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race s’est-elle conservée à peu près pure. On peut même dire qu’elle ne présente aujourd’hui aucun des caractères de In race mérine, si ce n’est dans la nature do la laine, moins commune, plus douce, plus nerveuse, que celle des races analogues. Les jambes et la tête sont nues ; celle-ci est dépourvue de cornes, a le front saillant, le chanfrein fortement busqué. La taille est peu élevée, le corps ramassé, la conformation régulière et les os peu volumineux. Les quartiers de derrière ont beaucoup d’ampleur ; le rein est musculeux et large. La viande est de bonne qualité. La production laitière est en raison directe de la nourriture. Le sol du Larzac ne fournit pas par lui-même une nourriture très-abondante ; mais, depuis la formation des prairies artificielles, la quantité de lait a sensiblement augmenté. « Il ne faut plus, comme autrefois, dit M. Roche, traire neuf brebis pour avoir 40 kilogrammes de fromages ; aujourd’hui, quatre d’entre elles en fournissent 50 kilogrammes ; il est même des troupeaux qui, composés de cent bêtes, en rendent 2.2 kilogrammes par tête. > Les pâturages dii Larzac occupent une étendue d’environ 60 lieues carrées ; les troupeaux les parcourent depuis le mois d’avril jusqu’à la fin de novembre ; ils, parquent pendant la nuit, excepté dans les temps de pluie ; en hiver, ils rentrent dans les bergeries. L’agnelage a lieu en mars ; on garde les agnelettes et les mâles nécessaires à la reproduction, les autres sont envoyés a, la boucherie à l’âge de trois semaines. La manière dont s’effectue la traite est singulière : lorsque le lait ne vient plus aux trayons naturellement, on frappe avec force les mamelles du revers de la main ; il vient encore une certaine quantité de lait très-riche en beurre. C’est à ce procédé brutal que M. Girou de Bazar.eingues attribue en partie la supériorité incontestée des fromages de Roquefort. Le lait obtenu contient, pour 100 parties : 5,7 decaséum, 4,7 de beurre, 4,8 de lactine ou sucre de lait, 0,8 de phosphate de chaux et autres sels, enfin 84 d’eau.

LAS interj. (la — de las, adj. Malgré la différence de sens, l’identité d’origine est certaine, car autrefois l’interjection se disait lusse quand on la mettait dans la bouche d’une femino). Exclamation plaintive qui aie même sens que hélas, ce dernier mot n’étant qu’un composé de et las :

Las ! je deviens prosateur ennuyeux.

Molière. Las ! contre moi de mes bienfaits armé, lie punis-tu de t’avoir trop aimé ?

Imbep.t. Il Ne s’emploie plus que dans le style naïf.

LAS s. m. (lass). Techn. Râteau de bois plein, avec lequel, dans les marais salants de l’Ouest, on ramasse le sel sur les ladures.

LAS, LASSE adj. (là, la-se — lat. lassus, qui vient de luxus, relâché). F’atigué, qui éprouve une lassitude générale : Je suis las d’avoir tant marché. J arrive présentement de Brie, las comme un chien. (Bussy-Rabutin.)

— Ennuyé a l’excès, fatigué par la continuité : Être las de la vie. Je suis las d’entendre débiter tant de sornettes. Les peuples sont las guelque temps avant de s’apercevoir qu’ils te sont. (Cal de Retz.)

Faire mie chose de guerre lasse, La faire après avoir longtemps hésité, et seulement lorsqu’on est fatigué de lutter.

— Loc. prov. On va bien loin depuis qu’on est las, La volonté peut triompher de la fatigue.

— Techn. Trop sec, trop cassant, en termes de batteur d’or. Il On dit aussi fatigué.

— Ornith. Las d’aller, Nom vulgaire du butor.

— Substantiv. Las d’aller, Homme mou et paresseux.

LASA ou CALLIRHOÉ, ancienne ville de l’Arabie Pétrée, au S.-E, du lac Asphaitite.

