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Lseta des instructions sur l’éducation de sa tille, qui, suivant la coutume ancienne, s’appelait Paule, du nom de son aïeule,

LffiTARE s. m. (lé-ta-ré — mot lat. qui signifie réjouis-toi). Liturg. Nom donné au ■4e dimanche de carême, parce que l’introït de ce jour commence par les mots L^etare Jérusalem : Le dimanche de l^etare,

LffiTITIA s. f. (lé-ti-si-a — mot lat. qui signifie Joie). Astron. Nom d’une planète télescopique découverte par M. Chacornac, en 1856.

L.ETITIA BONAPARTE, mère de Napoléon 1er. y. Bonaparte.

'LÆTUS (Quintus Ælius), préfet du prétoire sous le règne de Commode, mort en 193 de notre ère. Il fit empoisonner et étrangler ce monstre (192), qui voulait le faire mourir, parce qu’il l'avait empêché, dit-on, de brûler Rome. Il lui donna pour successeur Pertinax, qu’il fit massacrer trois mois après. Il fut lui-même mis à mort par les ordres de Didius-Julianus, qu’une partie de l’armée venait de proclamer empereur.

EJKTUS, général romain du n* siècle de notre ère. Il servit avec distinction sous les ordres de Septime-Sévère, dans la guerre contre les Arabes et les Parthes(195), et, quatre années plus tard, s’illustra en défendant Nisibe contre le Parthe Vologèse. L’empereur ; jaloux de la popularité dont il jouissait parmi les soldats, le lit mettre a mort.

LJ2TUS (Pomponius), célèbre philologue.

V. POMPONIUS LjETCS.

LjEvinus (Publius Valerius), général romain. V. Valerius. y^

LjEVINUS (Marcus VaiJerius), général romain. V. Valerius.

LJSVIUS, poBte romain qui vivait au i«r siècle avant notre ère. Sa vie nous est complètement inconnue. Il ne nous est parvenu de ses œuvres que des fragments, qu’on trouve dans Aulu-Gelle, dans Apulée et dans Ausone. D’après les conjectures tirées de ces fragments, il paraît que Lœvius composa un poème sur les centaures et un recueil de poésies anacréontiques intitulé Erotopsgnia.

LAFABRIQUE (Nicolas), peintre belge, né à Naraur, mort en 1736. Après avoir reçu pendant quelque temps les leçons d’un peintre médiocre de sa ville natale, il partit pour 1 Italie, à pied et sans autres ressources que celles que lui procura son pinceau au cours du voyage. L’étude des chefs-d’œuvre de I’antiquképerfectionna son talent, et il acquit bientôt une éminente réputation. Il excellait surtout dans l’exécution des figures. Parmi ses œuvres, on vante surtout le Philosophe rieur et Y Homme à la coupe, dont le roi de France fit l’acquisition.

LAFAGE (Jean de), musicien français, mort dans la première moitié du xvie siècle. Bien qu’il ait joui de son vivant d’une grande réputation, sa vie nous est complètement inconnue, et il ne reste de ses œuvres que trois motets, l’un inséré dans les Motetti de la Corona d’Octave Petrucci (Fossombrone, 1519), et les deux autres dans un recueil de Pierre Attaignant.

LAFAGE (Raymond), peintre, dessinateur et graveur français, né à Lisle-en-Languedoc en 1656, mort, d’après Mariette, en 1690. Il était fils d’un vitrier, et entra, a onze ans, au service d’un chirurgien de Toulouse qui lui fit faire des dessins d’anatomie. Ayant exécuté devant le peintre Rivalz un remarquable dessin qui représentait Josué arrêtant le soleil, cet artiste l’admit dans son atelier et l’envoya quelque temps après à Paris avec son fils. De retour à Toulouse, Lafage trouva un généreux protecteur dans l’intendant Foucault, qui lui fournit les moyens de se rendre à Rome. Là, il étudia les chefs-d’œuvre des maîtres tout en se livrant à. une existence désordonnée, puis il visita plusieurs autres villes d’Italie. En 1682, à son retour de la péninsule, il peignit en grisaille, chez le président Fieubet, 1 histoire de Toulouse, qui fut gravée par Estinger. Peu après, poussé par son humeur vagabonde qui 1 empêchait de se fixer nulle part, il retourna en Italie, revint en France, et mourut, selon les uns à Lyon, selon d’autres à Paris, tué par les excès. Cet artiste peignait mal ; mais il avait un rare talent de dessinateur. Plein de fougue et de verve, il excellait à représenter des sujets libres ou grandioses, des bacchanales, des batailles, la chute des anges rebelles, etc. Il dessinait avec furie, ’ dit Orlandi, à peu de traits et à sûrs contours. Le plus souvent, H ne travaillait que lorsqu’il était sous le coup d’une excitation alcoolique.

