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dans les parties supérieures. On conçoit après tout que Lescot se soit laissé séduire par l’occasion d’employer sur une aussi vaste échelle l’inimitable talent de Goujon, et l’on regretterait qu’il eût montré plus de modération dans l’usage (ju’il en a fait. La disposition, en effet, en est si savante, si harmonieuse, que pour la blâmer il faut presque fermer les yeux et invoquer le raisonnement contre le premier sentiment qu’on éprouve et qui est celui d’une admiration absolue.

On sait que Lescot n’a pas achevé le plan qu’il s’était tracé ; on se demande aujourd’hui si son dessin comprenait toute la cour actuelle ou seulement un quart de cette étendue, qui serait limité au nord-ouest par le pavillon de l’Horloge et au sud-est par la porte du quai. Nous pensons qu’un examen même superficiel de l’état des lieux suffit pour démontrer que le plan de Lescot comprenait tout le développement, actuel des bâtiments ; il est regrettable seulement que les continuateurs de son œuvre, reculant sans doute devant l’énormiié de la-dépense, n’aient pas ■ cru devoir accepter pour l’exécution l’admirable modèle qu’il leur, avait laissé.

François I»r fm enthousiasmé de l’œuvre de Lescot. Il le récompensa en le faisant chanoine de l’église métropolitaine de Paris, abbé de Clermont, conseiller du roi, titre qu’il conserva sous les trois successeurs de ce prince. Il n’était pas abbé de Clagny, comme on pourrait le croire d’après le litre qu’on lui donne généralement, mais il possédait prés de Versailles la seigneurie de Clagny, dont le nom, joint à son titro d’abbé, a donné lieu à cette confusion.

LESCOT (Simon), chirurgien français, né à Pans au commencement, du xvite siècle, mort a Gênes en 1690. Il devint un des plus habiles dissecteurs de son temps et introduisit en France l’ait des injections d’après la méthode de Swammerdam, a l’aide de la cire et des liquides coiorés, pour démontrer la distribution des artères, des veines et des autres vaisseaux du corps humain. Sa réputation comme opérateur devint telle en Europe que la ville de Gênes lui offrit des appointements considérables pour qu’il acceptât les fonctions do chirurgien en chef de son grand hôpital. Lescot acquiesça k la proposition « a se rendit à Gênes, où il assista au bombardement de la cité par les Français en 16S4. t)n ne connaît de lui qu’une Dissertation sur la myologie, insérée dans le Begnum animale d’Emmanuel Kônig (Bâle, 16S2, in-4»).

LESCOT (Sara), comédienne française, née en 175S, morte en 1851. Après avoir brillé sur les théâtres de Versailles et de Rouen, elle débuta k la Comédie Italienne en 1780, dans le rôle de Belinde, de la Colonie. Encouragée par les bravos du public, la nouvelle venue joua ensuite Clémentine, du Magnifique ; Cécile, de la liosière de Salency ; Sophie, de Tom Jones, etc. Elle eut dans tous ces rôles le plus brillant succès et elle plut également par le charme de sa voix, par sa sensibilité, la décence de son maintien et la vérité de son jeu. Bientôt en butte k la jalousie de ses camarades, Sara Lescot quitta la Comédie-Italienne et prit un engagement au théâtre du Vaudeville, où elle donna toute la mesure de son talent. Elle a contribué aux plus éclatants triomphes de ce théâtre et s’est fait applaudir ensuite aux Variétés. M"" Lescot était, do plus, une femme instruite et bien élevée, qualités qui aident à la réputation d’une artiste.

LESCOT (Antoinette-Cécitc-Hortense Haudhbouhg, dame), femme peintre française. V. Haudkbourg.

LESCUN, village et commune de France (Basses-Pyrénées), canton d’Accous, arrond. et à 33 kilom, S. d’Oloron, sur le sommet d’un plateau au-dessus du gave de Lescun ; 1,458 hab. Lescun, village frontière, communique avec la ville espagnole d’Anso par le port d’Anso. On y voit une belle église gothique, et, à- l’E. du village, une belle cascade. Aux environs, eaux thermales et bains rustiques de Luùérou. Ce village possédait autrefois le titre de baronilie ; on y battait monnaie au moyen âge,

LESCUN (Odet d’Aydib, sire de), homme d’État français du xve siècle, favori du duc de Guyenne, puis du duc de Bretagne, mort en 1438. Il joua un rôle important dans la ligue du Bien public et dans les luttes du roi et des princes. Vendu à Louis XI, pour lequel il trahissait les princes auxquels il était attaché, il fut récompensé de sa trahison par des titres honorifiques, des dignités et des pensions.

