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vants de Claudine. Boileau, d’après Charpentier (Carpenteriana), avait prononcé cette phrase : ■ La meilleure action de Linière, en sa vie, fut d’avoir bu toute l’eau d’un bénitier, parce qu’une de ses maîtresses y avoit trempé le bout du doigt. >

On trouve dans une note des additions aux Historiettes de Tallemant des Réaux, une épître inédite de Linière k M°>e la comtesse de La Suze. Cette pièce, reproduite dans un recueil de M. de Monmerqué, est très-curieuse et motiva une réplique de Pinchesne.

Linière mourut âgé de soixante-seize ans, dans une grande pauvreté et fort décrié parmi les gens d’ordre.

Indépendamment de sa fameuse parodie du Cid, dirigée contre Chapelain, parodie attribuée k Boileau et à Furetières, et revendiquée par Charpentier comme appartenant à Linièrej indépendamment de ses chansons, épigrammes et autres pièces semées çk et là dans les recueils du temps, on a de lui : Poésies diverses, ou Dialogues en forme de satire, du docteur Métaphrasteet du seigneur Albert sur le fait du mariage (in-iî de 46 pages), sans date ni indication de l’endroit ou 1 opuscule fut imprimé.

LIN1ERS-BRÉMONT {don Santiago), aventurier espagnol d’origine française, ancien capitaine général du Rio-de-la-Plata. V. Dk-

LINIliRS.

LIMES s. f. pi. (li-nl). Antiq. gr. Fêtes qu’on célébrait en l’honneur de Lin us,

LIMFOL1Ë, ÉE adj. (li-ni-fo-li-é — du lat. hnum, fin ; folium feuille). Bot. Dont les feuilles présentent de la ressemblance avec celles du lin.

UNIMENT s. m. (li-ni-man — latin linimentum ; de finire, oindre ; de la racine sanscrite li, enduire, coller, conservée dans le russe i’nu). Pharm. Médicament onctueux, demiliquide, dont*on se sert pour faire des frictions : Liniment excitant, purgatif, narcotique.

— Fig. Remède, adoucissement : Le sentiment d’un devoir accompli est un uniment capable d’apaiser toutes les douleurs. (Munaret.)

— Encyel. Les liniments sont généralement

liquides. Leur véhicule peut être l’eau, le vin, l’alcool, une huile, etc. ; les autres composants sont très-variables.

On en fait l’application, soit à l’aide de la . main nue ou gantée, soit avec un morceau d’étoffe, qui est le plus souvent de la flanelle. Voici les formules de quelques liniments très-employés :

Uniment ammoniacal. Huile d’amandes douces, 90 gr. ; ammoniaque liquide k 22», 10 gr. Mêlez en agitant. (Codex.)

Liniment calcaire. Mélangez parties égales d’eau de chaux et d’huile d’amandes douces. Employé avec succès contre la brûlure. On l’étendsur la brûlure et on recouvre de coton ouaté.

Liniment calmant. Baume tranquille, 100 gr., chloroforme, 50 gr. Mêlez.

Liniment excitant. Baume deFioravanti, 40 gr, ; alcool camphré, 15, gr. ; huile d’amandes, ■40 gr. ; ammoniaque, 5 gr. (Codex.) Employé contre les rhumatismes, la paralysie.

LININE s. f. (li-ni-ne-rad. lin). Chira. Substance cristalline qui existe dans le lin,

— Encyel. D’après Schroder, la meilleure manière de préparer la linine consiste k faire digérer une grande quantité de la plante dans un lait de chaux. On filtre et on neu

tralise par l’acide chlorhydrique le liquide, qui

est jaune. Il se produit.un précipité qui reste eu suspension dans la liqueur. On agite le tout avec de l’éther, qui dissout la liutne, on décante la solution éthérée et ’on la laisse cristalliser, La linine ainsi obtenue forme de petits cristaux blancs d’un éclat soyeux. Elle est plus dense que l’eau, dans laquelle elle se dissout peu. L’alcool et l’éther la dissolvent facilement ; l’acide acétique et le chloroforme la dissolvent aussi, mais un peu moins. Les solutions aqueuses de linine ont fort peu de goût ; les solutions alcooliques, au contraire, ont une saveur anière, intense et persistante. La linine fond et se décompose lorsqu’on la chauffe. Elle renferme 62,92 pour 100 de carbone, et 4,70 d’hydrogène. Chauffée avec un lait de chaux, elle ne dégage pas d’ammoniaque.

