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avec le quatrième corps ; au centre, la garde, la grosse cavalerie, la réserve et le sixième corps, commandé par le comte de Lobau ; à gauche, sur la route de Bruxelles, le maréchal Ney, Reille, d’Erlon et Lefebvre-Desnouettes. Ney avait reçu l’ordre de s’établir aux Quatre-Bras, position importante par laquelle il devait arrêter les Anglais s’ils se portaient au secours des Prussiens. C’est dans cette circonstance qu’un événement regrettable, surtout pour celui qui en fut l’objet, se produisit au corps du général Gérard : le 15, au matin, le général de Bourmont passa à l’ennemi, accompagné de son aide de camp, le colonel Clouet. Cet incident ne pouvait exercer aucune influence sur les résultats de la bataille qui se préparait ; mais il augmenta la défiance des soldats envers leurs chefs, qui commençaient à leur devenir suspects dès qu’ils n’étaient pas anciennement connus et respectés.

Le duc de Wellington assistait à une fête donnée par la duchesse de Richmond, à Bruxelles, lorsqu’il apprit l’apparition subite de l’armée française ; il quitta cette soirée sans trouble pour aller expédier ses ordres ; mais il lui était de toute impossibilité de faire arriver aux Quatre-Bras des forces suffisantes pour influer sur l’action qui se préparait entre les Français et les Prussiens ; ce point ne pouvait être occupé que par les troupes anglaises ramassées dans les environs. L’armée prussienne, au contraire, se trouvait réunie presque tout entière entre Fleurus et Sombreffe. Napoléon donna immédiatement ses ordres en conséquence et écrivit lui-même une lettre au maréchal Ney pour lui recommander d’occuper fortement la position des Quatre-Bras, pendant qu’il irait à Fleurus livrer bataille aux Prussiens.

Vers midi (16 juin 1815), nos troupes se déployèrent dans la plaine de Fleurus, présentant un ensemble d’environ 64,000 hommes ; les Prussiens s’étendaient devant nous, se montrant d’instant en instant plus nombreux ; une des plus terribles batailles du siècle allait s’engager. L’ennemi se portait en masse sur la grande chaussée de Namur à Bruxelles ; à mesure que ses troupes parvenaient à la hauteur de Sombreffe, elles faisaient demi-tour à gauche et s’établissaient vis-à-vis de Fleurus, occupant un terrain extrêmement favorable à la défensive. Le ruisseau de Ligny, sorti d’un pli de terrain le long de la chaussée, coulait de notre gauche à notre droite, presque parallèlement à cette chaussée, traversait les trois villages de Saint-Amand-le-Hameau, Saint-Amand-la-Haye et le Grand Saint-Amand, puis se détournait brusquement, passait à travers le village de Ligny et allait tomber dans un affluent de la Sambre. Au delà de son lit, le terrain présentait un amphithéâtre chargé de 80,000 hommes ; au sommet de cette position, on distinguait le moulin de Bry, puis le village de Bry lui-même. Les trois villages de Saint-Amand et celui de Ligny étaient occupés par deux des divisions Ziethen, repoussées la veille de Charleroi ; le corps de Pirch, fort de 30.000 hommes, appuyait cette première ligne ; celui de Thielmann se tenait en avant du Point-du-Jour, endroit où la route de Charleroi joint la route de Namur. Au milieu de la plaine de Fleurus s’élevait un moulin sur le toit duquel monta Napoléon pour observer l’armée prussienne, qu’il évalua à environ 90,000 hommes. Il résolut aussitôt de l’attaquer avant qu’elle pût être secourue par les Anglais, qui n’avaient pu être prévenus de son apparition que douze heures plus tard. Pour rendre la lutte plus décisive, il imagina de faire contribuer une partie des forces de Ney en les ramenant sur les derrières de l’armée prussienne pour l’envelopper. Ney, établi aux Quatre-Bras, à trois lieues de Fleurus, ne pouvait encore avoir à combattre qu’une faible partie de l’armée anglaise, et 12,000 ou 15,000 hommes, sur les 45,000 qu’il avait à sa disposition, se rabattant sur Ligny et Saint-Amand, devaient amener un triomphe aussi complet qu’à Austerlitz et à Friedland.

Vandamme, avec ses trois divisions, vint se déployer devant Saint-Amand, ayant à son extrême gauche la division Girard et la cavalerie du général Domon ; Gérard, chef du quatrième corps, s’établit devant Ligny ; la garde tout entière occupa l’intervalle qui séparait Vandamme de Gérard. Toutes ces troupes, y compris la cavalerie, formaient une masse de 64,000 hommes.

