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où il obtint un emploi à la chancellerie. Par la suite, il voyagea en Suisse, en Allemagne, finit par se fixer à Vienne (1800), et y remplit, depuis nette époque jusqu’à sa mort, les modestes fonctions de traducteur près du ministère de la guerre. On a de lui, sur l’art et l’histoire militaire, un assez grand nombre d’ouvrages qui attestent des connaissances étendues et variées. Nous citerons de lui : le Calomniateur (1802) et le Dissipateur (1802), drames imités de Kotzebue ; Voyage d’un observateur de la nature et de l’homme, dans les menlagnes du canton de Fribourg (1S04, in-S°), livre d’une lecture agréable ; 1 Art militaire chez les nations les plus célèbres de l’antiquité et des temps modernes (1S05, in-8°) ; Annibal fugitif, roman {1808, 2 vol. in-12) ; Histoire du feld-maréchal Souwarow (1809, in-8°) ; la Crotte de Westbury (1800, 2 vol. in-12) ; Esquisse d’une nouvelle encyclopédie (1813), etc. On lui doit, en outre, des traductions de la Théorie de la pure religion moral ?, de Kant ; de VEsprit du système de guerre moderne (1803), de Bulow ; du Traité de la grande tactique prussienne, de Lindenau.

LAVEHNE (Philippe-Daniel Dunov de), directeur de l’imprimerie nationale. V. Duboy du Lavernb.

Lavernic (le comte de), roman, de M. Auguste Akiquet. V. Comte de Lavernie (lu),

LAVEHP1LLIÈKE (A.), auteur dramatique français, né dans l’Yonne en 1790, mort en 1832. En 1817, il fit recevoir au Théâtre-Français une comédie en cinq actes et en vers, intitulée le Sophiste, et, en 1822, une autre pièce, les Deux rnahométans. Pour faire représenter ces deux œuvres, Laverpitlière duc avoir recours aux tribunaux. Par arrêt de la cour royale, le Sophiste, réduit à trois actes, fut enfin joué, en 1833, sous le titre de VHomme et ses écrits, et les Deux rnahométans, modifiés par la censure, furent joués le 18 mai 1835. Ces deux comédies, dans lesquelles l’auteur s’est attaché à flétrir les protées politiques et les vices du temps, obtinrent un succès honorable, mais disparurent par ordre, presque aussitôt, de l’affiche. Laverpillière a donné, en outre : l’Argent et la politique (1834), comédie en vers, et Cinquante ans d’histoire e ; i cinquante pages (1834), écrit politique.

LAVERT s. m. (la-vèr). Entom. Insecte de la Guyane, qui paraît être une blatte, et qu’on dit être très-nuisible.

LAVERTUJON (André-Justin), publiciste et homme politique français, né à Périgueux en 1827. Dés l’âge de vingt-deux ans, il fut attaché à la rédaction du Républicain de la Dordogne, se rendit, vers le milieu de 1849, à Paris, où il devint membre du comité démocratique-socialiste, quitta la France après le

coup d’État, et alla visiter les Principautés danubiennes. En 1855, M. Lavertujon se fixa à Bordeaux, où il devint rédacteur en chef de la Gironde, qui ne tarda pas à compter parmi les journaux démocratiques les plus importants et les plus influents de la province. Lors des élections générales pour le Corps législatif, en 1863 et en 1869, il obtint, à Bordeaux m’ : nie, une majorité considérable ; mais le vote des campagnes l’empêcha d’aller grossir, à la Chambre, le nombre des députés de l’opposition ; et ce résultat inattendu fut alors la cause de quelques désordres dans le cheflieu de la Gironde. Aux élections partielles qui eurent lieu à Paris le 23 novembre de la même année, M. Lavertujon posa, sa candidature, se fit entendre dans les réunions publiques, puis se désista. Après la révolution du 4 septembre 1870, il devint un des secrétaires du gouvernement de la Défense nationale, fut successivement vice-président, puis président de la commission chargée de classer et de publier les papiers trouvés aux Tuileries et prit, peu après, la direction du Journal officiel. Après la conclusion de l’armistice (2S janv. 1871), M, Lavertujon accompagna à Bordeaux Jules Simon, et soutint ce dernier lors do son conflit avec M. Gambetta, au sujet de la loi électorale. Peu après, il se démit de ses fonctions de secrétaire du gouvernement, fut remplacé par M. Kaempfen au Journal officiel, et alla, quelques mois plus tard, remplir les fonctions de consul général à Amsterdam. En 1863, M. Lavertujon avait été un des fondateurs de la Tribune, journal républicain, créé à Paris sous les auspices de MM. Glais-Bizoin etPelletan. Outre ses articles, des brochures économiques et politiques et quelques articles publiés sous le pseudonyme d’Adrien GiUon, on lui doit une Histoire de la législature de 1857 à 1S63 (Bordeaux, 18G3, in-8°).

