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mathématiques, d’astronomie, etc. Bibliothèques, musées, etc.

Situation, aspect général, climat. Trèsheureusement située dans une plaine, sur les

deux rives de la Tamise, qui y forme un superbe canal creusé de bassins et couvert de vaisseaux sur un espace de 12 kilom., la capitale de l’Angleterre, avec tous ses faubourgs, occupe une superficie cinq fois aussi considérable que le Paris actuel. Avec les nombreux villages qui prolongent ses quartiers extrêmes, elle ressemble à une province couverte de.(00,000 maisons. Le grand nombre de squares et de parcs situés dans l’intérieur de la ville, la largeur des rues et la quantité des terrains vagues qui séparent les faubourgs expliquent cette immense étendue de Londres. La Tamise, dans son cours à travers Londres, décrit deux courbes principales ; la largeur de son lit varie considérablement.

« Quoique frappé d’un cachet d’unité, Londres, dit M. A. Esquiros, diffère beaucoup d’un quartier à l’autre ; c’est un composé de villes reliées ensemble par les chemins de fer et les fils télégraphiques. Voici en quelques traits le caractère des principaux districts, L’East-End est occupé par les artisans, les ouvriers, les manœuvres, et, dans une de ses parties (Spitalfields), par les fileurs de soie. Le Borough contient les grandes fabriques, les brasseries, les tanneries, les savonneries, etc. La Cité comprend cette partie de la ville qui était, autrefois entourée par un mur ; c’est aujourd’hui le rendez-vous du commerce et des affaires j on y vend beaucoup, on y demeure peu. La plupart des négociants de la Cité vivent dans les nouveaux faubourgs et les environs de Londres. Le West-End est le quartier général de la fashion, De Cavendish-Square à Belgravia, les maisons particulières sont habitées par la richesse ou l’aristocratie, tandis que. les magasins étalent toutes les merveilles du luxe. Westminster est le siège du gouvernement. Londres est, ainsi envisagé, une histoire en chair et en os de l’économie des sociétés. On y suit d’un quartier à l’autre les développements de l’industrie, du commerce ou des arts, en un mot, les différents états de la civilisation.

Londres est la tête d’une société puissante en contrastes, unique dans ses grandeurs et achevée, si l’on peut ainsi direi jusque dans ses imperfections. Elle frappe moins les yeux qu’elle n’occupe l’esprit. Tout spectacle extérieur est ici la révélation d’un ordre de faits enchaînés par une invincible logique. Quand on a étudié ses richesses, il reste à descendre dans ses misères ; quand on a vu ses palais il reste à pénétrer dans’ses égouts. Ce qu’il faut chercher à Londres, c’est la grandeur. Je ne parle point seulement de la grandeur matérielle (310 kilom. carrés de superficie), non, je parle de l’étendue et de la prospérité de son commerce ; de ses édifices en petit nombre et souvent assez laids, mais gigantesques : de ses banques et de ses institutions de créait ; de ses comptoirs coloniaux, dont les opérations s’étendent jusqu’au bout du inonde ; de ses prodigieux travaux publics, entrepris le plus souvent par des sociétés-, de ses grands centres d’industrie, où la science se montre d’accord avec les capitaux pour vaincre et conquérir la matière ; de son activité qui n’a rien do fébrile, mais qui broie tous les obstacles par la force mécanique d’une volonté toute-puissante ; de ses grandes corporations, qui ont leurs droits et leurs privilèges aussi bien déterminés que ceux de la couronne ; de ses institutions politiques, d’autant plus stables qu’elles ne gênent personne et qu’elles se prêtent davantage au progrès ; enfin de ses magnifiques libertés, qui couvrent à la fois l’individu, les associations et le pays tout entier. On est surtout frappé à Londres de la force extérieure dirigée contre les choses pour accroître la production ; mais, sous les muscles de ce grand corps, quelle effrayante puissance morale ! » Deux ordres de grands travaux en Cours d’exécution, les chemins de fer souterrains et la construction des quais sur la Tamise, changeront considérablemeat, d’ici & quelques années, la physionomie de la métropole de l’Angleterre.

