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lingam indou, croyaient que cette cérémonie, dans laquelle un phallus était promené en grande pompe par les rues et les champs, leur venait des Égyptiens ; ceux-ci, en effet, célébraient, à l’occasion d’Osiris, des fêtes du même caractère. Mais c’est à l’Inde qu’il faut restituer lu priorité. Le lingam est l’ancêtre du phallus des Égyptiens, comme de ceux des Grecs et des Romains, chez qui la tradition subsista si longtemps qu’elle s’est perpétuée jusqu’à nous en Italie. Les matrones romaines portaient des colliers de phallus ; les Italiennes croient encore que ce simulacre préserve du mauvais œil.

Le lingam est une partie essentielle de la théogonie indone. « Quand les quatorze mondes se furent formés, dit le livre sacré, avec l’axe qui les traverse, et au-dessus le mont Koilaça, alors parut sur le sommet de ce dernier le triangle yoni, et dans l’yoni le lingam. Ce lingam (ou arbre de vie) avait trois écorces ; la’ première et la plus extérieure était Brahma ; celle du milieu Vishnou ; la troisième et la plus cachée était Siva. Quand les trois dieux se furent détachés, il ne resta plus dans le triangle que la tige nue, désormais placée sous la garde de Siva. • Telle est une. des premières formes du lingam ; mais quelquefois Siva est autrement représenté ; on le voit, comme Brahma, flottant dans un lotus, sur la montagne d’or nommée Kailaça. Là est une plate-forme sur laquelle se trouve une table carrée, enrichie de neuf piene3 précieuses, et au milieu le padma (ou lolus), portant dans son sein le triangle, origine et , source de toutes choses. De ce triangle sort le lingam, dieu éternel, qui en fait son éternelle demeure.

On consacrait d’ordinaire à Siva d’immenses lingams situés au milieu d’un large bassin supporté par une colonne. Ce signe, image de la fécondation complète, représente, dans ce cas, l’union des deux sexes et symbolise la trinité indoue : nouvelle preuve que la plupart des religions sont basées sur l’idée de la génération, étendue symboliquement au cosmos tout entier. Parfois, dans tes pagodes consacrées à Siva, des ex-voto en torme de lingam présentent également l’union des deux sexes. À Sisupatyam, une des portes de la ville est ornée de la statue de Sîta, femme de Rama ; six brahmanes entourent cette statue, à genoux, entièrement nus, les yeux fixés sur l’épouse, et paraissent lui faire offrande de leur virilité. L’imagination de la Grèce, quelque féconde qu’elle fût, s’est montrée moins riche que l’imagination indienne dans ces représentations du phallus. Entre Pondichéry et Madras, il existait (peutêtre existe-elle encore) une pagode célèbre, où l’on voyait une figure prodigieuse qui, armée d’un lingam immense, en entourait comme d’un serpent le corps de plusieurs femmes. C’est ici le ca3 de rappeler cette sage observation d’un voyageur anglais, lord Macartney, qui dit à ce propos : « Ne jugeons point des coutumes des peuples avec lesquels nous n’avons aucune ressemblance, d’après nos préjugés et nos habitudes ; ces figures choquent les Européens ; elles inspirent aux Indiens des idées religieuses. >

Ce que les fidèles demandent ordinairement au lingam, c’est d’abord une nombreuse postérité, une longue vie et ensuite des richesses ; car il est le symbole général de la fécondité universelle. Chaque jour, les dévots au lingam (et principalement la secte des sivaïtes) doivent verser du lait sur l’idole ; ce lait qui l’a touchée, on le conserve précieusement et on l’administre ensuite aux

mourants, pour leur mériter le swarga ou paradis. Les sivaïtes se couvrent la poitrine, le visage et les bras de bouse de vacne ; ils vivent d’aumônes qu’ils demandent aux passants, en chantant les louanges du dieu auquel ils se sont consacrés. Ils portent, suspendue au col, l’image du lingam sacré. Quelques-uns de ces ascètes vont puiser l’eau du Gange à Kacy et la rapportent, dans des vases de terre, à Rama-Eswurim, près du cap Comorin, où se trouve un des temples les plus célèbres de Siva. Là, ils versent 1 eau du neuve sur le lingam divin ; cette eau, recueillie avec un grand soin, est distribuée aux fidèles qui assistent à la-cérémonie, ou bien, conservée par les prêtres, elle sert de sacrement aux Indiens, soit qu’on en répande quelques gouttes sur la tête, soit qu’on en verse dans la bouche des agonisants ; car c’est leur croyance religieuse que cette eau a le don de purifier de toute souillure et de rendre les âmes prêtes aux béatitudes célestes. Les mendiants sivaïtes demandent l’aumône aux bords des routes, un lingam a la main.

