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LOGH

fausse gloire, fausse grandeur

Logent partout le faux honneur.

Panaud.

Loger le diable dans sa bourse, N’y rien loger du tout, n’avoir point d’argent.

Un homme n’ayant plus ni crédit ni ressource, Et logeant le diable en sa bourse,

C’est-à-dire n’y logeant rien

La Fontaine.

— Absol. Offrir des logements pour de l’argent aux personnes qui n’ont pas de logement a elles, ou qui sont loin de cheï elles : On ne loge pas dans cet hôtel. LogeW-oa ici ?

Ici, on loge à pied et à cheval, Inscription que portent certaines auberges, pour indiquer qu’il y a des écuries pour les chevaux aussi bien que des logements pour les personnes.

Se loger v. pr. Prendre un logement, s’établir pour habiter : Se loger au quatrième. Mais mot, grâce au destin, qui n’ai ni feu ni lieu, Je me loge où je puis et comme il plaît à Dieu.

Boileau.

Il Trouver, se procurer un logement : Se loger à grands frais. On a peine à se loger à Paris, bien que les logements n’y manquent pas. En province, et surtout dans les petites villes, où chacun possède sa maison’, il est assez difficile de se loger. (Balz.)

— Se préparer, se construire une habitation -. Il s’est superbement loge pour cinquante mille francs.

— Par anal. S’établir pour demeurer, en parlant d’un animal : Le lapin se logb dans un terrier, le lièore dans un gîte.

— Par ext, Pénétrer, en parlant d’un projectile : La balle s’était logée entre les muscles de ta cuisse. Il S’égarer, être lancé par mégarde dans un lieu de difficile accès : Ce chapeau, emporté par le vent, s’est logé au milieu des branches.

— Fig. S’établir, se fixer, prendre pied : Quelque soin que j’aie pris d’écarter celle idée, je vois qu’elle se loge dans beaucoup de têtes. (Volt.) h Se trouver, se rencontrer : Où va se loger ta vanité de métier ? (Scribe.) La cruauté SE loge de préférence dans les têtes vides. (E. de Gir.)

— Art mil. S’établir’de vive force : Se loger dans les bastions de l’ennemi.

LOGES (Marie Bruneau des), femme célèbre. V. Desloges.

LOGETTE s. f. (lo-jè-ta— dimin. de loge). Petite loge, petite habitation ou petit logement d’une seule pièce isolée : Jehan frappa dans ses mains. Dédiable ! voilà une magnifique occasion de voir la fameuse logette aux sorcelleries. (V. Hugo.)

— Petite loge de théâtre : Je montais dans un fiacre, et j’allais me blottir dans ma logette du théâtre. (G. Sand.)

— Mar. Logette d’habitacle, Espace compris sous le rebord de la dunette, où l’officier de quart se tient à l’abri de la pluie : Lorsque l’amiral parut sur la dunette, le pilote s’éloigna après l’avoir respectueusement salué, et alla s’établir dans la logette de l’habitacle. (E. Sue.). *

— Bot. Petite loge d’une anthère de synanthérée,

LOGEUR, EUSE s. (lo-jeur. èu-ze — rad. loger). Personne qui tient des logements garnis : Logeur en garni. Logeur o la nuit.

— Encycl. Administ. V. aubergiste.

LOGFIA s. m. (logh-fi-a — anagramme du lat. filage). Bot. Genre de plantes, de la famille des composées, tribu des gnaphaliées, formé aux dépens du genre filago, et dont l’espèce type croit en France.

LOGGAN (David), graveur anglais, né à Dantzig en 1630, mort en 1593. On le croit élève de Crispin de Sass et de Hondius. Il vint en Angleterre, fut chargé de dessiner les bâtiments des universités d’Oxford et de Cambridge, et perdit la vue, dit-on, à reproduire les détails de la chapelle du collège du. roi. On cite de lui : Charles II ; le Voyageur Chardin ; Thomas Muller ; le Duc de Al ontmouth ; Lord Stafford ; Habitus academicorum Oxonis ; Oxonia illustraia ; Cantabrigia itlustrata.