LIN1SQUE s. m. (li-ni-ske— du gr. liniskos, fil). Helminth. Genre d’helminthes, voisin des trichosomes, et dont l’espèce type vit dans la musaraigne carrelet.

LIMITAIS, la plus orientale des lies Sirangan, dans l’archipel des Philippines, près de "extrémité S. de l’île de Mindauao, par 5« 25’ de lat. N. et 125° 3’ de long. E. Elle a environ 8 kilom. de longueur. Elle est haute, et lacôte septentrionale en est très-escarpée. Elleest en partie cultivée. On en exporte des cocos et de la cire.

LINITION s. f. (li-ni-si-on — lat. Iinitio ; de finirê, oindre). Action d’oindre, d’enduire.

LINK (Henri-Frédéric), naturaliste allemand, -né à Hildesheim en 1769, mort à Berlin en 1851. Il professa les-sciences naturelles et la botanique k Rostock (1792), à Breslau ’ (1814), et à Berlin (1815), où il devint directeur du Jardin des plantes. Link a publié des ouvrages qui lui ont acquis beaucoup de ré LINL

putation et qui ont contribué à attirer l’attention des botanistes vers l’anatomie microscopique des végétaux. Nous citerons, parmi ses nombreux écrits : Introduction à la connaissance géologique des minéraux (1790, in-8°) ; Philosophie botanics novs prodromus (1798, in-s°) ; Éléments de physique (1798) ; Philosophie naturelle (1806. in-8°) ; Éléments d’anatomie et de physiologie des plantes (1807) ; Flore portugaise (Berlin, in-fol.) ; Nature et philosophie (1811) ; Anatomie des plantes (1843-1847) ; VEistoire naturelle considérée comme commentaire du monde primitif et de l’antiquité (Berlin, 1834, 2 vol.), dont le succès fut très-grand ; l’Antiquité et la transition aux temps modernes (Berlin, 1842), etc.

LINKIés. f. (lin-kl — de Link, sav. allern.) Bot. Syn. de persoonie et de desfontainée.

LINKŒPING, ville de Suède, chef-lieu du lân ou gouvernement de son nom, sur le fleuve de Stanga, a 215 kilom. S.-O. de Stockholm. Evéché ; école latine avec bibliothèque et cabinet de médailles. Tanneries, fabrication de toiles. Commerce actif en bois, chanvre et cuirs.

Par son ancienneté et son importance, cette ville est une des plus remarquables du royaume. Elle date du ix« ou du xie siècle, et porte dans les vieux documents le nom de Lionga-Kaupung, Liongs-Kopunger, c’est-à-dire Place de commerce et, de justice. Magnus Ladulas lui octroya les privilèges de cité marchande à la fin du xme siècle. Un concile y fut tenu en 1152, sous la présidence du cardinal Nicolas Albanen’sis. envoyé du pape, concile où, entre autres mesures d’ordre ecclésiastique, fut décidé le prélèvement d’un tribut annuel en faveur de la cour de Rome, sous la dénomination de denier de Saint-Pierre. Lesévêquesde Linkœping possédaient d’immenses richesses et exerçaient une autorité presque souveraine. Jean Brask, qui en occupait le siège lors de l’avènement de Gustave Wasa, fut un de ses adversaires déclarés, et s’opposa avec l’énergie la plus violente à. l’établissement de la Réforme. Voyant la cause du catholicisme irrévocablement perdue, il enleva tous les objets précieux que renfermait sa cathédrale et s’enfuit à l’étranger. De ce moment seulement la ville de Linkœping fut soumise au pouvoir du roi de Suède.

Cette ville a eu à traverser de terribles épreuves ; la guerre, l’incendie, la peste l’ont ravagée simultanément ou tour k tour. Ce n’est qu’à partir du règne de Gustave-Adolphe, et surtout du règne de Christine, qu’elle a pu jouir enfin d’une paix constante et développer sa prospérité. Elle compte aujourd’hui plus de 6,000 habitants. Parmi ses bâtiments les plus remarquables, il faut citer la cathédrale, où l’on voit plusieurs tombeaux d’évêques et de nobles personnages ; le château, construit en 1470, par l’évêque Henri Tidemauni ; le palais épiscopal, la maison de ville, le gymnase ou collège, le théâtre, le nouvel hôtel, la prison cellulaire, etc. Les établissements d’instruction publique y sont nombreux et florissants ; la banque d’Ostrogothie y a son comptoir principal.

