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maintenant au fond du lac Supérieur, où se trouvent les riches mines de cuivre qui font de cette région une des plus florissantes de l’Amérique septentrionale. La nature l’avait rendu navigable jusqu’à Québec pour les gros vaisseaux, et jusqu’à Montréal pour les navires de COO tonneaux ; mais la des obstacles commençaient à en interrompre le cours. Après le saut de Saint-Louis, il y a entre Montréal et Kingston 4L milles de rapides, formant une barrière à la navigation ; puis, entre le lac Ontario et le lac Erié, la rivière Niagara, longue de 36 milles avec une descente de 330 pieds, y compris un précipice où ses flots s’engoulFrent et qui constitue les chutes si célèbres du Niagara. Avant d’arriver à ce point, les eaux de cette rivière, coulant du sud au nord, ont déjà descendu un long plan légèrement incliné, dont le lit, barré par des chaînes rocheuses, forme des rapides infranchissables. De Buifalo, sur les bords du lac Erié, nu détroit du Nord, à travers les lacs Erié, Saint-Clair, Huron et Miehigan, les eaux sont libres ; mais à l’entrée du iac Supérieur, dans le détroit de Sainte-Marie, les eaux descendent une pente extrêmement rapide. Ces formidables obstacles sont maintenant franchis au moyen de toueurs. Les gouvernements des États-Unis et du Canada ont fait construire des canaux, et des écluses magnifiques. Le saut Sainte-Marie est évité par un canal gigantesque construit par les Américains ; les chutes à l’est du lac Erié, par le canal Erié, qui va do Buii’alo à Albany, et dont la longueur est de 363 milles, avec 81 écluses. Dès 1841, la législature du Canada alloua un demi-million de livres pour améliorer le cours du Saint-Laurent, et, depuis lors, on a construit des canaux au moyen desquels ou surmonte tous les obstacles que les rapides présentent à une navigation continue, pes canaux peuvent recevoir des bâtiments do mer tirant jusqu’à neuf pieds d’eau ; ils ont ensemble une longueur d’environ 70 milles, coupés de 54 écluses. Le Saint-Laurent est donc désormais le débouché naturel des plaines de l’Ouest à l’Océan.

Le Saint-Laurent reçoit l’Oswegatche, le Radicet, le Richelieu, ia Saint-François et la. Chaudière à droite ; à gauche, le Rideau, l’Ottawa, la Saint-Maurice, la Sainte-Anne, laSaguenay, le Manicouagati. Le volume de ses eaux esc de 61,952,000 mètres par heure à son embouchure. Sa largeur au même point est de 200 kilomètres. Sa largeur varie de 800 à 3,000 mètres au-dessous de Québec, dans les endroits où il n’y a pas d’Iles. Les hauteurs qui bordent l’immense bassin du fleuve portent le nom de Land’s-height sur une assez grande étendue, tant au N.-O. qu’au S.-E. ; dans cette dernière direction, elles font partie des monts Alleghany.

Le Saint-Laurent doit le nom qu’il porte actuellement à Jacques Cartier, qui le remonta, en 1535, jusqu’à l’île où est situé Montréal ; un autre Français, La Roque, le remonta en 1540. Au commencement du xvue siècle, Chumpluin parcourut sa partie supérieure, au-dessus du rapide de Saint-Louis, et dressa une carte du ileuve. Depuis, un grand nombre de Français s’établirent sur ses bords.

LAURENT (golfe du SAINT-), formé par 1 océan Atlantique septentrional, sur la cote orientale de la Nouvelle-Bretagne, entre le Canada a. l’O., le Nouveau - Brunswick au S.-O., la Nouvelle-Écosse et l’île de Cap-Breton au S., l’Ile de Terre-Neuve à TE., et le Labrador au N. ; 720 kilom. sur 400 ; entre 460-52t> latit. N., et 59°-69° long. O. Trois