LOGHMAN, LAGHMAN ou LOUGHMAN,

prov. de l’Afghanistan, entre celles de Caboul à l’O., de Djelalabad au S. et à l’E., et de l’Indoustan-Keho au N. ; 900,000 hab. ; villes principales : Dir, ’ Batchaour. Le Caboul et le Kameh, qui appartiennent au bassin du Sind, en sont les principales rivières. Le climat, très-chaud dans les plaines et les vallées, est extrêmement froid sur les montagnes, dont plusieurs sont couvertes de neiges perpétuelles. Il y a dans cette province plusieurs parties agréables et fertiles ; on vante surtout la beauté de la vallée du Haut-Souat. Les forêts sont peuplées de hêtres, de chênes, de noisetiers, d’oliviers sauvages-, le froment, l’orge, le riz, le maïs, le tabac et le coton sont les principales productions des plaines. Il y a de grus pâturages qui nourrissent de nombreux troupeaux de bœufs et de buffles. Des tigres, des léopards, des loups, des ours et des nyènes se rencontrent dans les forêts.

LOGHÛUSE s. f. (lo-gaou-ze — de l’angl. log, bûche, tronc d’arbre ; house, maison).

LOGI

Sorte de cabane ou de logement provisoire en écorco d’arbre, sans fenêtre, que se construisaient les colons dans les États-Unis :

D’uutres colons remplacèrent les loghouses par des maisoiis en planches. (M.-Brun.)

LOGIAIRE s. m. (lo-ji-è-re — rad. loger). Employé qui, au moyen âge, était chargé de percevoir les droits d’entrée dans les ports.

LOGICIEN, 1ENNE s. (lo-ji-si-ain, i-è-nerad. logique). Personne qui connaît la logique ou qui s’occupe de logique : Les logiciens distinguent l association des idées de leur synthèse. (Proudh.) Jamais il ne fut peut-être un esprit plus sage, plus méthodique, un logicien plus exact que Locke. (Volt.) Il Personne qui raisonne avec une grande justesse : Le logicien, dans jRousseau, n’abandonne jamais l’écrivain. (V. Cousin.) Vous vous montrez bon logicien, parce que vous ne syltogisez plus. (Proudh.) Il Personne qui raisonne pour convaincre : Les LOGtciENs de la parole, qu’il ne faut pas confondre avec les logiciens de la presse, doivent être plutôt abondants que concis, plutôt pressés que serrés. (Cormen.)

— Enseignem. Élève de la classe de logique : Les logiciens passent l’examen du baccalauréat à la fin de leur année.

— Antiq. Nom donné à des médecins qui voulaient arriver à la connaissance des maladies, à l’aide du seul raisonnement : Ménécrale, médecin du temps de Tibère, a été l’un des plus célèbres logiciens.

— Adjectiv. Qui raisonne avec justesse : Vous n êtes guère logicien. Le peuple-français est le plus logicien de tous les peuples. (Proudh.)

LOG1ER (Jean-Bernard), musicien allemand d’origine française, né en 1730, mort en 1846. Il est l’inventeur du chiroplaste, instrument adapté au piano et a l’orgue, et qui servait à assujettir les mains dans la position qu’elles doivent occuper pour jouer avec sûreté.et précision. Cette découverte, aujourd’hui tombée dans un juste oubli., jouit vers 18E5 d’une vogue extraordinaire, et donna naissance à une polémique qui partagea toute l’Europe musicale. L’auteur gagua une belle fortune à l’exploitation de son système d’éducation des mains, et ce fut le seul côté utile de son invention. On lui doit, entre autres ouvrages : Nouveau système d’enseignement musical ou Traité de composition (Paris, 1827, in-io),

LOGIES s. f. pi. (lo-ji). Coût. anc. Droit perçu annuellement par le roi sur chaque prévôté du Poitou.

LOGIQUE adj. (lo-ji-ke — gr. logikos ; de logos, discours, raison). Philos. Déduit selon les formes légitimes du raisonnement : Argumentation logique. Conclusion logique. La construction du français est logique, diatonique. (Castil-Blaze.) Toutes les fois que les grammairiens ont essayé, de dessein prémédité, de réformer une langue, ils n’ont réussi qu’à la rendre lourde, sans expression et souvent moins logique que le plus humble patois. (Renan.) n Dérivé de la raison ou établi par la raison. Il Dans la philosophie allemande, Suggéré par la raison pure.