LESCUN (Thomas de Foix, seigneur de), maréchal de France, né en Béarn, mort à Milairen 1525. Il se distingua dans les guerres d’Italie, et fut nommé en 1515 maréchal de France par François Ier. En l’absence de son fière Lautreo, il gouverna le Milanais, mais il s’en ht chasser par suite de ses exactions et de sa tyrannie. Assiégé dans Crémone, après la perte de la bataille de La Bicoque, Lescun signa une convention pur laquelle il s’engageait à évacuer la Louibardie s’il n’était secouru avant quarante jours, et fit ainsi perdre toute l’Italie aux Français. Il racheta sa faute en combattant vaillamment à la bataille de Pavie (1525), reçut un coup de feu dans le bas-ventre et mourut cinq jours après.

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LESCUN (Jean-Paul de), jurisconsulte fran-’ çais, conseiller d’État du roi de Navarre, mort à Bordeaux en 1622. Lorsque l’assemblée du clergé de France eut fait croire à Louis XIII que les catholiques du Béarn étaient plus maltraités par les protestants que les chrétiens ne l’étaient par les Turcs, le roi ordonna (25 juin 1617) le rétablissement du catholicisme dans le Béarn. Les états béarnais protestèrent, et Lescun porta leurs doléances au pied du trône, doléances inutiles. Le Béarn n’avait plus d’autre voie que celle de la résistance, et il résista, s’appuyant sur ce fait incontestable, que la principauté béarnaise dépendait de la Navarre, et non de la France. Lescun l’établit péremptoirement dans son Apologie des Églises réformées de l’obéissance du roi et des états de la souveraineté de Béarn, pour justifier les oppositions par eux formées contre l’exécution de la mainlevée des biens ecclésiastiques de ladite souveraineté’, etc. (Orthez, 1618, in-8o), Les choses restèrent en suspens jusqu’en 1620. Louis XI il, résolu d’en finir, fit passer une armée dans le Béarn. Lescun, qui s’était enfui k Montauban, fut dépouillé de sa charge de conseiller, et le parlement de Pau lança contre lui une sentence dont la rigueur le rendit encore plus cher k ses coreligionnaires. Ils lui donnèrent un témoignage de leur reconnaissance en l’appelant k la présidence de l’assemblée tenue à La Rochelle eu 1621. Mais il eut le malheur de tomber entre les mains de ses ennemis. Le parlement de Bordeaux le condamna, comme criminel de lèse-majesté, à avoir la tête tranchée. Le 18 mai 1622, il fut conduit au supplice sur une claie, avec cet écriteau : Criminel de lèse-majesté et président de l’assemblée de La Jtoclielte. En outre, sa postérité fut déclarée ignoble, ses biens furent confisqués’ et sa tête resta exposée sur la porte de Royan.

Outre l’apologie déjà citée, on a de" lui : Généalogie des souverains seigneurs du Béarn (Paris, 1616, in-4o) ; Avis d’un gentilhomme de Gascogne à MM. des états généraux du royaume de Navarre, etc. (Paris, 1617, in-8»J ; Mémoires de Jean-Paul de Lescun sur les Oppositions aux poursuites des étéques d’Oléron et de Lescar (Paris, 1617, in-8oj ; Demandes des Églises réformées du royaume de Navarre (Paris, 161S, in-8o) ; Défense contre les impostures, faussetés et calomnies publiées contre le service du roi et de la souveraineté de Béarn (Orthez, 1619, in-S0) ; la Persécution des Églises du Béarn (Montauban, 1G20, in-8o) ; Calamité des Églises du Béarn (La Rochelle, 1621, in-8o).

LESCURE, bourg et commune de France (Tarn), canton, arrond. et k 6 kilom. N.-E. d’Aibi, sur la rive droite du Tarn ; pop, aggl., 432 hab. — pop. tôt., 2,019 hab, On y voit les vestiges d’un ancien château, qui appartint au pape Sylvestre II et à ses successeurs ; la chapelle bien conservée sert d’église paroissiale ; on y voit aussi des restes de remparts avec une porte et une tour garnie de mâchecoulis. Lescure avait autrefois le titre de marquisat.

