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des appréciations et la parfaite connaissance des hommes.

LODIIIANA, LOUDIANAH ou LUDIIEANA,

ville forte de l’Indoustan anglais {Pendjab), sur un bras du Setledge, à 200 kilom. N.-O. de Delhi, à 50 de Sirhind ; par 30" 50’ de ku, N., et par 73« 28’de longit. E. ; 50,000 hab. Fabriques de cachemires. Elle est dans une plaine sablonneuse, exposée, en été, a des vents brûlants, mais où à fait assez froid en hiver ; elle a été presque détruite par les Seikhs en 1846. LODI, ville du royaume d’Italie, prov. et à 31 kilom. S.-E. de Milan, ch.-l. du district ou circonscription (circondario) de son nom, sur la rive droite de l’Adda, par 45u 18’ de latit. N., et 7" 9’ de longit. E. ; 19,562 hab. La circonscription ou arrondissement de Lodi comprend 8 prétures, 112 communes et 107,222 hab. Sa superficie est de 746 kilom. carrés (statistique officielle de 1867). Siège d’un évêché sutfragant de Milan ; deux gymnases, lycée, bibliothèque. Tribunal de lre instance. Filatures de soie, fabriques de faïence et de toiles de lin. C’est sur le territoire fertile de Lodi que se fabrique principalement le fromage improprement appelé parmesan, et le fromage plus délicat nommé sIraccldno. La fausse dénomination de parmesan a été donnée au premier parce que, en effet, les Parmesans et les habitants de Plaisance furent les premiers qui introduisirent ce fromage dans le commerce d’exportntiori. Il n’est pas une seule bicoque sur tout le territoire du Lodésan où l’on ne fabrique de cette sorte de fromage, et c’est pour cette raison qu’on y voit d immenses prairies et d’innombrables troupeaux, de vaches. Lodi fait, en outre, un commerce important de riz, de lin, de blé, de vins ordinaires. Cette ville est agréablement située sur une petite élévation, près de la rivo droite de l’Adda, dont le lit est fort large, et qu’on traverse sur un beau pont de bois ; elle est ceinte d’une muraille percée de quatre portes ; les rues en sont régulières et larges, et les maisons bien bâties. On y voit une vaste place entourée de portiques, plusieurs belles églises, entre autres Ylncoronata, dont Bramante fut l’architecte ; les palais Merlini, Barni, Vescovite et autres. Le château, construit au xve siècle par Ba-rnabo Visconti, a été converti par l’empereur Joseph II en belles casernes, qui peuvent contenir 1,000 cavaliers et 1,600 fantassins, Dans la cour de l’hôpital, on voit réunies plusieurs pierres romaines fort anciennes. Le pont jeté sur l’Adda a acquis une célébrité historique par la fameuse bataille qui s’y livra en 1796, et qui a conservé le nom de bataille du Pont-de-Lodi. Lodi a été le berceau de plusieurs hommes illustres, parmi lesquels nous citerons le vieil historien Morena, les poètes Maphée, Yiguis ot Lencene, le peintre Calixte Piazza, élève remarquable du Titien.

Lodi, fondée en 1158, est quelquefois dér signée sous le nom latin de Laus Pompeia, qui appartient en propre a une autre Lodi appelée la "Vieille (Lodi Vecchio), et distante d’environ 5 kilom. Cette dernière, presque ruinée par les interminables guerres que ; les Romains eurent à soutenir dans ces contrées contre les Gaulois, fut rebâtie par Pompée (Strabon) ; mais elle fut de nouveau détruite dans les guerres successives qu’elle eut a soutenir contre Milan. C’est à l’empereur Frédéric Ier qu’est due la fondation de la ville qui existe aujourd’hui. Dans le moyen âge, Loûi fut successivement gouvernée par les Fissiioghi, les Vistarini et les Vignati ; mais les YUconti de Milan finirent par s’en emparer. En 1416, elle passa sous la domination espagnole, puis enfin sous celle de l’Autriche. Prise par les Français en nue, elle fit partie de la République cisalpine, rdomba sous le joug autrichien jusqu’en 1859, et depuis cette époque elle fait partie du nouveau royaume d’Italie.

En 1101, l’antipape Victor tint, dans cette ville, en présence de l’empereur Frédéric, qui s était prononcé en sa faveur, un concile auquel assistèrent un grand nombre d’èvêques, d’abbés, de prieurs, etc. On y confirma 1 élection de Victor : on y lut des lettres des rois de Danemark, de Norvège et de Hongrie, de six archevêques, de vingt évêques, de quantité d’abbés, même de l’ordre de Clteaux, qui tous reconnaissaient Victor pour pape, et promettaient de ratifier tout ce qu’il ordonnerait en ce concile. On y excommunia les évêques de Plaisance et de Brescia ; on déposa l’évêque de Bologne et on suspendit celui de Padoue ; on priva de ia communion l’archevêque de Milan, Hubert, tous prélats attachés au pape Alexandre.