LA SABLIERE (Antoine Rambouillet, sieur de), financier et poète, né à Paris en 1624, mort dans la même ville en 1679. Son père, le financier Rambouillet, acquit une fortune considérable dans l’administration des impôts, et construisit, près du faubourg Saint-Antoine, un magnifique hôtel, auquel on donna le nom de Folie-Rambouillet. Après avoir reçu une excellente éducation, Antoine de La Sablière acheta, comme son père, une charge de conseiller du roi et des finances et devint un des régisseurs des domaines de la couronne. Riche, doué de grands avantages physiques, aimable et spirituel, il épousa, en 1654, Marguerite dessein qui, de son côté, avait autant d’esprit que de grâce et de beauté. Bien que les deux époux parussent on ne peut mieux faits l’un pour l’autre, ils furent loin de se garder une inviolable fidélité et bientôt on les vit se livrer à de mutuels écarts, qui néanmoins ne les empêchèrent pas de vivre en très-bonne intelligence. La société la plus brillante afflua dans leur salon, où régnait la plus grande liberté, et La Fontaine, notamment ; trouva à l’hôtel de l’aimable financier lhospitalité la plus généreuse. Son agréable figure, seâ manières élégantes, son talent pour tourner un madrigal valurent à de La Sablière de nombreux succès auprès des femmes. Il a exposé lui-même

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dans les vers suivants ses principes en fait de galanterie :

J’aime bien quand je suis aimé.

Mais je ne puis être enflammé

Des belles qui sont inhumaines.

Je ne subis jamais la loi

Et ne souffre jamais de peines

Qu’autant qu’on en souffre pour moi.

Aussi toutes sortes d’objets

Ne peuvent être des sujets

Pour forcer mon cœur à se rendre,

Et si l’on veut me posséder

Il faut des charmes pour me prendre

Et des faveurs pour me garder.

Vers la fin de sa vie, l’inconstant La Sablière conçut une affection profonde et partagée pour Mlle Manon van Ghangel, fille d’un Hollandais qui s’était fixé à Paris. « C’est pour cette jeune beauté, dit WalckenaBr, que M. de La Sablière a composé presque tous les madrigaux qui nous restent de lui et dont Voltaire a loué la finesse et le naturel. Cet objet d’une affection si tendre et si constante mourut subitement à la fleur de l’âge. M. de La Sablière en apprit la nouvelle inopinément et au rnoment où il s’y attendait le moins ; il en fut si frappé que dès lors il resta plongé dans une sombre mélancolie, à laquelle il succomba un an après. » Ses madrigaux ont été réunis et publiés à Paris (1689, in-12), par son fils, Nicolas Rambouillet de La Sablière, et plusieurs fois réédités depuis, notamment par Charles Nodier (Paris, 1S28, in-16), dans la Collection des petits classiques français, a I) y a dans ce petit livre, dit Richelet, des madrigaux très-jolis et très-bien tournés ; mais il n’a pas assez de variété, et la variété est l’urne de tout ce qui n’est fait que pour plaire.»

LA SABLIERE (Marguerite Hessein, dame de), femme du précédent, née à Paris en 1636, morte en 1693. La Fontaine l’a immortalisée en acceptant l’hospitalité chez elle et en lui dédiant ses plus belles fables. Elle était sœur de cet Hessein, qui fut l’ami de Boileau et de Racine, et dont ils redoutaient les sarcasmes, ce qui n’empêcha pas Boileau de se moquer d’elle. Quoique jolie et fort riche, elle aimait l’étude ; elle apprit le latin ; elle eut Sauveur et Roberval, de l’Académie des sciences, pour professeurs de mathématiques, de physique et d’astronomie ; Bernier lit pour elle son excellent abrégé du système de Gassendi. C’est elle que désigne Boileau dans ces vers de sa célèbre satire dirigée contre les femmes : Cette savante

Qu’estime Roberval et que Sauveur fréquente, D’où vient qu’elle a l’œil trouble et le teint si terni ? C’est que sur le calcul, dit-on, de Cassini, Un astrolabe en main, elle a dans sa gouttière A suivre Jupiter passé la nuit’entière.

Mmo de La Sablière eut, pour se consoler de ces traits dédaigneux, l’estime de tous les gens d’esprit de l’époque et surtout celle de La Fontaine. Toute la haute société galante de l’époque, Lauzun, Rochefort, Brancas, La Fare, de Foix, Chaulieu, aimait à se réunir chez elle avec les étrangers les plus il-lustres, les hommes les plus éminents dans les sciences, dans les lettres et dans les arts, les femmes les plus remarquables par leur beauté et leur esprit ; et Mme de La Sablière, par sa conversation toujours variée, par sa politesse exquise, par sa gaieté naturelle, était le lien et lame de ce cercle brillant. La Fontaine vécut chez elle pendant vingt ans ; même après qu’elle eut renoncé au monde et quitté son hôtel, elle voulut qu’il continuât d’y loger et d’y avoir toujours son couvert mis. (Je qui la décida à la retraite, ce fut l’abandon du marquis de La Fare. Après bien des amours de passage, elle avait fixé son choix sur lui et espéré contracter une liaison durable ; ce fut aussi l’iilusion du marquis, et, pendant deux ans, leur union extra-conjugale fut montrée comme un modèle aux âmes tendres. Toute la cour désœuvrée et libertine de Louis XIV en parlait comme d’un miracle : on en trouve même des traces dans les lettres de M™e de Sévigné. Après deux ans de constance, le marquis alla chercher des distractions chez la Chumpmeslé. Désolée de son abandon, Mme de La Sablière se retira aux Incurables, et se livra tout entière à la dévotion,