LESCURE (Louis-Marie, marquis dis), chef d’insurgés vendéens, né en 1766, mort en 1793. Sorti k seize ans de l’École militaire, il se retira dans sa famille après le retour de Vareimes et suivit les gentilshommes du Poitou dans leur fuite à l’étranger. Il revint bientôt k Paris et ne tarda pas à se réfugier dans son château de Clisson. Lorsque la Vendée, poussée par les prêtres et par les nobles, se mit en état de révolte, Lescure devint un des principaux chefs des insurges ; il battit les républicains à Thouars, k Fontenay, et s’empara de Saumur. L’armée vendéenne s’étant dissoute après une attaque infructueuse sur Nantes, Lescure se rendit dans le Bocage et établit son quartier général kBussière, où La Rochejucquelein vint opérer sa jonction avec lui. Chassé de Bussière par Westermann, il prit sa revanche k Tiffauges. Blessé k mort au combat de La Treinblaye, il fut porté à la suite de l’armée vendéenne battue k Cholet et.en retraite sur la Loire, et il expira dans une marche entre Ernée et Fougères.

LESCUREL (Jehannot du), poSte français qui vivait antérieurement au xtve siècle. On ne sait rien de la vie de ce chansonnier, dont on a découvert depuis peu d’années ; es poésies, publiées sous le titre de Chansons, ballades et rondeaux (Paris, 1855, in-16). Elles ne manquent ni d’élégance ni de naturel ; le premier couplet de chaque chanson est accompagné de la musique. Elles sont restées longtemps inconnues, parce qu’elles n’occupaient que quelques feuillets servant d’annexé au roman manuscrit de Fanael (n<> 6,812 de la Bibliothèque nationale). Ce manuscrit est du xive siècle. Le sujet et le motif des poésies de Lescurel sont d’ordinaire légers ou insignifiants ; mais leur forme a une pureté, une élégance de style remarquables. Lescurel est k coup sûr le père littéraire de Charles d’Orléans.

LESCZYNSKI ou LECZYNSKI, roi de Pologne. V. Stanislas.

LESD1GU1ÈRES, hameau de France (Hautes-Alpes), commune du Glaisil, arrond. et k 24 kilom. N.-O. du Gap ; 13S hab. Il fut érigé en duché-pairie en 1611. On voit encore quelques restes de son ancien château (v. Glaizil).

Le«disuière ((CHÂTEAU et SEIGNEURIE DE).

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Le château de Lesdiguières, situé près da Vizille, dans le département de l’Isère, est un vaste et bel édifice, auquel on arrive par un escalier monumental conduisant à une porte majestueuse, dont le style rappelle le goût de la Renaissance. Deux colonnes d’ordre toscan encadrent l’ouverture, surmontée d’un fronton dont le tympan renferme encore un bas-relief de bronze : c’est le portrait équestre du connétable de Lesdiguières, cuirassé, le bâton de commandement à la main. Au-dessus de cette image colossale se lisait jadis une inscription assez longue, d’où se détachent encore deux mots er une date : Anno jETATIS lxxviii. Le connétable avait donc soixante-dix-huit ans lorsque le stalunire le représenta ainsi au-dessus de l’entrée de son château. Aujourd’hui, au lieu du connétable et de ses gentilshommes, les murs abritent une population d’ouvriers ; le château de Lesdiguières est une fabrique d’impression sur soie, dirigée par M. Revilliod, maire de Vizille. On si peine à reconnaître la grande salle où le connétable de France rendait haute et basse justice, et le jeu de paume où les états du Dauphins, avant-garde de l’Assemblée nationale, firent entendre les premiers la

frande voix de la Révolution française. Ces eux grandes salles sont aujourd’hui coupées par des cloisons. La grande pièce d’eau naturelle décore encore le parc du château. Un Souvenir funèbre se rattache k cette pièce d’eau : elle est réputée de temps immémorial pour ses truites ; le connétable, qui en était friand, avait chargé un serviteur spécial de les pêcher pour la fable ducale ; or, un jour il surprit le pauvre diable en train d’en dérober une pour sa propre consommation. Lesdiguières fit trancher la tête du coupable, et par son ordre on sculpta, sur la pierre même qui avait servi de billot, un bas-relief d’une éloquente et terrible simplicité, une tète d’homme et un poisson. Cette pierre existe encore intacte, comme un monument de la façon dont on entendait la justice dans ces temps que quelques-uns osent encore regretter.