Fassages le mettent en communication avec Océan : le plus large et le plus fréquenté se trouve, à l’E., entre l’extrémité S.-O. de Terre-Neuve et l’extrémité N. de Cap-Breton ; le second est au N.-E., entre l’extrémité septentrionale de Terre-Neuve et le Labrador : il porte le nom de détroit de Belle-Isle ; le troisième, au S.-E., est resserré entre la Nouvelle-Écosse et Cap-Breton. Un grand nombre d’estuaires et de baies se présentent autour de ce golfe. On remarque surtout, au N.-O., la vaste embouchure du Saint-Laurent ; à l’O., la baie des Chaleurs ; au S., les baies Verte et Saint-Georges ; à l’E., une autre baiéSaint-Georges et Celles des Iles et de Saint-Jean. Nous signalerons, parmi les lies qu’on y trouve : Anticosti, au N. ; les lies de Madeleine, au centre ; celles de Philippigan, à l’O., et celle du Prince-Édouard, au s. Le détroit qui sépare la première du continent se nomme canal du Labrador ; lu dernière est séparée de la terre ferme par le détroit de Northuiuberland. Les glaces sont une des principales causes des difficultés de lu navigation dans le golfe. Au printemps, généralement vers le mois de mai, l’entrée et les parties E. du golfe sont fréquemment couvertes de glaçons en dérive, qui arrêtent quelquefois les navires pendant plusieurs jours. Vers la fin de l’année, les glaces occasionnent souvent des accidents. A Québec, la moyenne d’un grand nombre d’années indique que la navigation est fermée par la glace du 25 novembre au 25 avril. Les brumes sont très-fréquentes dans le golfe et constituent un très-grand danger pour la navigation ; on peut les rencontrer en tout temps pendant la saison navigable ; cependant elles sont plus fréquentes au commencement de l’été.

LAURENT (SAINT-), bourg de France (Jura), chef-lieu de canton, arrond. et à 26 kilom. N. de Suint-Claude ; pop. aggl.,

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399 hab. —pop. tôt., 1,085 hab. Fromagerie ; fabrication d’articles d’horlogerie. Commerce de céréales, bétail, jeunes porcs et porcs gras. Saint-Laurent dépendit longtemps de l’abbaye de Grandvaux, fondée vers l’an 523 et supprimée en 1789. Il n’en reste que l’église, un ancien bâtiment de ferme et le presbytère. Le lac de l’abbaye a 95 hectares de superficie et se dégage par un canal de 3 mètres de largeur. Ce lac est très-poissonneux : on y pêche des truites, des carpes et d’énormes brochets. Ses bords sont peuplés de poules d’eau et d’oies sauvages.

LAURENT (SAINT-), bourg de France (Corse). V. Lokbnzo (SAN-)au Supplément.

LAURENT-DE-L’AIN (SAINT-), bourg et commune de France (Ain), canton de Bagéle-Chàtel, arrond. et à 33 kilom. N.-O. de Bourg, sur la rive gauche de la Saône ; 1,477 hab. Fonderies de fer ; construction de machines à vapeur. Grand commerce de grains.

LAURENT-LES-11A1NS (SAINT-), bourg et commune de France (Ardèche), canton de Saint-Étienne-de-Lugdarès, arrond. et à 35 kilom. N.-O. de Largentière, dans une gorge étroite et pittoresque, ouverte seulement au S. ; 727 hab. Une source d’eau thermale, dont la température est de 53»,5, y jaillit au pied d’escarpements granitiques et réunit plus bas ses eaux à celles d’une source analogue. Ces sources étaient connues des Romains, qui y avaient une station thermale. Quelques restes de murailles et d’appareil de briques romaines existent encore au point d’émergence de l’une des sources. Ces eaux sont efiicaces contre les rhumatismes chroniques, les névralgies, les scrofules, la goutte, etc.

^ LAUHENT-ET-BENON (SAINT-), bourg de France (Gironde), chef-lieu de canton, arrond. ot à 20 kilom. S.-E. de Lesparre, sur la Jallô ; pop. aggl., 782 hab. — pop. tôt., 3,656 hab. Four à chaux, tuilerie, briqueterie, corroierie. Récolte et commerce de vins renommés. Les laudes du canton nourrissent 30,000 moutons.

LAURENT-BLANGY (SAINT-), bourg et commune de France (Pas-de-Calais), canton Nord, arrond. et à 4 kilom. d’Arras, sur la Scarpe ; 1,609 hab. Brasseries ; fonderie en fer et en enivre ; forges considérables ; construction do machines ; minoterie, sucrerie et distillerie. Nombreuses maisons de campagne.

LAURENT-DE-CHRDANS (SAINT-), bourg et commune de France (Pyrénées-Orientales), canton de Piats-de-Mollo, arrond. et à 30 kilom. S.-O. de Ceret ; pop. aggl., 1,522 hab.pop. tôt., 2,227 hab. Forges et clouteries ;éducation d’abeilles. Commerce de bestiaux.

LAURENT - DE - CIIAMOUSSET (SAINT-),

bourg de France (Rhône), chef-lieu de canton, arrond. et à 25 kilom. O. de Lyon ; pop. aggl., 904 hab. —pop. tôt., 1,807 hab. Commerce de bestiaux.

