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le savant put trouver, dans cotte position, la paix, qu’exigeaient ses études. À la demande du roi, il traduisit les Homélies de Chrysostome, et, à Blois, où Marguerite de Valois l’emmena, il mit la dernière main à la traduction de la Bible ; puis il suivit la reine de Navarre à Nérac, et passa en repos, dans cette ville, les dernières années de sa vie.

"La liste des ouvrages, commentaires et traductions dus à Le Fèvre d’Etiiples est très-considérable. Nous citerons seulement ses

œuvres principales : Ars moratis ex Aristolele (Paris, 1499, in-4<>) ; Aristotelis totius philosophie naturalis paraphrases, etc. (Paris, 1501, in-fol.) ; In sex primas metaphysicomm libros Aristotelis introductio (Paris, 1505, in-fol.) ; Joannis Damasceui theologia (Paris, 1507, in-4<>) ; Sancti Pauli Epistolm XIV'et vulgata éditione, adjecta intellïgentia ex nrxco, cum commentants, etc. (Paris, 1512, in-fol.), commentaires dans lesquels il émet clairement des opinions dogmatiques qui le séparent de l’Église romaine, rejette la prédestination, n’admet pas que la foi seule puisse sauver, attache une médiocre importance à la confession, etc. ; Liber trium virbrum et trium spiritual iuni virginum (Paris, 1513, in-fol.) ; Commentarii initialorii m IV Evani/elia (Paris, ]521) ; Commentarii in Epistolas calkolicas (Meldis, 1525, in-fol.) ; le Premier volume de l’Ancien Testament, contenant les cini) premiers livres de Moyse translatez en françoys, selon la pure et entière version de S. Hierosme (Anvers, 1528, in-8°) ; la Saincte Bible en françoys, translatée (Anvers, 1530, in-fol.). La traduction de Le Fèvre, quoique imparfaite, rendit d’immenses services ; car, à cette époque, « il n’y avait en France, dit M. Nisard, qu’une sorte d’interprétation grossière, où la glose était mêlée au texte, et faisait accorder la parole sacrée avec tous les abus de l’Église romaine. >

LEFÈVRE DE FONTENAY, littérateur français qui vivaitau commencement du xvme siècle. On sait qu’il a publié, sous le voile de l’anonyme : Journal du. voyage et des aventures de l’ambassadeur de Perse en France (Paris, 1715, in-12) ; Journal historique de la dernière maladie, de la mort, des obsèques de Louis XIV, et de l’avènement de Louis 'XV à ta couronne (Paris, 1715, in-12)." Lefevre de Fontenay a aussi collaboré à Tauoien Mercure de France.

LEFÈVRE-G1NEAU (Louis), mathématicien et physicien français, né à Authe (Ardennes) en 1754, mon à Paris en 1829. Professeur de mathématiques des enfants du baron de Breteuil, il fut, par le crédit de ce dernier, nommé, en 1788, professeur de physique expérimentale au Collège de France. Quand

survint la Révolution, il lit partie de la commission chargée de l’établissement du système décimal, puis fut nommé l’un des quatre inspecteurs généraux de l’Université. Elu député en 1807, réélu en 1813, il signa la déchéance de Napoléon. Envoyé de nouveau h. la Chambre en 1820, il y siégea jusqu’en 1823 dans les rangs des libéraux. Aussi futil, en 1824, destitué de ses fonctions de professeur au Collège de France, sans qu’on osât cependant lui retirer son traitement.

Lefèvre-Gineau n’a publié aucun ouvrage ; il a seulement rédigé quelques notes scientifiques, imprimées à la suite du poème de Defille, les Trois règnes de la nature. LEFÈVRE DE LÉZEAU (Nicolas), historien français, né vers 1580, mort en 1680. Il était, croit-on, conseiller d’État, et a laissé quelques importants ouvrages historiques manuscrits, déposés en partie à la Bibliothèque nationale et à Sainte-Geneviève, entre autres : Histoire de la naissance et du progrès de l’hérésie en France ; la lieliyion catholique en France pendant la Ligue ; Vie de Jean de Horvilliers ; Histoire de Jean de Marittac, garde des sceaux ; Recueil de diverses pièces concernant les conseils du roi.

LEFÈVRE DE LA PLANCHE, jurisconsulte frauçais, né dans la seconde moitié du xvne siècle, mort en 1738. Tout ce qu’on sait de lui, c’est que, en 1700, il était avocat du roi à la chambre du domaine et conseiller au bureau des finances et à la chambre des domaines. Il a laissé des Mémoires sur les matières domaniales ou Traité du domaine (Paris, 1764-1765, 3 vol. itl-4°).

