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DÔatifié en 1783. Laurent a laissé des sermons et des ouvrages qui sont restés manuscrits.

LAURENT (Gaspard), théologien français, né dans la deuxième moitié du xvie siècle. Il alla se fixer à Genève, où il devint professeur de littérature en 1597, et recteur de l’Académie en 1CO0. Laurent s’est fait connaître par les ouvrages suivants : Catholicus et orthodoxes Ecclesix consensus ex verbo Dei, Patrum scripliset Ecclesis reformats coufessionum karmonitt, et ex sententiis doctorum qui scholasiici dicunlur (Genève, 1595, in-S°) ; De nostra in sacramentis eum Domino J.-Ch. conjunciione tractatus (Genève, 1598, in-so) ; Oratio de ctarissimi t/teologi Bezm obitu (Genève, 1605, in-8°) ; Miscellanes tfieses in ethicis (Genève, 1607, in-8°) ; De publicis disputationibus in controversiis de religione observatio (Genève, 1G02, in-s°) ; Hermogenis arsoratoriaabsolulissima(Colon., 1614, in-S°) ; Quxstiones miscellanex ethiae (Colon., 1626, in-4°).

LAURENT ou LAURENS (Pierre-Joseph), ingénieur mécanicien, né à Bordeaux en 1715, mort en 1773. Il eut la direction des canaux des généralités de Lille et de Valenciennes, en simplifia les écluses, fit exécuter une grille de fer pour fermer l’Escaut, fournit les projets pour le rétablissement du port de Dunkerque (1737), et celui du canal de jonction de la Somme avec l’Escaut. Un bras mécanique très-ingénieux, qu’il fit pour le duc de La Vrilliére, lui valut les éloges de Voltaire et de Delille. Il est le père do Laurent de Villedeuil, ministre de Louis XVI.

LAURENT (Pierre), graveur français, né à Marseille en 1739, mort en 1819. Il excellait dans le paysage et dans les figures d’animaux, et s’attacha à reproduire par son burin les compositions de Berghem, de Lauterbourg et de Poussin. La mort le surprit au moment pu il commençait à publier, sous le titre de Musée français, les principaux chefs-d’œuvre du musée du Louvre, œuvre importante qui fut achevée par son fils Henri. On cite, comme ses meilleures planches : le Déluge, d’après Poussin, et la Mort de d’Assas, d’après Casanova. — Son fils, Fierre-Louis-IIenri Laurent, né en 1799, termina les gravures du Musée français, et reproduisit avec talent la Messe de saint Martin, de Lesueur ; 'Enlèvement des Stibines, de Poussin.

LAURENT, conventionnel et médecin français, né à Strasbourg vers 1750, mort en 1804, Avant la Révolution, il exerçait obscurément son art dans sa ville natale. Dès que le mouvement éclata, il s’y jeta avec chaleur et fut nommé député du Bas-Rhin à la Convention, 11 vota la mort de Louis XVI et motiva son vote par ces paroles : « Un ancien a dit : « Qui épargne les méchants nuit aux bons, » et moi je dis : Qui épargne un tyran nuit aux nations. La justice, la raison et la politique s’accordent pour que nous jugions définitivement Louis Capet et qu’il n’y ait point d’appel au peuple. » Envoyé en mission aux armées du Khin, du Nord et de Sambre-et-Meuse, il s’y distingua par sa bravoure. Après la session, le Directoire l’employa comme commissaire, et le département du Bas-Rhin le réélut au conseil des Cinq-Cents, en mai 1798, pour deux ans. Il y demanda la mise en vente des biens des cultes réformés, et combattit le rétablissement de l’impôt sur le tabac, comme portant sur une denrée précieuse aux pauvres cultivateurs et surtout aux soldats. En novembre, il fut exclu du corps législatif, à la séance de Saint-Cloud, comme

l’un des opposants à la révolution du 18 brumaire (9 novembre 1799), et vécut depuis dans la retraite.

