Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 2, Lep-Lo.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée

LICH

ments exacts, tirés de ses œuvres et des récits des contemporains. Attaché, dès l’âge de douze ans, à la personne de la duchesse Béa-trice de Méranie, il passa, pour parfaire son éducation de gentilhomme, à la cour de Henri III, duc se Mœdling, qui lui enseigna tous les exercices du corps. Armé chevalier en 1223, le riraeur aspira à l’amour de la duchesse de Méranie, près de laquelle il avait passé" son enfance, et accomplit de nombreuses prouesses pour obtenir les faveurs de sa dame. Il parcourut l’Allemagne et l’Italie, proclamant le mérite de la princesse pour laquelle il soupirait, donnant et recevant des horions et jetant sa fortune à tous les vents ; ■ mais Béatrice de Méranie étant restée insensible à tant de constance, il rompit brusquement avec elle, et se consola auprès d une autre belle moins rigide. Les dissensions civiles vinrent l’arracher à ses distractions galantes. Fait deux fois prisonnier, XJlric de Lichtenstein paya de sa.personne et prit d’assaut la ville de Laybacn. À partir de ce haut fait, l’histoire garde sur lui un silence absolu.

Le minnesinger a laissé deux poSmes : le Service des dames et le Livre des dames, qui ont été publiés à Berlin en 1811,

LICHTENSTEIN (Joseph-Wenceslas, prince de), feld-maréchal autrichien, né à Vienne en 1696, mort en 1772. Entré a l’âge de dix-huit ans au service, et successivement colonel, général-major, lieutenant général, il fut nommé ambassadeur en France de 1738 à 1741. Créé feld-maréchal, il remporta sur les Français et les Espagnols la victoire de Plaisance, le 20 juin 1746, puis rentra dans la diplomatie, et enfin devint directeur général de l’artillerie autrichienne, au perfectionnement de laquelle il affecta la plus grande partie de sa fortune. Le prince de Lichtenstein était en même temps un amateur éclairé de peinture, et il a laissé unecélèbre galerie de tableaux qui a gardé son nom dans l’histoire de l’art.

LICHTENSTEIN (Maurice-Joseph de), général allemand, né en 1757, mort en 1819. 11 figura dans les dernières guerres de l’Autriche contre la France, et parvint au grade de feld-maréchal lieutenant. En 1SW, il commandait la première division do l’armée autrichienne à Leipzig, et lors de l’invasion il était à la tête de la 2° division de la même armée.

LICHTENSTEIN (Jean-Népomucène-Joseph, prince de), général allemand, né en 1760, mort en 1836. Il débuta dans la carrière militaire lors de la guerre contre les Turcs, et il avait atteint le grade de colonel quand éclata la guerre avec la France. En 1793, il assistait à l’affaire de Bouchain, et l’année suivante il était nommé général-major. Feldmaréchal lieutenant à farinée d’Italie, prisonnier dans Ulm en 1805 et renvoyé sur parole, il combattit à la bataille d’Austerlita et fut chargé de régler l’armistice. On le vit ensuite se signaler à Taun, à Aspern, à Essling, à Wagram et prendre part aux campagnes de 1812,1813 et 1814. Dans cette dernière année, il reprit le gouvernement de sa petite principauté et fut nommé un des douze directeurs permanents de la banque d’Allemagne.

LICHTENSTEIN (Aloys-Gonzague, prince db), général allemand, né en 178n, mort en 1833. Entré de bonne heure dans la carrière militaire, il parvint au grade de feld-maréchal lieutenant, se distingua à Leipzig et tic les campagnes de 18H et 1815 contre la France. Il commandait la Bohême lorsqu’il succomba à ses nombreuses blessures.

LICHTENSTEIN (Martin-Henri-Charles), naturaliste allemand, né en 1780, mort en 1857. Reçu docteur en médecine en 1801, il visita le Cap de Bonne-Espérance, puis revint’occuper à Berlin une chaire d histoire naturelle, et fut nommé conseiller intime de médecine et directeur du musée de zoologie, qui, grâce à son intelligence et à ses soins, devint l’un des musées les plus complets d’Europe. Lichtenstein a laissé un ouvrage intitulé : Voyage dans le sud de l’Afrique (Berlin, 1811, 2 vol. gr. in-8<>).