Sous le rapport politique, Londres, situé dans les trois comtés de Middlesex au N., de Suia-ey au S., délient au. S.-E., et prolongeant quelques-unes de ses rues dans le comté d’Essex, se compose dé trois cités : la Cité proprement dite, la Cité de Westminster, la Cité de Greenwich, et de cinq bourgs : Marylebone, Einsbury, Towerhamlets, Lambeth, Southwark, et de nombreuses communes de banlieue. La Cité de Londros, presque au centre de la ville, est la partie la plus ancienne et n’en forme qu’une faible partie ; car sa superficie n’est que de 28 hectares et sa population de 7*,897 hab. (1873). Elle est administrée par un cîmseil municipal composé d’un lord maire élu annuellement, de 2 shérifs, de 26 aldermen et de 20S coinmon councilmen ; à quoi il faut encore ajouter 81 corps de métiers, guildes et corporations. Le lord maire est chef de cette remarquable organisation municipale, et, dans l’étendue de sa juridiction, il est même au-dessus du roi, puisque celui-ci, pas plus que la force armée, ne saurait entrer dans la Cité sans son autorisation préalable. « La Cité, dit un écrivain, est le grand centre commun où vient aboutir la circulation métallique de toutes les nations

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du globe. Il n’y a pas, dans tout l’empire britannique, de maison de commerce quelque

peu importante qui n’ait un comptoir ou tout au moins une agence dans la Cité ; et pourtant il n’y a peut-être pas un seul négociant en gros qui l’habite. Cette population si active fournit, en effet, le plus remarquable exemple de l’intelligente combinaison de la vie de campagne et de la vie citadine. De neuf à onze heures du matin, les omnibus, les • bateaux a vapeur, les chemins de fer y amènent par milliers les négociants de leurs villas et de leurs résidences de famille, groupées plus particulièrement aux abords des stations de chemins de fer et dont le nombre, la grandeur et la beauté vont sans cesse croissant. Puis, de quatre à six heures, toute cette foule si active, si occupée déserte tout à coup la Cité pour s’en aller vivre de la vie de famille et jouir de la vue de la verdure. Ce flux et ce reflux perpétuel entre la campagne et la ville maintiennent le caractère propre de la Cité, et le bon marché, la rapidité et 1 organisation ingénieuse des moyens de communication tendent à lui donner des proportions de plus en Îilus grandes. » La Cité n est pas seulement e centre commercial de la ville ; c’en est aussi le centre littéraire. Là se publient les grands journaux et se trouvent les plus grandes librairies, les imprimeries les plus importantes de l’Angleterre. On y trouve près de 1,000 libraires et plus de 700 imprimeries.

Londres est traversé par une grande artère centrale qui commence à Norlandtown, à l’O. de la ville, entre dans Londres proprement dit et forme la large rue d’Oxford-Street, longue de près de 2 kilom. et parfaitement droite. Les autres artères les plus ■ engorgées par les ondes de la circulation, ■ dit M. Esquiros, sont Cheapside, le Strand, Fleet-Street, Ludgate-Hill et le Pont de Londres. Un rapport du commissaire de police de la Cité, rédigé en 1859, constate qu’en vingt-quatre heures il passa sur London-Bridge : 4,483 fiacres, 4,286 omnibus, 9,245 chariots, 20,430 autres véhicules, 107,074 piétons et 60,836 personnes dans les voitures.

« Le diamètre de Londres, dit, M. Améro, estj d’environ 9 milles en moyenne, soit de plus de 14 kilom. et demi, soit sept fois la longueur de la rue de Rivoli. Pendant ces dernières années, une zone d’un demi-mille à un mille a été bâtie sur les limites de -l’immense ville, et aux 13,000 rues anciennes ont été ajoutées des centaines de rues nouvelles. Les maisons surgissent du sol, non point comme à Paris, ça et là, isolées et si hautes qu’elles ont l’air de tours escaladant le ciel, mais en files longues et régulières. Toutes ces maisons sont bâties en vue d’être habitées par une seule famille, et il en est ’ peu, même des plus humbles, qui n’aient leur jardin. Ces diverses exigences de la vie anglaise, éléments de cette commode indépendance qu’on appelle le confort, sont la cause de la rapidité d’extension superficielle de Londres, «