— Par ext. Qui raisonne avec justesse : Un esprit logique. L’esprit français est logique de sa nature ; il se trompe rarement sur te fond des choses. (T. Delord.)

— Par ext. Naturel, fondé sur la nature ou la vérité des choses : Conséquence logique. Ordre logique. Le fatalisme est la conséquence logiq’ue de toute doctrine anthropomorphique ou panthéiste. (Colins.)

— Gramm. Analyse logique, Celle qui étudie la nature des propositions, en distingue les parties essentielles et s’attache à spécifier le rôle que jouent les mots dans l’expression de la pensée.

— s. f. Philos. Science du raisonnement, qui expose la voie suivie par l’esprit dans la production du syllogisme : liègles de la logique. Traité de logique. Apprendre, étudier la logique. Suivre un cours de logique. La logiquu nous apprend l’usage que nous devons faire de notre raison dans la recherche de la vérité. (Volt.) La logique ne peut rien quand elle sort de sa sphère. (B. Const.) La logique que l’on enseigne dans nos écoles est à peine l’ombre d’une science raisonnable. (Lamenn.) Le principe de toute logique est de ne pas disputer des principes. (V. Cousin.) Le commerçant est convaincu que la logique est l’art de prouver à volonté le vrai et le faux. (Proudh.) Il y aune science des sciences : c’est cette science qu on appelle logique. (Henri Taine.)

— Dans le système des platoniciens. Logique absolue ou apodictique, Partie de la logique qui a rapport aux idées et procure la certitude, il Logique imparfaite ou enthymématique, Celle qui n’a rapport qu’aux objets individuels. Il Logique probable ou épichérématique, Celle qui a rapport aux notions intermédiaires entre les sensations et les idées.

— Par ext. Sens droit, justesse de raisonnement, suite et liaison dans les idées : Avoir beaucoup de logique. Manquer complètement de logique. J.-J. Itousseau a l’éloquence vraie de la logique et de la passion, (V. Cousin.) Qu’importe d’avoir contre soi la calomnie lorsqu’on a pour soi la logique ? La calomnie passe, la logIque reste. (E. de Gir.)

— Par anal. Manière de raisonner particulière a quelqu’un ; liaison de ses idées : Unesin-

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gulière looique. Chercher dans un bienfait un motif intéressé, c’est la logique des ingrats. (Acad.) Du triomphe de la logique populaire il n’y a rien à craindre. (F, de Gir.) n Manière dont certaines idées, certains faits, certains sentiments sont liés entre eux, dépendent ou découlent l’un de l’autre : La logique des faits est irrésistible, La logiqub des passions est plus impitoyable que celle de la raison. L’initiation spontanée est la vraie logique de la nature. (V. Cousin.) La passion a sa logique, plus serrée, plus entraînante encore que le raisonnement. (Cormen.) Inflexible dans sa logique, la guerre ne faut pas, dans l’application, à ses propres maximes. (Proudh.) La logique des hommes peut plier ; la logique des choses ne plie pas. (E. de Gir.)

— Loc. fam. Avoir oublié sa logique, Raisonner avec peu de justesse : Mon ami, vous avez oublié votre logique, il Donner des leçons de logique à quelqu’un, Redresser les faux raisonnements auxquels il se livre : Ah ! là ; si je donnais encore des leçons de logique à ma jolie cousine, comme je me moquerais d’elle ! (Stendhal.)

— Philol. Traité de logique : La Logique de Port-Royal.

— Enseignem. Classe qui couronnait naguère les études universitaires et qui avait remplacé la philosophie : Les élèves de logique. La classe de logique.,

— Syn. Logique, dialectique. V. DIALECTIQUE.

— Encycl. La première question qu’il y ait a se poser, au sujet de la logique, est celle de savoir si elle est une science ou un art. Cette question de la nature de la logique a été discutée par la philosophie tout entière : les stoïciens, les épicuriens l’ont agitée avec l’Académie pendant près de deux siècles, comme un problème capital, et, en effet, il en est peu de plus graves ; car il n’y a pas de plus grand intérêt pour l’homme que de trouver la vérité : existe-t-il un art de la trouver et la logique est-elle cet art ? L’esprit humain est-il capable de certitude, et par quels procédés peut-il y parvenir ? L’ensemble de ces moyens, s’ils existent, ayant reçu le nom de logique, la logique sera un art, un art supposant une science, bien entendu, c’est-à-dire la connaissance de ses principes et de ses procédés. En faire à la fois une science et un art, c’est en faire un art. Si la logique est une pure science, elle se bornera à la connaissance des faits, à la constatation de ce qui est, elle ne fera que décrire la marche naturelle, d’ailleurs légitime ou non, de l’entendement humain ; si elle est un art, elle devra, en outre, enseigner à faire, elle devra montrer ce qu’il faut faire, régler la pratique, diriger la marche de l’entendement.

