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monarque. Cependant il est sensé, discret, et même assez instruit ; mais il sait que nos habitudes et nos occupations diffèrent, et que j’ai autant de droit que lui de jouir de la société de qui bon me semble. Vous voyez que nous paraissons très-bons amis, et nous le sommes vraiment en un certain sens, et pourtant c’est la première fois qu’un même cercle nous réunit. »

« En causant ainsi, nous traversâmes la foule pour gagner la terrasse, et nous nous y arrêtâmes pour contempler le coup d’œil général de la fête. L’étendue immense de la salle donnait un air magique à cette scène. Une foule de femmes, légères et délicates, que nous voyions entraînées par le mouvement général, paraissaient flotter dans les airs, et formaient un spectacle enchanteur. Le charme de la musique ajoutait à notre enchantement, et jamais fête somptueuse, dans les deux mondes, n’avait encore produit sur moi un pareil effet. Les enfoncements obscurs, d’où partaient jadis les foudres de la guerre, servaient à donner à ce spectacle un cachet particulier. Les rideaux de la tente étaient levés pour aérer la salle, et, en détournant les yeux de cette éblouissante scène vraiment féerique, on pouvait les reposer sur les eaux tranquilles de la baie qui venait baigner les pieds de la forteresse. Je restai près d’une heure dans cet endroit, plongé et ravi dans un vague enchantement.

« Mille fois je me demandai si ce que je voyais était une réalité ou un rêve, et si j’étais vraiment alors sur le continent découvert par Christophe Colomb. Ces femmes si jolies, si gracieuses, que j’avais sous les yeux, pouvaient-elles être les filles et les femmes des fabricants et des marchands d’une province de l’Amérique du Nord ?... »

Après un séjour de plus d’une année dans les différents États de l’Union, La Fayette s’embarqua, le 7 septembre 1825, pour la France, qui était alors gouvernée par Charles X. En 1827, il fut réélu député. Le ministère Martignac lui donna un moment d’espoir, bientôt déçu, et le cabinet Polignac le confirma dans ses dispositions primitives à recourir à la lutte armée, plutôt que de subir le triomphe du despotisme aristocratique et clérical.

En juillet 1830, après un moment d’hésitation, ou plutôt de recueillement, le patriarche de la Révolution se retrouva debout ; sa décision, son énergie contrastèrent avec les honteuses tergiversations des doctrinaires. Apportant sa tête pour enjeu, il offrit aux patriotes insurgés l’appui de son nom et de sa personne, parcourut les barricades et proclama partout qu’il se jetait corps et biens dans le mouvement. Son exemple entraîna un certain nombre de députés, électrisa le peuple et ne contribua pas peu au succès de la Révolution. Nommé par le gouvernement provisoire commandant de toutes les gardes nationales du royaume (qui se reconstituaient), consacré en quelque sorte par son immense popularité, il était réellement l’arbitre de la situation. La République, proposée par lui à la France, eût été certainement acclamée. Mais ici l’indécision naturelle de son caractère reparut. Circonvenu, enveloppé par les amis du duc d’Orléans, il ne s’opposa point à ce qu’on nommât ce prince lieutenant général. Celui-ci, en l’abordant à l’Hôtel de ville, se présenta adroitement comme un ancien garde national venant rendre visite à son ancien général. C’était toucher le point sensible, flatter les vieilles tendresses de La Fayette pour l’institution de la garde nationale, dont il se regardait comme le créateur. En outre, le prince candidat assura sérieusement au héros des deux mondes qu’il était aussi républicain que lui, et le gagna tout à fait en parlant avec émotion des États-Unis et en proclamant que la constitution de ce pays était la plus parfaite et la plus admirable de toutes les constitutions, mais inapplicable à la France (du moins intégralement) dans les circonstances actuelles. On s’arrêta à la solution fameuse : un trône populaire entouré d’institutions tout à fait républicaines.

Bref, à la suite de cette haute comédie princière, La Fayette, qui, d’ailleurs, n’était républicain que de sentiment, demeura convaincu que Louis-Philippe était, dans les circonstances, la meilleure des républiques. Qu’il ait ou non prononcé cette parole, elle n’en exprime pas moins assez fidèlement la situation d’esprit où il se trouvait. Il mit un drapeau tricolore dans la main du duc et le présenta au peuple du haut du balcon de l’hôtel de ville.