LINLEY (Thomas), compositeur anglais, né dans le comté de Glocester en 1735, mort à Londres en 1795. Fils d’un charpentier, il s’était décidé à suivre la carrière paternelle, quand un jour la simple audition d’un clavecin éveilla en lui un si irrésistible penchant pour l’art musical qu’il abandonna la charpente et se rendit à Bath pour y étudier l’harmonie et le contre-point, sous la direction de Paradie. En 1775, Linley vint à Londres tenter la fortune avec un opéra : la Duègne, qui fut représenté avec succès à Covent-Garden ; aussitôt il quitta définitivement Bath, où il avait gagné une assez jolie fortune en organisant des concerts pendant la belle saison, et vint se fixer à Londres. Quelque temps après son arrivée, il acheta une part dans l’entreprise du théâtre de Drury-Lane et sa chargea de la direction musicale, qu’il garda, pendant quinze ans, à la grande satisfaction du public. Sheridan avait épousé une des filles de" Linley.

Des nombreux opéras, drames et ballets dont cet artiste écrivit la musique pour son théâtre, la plupart des titres sont aujourd’hui ignorés. Cependant, on a retenu quelques morceaux : le Mendiant, le Carnaval de Venise et Sélime et Azor. Ces partitions renferment des mélodies originales, empreintes d’une grâce un peu triste qui distingue le chant intime anglais, et plusieurs de ses ballades vivent encore aujourd’hui dans la mémoire du peuple.

LINLEY (Thomas), compositeur anglais, fils ainé du précédent, né en 1756, mort en 1778. Dès la plus tendre enfance, il manifesta de telles dispositions pour l’art musical, qu’à l’âge de huit ans il exécuta en public un concerto de violon. Malheureusement, les espérances qu’avait fait concevoir sa précocité artistique furent brisées par une mort prématurée. Élève de Boyce et de Nardini, il avait déjà composé plusieurs morceaux remarquables : un Chœur d’esprits dans la

Tempête, une Ode sur les fées et les sorcières de Hhakspeare, et un oratorio, le Chant de Moïse, lorsque, dans une partie de plaisir en bateau, il se noya, et lorsqu’il venait à peine d’atteindre sa vingt-deuxième année. Mozart, qui avait connu Linley à Florence pendant

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un voyage que celui-ci fit en Italie, parle de lui, dans sa correspondance, en termes extrêmement flatteurs.

LINLEY (William), compositeur anglais, frère du précédent, né en 1771, mort en 1835. Sa jeunesse se passa en grande partie dans les bureaux de 1 administration des Indes, où il occupa quelques emplois secondaires. De retour à Londres en 1795, il se consacra entièrement à l’art musical, qu’il avait étudié sérieusement sous la direction d’Abel, et tit représenter deux opéras-comiques r la Lune de miel et le Pavillon. On doit encore à ce musicien quatre recueils de glees (chansons), aussi remarquables par le charme de la mélodie que par la distinction de l’accompagnement, et une collection de la musique composée par les meilleurs musiciens de l’Angleterre pour les drames de Shakspeare, sous ce titre : Shakeapear’s dramatic songs (Londres, 18 !6, 2 vol. in-fol.).

LINL1THGOW, ville d’Écosse, chef-lieu du comté de même-nom, sur le bord d’un petit lac, à 23 kilom. S.-O. d’Édimbourg, avec laquelle elle communique par un canal et un chemin de fer ; 5,000 hab. Sa principale industrie consiste dans la fabrication du cuir, mais elle possède aussi des filatures importantes, des fabriques de chaussures et des distilleries de whisky. Cette petite ville, bâtie sur une éminence, était autrefois le séjour favori des rois d’Écosse. En 1300, Édouard 1er y fit construire un château, qui fut pris et démoli quelque temps après par Robert Bruce. Ce château, rebâti sous le règne de David II, brûlé en 1424, puis reconstruit et embelli, devint la retraite des reines douairières. Dans la partie la plus occidentale se voit la chambre dans laquelle Marie Stuart naquit, le 14 décembre 1542. L’intérieur de ce palais, incendié en 1746 par les dragons de Hawley, n’a pas été restauré, depuis. Ses ruines attestent son’ ancienne splendeur, « De tous les palais si magnifiques construits pour servir de résidence royale en Écosse, Linfithgow est sans comparaison le plus beau, ■ dit Walter Scott. Les ruines d’une fontaine sculptée occupent le centre de la cour.