Le climat de Londres est plus doux que celui de Paris. Il y fait moins chaud pendant l’été et moins froid pendant l’hiver. « Les pluies sont abondantes et tenaces, dit M. Esquiros. Les brouillards, surtout au mois de novembre, ont une couleur sui generis, le plus souvent jaunâtre, et une épaisseur qui obscurcit entièrement la lumière du soleil. On est obligé quelquefois d’allumer en plein jour les becs de gaz. Le ciel reste généralement voilé du mois d’octobre au mois d’avril. Alors la brume se déchire et découvre un horizon bleu qui n’est plus couvert que de temps en temps par les nuages. On a longtemps accusé la fumée de charbon de terre de ternir l’atmosphère de Londres, et certes elle n’est point tout à fait innocente du fait. Une loi force aujourd’hui les cheminées des fabriques à consumer elles-mêmes leur propre fumée. Cette mesure produit sans doute d’heureux résultats ; mais il reste beaucoup d’autres causes locales qui continuent à altérer la limpidité de l’air, telles que la fumée que dégorgent les innombrables cheminées des maisons particulières et aussi les vapeurs des anciens marais qui avoisinent la ville. »

Mdifir.es religieux. Londres possède un grand nombre d’églises et de monuments religieux. La cathédrale, dédiée à saint Paul, a été bâtie par Chistophe Wren, sur le modèle de Saint-Pierre de Rome, et sur l’emplacement d’une église qui fut détruite par un incendie en 1606. Les travaux, commencés en juin 1675, furent terminés en 1710. La forme générale du monument est celle de la crois latine. La façade principale offre un portique composé de douze colonnes d’ordre corinthien, au-dessus duquel s’en élève un autre de huit colonnes d’ordre composite, surmontées d’un fronton dont le bas-relief représente la Conversion de saint Paul, par Bird, qui a sculpté aussi les autres statues de la façade. Le portique est flanqué de deux tours sans valeur architecturale. Les colonnes corinthiennes des portiques du transsept sont surmontées des statues des apôtres. Le dôme extérieur est entouré de trente-deux colonnes d’ordre corinthien soutenant une galerie, À l’intérieur de l’édifice, on est frappé de la majesté des voûtes, de la hauteur de la coupole et de la longue suite des arcades. Les fresques de la coupole, peintes par James Thornhill, représentent les Principaux événements de la vie de saint Paul. On remarque à l’intérieur de Saint-Paul : l’orgue, qui a

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2,133 tuyaux ; les stalles du chœur, richement sculptées par Grinfing Gibbons ; le trône épiscopal ; l’autel, soutenu par quatre pilastres cannelés ; la chaire, sculptée par Wyatt ; les monuments de Napier, par Adams ; du docteur Johnson, par Bacon ; du marquisde Cornwallis, par Rossi ; de Nelson, par Flaxman ; de l*évêque Heber, par Chantrey ; de John Howard, par Bacon ; du général Ross, par Kendrick ; du comte Howe, par Elaxman ; de lord Collingwood, par Westmacott ; de sire Joshua Reynolds, par Flaxman ; de lord Melbourne ; delordRodney, par Rossi ; désir Thomas Picton, par Gahagan, et du comte Saint-Vincent, par Baily.

Un escalier descend à la crypte où reposent les restes des grands hommes dont les monuments ornent la cathédrale.

Le gros bourdon de Saint-Paul pèse 4,103 kilogrammes ; les heures sont entendues, dit-on, à 37 kilomètres de distance.

L’abbaye de Westminster (Westminster abbey), fondée au vue siècle, réédifiée au milieu du xiie et agrandie à différentes époques, appartient dans son ensemble au style gothique. Sa forme est une croix latine. Le style des tours ne s’harmonise pas avec Celui du reste de l’édifice. La façade du trans-sept N., la plus belle partie de l’abbaye, se compose de trois étages superposés d’ogives, de colonnettes et de sculptures, surmontées d’un fronton que terminent d’élégants clochetons et dans lequel est inscrite une rosace contenant de magnifiques vitraux. L’intérieur de l’église, remarquable par sa légèreté, est décoré de nombreuses sculptures et de plusieurs centaines de monuments, parmi lesquels nous signalerons ceux de Dryden, par Sheemakers ; de Ben Johnson, par Rysbrach ; de Milton, par le même ; de Thomas Campbell, par Marshall ; d’Olivier Goldsmith, par Nolleltens ; du duc d’Argyle et de Hœndel, par Roubillac ; du docteur Bell, par Behnes ; de Paoli, par Flaxman ; du capitaine Montagu, par le même ; de l’amiral John Balcheiî, par Sheemakers ; de Warren Hastings, par Bacon ; de lord Mansfield, par Flaxman, etc. Quelques chapelles sont dignes d’attention. La plus intéressante est la chapelle Henri VII, éclairée par trente-trois fenêtres, dont la plupart ont perdu leurs magnifiques vitraux. Les murailles sont ornées d’une multitude de charmantes figurines qui représentent des patriarches, des prophètes, des martyrs, des