LAURENT (Jean-Antoine), peintre fronçais, né à Baccarat en 1763, mort à Epinal en 1833. Il devint directeur du musée des Vosges. Laurent a laissé des tableaux d’histoire et de genre, qui ne sont pas dépourvus de mérite. Nous citerons de lui : l’Amour dans une coupe, VAmour enc/iainé, l’Amour dans une7-ose, Callot refusant de peindre le siège de Nancy, Galilée, etc. — Son fils, Jules Laurent, né à Epinal vers 179S, lui a succédé, en 1833, comme directeur du musée de sa ville natale. 11 s’est occupé de sculpture, d’archéologie, a envoyé à divers Suions plusieurs œuvres, notamment : Jeune fille jouant avec un chevreau, qui lui a valu une médaille il l’Exposition de 1839, et il a publié : Cours de dessin linéaire (1827, in-fol.), en collaboration, avec son père ; Catalogue des médailles, monnaies anciennes et modernes du inusée des Vosges (1840 in-S").

LAURENT (Jean-Louis-Maurice), naturaliste français, né à Toulon en 1784, mort à Paris en 1854. Admis dana le corps des chirurgiens de marine, il fit plusieurs voyages sur mer, puis occupa une chaire à l’école de médecine de Toulon. et se livra à d’intéressants travaux sur 1 histoire naturelle et la physiologie. Parmi ses ouvrages, que dépare un style diffus, chargé de néologismes, nous citerons : Propositions générales de physiologie, de pathologie et de thérapeutique (Paris, 1823) ; Atlas d’anatomie physiologique (182G, in-fol.) ; Essai sur les tissus élastiques et contractiles (1827, in-8") ; Recherches sur l’hydre et l’éponge d’eau douce (in-8°), avec atlas, travail fort estimé ; Zoophytotogie (1844, in-s°), De 1837 à 1839, Laurent a ré LAUR

digé, avec Hollard et autres, les Annales d’anatomie et de physiologie,

LAURENT (Paul-Matthieu), plus connu sous le nom do Laurent de l’Ardèciic, publiciste et homme politique français, né à Bourg-Saint-Androl (Ardeche) en 1793. Il fut d’abord

avocat à Grenoble, puis à Privas, s’occupa d’études historiques et de politique, et fonda le Journal libre de l’Isère, organe des idées démocratiques. S’étant épris ensuite des doctrines saint-simoniermes, il s’attacha à les Propager dans le midi de la France en créant Organisateur (1829), journal qui cessa de paraître en 1830. M. Laurent collabora, vers la même époque, au Globe, puis aux Prédications (1832, 2 vol. in-S°), et abandonna le saint-simonisme lorsque, en 1832, Enfantin y introduisit ses fameuses réformes. En 1834, il prit la direction du Progressif du Gard, et fut, peu après, un des défenseurs des accusés d’avril (1835). Cinq ans plus tard, M. Laurent de l’Ardèche devint juge à Privas. Après la chute de Louis-Philippe (février 1S48), le gouvernement provisoire chargea M. Laurent d’administrer l’Ardèche en qualité de commissaire. Nommé peu après, dans ce département, représentant du peuple à la Constituante, et, l’année suivante, à la Législative, il vota constamment avec la gauche républicaine, et collabora, à cette époque, au

journal la République et à VÀ Imanach républicain. Après le coup d’État de 1S51, il rentra dans la vie privée. S’étant rallié à l’Empire, il fut nommé, eu 1853, bibliothécaire du Sénat, puis il devint un des conservateurs et enfin le premier administrateur de la bibliothèque de l’Arsenal. On lui doit les ouvrages suivants : Résumé de l’histoire du Dauphiné (1825) ; Résumé de l’histoire de la philosophie (1S2C) ; Réfutation de l’histoire de France de l’abbé Montgaillard (1828), sous le pseudonyme d’Iiirancei Dolcuze, réédité sous son nom en 1843 ; Histoire de Napoléon (1828), rééditée avec 500 dessins par Horace Vernet (1S3S-1842 et 1849) ; Du principe d’autorité en politique (1844) ; De ta prescription en matière de partage d’ascendants (1S4G) ; Considérations philosophiques sur la révolution de décembre (1852, in-8°) ; Jtéfutation des mémoires du duc de Raguse (1S57) ; la Maison d’Orléans devant la légitimité et la démocratie (2" édit., in-8°, 1873), etc.

