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de Campistron. Lagrange s’occupa beaucoup do rechercher quel était le personnage caché sous le nom de Masque de fer, et il crut y voir le duc de Beaufort. Il a écrit sur ce sujet une lettre à Fréion, laquelle fit beaucoup de bruit.

LACHASSE, bourg de France. V. Grasse (la).

LAGRAVE (M™« de), romancière française, morte dans la première moitié de notre siècle. Elle n’est connue que comme auteur d’un assez grand nombre de romans publiés pendant le Directoire, le Consulat et l’Empire, et dont plusieurs ont paru sous le voile de l’anonyme. Nous citerons, parmi ses productions, dont le style est fort médiocre : Sophie de Deauragard ou le Véritable amour (1798, in-12) ; Zabeth ou la Victime de l’ambition (1798, 2 vol.) ; Minuit (1798) ; le Château d’Alvarino (1799, 2 vol.) ; M. Mënard ou l’Homme comme il y en a peu (1802, 3 vol.) ; la Chaumière incendiée (1802, 2 vol.) ; Juliette Belfour (1803) ; Hector de Homagny (1803, 2 vol.) ; la Méprise du coche (1805, 2 vol.), réédité en 1819, sous le titre de la Méprise par diligence, etc.

LAGRAV1ÈRE (Pierre-Roch et Jean-Baptiste-Edmond Juhibn-), marins français. V. Jurien-Lagravière.

LAGRE s. m. (la-gre). Techn. Plaque de verre ou de terre réfractaire, sur laquelle, dans la fabrication du verre a vitres par le procédé des cylindres, on place les manchons pour les soumettre à l’opération de l’étendage,

LÂCHÉE (Ernest-Marie-Louis de Gonzagoe Doudart de), marin et voyageur français.

V. DOUDART DE LaGRÉE.

LAGRENÉ (Théodose-Marie-Melchior-Joseph de), diplomate français, né à Amiens en 1800, mort en 1862. Il enira, en 1822, au ministère des affaires étrangères, qui avait alors a sa tête Matthieu de Montmorency, et accompagna, la même année, ce dernier au

congrès de Vérone. Attaché successivement ensuite aux ambassades de Russie (1823), de Constantinople (1825) et de Madrid (1820), il revint, en 1828, comme deuxième secrétaire d’ambassade, à Saint-Pétersbourg, où il fut nommé premier secrétaire en 1831. Après y avoir rempli quelque temps les fonctions de chargé d’affaires par intérim, il fut placé à la tête de la légation de Darmstadt en 1834, et l’année suivante devint ministre résident en Grèce, où il demeura jusqu’en 1843. A cette époque, il fut chargé d’une mission extraordinaire en Chine, mission dont le but

principal était do conclure un traité de commerce et de navigation, qui assurât directement a la France les mêmes avantages politi’ ques et commerciaux dont jouissaient l’Angleterre et les États-Unis. M. Lagrené arriva à Macaoen août 1844, et eut, dans cette ville, au mois d’octobre suivant, avec le commissaire chinois Ki-in, plusieurs entrevues qui aboutirent à la conclusion du traité de Whampoa (28 octobre 1844), lequel fut ratifié à Canton le 25 août 1845. M. Lagrené employa l’intervalle qui s’écoula entre la signature et la ratification du traité, en négociations pour la liberté du culte en Chine, et parvint à faire promulguer dans une partie de l’empire deux édits (mars 1845 et mars 1846), qui autorisaient les Chinois à pratiquer la religion chrétienne, à construire des églises, etc. Il s’occupa aussi de réaliser une autre partie non moins importante de sa mission, et qui consistait à assurer à la France, dans l’extrême Orient, la possession d’une île qui pût servir à la fois d’établissement militaire pour sa marine et d’entrepôt pour son commerce. L’Ile do Basilan, dans l’archipel Soulou, qu’il avait primitivement choisie, ne lui ayant pas pa’r.u réunir toutes les commodités désirables, il choisit en Chine même l’île de Shangllui, qui est eifectivement devenue aujourd’hui le principal centre commercial et militaire de la Franco en Chine. De retour en Europe, en 1846, M. Lagrené fut élevé à la pairie, et se fit remarquer a la Chambre des pairs par la part qu’il prit aux discussions financières. Elu, en 1849, membre de l’Assemblée législative par le département de la Somme, il fit partie de la majorité conservatrice, et parla surtout dans les discussions sur les questions de finance, de traités de commerce, de conventions postales, etc. Le 2 décembre 1851, il fut du nombre des représentants qui se réunirent à la mairie du X° arrondissement pour empêcher l’accomplissement du’ coup d’État ; arrêté le même jour, il ne tarda pas à être rendu à la liberté. M. Lagrené se-retira alors de la scène politique, et devint l’un des administrateurs du chemin de fer du Nord.