Mme de La Sablière avait eu trois enfants : — Nicolas, sieur du Plessis et de Lancey, né le 10 février 1656, homme très-instruit, qui fut en correspondance avec Bayle ; enfermé à la Bastille lors de la révocation de l’édit de Nantes, il parvint à s’enfuir à Londres, ou il devint directeur de l’hôpital français ; il a publié les madrigaux de son père ; une de ses filles, détenue d abord dans un couvent, devint la femme de Trudaine, prévôt des marchands ; — Anne, mariée en 1672 à Jacques Muisson ; — Marguerite, née en 1658, qui épousa, en mai 1678, Guillaume Scot, marquis de La Mosangère. C’est à elle que La Fontaine dédia JJaphnis et Alcimadure, petit poëme imité de Théocrite, et Fontenelle sa Pluralité des mondes.

LASAGNA (Giovanni-Pietro), sculpteur italien, né à Milan vers 1558, mort en 1617. Cicoguara, celui de tous les biographes qui s’est le plus occupé de cet artiste, n’a pu découvrir aucun détail sur sa vie. Il nous apprend seulement que c’est à son ciseau que l’on doit les cariatides de la cathédrale de Milan, les bas-reliefs représentant : Sisara et Joel} le Puits de Jacob et la Vision de Daniel, ainsi

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que les Anges de la porte de l’église Saint-Paul, et la Sainte Hélène qui surmonte la colonne de la place Sainte-Euphémie, Ce qui frappe surtout dans le style de ces figures, c’est qu’elles sont une imitation des statues de Michel-Ange, circonstance qui donnerait à croire que Lasagna fit ses études à Florence et à Rome ; cependant, on ne trouve dans ces deux villes aucune trace de ses œuvres. Il est étrange, néanmoins, qu’un sculpteur dont le talent vigoureux et hardi a pu rappeler le génie de Michel-Ange n’ait pas produit un plus grand nombre de travaux que ceux que nous avons mentionnés, et surtout qu’en raison de la réputation dont il dut jouir de son temps, il’ n’ait pas attiré davantage l’attention des biographes.

LASAGNE ou LAZAGNE s. f. (la-za-gne ; gn. mil. — de l’ital. lasagna, même sens). Art. culin. Pâte d’Italie taillée en forme de rubans larges et ondes : Les Génois sont passionnés pour une pâte qu’on appelle lasag.ne, et qui se mange saupoudrée de parmesan, comme le macaroni. (Charivari.)

LASAGNl (Barthélemi-Vincent- Joseph), magistrat français, né à Rome en 1773, mort en 1857. Après avoir étudié le droit dans sa ville natale, il y devint membre du tribunal de la Rote et acquit bientôt une grande réputation comme jurisconsulte. Aussi, lorsque les Français eurent repris Rome en 1809, futil nommé conseiller à la cour impériale établie dans cette ville. L’année suivante, Napoléon l’appela en France et le fit nommer par le Sénat membre de la cour de cassation, a laquelle il appartint en cette qualité jusqu’en 1846, et où il fut président de la chambre des requêtes de 1846 à 1850. À cette époque, il fut mis à la retraite sur sa demande et retourna finir ses jours à Rome. Il s’était acquis dans ses fonctions une réputation méritée, ainsi que le prouvent ses principaux rapports publiés par MM. Sirey et Dalloz dans leurs recueils. Il se tint toujours à l’écart des fonctions politiques, malgré les offres qui lui furent faites à différentes reprises par les divers gouvernements qui se succédèrent en France. Sous celui de Juillet.surtout, il n’eût tenu qu’à lui de devenir pair de France et d’obtenir des lettres de grande naturalisation ; mais il refusa, afin de se consacrer tout entier à ses travaux judiciaires. Il n’a laissé d’autre ouvrage qu’une brochure intitulée : Méditation d un philosophe catholique, apostolique, romain sur ta raison humaine et ta foi divine.