LEFÈVKE :PONTALlS (Germain-Antonin), homme politique et écrivain, né à Paris en 1830. Son père, notaire à Paris, lui fit donner une solide instruction. Le jeune Antonin, à la suite de brillantes études, obtint le diplôme de licencié es lettres, étudia le droit, et devint auditeur au conseil d’État en 1S52. Trois ans plus tard, il prit le grade de docteur en droit. Tout en remplissant ses fonctions administratives, M. Lefèvre-Pontalis devint un des rédacteurs du Journal des Débats et de la Revue des Deux-M ondes. Désireux d’entrer plus activement dans la vie publique, il donna, en 1863, sa démission d’auditeur, et se présenta, comme candidat de l’opposition au Corps législatif, dans la 3« circonscription de Seine-et-Oise ; mais il échoua, tout en obtenant une belle minorité. Les élections de 1869 lui furent plus favorables. Au second tour de scrutin, il l’emporta sur le candidat officieux, M. Rendu, et alla siéger au Corps législatif, où. il fit partie des

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députés qui formèrent le tiers parti libéral et s’affirmèrent, dès le mois de juillet 1869, par leur demande d’interpellation, dite des 116. Il devint un des membres les plus actifs de ce groupe, dont la politique parut triompher avec l’avènement de M. Ollivier, vota fréquemment avec l’opposition, et prit à plusieurs reprises la parole. Rendu à. la vie privée par la révolution du 4 septembre 1870", M. Lefèvre-Pontalis fut nommé, le 8 février 1871, député de Seine-et-Oise à l’Assemblée nationale. Il alla siéger au centre gauche, fit partie de la réunion Feray, composée de monarchistes ralliés à la République dite conservatrice, et n’a cessé d’appuyer la politique de M. Thiers. Il a voté, notamment, pour les préliminaires de paix, pour l’abrogation des lois d’exil, pour la validation de l’élection des princes d’Orléans, pour la loi départementale, pour la proposition Rivet, conférant à M. Thiers le titre de président de la République (31 août 1871), pour le retour de l’Assemblée à Paris, contre le maintien des traités de commercé, etc. Un des membres les plus actifs de l’Assemblée, il a fait de nombreux rapports, a prononcé plusieurs discours, notamment sur la loi relative aux élections municipales, sur les modifications à apporter h la loi électorale, sur la loi organique des conseils généraux, sur la répartition de l’indemnité aux départements envahis, sur la réforme de la magistrature, sur les bibliothèques scolaires, sur la mairie centrale de Lyon, etc. Au mois de février 1871, il a proposé de nommer une commission chargée d’examiner les projets de libération du territoire. Au mois de novembre de cette même année, il a adressé à ses électeurs une circulaire pour exposer les raisons qui le faisaient se rallier à l’établissement d’une République modérée. Outre des articles de journaux et de revues, il a publié : la Condition légale de ta femme mariée (1855), sa thèse de doctorat ; la Hollande au xvnc siècle (1864, in-go) ; les Lois et les mœurs électorales en France et en Angleterre (1864, in-18) ; la Liberté i ?idividuelle (in-S°) ; Un coup d’État manqué (in-8°), etc.

LEFÈVRE-PONTALIS (Amédée), avocat et , homme politique, frère du précédent, né à Paris en 1833. Il étudiait le droit lorsque, en 1854, il remporta le prix d’éloquence à l’Académie française, avec un discours sur le duc de Saint-Simon. Reçu licencié en droit en 1855, il se fit inscrire au barreau de Paris, et devint un des collaborateurs de la Revue des Deux-Mondes et du Correspondant. Le 8 février,1371, les électeurs d’Eure-et-Loir l’envoyèrent à l’Assemblée nationale, où il prit place dans les rangs du centre droit. Pendant que son frère Antonin se prononçait pour le maintien de la République modérée et appuyait le gouvernement de M. Thiers, M. Amédée Lefèvre-Pontalis n’a cessé de voter avec la droite monarchique et de saisir toutes les occasions pour montrer son hostilité envers le gouvernement établi. Il a voté pour les préliminaires de paix, pour les prières publiques, pour le rétablissement du cautionnement, pour l’abrogation des lois d’exil frappant les Bourbons, pour le pouvoir constituant de l’Assemblée, contre le retour du gouvernement à Paris, contre le maintien des traités de commerce, pour le renversement déM. Thiers, lors du vote sur les conclusions de la commission Kerdrel, etc. En juin 1871, il proposa la nomination d’une commission de trente membres pour reviser les décrets du gouvernement de la défense, puis il fit partie de la commission chargée d’examiner le projet de restitution des biens de la famille d Orléans, et devint, en décembre 1872, un des membres de la commission des Trente. M. Amédée Lefèvre-Pontalis a pris, à diverses reprises, la parole dans l’Assemblée, notamment lors de la discussion dé la loi sur les conseils généraux, sur les propositions relatives à l’organisation du pouvoir exécutif, etc. Comme son frère, il parle avec aisance. Ils possèdent l’un et l’autre le même genre d’éloquence froide et verbeuse, abondante et facile, qu’on appelle généralement la limonade Pontalis. On lui doit un écrit, intitulé : De la liberté de l’histoire (1860, in-8o).

