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moTiotone. — Sa femme, Tféloîse Colin, née h Paris vers 1820, s’est adonnée à la peinture île genre, à l’aquarelle, à la miniature et au portrait.

LELONG (Jean), moine flamand qui vivait au xive siècle. Il a traduit du latin en français ; sous le titre de : Histoire merveilleuse, plaisante et récréative du grand empereur de Tartarie, une description de l’Asie, due originairement à l’Arménien Haition. Cette traduction, imprimée à Paris en 1529 (in-fol.), eut un très-grand succès.

LELONG (Jacques), historien et bibliographe, né à Paris en 1065. mort dans la même ville en 1721. Reçu très-jeune au nombre des chapelains de l’ordre de Malte, il fut envoyé dans cette lie, où, pendant une épidémie, il se vit séquestré dans une maison dont on mura la porte. Dégoûté par cette aventure du séjour de Malte, Lelong revint en France, y termina ses études et se lit admettre dans la congrégation de l’Oratoire en 16S6. Après avoir professé pendant quelque temps les mathématiques au collège de Juilly, il devint

successivement bibliothécaire du séminaire de Notre-Dame-des-Vertus, près de Paris, et de la maison de l’Oratoire-Saint-Honoré. Dans ces fonctions, Lelong s’adonna avec passion à son goût pour l’étude, pour les recherches historiques et bibliographiques. Linguiste distingué, il connaissait l’hébreu, plusieurs langues orientales, l’anglais, l’italien, l’espagnol, etc. C’était un savant aimable, doux, plein de modestie, qui employa en œuvres de charité un riche héritage. Son ami, le Père Malebranche, le plaisantait un jour sur le mal qu’il se donnait pour s’assurer de l’exactitude d’une date ou d’une simple anecdote littéraire : « La vérité est si aimable, lui répondit-il, qu’on ne doit rien négliger pour la découvrir même dans les plus petites choses. ■ Lelong avait entrepris do publier une collection des historiens de France, beaucoup plus complète que celle de Duchesne. L’ardeur qu’il mit à préparer ce travail contribua, paraît-il, à abréger ses jours. On lui doit les ouvrages suivants : Supplément à l’histoire des dictionnaires hébreux de Wolfius, dans le Journal des savants (janvier 1707) ; Bibliotheca sacra, seu syliabus omnium ferme sacrX ScripturiB éditionum ac versionum (Paris, 1709, 2 vol. in-8°) ; Discours historique sur les principales éditions des Bibles polyglottes (Paris, 1713, in-12) ; Histoire des démêlés du pape Boni/ace VU avec Philippe le Bel (Paris, 171 S, in-12), ouvrage de Baillet augmenté par Lelong ; Bibliothèque historique de la France, contenant le catalogue des ouvrages imprimés et manuscrits qui traitent de l’histoire de ce royaume, ou qui y ont rapport, avec des notes critiques et historiques (Paris, 1719, in-fol.), ouvrage dont l’importance et l’utilité sont connues de tous les bibliographes. Lors de son apparition, ce catalogue passa pour dangereux ou séditieux, et, sur la dénonciation d un obscur censeur de Dijon, M. de Sartines contraignit Lelong à insérer, en tête du troisième volume, un désaveu d’une prétendue apologie factieuse du parlement.

LELOHGNE DE SAV1GNY (Marie-Jules-César), zoologiste français. V. Savigny.

LELOHRAIN (Robert), sculpteur français, né à Paris en 1606, mort en 1743. Élève du peintre Lemonnier pour le dessin, il entra dans l’atelier de Girardon et fit de si rapides progrès que son maître lui confia l’exécution d’une partie du mausolée du cardinal de Richelieu, et Lelorraiu n’avait pas encore vingt ans. En 1689, il obtint le grand prix de sculpture et partit pour Rome, où il s’occupa plutôt de copier les œuvres du Bernin que d’étudier l’antique. Une maladie de langueur le contraignit à revenir en France. À Marseille, il fut chargé de terminer plusieurs morceaux laissés inachevés par PierrePuget ; et en nos l’Académie royale de peinture et de sculpture l’admit sur la présentation du modèle d’une statue de Galatée. Seize ans plus tard, il était nommé professeur ; en 1787, il remplaçait H allô comme recteur. On cite de lui diverses compositions placées dans les jardins de Versailles et de Marly, les déflorations de l’hôtel de Soubise et du palais de Saverne. Malgré le maniérisme qui entache la plupart de ses ouvrages, on remarque dans ses statues et ses groupes la sûreté de la ligne, l’élégance des formes et surtout le charme des têtes. Nous citerons de lui un Bacclius ; Jésus devant Caïphe, bas-relief, à Versailles ; un Faune, une Vierge, h Marly ; Saint Emilien, aux-Invalides ; le Christ sur la croix, à Mortefontaine, etc.