LASAH s. m. (la-zâ). Chron. Nom du huitième mois de l’année, chez les Arabes,

LA SALCETTE (Jean-Baptiste Colaud de), homme politique français. V. Colaud.

LA SALCETTE (Jean- Jacques-Bernardin Colaud de), général fiançais. V. Colaud.

LA SALE ou LA SALLE (Antoine de), l’un des plus anciens romanciers français, né dans le comté de Bourgogne, à ce que l’on croit, en 1398, mort vers 1462. On ne connaît guère -sur sa vie d’autres détails que ceux qu’il donne lui-même dans ses écrits. Il partit de bonne heure pour l’Italie, car il se trouvait à Rome en 1422. De retour en France vers 1423, il s’attacha à Louis III, duc d’Anjou, roi de Sicile et comte de Provence, qui le nomma viguier d’Arles et le prit pour secrétaire. À la mort de ce prince (1434), il passaau service de son frère, le bon roi René, qui lui confia l’éducation de son fils aîné, Jean d’Anjou, duc de Calabre. Vers 1448, La Sale quitta la cour de Provence pour revenir en Bourgogne, où il parvint fort avant dans les bonnes grâces du comte de Saint-Pol, qui le choisit aussi pour précepteur de ses enfants et le présenta h Philippe le Bon, duc do Bourgogne. La Sale devint bientôt l’ornement de cotte cour brillante, où il fut admis dans la familiarité du dauphin de France, depuis Louis XI, qui avait cherché auprès du duo de Bourgogne un refuge contre la justecolère de son père. Ce fut même, croit-on, sur l’invitation de ce prince, qu’il collabora aux Cent nouvelles nouvelles (Paris, 1486, in-fol.), dont la cinquantième porte son nom. On ne sait plus rien de La Sale après cette époque.

Sa réputation se fonde principalement sur l’Histoire et plaisante chronique du petit Jehan de Saintré et de la jeune dame des BellesCousines, etc. (Paris, 1517, in-fol. ; nombreuses rééditions, dont la plus récente et l’une des meilleures a été publiée par J. Marie Guichard, Paris, 1843, iu-18). Ce roman a été rajeuni plusieurs fois, notamment par le comte de Tressan. On cite encore de La Sale : la Sulade, laquelle fait mention de tous les pays du monde, etc., compilation de morale, d’histoire, de géographie et de politique, composée par 1 auteur pour son premier élève, Jean, duc de Calabre (Paris, 1521, in-fol.) ; les Quinze joies de mariage ou la Nasse, satire pleine de sel sous forme de litanies, dans lesquelles sont longuement énumérées les tribulations infinies de l’homme marié (lr& édit., Lyon, 1480-1490 ; dernière édit., donnée par P. Janet dans la Bibliothèque elzévirienne, Paris, 1853, in-16) ; La Sale, traité de morale, compilé d’une façon assez indigeste et qui n’a pas été imprimé. Il en existe deux manuscrits à la Bibliothèque de Bruxelles, et la Bibliothèque nationale de Paris ne possède que les deux copies de ces manuscrits. M. Génin regarde La Sale comme l’auteur de la célèbre comédie intitulée : la Farce dePathelinrm&is

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jusqu’à ce jour aucun document précis n’est ■ venu infirmer ou corroborer son opinion à ce sujet, et le doute persiste sur le nom du véritable auteur de cotte pièce.

LASALLE, bourg de France (Gard), ch-1. de cant., arrond. et a 30 kilom. N.-E. du Vigan ; pop. aggl., l,90C hab. — pop, tôt.,8,430 hab. Fabrication de bonneterie.