LAVETON s. m. (la-ve-ton). Comm. Grosse bourre, qui reste dans le moulin où l’on foule les draps.

lavette s. f. (la-vè-te — rad. laver). Morceau de linge avec lequel on lave la vaisselle, il Gros pinceau en fil qui sert aujourd’hui plus communément à cet usage.

— Ornitb. Nom vulgaire de l’alouette commune, qu’on appelle aussi layette.

LAVEUR, EUSE s. (la-veur, eu-ze — rad. laver). Personne qui lave, dont le métier est de laver : Un faveur de vaisselle. Le lavoir doit être disposé de façon qu’on puisse y placer le plus commodément possible les laveuses de linge. (Pelouze.)

— Ouvrier qui lave les terres pour recueillir les parcelles de métal : Mon âme est

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comme ces cribles où les faveurs d’or du Mexique recueillent les paillettes de pur métal dans les torrents des Cordillères. (Lamart.).

— Ouvrier qui lave les cendres et les balayures des ateliers de monnayage ou d’orfèvrerie, pour en retirer les parcelles d’or et d’argent qu’elles contiennent.

— Hist. relig- Nom donné à des sectaires qui font du lavement des pieds un sacrement.

— Techn. Appareil employé au blanchiment du chiffon. Il Laveuse mécanique, Engin mécanique employé au lavage du linge.

— Encycl. Laveuses mécaniques. On emploie aujourd’hui, dans la blanchisserie, divers engins mécaniques destinés à éviter la dépense de main-d’œuvre et qui ont assez bien réussi ; nous ferons connaître les principaux.

Pour les tissus très-fins, on se sert de la roue à laver. C’est un tambour à quatre compartiments, dans lesquels on introduit le linge par des ouvertures spéciales. L’eau arrive par un tuyau et l’on imprime au tambour uh jnouvement rapide de rotation, au moyen, d’un moteur quelconque, par l’intermédiaire d’une courroie.

L’aide-laveuse de MM. Bouillou et Muller est employée au savonnage. Le linge, suspenduaun châssis, est alternativement plongé dans l’eau de savon et retiré. La température est maintenue constante à. l’aide d’une chaudière à circulation.

Dans la» laveuse à boules flottantes, de AI. Hollings-wort de New-York, le linge, déposé sur un châssis à jour, est soumis à l’action de boules flottantes, mues au moyen d’une bringuebale à contre-poids. Le frottement de ces boules produit assez rapidement le nettoyage.

LAVEZZI, petite lie de France, près de la cote méridionale de la Corse, dans les Bouches de Bonifacio. Vestiges de carrières d’où les Romains extrayaient des colonnes de granit. Elle est inhabitée.

LAVIANO, bourg du royaume d’Italie, province de la Principauté Citérieure, district et à 20 kilom. N. de Campagna, sur une hauteur ; 2,407 hab. Ch.-l. de mandement. Château pittoresque.

LAVICANE adj. f. (la-vi-ka-ne). Antiq. rom. Se dit d’une des portes orientales de l’ancienne Rome et d’un chemin qui y aboutissait : La porte Lavicane, qui se nommait aussi Prénestine, s’appelle aujourd’hui porte Maggiore.

LA V1COMTERIEDE SAINT-SAMSON (Louis de), littérateur et conventionnel français, né en 1732, mort en 1809. Il se fit remarquer dès le commencement de la Révolution par des écrits populaires, et particulièrement, en 1791, par les Crimes des rois. Elu à Paris membre de la Convention, il fit partie du comité de Sûreté générale pendant la Ter■ reur, fut incarcéré par les réacteurs de Thermidor, et obtint, sous l’Empire, un emploi dans la régie du timbre. Les jacobins l’avaient chargé, en ianvier 1794, de rédiger l’Acte d’accusation âes rois. On lui doit, outre les écrits précités : le Code de la nature (1788, in-8<>) ; Du peuple et des rois (1790) ; Droits du peuple sur l Assemblée (1791) ; Crimes des papes (1792) ; la République sans impôts (L792) ; Crimes des empereurs d’Allemagne (1793), etc.