La seigneurie de Lesdiguières, qui appartenait anciennement k la famille de Bonne, fut unie k la terre de Champsaur et érigée en duché-pairie en faveur de François de Bonne, maréchal et connétable de France, par lettres du roi Louis XIII du mois de mai 1611. Le connétable de Lesdiguières, mort en 1626, ne laissa que des filles dont deux, Madeleine et Françoise de Bonne, épousèrent successivement Charles de Blanchefort, sire de Créquy, prince de Poix, également maréchal de France, en faveur de qui l’érection de ce duché-pairie fut confirmée pard’autres lettres de l’an 1619. François, le fils aîné de ce Charles de Blanchefort, fut substitué aux nom et- armes de Bonne, et hérita du duché de Lesdiguières. Il eut François-Emmanuel, duc de Lesdiguières, gouverneur du Dauphiné. Celui-ci eut k son tour Jean-François-Pau ! , duc de Lesdiguières, brigadier des armées, mort sans enfants en 1703. Le duchépairie de Lesdiguières passa alors k Alphonse de Créquy, comte de Uanaples, fils puîné de Charles.de Créquy, qui était lui-même fils puîné du maréchal de Créquy-Lesdiguières, gendre du connétable Bonne de Lesdiguières. Alphonse de Créquy mourut sans postérité en 1711. La famille de Lesdiguières se trour vaut alors éteinte, le duché fut acquis, moyennant finance, par Camille d’iiostun de La Baume, comte de Tullart, maréchal de France, en 1719.

LESD1GU1ÈKES (François DE BONNE, duc

de), maréchal et connétable de France, né k Sain t-Bonnet-de-Champsaur (Hautes-Alpes) en 1543, mort k Valence en 1627. Issu d une famille d’assez pauvres gentilshommes de la vallée de Champsaur, il se faisait appeler d’abord De» Diguicrea, du nom de sa seigneurie, le petit village des Diguières, mais il le changea en celui de Lcidignioro» que l’histoire lui a conservé. Destiné k la carrière du barreau, il avait fait ses humanités à Avignon et s’était rendu de lk k Paris, où il se livrait k l’étude du droit, quand la mort d’un oncle, qui faisait les frais de son éducation, le contraignit k entrer comme simple archer dans la compagnie d’ordonnance de M. de Gordes, lieutenant du roi en Dauphiné. Lesdiguières était alors catholique ; mais le redoutable baron des Adrets ayant soulevé les profestants de la province et s’étant mis k leur tête, il embrassa avec empressement la foi nouvelle, qu’un de ses précepteurs lui avait inculquée, et courut grossir la troupe du capitaine Furmeyer, qui le nomma enseigne de la colonelle et lui fit faire ses premières armes au siège de Sisteron. Bientôt après, il marcha au secours de Grenoble assiégéiar Maguiron, chef catholique, et se distingua dans la bataille qui délivra cette ville. En 1563, il participa à la prise de Romette et contribua k la défaite des secours dirigés sur cette place par la garnison de Gap. Deux années après (1565), nommé chef des protestants du Champsaur, il s’empara-de Corps et alla ensuite secourir ses coreligionnaires de Pont-Saint-Esprit.

En 1569, il était avec les troupes qui allèrent en Guyenne sous les ordres de Crussol, combattit il Jaruac, k Moncontour, puis rentra en Dauphiné sous la conduite de Mombrun. En 1572, il se trouvait k Paris, k l’occasion des noces de Henri de Navarre, et il faillit être enveloppé dans le massacre de

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la Saint-Barthélémy. Prévenu à temps, 11 reprit en toute hâte le chemin des Alpes. A peine arrivé, il reconquit les places d’Ambel, de Mens et de Corps sur les catholiques, qui avaient mis k profit son absence. En 1573, Lesdiguières délivra Freissinières, que bloquait Bonrepos, puis culbuta les catholiques de Gap qui avaient fait une sortie. L’année suivante, nous le voyons servir sous Montbrun, combattre avec succès à Vif et à La Mure, s’emparer du château de La Roche et ravitailler Livron assiégé par le roi Henri III, En 1575, il guerroya dans le Diois, assiégea Châtillon, combattit au pont d’Oreille et se trouva k cette malheureuse affaire du pont de Blacons où Montbrun fut pris. Lesdiguières rallia les débris de la petite armée protestante et se jeta dans les montagnes, où il continua la guerre en reprenant Ambel et Corps,

Montbrun ayant été exécuté, les officiers protestants se disputèrent le commandement supérieur. Lesdiguières fut nommé, mais l’anarchie causée par les divisions des réformés fut favorable au duc de Mayenne et fit perdre aux protestants quelques places, notamment La Mure. Pendant la paix de trois ans imposée par Mayenne, Lesdiguières, toujours vigilant et actif, fortifia les places de sûreté qui lui avaient été données, puis il alla en 1584 k Montauban, pour s’entendre avec le roi de Navarre. Celui-ci lui ayant envoyé, l’année suivante, la moitié d’un écu d’or, signal convenu pour la reprise des hostilités, il prit successivement Chorges, Montélimart, Châtillon, Aix, Montmaur, Embrun, et en 1586 s’empara de Sainte-Jalle, de Mirabel, et dégagea, en Provence, le baron d’Allemagne, bloqué dans son château.