LAURENT (Auguste), chimiste français, né près de Gray (Haute-Saône) en 1807, mort à Paris en 1853. Après avoir suivi les cours de l’École des mines, il s’occupa spécialement de chimie, fut attaché, comme prép’arateur, à l’École centrale des arts et manufactures, monta un laboratoire à Paris, et commença ù se faire connaître par ses travaux et par ses expériences. Reçu docteur es sciences en 1837, il fut nommé, l’année suivante, professeur de chimie à la Faculté de Bordeaux, devint correspondant de l’Académie des sciences en 1845, puis se fixa à Paris, où il fut nommé essayeur à la Monnaie (lS4S), et examinateur des questions de science et d’art

au ministère de la guerre. Ce travailleur infatigable fut emporté par une phthisie pulmonaire. Il laissait presque sans ressource sa veuve et des enfants, en faveur de qui on ouvrit une souscription et, trois ans après sa mort, l’Institut lui décerna un prix de 6,000 francs pour ses travaux de chimie organique. On lui doit d’intéressantes recherches sur les carbures d’hydrogène, sur la naphtaline, sur l’oxi’dation des acides gras, sur les huiles de goudron de houille, sur l’indigo et les essences d’amandes amères, sur la théorie des substitutions. Ses découvertes les plus essentielles sont relatives à l’action des réactifs sur les composés organiques, principalement du chlore, de l’ammoniaque, des agents oxydants. Outre de nombreux mémoires insérés dans (les Annales de chimie et de physique, des notices publiées dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, on lui doit : l’héorie des radicaux dérivés et mémoire sur les séries naphatalique et slilbique (Paris, 1843, in-S°) ; Méthode de chimie (Paris, 1854, in-S°).

LAURENT (François), historien et-publiciste beige, né à Luxembourg en 1810. Au sortir de l’université de Louvain, où il avait étudié la philosophie, il alla suivre les cours de droit à l’université de Liège, et s’y rit recevoir docteur en 1832. M. Laurent exerça pendant quelque temps la profession d’avocat dans sa ville natale, puis il entra dans l’administration, et fut attaché, eu 1S34, au ministère de la justice, à Bruxelles, en qualité de chef de division. Dès l’année suivante, il alla occuper à l’université de Gantl la chaire de droit civil. Le jeune professeur, qui joignait à un précoce savoir des idées très-avancées en politique et en religion, vit de nombreux auditeurs accourir à son cours. Les catholiques s’en émurent et exercèrent une vive pression sur le ministre Decker pour qu’il destituât il. Laurent. Mais, bien que chaud catholique, cet homme d’État maintint le professeur dans sa chaire. On doit à ce dernier, entre autres écrits : De la passion des catholiques pour la liberté, lettre à M. de Morny (1850, in-8°) ; Van Espen, étude historique sur l’Église et l’État en Belgique (Bruxelles, 1860-1863, trois parties, in-S") ; Lettres d’un retardataire libéral à un progressiste catholique, adressées à M. Northoinb (Bruxelles, 1863, in-18) ; Délires sur la question des cimetières (1864, in-18) ; Lettres sur