LAVIE s. f. (la-vl). Mamm. Genre de chéiroptères ou chauves-souris.

LAVI El I.LE (Jacques-Eugène-Adrien), graveur, né à Paris en 1818. Fils d’un tapissier, il apprit pendant quelque temps l’état de son père et ne reçut qu’une instruction incomplète. Ayant montré de réelles dispositions artistiques, il devint élève de l’École des beaux-arts, où il se lia intimement avec Tony Johannot, prit ensuite des leçons de Porret, puis se rendit en Angleterre (1S37), où il fréquenta pendant une année l’atelier de Williams. De retour en France, M. Lavieille s’adonna entièrement a la gravure sur bois et ne tarda pas à se faire connaître. En 1842, il se rendit en Russie avec Horace Vernet, et on lui offrit une place de professeur à 1 Académie moscovite ; mais la condition de naturalisation qu’on lui imposait lui fit refuser cet emploi. Quelque temps après, il revint en France, et, depuis lors, il a fait, à diverses reprises, le voyage d’Angleterre. C’est un artiste inégal dont le talent manque d’unité.

"L’Histoire des peintres, qui renferme un grand nombre de copies d’après les chefsd’œuvre de toutes les écoles, donne la preuve de ce manque de suite dans le faire de Lavieille ; il y a là des bois superbes, et il en est d’autres qui paraissent l’œuvre d’un écolier distrait. Parmi ses gravures tirées à part et qu’il a sans doute étudiées plus soigneusement, citons le Lunage hollandais, d’après Van Ostade ; les Bâcherons de la forêt, d’après M. Ch. Jacques. Il a gravé beaucoup de tableaux deMllc Rosa Bonheur, de Daubigny et de Millet. Au Salon de 1857, il exposé quelques planches excellentes d’après ces derniers maîtres : VIntérieur de ferme ; les Six premiers mois et les Six derniers mois de l’année. Les Contes drolatiques, de Balzac, gravés d’après les dessins de M. Gustave Doré, sont d’une exécution très-inégale. M. Lavieille a obtenu, en 1849, une médaille d’or.

LAV1EO, LAY1EUX ou LADVIEU, petit pays

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de l’ancienne France, dans le Forez ; les localités principales étaient Lavieu, Rivièreen-Ladvieu et Montagne-en-Ladvieu. Il fait aujourd’hui partie du département de la Loire.

LA VIEBVILLE (Charles, duc de), surintendant des finances, grand fauconnier de la couronne, né à Paris en 1582, mort en 1C53. Il prit la direction des finances en 1623, et y introduisit des réformes qui lui valurent la haine des courtisans : son plan consistait à rétablir le crédit sans impôt onéreux, et en réduisant les grosses pensions. Il fut renfermé pendant treize mois au château d’Amboise (1624), et, après s’être évadé et avoir erré longtemps à l’étranger, il put revenir en France en 162S. S’étant mêlé à des intrigues contre Richelieu, La Vieuville dut s’expatrier de nouveau. Il resta à Bruxelles jusqu’en 1631, revint dans son pays sous le ministère de Mazarin, fut chargé, en 164D, de diriger les finances et reçut alors de Louis XIV le titre de duc et pair.

LAVIGERIE (Charles-Martial Allemand-), prélat fiançais, né à Bayonne en 1825. Il est fils d’un ancien receveur des douanes. Élève de Saint-Sulpice, il entra dans les ordres, se fit recevoir docteur en théologie à Paris et devint professeur d’histoire ecclésiastique à. la Sorbonne. À la suite des massacres de Syrie, M. Lavigerie fut envoyé en mission dans ce pays (1860), ce qui le mit en évidence et lui créa de très-hautes relations à la cour. Peuttprès, il alla occuper à Rome les fonctions d’auditeur de rote pour la France, devint un des prélats de la maison du pape, et fut nommé, en 1863, évêque de Nancy. Quatre ans plus tard, il alla occuper le siège d’Alger, qui fut alors érigé en archevêché. Pendant la cruelle famine qui sévit à cette époque dans notre grande colonie africaine, M. Lavigerie fit prouve de beaucoup de zèle, établit des orphelinats pour les enfants arabes abandonnés, et voulut profiter de ces circonstances pour propager le christianisme chez les indigènes. À ce sujet, il eut des démêlés très-retentissants avec le maréchal Mac-Mahon, gouverneur général d’Algérie, qui craignait que le prosélytisme intempérant de l’archevêque ne devînt une cause de trouble dans la colonie (mai 1868). Lors de la réunion du concile de Rome (8 déc. 1869), M. Lavigerie fit partie des prélats français qui se montrèrent le plus favorables à la proclamation de l’infaillibilité du pape ; mais il n’y joua qu’un rôle des plus effacés. M. Lavigerie avait su se rendre fort agréable au monde officiel de l’Empire et surtout à la cour, ce qui lui avait valu son rapide avancement. Peu après la révolution du i septembre, le gouvernement de la Défense ayant décrété la convocation, bientôt après ajournée, d’une Assemblée nationale, M. Charles Lavigerie adressa une circulaire aux électeurs des Basses-Pyrénées et posa sa candidature (20 sept.). Non élu aux élections du S février 1871, M. Lavigerie se présenta dans le département des Landes lors des élections complémentaires du mois de juillet-1871, et il éprouva un nouvel échec. Outre ses mandements et quelques petits écrits, on lui doit un Exposé des erreurs doctrinales du jansénisme (1858, in-8°), recueil de leçons d’une médiocre valeur, faites à la Sorbonne.