LICHTENSTEINIE s. f. (lich-tain-sté-nî — de Lichtenstein, sav. allem.). Bot. Genre de plantes, de la famille des ombellifères, tribu des sésélinées, originaire du Cap de Bonne-Espérance. Il Syn. d’oRNiTHOGLOSSE, autre genre de plantes.

L1CHTENTHAL (Pierre), musicographe allemand, né à Presbourg en 1780, mort en 1853. Il se fit recevoir docteur en médecine, puis se fixa, en 1810, à Milan, où il passa le reste de sa vie, et devint censeur impérial et royal. Passionné pour la musique, il devint un instrumentiste habile et un compositeur de talent. On a de lui des quatuors et la musique de quelques ballets, notamment du Comte d’Essex 11818), et d’Aleàsandro (1820) ; mais il doit surtout sa réputation à ses ouvrages sur la musique, parmi lesquels nous citerons : Art musical (Vienne, 1801), traduit en italien par Lichtenthal, sous le titre de ; Trattato delt’influenza délia musica (1811) ; Harmonie des daines (Vienne, 1806) ; Orpkeik (1807), méthode de composition ; Dizionario e biOliographia délia musica (Milan, 1826,4 vol. in-8o), ouvrage estimé ; Utthetica (Milan. 1831).

LICI

L1CHTENVOORDE, ville du royaume de Hollande, province de Gueldre, arrond. et à 31 kilom. S.-E. de Zuphten ; 3,000 hab. ■

LICHTERVELDE, ville de Belgique, province de la Flandre occidentale, arrond. et a 17 kilom. S. de Bruges ; 6,207 hab. Fabrication de lainages ; teintureries, briqueteries.

LICHTSTALL, ville de Suisse. V. Liestall.

L1CHTWEHR (Magnus-Gottfried), fabuliste allemand, né à Wurzen (Misnie) en 1719, mort à Alberstadt en 1783. Docteur en droit, il professa la jurisprudence à Wittemberg, puis à Halberstadt, devint ensuite conseiller de régence (1752) et membre du consistoire. Ce tut pendant ses heures de loisir qu’il composa ses Fables ésopiques (Leipzig, 1748, in-8»), traduites en français en 1782, et qui sont justement estimées en Allemagne. Si par le goût et le jugement Lichtwehr est inférieur à Lessing et à Gellert, il les surpasse par le talent de la narration, par le piquant des tournures et par des aperçus philosophiques. Nous citerons encore de lui : le Droit naturel (Leipzig, 1758), poème froid, et dépourvu d’imagination, que Mmc Eaber a traduit en français (1777, iu-8°).

LICIER s. m. V. LISSIER.

Licine s. m. (li-si-ne — du lat. licinus, tourné en haut). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentamères, de la famille des carabiques, tribu des patellimanes, comprenant une quinzaine d’espèces, la plupart européennes ou du nord de l’Afrique.

LICINIA (famille), maison plébéienne distinguée de l’ancienne Rome. Cette famille fut ainsi nommée d’après son chef, qui avait les cheveux crépus, ce que les Latins désignaient par le mot licinus. Le premier tribun militaire, revêtu en 354 de la puissance consulaire, fut P. Licinius Calvus ; son petit-fils, C. Licinius Calvus Stolo, fut le premier consul plébéien. Trois branches de cette maison se sont illustrées, les Cras- sus, les Lucullus, les Murena. Les Crassus joignaient à leurs noms cMui de Dives, depuis P. Licinius Crassus, un des Romains les plus respectables, qui, par une exception à la loi, avait été nommé grand pontife avant d’avoir passé par les emplois curules. Son fils, qui ne brigua pas les honneurs publics, adopta un frère de P. Mucius Sccevola, le grand pontife, qui fut le maître et le modèle de Cicéron. Le jeune Licinius prit les noms de P. Licinius Crassus Mucianus Dives et propagea la branche aînée des Crassus. De la branche aînée descendit le triumvir Crassus, qui fut tué après la bataille de Carrhex. Un de ses descendants adopta le fils de ce Calpurnius Piso, qui avait conspiré contre Néron. Le jeune Piso porta dans la famille des Licinius le beau nom de Frugi, qui distinguait celle dont il était issu. Ses fils y joignirent encore celui de Scribonianus, en l’honneur de leur mère, qui descendait de la famille Scribonia. La branche des Lucullus doit principalement son illustration au célèbre générai de ce nom, qui vainquit Mithridate. Un des Murena’se distingua aussi dans la guerre contre le roi du Pont, et obtint en récompense de sa valeur les honneurs du triomphe.

