj. (lon-jé-vi-tal, a-le —"du lat. longus, long, et de vital). Qui a le caractère de la longévité : Le mot lonGÉvital n’existe dans aucun des dictionnaires que j’ai consultés ; j’ai dâ le créer pour les besoins de ma démonstration. (Moreau-Christophe.)

LONGEVITE adj. (lon-jé-vi-te — du lat. longus, long ; viia, vie). Néol. Qui vit longtemps : Je hasarde le mot longévité, bien qu’il soit exclu du Dictionnaire de l’Académie, parce qu’il est employé par plusieurs auteurs. (Moreau-Christophe.)

— Substantiv. Personne qui vit longtemps : Les longévités sont plus nombreux dans le nord que dans le midi.

LONGÉVITÉ s. f. (lon-jé-vi-té — du lat. longus, long ; vita, vie). Longue vie, longue durée de la vie : La longévité des patriarches. La longévité de la corneille a été remarquée très-anciennement. La longévité des arbres est proportionnelle à la lenteur de leur accroissement. L’unique source de toute longévité ne saurait être que la modération et l’égalité du moral, comme celle du physique. (Virey.) Les chances de vie et de longévité sont deux fois plus considérables pour le riche que pour le pauvre. (L. Cruveilhier.) Bon régime, brevet de longévité pour qui le suit, (Descuret.)

— Encycl. Autant nous comprenons que le médecin, fidèle à la mission qu’il s’est donnée, se préoccupe de prolonger la vie de ses semblables, autant nous désapprouvons tout individu qui, détourné d’occupations plus utiles par la pensée de la mort, s’inquiète uniquement d éloigner ce terme fatal, ne pouvant l’éviter, comme si quelques années de plus ajoutées à l’existence devaient, à un degré quelconque, adoucir l’amertume de la dernière heure. Individuellement, la longue durée de la vie n’a aucun intérêt ; au point de vue du bien public, elle en a un sérieux, mais ce n’est pas celui que lui prêtent les empiriques qui, de tout temps, ont recherché les moyens de prolonger la vie humaine. Ce qui importe à la société, ce n’est pas de multiplier les impotents qui, arrivés à la décrépitude, traînent sur la terre une existence aussi ennuyeuse qu’inutile, c’est de retarder co moment fatal où l’homme a perdu, avec le pouvoir de multiplier son espèce, celui de travailler à accroître la fortune publique. Ce qui doit préoccuper le philosophe et le médecin, si philosophe et médecin ont, quelque pouvoir en cela, ce n’est pas de faire durer la vie, c’est de conserver la virilité.

Au surplus, la crainte puérile de la mort, le soin excessif de l’éviter sont des moyens très-eflicaces pour en hâter l’heure, car la tranquillité d’esprit et la force d’âme sont des conditions tout à fait indispensables de la sauté. Si l’on voulait absolument vivre longtemps, il faudrait prendre un parti qui priverait la vie de son plus grand attrait : n’aimer rien et n’aimer personne. Cette indifférence suprême est la garantie la plus assurée contre les accidents cérébraux et autres qui abrègent ou tranchent le plus grand nombre des existences. Mais si la macrobiotique n’a comme art qu’un médiocre intérêt, la longévité, c’est-à-dire la durée comparée de la vie, est une question qui offre un grand attrait de curiosité. Examinons-la succinctement dans les deux règnes organiques, en donnant à l’homme une place spéciale et relativement importante.

Végétaux. Parmi les végétaux, ceux dont la structure est la plus simple sont les moins vivaces ; tels sont les champignons, les algues (excepté quelques espèces), les plantes fongueuses, qui naissent, se reproduisent et meurent en deux ou trois jours. Les mousses ont une très-courte existence ; mais quelques espèces ont la singulière propriété de reverdir et de renaître, après avoir été desséchées pendant vingt ans dans un herbier. Presque toutes les plantes monocotylédoties sont annuelles ou bisannuelles ; elles sont généralement herbacées et périssent après leur fructification. Les fougères et les palmiers sont.plus vivaces, mais leur existence ne dépasse guère l’époque de leur fructification. Parmi les dicotylédones, toutes les espèces herbacées qui ne poussent pas des tiges ligneuses sont annuelles ou bisannuelles. Cependant quelques espèces dont le tissu devient compacte ou demi-ligneux, comme le romarin, l’hysope, les immortelles, les sauges, subsistent plusieurs années. Toutes les plantes contenant des principes résineux, toutes les herbes odorantes qui naissent dans les lieux secs et chauds, toutes celles dont la texture est solide et résistante sont toujours plus ou moins vivaces. Si nous considérons les grands arbres, nous pourrons leur appliquer, relativement à leur texture, les mêmes remarques qu’aux petits végétaux.