saints de toute espèce. Le toit est décoré de voussures et de pendentifs richement sculptés. » C’est dans cette chapelle, dit M. Elisée Reclus, que les chevaliers de l’ordre du Bain tiennent leurs grands conseils. Dans chaque stalle, les armes des chevaliers sont gravées sur une plaque de cuivre : au-dessus sont attachés leurs bannières, leurs casques et leurs épées. » On y remarque les monuments de Marie Stuart ; de Marguerite, comtesse de Richmond, par Pierre Torrigiano ; du général Monk, par Sheemakers ; le caveau qui cc».itient les restes de Charles II, de Guillaume III, de sa femme, la reine Marie, de la reine Anne et de son époux, le prince Georges de Danemark ; de Henri VII et de sa femme, par Pierre Torrigiano (nombreuses statues allégoriques) ; du duc de Montpeusier, par Westmacott ; de George Villiers, duc de Buckingham ; d’Elisabeth (la statue est couchée sous un dais soutenu de chaque côté par six colonnes d’ordre composite), etc. La chapelle de Saint-Bènédict ou des doyens du collège, parce que plusieurs doyens y sont enterres, offre des restes de sculptures du xme et du xiv« siècle, un tombeau en bois et un monument couvert de riches mosaïques, consacré à la mémoire des enfants de Henri III et d’Édouard 1". Dans la chapelle de Saint-Edmond se voit le tombeau en bois de chêne de Guillaume de Valence, très-curieux U cause de ses ornements de cuivre émaillé. La chapelle de Saint-Nicolas renferme le monument élevé par lord Burleigh à la mémoire de sa femme et de sa fille. La chapelle de Saint-Édouard est remarquable par sa frise, composée de quatorze bas-reliefs, et son pavé en mosaïque. On y voit les monuments d’Édouard le Confesseur, de Henri III, d’Anne-Eléonore, femme d’Édouard Ier, de Henri V, d’Édouard 111, d’Édouard 1er. Des autres chapelles contiennent aussi des monuments dont quelques-uns sont intéressants, mais qu’il serait trop long d’énumérer ici. Devant la façade principale de Westminster-Abbey a été érigée une colonne en l’honneur des anciens élèves de l’école de Westminster tombés dans les guerres de Crimée et des Indes.

L église du Temple, entre Fleet-Street et la1 Tamise, fut fondée en 1185. « Dans aucune église d’Angleterre, dit M. Cottingham, on ne peut mieux voir la transformation du style normand et du style ogival. » Le monument se compose de deux parties : la rotonde et un vaisseau construit dans le style des églises gothiques. < La coupole, dit M. Elisée Reclus, éclairée par six fenêtres romanes, s’appuie sur six beaux faisceaux de colonnes en marbre noir, ornées de chapiteaux historiés ; au-dessus des ogives élancées qui festonnent si gracieusement la base de la coupole se déroule en guirlande une galerie formée de petites arcades romanes entrelacées. Un bascôté circulaire, éclairé comme la coupole par six fenêtres romanes, entoure la colonnade de la rotonde ; le pavé est composé de charmantes mosaïques représentant l’histoire d’Edouard le Confesseur. Sur le pavé de la ro LOND

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tonde, on voit neuf effigies de chovaliers r l’une d’elles représente le comte de Pembroke, auquel Henri II dut, pendant sa minorité, la conservation de son trône, et qui chassa les Français d’Angleterre. Le vaisseau avec ses deux bas-côtés, que séparent de la nef quatre piliers de marbre, semblables à ceux de la rotonde, se prolonge à l’E. de l’édifice ; la nef Se termine par une fenêtre ogivale à trois compartiments, qui déverse sur le maître-autel un flot de lumière et de couleurs éclatantes. La voûte est d’une richesse excessive ; des arabesques s’enroulant autour des nervures et des pendentifs reproduisent le lion et le cheval des templiers, symbole de leur double caractère de moines et de chevaliers ; toutes ces peintures s’entremêlent decroix, d’inscriptions latines et du cri de guerre Beauséan. Les réparations qui ont donné à l’église du Tera île la splendeur qu’elle offre aujourd’hui sont dues aux célèbres architectes Sidney Smirke, Dccimus Burton et Nash. »