Certains auteurs ont appelé lingam le pulléiar, qui est aussi l’image des parties génératrices des deux sexes. C’est une confusion qu’il faut relever. Le pulléiar est employé comme amulette par les fidèles de Siva, de même que, chez les Grecs et les Romains, les colliers de pnallus étaient employés pour servir de préservatif contre les malignes influences. On le donne en cadeau de noces aux jeunes inariee3, etil porte alors le nom de taly. Ce taly occasionna autrefois un grand troubla dans le monde catholique, et excita entre les capucins et les jésuites une guerre sacrée non moins divertissante que celle du Lutrin. En effet, les jésuites, toujours tolérants et habiles quand la tolérance ne nuit pas à leurs intérêts, ne contrariaient point l’usage de

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cet amulette. Les capucins furent plus rigides, et prohibèrent le taly, . qu’ils remplacèrent par une médaille bénite. Les Indiennes, même converties, se refusèrent à ce nouvel usage, et s’autorisèrent contre les capucins de la tolérance des jésuites. Un procès faillit sortir du conflit ; mais capucins et jésuites, pour ne pas troubler les affaires de la religion, décidèrent, comme mezzo termine, que l’image du taly serait tolérée, à condition qu’une croix fût gravée dessus, pour le sanctifier. ’

Il est juste d’ajouter que le culte du lingam, quelle que soit la ferveur des adeptes, ne se déshonore point par les scènes de débauches et de licences qui signalèrent trop souvent les cultes phalliques dans la Syrie, la Phénicie, la Chaldée et même dans la Grèce, où les dionysiaques atteignaient la dernière limite de l’indécence. La plus grande chasteté, au contraire, est prescrite aux sivaïtes ; les désirs mêmes ne leur sont pas permis ; si un prêtre officiant était surpris dans un état d’impureté, il serait sévèrement puni. Sonnerat, dans son Voyage aux Indes et à la Chine, dit que si le peuple, venant faire ses adorations, s’apercevait que les prêtres éprouvassent le moindre mouvement de la chair, il les regarderait comme infâmes et ne tarderait pas à les lapider.

Cependant, cette chasteté est tout à fait absente des cérémonies d’un dernier culte dont le lingam est encore l’objet. Dans la croyance où ils sont que ce simulacre a une grande vertu contre la stérilité, des femmes, les Indous ne se contentent pas des dévotions ci-dessus décrites. Les Romains menaient à Priape la jeune épousée et faisaient au dieu des libations ; les Indous vont plus loin : il faut que la femme se mette en contact avec un lingam consacré à cet effet. Bien plus, dans certaines parties de l’Inde, les jeunes filles viennent faire à l’idole le sacrifice de leur virginité. Duquesne raconte qu’à Goa les jeunes filles, avant de prendre un époux, offrent et donnent dans le temple de Siva les prémices du mariage à une idole de fer qui joue le rôle de sacrificateur. Dans plusieurs autres provinces, c’est le prêtre qui, héritier du privilège, accomplit le rôle dévolu à cette idole. À Calicut, le rajah abandonne au premier des brahmanes, pendant une nuit, la jeune fille qu’il va épouser. À Jaggrenat, une jeune tille est livrée de nuit à un des prêtres du temple.

On rapporte l’origine de l’institution du lingam à la légende suivante : Un jour, Siva allait se livrer à l’amour avec son épouse,

?uand il fut interrompu par un ascète, qui,

rappant vainement k la porte du dieu, s’irrita de la voir rester fermée, et se répandit en malédictions et en injures. Siva fit à l’ascète des reproches de son importunilé et de sa violence. Celui-ci, tout confus et convaincu de son indiscrétion, demanda que tous ceux qui adoreraient Siva sous la représentation du lingam fussent spécialement favorisés par lui. Le dieu lui accorda sa prière. La femme de Siva, c’est-à-dire le symbole de son énergie (car les déesses indiennes ont cette signification), est cette déesse Dourghâ, dont les adorateurs sont exécrés et méprisés dans l’Inde ; ajoutons qu’ils le méritent, car ’ ce sont le plus souvent des voleurs et des assassins. Elle a pour.surnom l’épithète de Kali, c’est-à-dire la Noire, et figure la destruction ; elle est représentée comme une femme noire, ayant quatre bras ; d’une main elle tient un cimeterre ; de l’autre, une tête de géant qu’elle saisit par les cheveux. Telle est l’épouse terrible du dieu qui féconde et multiplie la vie.