LICINIA, prêtresse romaine, attachée au culte de Vesta, vers l’an de Rome. 640. Elle fut accusée, avec deux de ses compagnes, Emilia et Marcia, d’avoir manqué à son vœu de chasteté. Emilia, condamnée par le grand pontife, descendit l’échelle qui menait au petit caveau, où la coupable ne devait trouver qu’un peu de pain et un peu de lait, et qu’on devait pour jamais fermer sur elle ; Licinia et Martia furent d’abord épargnées ; mais le peuple se récria contre la clémence du grand pontife, et donna commission à Lucius Cassius d’examiner à. nouveau le procès des vestales. Le petit caveau de la porte Collatine se rouvrit, et les deux jeunes filles allèrent rejoindre leur compagne.

Lucius Cassius poussa plus loin encore la sévérité, et, voulant donner entière satisfaction au peuple, il rechercha les jeunes gens complices des jeunes vestales et les punit de mort.

L1CINIANUS (Granius), historien romain qui vivait au l" siècle avant J.-C. Il n’était connu que par des citations de Maciobe et de Servius, lorsque l’Allemand G.-H. Pertz, en visitant les manuscrits du British Muséum de Londres, découvrit un palimpseste contenant la trace d’une écriture latine au-dessous de caractère syriaques. Ayant obtenu l’autorisation de traiter le manuscrit par le sulfure d’ammonium, il put lire et copier en partie le texte primitif, qu’il publia sous le titre de : Gai Grani Liciniani unnaiium qus supersunl (Berlin, 1857, in-4o). Les fragments des Annales de Licinianus, qui était contemporain de Salluste, contiennent des détails intéressants sur les hommes de son temps.

LICINIO (Bernardino), peintre italien de l’école vénitienne, né dans les premières années du xvie siècle. Parent et élève de Pordenone, il s’appropria tellement le style de son maître que plusieurs de ses ouvrages,et, parmi les plus célèbres, on cite : la Vierge de l’église des Conventuels, à Venise ; la Tête d’homme ; le Joueur de paume, du musée de Berlin, et le Portrait d’Ottavio Grimant,

LICI

qu’on voit au musée de Vienne, — ont été attribués au Pordcuone lui-même.

LICINIO (Giulio), dit le Romain, peintre italien de l’école vénitienne, né vers 1500, mort en 1561. Neveu et élève de Pordenone, il alla compléter son éducation auprès des artistes de l’école romaine, puis revint à Venise et y peignit quelques tableaux, dont la réussite porta jusqu’en Allemagne le nom de leur auteur. Mandé à Augsbourg-pour y exécuter de nombreuses fresques, il se fixa définitivement dans cette ville, qu’il habita jusqu’à sa mort, sauf l’intervalle d’un séjour, en 1556, à Venise, où il avait été appelé pour travailler ù de grandes compositions, concurremment avec le Schiavone et Paul Véronèse.

LICINIO (Giovanni-Antonio), dit le Jeune , et lo Sacchiome, peintre italien de l’école vénitienne, frère du précédent, né vers 1515, mort en 1570. Par suite du surnom de dé Sacchi que les Créinonais avaient donné au Pordenone, dont il était le neveu et l’élève, Licinio le Jeuné fut désigné souvent sous le nom d’il Succuicnse. Cet artiste n’a pas marqué son individualité dans l’art qu’il a cultivé. On ne connaît aucune œuvre qui puisse lui être attribuée avec certitude.

LICINIO (Giovanni-Antonio), peintre italien, plus connu sous le nom (le Pordenone. V. Pordenone.