LA VIGNE (André bb), poSte et historien français, né vers 1457, mort vers 1527. Il séjourna longtemps à Chambéry, où il fut secrétaire du duc de Savoie, remplit ensuite les mêmes fonctions près de la reine Anne de Bretagne, puis gagna les faveurs de Charles VIII, qui remmena dans son expédition de Naples, le chargea d’en écrire le journal et lui donna le titre d’orateur du roi. Malgré sa situation à la cour, il vécut dans un état souvent voisin de la misère. C’était un poSte médiocre, mais un historien estimable. On a de lui : le Vergier d’honneur de l’entreprise et voyage de Naples (Paris, in-fol., sans date), recueil souvent réédité qui constitue le Journal de Naples, en vers et en prose ; un long poème intitulé les Louanges du roi, des épîtres, des rondeaux, des poésies diverses. Le Journal de Naples contient des particularités intéressantes. La Vigne a laissé d’autres écrits : les Ballades de bruyt commun sur les alliances des rois, des princes, etc. (in-4°, sans date), livre très-recherché des bibliophiles ; le Libelle des cinq villes d’Italie {Lyon, in-4») ; Epitaphes en rondeaux de la reine (in-8°) ; Moralité de l’aveugle et du boiteux ; Farce du meunier de qui le diable emporte l’âme en enfer, pièces de théâtre que Francisque-Michel-a publiées en 1831.

LA VIGNE (Michel de), médecin français, né à Vernon (Normandie) en 1588, mort en 1648. Il professa d’abord la rhétorique, puis se fit recevoir docteur en médecine (1614), s’acquit une grande réputation comme praticien et devint médecin de Louis XIII, doyen de la Faculté de Paris. On lui doit : Orationes duo adversus Th. Renaudot et medicos extraneos (Paris, 1644, in-4<>). — Son fils, Michel de La Vigne, fut également médecin et composa, outre une Vie déson père, un traité sur les fièvres intitulé : Dista sanorum, sive ars sanitatis (Paris, 1671).

LA VIGNE (Anne de), femme poëte et bel esprit du xv«e siècle, l’une des précieuses qui a laissé les meilleurs souvenirs, née en 1650, morte en 1684. Par ses relations

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avec Mlle de Scudéri et la petite Académie de la rue de Beauce, M’îe de La Vigne fut une précieuse, comme elle fut une femme savante par ses écrits ; mais elle mérite une place à part et ne tombe pas sous les coups d’étrivières de Molière ; elle n’était pas de celles qui embrassaient les gens pour l’amour du grec. Les embrassait-elle jamais pour l’amour d’autre chose, c’est ce qui reste encore douteux, malgré la publication de sa correspondance galante avec Eléchier ; il est assez difficile de démêler, dans cette correspondance, comme dans toutes celles du même genre, la part du sentiment et la part de l’affectation. Languir pour deux beaux yeux était l’occupation favorite de ce temps-la, et l’on mourait, par métaphore, assez régulièrement ; pourtant, il semble bien difficile que les deux amoureux, qui paraissent avoir été fort épris l’un de l’autre, en soient restés aux simples métaphores.