LEFÈVRE DE SALN’T-RÉMY (Jean), chroniqueur français, né près d’Abbeville en 1391, mort à Bruges en 1468. Il suivit de bonne heure la caj’rière héraldique, et débuta, comme poursuivant d’armes, au service de Jean sans Peur, duc de Bourgogne. Lors de l’institution de la Toison d’or par Philippe le Bon, en 1429, il fut nommé, par ce prince, roi d’armes de cet ordre, et reçut le nom de Toiso» d’or. Après avoir exercé ses fonctions héraldiques jusque sous Charles le Téméraire, il résigna son emploi, quand l’heure de la vieillesse sonna pour lui. On lui doit des Mémoires excessivement curieux, qui comprennent la période de 1403 à 1460. Ces mémoires, publiés pour la première fois en 1668, ont été réédités par Buchon dans les Chroniques nationales et dans le Panthéon littéraire (1838).

LE FILLEUL DES-GCERROTS (Désiré-François), poste français, surnommé le Florian de la Normandie, né au château des Guerrots (pays de Caux) en 1778, mort en 1857. Pendant toute sa vie, il cultiva les lettres, et composa un grand nombre de fables, dont quelques-unes sont agréables, mats dont la

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plupart sont médiocres et insignifiantes. Reçu, en 1810, membre de l’Académie de Rouen, il fut, pendant plus de trente ans, le poète officiel de cette compagnie. Outre ses Fables et poésies diverses, publiées à Paris et à Rouen de 1818 à 1852, on a de lui une traduction d’Horace, des rapports, dés articles de critique littéraire et des pièces de vers’insérées dans la Revue de Rouen.

LEFIOT (Jean-Alban), conventionnel français, né à Lormes (Nièvre) en 1755, mort, à Paris en 1839. Avocat avant la Révolution, il fut nommé, en 1792, député de la Nièvre à la Convention nationale, où il siégea sur les bancs de l’a Montagne et vota la mort du roi. Après avoir rempli une mission- près de l’armée des Pyrénées-Orientales, Lefiot fut chargé d’organiser le gouvernement révolutionnaire dans les départements du Cher, de la Nièvre et du Loiret. Dans l’exercice de ces difficiles fonctions, il sut joindre à une grande énergie beaucoup de douceur et un sentiment profond de la justice. Par la seule persuasion, sans avoir recours à la force armée, on le vit apaiser les troubles causés dans le Morvan par le manque de subsistances, et sauver la vie d’un grand nombre de paysans compromis dans ces bouleversements. Accusé d’une excessive indulgence, Lefiot fut rappelé à Paris par le comité de Salut public. Après le 9 thermidor, il n’hésita point a combattre la réaction et, chose singulière, se vit dénoncé comme terroriste et emprisonné. Rendu à la liberté au bout de quelques mois, Lefiot fut, pendant quelque temps, chef de division au ministère de la justice, puis il retourna àNevers, où il exerça, avec un grand désintéressement, la profession d’avocat, et resta tout a fait à l’écart des affaires publiques. On cite de lui une phrase remarquable, qui peint fidèlement ta dignité de l’homme et son immuable fidélité à ses convictions politiques. Au mois de vendémiaire an VIII, le général Bonaparte, à son retour d’Égypte traversait Nevers. Lefiot, chargé de le féliciter, le harangua en cas termes : « L’administration de la Nièvre croit offrir un tribut de reconnaissance a tous les soldats français en saluant un général qui les a souvent conduits a la victoire, » Il ne voulut remplir aucune fonction publique sous l’Empire. Toutefois, pendant les Cent-Jours, il consentit à exercer gratuitement les fonctions de conseiller de préfecture de la Nièvre. Proscrit en 1816 comme régicide, il se réfugia en Prusse, puis en Belgique, se fit inscrire au tableau des avocats de Liège, et rédigea l’un des journaux politiques de cette ville. Toujours inébranlable dans ses convictions républicaines, il refusa de demander son rappel, en déclarant qu’il n’avait rien à rétracter de ce qu’il avait fait sous la Révolution. Après la révolution de Juillet, il vint s’établir à Paris, et y vécut, jusqu’à, l’âge de quatre-vingt-quatre, ans, d’une pension viagère que lui fit le gouvernement de LouisPhilippe.