LONG

Ainsi, tous les bois blancs, poreux et légère, comme le saule, le peuplier, l’aune, etc., vivent à peine un demi-siècle ; tandis que les bois durs et solides qui croissent lentement, comme le chêne, le buis, le cèdre, l’olivier, l’ébénier, peuvent vivre plusieurs siècles. On connaît le fait de cet oranger qui, semé au commencement du xve siècle par Éléonore de distille, est encore un des plus beaux ornements de l’orangerie de Versailles. Les touristes vont admirer dans le parc du comte Cowper, en Angleterre, un grand chêne d’une rare beauté, auquel on attribue l’âge respectable de douze siècles. Des voyageurs dignes de foi nous ont donné la description des cèdres gigantesques do la Californie et de l’Australie, mesurant de 90 à 112 pieds de circonférence, et 350 à 400 pieds de hauteur, qui remonteraient au delà de vingt siècles. Quelques sujets de séquoia gigantea, découverts en Amérique, dateraient, d’après les calculs des naturalistes, de 3,000 à 3,500 ans. Un welîingtonia de la Californie, dont le tronc est conservé à Londres, passe pour avoir vécu de trois à quatre mille ans. Adanson, ayant fait couper aux îles du Cap Vert un baobab, y trouva une inscription tracée trois siècles auparavant par des Anglais, et la supputation des couches superposées depuis cette époque lui permit d’évaluer à cinq mille ans la vie de plusieurs de ces géants encore sur pied et dont rien n’annonçait la fin prochaine. Ce fait d’inscriptions ainsi retrouvées n’est pas isolé. Un tronc de hêtre du Muséum de Paris, abattu en 1805, porte dans son épaisseur la date de 1750. Un cyprès situé sur la route de Vera-Cruz à Mexico passe dans le pays pour avoir abrité Fernand Cortez, et les naturalistes, calculant son âge par le diamètre de son tronc, lui donnent de cinq à six mille ans. On sait que les oliviers du jardin de Gethsemani, à Jérusalem, passent pour avoir été les témoins encore debout de la passion de Jésus. Tous ces faits, merveilleux en apparence, deviennent fort simples, si l’on admet cette opinion reçue aujourd’hui qu’un arbre n’est pas un être, mais bien une association d’êtres organisés, vivant, se reproduisant, mourant successivement et Se remplaçant indéfiniment, à la manière des polypiers, jusqu’au complet épuisement du sol qui les nourrit.

La grosseur d’une espèce végétale n’est pas nécessairement une preuve de sa grande longévité. Le baobab, dont le tronc peut acquérir plus de trente pieds de diamètre, ne doit pas vivre autant que le chêne rouvre, la structure du premier étant beaucoup plus poreuse que celle du second. Kn résumé, on peut dire que la durée de l’existence des végétaux est d’autant plus grande que leur structure est plus ferme ; que les sucs résineux ou aromatiques, en défendant le sujet contre les influences les plus destructives de l’atmosphère, tendent à prolonger sa vie ; que la culture, l’abondance de l’engrais, la prompte fructification et la grande fécondité abrègent son existence.

Animaux. Les végétaux ligneux, en général, subsistent beaucoup plus longtemps que les animaux les plus grands et les plus vivaces. La raison en est toute simple : c’est que les végétaux n’ont point de système nerveux ni aucune des passions qui s’y rattachent. Les animaux les plus voisins du règne végétal par leur organisation, comme les zoophytes coralligènes, prolongent indéfiniment leur existence en se reproduisant par couches superposées ; mais ceux qui ont une vie propre, comme les polypes d’eau douce, par exemple, ne vivent que l’espace d’un an ou de deux ans. Les insectes à métamorphose complète, comme les coléoptères, les hyménoptères, les diptères, etc., sont presque tous annuels ou bisannuels ; leur mort arrive d’ordinaire après la génération. Les crustacés les plus volumineux et les plus vivaces ne dépassent pas une durée de cinq ans. Parmi les mollusques, les grandes espèces ne vivent guère au delà de six ans, et les petites de deux à trois ans. Les poissons vivent longtemps, à cause de la lenteur avec laquelle s’exécutent leurs fonctions organiques, de l’uniformité de température du liquide dans lequel ils vivent, de leur faible sensibilité nerveuse. Bacon cite des anguilles qui ont vécu soixante ans ; Buffon, des carpes qui en ont vécu cent cinquante, et qui n’avaient même pas atteint toute leur croissance. Les esturgeons, les squales vivent plusieurs siècles. En 1497, on prit à Kaiserslautern un brochet do 19 pieds, pesant 350 livres ; il portait un anneau de cuivre sur lequel était gravée une inscription grecque, annonçant que l’animal avait été mis dans l’étang du château de Lautern par ordre de l’empereur Frédéric II, c’est-à-dire deux cent soixante-sept ans environ auparavant. Les tortues, protégées sans cesse parleur carapace contre l’action des agents extérieurs, vivent près d’un siècle. Les crocodiles, les lézards et tous les reptiles en général, défendus par des écailles et n’ayant qu’une circulation et une respiration imparfaites, doivent vivre fort longtemps. Tcutefois les couleuvres, ainsi que les greuouilles et les crapauds, ne vivent guère que cinq ou six ans.

Il semble que les oiseaux, en raison de leur étut physiologique, devraient se consumer très-rapidement. Leur circulation et leur respiration sont très - actives j la tempo-