Lodi (passage nu pont de). Lorsque Bonaparte arriva à l’armée d’Italie, il se trouva à la tête de 30,000 vaillants soldats, mais démoralisés, sans pain, sans vêtements, sans souliers, réduits à une guerre timidement défensive, tandis qu’ils ne demandaient qu’à marcher en avant. Ils allaient trouver dans un jeune général de vingt-sept ans toutes les audaces, tout le génie, toute l’activité que réclamaient leurs aspirations généreuses. Bonaparte, à son arrivée, se vit en face de 90,000 coalisés, Autrichiens et Piémontais. Il commença par se porter, avec la masse de ses forces, au centre de l’armée ennemie, commandée par le général d’Argenteau, le culbuta à Montenotte, puis pénétra dans le Piémont, afin d’anéantir l’armée sarde, aux ordres de Colli, et formant la gauche de l’ar 10m

mée coalisée, dont Beauljeu commandait la droite. À Miljesimo, il sépara définitivement les Autrichiens des Piémontais, écrasa ces derniers à Mondovi, et força la cour de Turin, épouvantée, à conclure l’armistice do Cherasco, qui livrait à Bonaparte les trois places de Com, de Tortone et d’Alexandrie, qui assuraient complètement les derrières de 1 armée française. Bonaparte, après en avoir fini avec les Piémontais, se rabattit avec la rapidité de la foudre sur Beaulieu, traversa le Pô à Plaisance, écrasa la division autrichienne de Liptai à Pizzighitone, en lui faisant 2,000 prisonniers, et résolut de tourner Beaulieu, da lui couper sa retraite en le prévenant au passage des fleuves, et de le forcer ainsi à mettre bas les armes ; mais l’opération n’était pas facile : après avoir traversé le Pô et tourné le Tessin, il lui restait à franchir l’Adda, l’Oglio, le Mincio, l’Adige, et quantité d’autres fleuves qui descendent des Alpes. Bonaparte eut d’abord à passer l’Adda, ce qu’il aurait pu faire sans difficulté à Pizzighilono, si les débris de la division Liptai ne s’étaient jetés dans cette place. En conséquence, il se hâta de remonter le cours du fleuve pour arriver au pont de Lodi avant Beaulieu. Mais le général autrichien y était bien avant lui, avec 12,000 fantassins et 4,000 cavaliers, et il devait être rejoint prochaînement par deux divisions, qui, après

avoir fait un détour sur Milan, revenaient sur l’Adda pour le traverser à Cassano, fort au-dessus de Lodi. Bonaparte comprit aussitôt la nécessité de forcer le passage avant l’arrivée de ces deux divisions, et il prit ses mesures avec la rapidité qui a, depuis, caractérisé tant d’opérations extraordinaires. Le 9 mai (179C), il se trouvait devant Lodi, où il pénétra malgré une vive résistance des Autrichiens, qui se retirèrent alors par le pont et allèrent se réunir au gros de l’armée, établie sur l’autre rive. C’est sur ce pont qu’il fallait passer, en sortant de Lodi, pour franchir l’Adda. Toute l’armée française s’était mise à l’abri du feu derrière les murs de Lodi, attendant ce qu’ordonnerait son général. Bonaparte sort de la ville, parcourt tous les bords du fleuve au milieu d’une grêle de balles et de mitraille, arrête froidement son plan au milieu du feu, et rentre dans Lodi pour le faire exécuter. Mais laissons ici la parole à Bonaparte lui-même.

« Je pensais que le passage du. Pô serait l’opération la plus audacieuse de la campagne, comme la bataille de Millésime l’action ia