LELORRAIN (Louis-Joseph), peintre et graveur français, né à Paris en 1715, mort à Saint-Pétersbourg en 1760. Élève de Dumont dit le Romain, il alla perfectionner ses études en Italie, et fut dès son retour admis à l’Académie de peinture et de sculpture. Lelorrain est peu connu en France. C’est à Saint-Pétersbourg, où il passa la plus grande partie de sa vie, que se fonda sa réputation. Son

Frincipal mérite consiste dans la fidélité de architecture et de la perspective, et ses ouvrages en ce genre se font remarquer par l’ordonnance de la composition, l’intelligente distribution des lumières et la vigueur de la touche. Parmi ses estampes à l’eau-forte, on cite : le Jugement de Salomon : Esther devant Assuérus ; la Mort de Cléopâtre. Plusieurs de

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ses dessins ont été gravés par les artistes contemporains.

LE LOYER (Pierre), démonographe français. V. Lu Loger.

LELUJA, déesse de la mythologie slave. Elle était l’amie de Wodana, la déesse des eaux, et présidait elle-même aux sources qui tombent des montagnes avec un doux murmure, sans se geler jamais. Le lis lui était consacré. Elle avait pour suivantes les Bogunki, nymphes des rivières, qui habitaient primitivement le Bug, d’où elles se répandirent dans les autres cours d’eau des pays slaves. Elles étaient d’une toute petite taille, avaientun aspect des plus gracieux, mais un caractère fort vindicatif. Elles dansaient, au clair de la lune, dans les prairies avec tant de légèreté, qu’elles ne faisaient pas tomber les gouttes de rosée de la pointe des herbes.

LELUNDO, rivière de l’Afrique méridionale (Guinée inférieure), dans le Congo. Elle a sa source aux environs de San-Salvador, et se jette dans l’Atlantique, à 32 kilom. S. de l’embouchure du Zaïre, après un cours d’environ 360 kilom.

LELUS et POLETDS, idoles sarmates adop. tées par les Wendes. Tacite, qui en parle, les compare à Castor et à Pollux. On les représentait enlacés, et une même cuirasse couvrait les deux corps.

LELUT (Louis-François), médecin français, né à Gy (Haute-Saône) en 1804. Il vint à Paris faire ses études médicales, et, après avoir été interne des hôpitaux, il soutint en 1827 sa thèse de docteur. M. Lélut est devenu successivement médecin des condamnés de La

Roquette, médecin de l’hospice de Bicêtre, puis de la Salpêtrière, membre de l’Institut, dans la section des sciences morales et politiques (1844), , et membre de l’Académie de médecine. En 1848, les électeurs de la Haute-Saône l’envoyèrent à l’Assemblée constituante, où il vota d’abord avec le parti républicain modéré, et se prononça en faveur de Cavaignac, lors de l’élection présidentielle ; puis il appuya la politique de Louis Bonaparte, tant à la Constituante qu’à la Législative, dont il fit également partie. Après le coup d’État du 2 décembre 1851, M. Lélut fut nommé membre de la commission consultative, devint le candidat du gouvernement en 1852. Lors des élections au Corps législatif, il fut élu député dans la Haute-Saône. Membre du conseil de l’instruction publique en 1852, il devint en 1854 inspecteur général de l’enseignement. Comme membre du Corps législatif, où il a siégé jusqu’en 1863, M. Lélut s’est fait remarquer par des discours sur le régime pénitentiaire, qu’il a étudié en visitant les prisons d’une partie de l’Europe, Par des rapports sur la taxe des chiens, sur aménagement des eaux minérales, sur la réforme du code forestier, etc.

M. Lélut est un des médecins de notre époque qui s’occupent d’une manière exclusivement scientifique de l’étude des maladies mentales. Doué d’un esprit hardi, mais imbu d’opinions qui tournent trop évidemment au spiritualisme pur, il se laisse malheureusement guider dans cette étude bien plus souvent par son imagination que par 1 observa—tion approfondie des faits. Aussi ses travaux appartiennent-ils plutôt à la science psychologique qu’à la médecine proprement dite, et sont-ils d’une bien faible utilité pour le médecin qui s’occupe, comme praticien, du traitement des maladies mentales.