Houbraken donne des détails très-curieux sur la manière de travailler de Lafage : • Il esquissait, ici une jambe, là un bras, ici une tète, là un pied ; dans le lointain quelques traits ou groupes de figures, et puis il revenait sur le devant, si bien qu’en un moment tout le papier était rempli de morceaux de figures humaines ou de chevaux ; enfin, de ce chaos de membres pêle-mêle, on voyait naître un dessin bien ordonné et exécuté avec art, et cela en deux heures, i

t Les dessins de Lafage sont innombrables, dit M. Charles Blanc, ce qui diminua un peu leur valeur commerciale ; le Louvre en possède une suite de onze, que l’on dit être de ses moins bons, de ceux qu’il faisait à

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jeun. » Lafage a exécuté, en outre, un grand nombre de gravures à l’eau-forte, dans lesquelles on trouve la même puissance et la même audace d’exécution que dans ses dessins. M. Ch. Blanc cite particulièrement l’Amour dansant avec deux enfants ; Bain de nymphes et de satyres ; Junon et Eole ; Diane et Endymion, eaux-fortes exécutées d’après ses dessins originaux. Gustave Audran, Duclos, Ertinger ont aussi gravé la plupart des meilleures compositions de Lafage.

LAFAGE (Juste-Adrien Lenoir de), savant musicien, compositeur et écrivain musical français, né à Paris en 1805, mort à Charenton en 1802. Il débuta à l’âge de six ans, en qualité d’enfant de choeur, à Saint-Philippe du Roule. Sa famille, qui avait rêvé pour lui les béatitudes de la carrière ecclésiastique, te fit entrer dans un’séminaire ; mais peu enclin à goûter les charmes de la théologie, de Lafagémontra une telle antipathiu pour la règle spirituelle, qu’on dut le retirer de rétablissement religieux. On fit alors chatoyer a ses yeux les splendeurs de la vie militaire, qui ne le captivèrent pas davantage. Enfin, en désespoir de cause, ses parents lui laissèrent reprendre le cours de ses études. Son éducation littéraire terminée, il travailla le plain-chant, l’harmonie et le contre-point, sous la direction de Perne, puis entra à l’école de Choron. En 1828, il obtint un subside du gouvernement français pour l’exécution d’un voyage scientifique en Italie, visita Rome et Florence, et revint à Paris, en 1829, pour recevoir la maîtrise de la chapelle à Saint-Et !enne-du-Mont. Dans le courant des années 1843 et 1S4S, M. de Lafuge fit d’autres excursions en Italie, et y amassa de précieux matériaux pour les publications musicales qu’il avait projetées.

C’est surtout comme écrivain didactique que M. de Lafage s’est créé une certaine autorité. Comme compositeur, il s’est réfugié dans le passé, se tenant soigneusement à l’écart du mouvement et de la vitalité moderne ; et ses écrits, tous théoriques et abstraits, ne s’adressent qu’aux bénédictins de la fugue et du contre-point ; l’avenir ni le progrès n’ont donc rien à démêler avec ses ouvrages. La liste complète de ses compositions tant vocales qu’instrumentales, et de ses manuels, traités et brochures, est fort longue. Nous nous bornerons à citer ici ses œuvres principales. Parmi ses compositions musicales, nous mentionnerons : six Duos pour deux flûtes, Duo pour flûte et harpe, Airs varies pour deux flûtes et piano ; Choix de solfèges et morceaux divers (Paris, 1S25) ; Cantiques religieux et morceaux diuers (Paris, 1S2G-1828) ; Cent chansons morales à deux voix (Paris, 1829) ; Adriani de Lafage motelor’ùm liber (Paris, 1832-1835), contenant 72 morceaux ; Ordinaire de l’office divin ^arrangé en harmonie (Paris, 1832-1835) ; Motetorum liber secundus (Paris, 1837). Comme musicographe, il a été très-fécond. Outre des articles insérés dans la Revue musicale, le Journal des artistes, l’Encyclopédie des gens du monde, le Dictionnaire de la conversation, la Gazette musicale, la Gaceta musicat de Madrid, la Gazelta ai Alilano, etc., on doit à de Lafage. Manuel complet de musique vocale et instrumentale ou Encyclopédie musicale (Paris, 183G-1838, 6 vol.), en collaboration avec Choron ; Sëméiologie musicale (Paris, 1837, in-s°) ; Principes abrégés de musigue (Paris, 1837, in-8°) ; De la chanson considérée sous Je rapport musical (Paris, 1S40, in-so) ; Éloge de Choron (Paris, 1843) ; Histoire générale de la musique et de la danse (Paris, 1844, 2 vol.), dont il n’a paru que la partie relative à l’antiquité ; Miscellanées musicales (Paris, 1844, in-S°) ; Delà reproduction des livres de plain-chant romain (Paris, 1853, in-8°) ; Cours complet de plain-chant ou iVow1 veau traité méthodique et raisonné du chant liturgique (Paris, 1855-1856,2 vol. in-8°) ; Quinze visites musicales à l’Exposition universelle de 1855 (in-8°) : Prise à partie de M. l’abbé Tesson dans la question des nouveaux livrés de plain-chant romain (in-8°) ; Extraits du catalogue critique et raisonné d’une petite bibliothèque musicale (in-S°) ; Routine pour accompagner le plain-chant (in-8«), etc.