Elus vive ; mais j’ai à vous rendre compte de la ataille de Lodi. Monquartiergénéralarrivaà Casai le il mai (1796), à trois heures du matin ; à neuf heures, notre avant - garde rencontra les ennemis défendant les approches de Lodi. J’ordonnai aussitôt à toute la cavalerie de monter à cheval avec quatre pièces d’artillerie légère. Les divisions dès généraux Augereau et Masséna se mirent aussitôt en marche. L’avant-garde, pendant ce temps, culbuta tous les postes ennemis et s’empara d’une pièce de canon. Nous entrâmes dans Lodi, poursuivant les ennemis, qui déjà avaient passé l’Adda sur le pont. Beaulieu, avec toute son armée, était rangé en bataille ; trente pièces de canon de position défendaient le passage du pont. Je fis placer toute mon artillerie en batterie ; la canonnade fut très-vive pendant plusieurs heures. Dès l’instant que l’année fut arrivée, elle se forma en colonne serrée, le second bataillon en tète, et suivi par tous les bataillons de grenadiers ’ au pas de charge et aux cris de Vi’iie la République ! On se présenta sur le pont ; l’ennemi lit un feu terrible ; la tête de la colonne paraissait même hésiter. Un moment d’hésitation eût tout perdu ; les généraux Berthier, Masséna, Cervoni, Dallemagne, le chef de brigade Lannes et le chef de bataillon Dupât le sentirent, so précipitèrent à la tête, et iiêcidèrent le sort, encore balancé. Cette redoutable colonne renversa tout ce qui s’opposa à elle ; toute l’artillerie fut sur-le-champ enlevée, l’ordre de bataille de Beaulieu rompu, et elle sema de tous côtés l’épouvante, la fuite et la mort. Dans un clin d’œil l’armée ennemie fut éparpillée. Les généraux Rusea, Augereau, Bayrand passèrent dès l’arrivée de leurs divisions, et achevèrent de décider la victoire. La cavalerie passa l’Adda à un gué ; ce gué s’étant trouvé extrêmement mauvais, elle éprouva beaucoup de retard) ce qui l’empêcha de donner. La cavalerie ennemie essaya, pour protéger la retraite de l’infanterie, de charger nos troupes ; mais elle ne les trouva pas faciles à épouvanter. Lu nuit survint ; l’extrême fatigue des troupes, dont plusieurs avaient fait, dans la journée, plus do dix lieues, ne permit pas de s’acharner à leur poursuite. Les Autrichiensperdirent 20 pièces de canon, 2,000 à 3,000 hommes morts, blessés et prisonniers, ai j’étais tenu de nommer tous les militaires qui se sont distingués dans cette journée extraordinaire, je serais obligé de nommer tous les carabiniers et grenadiers de l’avant-garde, et presque tous les officiers de l’état-major ; mais je ne dois pas oublier l’intrépide Berthier, qui a été, dans cette journée, canonniér, cavalier et grenadier. Le chef de brigade Sugny, commandant l’artillerie, s’est très - bien conduit. Beaulieu fuit avec les débris de son armée ; il traverse dans ce moment les États de Venise, dont plusieurs villes lui ont fermé leurs portes. Quoique, depuis le commencement de la campagne, nous ayons eu des affaires très-chaudes, et

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qu’il ait fallu que l’armée de la République payât souvent d audace, aucune, cependant, n’approche du terrible passage du pont de Loui. Si nous n’avons perdu que peu de inonde, nous le devons à la promptitude de l’exécution et à l’effet subit qu’ont produit sur l’armée ennemie la masse et les feux redoutables de cette invincible colonne. »

Le Milanais fut le prix de ce glorieux combat, qui exalta au plus haut point le courage de nos soldats et porta au comble leur dévouement pour le général Bonaparte. Le soir même de la bataille, les plus anciens, réunis au bivouac, baptisèrent leur général d’un nom qui devait passer à la postérité. Trouvant plaisamment, après déjà tant et de si brillants succès, qu’il était bien jeune pour commander en chef, ils imaginèrent de lui faire remonter tous les degrés de la hiérarchie militaire, pensant, avec raison, qu’il arriverait encore assez tôt au dernier échelon, et ils le nommèrent caporal d’une seule voix, titre sous lequel il devait rester immortel dans le cœur de ses soldats.

LODI (Ermenegildo), peintre italien, né à Crémone, où il vivait vers 1G1G. On le croit élève de Giovamii-Battista Trutti, surnommé Malossa. Les biographes des peintres italiens qui citent le nom de Lodi avancent qu’il était souvent impossible de distinguer ses peintures d’avec celles de son maître ; et l’on sait que le Malosso était un rival sérieux d’Augustin Carrache,