Les ouvrages de M. Lélut sont : Qu’est-ce que la phrénologie ? essai sur la signification et la valeur des systèmes de psychologie en général et de celui de Gall en particulier (1836, 1 vol. in-8°) ; le Démon de Socrate ou Spécimen d’une application de la science psychologique à celle de l’histoire (1836, 1 vol. in-S°), ouvrage dans lequel l’auteur ne tend à rien moins qu’à nous prouver la folie de Socrate ; Inductions sur la valeur des altérations de l’encéphale dans le délire aigu et dans la folie (1836, in-8°), cette valeur y est presque réduite à rien ; De l’organe phrénologique de la destruction chez tes animaux ou Examen de cette question : « Les animaux carnassiers ou féroces ont-ils, à l’endroit des tempes, le cerveau et par suite le crâne plus large proportionnellement à sa longueur que ne l’ont tes animaux opposés ? • (1833, broch. in-8<> avec iig.). La question y est résolue par la négative. Citons encore : un Mot sur la valeur intellectuelle de la femme (1840) ; VAmulette de Pascal, pour servir à l’histoire des hallucinations (1846) ; Rejet de l’organologie phrénologique de Gall et de son successeur (1843, in-8°), réédité sous ce titre : la Phrénologie, son histoire, ses systèmes et sa condamnation (1858) ; Traité de l’égalité (1849 ; 2« édit., 1858) ; Traité de la santé du peuple (1859), faisant partie des traités publiés par l’Académie des sciences morales ; Lettre sur l’emprisonnement cellulaire (1855), dans laquelle il se prononce pour ce système de détention ; la Physiologie de la pensée (isfii, 2 vol. in-8°), son ouvrage capital. On lui doit, en outre, plusieurs mémoires.

LELY (Peter VAN der Faës, dit le chevalier), peintre allemand, né à Soest (Westphalie) en 1618, mort à Londres en 1680. L Angleterre, où il se fit une grande réputation, le revendique comme une de ses gloires nationales. Son père, Jean van dev Faës, capitaine d’infanterie, avait été surnommé le capitaine

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Lely ou du Lys, parce qu’il était né à La Haye dans une maison dont la façade était ornée d’un lis. Le capitaine, remarquant les heureuses dispositions de son fils, le plaça dans l’atelier de Pierre ûrebber, de Harlem. Emmené en Angleterre par Guillaume de Nassau, Lely ne tarda pas à être considéré par l’aristocratie anglaise comme un peintre d’une grande habileté.

Grâce à la protection de lord Pembroke, chambellan de Charles Ier, il peignit le roi pendant sa captivité à Hampton-Court. Il fit également plusieurs fois le portrait de Cromwell, ce qui ne l’empêcha pas, à l’avènement de Charles II, d’être nommé chevalier et premier peintre du roi, honneurs accompagnés d’une pension de 4,000 florins et de la charge de gentilhomme de la chambre du lit.

D’abord adonné au paysage, puis à la peinture d’histoire, genre dans lequel il excellait, surtout lorsqu’il avait à rendre quelque allégorie ou un sujet mythologique, il finit par se restreindre au portrait, principalement en Angleterre, où les plus grands seigneurs vinrent poser dans son atelier. Presque toutes les galeries princières de la Grande-Bretagne possèdent de lui quelques toiles d’une haute valeur, rappelant le faire harmonieux de Van Dyck. Lely se faisait payer fort cher et dépensait les sommes énormes qu’il gagnait avec prodigalité. Quoique aimant le luxe et la vie fastueuse, il était laborieux. Il suivit jusqu’à sa mort une règle invariable : tous les matins, il prenait ses pinceaux à neuf heures et ne les quittait qu’a quatre heures, le soir. Il recevait alors ses amis et leur offraitun dîner splendide, pendant lequel jouait un orchestra de choix. Il fallait se faire inscrire pour avoir son jour de pose devant le maître ; et, si on laissait passer le numéro d’ordre assigné, on était impitoyablement rejeté à la queue de la liste, sans égard pour le rang ou la richesse.