À deux heures et demie (16 juin 1815), Napoléon donna le signal de l’attaque, et Vandamme lança aussitôt la division Lefol sur le Grand Saint-Amand ; elle pénétra dans le village à travers les jardins et les vergers et en chassa les Prussiens à coups de baïonnette. Mais au delà se trouvait le lit du ruisseau, derrière lequel se tenait en réserve la division Steinmetz, qui cribla nos soldats de balles et de mitraille, puis s’ébranla pour reprendre le village. Repoussée une première fois, elle revint à la charge, et quelques-uns de ses bataillons essayèrent de tourner le Grand Saint-Amand ; Vandamme lança alors contre eux une brigade de la division Berthezène et dirigea la division Girard contre les deux autres villages, Saint-Amand-la-Haye et Saint-Amand-le-Hameau, où nos troupes se maintinrent malgré tous les efforts des Prussiens. Pendant ce temps-là, le général Gérard s’avançait en trois colonnes sur le village de Ligny, qui s’étendait sur les deux rives du ruisseau. Assailli par un feu formidable, il fit amener une nombreuse artillerie et cribla le malheureux village de tant d’obus et de boulets qu’il en rendit le séjour impossible aux Prussiens qui s’y étaient établis. Les voyant s’ébranler, il lança sur eux ses trois colonnes, et alors s’engagea une lutte terrible, une des plus sanglantes de ces vingt années de guerre, car la haine bien connue des Prussiens pour nous avait provoqué une sorte de rage chez nos soldats, et des deux côtés on ne faisait pas de quartier. Enfin, après des prodiges de valeur et d’énergie, nos soldats parvinrent à se soutenir dans l’intérieur de Ligny, sans cesse ramenés en avant par leur intrépide général, qui les conduisait épée à la main. Mais là, comme à Saint-Amand, nous ne pouvions déboucher au delà des positions conquises. Aussi le vieux Friant, qui commandait les grenadiers à pied de la garde et qui avait une expérience consommée des choses de la guerre, dit-il à Napoléon en lui montrant les réserves prussiennes rangées en amphithéâtre jusqu’au moulin de Bry : « Sire, nous ne viendrons jamais à bout de ces gens-là, si vous ne les prenez à revers au moyen d’un des corps dont vous disposez. — Sois tranquille, lui répondit Napoléon ; j’ai déjà ordonné ce mouvement trois fois, et je vais l’ordonner une quatrième. » En effet, l’empereur avait déjà expédié plusieurs fois à Ney l’ordre de manœuvrer dans ce sens ; de plus, il savait que le corps de d’Erlon, mis en marche le dernier, devait être encore assez rapproché pour qu’il fût facile de le ramener sur Saint-Amand. Malheureusement le comte d’Erlon, tiraillé en tout sens par des ordres contraires, par ceux de Napoléon, qui voulait l’amener à lui pour changer la défaite de Blücher en désastre, et par ceux de Ney, son supérieur immédiat, qui voulait l’établir aux Quatre-Bras, où il craignait d’avoir à combattre toute l’armée anglaise ; le comte d’Erlon, disons-nous, ne sut être utile ni à l’un ni à l’autre, et perdit un temps si précieux à marcher vers Napoléon ou à se diriger sur Ney, suivant le dernier ordre qu’il recevait. Évidemment, néanmoins, il eût dû se porter à Ligny ; mais, en ces tristes circonstances, nos généraux, tout en conservant leur héroïque intrépidité, avaient perdu tout sang-froid.