LIN GARD s. m. (lin-gar). Techn. Fil de chaîne empesé, dont on se sert pour raccommoder les fils qui viennent à se rompre pendant le travail,

— Pêche. Morue salée sans être ouverte comme la morue ordinaire.

LINGARD (John), célèbre historien anglais, né à Winchester eu 1769, mort à Hornby, près de Lancastre, en 1851. Issu d’une famille pauvre qui professait la religion catholique, il excita, grâce à sa précoce intelligence, l’intérêt de l’évêque Talbot, qui l’envoya à ses frais en France faire ses études au collège anglais de Douai. La Révolution ayant éclaté, le collège fut fermé, et Lingard dut songer à retourner en Angleterre. Avant de partir, il voulut visiter Paris ; mais Paris était en pleine effervescence, et, dès le premier jour de son arrivée, le séminariste, dénoncé par sa tournure et ses habits, se vit poursuivi par des furieux aux cris de : A bas le calotin ! et ne dut son salut qu’à la rapidité de sa fuite. Il se hâta de retourner en Angleterre et s’y lit ordonner prêtre. Il revint cependant en France après la signature de la paix d’Amiens, pour y réunir les matériaux nécessaires à l’histoire qu’il préparait, matériaux qu’il ne pouvait trouver qu’à Paris, et que le premier consul mit obligeamment à sa disposition. Revenu dans sa patrie, Lingard se livra avec ardeur à la composition de son livre. Toutefois, avant de le publier, il voulut, pour ainsi dire, tâter l’opinion publique, et inséra, pour son début littéraire, dans le Newcastle Courant, une série de lettres qui furent plus tard réunies sous le titre : la Loyauté catholique vengée. À ces lettres succédèrent, en réponse à la vive polémique engagée contre l’auteur par l’évêque protestant de Durham, plusieurs pamphlets recueillis sous le titre général de Traités sur quelques points des principes civils et religieux de l’Église catholique. Ces divers écrits, consacrés à la défense du catholicisme, obtinrent un grand succès auprès des coreligionnaires de l'écrivain. Sûr, sinon de la sympathie entière, au moins de l’attention du public, Lingard fit paraître son premier grand ouvrage : Histoire et antiquités de l’Église anglo-saxonne (1809, 2 vol. in-8o), préface nette, franche et hardie de sa célèbre Histoire de l’Angleterre depuis la première, invasion des Romains jusqu’à l’année 1688, qui fut éditée en 1819 (6 vol. in-4o). Nous n'avons point à critiquer, dans cette notice purement biographique, l’esprit de ce vaste travail, qui trouvera à sa place un compte rendu exact et impartial. Contentons-nous de dire que l’œuvre de Lingard obtint un immense succès, affirmé par plus de dix éditions, et qu’il fut traduit dans toutes les langues. Nous pouvons cependant noter, en passant, que les anglicans eux-mêmes rendirent hommage à l'érudition et à l’impartialité de l’auteur, et que Hallam et Macaulay ont déclaré hautement que cet ouvrage est l’un des plus estimables et des plus complets qui existent sur l’histoire de la Grande-Bretagne. Sa publication achevée, Lingard se rendit à Rome, et le pape Léon XII insista vivement pour lui faire accepter le chapeau de cardinal. L’historien déclina cette offre brillante et revint se renfermer dans sa modeste retraite de Hornsby (Lancashire), où il vécut encore quarante ans, veillant toujours aux intérêts des catholiques, faisant le bien, respecté de ceux mêmes qui ne partageaient point son opinion. Outre les œuvres que nous avons citées, Lingard a composé : Instructions catéchétiques sur les doctrines et le culte de l’Église catholique et une étude publiée dans le tome 1er des Mémoires de l’Académie des sciences morales et politiques de l’Institut de France, sous ce titre : En quelle année Anne Boulen, depuis mariée à Henri VIII, quitta-t-elle la France ?