L’église, fondée par David 1er et rebâtie en 1411 par George Criehton, évêque de Dunkeld, est l’édifice gothique le mieux conservé de 1 Écosse. La Cross-Well, qui s’élève devant l’hôtel de ville, est, dit M. Esquiros, un singulier monument, bâti en 1807 d’après les dessins d’un autre monument construit en 1620. L’eau jaillit en abondance de la bouche d’un grand nombre de figures grotesques.

C’est à Linfithgow que le régent Murray fut assassiné le 23 juin 1570.

LINN (William), littérateur américain, né en 1752, mort à Albany en 1808. Il était ministre de l’Évangile, lorsque, pendant la guerre de l’indépendance, il suivit l’armée nationale en qualité de chapelain. Par la suite, il devint pasteur de l’Église hollandaise réformée de New-York. C’était un prédicateur éloquent et distingué, à qui 1 on doit, entre autres ouvrages : Discours historiques sur les personnages de l’histoire sacrée (1791) ; les Signes du temps, livre sur la Révolution française (1794) ; Éloge funèbre de Washington (1800), etc.

LINN (John-Blair), poète américain, fils du précèdent, né en Pensylvanie en 1777, mort en 1804. Il abandonna la jurisprudence pour suivre la carrière ecclésiastique, et devint en 1799 pasteur à Philadelphie. Il consacra tous ses loisirs à des travaux poétiques et théologiques. Nous citerons de lui : Bourville-Castle, drame (1797) ; la Mort de Washington, poème (1800) ; le Pouvoir du génie, poème en trois chants (1804) ; Valérien, fragment d’un poème sur les persécutions (1805).

LINNÉ (Charles), en latin Linunu*, célèbre naturaliste suédois, né le 12 mai 1707 à Ras-huit, dans la province de Smaland, mort à Upsal le 10 janvier 1778. Son père, qui exerçait les fonctions de ministre évan^élique dans le village de Stenbrohult, près de Ras-huit, l’avait m’i3 en pension k Vexioe ; mais l’enfant faisait souvent l’école buissonnière, et, bien que ses escapades fussent occasionnées par l’amour immodéré de Linné pour les fleurs, et qu’elles dussent, en somme, profiter à la botanique, on n’en mit pas moins l’écolier indiscipliné en apprentissage chez un cordonnier en 1724. Un médecin, nommé Rothman, lui recennaissant d’heureuses dispositions, s’attacha à lui, lui prêta des livres, entre autres les ouvrages de Tournefort, et enfin le plaça chez Stobœus, professeur d’histoire naturelle à Lund. Peu de temps après, Linné alla étudier à Upsal, où, après avoir subi de dures privations, il eut le bonheur d’être pris en affection par OlaUs Celsius, professeur de théologie et naturaliste habile, qui l’employa pour la composition de sou Miero botanicon, et devint non-seulement son protecteur, mais encore son ami. En 1731, Linné avait k peine vingt-quatre ans, Olaus Radbeck, professeur de botanique à. l’université d’UpSal, lui confia la direction du jardin botanique et t’appela k le remplacer dans sa chaire. Un si rapide avancement excita l’envie : Linné dut quitter Upsal ; mais, pour le dédommager, l’Académie des sciences de Stockholm lui confia, en 1752, la mission de parcourir la Laponie et la Dalécarlie pour en recueillir les plantes. De retour k Upsal, il se trouva dans une position très-précaire. Ses

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travaux, fort mal rétribués, lui fournissaient à peine de quoi vivre. Contraint de s’expatrier pour échapper à la gène, il se rendit successivement en Danemark, k Hambourg, •puis en Hollande, où Boerhaave le mit en relation avec un riche propriétaire du nom de Clitford, qui le reçut chez lui et mit son jardin k sa disposition. Linné passa trois années chez cet ami, où il put librement se livrer à l’étude approfondie de la science à laquelle il s’était voué. C’est là qu’il publia ses premiers ouvrages : Systema naturs (Leyde, 1735), Fundamenta botanica (Amsterdam, 1736), Bibliotheca botanica (Amsterdam, 1736), Classes plantarum[Leydtï, 1738), Critica botanica (Leyde, 1737), qui eurent aussitôt un immense retentissement en Europe. En 1738, il visita l’Angleterre et la France, où il ce lia avec DLllon et Bernard de Jussieu. Revenu en Suède, il fut nommé successivement, par la protection du comte de Tessin, médecin de la flotte et professeur de botanique k Stockholm en 1738, médecin du roi et président de l’Académie des sciences en 1739, enfin professeur de botanique k Upsal en 1741. Il occupa cette chaire avec le succès le plus éclatant pendant trente-sept années.