LA FAILLE (Hardouin de La Jaillè ou de), grand maître delà cour du duc René II de Lorraine, mort vers la fin duxv» siècle. lia écrit un Formulaire du gaige de bataille selon tes règlements que dressa Hardouin de la Faille, par commandement de René de Lorraine, duc de Calabre et de Lorraine, l’an 1483. Cet ouvrage, dont un manuscrit est conservé à la Bibliothèque nationale, fut publié pour la première fois par domC’almet, dans sa Chronique de Lorraine.

LA FAILLE (Jean-Charles de), jésuite flar raand, né à Anvers en 1597, mort à Barcelone en 1652. Il professa avec un grand succès les mathématiques à Dôle, à Louvain, à Madrid, puis devint professeur de l’infant don Juan d’Autriche, qu’il accompagna dans ses voyages. On a de lui : Thèses mechanica (1625) ; Theoremata de centro gravitatis (Anvers 1632). La Faille précéda de quelques années le père Guldin dans ses recherches sur les centres de gravité. Dans un ouvrage De centro gravitatis partium circuli et ellipsis theoremata, après avoir assigné les centres des aires et des arcs considérés, il s’attachait à montrer la liaison qui existe entre ces re- |

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cherches et celles qui se rapportent aux quadratures et aux rectifications.

LA FAILLE (Germain de), historien français, né à Castelnaudary en 1616, mort en 17ii, D’abord avocat dans sa ville natale, il alla occuper, en 1655, une charge de syndic à Toulouse, et devint secrétaire perpétuel des Jeux Floraux (1094). Outre des discours, des pièces de vers, des lettres, etc., on a de lui : les Annales de la ville de Toulouse, de 1271 à 1610 (1687-1701, 2 vol. in-fol.), ouvrage rempli de faits curieux et qui fut publié aux frais de la ville ; Traité de la noblesse des capitouls (Toulouse, 1667).

LA, FAILLE (Clément de), naturaliste français, né à La Rochelle, mort vers 1770. Il abandonna le barreau pour devenir contrôleur des guerres et employa ses loisirs à cultiver les sciences naturelles. De La Faille a composé des ouvrages pour la plupart restés manuscrits, mais dont des extraits ont été publiés dans divers recueils. Nous citerons : Conchyliologie ou Traité général des coquillages de mer, de terre et d’eau douce du pays d’Aunis, manuscrit in-4° ; Essai sur l’histoire naturelle de la taupe, et sur les différents moyens qu’on peut employer pour la détruire (1768, in-12), écrit estimé.