LE FLAGUAIS (Joseph-Alphonse), poëte français, né en 1805. Il s’adonna fort jeune à la poésie, et se fixa à Caen, où il devint un des conservateurs de la bibliothèque. Indépendamment de pièces de vers, insérées dans l’Art en proràice, les Mémoires de l’Académie de Caen, dont il est membre, M. Le Flaguais a publié des recueils de poésies, écrits sous l’influence du romantisme, et qui ne lui ont acquis.qu’une modeste notoriété. Nous citerons de lui : Poésies élégiaques (1826, in-18) ; Mélodies françaises (1826, in-18) ; les Neusiriennes (1835, in-s<>), recueil de chroniques et de ballades en vers, dont quelques-unes sont remarquables ; Poésies d’un jeune aveugle (1839, in-18) ; Marcel, poème (1843, in-12) ; Guillaume et Mathilde (1855, in-S°), légendes, etc. M. Le Flaguais a publié ses Œuures complètes (Caen, 1850-1861S4 vol. in-8°).

LE FLAMENC ou LE FLAMAND (Aubert) sire de Cany, Vàrennes, etc., gentilhomme français, mort vers 1420. Il est souvent cité, dans les mémoires des contemporains et dans l’histoire, pour son intimité avec le duc Louis d’Orléans, oncle de Charles VI, dont il était chambellan. Le duc d’Orléans séduisit la femme de Le Fiamenc, laquelle abandonna son mari, et, après dix-sept ans de concubinage occulte, alla vivre publiquement avec le duc. On raconte que celui-ci l’avait montrée à son chambellan toute nue, le visage seul caché, pour le faire juge de la beauté de sa maitresse. C’est de la dame de Fiamenc qu’est né le fameux Dunois. En 1417, Le Fiamenc, envoyé par la cour de France pour entamer des négociations auprès de Jean sans Peur, alors à Amiens, réussit dans la mission difficile qu’il avait reçue ; niais il eut le tort, dans la joie de ce succès inespéré, de divulguer prématurément la réponse du duc. Un secrétaire infidèle fit parvenir au roi la réponse du duc de Bourgogne, avant même que l’ambassadeur eût quitté Amiens, et, à son retour, celui-ci fut mis à la Bastille. L’année suivante, le duc de Bourgogne entra dans Paris, mit Le Fiamenc en liberté et le nomma gouverneur de la Bastille.

LÉFLINIE s. f. (lé-fli-nl). Bot. Genre de plantes, de la famille des caryophyliées.


LE FLÔ (Adolphe-Emmanuel-Charles), général et homme d’État français, né à Lesneven (Finistère) en 1804. Sorti sous-lieutenant de l’École de Saint-Cyr en 18257 il passa eu