LAGRENÉE (Jean-Louis-François), peintre, dit l’Aibaue français, né à Paris en 1724, mort dans la même ville en 1805. Élève de Carie van Loo, <il obtint, au premier concours auquel il se présenta, le prix de Rome, et, après quelques années de séjour en Italie, il revint à Paris, où il exposa l’Enlèvement de Déjanire, qui eut, nous di t Lebas, un grand succès. Cette toile n’avait pourtant que des qualités secondaires : une certaine science d’arrangement et quelques intentions de couleur. Pour ceux qui n’auraient pas vu l’original, les gravures nombreuses qui l’ont reproduit suffiraient pour prouver la justesse de notre

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observation. Les figures, empruntées parfois trait pour trait aux tableaux les plus connus de la Renaissance, manquent absolument d’originalité. D’autre part, l’exécution laisse beaucoup à désirer : le modelé est indécis ; la ligne, tourmentée, pleine d’hésitation, accuse parfois une véritable ignorance de la forme. Les morceaux qui suivirent cette composition et qui datent de cette époque ne valent pas mieux ; ils furent néanmoins accueillis avec une égale faveur. L’artiste était en vogue ; l’Académie de peinture venait de lui ouvrir ses portes (1755). Peu après, l’impératrice de Russie le nomma son premier peintre, et l’appela à Saint-Pétersbourg, où il devint directeur de l’Académie des beaux-arts. Mais ne pouvant se faire au climat rigoureux du nord, il revint à Paris en 1781. À son retour, la direction de l’École de Rome lui fut confiée par le roi Louis XVI, qui était un de ses admirateurs. Ce fut durant son séjour dans la ville éternelle qu’il peignit son tableau le plus connu, la Veuve d’un Indien, peinture larmoyante et léchée, d’un sentiment faux, fade paraphrase des élégies bourgeoises de Greuze. Néanmoins, cette toile eut alors un succès inouï. Il est juste d’avouer, cependant, que l’exécution en était bien supérieure à celle des œuvres précédentes ; mais ce mérite n’était pas à la hauteur des récompenses dont Lagrenée fut comblé. Il reçut, en effet, en quittant l’École de Rome, une pension du roi et un magnifique appartement au Louvre. La République le priva de cette dernière faveur, tout en lui conservant ses fonctions de professeur à l’École des beaux-arts. Sous l’Empire, il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur et conservateur des musées ; mais il était vieux alors (1804), et ne put jouir longtemps de cette position. Plusieurs graveurs ont reproduit les meilleures compositions de cet artiste qui, de son temps, fut beaucoup trop vanté : la Chaste Suzanne, le Désespoir d’Armide, Sarah et Agar, la Vierge aux anges, la Mort du Dauphin, le Sacrifice de Polyxène, Alexandre consolant la famille de Darius, etc.

LAGRENÉE (Jean-Jacques), peintre, frère du précédent, né à Paris en 1740, mort dans la même ville en 1821. Cet artiste, qui rendit de véritables services à la manufacture de Sèvres, en donnant à ses produits une direction pratique, avait été l’élève de son frère, qu’il suivit en Italie et en Russie. Il revint avec lui à Paris, et eut sa part des avantages qu’assurait à ce dernier la vogue dont il jouissait. C’est ainsi qu’il fut admis à l’Académie de peinture par l’influence de Jean-Louis, et qu’il eut, par la même voie, des commandes assez considérables : Moïse sauvé des eaux, par exemple, et les Noces de Cana, très-faibles compositions exécutées à Fontainebleau, et qui donnent une médiocre idée du peintre. Parmi ses autres tableaux, nous citerons : Télémaque racontant ses aventures à Calypso, le Martyre de saint Étienne, Tarquin admirant la vertu de Lucrèce, etc., grandes compositions, aussi faibles au point de vue du dessin que de la couleur. Mais si Lagrenée ne réussit point dans la grande peinture, il fit preuve d’un remarquablé talent en exécutant sur toile, sur hors et sur verre des fleurs, des arabesques, etc., avec autant de délicatesse que de goût. Attaché à la manufacture de Sèvres, il opéra, par ses dessins et ses compositions décoratives, une heureuse révolution dans les formes et les ornements des produits de la célèbre manufacture.