Le chevalier Lely nourrit longtemps le projet.de visiter l’Italio et n’en trouva jamais l’occasion. Il s’en consolait en achetant les plus belles œuvres des peintres de la Renaissance italienne dont il forma une collection estimée. On trouve encore dans les ventes quelques-unes des pièces qu’il a possédées, marquées de son chiffre ; ce sont toujours d’excellents morceaux poussés très-loin aux enchères par les amateurs. Il affectionnait tellement les peintres italiens qu’il s’appropriait involontairement leur manière ; un de ses tableaux, qui est au Louvre, a été longtemps attribué à Pierre de Cortone ; c’est le Mèléagre présentant à Atalante la hure du sanglier de Calydon. L’arrivée, vers 1676, de Kneller en Angleterre, et l’amoindrissement de sa réputation, reléguée au second rang par l’apparition d’un heureux rival, causèrent à Lely un vif chagrin qui occasionna sa mort. Le Louvre possède de ce maître : le Mèléagre et un Portrait d’homme ; un Portrait de femme lui est également attribué. Ses élèves les plus célèbres sont Guillaume Wissing et Jean Greenfill. Plusieurs de ses compositions ont été gravées en noir par Smith et Valck, et Boteling a gravé au burin un assez grand nombre de ses portraits.

LÉMA s. m. (lé-ma — du gr. laimos, vorace). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétrainères, de la tribu des criocérides, comprenant près de trois cents espèces, réparties sur tout le globe.

LEMA, petit groupe d’Iles de la mer de Chine, près.de la cote occidentale de l’île Bornéo, au N. de Caremata, par l« 10’ de lat. S., et 106O30’ de long. E.

LE MAÇON ou LE MASSON (Robert), chancelier de France, né au Chàteau-du-Loir (Anjou) vers 1365, mort en 1443. En 1407, il était chancelier de Louis II, duc d’Anjou et roi de ■ Sicile. Sept ans après, nommé chancelier d’Isabeau de Bavière, il fit en 1415 partie des états généraux de la province réunis à Angers, pour faire jurer la paix aux Anglais, L’année suivante, il devenait chancelier du comte de Ponthieu (Charles VII), et l’acquisition de la baronnie de Trêves lui conférait le titre de seigneur de Trêves. Dans la nuit du 29 au 30 mai 1418, lors de la surprise de Paris par les Bourguignons, Le Maçon prêta Son concours kTanneguy Duchâtel pour sauver le dauphin, aux côtés duquel il se montrait plus tard sur le pont de Montereau, lors de l’assassinat de Jean sans Peur, Le chancelier fut témoin de toutes les épreuves auxquelles le défiant Charles VII soumit la Pucelle, et il eût pu nous laisser de précieux renseignements sur Jeanne Darc.—Su femme, Jeanne de Mortembr, avait été chargée de vérifier si la Pucelle était homme ou femme, et si elle était vierge. Après 1436, Le Maçon se démit de ses fonctions et disparut de la scène politique.

LE MAÇON ou LE MASSON (Robert), théologien protestant français qui vivait au xvie siècle. Pasteur de l’Église réfoVmée d’Orléans vers 1570, il gagna l’Angleterre après la Saint-Barthélémy, et desservit l’Église française de Londres, où il resta jusqu’à sa mort, dont la date est ignorée. Outre une édition des Loci communes, de Pierre Martyr (Zurich, 1587), on a de lui : les Funérailles de Sodome et de ses filles, descriptes en vingt sermons (Londres, 1600, iii-Su) ; Dispute et conférence d’un cordelier d’Orléans avec un ministre de la jiarole de Dieu (1564), sans nom d’auteur.

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LE MAÇON (Jean), sieur de La Rivière, fondateur de l’Église réformée de Paris en 1555, tué le 24 août 1572. Il embrassa lo protestantisme malgré les menaces et les prières de son père, catholique ardent. Ses coreligionnaires ayant pris la résolution de fonder une Eglise dans la capitale, Le Maçon en fut nomme pasteur, et il la desservit pendant plusieurs années. Il était pnsteur de l’Église d’Angers, quand la Saint-Barthélémy arriva. Montsoreau le tua d’un coup de pistolet et fit précipiter sa femme dans la Maine.

LE MAÇON (Antoine-Jean), littérateur français, né en Dauphiné. Il vivait au xvie siècle. Trésorier du roi et conseiller de* guerres, il se démit de ces charges pour suivre en Navarre Marguerite de Valois. On lui doit : les Amours de Phydie et Gelasine (Lyon, 1Ç50, in-8<>), et une traduction du Décaméron do Boccace (Lyon, 1569). «Bien que son style soit suranné, la langue française ne lui est pas peu redevable, » dit en parlant de lui Pasquier.

LE MAINGItE DE BOUC1CACT, homme do guerre français. V. Boucicaut.