L1NGARELLE s. t. (lain-ga-rè-le). Scapufaire que portaient autrefois les clercs de la cathédrale de Paris, depuis le samedi saint jusqu’au vendredi après Pâques. Il On a dit

aussi LINGA.RIÎTTB.

LINGE s. m. (lain-ge — rad. lin. parce que linge ne s’est dit d abord que de la toile de lin). Eoon. domest. Toile mise en œuvre pour servir à divers usages d’hygiène ou de propreté : Vieux linge. Linge sale. Gros linge. Lingb fin. Il faut éviter de coucher dans une pièce où serait étendu du linge. (L. Cruveilhier.) il Linge de corps, Celui qu on porte sur soi comme vêtement ou qu’on emploie directement aux usages de propreté, comme les chemises, les mouchoirs, etc. il Linge de table, Celui que l’on étale sur la table ou qui sert à la propreté des convives, comme la nappe et les serviettes. Il Linge-de lit, Draps, taies d’oreiller, etc. fl Linge de cuisine ou de ménage, Tabliers, torchons, etc. il Linge uni, Toile qui n’est ornée d’aucun dessin. Il Linge ouvré, Toile ornée de dessins. || Linge damassé, Linge à dessins riches et compliqués.

— Vêtement de propreté qu’on porte sous les autres vêtements, comme les chemises de toile ou de flanelle, les bas, etc. : Changer de linge. Porter du linge blanc. La propreté du linge est ta seule distinction que puissent avoir aujourd’hui dans le costume les gens comme il faut. (Balz.) Changes de lingk soir et matin et après chaque transpiration trop abondante. (Raspail.) Combien de femmes n’ont pas de linge pour couvrir le nouveau-né, pas de lait pour te nourrir/ (E. Legouvè.)

Damon, ce grand auteur dont la muse fertile. Amusa si longtemps et la cour et la ville, Mais qui, n’étant vêtu que de simple bureau, . Passe l’été sans linge et l’hiver sans manteau.

bOlLEAD.

— Morceau de toile : Essuyer avec un linge. Entourer d’un linge une blessure.

— Loc. fam. Paquet de linge sale, Personne mal mise et malpropre : C est un paquet de Linge sale. N’avoir pas plus de force qu’un linge mouillé, Être un linge mouillé, Être très-faible de corps ou de caractère. Il Être blanc comme un linge, Être excessivement pâle, il Laver son linge sale en famille, Arranger en secret ses affaires, et surtout ses dissensions domestiques, sans mettre le public dans la confidence.

— Liturg. Linges sacrés, Pièces de toile employées à l’autel pendant la messe.

— Encycl. Econ. domest. Au xme siècle, la quantité de toile de fin nécessaire pour faire une chemise de femme se donnait en échange d’un hectolitre de froment. D’après les prix actuels, la valeur moyenne d’un hectolitre de froment représente la quantité de bonne toile de coton nécessaire pour faire sept chemises de femme ; d’où l’on peut conclure qu’il est de nos jours sept fois plus facile qu’il ne l’était au xtno siècle d’être suffisamment approvisionné de linge. Il est certain, malgré cela, que les riches maisons bourgeoises de notre époque sont moins bien lingées que les maisons médiocres des deux derniers siècles. Mais le peuple a gagné sous ce rapport ce que la bourgeoisie a perdu. Nos mœurs se sont modifiées complètement, sous ce rapport, et nous n’avons plus les mêmes besoins que nos pères : quelques chemises,

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quelques mouchoirs, quelques draps nous suffisent. La bourgeoisie de province a conservé jusqu’ici l’habitude d’attacher une grande importance à ce qu’une maison soit abondamment fournie de linge, habitude louable, qui se perd malheureusement tous les jours. Il est vrai que nos grand’mères ne rougissaient pas de tourner le rouet, et qu’alors il leur semblait peu coûteux de se munir de linge. Les ménagères affectionnaient leur linge plus que tout autre meuble de la maison.

Il’fautdire aussi que le linge d’alors était presque inusable, non que la toile de cette époque fût supérieure a la nôtre ; mais le blanchissage a changé, — et il n’est guère possible aux modernes citadines de s’attacher à des morceaux de toile qui vivront si peu de temps.