LAGRENÉE (Anthelme-François), peintre français, fils de Lagrenée aîné, né en 1775, mort en 1832. Il étudia dans l’atelier de Vincent, dut renoncer quelque temps aux beaux-arts pour satisfaire à la réquisition militaire en 1793, et, comme son père et son oncle, visita la Russie, où il jouit de la faveur de l’empereur Alexandre. Il peignit pour ce prince plusieurs portraits, ainsi que des tableaux historiques ; à son retour en France, il ne s’occupa plus guère que de camées et de miniatures. Son tableau le plus connu représente : Œdipe rencontrant Laïus dans le sentier funeste (1819).

LAGR1AIRE adj. (la-gri-è-re — rad. lagrie). Entom. Qui ressemble ou qui se rapporte à la lagrie.

— s. f. pi. Tribu d’insectes coléoptères hétéromères, renfermant les genres lagrie, statyre et hémipèple.

LAGRIE s. f. (la-grl). Entom. Genre d’insectes coléoptères hétéromères, de la famille des trachélides, type de la tribu des lagriaires.

— Encycl. Ce genre d’insectes est caracté-’ risé paTune tête et un corselet plus étroits que l’abdomen ; des antennes filiformes, distantes, souvent presque grenues ou un peu

. plus grosses a l’extrémité, variables suivant les sexes et posées au-dessus des yeux, qui sont en forme de croissant ; la lèvre entière ou à peu près ; les palpes maxillaires terminées par un article en triangle renversé. Ce genre comprend une cinquantaine d’espèces répandues sur tous les points du globe. Les lagries ont le corps couvert de poils épais. Souvent, les deux sexes diffèrent tellement de forme et de grandeur qu’on les prendrait pour deux espèces distinctes. Presque tous ces insectes vivent aux dépens des feuilles des arbres ou des arbrisseaux ; ils contrefont les morts quand on les touche. Leur vol est agile et rapide. C’est à peu près tout ce que

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l’on sait sur leurs mœurs. Leurs larves n’ont pas été observées.

LAGRIMOSO adv. (la-gri-mo-zo — mot ital. qui signif. avec des larmes). Mus. Mot qui, mis en tète d’un morceau, indique qu’on doit le chanter ou l’exécuter lentement, et avec une expression de mélancolie, de tristesse.

LAGRIVE (Jean de), géographe et graveur français, né à Sedan en 1689, mort à Paris en 1757. Admis dans l’ordre des lazaristes, il se fit ordonner prêtre, puis alla professer la philosophie à Cracovie. De retour à Paris en 1714, il renonça à l’état religieux, et se livra avec ardeur à l’étude de la géographie, du dessin, de la gravure, de l’arpentage, etc. Son premier travail important fut un plan de Paris (1728), supérieur à tous ceux qui avaient paru jusqu’alors, et qu’il dessina et grava lui-même. Peu après, il fut nommé géographe do la ville de Paris. Lagrive travailla avec Cassini à la détermination du méridien de l’Observatoire, puis entreprit un plan détaillé des divers quartiers delà capitale ; mais il n’eut que le temps de publier le plan de la Cité (1754). On lui doit : Manuel de trigonométrie pratique (Paris, 1754, in-8») ; Nouveau plan de Paris (1729, in-fol.) ; Plan des fontaines de la ville et des faubourgs de Paris (1737) ; Environs de Paris (1731) ; Carte des juridictions ressortissantes en la cour des aides de Paris (1747, in-plano) ; Plan de la ville de Beauvais (1750, in-4o).

LA GUAYRA, ville de l’Amérique du Sud.

V. GUAYRA (LA).

LAGUE s. f. (la-ghe — de l’art, la, et du lat. aqua, eau). Ane. mar. Sillage du vaisseau : Venir dans la lagub d’un vaisseau.

LAGUÉRIE (Jean Tesson de), littérateur français, né à Coutances (Manche) en 1744, mort il Paris en 1776. Il n’est connu que comme l’auteur des ouvrages suivants : les Amours de Lucile et de Doligny, ou Lettres de deux amants, roman (1770, 2 vol- in-12) ; la Fille de trente ans, comédie en un acte et en prose (1776, in-S°).

LA GUÉR1N1ÈRE (François Robichon de), écuyer français, mort à Versailles en 1751. 11 fut un des hommes les plus habiles de son temps dans l’art de dresser et de soigner les chevaux, obtint une grande vogue, et devint écuyer de Louis XV. On lui doit deux ouvrages, encore aujourd’hui très-recherchés des connaisseurs : l’École de cavalerie, contenant la connaissance, l’instruction et la conservation du cheval (Paris, 1733, in-fol.) ; les Éléments de cavalerie (Paris, 1740, 2 vol. in-12). Ces deux traités ont été souvent réédités, le dernier à La Haye, en 1742, sous le titre de Manuel du cavalier.