LICINIUS CALVUS MACER (Caius), orateur et poète romain, contemporain de Cicéron, né en 1 82 avant J.-C., mort en 46. Comme orateur, ses contemporains le considéraient comme l’émule souvent heureux de César, de Brutus, de Pollion, de Messala, de Cicéron lui-même, et Quintilien a vanté la noblesse et l’auicisme de son style. De toutes ses pièces de vers, dont Catulle, Properce et Ovide parlent avec admiration, de ses Epigrammes contre Pompée et César, de son ueau poeine d’/o, il nous reste seulement quelques fragments qui font vivement regretter la perte de ces charmantes compositions,

LICINIUS L1CIN1ANOS (Publius Flavius Galerius Valerianus), empereur romain, né en Dacie vers 263, mort en 324. Galerius mourant l’associa à l’empire en 307 ; il battit plusieurs de ses compétiteurs et resta enfin, avec Constantin, seul maître de l’empire (312) ; il eut en partage l’Orient ; mais bientôt la guerre s’alluma entre les deux empereurs, et Licinius, vaincu une première fois en Pannonie, accepta une paix onéreuse (313). La guerre recommença en 321. Constantin, après avoir vaincu de nouveau Licinius à Chalcédoiue (323), le dépouilla de la pourpre et te fit étrangler l’année suivante ; il fit également étrangler son fils Licinius (Flavius Valerianus), qui était âgé de douze ans.

LICINIUS MACER (Caïus), historien et orateur romain, né vers l’an no avant J.-C, mort en 66. Questeur en 78, tribun du peuple en 73, puis préteur et enfin gouverneur d’une province, il se distingua comme chef du parti démocratique à Rome, et succomba sous la haine du parti contraire. Accusé de concussion par Cicéron, et voyant sa mort assurée, il s’étrangla de ses propres mains, pour éviter la confiscation de ses biens au profit de l’État. Licinius avait composé, sur l’histoire romaine, des Annales que Tite-Live et Denys d’Halicarnasse citent avec éloge. Ces Annales, dont il ne nous reste que des fragments, commençaient a la fondation de Rome et donnaient sur les premiers siècles de la ville éternelle des renseignements pleins d’intérêt, au dire des historiens postérieurs qui les ont citées.

LICINIUS STOLON (Caïus), tribun du peuple à Rome (376 av. J.-C). Il lit passer, après dix ans d’efforts et de luttes, avec le concours de son ami Sextius Lateranus, comme lui tribun du peuple ; une loi qu’on nomma Licinia, du nom de son auteur, comme c’était l’usage, loi destinée à porter remède à trois plaies qui dévoraient lentement la république : l’usure, l’envahissement par les patriciens de la terre romaine, l’ager publicus, l’exclusion des plébéiens des hautes charges, des magistratures curules. La loi Licinia comprenait trois propositions : l<> prélèvement sur le capital de toute dette de la somme des intérêts payés ; faculté d’un délai de trois ans pour le payement intégral des sommes dues ; 2° restriction de toute propriété territoriale à 500 arpents ; distribution de l’excédant aux indigents ; 3U choix forcé d’un des deux consuls parmi les plébéiens.

Celte loi, que toute l’habileté des patriciens ne put empêcher de passer (366), fut exécutée d’abord avec assez d’exactitude, et Licinius lui-même fut puni d’une amende pour y avoir contrevenu.

LICINIUS TEGULA, poète dramatique romain qui vivait vers 1 an 200 de notre ère. Les anciens lui assignaient le quatrième rang parmi les comiques latins. Malheureusement, ses comédies sont perdues.

LICINUS, Gaulois de naissance et affranchi de César, qui vivait dans le r" siècle avant J.-C, et se fit une triste célébrité par les concussions qu’il exerça sur ses compatriotes, après qu’Auguste l’eut nommé gouverneur de la Gaule. Ses administrés ayant porté plainte auprès de l’empereur, Licinus

LICI

489

évita le châtiment dû a ses déprédations en donnant à son maître la fortune qu’il avait amassée dans les Gaules. On a fait sur ce concussionnaire l’épigrammo suivante : Marmorto Licinus tumulo jacet, al Cala parvo, Pompeius nullo !... Qui* putet esse Dcos t

LICINUS CLOD1US, historien.romain qui vivait vers le commencement du ior siècle avant J.-C. Plutarque, Tite-Live, Cicéron mentionnent fréquemment cet écrivain, dont le recueil A’Annales a été perdu.

LICITATION s. f. (li-si-ta-si-on — rad. liciter). Jurispr. Vente a l’enchère d’un bien possédé par indivis : Licitation entre majeurs, entre mineurs. Vendre une maison par

LICITATION.