LEMAIHE (détroit de), détroit de l’océan, Atlantique austral, à l’extrémité de l’Amérique méridionale ; il sépare la pointe S.-E. de la Terre de Feu de la Terre des États. Ce détroit n’a guère que 20 kilom. de longueur et autant de largeur ; dans son milieu, sur la Terre de Feu, est la baie de Bon-Succès, excellent abri pour les navires que le vent contraire surprend à la sortie du détroit ; ils trouvent là des ruisseaux limpides, des plantes rafraîchissantes pour les marins atteints du scorbut, du bois en abondance, et un très-bon fond pour les ancres. « Dans tous ces parages, dit le capitaine de vaisseau Th. Lepage, les oiseaux aquatiques sont très-nombreux ; ils viennent planer autour des navires que le vent emporte, luttent quelquefois avec eux de vitesse, ou les regardent curieusement passer. La marée y produit de rapides courants, et peut-être aussi pourrait-on y constater un courant général vers l’occident. » La découverte de ce détroit date de 1615. Le passage de Magellan était pratiqué depuis longtemps, quand le Hollandais Jacques Lemaire, en atterrissant sur la Terre de Feu, le vit s’ouvrir devant lui, et se lança hardiment dans cette voie inexplorée.

LEM AIRE DE DELGES (Jean), poète et historien belge, né à Belges (Hainaut) en 1473, mort vers 1548.11 eut pour maître son oncle, le célèbre chroniqueur Molinet, qui lui apprit plusieurs langues vivantes. Clerc des finances du duc do Bourbon en 1498, il devint eusuite secrétaire de Louis de Luxembourg, puis il passa au service de Marguerite d’Autriche, gouvernante des Pays-Bas (1504), et succéda à son oncle comme bibliothécaire de cette princesse. De 1506 à 1508, il habita l’Italie, devint historiographe du roi, perdit cet emploi à la mort de Louis XII (1515), et tomba alors dans la misère. Son esprit s’affaiblit à tel point, par suite du chagrin que lui fit éprouver cette situation, qu’il devint fou et mourut obscurément dans un hôpital. C’était un homme très-instruit et très-laborieux qui, dit Pasquier, « a grandement enrichi notre langue d’une infinité de beaux traits, tant en prose qu’en vers, dont les meilleurs écrivains de notre temps se sont sceu quelquefois bien aider. » Il signala le mauvais effet des césures tombant sur des syllabes muettes, et Marot, frappé de cette observation, en fit une loi que 1 usage à consacrée. Ses vers sont d’une bonne facture et contiennent d’ingénieuses allégories. Nous citerons de lui : le Temple d’honneur et de vertus (Paris, 1503, in-8c) ; la Légende des Vénitiens (Paris, 1509), pamphlet politique ; la Plainte du désiré (Paris, 1509) ; le Triomphe de l’amant vert (Paris, 1510) ; l’raitéde la différence des schismes et des conciles de l’Église (1511) ; le Promp t uaire des coiicites de l’Église catholique (1512) ;2Vot’s livres des illustrations des Gaules, et singularités de Troyes (1512), le plus important et le plus curieux de ses ouvrages ; Traités singuliers, savoir ; les trois contes intitulés de Cupido et d’Atropos (1525), etc.

LEMAI RE (Jacques), navigateur hollandais, né à Egmont, mort en 1616, Son père, Jsaae Lemaire, était lié avec un habile marin, nommé Scbouten, qui lui proposa de chercher un nouveau chemin pour aller aux Indes, les lettres patentes accordées par les états généraux de Hollande à la Compagnie des Indes orientales défendant h tout habitant des Provinces-Unies de doubler le cap de Bonne-Espérance et de passer par le détroit de Magellan pour aller aux Indes. Isaac Lemaire accepta l’offre, et l’expédition résolue fut faite à irais communs ; Jacques Lemaire en faisait partie en qualité de commis. Ils partirent le 14 juin 1615, et, après avoir longé les lies de Davis, ils découvrirent ver3 la pointe méridionale do la Terre de Feu un canal qui les mena dans la mer du Sud, passage qu’ils nommèrent détroit de Lemaire. Les deux terres riveraines furent appelées, l’une Staten island, l’autre Terre de Maurice de Nassau. La pointe sud de la Terre de Feu reçut l’appellation de cap Horn. En novembre 1616, les navigateurs hollandais arrivèrent à Batavia, où la Compagnie des Indes hollandaises saisit leurs navires, mit les voyageurs en arrestatation, et les fit embarquer pour les faire ju-