LA GDERL1CHE, type populaire flamand, une des personnifications de l’esprit qui court les rues et les champs. À la fois boudeur et railleur, goguenard et sentencieux, il est ami des proverbes et des rébus, le meunier La Guerliche, car il est meunier, ce compatriote de 'fil Ulespiegèle, et plus rusé que maître Renard lui-même. Ses muscades sont célèbres dans toutes les Flandres, et son aventure avec le roi des Pays-Bas, aventure qui, certes, ne manque pas de sel, donne une idée de son esprit fécond en ressources. Un jour, le roi des Pays-Bas vint à Douai pour voir la fête dite de Gayant, célébrée chaque année le dimanche le plus voisin du 7 juillet. En.se promenant, le lendemain, au soleil des loups, c’est-à-dire au clair de la lune, il avisa un moulin et une ferme, les plus beaux qu’il y eût en pays flamand. « À qui ce moulin ? demandat-il.

— Au meunier La Guerliche, sire, lui répondit-on. — Et cette ferme ? — Au mayeur Sans-Souci. — Sans-Souci 1 voilà, un particulier qui a plus de bonheur que son monarque. Minutai je vas t’en donner, fieu, du souci. Qu’on aille lui annoncer de ma part que je l’attends d’aujourd’hui en huit pour lui demander trois choses : 1° ce que pèse la lune ; ce que je vaux, et 3» ce que je pense. S’il répond de travers, tant pis pour lui, il sera pendu. » Sans-Souci, qui a plus de bien au soleil.que d’esprit en tète, se désole : il ne pourra résoudre trois problèmes si compliqués, et c’en est fait de lui. Fort heureusement, le voisin La Guerliche s’offre pour répondre à sa place, et se présente à l’audience royale sans plus de façons que s’il entrait chez un ami. ■ Ah ! ahl mon gaillard, lui dit le roi des Pays-Bas en apercevant le rustre ; tu t’es donc soucié de savoir ce que pèse la lune, toi ? — Il a bien fallu, sire, répond l’autre en se grattant l’occiput. —■ Et quel est son poids ? — Une livre. — Une livre !» s’écria le monarque ; et, pensant que le mayeur (car il prenait La Guerliche pour ce dernier) se moquait de lui, il fronça le sourcil. Tous les visages des courtisans se rembrunirent, comme bien vous le devez penser. ■ Oui, une livre, répéta La Guerliche, à preuve qu’elle a quatre quarts. — Au fait, cela est vrai ! dit le roi en souriant, et toutes les figures s’illuminèrent comme par enchantement.

— Et t’es-tu inquiété de savoir ce que vaut notre personne, au plus juste prix ?-Au plus juste prix... vingt-neuf deniers.

— Drôle 1 dit le roi. Il ôta sa pipe de sa bouche, et toute la cour se mit à murmurer comme un seul homme. — Dame 1 sire, continua La Guerliche sans se déconcerter, puisque Notre Seigneur Jésus-Christ en a été vendu trento.

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— Ah I très-bien I » s’écria le monarque. Il tira une épaisse bouffée de fumée, et l’écho répéta autour de lui : « Très-bien I très-bien I très-bien 1 — Silence I dit le roi. Et maintenant voyons la troisième question. Mais, cetto fois, prends gardeI... Allons ! pourraist-u mo dire ce que je pense ? — Parbleu ! oui, sire-, Votre Majesté pense que je suis le mayeur Sans-Souci, et je ne suis que La Guerliche.