La botanique s’était enrichie d’une masse énorme de documents ; mais la science proprement dite n’avait pas encore pris naissance : les caractères connus des diverses plantes n’ayant pas encore été systématiquement comparés, de manière à pouvoir fournir les éléments d’une classification naturelle. Tournefort, qui avait le premier tenté cette classification, était venu a une époque où ce travail n’étuit pas encore possible ; de nouvelles observations devaient, au contraire, y conduire nécessairement k 1 heui e où Linné débutait dans la carrière. Il n’est aucunement prouvé qu’il ait eu en main la lettre De charactere planiarum naturali, du célèbre botaniste et antiquaire allemand Burckhardt à Leibniz ; il n’avait certainement eu aucune connaissance des idées de Levaillant, k qui Bernard de Jussieu avait succédé comme démonstrateur au Jitrdin du roi, à Paris ; mais on peut admettre, sans que la gloire du grand naturaliste soit amoindrie par notre hypothèse, que Linné avait entendu plus ou moins vaguement parler de la découverte des organes sexuels des plantes par Burckhardt, des études de Levaillant sur leurs pistils ei leurs étamines. La véritable mission des grands hommes, à leurs débuts, consiste peut-être k choisir dans les idées en germe celles qui ont, une valeur réelle pour s’en emparer, les développer et en tirer pour la science de nouvelles applications. C’est ce que fit Linné k l’égard des idées déjà préconçues de son temps sur la génération des plantes-, il vérifia les faits connus, en élargit le cercle, les enferma dans une seule loi et fit de cette loi la base de sa classification. Voici, en peu de mots, le système de Linné sur la génération des plantes.

La fécondation s’opère lorsque les poussières des étamines s’arrêtent sur l^stigmaie des pistils, qui, à l’époque fixée, se trouve garni d’un velouté ou humecté d’une liqueur gluante capable de les retenir. Le nombre des étamines, parties mâles des plantes, celui des pistils, parties femelles, les positions qu’elles occupent dans la fleur, lorsqu’elles y coexistent, varient avec les espèces. Dans les plus communes, les deux sexes sont réunis sur’ une même fleur, qui prend le nom d’hermaphrodite ; dans d’autres espèces, ils se trouvent sur la même plante, mais sur des fleurs séparées ; enfin, dans quelques-unes, les fleurs mâles et les fleurs femelles appartiennent k des individus différents.

Voici quelques particularités remarquables qu’avait observées Liuné. Quelquefois un même individu porte k la fois des fleurs hermaphrodites et des fleurs exclusivement mâles ou femelles ; il arrive souvent alors que tantôt les fleurs hermaphrodites, tau tôt les fleurs unisexuelles s’étiolent. Lorsque les parties mâles et femelles se trouvent sur une même fleur, on y rencontre souvent des dispositions relatives qui sembleraient devoir s’opposer k la reproduction : ainsi, le pistil peut se trouver plus élevé que le sommet des étamines ; mais alors l’anthère des étamines lance avec force la poussière fécondante, qui s’élève jusqu’au pistil, ou bien les pistils se courbent pour se rapprocher des anthères. Lorsque les fleurs sont disposées en grappes ou en épis, outre que les fleurs inférieures peuvent être fécondées par celles qui les dominent, les fleurs penchées vers la terre se relèvent, k l’époque de la fécondation, de manière à se présenter dans une disposition convenable. Dans les espèces où les parties mâles et femelles sont placées sur des fleurs différentes ou sur des individus plus ou moins éloignés les uns des autres, c’est le vent qui, en transportant les poussières abandonnées par les étamines, devient l’agent de la reproduction ; c’est quelquefois aussi à l’intervention d’insectes, butinant alternativement sur les fleurs des deux sexes, que se trouve dû l’accomplissement du vœu de la nature.

Linné établit les grandes divisions du règne végétal sur les caractères différents présentés par les étamines ; les pistils lui servirent à former les divisions secondaires ; le nombre et la forme des semences, la nature de leurs enveloppes, le nombre des pétales, la forme des fleurs, la structure du calice lui donnèrent les genres ; enfin, il fonda la dis-