Cependant Blücher lançait de nouvelles troupes sur Ligny, jonché déjà de 4,000 cadavres ; le général Gérard, redoublant d’art et de courage, ne se laissa point arracher sa conquête ; mais il dut employer ses dernières réserves et fit dire à Napoléon qu’il était à bout de ressources. Du côté de Saint-Amand, le général prussien tenta de même un suprême effort, marchant de sa personne à la tête de ses soldats ; une de ses divisions parvint même à pénétrer dans Saint-Amand-la-Haye ; mais le général Girard y rentra bientôt et réussit à s’y maintenir. Malheureusement il fut frappé à mort dans cette lutte désespérée ; ses deux généraux de brigade furent également mis hors de combat, et un tiers de sa division gisait sur cet épouvantable champ de bataille. Napoléon, ne voyant point arriver le comte d’Erlon sur les derrières de l’armée prussienne pour l’enfermer entre deux feux, imagina alors un moyen de briser la résistance opiniâtre de l’ennemi ou du moins de rendre la prolongation de la lutte infiniment meurtrière pour lui. Ayant découvert une éclaircie dans la rangée d’arbres qui bordait le ruisseau de Ligny, il y fit établir quelques batteries de la garde, qui, prenant les Prussiens en écharpe, causèrent aussitôt d’horribles ravages dans leurs rangs. Cependant il ne suffisait pas d’abattre des hommes par centaines ; il fallait absolument en finir ce soir-là même avec l’armée prussienne, pour courir à l’armée anglaise le lendemain. En conséquence, Napoléon prescrivit à Friant de se porter avec la garde à la hauteur du village de Ligny, de passer derrière ce village et de franchir ensuite le ruisseau ; mouvement dont le résultat devait être de couper en deux l’armée prussienne. Nos troupes franchissent le ravin, et une effroyable mêlée s’engage de nouveau, La cavalerie prussienne charge impétueusement nos carrés, qui l’attendent de sang-froid et couvrent la terre d’hommes et de chevaux, tandis que les cuirassiers de Milhaud fondent sur elle au galop. Blücher, repoussé des trois Saint-Amand, accourt pour rallier les troupes restées autour du moulin de Bry ; il est heurté par nos cuirassiers, renversé et foulé aux pieds des chevaux. Couché à terre, l’intrépide vieillard vit, en frémissant de rage, nos escadrons sabrer sa cavalerie et achever enfin la défaite de son armée. Il réussit toutefois à s’échapper, grâce à l’obscurité de la nuit, qui commençait à envelopper le champ de bataille. En même temps, nos troupes débouchaient de tous les points à la fois de l’autre côté du ruisseau, dont les Prussiens nous abandonnaient enfin les bords ensanglantés, laissant le terrain couvert de 18,000 morts ou blessés, et, ce qui était le but de Napoléon, nous livrant la grande chaussée de Namur à Bruxelles, qui était leur seule ligne de communication avec les Anglais.

Ligny et Waterloo (1815), par Achille de Vaulabelle. V. Waterloo.


LIGNY-EN-BARROIS, ville de France (Meuse), ch.-l. de cant., arrond. et à 16 kiloœ. S.-E. de Bar-le-Due, sur l’Ornain et

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près d’une forêt ; pop. aggl., 3,497 hab.pop. tôt., 3,792 hab. Filatures de coton, fabrication d’enclumes, moulins, tanneries, chamoiseries ; commerce de vins rouges, bois de construction, planches. Ligny est une jolie petite ville, agréablement située sur la rive gauche de l’Ornain. Ses rues, aboutissant à une belle place, sont propres, larges et bien percées. Les promenades du parc de l’ancien château, aujourd’hui entièrement détruit, sont magnifiques et bien plantées. Un remarque, à l’extérieur de la ville, une tour d’une belle construction, reste dos anciennes fortifications ; à l’intérieur, l’hôpital, fondé par Marguerite de Savoie, et l’église paroissiale, dans laquelle se trouve le tombeau du maréchal de Luxembourg. D’abord seigneurie, puis comté, Ligny passa de la maison de Bar dans celle de Luxembourg, au xme siècle, et fut rachetée en 1719 par Léopold de Lorraine. En 1814, lors de 1 invasion des armées étrangères, des conscrits rassemblés à Ligny s’y défendirent seuls, et sans chefs supérieurs, contre une division russe, deux fois plus forte en nombre, lui tuèrent 1,100 hommes et le général qui la commandait.

LIGNY- LE -CHÂTEL, bourg de France (Yonne), ch.-l. de cant., arrond. et à SI kilom. N.-E. d’Auxerre, sur le Serein ; pop. aggl., 1,074 hab. — pop. tôt., 1,490 hab. Filature de laine, moulins, tuileries ; commerce de tonneaux, d’échalas, de cercles et d’osier. C’est de Ligny-le-C’hâtel qu’est datée la charte d’affranchissement de fa commune d’Auxerre, donnée par la princesse Mahaut ou Mathilde de Courtenay, le 1er août 1223.