À la mort de Henri III, Lesdiguières et d’Oinano, lieutenant général en Dauphiné, s’unirent contre la Ligue, dont le principal foyer était Grenoble ; ils s’empurèrent ensemble île différentes localités sises autour de la ville. Plus tard, après le départ d’Ornano, Lesdiguières prit Morestel, ensuite Briançon, puis il envahit, par Barcelonnette, les États.du duc de Savoie et lui enleva plusieurs forts. Il termina cette excursion en faisant assassiner La Gazette, dernier soutien de ia Ligue dans ces montagnes. Entré k Grenoble par surprise, il y proclama l’autorité royale, prit de sages mesures pour la sûreté des personnes et des propriétés, enfin se concilia l’estime et la confiance de ses adversaires les plus ardents. Il se montra doux et clément envers ses ennemis, notamment envers l’archevêque d’Embrun, Guillaume d’Avançon, ’qui avait trempé dans plusieurs complots contre sa vie. Il s’occupa de pourvoir k la sûreté de Grenoble en faisant construire la forteresse formidable qui domine la ville. Ces travaux terminés, il se tourna de nouveau contre le duc de Savoie, dernier appui de la Ligue en Dauphiné, lui enleva le fort des Echelles (2 et 4 mars 1591), puis passa en Provence où les troupes du même prince, réunies k celles de la Ligue, pressaient vivement Lavalette. Il battit le lieutenant général Martinengue. Après quelques autres affaires heureuses, Lesdiguières revint en hâte dans le Graisivaudan. alors ravagé par Amédée, bâtard de Savoie, et par Olivarez, général espagnol, qui commandaient des forces imposantes. Le général dauphinois, bien qu’il n’eût k sa disposition que 0,000 hommes, n’hésita pas cependant à leur offrir le combat, et les délit près du village de Pontcharra.

Chargé par Henri IV d’envahir les États du duc de Savoie, afin de contraindre ce prince k se retirer de la Provence et k restituer le marquisat de Saluées, il franchit le mont Genèvre le 25 septembre 1592, battit le duc k Vigan (4 octobre), kGrésilliane (22 novembre), et lui enleva plusieurs places. En 1593, les Savoisiens prirent l’offensive et lui enlevèrent le fort d’Exillez ; mais il remporta sur eux un avantage considérable à Salbertrand (7 juin) et leur tua leur général Don Rodrigue. Ce succès amena une trêve (31 août) ; mais elle fut.de courte durée, et Lesdiguières eut encore k lutter contre le duc de Savoie. Moins heureux cette fois, il dut battre en retraite et se replier sur Sezanne et Briançon,

Henri IV manda k Paris Lesdiguières en 1597 et lui donna le commandement de l’expédition projetée contre le duc de Savoie. Lesdiguières dut équiper kses frais 6,000 fantassins et C00 hommes de cavalerie. Ce fut k la tète de cette faible armée qu’il envahit la province de Maurienne, où il prit successivement Saint-Jean, La Rochelle, Chamousset, Aiguebelle et Leuille. Attaqué vigoureusement aux Molettes par le duc de Savoie, il se maintint dans cette position. Le commandant ennemi se retira et tenta une diversion dans le Graisivaudan. Un épisode montrera dans tout son jour le sang-frdid de Lesdiguières. Le duc de Savoie faisait, construire le fort de Barrau sur les terres de France, k la vue de nos troupes, sans que le connétable inquiétât l’ennemi, et les officiera français murmuraient contre l’inaction de leur chef. Plainte fut même portée au roi, qui demanda des explications. » Votre Majesté, répondit Lesdiguières à Henri IV, a besoin d une bonne forteresse pour tenir en bride celle de Montinélian. Puisque le duc de Savoie en veut faire la dépense, il faut le laisser faire. Dès que la place sera suffisamment garnie, je me charge de la prendre. »