LAURENT-DE -CORHE ou SUH-GORRE

(SAINT), bourg de France (Haute-Vienne), chef-lieu de canton, arrond. et à 13 kilom. S.-O. de Rochechouart ; pop. aggl., 398 hab. — pop, tôt.,2,503 hab. Forges. Château du

xvme siècle.

LAURENT-DUPONT (SAINT-), ’ bourg do France (Isère), chef-lieu de canton, arrond. et à 20 kilom. N. de Grenoble, sur le. Guiers-Mort, à la base de hautes montagnes tapissées de forêts ; pop. uggl., 1,303 hab. —pop. tôt, 1,808 hab. Fabrication d’eau-de-vie do betteraves ; scieries, boissellerie, tuileries, forges. Commerce de bois de construction, Chapelle moderne construite sur un mamelon qui portait autrefois un château féodal. Co bourg faillit être emporté, en 1051, par une crue extraordinaire du Guiers-Mort ; en 1854, il fut presque détruit par les flammes, mais il a été rebâti grâce aux libéralités des religieux de la Grande-Chartreuse. Dans les environs se trouve le château de Villette, qui appartenait aux chartreux avant la Révolution.

LAURENT - DE - LA - SALANQUE (SAINT-), bourg et commune déFrance (Pyrénées-Orientales), canton de Rivesattes, arrond. et à 14 kilom. N.-E. de Perpignan, sur la rive gauche de l’Agly ; pop. aggl., 3,805 hab.pop. tôt., 4,571 hab. Briqueteries, satines, pèche dans l’étang de Leucate. Commerce de vins.

LAURENT-SUR SEVRE (SAINT-), bourg et commune de France (Vendée), chef-lieu de canton, arrond. et à 59 kilom. de La Rochesur-Yon ; pop. aggl., 1,128 hab. — pop. tôt., 2,746 hab. Dans l’église, on voit le tombeau du Père Grignon île Montfort, missionnaire célèbre dans l’Ouest au commencement du siècle dernier ; beau tableau représentant le baptême de Clovis.

LAURENT (saint), diacre et martyr, né à Rome dans le m" siècle, mort en 258.11 était trésorier de l’Église, lorsque l’empereur Dèce publia (258) un édit contre les chrétiens. Sommé par l’empereur de livrer les biens dont il avait là garde, il demanda quelques jours de délai, réunit nue l’ouïe de pauvres et les montra en disant : « Voici les trésors de l’Église. » 11 fut alors arrêté par Valérien, préfet de Rome, et, conduit sur le Viminal, il y fut déchiré à coups de fouet, puis étendu

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sur un gril de fer au-dessus d’un feu ardent. Les bourreaux, dit la légende, le retournaient avec des fourches de fer, et Laurent dit à Valérien : « Apprends, malheureux, que ces feux sont pour moi un rafraîchissement ; mais c’est toi qu’attendent des supplices éternels. Le Seigneur sait que, accusé, je ne l’ai point renié ; interrogé, je l’ai confessé. » Et, regardant l’empereur d un- air joyeux, il dit : «Ce côté est assez rôti ; fais-moi retourner de l’autre, tyran, et mange-moi ! » Et il s’écria : « Je vous rends grâces, mon Dieu, parce que j’ai mérité d’entrer dans votre demeure, » et il rendit l’âme. Les chrétiens enlevèrent son corps. La mémoire du martyr resta en grande vénération parmi les fidèles ; des églises lui furent élevées dès les premiers siècles. La première fut construite sur le tombeau du saint et se nomme encore Saint-Laurent hors des murs. On en éleva ensuite à Constantinople, à Ravennes, à Milan, en Espagne. Prudence et Fortunat écrivirent sa légende. On célèbre sa fête le 10 août.

— Iconogr. Il existe des représentations du martyre de saint Laurent qui datent des premiers siècles de notre ère. Le Père Lupi (Dissertazioni, etc., 1785, 1, p. 192-197) a publié un camée et un médaillou de plomb antiques, sur lesquels ce sujet est figuré. Le camée nous montre le saint étendu sur un gril, au-dessus du feu que deux bourreaux attisent, tandis qu’un troisième apporte du bois. Dans le médaillon, ’le martyr est représenté expirant sur le gril, en présence de l’einperuur Valérien assis sur une chaise curule, tenant d’une main son sceptre, et faisant de l’autre un signe de commandement ; l’âme du saint confesseur est figurée par une femme qui s’élève, les mains jointes, au-dessus du corps, et reçoit une couronne que dépose sur sa tête un bras isolé, le bras de Dieu sortant du ciel.