MHe de La Vigne mourut jeune, à trente-quatre ans, et sa courte existence paraît avoir été plus studieuse que passionnée. Son père était un médecin de la petite ville de Vernon, en Normandie, « homme habile dans son art et bel esprit lui-même. Comme il avait un fils d’un esprit assez borné, il disait :

— Quand j’ai fait ma fille, je pensais faire mon fils ; et quand j’ai fait mon fils, jo pensais faire ma fille. »

— La savante et spirituelle personne manifesta de si bonne heure ses précieuses dispositions, qu’on put dire, dans le langage d’autrefois, qu’elle avait été « allaitée par les Muses. > Sa vie fut courte, en proie aux infirmités précoces, et vouée bien plus aux sciences qu’aux lettres proprement dites. M’o de Scudéri ayant remporté le prix d’éloquence à l’Académie française, Mlle de La Vigne l’en complimenta par une ode que Pellisson jugea digne d’être imprimée à la suite de son Histoire de cette Académie. Elle garda d’abord l’anonyme, mais le mystère fut découvert et les deux Muses se lièrent d’une étroite amitié. Les recueils littéraires contiennent d’autres poésies de M’1» de La Vigne, qui entretint des rapports d’affection avec Descartes, Dupré, Pellisson, Alénage et Mlle de Scudéri. Elle fut de l’Académie des Ricovrati, de Padoue. Voici son portrait, fait sous le nom de Célimène : < Elle étoit de la plus belle tailla du monde, l’air grand et de qualité, mêlé de beaucoup de modestie et de douceur ; elle avoit les yeux beaux et doux, le nez bien fait, la bouche agréable, le teint blanc, uni et délicat ; elle étoit naturellement éloquente et s’expliquoit avec autant de grâces que de facilité, sans être embarrassée dans le choix des expressions, qu’elle trouvoit toujours heureusement, et si propres au sujet, que la réflexion n’eût pas mieux réussi ; elle étoit fort civile, mais fiere et peu caressante ; elle avoit le cœur généreux et rempli de sentiments honnêtes, mais peu tendres ; enfin, elle aimoit par l’esprit sans être touchée par le cœur. •

Ce n’est pas tout à fait ce qu’elle a dit d’elle-même ; elle se plaignait, au contraire, d’avoir une trop grande sensibilité. Un jeune gentilhomme ayant recherché sa main, voici ce qu’elle lui répondit :,

Ah ! sur mon cœur cessez de rien prétendre, Cessez de le faire souffrir.

Le ciel ne l’a pas fait si sensible et si tendre Pour aimer ce qui doit périr.

Une autre pièce offre des idées assez délicates finement exprimées ; cela s’appelle IV ?-loge du noir, et la pièce est adressée à une jeune dame en deuil :

Vous condamnez le noir, il vous est odieux, Comtesse, et son malheur me touche ; J’ose appeler à vos beaux yeux " De cet arrêt de votre bouche...

Le noir de la beauté redouble la splendeur ; Son éclat s ; entretient sous son ombre épaissie ;

La blonde en a moins de fadeur

Et la piquante brune en parait éclaircie.

C’est la couleur du deuil, me dites-vous, comtesse ; Je vous le passe volontiers ;

Mais si te noir habille la tristesse, Il pare bien les héritiers.

Les poésies de Mlle de La Vigne sont dispersées dans les recueils de l’époque ; on en trouve quelques-unes dans celui do Bouhours, quelques autres dans le Parnasse des dames, de Sauvigny. Ses vers sont généralement pleins de grâce, de délicatesse ; ils sont faciles, — agréables, jolis, en un mot, mais rarement ils s’élèvent au delà de la correction et de l’élégance. Nous devons cependant mentionner l’ode dont nous parlions plus haut et intitulée : les Dames à M'lle' de Scudéri ; une Réponse à MH« Descartes, la nièce du célèbre philosophe, et enfin une ode qui a pour titre : Monseigneur le Dauphin au roi, et qui valut à l’auteur l’envoi, par une main inconnue, d’une lyre d’or.

LAV1GNE (Jacques-Emile), chanteur français, né à Pau en 1782, mort dans la même ville le.17 mai 1855. Il débuta à l’Opéra, sous les auspices de son maître Persuis, le 2 mai 1809, par le rôle d’Achille, dans Iphigénie en Aulide. Bel homme, doué d’une voix, wagnifique sonnant à plein tuyau dans lqyîiotes élevées, mais inculte, on espérai^ que l’étude, l’exercice pourraient la façonner. Malheureusement, Lavigne travailla, peu, ébloui

qu’il avait été par l’éclat àe^ ses premiers