Il y eut, parait-il, dans une conférence au Palais-Royal, une sorte de programme proposé et accepté vaguement, un ensemble de principes généraux qui devaient être la garantie des libertés publiques. C’est ce qu’on a nommé improprement le Programme de l’Hôtel de ville.

La Fayette étant gagné, la solution définitive ne rencontrait plus de difficultés sérieuses. Le 7 août, les Chambres déposèrent la couronne aux pieds du duc d’Orléans, qui entraîna La Fayette sur le balcon du Palais-Royal, et l’embrassa avec une effusion admirablement jouée, à la vue de tout le peuple. C’est à cette occasion que le général prononça, non les paroles que nous avons citées ci-dessus, mais celles-ci : Voilà ce que nous avons pu faire de plus républicain.

La meilleure des républiques n’est cependant pas une fiction pure ; mais elle appartient à la commission municipale, qui la mit dans un rapport adressé au nouveau roi.

Pendant quelque temps, La Fayette fut absorbé dans le travail de réorganisation des gardes nationales, toutefois pas assez complètement pour ne pas s’apercevoir que les affaires publiques marchaient dans un sens rétrograde, et que les fameuses institutions républicaines étaient escamotées. Le roi, tout en le caressant, ne songeait qu’à se débarrasser de lui. On se servit encore de son influence pour calmer le peuple et traverser la crise du procès des ministres. Quelques jours après, le 24 décembre, un projet de loi était présenté à la Chambre et adopté, projet qui supprimait le commandement général de la garde nationale.

La Fayette donna aussitôt sa démission ; le gouvernement ne lui offrit même pas de garder le commandement de la garde nationale de Paris. D’ailleurs, il était déjà fort désabusé, et c’est précisément à cause de cela qu’on le sacrifiait. Il reprit sa place à l’extrême gauche et demeura jusqu’à sa mort un des chefs de l’opposition, combattant avec énergie la réaction aveugle qui emportait la royauté de Juillet ; car malgré toutes les déceptions qu’il avait éprouvées, jamais, comme le remarque judicieusement Sainte-Beuve, jamais il n’a pris le deuil de ses principes, jamais il n’en a désespéré. Dans ses dernières années, il était à peu près acquis au parti républicain.

Il mourut d’une affection à la vessie, le 20 mai 1834, comme nous l’avons dit au commencement de cet article. Ses funérailles furent éclatantes et dignes de son illustration et des services qu’il avait rendus à la cause de la liberté. Il fut enterré auprès de sa femme, au cimetière de Picpus. L’Amérique envoya de la terre pour être mêlée à la terre française du sépulcre, et décerna à La Fayette les mêmes honneurs funèbres qu’à Washington. Toute l’Union prit le deuil pendant trente jours.

La famille du général a publié (1837-1838, 6 vol. in-8o) les Mémoires, correspondances et manuscrits de La Fayette.

La Fayette et la Révolution de 1830, histoire des choses et des hommes de Juillet, par Sarrans jeune (1832, 2 vol.). Ce livre, tout en racontant la conduite politique de La Fayette, depuis la guerre d’Amérique jusqu’à sa démission de commandant de la garde civique, est moins une étude sur ce général qu’un réquisitoire véhément contre les deux premières années du règne de Louis-Philippe. Pour ce qui regarde La Fayette, nul n’était plus à même que M. Sarrans, son aide de camp, de parler de lui en connaissance de cause. Des lettres inédites, des notes prises à vol d’oiseau, des appréciations saisies dans des entretiens familiers, forment la base du jugement de l’historien. « Ce que j’ai lu, ce que j’ai vu, ce que j’ai appris, voilà mon livre, » dit-il. La Fayette est, à ses yeux, la personnification du double principe de l’ordre et de la liberté, qu’il comptait voir s’établir sous le gouvernement d’un roi citoyen. Mais Louis-Philippe n’a pas tardé à tromper les espérances, à se jeter dans la voie de la réaction, à trahir à la fois la liberté et le peuple. M. Sarrans attaque avec une grande vigueur les agissements du gouvernement nouveau, qui, issu des barricades, renie son origine populaire. Il montre, en outre, l’influence pernicieuse qu’a sur le cours des événements l’école des doctrinaires, école aux vues étroites, rebelle aux légitimes aspirations du peuple et ne songeant qu’à prendre et à garder le pouvoir. Il fait voir que la France est déshéritée de progrès au dedans, de dignité au dehors, et que si la Chambre n’arrête pas le gouvernement dans la voie funeste où il se trouve lancé, c’est qu’elle est viciée dans sa base électorale. Ce que les députés n’ont su faire, dit-il, c’est à la France de l’accomplir en protestant sans cesse contre les abus, en manifestant hautement ses volontés, en demandant la liberté sous toutes ses formes, l’abolition des lois d’exception, des monopoles, la diminution des impôts, etc. Comme on le voit, nous sommes loin de La Fayette, moins loin cependant qu’on le pourrait croire, car ce sont ses vœux dont M. Sarrans se constitue l’interprète. Il y avait un véritable courage à s’expliquer aussi nettement que l’a fait l’auteur, disant sans ménagement son avis sur les hommes et les choses, esquissant en quelques traits rapides des portraits dont la ressemblance n’était pas toujours flatteuse pour les originaux, Il serait à désirer que, partout et en tout temps, dans les circonstances critiques, il s’élevât une voix aussi ferme que celle de ce vétéran de la démocratie, pour rappeler au pouvoir qu’il a charge d’âmes libres.