LODIANA, ville forte de l’Indoustan anglais, dans le Pendjab. V. Lodhiana. v

LOD1BERT (Jean-Antoine-Bonaventure), médecin et chimiste français, né à. Crest (Drôme) en 1772, mort à Paris en 1840. A l’âge de vingt ans, il entra au service on qualité d’élève pharmacien, et n’abandonna lu. carrière militaire qu’en 1835, avec le grade de pharmacien principal, après quarante-trois ans de service actif. Successivement attaché à l’armée du Nord comme élève et comme sous-aide ; aux armées réunies du Nord et de Sambre-et-Meuse ; à l’année d’outre-Rhin, à l’armée de Batavie ; aux hôpitaux militaires de Wesel, d’Utrecht et de Strasbourg, comme pharmacien-major ; au 3» corps de la grande armée pendant la désastreuse campagne da Russie, comme pharmacien principal ; à l’hôpital d’instruction de Lille, comme pharmacien en chef et premier professeur ; à l’armée du Nord en 1845, comme pharmacien en chef, il fut, sous la Restauration, pharmacien en chef, d’abord de l’hôpital du Val-de-Grâce, puis do l’hospice de la Garde, et le gouvernement de Juillet le maintint dans ces dernières fonctions, jusqu’au jour où il fut admis à faire valoir ses droits à la retraite. C’*st durant cette seconde période de sa vie active que Lodibert publia la plupart des intéressants travaux que la science lui doit, et notamment ses Dissertations sur l’emploi de l’eau chlorurée comme moyen d’assainissement des sallesd’Uopilaux ;Sur l’application à tumédecine des vapeurs d’eau, de soufre et de cinabre ; les Notes relatives à la culture de l’asperge et au produit alcoolique du suc des baies ; à l’existence, dans le girofle des Aloluques , d’une matière cristalline qu’on ne retrouve plus dans le girofle de Cayenne. Jusqu’à ce moment, si l’on excepte la part qu’il prit, conjointement avec Theuard et plusieurs officiers de la marine et du génie, à l’examen des eaux auxquelles on attribuait les fièvres meurtrières des troupes campées près de Walcheien, en Zélaiule, ses nombreuses occupations ne lui avaient pas permis d’entreprendre des recherches peu compatibles avec l’activité des camps. Les courts instants de loisir que lui laissait la consciencieuse pratique de ses devoirs, il les employait soit à la lecture des auteurs anciens, soit à celle des ouvrages les plus estimés de physique, de chimie, d’histoire naturelle, et aussi à 1 étude des langues étrangères, dont plusieurs lui étaient devenues familières. À sa mort, Lodibert était membre de la Société-de pharmacie, de la Société Linnéenne de Pans et de l’Académie de Leyde.

LODICULAIRE s. f. (lo-di-ku-lè-re — rad. lodieule). Bot. Syn. d’HÉMARTUUiE, genre de graminées.

LûDlCULE s. f. (lo-di-ku-le— lat, lodieula, dimin. de lodix, couverture). Bot. Ecaille intérieure de la fleur des graminées.

LODI VECCHIO, bourg du royaume d’Italie, province de Milan, district et à 5 kilom. O. de Lodi, bâti sur les ruines de la ville romaine do Laus Ponipeia ; 4,299 hab. Ruines romaines.

LODJER s. m. (Io-djèr). Mar. Sorte de bateau russe qui sert au transport entre la Russie et la Norvège, lors des échanges pratiqués pendant la pèche de la morue.

LODKA s. m. (lod-ka). Gros bateau de cabotage.

LODOÏCÉE 3. m. (lo-do-i-sé). Bot Genre de palmiers, dont l’espèce type, qui croît aux lies Seychelles, est connue sous le nom vulgaire île cocolier des Maldives.

— Encycl. Le lodoïcëe des Seychelles, la seule espèce du genre connue jusqu’à ce jour, est un grand arbre, à tige droite, cylindrique, régulière, qui peut atteindre environ 30 mètres de hauteur ; sa partie extérieure est très-dure, et porte les nombreuses empreintes ou

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cicatrices laissées par la chute successive des feuilles ; l’intérieur est rempli de faisceaux fibro-vasculaires qui se séparent très-facilement. Le sommet de cette tige est couronné par une touffe de feuilles, ovales, très-divisôes au pourtour, plissôes et ouvertes en éventail, atteignant jusqu’à 7 mètres do longueur sur une largeur moitié moindre, portées sur des pétioles d’une longueur presque égale, élargis et membraneux à leur base. Les fleurs sont dioïques et disposées en chatons, ou mieux en régimes, dont la longueur dépasse souvent 1 mètre ; elles présentent un périanthe à six divisions colorées alternant sur deux rangs. Les (leurs mâles sont très-nombreuses, jaunâtres, accompagnées de larges écailles étroitement imbriquées ; elles renferment un grand nombre d’étamines, à filets soudés à la base. Los fleurs femelles ont des folioles trps-épaisses, qui persistent, s’accroissent et finissent par acquérir près de om, 02 de diamètre ; l’ovaire, qui est à peu près do la forme et du volume d’une petite poire, est divisé en trois loges et surmonté d un stigmate trilobé. Un potit nombre seulement de ces ovaires arrive à maturité, ordinairement cinq ou six par régime.