Quand il est représenté isolément sur d’anciens monuments, saint Laurent tient d’ordinaire le livre des Évangiles, parce qu’en sa qualité de diacre il était chargé de faire aux fidèles la lecture de ce livre. On lui donne aussi pour attribut une croix, et souvent une croix gemmée, comme à tous les autres martyrs. Il porte à la fois la croix et l’Evangde aans la mosaïque de la basilique de Galla Placidia, de Ravenne, et il est debout devant le gril entouré de flammes. Ce dernier instrument est l’attribut que les artistes modernes lui ont presque invariablement donné.

Dans la chapelle du Nicolas V au Vatican, Fra Angelico a retracé, en regard de la Vie de saint 1$tienne (v. Étienne), les épisodes suivants de la Vie de saint Laurent : 1" Suint Laurent consacré diacre par suint Stete ; 2» Saint Laurent recevant de saint Sixte la mission de distribuer aux pauvres les trésors de L’Église ; 30 Suint Laurent distribuant des aumônes’ d une multitude de malheureux et d’infirmes ; 4° Saint Laurent amené devant l’empereur, qui essaye d’ébranler sa foi en lui montrant divers instruments de supplice ; 5" Saint Laurent convertissant ses compagnons de prison ; c° le Martyre de saint Laurent. Ces peintures, exécutées à fresque avec une extrême délicatesse de touche et une admirable pureté d’expression, ont été gravées par Fr.-Gio. Giacomo, eu 1811.

Le Louvre possède une predella peinte dans le styie de Giotto et représentant quatre sujets du la vie de saint Laurent : 10 Saint Laurent distribuant aux pauvres les trésors de l’Église ; Saint Laurent en prison baptisant Lttcile ; 30 l’Empereur Valérien demandant à suint Laurent de lui livrer les trésors de l’Église ; 40 Saint Laurent amenant à Valérien les pauvres et les infirmes et lui disant : « Voilà les trésors de l’Église que je vous amène. » Cette predella provient de la collection Campana (n« 33). Un tableau de la même provenance (n» 72), et dont l’exécution olfre beaucoup d’analogie avec les peintures de Lorenzo Monaco, nous montre saint Laurent assis, les pieds appuyés sur un gril.

Le Josépin a représenté Saint’ Laurent priant dans sa prison (musée de Naples) ; Nicol., Lapi, Saint Laurent sauvant les âmes du purgatoire (gravé par F. Gregori) ; Alessandro Allori, Suint Laurent amené devant le tyran et le A/urtyre de saint Laurent (musée des Offices) ; Jacopo da Empoli, Saint Laurent attaché à une colonne ; Loin. Martinelli, Saint Laurent faisant t’aumdue (au palais Rinuccini à Florence) ; Fr. Ronianelli, Saint Laurent dans sa gloire (tableau du maîtreautel de la cathédrale de Viterbe).

Parmi les nombreux artistes qui ont représenté le Martyre de suint Laurent, nous citerons : le Corlone (église de San-Lorenzo in Miranda, à Rome, gravé par Jacques Blondeau et par Gio.-B. Cecchi), B. Gaddi (église Sama-Croce, à Florence), Baccio Bandiuelli (gravé par Marc-Antoine Rainiondi et par Mich. Lucchese), Bart. Breemberg (gravé par J. de Bischop), Jacques Callot (estampe), le Cigoli (musée des Offices), Raymond de La Fage (gravé par te comte de Caylus), Eustache Le Sueur (v. ci-après la description), Ribera (v. ci-après), Valentin (musée de Madrid), Bonnegrâce (Salon de 1853), Charles Brun (église de Villemomble, près de Paris, peint en 1857), etc.

Laurent (MARTYRE DS SAINT), tableau de

Ribera ; galerie de Dresde. Le saint est représenté au moment où, le feu allumé, il va être placé tout vif sur le gril ; il est à genoux,

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indifférent aux apprêts du supplice et absorbé dans la prière. Les trois bourreaux se dépêchent : l’un ramasse les vêtements de Laurent ; un autre apporte des morceaux de bois pour attiser le feu ; un autre, enfin, se penche et cherche à mettre le saint dans la position voulue. Ce tableau est plein de mouvement, les tètes sont bien étudiées. Le corps de saint Laurent est une admirable étude. Ribera peignit cette toile pour le vice-roi de Naples, PierreGeran d’Ossone, qui, lors de sa disgrâce, l’emporta avec lui quand il retourna à Madrid. Acheté par un particulier de la ville de Hambourg quelques années après, il fut ensuite vendu au roi de Pologne Stanislas, qui en fit don à la ville de Dresde où il se voit aujourd’hui ; sa hauteur est de sept pieds deux pouces, sa largeur de cinq pieds quatre pouces.