LA FAYETTE (Georges-Washington de Motier de), homme politique français, fils du précédent, né à Paris en 1779, mort en 1849. Filleul de Washington, auprès duquel sa mère l’envoya en 1795, lorsqu’elle alla rejoindre son mari à Olmutz, il passa près de trois années à Mount-Vernon et revint en France, où il entra au service. Fait sous-lieutenant de hussards à la bataille de Marengo, il devint successivement aide de camp des généraux Canclaux, Dupont et Grouchy, et se distingua pendant les campagnes d’Autriche, de Prusse et de Russie ; mais, ne pouvant obtenir d’avancement à cause de l’éloignement que l’empereur éprouvait pour son père, il quitta le service en 1807, et vécut dans la retraite jusqu’à la Restauration. Élu en 1815 membre de la Chambre des députés, il fit partie de cette assemblée jusqu’en 1824, où, n’ayant pas été réélu, il accompagna son père aux États-Unis. Rappelé à la Chambre en 1827, par les électeurs de Coulommiers, qu’il ne cessa de représenter jusqu’en 1848, il remplit, à la révolution de Juillet, les fonctions d’aide de camp de son père, qui avait été nommé commandant supérieur de toutes les gardes nationales de France. Sous la monarchie issue de cette révolution, il fit constamment partie de l’opposition, fut élu, après février 1848, à l’Assemblée constituante, dont il devint le vice-président, et ne fut pas réélu à la Législative.


LA FAYETTE (Oscar-Thomas-Gilbert de Motier de), homme politique français, fils du précédent, né à Paris en 1816. Élève successivement de l’École polytechnique et de l’École d’application de Metz, il fit, dans l’artillerie, plusieurs campagnes en Algérie, et y obtint le grade de capitaine. Les électeurs de Meaux l’envoyèrent, en 1840, à la Chambre, où il siégea à l’extrême gauche. En 1847, il prit part aux banquets réformistes, et, après la révolution de Février, fut nommé commissaire général de la république dans le département de Seine-et-Marne, qui, peu après, l’élut représentant à la Constituante, et, en 1849, à la Législative. Dans ces deux assemblées, M. Oscar de La Fayette vota avec les républicains modérés, se prononça pour les deux Chambres, contre le vote à la commune, contre le droit au travail, pour la dissolution de la Constituante, pour la loi contre les clubs, etc., et se montra l’adversaire assez modéré de la politique de Louis Bonaparte. Après le coup d’État du 2 décembre 1851, il ne fut point inquiété, et, tant que dura l’Empire, il vécut dans la retraite. Le 8 février 1871, les électeurs de Seine-et-Marne l’ont envoyé à l’Assemblée nationale, où il fait partie du groupe dit la gauche républicaine. M. Oscar de La Fayette a, à peu près constamment, soutenu la politique de M. Thiers. Il a voté pour les préliminaires de paix, contre le pouvoir constituant de l’Assemblée, pour la nomination de M. Thiers comme président de la république, pour le retour de l’Assemblée à Paris, contre le maintien des traités de commerce, etc. — Son frère, Edmond de Motier de La Fayette, né à La Grange (Seine-et-Marne) en 1818, s’adonna à l’étude du droit, parut, en 1847, au banquet réformiste de Melun et fut envoyé, en 1848, à l’Assemblée constituante par les électeurs de la Haute-Loire. Il y vota d’abord avec la droite, mais l’élection du 10 décembre le jeta dans les rangs de la gauche. N’ayant pas été réélu à l’Assemblée législative, il rentra dans la vie privée, et, depuis lors, il n’a fait partie d’aucune assemblée politique.