Le fruit est un drupe ovoïde ou arrondi, qui atteint la longueur de o^so, et le poids de 10 à 12 kilogrammes ; il met une année à mûrir, et ne tombe souvent qu’au bout do la troisième ; sa base est entourée par le périanthe persistant et accru. Son péricarpe rappelle pour la couleur et la consistance, mais sous des. dimensions énormes, le brou de la noix. À l’origine, il ren ferme plusieurs noyaux ; mais le plus souvent un seul se développo et prend uno forme singulière ; il se termine par deux grands lobes arrondis ; on peut, pour s’en faire une idée, se figurer deux cocos ordinairosjuxtaposésotsoudés seulement dans la moitié supérieure de leur longueur. Avant la maturité, il renferme jusqu’à trois litres d’un liquide laiteux, agréable à boire quand il est frais, mais qui rancit et se gâte promptement ; plus tard, ce lait passe à 1 état de substance gélaniteuse, blanche, ferme, transparente, très-bonne à manger, mais prompte aussi à s’aigrir. À la maturité complète, l’intérieur du noyau est entièrement rempli par une amande blanche, cornée et tellement dure qu’on peut à peine l’entamer avec un instrument tranchant. Ordinairement on trouve vingt à trente de ces fruits mûrs sur un seul arbre.

La lodoïcëe croit dans l’archipel des Seychelles et habite surtout le voisinage de la mer. Ses énormes fruits sont souvent emportés par les (lots à des distances considérables ; on les a trouvés pour la première fuis sur la côte des Maldives ; do là le nom vulgaire de coco des Maldioes. Comme on ne connaissait ni leur origine ni l’arbre qui les produit, on les regarda d’abord comme provenant d’un arbre sous-marin ; on leur attribua des propriétés médicales merveilleuses. Sa coque, disait-on, résistait à l’action des poisons ; aussi les nababs do l’Inde achetaient-ils ces fruits au poids de l’or, pour en faire dos coupes, dans lesquelles les substances les plus vénéneuses perdaient, à ce qu’on croyait, toutes leurs propriétés délétères.

L’amande passait pour posséder toutes les vertus de la thériaque. Tant qu’elle était à l’état gélatineux, on la croyait propre à ranimer les forces épuisées par les plaisirs de l’amour. Aussi les souverains des Maldives s’ètaient-ils attribué la propriété exclusive de ces fruits ; ils les vendaient à des prix exorbitants, et en envoyaient aux monarques d’Asie, comme le don le plus précieux qu’ils pussent leur faire. On raconte qu’un empereur d’Allemagne, affaibli par des débauches, et voulant plaire à une de ses maîtresses, offrit pour l’un do ces fruits la somme do 4,000 florins d’or (80,000 fr.). Lorsque cette brillante réputation fut tombée, le coco des Maldives ou coco de mer n’en resta pas moins un objet de curiosité fort recherché ; mais, comme le fait naïvement observer V. do Bomare, le prix en a bien baissé aujourd’hui.

Dans le pays natal de ce beau palmier, toutes ses parties reçoivent une destination utile. La tige, fendue et dépouillée des fibres intérieures, sert à faire des conduites d’eau et des palissades autour des jardins et des habitations. Les feuilles, qui sont très-fortes, très-consistantes et très-durables, sont avantageusement employées pour couvrir et entourer les cases. Ou assure qu’une centaine de ces feuilles suffit’pour construire une habitation commode, la couvrir, l’entourer, faire les portes, les fenêtres et les cloisons des chambres ; c’est ainsi que sont établies les habitations dans l’île Praslin. Avec les fibres, on tisse défins chapeaux de dames, des éventails et des ouvrages délicats. Le duvet attaché aux feuilles est employé, en guiss d’ouate, pour garnir les matelas et les oreillers. Quant aux noyaux ou cocos, il servent à faire des vases de formes et d’usages divers ; vidés et percés au sommet, il peuvent contenir jusquà huit litres de liquide ; sciés en deux, ils donnent des tasses et des plats susceptibles du poli le plus brillant. Le lodoïcëe a été naturalisé dans l’Inde et à l’Ile Maurice.

Lodoiska, comédie héroïque en trois actes, paroles de Fillette-Loreaux, musique de Cherubini ; représentée au théâtre Feydeau la 18 juillet 1781. Cet ouvrage remarquable fut accueilli avec enthousiasme par les connais-