Parmi les autres églises de Londres, nous citerons : l’église Saint-Sauveur, la plus vaste de la capitale de la Grande-Bretagne après la cathédrale et l’abbaye do Westminster ; l’église Saint-Étienne, dont le dôme gracieusement décoré repose sur huit arcades séparées par des colonnes corinthiennes ; l’église Saint-Mury-le-Bow ; Saint-Bartholomew-the-Great ; Saint-Giles-in-the-Fields ; Saint-Margaret’s-Cburch (belle fenêtre représentant la

Crucifixion, peinte du temps de Henri VII par des artistes hollandais), et l’église Ail-Saints, bâtie en 1850, L’intérieur de cette dernière église est décoré avec magnificence. Le marbre et l’albâtre y ont été prodigués. On y remarque des fresques peintes par M. Dyce, représentant la Crucifixion et la Nativité, et des vitraux d’une belle couleur.

Palais. Le Parlement, le plus beau et le plus vaste palais de Londres, est consacré a la représentation nationale. Il se compose de deux Chambres : la Chambre des lords et lu Chambre des communes. L’ancien palais du Parlement ayant été presque entièrement dévoré par les fiammes en 1834, la construction du palais actuel fut commencée en 1837, sous la direction et sur les plans de M. Charles Barry. La façade principale (287 mètres de longueur), qui se déploie sur la rive gauche de la Tamise, est ’terminée à chacune des extrémités par des ailes en saillie, u La partie de la façade comprise entre les deux ailes se divise, dit M. Elisée Reclus, en trois portions d’égale longueur, séparées l’une de l’autre par des tourelles ; les innombrables fenêtres gothiques sont ornées de blasons, d’armoiries, d’arabesques, de sculptures ; les niches renferment les statues de tous les souverains anglais depuis Guillaume le Conquérant jusqu’à la reine Victoria ; la balustrade du toit est hérissée de pointes et de petits clochetons. Cette façade se termine à l’angle septentrional par la tour de l’horloge de l’ancien palais. Sa puissante masse, ornée de colonnettes à fleurons, s’élève à OS mètres de hauteur. Le cadran, resplendissant de dorures ainsi que la flèche bizarre qui Je surmonte, a 25 mètres de circonférence. La cloche est de beaucoup la plus grande de l’Angleterre. La partie méridionale du palais, tournée vers le pont de Vauxhall, est dominée à l’angle S.-O. par la tour Victoria, la plus grande tour carrée du inonde. Elle a 23 mètres de côté, et sa hauteur est de 104 mètres. Le porche d’honneur, qui donne sur la façade occidentale, est flanqué de statues colossales du lion d Angleterre, portant l’étendard national et surmonté des représentants symboliques des Iles Britanniques : saint George d’Angleterre, saint André d’Écosse et saint Patrick d’Irlande. Au-dessus, dans une niche entourée d’arabesques et de sculptures, est placée la statue de la reine Victoria. La tour centrale s’élève à 92 mètres.

La façade occidentale, aussi longue que celle de la rivière, se compose de constructions de différents styles. Le porche occidental de la tour Victoria est celui sous lequel passe la reine quand elle ouvre la session du Parlement. Le vestibule de la tour s’ouvre en face sur le vestiaire de la Reine, salle où les dames d’honneur lu revêtent de son manteau royal lors des grandes cérémonies. Une des murailles a été décorée par Al. Dyce d’une grande fresque allégorique. » Le porche Normand est ainsi nommé à cause des statues des souverains normands qu’on y a érigées ou qu’on doit y ériger prochainement. La galerie royale est décorée de fresques figurant les Principales scènes de l’histoire anglaise. La salle du Prince, décorée avec une grande splendeur, offre des blasons, des bas-reliefs, des arabesques, une belle statue de la reine Victoria, ’par Gibson, des portraits de rois et de reines peints sur fond d’or. La salle des Lords, éblouissante de dorures, est éclairée par douze grandes fenêtres dont les vitraux représentent les rois et les reines d’Angleterre. On y remarque aussi les sièges des lords disposés en amphithéâtre, le trône de la reine, le fauteuil du prince de Galles, des fresques représentant le Baptême de saint Elhelbert, Édouard III conférant l’ordre de la Jarretière au prince Noir, Henri, prince de Galles, envoyé en prison pour avoir osé résister au juge Gascaigne, l’Esprit de justice, l’Esprit de religion et l’Esprit de chevalerie, et les statues des dix-huit barons députés vers Jean sans Terre pour lui faire signer la