LAFENESTRE (Georges), littérateur français, né à Orléans en 1838. Il se fit connaître d’abord par des poésies et des critiques d’art, publiées dans la Revue contemporaine. Ces premiers essais furent suivis d’un volume de poésie ayant pour titre : Espérances (in-18, faisant partie de la collection Lemerre), et de diverses pièces de vers dans le Parnasse contemporain ; la plus remarquable, l’Ébauche, lui assura une place distinguée parmi les poëtes de sa génération. Diverses études et critiques d’art dans le Moniteur universel et la Revue de France lui valurent d’être attaché à la direction des beaux-arts. Lorsque, le 4 septembre, celle-ci passa aux mains de M. Charles Blanc, il devint le secrétaire de ce nouveau directeur.


LA FERRIÈRE (Louis-Marie, comte DE), général français, né à Redon en 1776, mort à Vallery (Yonne) en 1834. À seize ans, il entra comme sous-lieutenant dans l’armée, se distingua, pendant les guerres de la République, au combat de Kaiserslautern, à Fleurus, devint, en 1795, aide de camp du général Monet, et, quelque temps après, chef d’escadron de hussards. Sous l’Empire, La Ferrière reçut une blessure à Iéna (1806), fut promu colonel l’année suivante, se signala à Guttstadt, à Friedland, puis en Espagne, à Tudela, à Alcoontre (1810), au passage du col de Baños, à Miranda-de-Corvo, où il fut de nouveau blessé. Napoléon lui conféra alors le titre de baron et le nomma général de brigade (1811). Pendant la campagne de 1813, La Ferrière donna de nouvelles preuves de son courage à Dresde, à Leipzig, à Hanau, où il écrasa les Bavarois, fut promu général de division en récompense de sa belle conduite en cette circonstance, et devint en même temps comte et chambellan. L’année suivante, il eut la jambe gauche emportée par un boulet à Craonne (1814). Lorsqu’il fut remis de son amputation, il devint inspecteur général de cavalerie, fut chargé, par Louis XVIII, d’organiser l’École de cavalerie de Saumur, reçut, pendant les Cent-Jours, un siège à la Chambre des pairs, et prit sa retraita en 1821. En 1832, Louis-Philippe lui rendit le siège qu’il avait occupé en 1815 à la Chambre haute, et, peu après, la garde nationale à cheval de Paris le prit pour son commandant. Le général La Ferrière était, depuis 1821, grand cordon de la Légion d’honneur. Il fut compris dans le testament de Napoléon, qui lui légua la somme de 100,000 francs. Son nom figure sur l’arc de triomphe de l’Étoile.