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les jésuites (1865, in-is). Mais, de tous les ouvrages de M. François Laurent, celui qui a le plus contribué à sa réputation, ce sont ses Études sur l’histoire de l’humanité (Paris et Bruxelles, 1860-1870, 16 vol. in-8°). Ces Études, fruit d’un immense travail, sont, à vrai dire, moins un ouvrage qu’une série d’ouvrages, dans lesquels l’auteur traite, nonseuteinent de l’histoire depuis les temps les plus reculés, mais encore des grandes questions religieuses, philosophiques et politiques qui s’y rattachent, et où il se propose principalement pour but d’établir la nécessité d’une séparation complète entre l’État et l’Église, séparation qu’il donne pour base aux idées du droit public moderne. Les Eludes sur l’histoire de l humanité traitent les matières suivantes : l’Orient, la Grèce, Rome (Gand, 1855, 3 vol. ; 20 édit.) ; le Christianisme (Gand, 1S55) ; les Barbares et le catholicisme (Gand, 1S55) ; la Papauté et l’empire (Bruxelles, 1860) ; la Féodalité et l’Église (Bruxelles, 1861) ; la Réforme (Bruxelles, 1861) ; les Guerres de religion (Bruxelles, 1863) ; les Nationalités (Bruxelles, 1865) ; la Politique royale (Bruxelles, 1865).

LAURENT (Emile), littérateur français, né à CoSombey (Meurthe) en 1819. Il se rendit à Paris pour y suivre la carrière des lettres, et s’attacha surtout à étudier l’histoire littéraire dans sa partie anecdotique. M. Laurent est connu dans le monde des lettres sous le pseudon3’me d’Emile Colombey. C’est un érudit et un chercheur, dont les œuvres attestent le goût et le savoir. On lui doit des éditions des Œuvres de Tabarin, des Aventures burlesques de d’Assoucy, de la Vraie histoire comique de Francion, par Charles Sorel, etc. ; de nombreux articles insérés dans la Revue de Paris, la Revue française et autres publications périodiques ; enfin, les écrits suivants : la Journée des madrigaux (1855, in-18) ; Ninon de Lenclos et sa cour (1858, in-18) ; Ruelles, salons et cabarets (1858, in-18) ; les Causes gaies (1859, in-18) ; l’Esprit au théâtre (1860, in-18) ; Histoire anecdotique du duel (1861, in-is) ; les Originaux de la dernière heure (1861, in-18), livre curieux et intéressant ; le Monde des voleurs, leur esprit et leur langue (1862, in-18), etc.

LAURENT (Charles-Auguste), ingénieur et géologue français, né à Ecouen (Seine-et-Oise) en 1821. Après avoir étudié, de 1S37 à 1840, à l’École des arts et métiers d’Angers, il se rendit à Paris, où il compléta son instruction théorique et pratique en suivant les cours de la Sorbonne et du Conservatoire des arts et métiers, en travaillant sous la direction d’un ingénieur-mécanicien, M. Saulnier, et en se faisant admettre, comme simple ouvrier, dans l’usine de MM. Derosue et Cail. Attaché quelque temps après, en qualité de sous-ingénieur, aux ateliers d’Essonnes, il les quitta pour entrer chez l’ingénieur Joseph Degousée, dont il devint le gendre et l’associé (1848). Très-versé dans la géologie, M. Laurent s’est acquis une grande réputation par les travaux qu’il a exécutés pour étudier la nature du sol à l’aide de sondages, non-seulement en France, mais encore en Italie, en Espagne, en Portugal, en Russie, en Algérie, en Moldo-Valachie, à Sumatra, à Bornéo, au Sénégal, etc. En 1850, il explora, sur la demande de la municipalité de Cadix, le bassin géologique de cette ville. En 1855, il parcourut la province de Constantine, et un grand nombre de puits artésiens furent creusés, sous sa direction, dans le Sahara algérien. L’année suivante, il se livra à des opérations du même genre en Grèce ; en 1858, il passa en Espagne, où, à l’aide de sondages artésiens, il explora la nature du sol que devait parcourir le chemin de fer de Madrid à Alicante, puis il exécuta des travaux identiques dans l’est et dans le sud de ce pays. Nous ne suivrons pas M. Laurent dans la longue série de ses sondages géologiques, dont nous avons indiqué le vaste théâtre. Bornons-nous à dire qu’il a obtenu, ainsi que son beau-père, pour la perfection de ses procédés et de son outillage, de hautes récompenses aux expositions universelles de Paris et de Londres. Outre divers mémoires, insérés dans les Comptes rendus de la Société géologique et de diverses autres sociétés savantes, on doit à M. Laurent : Voyage au Sahara oriental (1859, in-S<>), et une édition améliorée du Guide du sondeur (2 vol., avec planches), en collaboration a-vec M. Degousée.