Ce beau tableau a été gravé par Michel Keyl et par A. Masson, et lithographie par Hanfstaengl. Il y en a plusieurs répétitions, une entre autres qui a été achetée, il y a quelques années, par Pie IX, et placée dans la célèbre galerie du Vatican ; une seconde, provenant du cabinet Gagliardi, de Florence, a figuré à la vente de la galerie de San-Donato, en 1870.

I.mironi (martyre de saint), tableau du Titien ; église des Jésuites à Venise. Il existe de ce chef-d’œuvre une belle répétition au couvent de l’Escurial et une esquisse au musée de Madrid. Des bourreaux, retournant le corps du saint avec une fourche, attisent le feu qui le consume et le frappent à coups redoublés. Auprès du groupe est l’autel des divinités païennes auxquelles saint Laurent a refusé de sacrifier, et, au fond, un temple magnifique, d’ordre corinthien, sur les degrés duquel divers personnages contemplent co drame. «Ce grand et superbe tableau, dit Duchesne, est bien dessiné, d’un beau caractère. Les têtes sont pleines d’expression, l’effet très-vigoureux, mais il pousse au noir, et une mauvaise restauration lui a été une partie de sa transparence. » Le Martyre de saint Laurent a orné quelque temps les galeries du Louvre et n’a été restitué qu’en 1815. La différence qui existe entre cette composition et celle de l’Escurial est que, dans celle-ci, la fumée du bûcher remplit tout le fond du tableau ; du haut du ciel, on voit descendre deux anges apportant la palme du martyre ; dans celui de Venise, les anges manquent, et il y ’a de plus quelques différences dans les personnages qui occupent les plans éloignés. Le tableau d Espagne a été gravé par C. Cort, Sadeler et Normand ; celui de- Venise l’a été par Oortinan.

Limreiit (martyre de saint), tableau d’Eustache Le Sueur ; au Louvre. Deux bourreaux et un soldat étendent sur le gril le saint confesseur dépouillé de ses vêtements et qui lève les bras vers le ciel. D’autres hommes, à mine farouche, apportent les uns du bois, les autres du charbon ; il y en a deux qui allument et attisent le feu. Un personnage, de tournure et de mise moins grossière, est debout près du saint, à qui il montre la statue d’une divinité païenne. Au deuxième plan, l’empereur Valérien, assis sur une espèce de tribunal et entouré de ses conseillers et do ses licteurs, presse le jeune diacre de sacrifier aux dieux. Dans les airs, trois anges apportent au martyr la couronne et la palme qui lui sont destinées.

Ce tableau, d’une exécution vigoureuse et d’un fort beau coloris, a. été gravé par Gérard Audran, par Benoît Audran et par Chereau. Il était autrefois placé dans l’église Saint-Germain-i’Auxerrois, d’où il passa successivement dans la collection de M. de Poutchartrain, dans celle de M. Pasquier, député élu commerce de Rouen, et dans le cabinet de M. La Live de Jully, à la vente duquel (1770) il l’ut payé 7,500 livres.

LAURENT, antipape, né vers le milieu du ve siècle. Il était archidiacre de Sainte-Marie-Majeure à Rome, lorsque, après la mort d’Anastase II, il fat élu pape en même temps que Symmaque (498). Pour mettre un terme à ce schisme, cause de grands désordres, on convint de prendre pour arbitre le roi Théodoric, qui se prononça en faveur de Synnmique. Laurent se soumit à cette décision et devint évêque de Nucera. Accuse, quelque temps après, d’eutychisme, il fut déposé par un concile (503) et exilé.

LAURENT, surnommé le Phjulcieu, poète et médecin hollandais qui vivait au xv« siècle. Il exerça son art à Nimègue et acquit un assez grand renom par ses poésies latines, dont plusieurs sont écrites en style quelque peu macaronique. On cité particulièrement sa pièce sur le hareng saté, dont tous les vers se terminent en uni. Pour donner une idée de cette singulière composition, nous citeronB les vers suivants :

Salcc salsalum, crassum, blancitm, grave latum : lllud dorsalum, scissum, pervenlrificatum Uuic caput ablalum, sic pellibtis excorialum, liUusmundatum, C}iLdwn, veliii igiecrematum, etc.

LAURENT DE BR1NDES (le bienheureux), moine italien, né à Brindisi en 1559, mort à Lisbonne en 1619. Admis chez les capucins en 1576, il devint déiiniteur, puis supérieur général de son ordre (1602), fut chargé par les papes de missions en Allemagne, en Espagne, en Portugal, et opéra do nombreuses conversions pendant ses voyages. Pie VI l’a