La logique, selon nous, n’est que la science du raisonnement. L’O^anoiid’Aristote est une savante étude des voies que suit l’esprit dans la recherche du vrai, mais il n’a pu conduire directement à la découverte d’aucune vérité. Nous disons directement, à cause de la pénétration qu’acquiert nécessairement l’âme

en réfléchissant sur elle-même, ce qui la conduit d’une façon indirecte à la découverte du vrai. En un mot, pour faire comprendre notre pensée par une comparaison qui nous frappe, la logique est la physiologie du raisonnement ; et, pas plus que la physiologie

n’enseigne au cœur la manière de battre, aux poumons l’art de respirer, la logique n’apprend à l’esprit l’art de raisonner. Ce n’est une raison ni pour mépriser la physiologie ni pour dédaigner la logique.

La logique est donc une science, science sérieuse, science éminemment intéressante, puisqu’elle a pour objet le raisonnement, base nécessaire de toutes les autres sciences.

Le raisonnement, quel qu’il soit, se compose de propositions, et les propositions de termes, d où quatre parties dans la logique : théorie des termes ou catégories : théorie dus propositions ; théorie générale du raisonnement ; théorie de la démonstration. Tels sont les quatre premiers livres de VOrganon d’Aristote, sous ces titres : les Catégories, VHermeneia, les Premiers analytiques et les Derniers analytiques ; tels sont aussi les quatre livres de la Logique de Port-Royal ; Concevoir, Juger, Raisonner, Ordonner. C’est la division naturelle et nécessaire de la logique.

La logique est une science purement rationnelle, et c’est ce qui explique qu’il ait pu être donné à un seul homme de la construire tout entière, de la fondre comme d’un seul jet. Sans doute, -c’est l’œuvre d’une incomparable puissance intellectuelle, et c’est un éternel honneur pour Aristote d’avoir ainsi lui seul créé tout d’une pièce une science de raison ; mais encore fallait-il que la nature même de cette science rendit possible un tel miracle d’intelligence, et qu’elle pût se passer de cette accumulation de faits et d’observations nécessaire à tant d’autres sciences et qui demande le concours des siècles.

Mais une science rationnelle ne peut être que formelle. La raison, isolée de l’expérience, qui fournit à la connaissance sa matière, ne démontre pas : elle constate seulement les formes nécessaires que doit prendre la démonstration. La logique donne comme les cadres où doivent entrer les matériaux do la connaissance humaine, sans avoir à s’enquérir de la nature ni même de l’existence réelle d’aucun d’eux ; aussi a-t-elle été quel LOGI

èéb

quefois définie « la science des lois formelles de la pensée. »

Nous savons bien qu’un grand nombre de philosophes ont voulu faire sortir la logique du rôle purement théorique que nous lui assignons ; mais il convient de l’y faire rentrer, pour ne pas confondre tout. Il est un art qui mène au vrai, mais cet art ne porte pas le nom de logique, il s’appelle la méthode. Quand, le joug du péripatétisme brisé, les novateurs du xva, du xvie et du xvno siècle, les Ramus, les Bacon, les Descartes, prétendirent remplacer l’ancienne logique par une nouvelle, ils se trompèrent, car ils ne substituèrent pas une logique a une logique : ils délaissèrent la logique, science spéculative, pour instituer la méthode, qui est un art pratique.