LIGNY (comtes tu- ;), rameau de la maison de Luxembourg. Il a pour auteur Antoine de Luxembourg, fils puîné de Louis de Luxembourg, connétable de France, décapité en 1475. Cet Antoine, comte de Brienne, de Roussy, de Ligny, baron de Ramoru et de Piney, fut père de Chari.es de Luxembourg, comte de Brienne et de Ligny, gouverneur de Paris, mort en 1530. Il eut pour successeur un de ses fils, Antoine de Luxembourg, deuxième du nom, père de Jean, dont on va parler, et de François de Luxembourg, auteur de la branche des ducs de Piney. Jean de Luxembourg, comte de Brienne et de Ligny, mort en 157C, laissa de Guillemette de La Marck, fille de Robert de La Mnrck, duc de Bouillon, maréchal de France, Charles II de Luxembourg, comte de Brienne et de Ligny, gouverneur de Metz, mort sans postérité, et deux filles.

LIGNY (François de), jésuite et écrivain ecclésiastique français, né à Amiens en 1709, mort en 1788. Il s’adonna avec un très-grand succès à la prédication, fut appelé à prononcer des serinons devant la cour, et, après la dissolution de l’ordre des jésuites (1763), il se rendit auprès de l’impératrice Marie-Thérèse, qui l’attacha à sa personne. On cite do lui : Histoire de ta vie de Jésus-C/irist (Avignon, 1744), très-souvent rééditée ; Sermons (Lyon, 1809, in-so) ; Histoire des actes des apôtres (Paris, 1824).

LIGNYODE s. m. (li-gni-o-de ; gn mil.du gr. lignuodes, qui est de couleur de suie). Entoui. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la famille des charançons, comprenant deux espèces, dont l’une vit dans l’Europe centrale et l’autre au Brésil.

I.IGON (Richard), voyageur anglais du xviie siècle. Ruiné, dans le commerce qu’il exerçait, par les troubles politiques de 1047, il résolut d’aller recommencer sa fortune aux Antilles. Débarqué à la Barbade, avec cinq compagnons, déterminés comme lui à risquer leur vie, et, retenu trois années dans cette fie, il fut réduit à accepter la gérance d’un domaine, et faillit trois fois succomber aux attaques de la fièvre jaune. Dès qu’il fut entré en convalescence, il s’embarqua pour l’Angleterre, et, à peine eut-il mis pied à terre, qu’il fut incarcéré à la requête de ses créanciers. Délivré, grâce à la générosité de quelques amis, il publia la relation de son voyage, sous le titre : Histoire exacte et véritable de la Uarbade (Londres, 1650, in-fol.), avec cartes et figures. Ce livre, curieux et vrai, rempli d’excellentes observations, a très-souvent été mis à contribution par d’autres explorateurs postérieurs à Ligou.

L1GONIER (Jean, comte de), général anglais d’origine française, né en 1078, mort en 1770. Issu d’une famille noble de Castres, persécutée pour cause de protestantisme, etdont une partie passa à l’étranger, il s’enrôla dans l’armée anglaise, commandée par lord Martborough et devint feld-maréchal, pair d’Irlande et comte. Fait prisonnier à la bataille do Lawfeld, où il commandait la cavalerie anglaise, par un soldai français qui lui emprunta son nom et devint plus tard, sous ce nom, général de la République, Ligonier fut présenté à Louis XV, qui le renvoya sur parole. À son retour en Angleterre, il fut nommé commandant en chef de l’armée, et mourut sans avoir eu l’occasion de se signaler dans ce nouveau grade.

L1GOR, ville forte du royaume de Siam, —port sur le golfe de Siam, par 8° 15’ de lat. N., et 980 de long. E., à 600 kilom. S.-S.-O. de Siam, ch.-l. de la province de son nom ; 6,800 hab. Elle est composée de petites maisons de bambou, couvertes en roseaux, et a un grand nombre de temples, surmontés de flèches

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élancées qui, de loin, ressemblent à des mâts. Le principal commerce d’exportation est l’é-. tain. Les Hollandais y avaient autrefois un comptoir. Il Province la plus méridionale du royaume de Siam, sur la côte orientale de la presqu’île de Malacca, au N. du royaume de Patani. Elle comprend les îles de Larchin et Tantalem. Le Patanor, le Carnom et le Ligor en Sont les principales rivières. L’étain y abonde. La ville du marna nom en est le chef-lieu. Le Ligor formait autrefois un royaume malais indépendant.

LIGORIO (Pirro), peintre, antiquaire et architecte italien, né à Naples vers 1530, mort a Ferrare en 1580. Les renseignements précis manquent sur sa famille et sur les premières années de sou existence. Il paraît cependant à peu près certain qu’il vint à Rome jeune encore, qu’il étudia à fond les auteurs latins, et qu’il dessina tous les monuments de l’ancienne cité.