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Afrique en 1831, se conduisit de la façon la plus brillante à la prise de Constantine, à celle des gorges de la Mouzaïa (1840), fut alors promu chef de bataillon, et devint colonel en 1844. En 1848, Cavaignac, devenu chef du pouvoir exécutif, nomma M. Le Flô, qui venait d’être promu général de brigade, au poste de ministre plénipotentiaire en Russie. Elu pendant le cours de cette mission, lors des élections complémentaires du 17 septembre, dans le Finistère, représentant du peuple à la Constituante, M. Le Flô vint siéger dans cette assemblée, en mars 1849, lors de son retour de Russie, et y vota notamment pour la fermeture des clubs et en faveur de l’expédition de Rome. Réélu à la Législative par le même département, il fit partie de la majorité hostile aux institutions républicaines, devint questeur de la Chambre, et, lors de la scission qui éclata entre la majorité et le président de l£t République, donton commençait à entrevoir les projets ambitieux, il se prononça contre la politique de l’Élysée et soutint énergiquement à 1 Assemblée la proposition qu’il avait faite avec M. Baze, son collègue à la questure, de donner au président de la Chambre le droit de requérir directement la force armée. Aussi, lors de la nuit du coup d’État (2 décembre 1S51), fut-il •"arrêté dans le palais de la présidence, emprisonné à Vincennes et expulsé de France par le décret du 9 janvier suivant. M. Le Flô passa alors en Angleterre, et comme il était sans fortune, une pension de retraite de 4,000 francs lui fut accordée en 1S53. En 1857, il obtint l’autorisation de revenir en France, et vécut à l’écart tant que dura l’Empire. En apprenant les premiers revers de nos années, le 15 août 1870, il demanda, mais en vain, au ministre de la guerre, d’être envoyé à l’ennemi. Après la honteuse capitulation de Sedan et la chute de l’Empire, le général Le Flô fut nommé, le 5 septembre, ministre de la guerre par le gouvernement de la défense nationale et réintégré, le 16 septembre, dans les cadres de l’armée active. Dans la terrible situation où se trouvait alors la France, il fallait au ministère de la guerre un homme d’une capacité hors ligne. M. Le Flô ne fut point à la hauteur de cette tache, d’ailleurs écrasante. Son action, du reste, fut bientôt à peu près annihilée par l’investissement de Paris (27 septembre 1870), où le gouvernement de la défense le laissa, au lieu de l’envoyer organiser en province les armées qui nous manquaient. On doit rendre, en outre, à M. Le Flô cette justice que, pendant l’investissement de Paris, il travailla activement à l’armement de l’armée et de la garde nationale, qu’il se prononça, a diverses reprises, pour une énergique offensive, mais qu’il trouva constamment dans l’état-major, notamment chez le général Trochu, l’apathie et le découragement le plus profonds, et que le général Ducrot s’opposa, jusqu’aux derniers jours du siège, à ce qu on utilisât la garde nationale, si ardemment désireuse de marcher à l’ennemi. Après la capitulation de Paris (28 janvier 1871), le général Le Flô fut nommé, par les électeurs du Finistère, député à l’Assemblée nationale (s février). Arrivé à Bordeaux, il se démit de son portefeuille en même temps que ses collègues du gouvernement de la défense ; mais M. Thiers le maintint au ministère de la guerre dans le cabinet du 19 février. Le 17 mars, il revint à Paris, assista au conseil des ministres qui résolut d’enlever les canons de Montmartre, et blâma les dispositions prises par le général Vinoy, sans pouvoir rallier à lui la majorité du conseil. Cet enlèvement de canons fut, comme on sait, la cause qui provoqua le formidable soulèvement du 18 mars, suivi du second siège de Paris, mais, cette fois, par une armée française. Lorsqu’il fut appelé à déposer devant la commission d’enquête sur’ les causes de l’insurrection du 18 mars, le général Le Flô déclara qu’elle avait sa source dans le mécontentement de la garde nationale, parce qu’on n’avait pas voulu l’employer contre les Prussiens. • La gurde nationale, dit-il, se serait très-bien battue, et elle aurait fini par faire un élément de guerre excellent, j’ai dit vingt fois au général Trochu qu’il avait tort de ne point l’utiliser ; mais je dois dire que celui qui s’y est opposé absolument, c’est le général Ducrot. > Quelques jours après la prise de possession de Paris par les troupes de l’Assemblée, le général Le Flô donnait sa démission de ministre de la guerre et était remplacé par le général de Cissoy (5 juin). Le l«r juin, il avait été appelé par M. Thiers au poste d’ambassadeur à Saint-Pétersbourg, où il se rendit peu après."


LEFORT (François), général et amiral russe, né à Genève en 1656, mort à Moscou en 1699. Cet aventurier de génie, dont les historiens n’ont pas toujours su apprécier le rôle important, appartenait à une famille originaire d’Écosse. Il prit d’abord du service en France, passa ensuite en Courlande, puis enfin en Russie, où il fit une campagne contre les Tartares et les Turcs. Ses talents le mirent rapidement en évidence, et il devint le favori de Pierre le Grand, à l’élévation duquel il avait puissamment contribué. Fort de la confiance inaltérable de l’empereur, il conçut alors ces grands projets de réforme et d’organisation qui ont fait de la Russie une nation si puissante. Tout était à créer dans cet empire plus que barbare et au milieu de