Tout linge, quel qu’il soit, doit être raccommodé au moindre besoin, sous peine d’une prompte destruction ; comme le linge qu’on laisse trop longtemps malpropre est sujet à

Ïiourrir, il faut le blanchir, ou tout au moins e laver dès qu’il est sale.

On distingue le linge de corps ; mouchoirs, chemises, caleçons, etc. ; le linge de table : nappes, serviettes, etc. ; le linge de lit : draps, taies d’oreiller, etc. ; le linge de cuisine : tabliers, torchons, etc. Nous allons dire un mot de chacune de ces catégories.

Linge de corps. Dans le langage du commerce, le mot linge ne désigne que les tissus de fin et de chanvre ; mais, en hygiène, on y ajoute les tissus de coton, et l’on appelle linge de corps toute cette partie du vêtement qui, chez les modernes, est appliquée directement sur le corps.

Les anciens ne portaient généralement pas de linge sur ta peau, ce qui rendait indispensable l’usage fréquent des bains ; ils ignoraient complètement, les Grecs du moins, ce que c’est qu’un mouchoir.

La tunique de fin des Grecs était un vêtement porté, non sur la peau, mais sur un premier vêtement. D’après plusieurs écrivains, on aurait commencé sous Auguste à porter des chemises ; mais il est avéré qu’au moyen âge l’usage du linge de corps était fort peu répandu. Le linge a des effets hygiéniques très-marqués.

Avant l’invention du linge de corps, le frottement habituel et le contact ordinaire des étoffes de laine avec la peau favorisaient le développement des affections cutanées ; les dermatoses sont devenues moins graves et moins fréquentes depuis cette innovation. « On doit changer fréquemment de litige de corps et éviter de garder dans le lit le linge de jour.

Le fréquent changement de linge est, au point de vue sanitaire, un remède nécessaire contre les inconvénients de nos vêtements extérieurs, dont la forme est réglée par la mode bien plus que par la raison. Mais quel linge est le plus sain ?

(Jelui de coton nous semble mériter la préférence, dans nos climats tempérés. A quelques égards, la toile de fin parait présenter une certaine supériorité, elle offre un tissu ferme, uni et d’une grande beauté ; mais le coton, mauvais conducteur de la chaleur, conserve au corps une température plus égale, et absorbe mieux la moiteur de la peau.

Les populations de plusieurs de nos départements de l’ouest et du centre, où la culture du fin et du chanvre est très-répandue, n’ont point adopté les tissus de coton pour le linge de corps ; mais partout ailleurs, principalement dans les villes, le coton l’emporte, non parce qu’il est sain, qualité dont on ne semble se préoccuper que fort peu, mais en raison de son bon marché. On peut lui reprocher d’être moins durable et plus salissant que les deux autres sortes de tissus.

Linge de lit. Le linge de lit étant immédiatement en contact avec la peau peut être, à ce point de vue, considéré comme linge de corps. Son emploi est indispensable dans tous les pays où l’homme se déshabille pour se coucher. On doit le changer assez souvent, au moins tous les mois en hiver, et deux ou trois fois par mois en été. Dans les pays chauds, les habitants ne se déshabillant qu’incomplètement peuvent se passer de linge de lit.

Linge de cuisine. Pour le linge de cuisine, on repousse, ou du moins on devrait repousser les tissus de coton, parce qu’ils s’imbibent trop facilement des corps gras, et par conséquent se salissent trop vite ; si bien qu’un torchon de coton ne peut servir à essuyer qu’un très-petit nombre d’assiettes.

Linge de table. On connaît à Paris trois espèces de linge de table : les services unis à liteaux, les services ouvrés et les services damassés. Les serviettes et les nappes unies et à liteaux ne se voyaient autrefois que dans la classe des petits bourgeois ; ce linge ne paraissait jamais sur la table des grands ni des riches. Mais depuis que la Révolution a introduit les serviettes k liteaux sur les tables opulentes, on s’est attaché à les faire plus fines, plus blanches, et à les travailler mieux. La Flandre est en possession de fournir les plus belles, et c’est de la réunion de cette province à l’Empire que date la grande vogue de cette espèce de linge à Paris. Les serviettes unies sont d’une plus grande solidité que les autres ; elles résistent mieux aux fréquentes lessives. Mais en revanche elles