Considéré comme peintre, Ligorio n’a droit qu’à une place très-secondaire. Son œuvre principale, le Festin d’Hérode, qu’il peignit a Borne pour l’oratoire de San-Giovanni-Decollato, laisse à désirer sous le rapport du dessin et du coloris, bien qu’on y admire avec raison la science des perspectives et la richesse des costumes et de l’ornementation. Comme architecte, il occupe, au contraire, un^rang distingué parmi les grands artistes de son époque. Il suffit de citer, à l’appui de cette assertion, le palais Lancellotti et ta. villa Pia à Rome, la villa de Tivoli et la digue du Pô à Ferrare, où l’avait mandé Alphonse II, qui le nomma architecte ducal avec un traitement de 25 écus d’or par mois. Il est cependant nécessaire d’indiquer, pour rendre hommage à la vérité, que, nommé par Paul IV architecte du Vatican et de la fabrique de Saint-Pierre, après la retraite de Michel-Ange, Ligorio, auquel on avait imposé comme condition expresse de sa nomination qu’il ne s’écarterait en rien, pour l’achèvement de la basilique de Saint-Pierre qui lui était confiée, des dessins exécutés par son illustre devancier, eut la fâcheuse présomption de modifier les plans du Buonarutti, et que cette présomption lui valut le retrait de sa place.

Vers 1568, quelque temps après son arrivée à Ferrare, Ligorio réunit et mit en ordre les dessins des monuments qu’il avait copiés et les notices relatives à ces dessins. Cette collection, qui ne comprend pas moins de trente-quatre volumes in-folio, se trouve aujourd’hui aux archives de Turin. Jusqu’à présent, on n’a imprimé de cet immense recueil que le volume intitulé : Délie antichilà di Jloma, etc ; un fragment De vehiculis, traduit et publié par Schœffer, dans son traité De re vehiculari (Francfort, 1671, in-4o) ; un autre fragment relatif à l’Histoire de Ferrare ; son grand plan de Rome antique, dont on a fait une foule de copies et de réductions, et son plan de la Villa Adriana.

•La réputation d^antiquaire de Ligorio a prêté à des jugements essentiellement différents. Suivant les uns, jamais plus impudent faussaire n’a forgé et mis en circulation tant de monuments épigraphiques apocryphes, altéré tant d’inscriptions, et porté un plus grand trouble dans les études sérieuses que les érudits [joursuivent, depuis de longues années, sur l’histoire, la chronologie et les institutions de l’empire romain. D’autres biographes, sans nier toutefois les nombreuses erreurs que renferme cette collection, absolvent complètement Ligorio de la falsification consciente des inscriptions et des médailles qui lui est imputée. Ce qu’on ne peut contester, c’est que les artistes et les archéologues ont puisé à pleines mains dans cette espèce de répertoire de la Rome antique, et qu’il y aurait exagération à refuser de parti pris à Ligorio toute exactitude et toute véracité, comme à nier les services qu’il a rendus à la science archéologique par ses travaux, même eu admettant leur imperfection.

LIGORISTE S. m. V. LIGUORISTE.

LIGORNÉ, ÉE adj. (li-gor-né). Hortic. Se dit d’une tulipe qui a sa feuille caulinaire liée à la fleur, et dont le calice est incliné.

LIGOZZl (Giovanni-Ermanno), peintre de l’école vénitienne, né à Vérone ; il vivait vers 1570. On a supposé, sans preuves positives, qu’il fut le père de Giacomo. Ligozzi, dont la biographie suit. Quoi qu’il en soit, cet artiste est bien inférieur en talent à Giacomo, si l’on en juge par les deux seules œuvres qu’on puisse lui attribuer avec certitude : le Nom de Jésus, à l’église des Saints-Apôtres de Vérone, et la Madone entre deux saints, fresque peinte au-dessus de la porte principale de l’église Saint-Naaaire de la même ville.


LIGOZZI (Giacomo), peintre italien, né à Vérone en 1543, mort à Florence en 1627. Il avait peint plusieurs tableaux plus remarquables par l’éclat du coloris et la facilité d’exécution que par la pureté du dessin, lorsqu’il quitta sa ville natale pour se rendre à Florence. Là, il se fit admettre parmi les élèves de Paul Véronèse, acquit la correction de dessin qui lui manquait et y joignit la vigueur et la richesse de coloris, une grâce et un charme, un goùl exquis dans les ornements, qui ont fait de lui un des peintres les plus distingués de son temps. Le grand-duc Ferdinand I« lo nomma peintre