— Je te nomme mon premier ministre, s’écria le roi en se levant de son trône. Je ne saurais en trouver un plus malin. » Malin ? La. Guerliche l’est jusqu’au bout, car il se coutente de devenir le meunier du roi, et rofuso tous les honneurs qu’on lui propose. Ainsi, on le voit, ce type du meunier La Guerliche est taillé en plein peuple. Ce héros en sabots et en veste de toile a laissé des descendants que nous retrouvons encore les jours de foire sous la défroque de Bobèche, faisant assaut de bon sens caché sous une niaiserie apparente. Avec ses allures toutes rondes, le bonhomme La Guerliche, qui n’est qu’un pauvre diable, un petit sans importance, un ver de terre, trouve le moyen de se moquer des grands ; il les crible de ses traits, si bien enveloppés dans toutes sortes de réticences et d’à-peu-près, que ses nobles victimes n’y prennent pas garde ou ne s’en peuvent fâcher. D’ailleurs, il a le secret de les faire rire en les bernant, et de panser une blessure toute fraîche par un à-propos doucereux. Il a, do plus, un côté cynique et hardi qui dénote son origine. Le mot cru ne lui fait pas peur, et il le lâche comme il lui vient, tant pis ou plutôt tant mieux si les dames rougissent jusqu’au blanc des yeux ; il s’en frottera les mains et rira à faire éclater ses bretelles. Et maintenant une question aux érudits : N’y aurait-il pas une lointaine parenté entre le meunier La Guerliche et ce saint Cuerlichon, dont lo culte rappelait les pratiques les plus licencieuses du paganisme ? La statue de saint Guerlichon, aussi... — comment dire cela ?aussi difforme que celle de Priape, avait la vertu de rendre les femmes fécondes, vertu qu’elle partageait avec les statues de saint Guignolet, de saint Renaud, etc. Vo3T. Cambry, Voyages dans le Finistère (t. I, p. 193 et 229) ; Harmand de la Meuse, Anecdotes relatives à la dévolution (p. IIS) ; Leduehat, note au chap. xxxvmde l’Apologie pour Hérodote, et Collin de Plancy, Dictionnaire des reliques. Qui sait si de Guerlichon on n’a pas fait La Guerliche, et si le brave meunier n’avait pas, comme le saint en question, quelque vertu secrète, chère aux femmes mariées ? Il y a toujours un grain de paillardise dans les créations populaires, et les héros du bon vieux temps sont toujours plus ou moins coureurs de filles et grands amateurs de la femme du voisin. La Guerliche, qui était un finaud, a dû donner en cachette plus d’un conseil utile, et il est à croire que son esprit était aussi inépuisable devant les matrones flamandes que devant le roi des Pays-Bas, savez-vous ?

LA GDÉRONN1ÈRE (Louis-Étienne-Arthur Dubreuil-Hélion, vicomte de), publiciste et homme politique français, né dans le Poitou en 1816. À dix-neuf ans, il débuta dans le journalisme et fut attaché pendant quelque temps à l’Avenir national de Limoges, où il publia des articles contre le gouvernement de Louis.-Philippe. Étant entré en relation avec Lamartine, il devint le fervent disciple du grand poète, dont il s’appliqua à imiter la prose rhythmique et cadencée et qu’il suivit dans son évolution politique. Lorsque la révolution de 1848 eut balayé la dynastio do Juillet et amené la proclamation de la république, M. de La Guéronniôro, jadis fervent légitimiste, devint tout à coup républicain, affirma sa foi nouvelle et fut un des principaux rédacteurs du Bien public, journal fondé en 1840 à Mâcon par l’auteur des Girondins, et que celui-ci venait do transporter dans la capitale pour en faire l’organe do sa politique. Le Bien public ayant, cessé do paraître vers la fin de 18(8, M. de La Guéronnière entra à la rédaction de la Presse, d’où il passa au Pays, alors dirigé par Lamartine (1850), et dont il prit bientôt la rédaction en chef.

En 1851, il commença à publier une série de Portraits politiques, qu’il inaugura par celui de Louis Bonaparte, alors président de la République. Cette étude, dans laquelle il s’attachait à montrer sous un jour très-favora« ble l’aventurier de Boulogne et de Strasbourg, fit grand bruit, et Lamartine n’hésita point à blâmer hautement celui qui l’avait écrite. M. La Guéronnière répondit à ce blâme en protestant de son attachement pour la République, et fit paraître le portrait du comte de Chambord, écrit sur un ton non moins élogieux et non.moins pompeusement lyrique.

Ce fut sur’ces entrefaites que s’accomplit le lugubre coup d’État du 2 décembre 1851. Le premier mouvement de M. de La Guéronnière, en voyant l’attentat commis contre la souveraineté nationale, fut de protester, et il le fit avec éclat. Lo 4 décembre, il publiait dans le Pays la lettre suivante, adresséo à de Morny, alors ministre de l’intérieur : « Monsieur le ministre, j’apprends la nomination de mon frère à la sous-préfecture de Bressuire, le "jour même où l’Assemblée vient d’être dissoute. Mon frère est à 300 lieues do Paris ; mais je ne crois pas me tromper sur ses sentiments eu vous priant d’accepter sa démission... ■ Après avoir lu cette lettre, l’as 10