— Encycl. Jurispr. La licitation a pour objet de diviser le prix d’une propriété entre des copropriétaires, proportionnellement à la part indivise que chacun d’eux a dans la chose commune, lorsque le partage direct et en nature de cette propriété est impossible.

Cette sorte de vente était usitée chez les Romains ; en effet, le mot latin liceri signifie , être mis à prix, d’où licitation, enchère. Il est même vraisemblable que les Romains la tenaient eux-mêmes des Grecs. Nous en trouvons les principes dans la loi des-Douze Tables, dans le livre de l’édit perpétuel, dans les titres du Digeste. Ces principes peuvent se réduire à cinq : l" la licitation n’est point une vente, mais une manière de partager, un des effets de l’action commum dioidundo : c’est le complément du partage, en quelque sorte ; 2° la licitation a lieu non-seulement entre cohéritiers, mais entre colégataires, codonataires, coacquéreurs, en un mot, entre tous les cointéressés ; 3« la licitation peut avoir lieu toutes les fois que la chose commune ne peut pas se partager commodément ; 4° la licitation doit se fairo par-devant le délégué du préteur : prtelor arbitros très dato, tels sont les termes de l’édit perpétuel ; 5° les étrangers peuvent quelquefois être admis à enchérir avec les copropriétaires. Tels sont les principes que les Romains nous ont laissés sur cette matière. On va voir comment ils ont passé dans nos mœurs.

En droit français, la licitation a également pour objet de suppléer le partage. Elle ne peut, par conséquent, avoir lieu qu’il l’égard des choses indivises, qui pourraient faire l’objet d’un partage. Elle ne serait donc pas possible relativement aux choses indivises qui, d’après leur nature, leur objet ou la convention des parties, sont destinées à rester communes entre tous les copropriétaires : par exemple, une fosse d’aisances.

D’après les principes du code civil, il y a lieu a licilalion : l« si fine chose commune à plusieurs ne peut être partagée commodément et sans perte ; 2° si, dans un partage fait de gré à gré de biens communs, il s’en trouve quelques - uns qu’aucun des copartageants ne puisse ou ne veuille prendre.

De même qu’en droit romain, la licitation a lieu non-seulement entre cohéritiers, mais entre colégataires, codonataires, coacquéreurs, en un mot, entre tous les associés et communistes, de quelque manière que la société ou la copropriété ait commencé.

Pour la licitation, le législateur avait à combiner deux principes diamétralement opposés : l’un, d’après lequel nul ne doit être forcé de convertir ses immeubles en argent ; l’autre, suivant lequel nul ne peut être contraint de rester dans l’indivision. Il devait, par conséquent, ptfur arriver à cette combinaison, faire fléchir le principe dont la dérogation était do nature a entraîner le moins d’inconvénients. Or, il serait injuste de contraindre un copropriétaire à vivre dans un état perpétuel de communauté avec des personnes dont l’humeur pourrait amener la discorde, ou dont les dettes personnelles mena* ceinient la chose commune d’une saisie de nature à absorber la part de celui qui ne doit rien.

Toutefois, pour que la licitation ne dégi. nère pas en un abus vexatoire, il est nécessaire qu’il y ait dans le partage une incommodité considérable, vu que la division dégrade ou déprécie la chose elle-même, ou qu’elle occasionne un préjudice commun. Sans cela, le partage en nature doit être appliqué.

Remarquons cependant que la loi n’exige point qu’il y ait une impossibilité absolue de partager physiquement une chose matérielle ; on peut, en effet, toujours la diviser, ne fûtce qu’en la morcelant ; mais le partage dont s’occupe la loi n’est pas une dissolution des parties qui composent la chose, dissolution qui en pourrait entraîner la ruine ; c’est une division inspirée par un esprit de conservation ; c’est une répartition entre tous des avantages qu’elle procure dans l’état où elle se trouve.

On doit s’appuyer sur ces bases pour juger si une chose peut sans perte et commodément être partagée : c’est là une question da fait que les tribunaux ont à résoudre, et pour laquelle ils consultent ordinairement les exfierts, bien que les rapports des experts ne es lient en aucune manière.

Quand il résulte du rapport des experts que la chose ne peut être partagée qu’au moyen de travaux indispensables, comme, par exemple, en scindant les appartements d’une mai

62