LA SALLE (Robert Cavelier de), voyageur français, né à Rouen vers 1640, mort en Amérique en 1687. Il se rendit, vers 1670, au Canada, s’établit à Montréal et y fonda un établissement do culture et de commerce. Ayant appris que le Père Marquette venait de découvrir le Mississipi, il résolut de reconnaître l’embouchure de ce fieuve, fit part de son projet au comte de Frontenac, gouverneur du Canada et se rendit en France pour en préparer l’exécution. Là, le ministre de la marine approuva son dessein, mit à sa disposition le navire, les hommes et les approvisionnements qu’il désirait et lui donna, outre des lettres de noblesse, le commandement du fort de Frontenac et une vaste concession de terrain près du lac Ontario. De retour au Canada (1678), La Salle visita successivement les lacs Ontario, Erié, Huron, Michigan, érigea plusieurs forts, se mit en rapport-avec les indigènes, organisa un commerce de pelleteries, prit possession du pays des Akansas, pénétra dans les belles vallées de l’Illinois, reconnut l’embouchure des principaux affluents du Mississipi, puis descendit le fleuve jusqu’au golfe du Mexique (1682), et donna le nom de Louisiane aux vastes contrées qu’il arrose. La Salle reconnut alors qu’il fallait faire de l’embouchure du Mississipi la principale entrée de la Louisiane, et qu’en arrivant dans cette contrée par le golfe du Mexique on lui assurerait des communications plus directes avec la métropole. À peine de retour à Québec, il s’embarqua pour la France afin d’y rendre compte de son expédition. Le ministre Seignelay, ayant approuvé le projet de reconnaître par mer l’embouchure du fleuve et de former un établissement sur ce point, fit équiper quatro navires sur lesquels on embarqua 280 personnes destinées à fonder une colonie. La Salle retourna en Amérique avec cette expédition (décembre 1684) ; mais Beaujeu, chargé du commandement de la flottille, dépassa l’embouchure du Mississipi et s’obstina à poursuivre sa navigation dans le golfe jusqu’à la baie de Saint-Bernard, où l’on débarqua. La Salle reconnut bientôt l’erreur qui avait été commise ; mais déjà les navires avaient quitté la côte. Il construisit deux forts et essaya de créer un établissement. Réduit à ses seules ressources^ il se maintint, pendant deux ans, sur la cote inhospitalière où il avait abordé, fut attaqué par les indigènes, vit avorter ses essais de culture, et les colons, décimés par la misère, ne tardèrent pas à manifester leur mécontentement. Dans l’espoir de retrouver)e cours du Mississipi, il explora une partie des côtes du golfe du Mexique et fut tué d’un coup d’arquebuse par un des individus qui l’accompagnaient dans ses pénibles explorations. On a publié, d’après les papiers de Joutel qui l’avait suivi dans son expédition, le Journal historique du dernier voyage de feu M. de Im Salle (Paris, 1723, in-iïj.

LA SALLE (Jean-Baptiste), fondateur de l’ordre de la Doctrine chrétienne, né à Retins en 1051, mort en 1719. Chanoine de Reims à dix-sept ans, prêtre et.docteur en théologie à vingt ans, La Salle montra de bonne heure une vive sollicitude pour les pauvres. Frappé de l’état d’ignorance dans Jequel croupissait la multitude, il résolut de fonder une congrégation uniquement occupée à instruire les enfants pauvres. Dès 1679, il ouvrit deux classes à Reims ; puis, ayant trouvé un certain nombre d’adeptes, il les envoya établir à Rethel, à Guise, à Rouen, à Paris, etc., ces écoles dites des Frères, qui, en peu de temps, se répandirent dans toute la France, et dont Paris possède plus dé quarante aujourd’hui. Les maîtres d’école laïques, auxquels il faisait une concurrence redoutable, son enseignement étant gratuit, le poursuivirent devant les tribunaux et parvinrent à le faire, chasser de Paris. Nullement découragé par cet échec, il continua son œuvre, fort de 1 approbation du saint-siége, et fonda la maison professe de l’ordre nouveau, à Saint-Yon, près d’Arpajon. Six ans après la mort de La Salle, en 1725, Benoît X111 approuva l’institut des Frères de la Doctrine chrétienne, dont les membres font vœu de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, et ne reçoivent point l’ordre de la préirise. L’abbé de La Salle a été béatifié par Grégoire XVI et proposé pour la canonisation sous Pie IX. On lui doit divers ouvrages élémentaires destinés à l’enseignement dans ses écoles, entre autres, la Civilité chrétienne, qui, pendant plusieurs générations, fut mise dans les mains de tous les enfants du peuple.

LA SALLE (Philippe de), dessinateur et mécanicien français, néàSeyssel (Ain) en 1723, mort en 1804. Il fut élève de Boucher, excella dans les dessins de fleurs et d’animaux, et travailla avec succès pour la fabrique de Lyon. Il conçut le premier l’idée des étoffes pour meubles, inventa la navette volante pour le tissage, perfectionna le tour et le moulin à soie. Louis XVI lui accorda, en 1775, le cordon de Saint-Michel, avec une

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