LA FARE (Charles-Auguste, marquis de), poëte français, né à Valgorge (Ardèche) en 1644, mort en 1712. Il servit, en qualité de capitaine des gardes du corps de Monsieur, dans les campagnes de Hongrie, de Hollande et de France, jusqu’à la paix de Nimègue, donna à plusieurs reprises des preuves de sa valeur, notamment au combat élu Saint-Gothard, au passage du Raab, aux affaires de Senef, de Mulhausen, etc., et devint l’ami de Turenne, auprès duquel il combattit. De retour à Paris, La Fare fit la cour à M">e de Rochefort, qui avait inspiré une vive passion au ministre Louvois. C’en était assez pour s’attirer la haine de ce dernier. Le jeune offfcier se vit, en effet, persécuté par son rival, et dut quitter le service. À partir de ce moment, La Fare vécut uniquement de la vie du monde et des plaisirs. Son humeur enjouée, son caractère aimable, les grâces de son esprit le firent extrêmement rechercher. Il inspira à Mme de La Sablière une tendre affection qu’il paya longtemps de retour, mais qu’une infidélité de sa part vint briser. M’»e de La Sablière se retira alors aux Incurables, et lui, pour s’étourdir peut-être, se plongea de plus en plus jusqu’à sa mort, en compagnie de son ami, l’abbé Chaulieu, dans une existence de plaisirs purement matériels, ce qui lui fit prendre pour nom de guerre le nom de M. do La Cochomiière. À Au sortir d’une grande maladie, dit Saint-Simon, il se creva de morue et en mourut d’indigestion, à Les vers de La Fare, aujourd’hui fort peu lus, sont négligés, peu corrects ; mais, comme ceux de Chaulieu, son modèle, ils ont de la facilité, de l’élégance, du naturel, et offrent ce caractère de douce insouciance et d’aimable gaieté qui rappelle à l’esprit le molle atque facetum d Horace. Tour en donner une idée, nous ne saurions mieux faire que de citer les suivants, dans lesquels il caractérise en quelque sorte son genre de poésie.

  • Présents de la seule nature,

Amusements de mon loisir,

Vers aisés, par qui je m’assure

Mains de gloire que de plaisir,

Coulez, enfants de ma paresse ;

Mais, si d’abord on vous caresse,

Refusez-vous a ce bonheur ;

Dites qu’échappés de ma veine,

Par hasard, sans force et sans peine,

Vous mérites peu cet honneur.

Ses vers ont été réunis et publiés sous le titre de Poésies (Paris, 1755, in-12). On lui doit encore Panthée, opéra dont le duc d’Orléans fit en partie la musique, et des Mémoires et réflexions sur les principaux événements du règne de Louis XIV (Rotterdam, 1715, in-s°). Ces mémoires, fort intéres ? sants, sont écrits avec sincérité et avec une grande liberté d’appréciation.

LA FARE (Anne-Louis-Henri db), cardinal français, petit-fils du précédent, né à Luçon en 1752, mort à Paris en 1S29. Il avait été successivement nommé grand vicaire de Dijon, général du clergé des états de Bourgogne, membre de l’Assemblée des notables, et évêque de Nancy (1787), lorsque le clergé de cette ville l’envoya siéger, comme député, à l’Assemblée nationale en 1789, Là, il protesta contre toutes les réformes relatives au clergé, demanda, mais sans succès : que la religion catholique fût déclarée nationale, vota contre l’octroi’des droits de citoyen ’ fait aux juifs, puis il émigra (1791), se rendit à Vienne, et devint, en 1795 ; chargé d’affaires de Louis XVIII et des princes français. Cette même année, Henri de Là Fare fut attaché, en qualité d’aumônier, à la fille de Louis XVI, et chargé de négocier son mariage avec le duc d’Angoulêine. De retour en France avec les Bourbons, en 1814, il’devint successivement premier aumônier de la duchesse d’Angoulême, archevêque de Sens (1817), pair de France, ministre d’État, et il reçut, en 1823, de Pie VII le chapeau de cardinal. Ce fut lui qui prononça, en 1S25, le discours religieux par lequel s’ouvrirent les cérémonies du sacre de Charles X. Ce prélat, fort mondain dans la

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première partie de sa vie, se montra plus austère à partir de son séjour dans les pays étrangers.

LA FARELLE (Félix de), économiste français, né à Anduze (Gard) en 1800, mort en 1871. Lorsqu’il eut achevé ses études de droit, il entra dans la magistrature, se démit de ses fonctions après la révolution de juillet 1830, et consacra alors ses loisirs à l’étude des questions économiques et sociales. Nommé, en 1842, membre de la Chambre des députés par l’arrondissement d’Alais, dont il resta le représentant jusqu’en 1848, il fit partie, en 1843, de la commission chargée de préparer une loi sur le régime pénitentiaire, et prit une part active aux débats relatifs aux cours d’eau et aux chemins de fer. À partir de 1848, La Farelle se retira dans l’Aveyron, où il vécut depuis dans la retraite. Deux ans auparavant, il avait été nommé membre correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques. Outre de nombreux articles insérés dans la Revue des économistes, on a de lui : Du progrès social au profit des classes populaires non indigentes (Nîmes, 1839, 2 vol. in-S°), ouvrage qui a obtenu un des prix Montyon de l’Académie française ; Histoire des institutions municipales de ta ville de Nimes, imprimée aux frais de cette ville ; Plan d’une réorganisation disciplinaire des classes industrielles de la France (1842, in-12), écrit dans lequel l’auteur demande des institutions analogues à" celles des anciennes corporations ; Eludes statistiques sur l’industrie de la soie en France ; Coup d’ail sur le régime répressif et pénitentiaire des principaux États de l’ancien et du nouveau monde (1844, in-8°), etc.