LAURENT (Joseph), acteur français, né à Paris le 5 mars 1822. Il quitta de bonne heure les bancs de l’école pour prendre, chez un ébéniste, le tabiier d’apprenti. A seize ans, il entra, comme comparse, à l’Ambigu-Comique, et passa ensuite au théâtre de Grenelle, où il débuta par un petit rôle de négrillon, dans le Marché de Saint-Pierre. N’ayant réussi qu’à exciter l’hilarité du public dans le personnage mélodramatique du père Athanase,

des. Victimes cloitrées, il délaissa l’emploi des traîtres pour jouer les rôles d’Odry et d’Alcide Tousez. Après de nombreuses pérégrinations sur les scènes de la banlieue, il fut engagé, en 1842, à l’Ambigu. D’abord obscur, il se lit peu à peu remarquer, et devint l’acteur chéri du public, le farceur indispensable de tous les draines populaires. Comique de la bonne race, bête sans effort, sans travail peut-être, il se montra digne de prendre rang parmi lesgrotesques les plus applaudis de ce temps-ci. Nous citerons, au nombre de

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ses créations : Eulalie Pontois, les Mousque* taires, les Paysans, le Marché de Londres, Notre-Dame de Paris, Mauvais Cœur, Piquillo, le Juif errant, le Vampire, Marthe et Marie, la Dame de la halle, Berthe la Flamande, la Queue du diable, Marie Simon, Jean le Cocher, la Case de l’oncle Tom, le Ciel et l’Enfer, la Prière des naufragés, l’Enfant du régiment. En novembre 1S55, il a débuté avec succès aux Variétés dans l’École des épiciers ; mais il n’a pas tardé à revenir au théâtre de ses premiers succès ; il a passé ensuite à la Porte-Saint-Martin, puis au Châtelet, où la vogue l’a suivi dans le même emploi des comiques du drame, de la féeria et des revues. Parmi ses dernières créations, nous distinguerons les rôles de Villars, de la Bouquetière des Innocents ; Antoine, de Rocambole ; Fanfreluche, de la Biche au bois (1807) ; Cotineau, de 1867, revue (1863) ; Jon.is, de Patrie (1869) ; il a repris avec bonheur le rôle de Mousqueton dans Vingt ans après, au théâtre du Châtelet, en 1871, et celui de Gros-Minet, de la Poule aux œufs d’or, à la Gaîté, en 1S73. Cet artiste se distingue par le naturel, la franchise, la simplicité. On l’a comparé à Brunet et à Vernet, qu’il a quelquefois rappelé, au dire des vieux amateurs do l’orchestre. — Un acteur du même nom ; Laurknt (Fleury-Sauveur-Clément), élève à l’ancien théâtre de Nicolct, puis clown à Londres, a brillé sur les théâtres du boulevard dans les premières années de ce siècle.