Nous avons dit qu’Aristote était le fondateur de la logique ; de nos jours, on lui conteste ce mérite, et l’on a dit que la logique avait été fondée dans l’Inde, par Gotama, dont le Nyâya tient, chez Iqs Indiens, à peu près la môme place que chez nous VOrganon d’Aristote. Les religions les plus diverses, les écoles les plus opposées, les sectes les plus ennemies se sont réunies dans l’étude commune d’un ouvrage qui, durant plus de vingt siècles, a pu instruire tour à tour ou tout ensemble brahmanes et bouddhistes, peuples du nord et peuples du midi de la presqu’île, vaincus et vainqueurs. Mais le Nyâya est parfaitement indépendant de VOrganon. Aristote et ■ Gotama ne se doivent rien l’un à l’autre ; si parfois ils rencontrent les mêmes lois du raisonnement, c’est que ces lois ne sont pas une création personnelle, mais un fait nécessaire.

Aristote, à la fin de VOrganon, se vante de n’avoir pas eu de modèles ni de prédécesseurs, et il en a le droit. Platon, par sa Dialectique, lui avait, jusqu’à un certain point, ouvert la voie ; mais cette dialectique répond moins à la science qu’à l’art de la logique, c’est-à-dire à la méthode.

Des six traités, réunis par les commentateurs grecs sous le nom d’Organon, les quatre premiers appartiennent à la logique pure : les deux derniers appartiendraient plutôt a la méthode, ou, si l’on veut, à l’art de la discussion, Aristote s’élève, comme par degrés, des catégories à la proposition, de la proposition au syllogisme, du syllogisme à cette forme parfaite du raisonnement, qui est la démonstration ; après quoi, de la science ainsi constituée, il descend aux applications. Il n’a rien laissé à ajouter à cette science, dont il est le créateur. >

Les disciples d’Aristote continuèrent la tradition du maître ; et même, de son école, l’étude de la logique passa bientôt dans le3 écoles rivales. Les stoïciens surtout la cultivèrent avec ardeur. Ils divisaient la philosophie en trois parties :.la logique, la physique, la morale, donnant la première place à la logique, bien que ce soit à la morale qu’ils aient dû leur principale gloire. Comme ils voulaient faire de la logique un instrument de vérité pour le sage, ils durent y comprendre toute une psychologie et toute une méthode. Les épicuriens changèrent le nom de logique contre celui de canonique, et cherchèrent moins à la compléter qu à la réduire ou à la détruire. Mais enfin la logique, telle qu’Aristote l’avait faite, resta seule maîtresse du terrain, et, dès le règne des Ptolémées, commença, ’ pour ne plus cesser désormais, le goût des études sur l’Organon.

La philosophie latine ne compte pas un loficien proprement dit. Bien que la logiqueAristote fût devenue aussi, chez les Romains, un élément nécessaire des études, elle ne suscita parmi eux qu’un petit nombre d’àbréviateurs, d’ailleurs peu intelligents. Une

traduction de VOrganon, par Boece, accompagnée de commentaires peu clairs et peu précis, fut très-utile au moyen âge.

L’école d’Alexandrie, plongée dans son mysticisme, eut peu de loisir a accorder à la logique. Cependant elle ne la négligea pas complètement, et un disciple de Ploiin, Porphyre, mit aux Catégories n’Aristote une préface exacte et élégante, que la postérité na sépara plus de l’ouvrage même.

L’autorité de VOrganon alla croissant, et devint prépondérante au moyen âge. La

fraude question qu’agita surtout le moyen ge, celle du nominatisme et du réalisme, sans appartenir précisément à la logique, la requérait ; car il était impossible de traiter un peu profondément de la nature métaphysique des universaux sans traiter aussi des mots qui les exprimaient. Abailard essaya d’inaugurer une dialectique qui ne fût plus seulement l’analyse scientifique dos formes de la raison, mais encore une vraie méthode. La connaissance des travaux des Arabes vint augmenter l’empire de la logique et d’Aristote ; la doctrine aristotélique en arriva à partager avec l’Église romaine le souverain pouvoir : VOrganon régna sur les intelligences comme l’Évangile sur les âmes. Il garda cette haute position jusqu’aux temps de Ramus et de Bacon. Quand se fit la réaction contre le moyen âge, on crut que c’était à VOrganon qu’il fallait s’attaquer. Ramus, le premier, en eut l’audace, qu’il paya de sa vie. Bacon tenta de remplacer le syllogisme par l’induction. La logique d’Aristote n’ignora pas l’induction, dont elle donne même la théorie fort exacte et fort claire. La réforme, bien autrement profonde, de Descartes put seule faire oublier l’Organon. Descartes n exv y