LAFARGE (Joachim), économiste français, né à Paris vers le milieu du xviir* siècle, mort vers 1825. Il soumit, en 1790, à l’Assemblée nationale un projet de tontine ayant pour but.- io de déterminer la-classe indigente à faire des économies dont elle recueillerait les fruits dans sa vieillesse ; 2° de faire concourir les riches à la prospérité de cette fondation ; 3° d’éteindre une partie des dettes de l’État, sans qu’il en coûtât rien à la nation. Ce projet ayant été approuvé par l’Assemblée et par Louis XVI, Lafarge fut autorisé, en 1791, à établir à Paris une tontine, qui prit le nom de Caisse d’épargne et de bienfaisance ou de Caisse Lafarge. Lafarge s’adjoignit M. Mitouflet, comme sousdirecteur de cette caisse, dont le succès fut ’ d’abord très-grand. D’octobre 1791 à septembre 1793, Lafarge recueillit, en effet, 60 millions de livres environ, que versèrent près de 120,000 souscripteurs. Pendant quelques années, la caisse d’épargne fonctionna assez régulièrement ; mais on s’aperçut bientôt que les bases adoptées pour le calcul de la mortalité étaient erronées. Pour que la caisse tint ses promesses, c’est-à-dire versât aux actionnaires survivants un capital de 3,000 livres, en échange de leur versement de 90 livres, il aurait fallu qu’à l’expiration d’une période de 12 ans il n’y eût plus que 10 survivants sur 100, ce qui était impossible, à moins d’une mortalité extraordinaire et sans exemple. On peut se faire dès lors une idée des cruels mécomptes qui en résultèrent pour les actionnaires. Ils se plaignirent de ne pas même toucher l’intérêt de leur mise, et ils accusèrent en outre l’administration d’irrégularités dans la comptabilité et de dilapidations. Après une longue enquête, Lafarge se vit enlever par le gouvernement la direction de la caisse d’épargne (1809), qu’il essaya vainement depuis de se faire rendre, en s’adressant soit au gouvernement, soit aux tribunaux civils.

LAFARGE (Marie - Fortunée Cappellk, femme POUCH-), rendue tristement célèbre par le crime d’empoisonnement qui porte son nom, une des affaires les plus obscures de nos fastes judiciaires, née à Villers-Hellon (Picardie) en 1816, morte aux eaux d’Ussat (Ariége) en 1852. Son père était colonel d’artillerie et appartenait à une famille distinguée ; une des tantes de Marie Cappelle avait épousé M. Garât, secrétaire général de la Banque. C’est chez cette tante qu’elle se retira, après la mort de son père et le second mariage de sa mère avec un diplomate allemand, M. de Coehorn. Sa mère, en mourant, lui laissa une fortune d’environ 100,000 francs. Spirituelle et romanesque, élevée dans le plus grand monde, elle paraît avoir voulu ébaucher un petit roman sentimental avec un jeune homme du nom de Guyot, fils d’un pharmacien de Montmédy. Cela n’alla pas bien loin, sans doute ; mais elle lui écrivait des lettres on ne peut plus tendres, et, lorsqu’elle fut accusée d’empoisonnement quelques années plus tard, ce malheureux jeune homme se fit sauter la cervelle. Amie intime et confidente de M’i» de Nicolaï, elle s’entremit dans une intrigue que cette jeune personne, élevée dans une grande indépendance, avait nouée avec un certain Félix Clavé, jeune Espagnol à physionomie romanesque. Jusqu’où fut poussée cette liaison de son amie, c’est ce qui n’a jamais été écluirti ; Marie Cappelle a raconté que MIlB de Nicolaï, qui depuis s’était mariée et était devenue la vicomtesse de Lêotaud, ayant cru reconnaître son Espagnol, déguisé en comparse, sur les planches d’un théâtre, fut prise d’une belle peur, et, pour conjurer des révélations intempestives, en même temps que pour reu-