LAFERRIÈRE (Louis-Firmin Julien), jurisconsulte français, né à Jonzac (Charente-Inférieure) en 1798, mort en 1861. Lorsqu’il eut terminé son droit à Paris, il alla se faire inscrire au barreau d’Angoulême (1821). En 1826, il fut un des fondateurs de la Revue charentaise, journal littéraire où il a inséré des articles signés F. Il acclama avec enthousiasme la révolution de 1830, publia alors la Semaine du peuple français (un feuillet in-4o), puis des chansons et des hymnes à la liberté, dont une partie parurent dans le Journal de la Charente. Il fit paraître, en 1831, les Lusitaniennes ou Chants patriotiques sur dom Miguel, l’Angleterre et la France (in-8°). En 1832, M. Laferrière quitta le barreau d’Angoulême pour aller exercer la profession d’avocat à Bordeaux. Son Essai sur l’histoire du droit français, qui commença à paraître en 1836, fonda sa réputation de savant jurisconsulte et lui valut d’être nommé, en 1838, professeur de droit administratif à la Faculté de Rennes, où une chaire venait d’être créée exprès pour lui. En 1846, Laferrière devint inspecteur général des Facultés de droit. Après la révolution de 1848, cette place d’inspecteur fut supprimée ; mais, en 1849, Laferrière fut élu, par l’Assemblée législative, membre du Conseil d’État. Après le vote de la loi du 15 mars 1850 sur la réorganisation de l’instruction publique, Laferrière remplit les fonctions de recteur de l’académie établie au chef-lieu de Seine-et-Oise. Il reprit, en 1852, son poste d’inspecteur général des Facultés de droit, puis administra, de 1854 à 1856, l’académie de Toulouse, où il fut le promoteur de l’établissement d’une Sorbonne toulousaine dans l’ancien couvent des dominicains. Le décret du 14 avril 1855 ayant créé une nouvelle section à l’Académie des sciences morales et politiques, Laferrière en devint membre sur le choix du ministre de l’instruction publique, et passa, quatre ans plus tard, dans la section de législation, où il remplaça le comte Portalis. Cet éminent jurisconsulte avait fait une étude approfondie de notre ancien droit français. Ses travaux sont savants, pleins de recherches et très-estimés. Indépendamment d’articles insérés dans la Revue de législation et de jurisprudence, dans la Revue de droit français et étranger, dans la Revue critique de législation et de jurisprudence, dont il a été un des directeurs, on lui doit : Essai sur l’histoire du droit français (Paris, 1836-1838, 2 vol. in-8o), qui a valu à son auteur, en 1839, le prix Gobert ; Cours de droit public et administratif (Rennes, 1839, in-8o ; 1854, 2 vol. in-8o) ; Notice sur J.-M. Lehucron (Rennes, 1844, in-8o) ; Histoire du droit civil de Rome et du droit français (Rennes, 1846-1858, 6 vol. in-8o), son ouvrage capital ; Essai sur la réforme hypothécaire et sur le développement du crédit foncier (Rennes, 1848, in-8o) ; De l’enseignement administratif dans les Facultés de droit (Rennes, 1849, in-8o) ; Histoire des principes, des institutions et des lois pendant la Révolution française, depuis 1789 jusqu’à 1804 (1850, in-12) ; Essai sur les anciennes coutumes de Toulouse (Toulouse, 1855, in-8o) ; Mémoire sur les lois de Simon de Montfort et sur les coutumes d’Albi du XIIIe, du XIVe et du XVe siècle (Paris, 1856, in-8o). Citons enfin un Mémoire sur les origines de l’université de Paris, publié dans le 23e volume des Comptes rendus de l’Académie des sciences morales et politiques.


LAFERRIÈRE (Édouard Julien), jurisconsulte et publiciste français, fils du précédent, né en 1840. Il étudia le droit à Paris, se fit inscrire comme avocat au barreau de cette ville et fut, pendant quelques années, secrétaire de M. Ernest Picard. Lors de la fondation du Rappel, il entra à la rédaction de ce journal, où il se signala par de vives attaques contre l’Empire. À la suite des troubles qui eurent lieu au mois de juin de la même année, M. Laferrière fut arrêté dans les bureaux du Rappel, comme inculpé de complot contre la sûreté de l’État, et emprisonné à Mazas. Ayant été mis quelques jours après en liberté provisoire, il sollicita vainement une information judiciaire qui lui fît connaître sur quels indices était fondée l’inculpation de complot dirigée contre lui, et assigna alors le préfet de police à lui payer 10,000 fr. de dommages-intérêts pour arrestation arbitraire. Le tribunal repoussa sa demande au mois d’août suivant, et, quelques jours après, il était condamné à un mois de prison pour avoir publié dans le Rappel un article dans lequel il « avait eu l’intention d’outrager le préfet de police. » M. Laferrière, que ces procès avaient mis en évidence, posa sa candidature, démocratique et radicale, lors des élections partielles pour le Corps législatif, à Paris, le 21 novembre 1869 ; mais il échoua. Au commencement de 1870, il fonda un journal judiciaire intitulé la Loi. Après la chute de l’Empire, il fut appelé, comme maître des requêtes, à faire partie de la commission provisoire chargée de remplacer le Conseil d’État (19 septembre), devint, le mois suivant, commissaire du gouvernement près la commission du contentieux, et, après la réorganisation du Conseil d’État, en 1872, il a été maintenu par le ministre de la justice dans