LAURENT (Marie Luguet, d’abord daine Laurent, puis dame Desrieux, dite Marie), artiste dramatique française, née h Tulle en 1826, d’une famille vouée au théâtre. Elle parut dès l’âge de trois ans sur la scène, accompagna son père à Amiens, où elle fut chargée des rôles de Mme Volnys, et signa plus tard un engagement pour Rouen. Elle y débuta dans 1 emploi des jeunes premières, et joua Paul et Virginie avec son frère René Luguet. De Rouen, elle passa à Toulouse, où elle chanta dans le Puits d’amour et Guillaume Tell, en même temps qu’elle interprétait les rôles courants du drame, de la comédie et même du vaudeville, et abordait le rôle de Tullie, de la Lucrèce de Ponsard, en compagnie de Bocage. Elle fut engagée, en 1846, pour les premiers rôles au théâtre de Bruxelles, et obtint des succès dans Marie-Jeanne, Madeleine, etc. Dans cette ville, MHj Marie Luguet se maria avec un jeune baryton du théâtre de la Monnaie, Pierre-Marie Laurent. Elle l’accompagna à Marseille, puis à Paris, où elle débuta sous le nom, qu’elle a toujours gardé depuis, de Marie Laurent, au théâtre de l’Odéon, dans un ouvrage en vers, Isabelle de Castille. Cotte pièce n’ayant pas réussi, elle obtint un rôle dans la Fille d’Eschyle (mars 1848) ; mais on la remarqua fort peu : son heure n’était pas venue, paraît-il. Elle regagna donc la province, qu’elle parcourut pendant quelque temps, revint ensuite au même théâtre de l’Odéon déclamer Phèdre sans aucun succès, et s’y révéla enfin dans François le Champi (décembre 1849), dans le Chariot d’enfant (1850), et dans les quatre rôles de femme, phases différentes d’un môme amour, des Contes d’Hoffmann (1851). Au mois de décembre de cette même année 1851, Mme Maria Laurent quitta l’Odéon pour la Porte-Saint-iMartin, où elle créa Aspasie, de l’Imagier de Harlem, puis le rôle de la mère Pailloux, tout à fait en dehors de ses habitudes, dans la Poissarde. Actrice aux lignes sévères et sculpturales, elle dessina cette figure plébéienne avec une grande vigueur. À l’Ambigu-Comique, où elle passa ensuite, elle obtint une longue suite de succès dans la Case de l’oncle Tom (1853), et dans Trente ans ou la Vie d’un joueur, drame dans lequel elle joua le rôle si touchant d’Amélie, créé par Mi"" Dorval. Sans faire oublier cette incomparable actrice, elle se montra cependant comédienne hors ligne, à côté de Frédérick-Leuiaître.

Depuis lors, M™1-" Marie Laurent, tour à tour engagée au théâtre de la Porte-Saint-Martin, à l’Ambigu-Comique et au Châtelet, a abordé un grand nombre de rôles importants, où elle a obtenu de brillants succès. Nous citerons, entre autres : l’Oreslie, trilogie grecque d’Alexandre Dumas, où elle a montré de très-hautes et très-puissantes inspirations (1856) ; le Fils de la Nuit (1856,) ; les Chevaliers du brouillard, personnage masculin de Jack Sheppard (1857) ; Rose Marquis, des Mères repenties (1358) ; la sorcière, du drame de ce nom (1863) ; Rocambole (1S64) ; la- Voleuse d’enfants (1865) ; la Tireuse de cartes (1866) ; Marianne, du drame de ce nom (1869). En 1873, elle a créé à l’Odéon Klytaimnestra, des Erinnyes, repris VAïeule et paru dans Phèdre avec succès. Auparavant, elle s’était fait applaudir dans Lucrèce Dorgia.

Douée d’une vigueur peu commune, c’est dans le drame populaire que Mmi ; Marie Laurent a le mieux réussi. Ce genre de composition convient à son organe sonore et à la forte accentuation de ses traits. Son visage, qui semble légèrement bronzé par les tropiques, n’a rien de rude ; il esc plein d’une fierté résolue, qu’adoucit un grand air du bonté. C’est une belle actrice et une artiste d’un remarquable talent. — Son premier mari, Pierre-Marie Laurent, né en 1821, mort ù Chatou en août 1854, chantait les barytons au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles,